C’est alors qu’elle remarqua une silhouette encapuchonnée qui rasait les murs d’un air suspect. La rouquine plissa les yeux tandis qu’un frissonnement d’excitation lui remontait le long du dos. Enfin un peu d’action ! Ce n’était probablement rien, mais elle mourrait d’envie de bouger un peu et s’élança rapidement vers l’inconnu. D’un geste un peu brutal, elle l’attrapa par l’épaule et le tira pour le forcer à se tourner vers elle.
« Contrôle d’identité ! »
Ah … ce qu’elle l’aimait cette phrase ! Malgré son air coriace, Leoven jubilait intérieurement. Elle ne put retenir un léger sourire en coin provocateur, grisée par cette sensation d’autorité. Tapant du pied avec impatience, elle se redressa et toisa son interlocuteur d’un air menaçant, sa lance bien en évidence.
« Veillez m’indiquez votre nom, votre adresse et la raison pour laquelle vous trainez dehors à une heure pareille dans un quartier comme celui-ci ! »
Quelque part sous l'orage
Le cœur lourd, tu avançais, analysant chaque élément. Où pouvait-il bien être ? Tu devais trouver sa cachette, avant qu’il ne disparaisse. Tu longeais les murs, cherchant à te faire le plus discret possible. Une petite brise s’installait, le vent sifflotant légèrement, c’était l’acouphène de l’océan. Tu divaguais, stoppant ta course pour regarder ce paysage qui semblait sans fin. Personne n’oserait le défier, pas même Lucy. Les vagues commençaient à se déchaîner sur le port, la tempête allait bientôt frapper. Ce n’était pas bon d’y rester, seulement, tu n’avais pas le choix. Même si tu devais affronter la mer, tu le tuerais, ce meurtrier. Des pulsions sanguinaires venaient te posséder, tel un loup, tu t’élançais, le pas léger, vif, rien ne pouvait t’arrêter.
Ces minutes d’inattention auraient pu te coûter la vie, tu avais manqué de glisser et un pas de plus tu tombais de l’eau froide. Tu frottais ta tête, rester calme était la clé dans ce genre de situation. Tu soupirais, ce n’était pas le moment de faire l’idiot. La vengeance t’animait, pas sûr que Sophie serait heureuse en te voyant ainsi. Sophie, une adepte de Lucy qui avait su charmer ton cœur. Sophie cette lumière qui t’était chère… Malheureusement, cette lumière s’était éteinte, et maintenant, il ne te restait rien. Tu serais le poignard offert par Adrian, si, il te restait ça. Une larme se perdait dans les abysses de la nuit, la mélancolie était encore de sortie.
Un sentiment, étrange, quelque chose clochait. Une main t’arrêtait dans ton élan, brutalement, elle avait mis fin à ta course. Bientôt, un visage, se dessinait face à toi. Des traits fins, un visage déterminé, c’était ce que tu avais réussi à lire en cet être qui avait brisé la mélodie. Contrôle d’identité ? Même toi, tu ne savais pas qui tu étais vraiment. Elle se voulait menaçante avec sa lance et son air féroce, sûrement un garde débutant. Honnête de nature, tu allais te contenter de déformer un peu la vérité, priant pour que Lucy te pardonne tes pêchés.
« Euh… Je… »
Tu semblais troublé, cette fille dégageait une aura bestiale que tu pouvais expliquer. Tu baissais la tête, peu rassuré, avant de reprendre d’un ton faible.
« Mon nom est Kali, j’habite la capitale, je n’ai pas réellement d’adresse… La raison pour laquelle je suis debout si tard le soir, c’est que je suis à la recherche d’une personne depuis un moment et on m’a dit qu’elle se trouvait là… »
Le grondement de l’orage faisait taire ton discours. Tu relevais la tête observant les cieux, ça n’annonçait pas une bonne nouvelle.
« Et toi, tu es qui pour me stopper ainsi dans ma course ? »
Tu n’arrivais vraiment pas à vouvoyer, l’école n’avait pu t’enseigner la politesse. Ce n’était pas une bonne chose de rester ici, tu le percevais, quelque chose approchait.
©LUNY
La jeune femme fronça les sourcils un instant, ne pouvant empêcher son visage d’être aussi transparent qu’expressif. Elle n’appréciait pas la familiarité qu’utilisait cet inconnu avec elle. Ils n’avaient pas gardé les cochons ensembles, nanméoh ! Et puis, ce n’était pas parce qu’elle était encore jeune que tout le monde pouvait se permettre de la tutoyer avant même qu’elle ne leur donne son nom.
Si j’avais été un gros bonhomme couvert de cicatrices, tu m’aurais parlé de la sorte. Petit insolent !
Fébrile, l’adolescente tapait du pied. Le ciel commençait à gronder là-haut, et ce n’était pas bon signe… Manifestement, l’inconnu semblait tout aussi nerveux qu’elle. Son regard remontait souvent observer la nuit noire avec un semblant d’inquiétude. Bien qu’elle ne l’aurait jamais avoué, Leoven non plus ne se sentait pas rassurée. Elle n’avait jamais eu peur de l’orage, mais sur les côtes, les tempêtes devenaient monstrueuses. Elle reporta bien vite son attention sur le jeune homme face à elle. Avec son air faiblard, il ne semblait pas représenter une grande menace. Néanmoins, la Valkyrie ne se déperdit pas de son sérieux. Quelque chose clochait… Elle le sentait.
D’un air méfiant et peu convaincu, elle plissa les yeux. Ce type était louche. Il venait de la capitale pour chercher quelqu’un dans l’un des quartiers les moins fréquentables de la ville et ne donnait que son prénom en se présentant. La jeune femme le dévisagea un instant en silence, tel un félin qui se prépare à bondir sur sa proie. L’obscurité lui dissimulait son interlocuteur si bien qu’elle ne pouvait discerner l’entièreté de son visage. Malgré tout, une sensation de déjà-vu éveilla son attention. Leoven était souvent jugée pour être trop méfiante, mais en de tel circonstance, son scepticisme pouvait s’avérer être indispensable. Ses menottes anti-magie attachés à sa hanche semblaient l’appeler. ‘’ Arrête de réfléchir et arrête-le ! ‘’ Ce qu’elle ne pu se résoudre à faire. Leoven n’était certes pas aimable de prime abord, mais elle n’en demeurait pas moins juste. Si elle devait appréhender cet homme, c’est qu’il lui aurait donné une bonne raison de le faire. Décidée à le piéger, elle répondit d’un ton mielleux :
« Une simple garde… Dis-moi, Kali, tu m’as l’air un peu perdu. Je déshonorerai mon régiment en laissant un civil traîner dans ce coin ! Tu ne vois aucune objection à ce que je te raccompagne à la garnison ? Toutes les auberges doivent être pleine à cette heure là. »
Sournoise, elle poussa le vice jusqu’à lui sourire avec hypocrisie. S’il n’avait rien à se reprocher, il accepterait avec gratitude sa proposition. Dans le cas contraire… Elle aurait une raison pour l’y traîner de force !
Quelque part sous l'orage
Déterminer à t’en sortir, tu listais toutes les possibilités que tu avais. Tuer la jeune dame ? Ce n’était pas une bonne idée, tu avais du mal à l’admettre, mais dans ton état, tu n’avais sans doute aucune chance. Fuir ? Ça revenait au même, elle te rattraperait sans doute sans forcer. Tu soupirais, il ne te restait donc qu’une solution. Stressé, tu l’écoutais, masquant avec peine tes émotions qui voulaient appeler à l’aide. Elle n’avait pas dû aimer, ton comportement familier à son égard, tu baissais les yeux un peu gênés. La suite de son discours te glaçait le sang, elle savait comment tourner les mots à son avantage, tétanisé, tu ne savais pas quoi lui répondre. Laisser un blanc pareil allait te rendre suspect, tu en avais conscience, mais répondre à cette question était complexe. Un non et c’était le cachot, un oui et c’était fini, le cachot était ta seule échappatoire. Non, il y avait encore une chance, jouer sur la pitié en révélant une vérité, ça pouvait toujours marcher.
Brutalement, tu tombais à genoux, baissant la tête. Ta capuche était tombée, laissant apparaître tes cheveux bruns mal coiffé. L’écume venait s’apposer sur ton visage, tu sentais l’amertume, ce n’était point agréable. Tu nettoyais rapidement ton faciès donnant l’illusion que tu pleurais. D’un ton sanglotant, tu répondais.
« Je… C’est que… »
Tu marquais un arrêt, apercevant des petites choses dans le dos du garde. Mais, ce n’était rien, tu devais rêver.
« En réalité… Je… Quand j’étais petit, j’ai beaucoup volé… Je n’avais pas le choix pour survivre… J’essaie de payer mes dettes… Je ne gagne pas grand-chose… Je sais juste que les gardes me détestent… Pourtant, moi, avant, je les admirais… »
En soit-ce que tu disais là, n’était que la simple vérité, petit, tu avais volé, tes parents étant morts tôt, tu n’avais pas eu d’autre choix. Tu soufflais un peu, même si tu tournais le passé à ton avantage, ce n’était pas une épreuve facile. Passif, tu tendais tes mains, les poignets liés comme pour lui dire de te menotter. Au fond, tu implorais Lucy, de te laisser en vie, de te donner une chance de survivre…
« Je reconnais mes crimes, emmène-m… Emmenez-moi. De toute façon je ne me sens pas bien ici, j’ai cru vois des formes derrière toi… Euh vous. »
Tu priais, ta comédie allait-elle payer ? Sinon, ce n’était pas le cachot, mais la mort qui t’attendait. Tu n’avais guère envie de péril, si près du but… Si près.
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Quelque part sous l'orage
Elle se souvenait maintenant d’où lui venait cette sensation de familiarité. Le portrait de cet homme faisait parti de ceux qui étaient affichés parmi les potentiels suspects de plusieurs enquêtes de meurtres. Ce type était un potentiel assassin ! Aussitôt, le regard vert de la rouquine se durcit. Les muscles tendus, elle n’avait plus rien de naïf ou d'amusé. Plus aucun sourire narquois ne venait égayer son visage et tout indiquait qu’elle était désormais sur la défensive. Elle l’observa avec froideur tandis qu’il s’expliquait d’un ton larmoyant. Elle ne devait pas se laisser avoir par son apparente faiblesse. S’il était celui qu’elle le pensait être, elle n’avait aucun intérêt à abaisser sa garde.
A plusieurs reprises, Kali se mit à fixer un point dans le dos de la jeune femme. Mais bien trop méfiante pour se laisser avoir à cette vieille arnaque, Leoven ne se déperdit pas de son sérieux et répliqua d’un ton acerbe, abandonnant le vouvoiement :
« Pour qui tu me prends ? Je ne suis pas une gamine que l’on abuse avec une diversion aussi mauvaise ! »
Loin de s’offusquer de sa réplique venimeuse, le hors la loi tendit les poignets en avant, prêt à recevoir les fers. La jeune femme hésita un court instant devant son air soumis et désespéré puis choisit de jouer la carte de la sécurité. Elle se pencha rapidement en avant et menotta sans la moindre douceur les mains qui lui étaient offertes. Le ciel se mit alors au gronder au-dessus de leur tête tandis que l’air devenait encore plus électrique. Tandis qu’un éclair déchirait sauvagement le ciel, Kali jeta un nouveau un regard nerveux dans le dos de la jeune femme qui perdit patience :
« Par pitié arrête de me prendre pour une co… »
Une entité supérieur ne devait probablement pas apprécier le langage grossier de la jeune femme… Avant de pouvoir terminer sa phrase, la rouquine eut le souffle coupé par un violent coup dans son dos. Fort heureusement, son armure amorti le plus gros des dégâts mais la force de la collision suffit à la déstabiliser. Emportée par la force de l’impact, elle tomba directement dans les bras de Kali, qui avait encore les mains attachées. Surprises par le choc, ses griffes se déclenchèrent instantanément contre cette embuscade perfide, évitant miraculeusement le jeune homme ! Les réflexes de l’adolescente firent le reste … elle bondit sur ses pieds avec un air féroce. Le teint rougit par la contrariété, et un peu de gêne, elle brandit sa lance en avant, menaçante. Qu’elle ne fut sa surprise lorsqu’elle comprit que son adversaire n’était pas un brigand venu porter secours à sa victime du jour, mais un groupe de teishebas ! Elle avait entendu parler de ces créatures orageuses lors de ses cours à l’école militaire bien qu'elle n’en ait jamais réellement vu. Malgré sa passion pour toute sortes de créatures, Leoven était encore loin d’être une véritable spécialiste et elle n’avait pas la moindre idée de comment les repousser. Elle ne perdit toutefois pas ses moyens et passa directement à l’attaque avec un cris rageur.
« Dégagez ! »
Avec de grands gestes circulaires, elle tenta d’effrayer les bestiaux. Malheureusement, les fourbes étaient bien trop rapides et nombreux pour qu’elle puisse parvenir à ne serait-ce qu’en toucher un seul ! Sans qu’elle ne puisse l’éviter, une étincelle vint s’écraser dans un grand bruit contre son flanc droit, l’une des rares parties de son corps que son armure ne recouvrait pas. Surprise par la douleur de la brûlure, elle tomba au sol en serrant sa plaie dans un cris. Ils étaient trop nombreux… Nerveusement, la jeune femme jeta un coup d’œil à son compagnon d’infortune, certaine de le voir s’enfuir sans demander son reste et la laisser là sans le moindre état d'âme...
©LUNY
Quelque part sous l'orage
D’un œil désemparé, tu détaillais la situation. Tu n’avais pas rêvé, il y avait bien des formes. Le garde tombait dans tes bras, surpris, tu amortissais le choc du mieux que tu pouvais. Celle-ci se transformait en monstre ? Tu reculais, effrayé, elle était devenue totalement inconsciente. Elle fonçait tête baissé sans analyser, si elle continuait comme ça elle allait périr. Tu grinçais des dents, c’était le moment de fuir. Lâchement, tu abandonnais la jeune femme à son triste sort. C’était vraiment dans ta nature ? Tu allais la laisser là ? Non, ça ne te ressemblait pas. Les menottes te gênaient, tu te contentais donc d’examiner la situation.
Les créatures semblaient malines, elles attaquaient à tour de rôle, de manière à embrouiller la rouquine. La clé serait de les attaquer dans l’ombre pour les perturber. Ces bêtes préparaient quelque chose, mais quoi. Tu cogitais, un aventurier aurait pu trouver la réponse mais toi… Un éclair tombait sur le garde, si tu n’agissais pas, elle allait sans doute périr. Tu grimaçais, tu avais de maigre de chance de réussir, mais quitte à mourir dans tous les cas, autant essayer de la sauver. Avec agilité, tu balançais un caillou un peu plus loin, priant pour que ça attire les bestioles. Par chance ton tour de passe-passe avait fonctionné. Tu accourais vers l’inconnue, ta cape étant trempée, tu t’en servais pour faire un bandage à la garde. Mais un des monstres était resté à proximité, il piquait droit vers toi. Tu souriais, balançant ton poignard en sa direction. Elle ne pouvait pas esquiver, elle tombait sur le sol, avant de périr dans un cri strident. Les autres allaient rappliquer avec tout ce raffut. Tu récupérais ton poignard, avant de te retourner vers la rousse.
« Je vais t’aider à marcher. »
Tu la laissais s’appuyer sur ton épaule, puis tu partais en direction du premier bâtiment qui se trouvait dans les environs. Une cabane de pêcheur ? Avec peine tu crochetais la porte, puis une fois rentré, tu fermais celle-ci soupirant. Tu te laissais glisser sur celle-ci, avant d’épouser le sol froid. Tu n’en pouvais plus, affamé, sans la moindre force. Tu voilais tes iris avant de t’adresser au garde.
« Tu devrais réfléchir avant d’agir, foncer dans le tas ce n’est pas une bonne chose. Tu as beau être forte, tu n’es pas immortelle. Fuir, c’est souvent la meilleure chose à faire. »
Tu marquais un silence avant de reprendre d’une voix plus douce.
« Tu avais déjà entendu parler de ces bêtes ? D’ailleurs tu vas bien ? Si tu veux on peut aller voir un médecin. »
Curieux, tu fixais la rouquine. Au fond tu étais un peu inquiet, elle avait pris un sacré coup. Si elle venait à mourir, tu t’en voudrais, tu voulais voir périr uniquement les mauvaises personnes, c’était ta doctrine.
©LUNY
Quelque part sous l'orage
« Recule ! » hurla-t-elle d’un ton autoritaire d’où dénotait une touche de crainte.
La jeune femme peinait à contenir ses griffes qui semblaient gratter sous sa peau pour être relâchées. Nerveusement, elle se prit les bras, comme si serrer son propre corps lui permettait d’avoir un peu plus de contrôle sur ce pouvoir bien trop imprévisible. Bon sang, pourquoi était-il resté ?! Elle ne pouvait pas lâcher le fauve avec un humain à côté... Son regard fuyant remarqua bien rapidement que sa lance était toujours au sol. Alors qu’elle se baissait pour la récupérer, Kali lança avec une adresse surprenante pour un homme menotté l’un de ses poignards sur un teishebas. Il s’approcha ensuite d’elle, ignorant son avertissement, pour lui proposer de l’aide. Aussi méfiante que fière, Leoven eu pour premier réflexe de l’éviter, mais la douleur de la brûlure couplé l’air marin lui rappelèrent que se balader sur un quai en pleine tempête et à bout de force n’était pas l’idée du siècle… C’est donc de mauvaise grâce qu’elle accepta sa proposition et s’accrocha à la manche de son manteau de type louche.
Un garde sauvé par son propre prisonnier… On aura tout vu !
Tout dans l’expression de la jeune femme semblait hurler sa désapprobation. Son visage fermé et ses cheveux hérissés ne laissaient aucun doute sur les émotions qu’elle ressentait en cet instant. Frustration, fureur, souffrance, méfiance … mais aussi surprise. Elle peinait à le réaliser, mais l’homme qu’elle venait de condamner à la prison ferme avait choisi de mettre sa propre vie en danger pour sauver la sienne. Et ça, Leoven ne le comprenait pas.
Elle se laissa donc guider jusqu’à une petite cabane de pêcheur à l’odeur particulièrement désagréable. Kali tenta de l’ouvrir, puis constata que la porte était verrouillée. Alors que la garde se préparais déjà à râler, il s’attela avec précipitation à la crocheter. Le vieux verrou céda bien rapidement, offrant aux deux fuyard une cachette inespérée !
Dès qu’ils furent entrés, Kali s’assura que la porte était bien fermée derrière eux puis se laissa tomber sur une caisse. Leoven en fit de même. Haletante, elle le laissa parler sans réellement l’écouter puis observa pour la première fois sa plaie. Le tissus était noircit là où la décharge l’avait atteinte, laissant entrevoir un bout de peau rosé et cloquée, comme une sorte d’ampoule. La partie gonflée avait déjà jauni. Aucun doute, du pue ne tarderais pas à suinter…
Charmant !
Elle hoquetait et commençait à transpirer. La blessure n’était pas mortelle, ni même particulièrement grave, mais les brûlures de ce type sont les plus douloureuse. De manière simple, apprenez qu’un brûlé grave ne ressentira pas la douleur, car ses nerfs auront été détruits lors du choc électrique. Mais un brûlé " léger " - comprenez en surface - souffrira bien plus ! Les brûlures les plus éprouvantes sont celles qui ne sont pas assez profonde pour détruire l’entièreté de l’épiderme.
La jeune femme avait encore les mains tremblantes. Cette sale bestiole ne l’avait pas loupée… Ignorant superbement les reproches de son compagnon d’infortune, elle grinça des dents :
« Trouve ... de l’eau. »
Elle releva les yeux vers lui, puis finit par ajouter dans un grognement :
« S’il te plait. »
Dans sa bouche, '' s'il te plait '' sonnait presque comme un mot qu'on lui aurait arraché de force. Ne vous méprenez pas, la Valkyries était n'était pas une malotrue impolie, elle n'avait tout simplement pas l'habitude de demander gentiment aux criminelles qu'elle attrapait un peu d'aide. C'est qu'elle était assez fière cette petite !
L’adolescente serra donc les dents en essayant maladroitement de défaire les lanières de son armure. Elle étouffait là-dedans et être ainsi comprimée empêchait un bon apport sanguin à la zone blessée. Elle devait se débarrasser de toutes ces plaques de métal chauffées par la première décharge, mais ses doigts, encore engourdis et fourmillant, ne lui étaient d’aucune aide. Agitée de tremblements, elle tentait vaillamment de garder son calme. La frustration de ne plus maîtriser son propre corps, ajoutée à sa nervosité, ne l’aidaient pas. Le ton hésitant, mais le regard toujours aussi impérieux, elle demanda à son sauveur du jour :
« Tu peux… ? »
D’un geste maladroit, elle désigna les attaches en cuir qui permettaient à son armure de tenir. Elle tentait réellement de faire bonne figure, mais être frappé par la foudre, à deux reprises, n’était pas le genre de situation que l’on vivait quotidiennement !
©LUNY