-Bonjour monsieur.
-Salut.
-Est-ce que vous voudriez bien signer ma pétition ?
-Une pétition ? C’est pour quoi ?
-Pour les élections au Conseil.
-Ah ? Il y a des élections ? On peut vraiment donner notre avis ?
-Bien sûr que non, sinon ça serait quand même sacrément mal foutu de donner la parole à tous les membres de la guilde, comme si l’avis de tous pouvait avoir la même valeur que celles des membres du conseil, non ?
-C’est bien vrai ça. Ceux qui ont ce genre d’idée ont tout de même un problème dans leur tête.
-Oui, c’est important d’aider ce genre de personne à accepter une façon de penser bien plus acceptable. Vous imaginez, le droit de vote, la menace pour notre Royauté ?
-Terrible. Mais alors, en quoi mon avis importe, dans votre pétition ?
-C’est pour lister les gens qui me soutiennent. Ceux qui reçoivent le plus de soutien ont un avantage certain dans la course au poste.
-Ah ouai ? Genre celui qui a la majorité des soutiens, il gagne ?
-Dans les faits, non. C’est juste un indicateur. S’ils veulent, ils peuvent élire celui qui a le moins de soutien. Finalement, ils votent en leur âme et conscience.
-Donc, ça peut totalement servir à rien.
-C’est ça.
-J’aime les élections. Mais pourquoi je signerais pour vous et pas pour un autre.
-Je pourrais vous faire un long discours sur mes valeurs humanistes et mon attachement aux principes de la guilde. Je pourrais étaler mes nombreuses qualités et mes quelques défauts. Mais je vais me contenter de vous dire que, dans le fond, je suis quelqu’un de sympathique, non ?
-Ça, c’est bien vrai. Allez, je signe pour vous.
-C’est bien gentil. Signez là.
-Mmmmh. Voilà.
-Merci. Et bonne journée… monsieur ?
-Tomily Basse.
-Basse ? Je viens de vérifier votre mission au grand port.
-Ah bon ?
-Trop de dommage collatéral. On vous sucre la moitié de la prime. Désolé.
-Ah. Merde. Pas très sympa.

Ouai. Mais tu as signé. Je lui dis au revoir et je passe à autre chose. Trois signatures pour aujourd’hui. Score moyen. Je passe pas mal de temps à bosser et je bats le dallage des couloirs de la guilde pour trouver des signatures. Dans ce domaine, je pars avec un retard considérable, notamment sur Arno Rak, mon principal concurrent, qui a le soutien du conseiller Cornélius Tantale et qui, étonnement, ne m’apprécie guère. Comme il est aventurier, il n’est pas obligé de prendre des missions pendant la période de la campagne et il peut aller à la rencontre des membres de la guilde pour récupérer des signatures. Je pensais m’en tirer avec le soutien des potes examinateurs, mais avec Lou dans la course, ça a tournait au vinaigre rapidement. Tout le monde a signé sa pétition plus par peur de Lou Trovnik que par réel soutien envers la détestable personne. C’est peut-être un coup délibéré, mais Lou me file plus de boulot qu’à l’accoutumé, ce qui ne m’aide pas beaucoup. Enfin, ce n’est pas comme s’il s’allouait un temps fou pour mener en campagne. Le simple fait de quitter son poste serait pour lui une trahison.

-Monsieur Callahan ?

Je me retourne et j’avise Madame Martine, une des membres de l’équipe chargé d’organiser les élections. Je la connais bien. C’est une hôtesse à la base et on fait parfois causette quand je la croise. Sauf qu’impartialité oblige, un peu de distance s’est mis entre nous. On respecte, mais en coin, en s’en amuse. Juste ce qu’il faut pour préserver les apparences.

-Oui M’dame Martine ?
-Merci de vous présenter à l’accueil dans une heure. Vous y rencontrerez l’agent de la garde qui s’occupera de votre enquête personnelle.
-Ah ? D’accord. Entendu.

L’enquête personnelle, ça consiste à accoler un garde à chaque candidat pour lui faire son profil psychologique, enquêter sur ses relations, le suivre partout, le mettre en défaut, trouver des choses compromettantes et vérifier que l’individu qui se présente au conseil n’est pas qu’un aventurier désireux d’offrir de son temps et de investissement pour une belle cause, mais peut être un dangereux psychopathe pourri par les conflits d’intérêts dont les « conseils » plongeront la guilde dans la plus grande crise de son histoire, et peut-être le royaume par la même occasion.

On ne sait jamais.

Cinq candidats. Cinq enquêteurs. D’après l’équipe électorale, ils sont choisis en toute indépendance pour que l’enquête soit la plus impartial possible. Il va de la sûreté de la guilde et de ses valeurs. En pratique, tout le monde a une histoire concernant des assignations un peu truqués, des péchés secrets d’un candidat pas bien analysé par l’enquêteur ou des tares énormes chez des types qui n’ont pas été identifié. Incompétence ? Corruption ? On ne sait pas. Personnellement, je ne marche pas dans ce genre de combine. Je suis irréprochable, à deux trois broutilles près. Hé. Que celui qui n’a jamais fauté me lance la première pierre. Fauter, c’est le propre de l’homme, non ?

Une heure ? Juste le temps de finir un rapport et de le rendre à Lou. Ce qui me fait penser que le garde qui va s’occuper de l’examinateur en chef va bien s’amuser. Entre l’intérêt nul pour autrui de Lou et son absence total de broutille à son actif, il va passer un bon moment. Lou n’a pas de casserole à son actif, vous vous dites ? C’est un fait. C’est bien pour ça qu’on se pose parfois la question de s’il est vraiment humain ou pas. Entre nous, on parle de la fois où il a pris un jour de congé. Ce jour-là, il est quand même venu au boulot, mais il est resté à son bureau en regardant fixement devant lui, soupirant à deux reprises en regardant l’heure. Lou, sa vie, c’est le travail. Et ne pas respecter les règles du travail, c’est se trahir soi-même. Allez chercher un os rongé chez lui. Bon courage oui !

C’est pareil pour moi, mais moi, dans le fond, je suis sympathique, non ?

J'avais reçu enfin ma première affectation, la mission semblait simple découvrir des renseignements sur un certain aventurier qui souhaitait séjourner au conseil.

C'était une journée plutôt clémente pas trop humide pas trop chaud décidément la saison douce était bien commencée.

Éyant soigneusement choisis mes vêtements pour cette rencontre je me retrouvais habillé d'une chemise blanche et d'un pantalon noir, mais faut pas oublier les deux objets essentielles des bottes a talons hauts et une cravate noir. J'avais opté pour quelques choses de sobre et pas vraiment tape a l'oeil.

A mon arrivée devant l'entrée de la guilde un bouchon m envahi oui le stress de la première mission m'avait envahi, mais il a vite laisser sa  place l'euphorie, l'excitation de la première mission.

A mon entrée dans l'établissement de la guilde mon regard zieutait les environs nous pouvions y apercevoir des aventuriers en tout genres un léger sourire Fendit mon visage lorsque je me disais que finalement j'étais encore trop protocolaire dans mon habillement.
Je pouvais aussi écouter les récits de certains aventurières tous cela semblait si merveilleux. C'est alors qu'un aventuriers m'interpelle.

-hey poupée vien ici je te paye un verre après tu va pouvoir t'occuper de moi !

Décidément cette aventuriers avait trop bu, mais bon il semblait quand même sympathique. Je pouvais sûrment lui demander quelques informations sur mon client monsieur Callahan.

-Salutation monsieur je recherche un certain aventurier dénommé Callahan vous le connaissez peut-être et si oui vous aviez quelques informations a son sujet.

- désolé ma ptite dame mais j'ai aucune information sur lui je le connais que de nom. Sinon le verre vous intéresse toujours ?

-Je me vois refuser cette offre pour aujourd'hui peut-être un autre jour.

Lui offrant un léger sourire avant de le quitter.

- oh j'allais oublier selon une rumeur il aimerait bien une des hôtesses madame Martine.

-Merci pour l'informations.

Je pris place au bar pour patienter l'arrivée de mon candidats l ambiance était magnifique la plupart des gens étaient heureux leurs histoires de mission était si doux a mes oreilles.

- puis-je offrir un verre a madame?

Mon regard se posa alors sur le barman il était plutôt mignon.

- non non...si vous avez du thé ou du café je vais en prendre une tasse.

Je suis sûr, mauvaise langue que vous êtes, vous vous êtes dit qu’en une heure, Whiskeyjack Callahan allait prendre du bon temps. Passer un petit coup pour boire un coup à l’extérieur. Et là, vous vous dites aussi « mais pourquoi ce bon vieux Jack ne prend jamais un verre au bar de la guilde ? ». C’est une bonne question. Officiellement, c’est parce que boire à la guilde, c’est augmenter les chances de croiser Trovnik et de devoir retourner au travail plus vite que prévu. Alors que dans un bar à l’extérieur, il n’a pas le temps pour tous les faire, surtout qu’il n’y a que pas que moi dans le service, hein. Même si Grenn est reparti sur les routes, il y a d’autres héros de l’ombre chez les examinateurs. Sinon, la raison officieuse, c’est que je n’ai jamais pris le temps de lire les bons documents, rapport peut-être à ce qu’ils sont quand même bien cachés pour leur contenu. Vous ne comprendrez peut-être pas, mais certains si. Et ça, c’est l’important.

Donc, non, je n’ai pas bu. Je suis retourné bosser car quand même si le travail ne rend pas forcément libre, il empêche de penser. Et j’en ai plutôt bien besoin ces derniers temps. C’est bien beau de prendre du temps pour faire la promo, mais les dossiers s’accumulent et je prends le temps d’en gratter un. Heureusement que je peux compter sur quelques bons amis pour entretenir ma campagne. Après l’élection, si je suis élu, il faudra bien que je rende quelques coups de mains. Mais attention, hein, en toute honnêteté. Ne glissons pas dans les arrangements entre amis des plus regrettables. La déontologie, c’est important. Mais une heure c’est cool et ça fait un peu mal de devoir esquiver des collègues qui me proposent une pause. Vous savez ? Celle qui part pour durer le temps d’un café et qui dure réellement le temps d’en boire cinq. Qu’on ne dise pas je ne glande rien. Et comme dirait Gégé « Tu dormiras quand tu seras au conseil. »

Une heure plus tard après qu’on me l’a dit, pétante, je suis dans l’entrée. Je dévisage toutes les nouvelles têtes qui passent l’entrée, mais je ne trouve pas mon bonheur. Puis, j’avise les autres concurrents. Arno Rak arrive avec son équipe électorale, là ou d’autres diraient « sa cour » si vous voyez ce que je veux dire. Il me lance un regard dédaigneux quand je passe sur lui, mais il me fait quand même un signe de tête, parce que dans le fond, même si on est adversaire, je suis quelqu’un de sympathique. Un autre membre du comité électoral finit par arriver et nous dispatchent à nos enquêteurs. Rak accueille le sien avec une poignée de main franche et un sourire confiant que son interlocuteur lui renvoie. Au hasard, hein ? Disons cela. Pour Trovnik, ils ont dégotté un vieux de la vieille, façon garde proche de la retraite, mais à qui on ne l’a fait pas. Il fait le malin, mais ils se dégonflent un peu quand Lou lui fait la remarque que sa tenue comporte vingt-sept infractions à tous les codes et règlements de la garde.

Oui. Parce que pendant son temps libre, Trovnik étudie les règlements de toutes les autres institutions d’Aryon.

Moi, on me désigne une jeune femme qui attend au bar. Et vous savez quoi ? Quelqu’un qui attend au bar ne peut pas être une mauvaise personne. Je ne le fais pas poiroter plus longtemps et je viens à sa rencontre. Elle me tourne le dos quand j’arrive et je passe à ses côtés pour m’y arrêter, attendant qu’elle capte ma présence. Je me présente rapidement avant qu’elle se mette à croire que je suis encore l’un de ces aventuriers bas du front qui ne peut s’empêcher de taquiner les inconnues dans leur antre. Faut pas trop en demander aux aventuriers, parfois. Surtout quand ils ont bu.

-Je crois que vous me cherchez. Whiskeyjack Callahan. Mais vous pouvez m’appeler Jack.

On peut croire que donner un diminutif à un inconnu, c’est un peu précipité, mais personne ne m’appelle Whiskeyjack, en réalité. Jack. C’est court. C’est rapide. Et ça se retient vite. Je lui tends une main ferme qu’elle sert avec un soupçon de fébrilité en me répondant son nom : Ashelia Branford. Je me permets de prendre le tabouret face à elle et je commande une mousse à Roger, le barman. On se connaît évidemment, même si comme je l’ai dit, je côtoie très rarement son comptoir, mais il bosse souvent en extérieur, pour trouver des nouvelles bières à mettre à sa carte. En respectant le budget qu’on lui alloue et qui, puisqu’il aime en parler pendant des heures, est terriblement dérisoire. En l’ayant face à moi, je la dévisage un instant. Je la voyais jeune, j’ai plutôt bon. Pas loin de la vingtaine. Bien sapé avec élégance et du charme. Je me demande si je n’ai pas affaire à une novice qui me récupère pour sa première mission. Et qui s’est mis sur son trente et un, même si l’expression ne veut pas dire grand-chose puisque nos lunes durent trente jours. Mais je ne suis pas linguiste, moi. Bref, je sens que ça va bien se passer et quelque sorte, c’est comme si j’allais lui donner des conseils pour ses futurs boulots. Jack est sympa, hein ?

-Juste le temps de boire une petite mousse avant de commencer le travail hein ? Je suppose que vous voulez inspecter les bureaux ? Ou m’interroger sur des sujets qui vous intéressent tout particulièrement ? Je suis toute à vous.

En toute bonne chose, hein.

L'ambiance avait bien changé depuis l'arrivée des candidats la musique que je trouvais si agréable à mon oreille était devenu maintenant des gens qui clamaient maintenant leurs favoris.

Je pouvais bien ressentir l'incertitude chez certains ou voir même des aventuriers souffrir d'un découragement total à ne plus pouvoir boire un bon coup entre amis sans se faire accoster par les membres de l'équipe d'Arno Rak.

Je dois avouer que mon candidat était plus plutôt unique, il me donnait l'impression que nous étions déjà rencontrés, mais le genre de rencontre bien arrosée un bon moment de plaisir ou autres choses même si j'étais un peu gênée au début cette impression à vite briser la glace et mes inquiétudes.

Vos bureaux!  s'esclaffe alors d'un rire plutôt amical.  Que voulez... que je trouve là-bas ? Je vais plutôt vous suivre comme votre ombre interroger vos proches et vous bien sûr.

Je savais plutôt voyais bien que je n'avais pas affaire à un novice, mais je devais rester professionnel et lui expliquer comment j'allais procéder même si j'ai oublié volontairement de lui dire que j'allais aussi l'espionner de loin.

J'étais plutôt contente mon client semblait le meilleur des candidats rectification le meilleur pour moi, car il est moins imposant non ce n'est pas une question qu'il est moins imposant c'est plus l'impression qu'il est une personne complètement sympathique une personne idéale pour une novice comme moi-même plutôt trop idéal.

Je suis vraiment désolée j'avais l'intention de commencer  à vous interroger ici mais vraisemblablement l'ambiance à vite changer à l'arrivée de l'équipe de campagne de Monsieur Rak. Je pris alors tant de regarder le tavernier droit dans les yeux  Combien je vous dois pour mes consommations et la consommation de Monsieur Callahan je lui dépose alors la somme due sur son comptoir Bien je vais vous attendre dehors Monsieur Callahan.

Une fois a l'extérieur je pris soins d'activer un de mes Tatoo et de m'équiper de cette ensemble de vêtements plutôt suggestif pour voir comment il va réagir.

Je me doutais déjà qu'il en ferait sûrment rien ou comme si rien en était mais je devais voir comment il pouvait se comporter seule avec lady comme moi pour m'assurer que les demoiselles de la guilde soit en sécurité.

Bref même si j'étais un peu gêné de me retrouver dans une tenue pareil a publique ma mission était beaucoup plus importante et je devais surmonter cette émotion et avancer.

Que fait-je ainsi j'ai l'impression d'être une escorte.. reprend toi Ash tu réussir ta première mission

Je n’ai pas l’habitude de vider ma bière d’un trait, mais que voulez-vous que je fasse ? Que je prenne une demi-heure pour finir mon verre et que je laisse poiroter la garde à l’extérieur ? Déjà que ce n’est pas très courtois, mais il ne s’agirait pas de lui faire une crasse comme ça à peine rencontré et qu’elle me mène la vie dure dans son enquête et qu’elle déterre des trucs pas si graves, mais qu’elle en fasse tout un foin. Pas l’air très méchante, mais qui sait ? Quel visage je peux révéler à être un connard ? Je préfère éviter d’être curieux. Roger me jette un regard compréhensif. C’est que ça ne se fait pas de jeter de la bière, ou de la mettre de côté. Alors, je bois. Trois rasades. Heureusement que la mousse est bonne. Je pose mon verre fermement et j’essuie la bouche d’un revers de manche. Roger me salue et je sors dehors pour retrouver mon inspectrice.

Je mets un instant un poil long pour la retrouver. C’est que je cherche à la tenue, quoi. Alors, quand je finis par l’identifier, je vous avoue que je suis plutôt décontenancé. Je ne suis pas resté seul très longtemps pourtant. Mais ça ne doit pas être ça, parce que ce changer au milieu de la rue, il y’aurait des signes plus visibles que quelques types jetant des regards fréquents du coin de l’œil dans sa direction. Ça doit être un pouvoir. Pratique. Je m’approche et plus je suis près, plus je constate qu’elle n’a pas fait dans la dentelle. Enfin, peut-être que si. Mais je n’en sais rien. M’voyez ? Alors, quand on dit suggestive, c’est que ça peut dire tout et n’importe quoi. Est-ce qu’on ne parlerait pas d’un décolleté avantageux ? De vêtements un plus proches du corps ? Voire même d’une jupe tout ce qu’il a de plus professionnel, mais juste ce qu’il faut pour donner des idées aux plus rêveurs. Bref, on peut sans nul doute se dire qu’on se sent criminel de poser ses yeux à peu près n’importe où.

-Vous… vous vous êtes changés ?
-Vous n’aimez pas ?

Question piège. Question minée à deux cents kilomètres. Je réfléchis à toute vitesse en la regardant dans les yeux, le plus sérieux du monde. Pas question de baisser les yeux, pas une question de fierté masculine, une question d’éviter une gêne malavisée.

-Non… vous êtes… ravissantes. Un endroit tranquille pour parler… donc ? J’ai ce qu’il faut. Suivez-moi…. Je vous prie.

Être au-devant de l’action, ça a bien des avantages, surtout en ces circonstances. Je connais à peu près tous les bars du quartier. Même ceux qui ne valent pas le coup. J’irais bien à « La cave à Dédé » ou « Au bouchon tiré », mais ce n’est pas trop l’ambiance que je recherche. Des habitués et un truc assez exigu. J’y connais du monde et je sens que les gens vont se faire beaucoup de fausses idées si je commence à la ramener dans ce genre d’endroit. Vous voyez le tableau, j’imagine. Bref, On prend la direction de « La Terrasse de Barnaby », un endroit que je fréquente rarement, propre, à l’ambiance un peu plus bourgeois que populaire. On me connaît un peu sans avoir de velléités de baver des tas de choses dans mon dos. C’est tranquille et calme, fréquenté pour échanges d’affaires ou les rendez-vous galants. Oui. Je sais. Mais on fait avec les avantages et les inconvénients de chaque type d’établissement. Et puis, ce n’est pas très loin. J’en profite pour poser quelques questions, sur le ton de la conversation. Afin d’être sympathique. Ce que je suis, évidemment.

-Cela fait longtemps que vous êtes dans la garde ? Vous ne correspondez pas trop à l’idée que je me fais des gardes. Enfin, je veux dire… sans offense hein. Voilà.

Je me tais. Parce qu’elle correspond à quelle autre idée ? Hein ? Je vois bien que tout ce que j’aurais pu dire, j’ai fait le choix de ce qui peut être potentiellement le plus insultant. A bravo Jack. J’sais que t’es fatigué en ce moment, mais ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi. A priori, elle ne m’en tient pas rigueur, pour l’instant, parce qu’on arrive sans accroc à destination et on prend une table à l’intérieur. Il n’y a pas grand monde, alors on peut se permettre de prendre une des alcôves qui isolent un peu du reste de la pièce, histoire d’être tranquille et de ne pas me faire interpeller par le premier copain venu. Parce qu’à se cacher, ça ne ferait qu’empirer les ragots. Et j’en connais certains, et même certaines, qui n’hésiteront pas à balancer des rumeurs sur n’importe quoi. On commande. Je prends un verre de vin. Et là, vous vous dites : « Queoi ? Whiskeyjack ne boit pas de la bière ? ». En même temps, la bière, c’est plutôt du côté populaire alors La Terrasse, ils en ont certes un peu, mais ce n’est pas extrêmement bon, je vous avoue. Et puis, j’aime tous les alcools et ils ont une très bonne cave à vin. Alors, on se permet.

-Alors, mademoiselle Branford ? Je pense que le cadre est beaucoup mieux pour discuter sereinement. Que voulez-vous savoir de moi ?

Que je dis, en la regardant droit dans les yeux. Et pas ailleurs.

-Peut-être bien, monsieur Callahan. Mais ne pensez pas que vous allez endormir ma vigilance en vous grandissant à m’amener dans ce genre d’établissement, où alors je serais en regret de notifier dans mon rapport que vous vous adonner à la corruption de fonctionnaire. Quelque chose vous dérange ?
-Euh… non. Rien concernant la corruption, en tout cas.
-Mais quelque chose vous dérange.

Elle se penche vers moi, dardant son regard vers moi, essayant de me percer à jour. Je fais un gros effort pour la regarder droit dans les yeux, puis je m’aperçois que mon champ de vision se rapproche bien trop dangereusement pour continuer de la sorte. Alors, je vais voir ailleurs, jetant mon dévolu sur les courbes graciles de deux verres de vin qu’on nous apporte. Le serveur dans sa livret impeccable nous présente une grande ardoise où sont notés à la craie les plats du moment. C’est vrai qu’on est dans les horaires du déjeuné et il serait tort de se priver d’une nourriture aux gouts exquis, ce qui serait une bonne distraction. Grâce à ce serveur, la garde retourne dans une position qui sied mieux à la situation. Je pourrais vous faire le détail de ce que nous propose le serveur, tout en plat de notre beau Royaume avec certains produits rares et probablement très cher, mais nous n’avons pas le temps pour ça. On commande simple tout en restant un peu complexe sur les matières premières avant d’en revenir à nos moutons. On trinque. Puis miss Bradford commence avec des questions plus conventionnelles, son visage semblant indiquer qu’elle s’est satisfaite de mes réactions jusqu’à maintenant.

Comme on l’a dit, il est important que le futur conseiller face preuve d’exemplarité vis-à-vis de la loi, et donc de la couronne, du fait de ses nombreuses compétences et de son autorité sur la Guilde. Ainsi, il serait assez malvenu de recruter n’importe qui qu’on surprendrait peu après à batifoler dans les marchés noirs de la ville. Ça ferait mauvaise presse. Evidemment, je peux vous assurer que ça n’arrivera jamais. Plus intègre que moi, c’est difficilement imaginable. Mon interrogatrice s’est dotée d’une petite page blanche qui doit recenser les questions qu’elle doit me poser. Il s’agit de quelque chose sans doute très procédurier. Les questions d’usages qui n’impliquent pas forcément beaucoup de conséquences aux premiers abords, parce qu’évidemment, les criminels ne vont pas avouer leur crime parce qu’on leur demande, mais il y a sans doute des pièges. Des questions innocentes dont les réponses que l’on pense tout aussi innocente et inoffensive sont en réalité des indications vérifiées sur ce qu’on est réellement et ce qu’on pourrait dissimuler à la garde et à la couronne. Heureusement, je n’ai rien à cacher, alors je ne m’en fais pas pour ça.

Evidemment, au cours de l’interrogatoire, assez charmant en apparence et dans les propos, on est servi et l’on mange d’appétit, appréciant la qualité de la cuisine, le tout accompagné d’un deuxième verre de vin ; La miss n’en prend pas, service oblige. Je pourrais dire pareil, mais l’alcool ne me fait pas grand-chose en si petite quantité. Au contraire, ça m’aide à réfléchir et à travailler. Autant vous dire que je bois pas mal, même si lors des derniers mois, j’ai beaucoup trop bu pour ne plus réfléchir du tout, à l’inverse. Enfin, c’est de l’histoire ancienne que je veux derrière moi. On prend le temps et même si l’antisèche d’Ashelia n’est pas bien grande, elle semble tout de même avoir une bonne mémoire, parce qu’on ne peut pas tout avoir sur ce bout de papier. Elle prend aussi des notes à part, seulement après certaines réponses qui me semblent anodines, comme si ce que je pense qu’elle cherche est bien différent de ce qu’elle cherche réellement. Mais les voix de la garde sont impénétrables pour moi. Tous les sujets sont abordés. Mon enfance. Ma famille. Mes jeunes années. Mes motivations à rejoindre la guilde et en particulier le bureau des examinateurs. Les avantages et inconvénients de ce boulot. Mes voyages. Ma situation financière. Les petits potes, ce qui est un fait avéré, il ne faut pas l’oublier. Ma situation personnelle. Ma campagne et les ambitions au Conseil. Les circonstances qui m’ont amené à me présenter. Sur cette partie, je reste un peu vague, ne souhaitant pas rentrer dans les détails d’une partie de ma vie plutôt désagréable qui est encore beaucoup trop frais pour en parler librement. Heureusement, elle ne s’y attarde pas trop, cherchant à la place la théorie folle comme quoi j’aurais des relations avancées avec une membre de l’équipe électoral, ce qui serait un sacré manquement à la déontologie, mais je peux vous l’assurer, il n’y a rien entre Madame Martine et moi.

On prend vraiment le temps. On a le café après. Puis on pourrait prendre le dijo, mais ça ne serait vraiment pas très sérieux. Il faut alors bien retourner à la Guilde et contrairement à ce qu’elle disait au début, elle conçoit qu’il semble assez opportun de visiter les lieux dans lesquels je travaille. L’occasion de la laisser se balader au milieu des examinateurs qui, il faut bien le dire, ne sont pas habitués à croiser du personnel féminin, encore moins aussi jeune et encore bien moins habillé de façon suggestive. Lou Trovnik pourra estimer que la productivité de l’après midi aura baisser de cinquante quatre pour cent très précisément et que la présence de la jeune Ashela n’y est clairement pas étranger. Je la laisse même seul une petite heure, le temps de finir un compte-rendu, qu’elle occupe habilement en interrogeant mes collègues qui ont bien du mal à construire leur argumentation, sauf Gégé, évidemment, qui manque de peu de faire passer la jeune garde au-dessus des maximas d’alcoolémie réglementaires juste par le biais de sa respiration lourde de distillations maisons divers. Une fois qu’elle a fini avec eux, elle prend le temps de rédiger des notes supplémentaires et c’est déjà la fin de journée pour elle. Seulement, vous allez me dire ? C’est que le travail ne s’arrête pas là. Elle va surement mener son enquête auprès d’autres personnes pour vérifier mes propos. On ne peut pas baser l’entièreté de l’enquête sur les réponses à mes questions, mais elles sont les points de départ à l’enquête que va mener la jeune Ashela en toute honnêteté, j’en suis sûr.

Je la raccompagne dans l’entrée où l’on retrouve certains candidats avec leur garde respectif. Si le candidat Rak semble être en pleine conversation amicale avec son enquêteur, ce qui est un peu surprenant, mais bon, on ne va pas juger les méthodes des uns et des autres, celui qui s’est occupé de Lou semble lessiver. Nulle trace de l’examinateur en chef, ce n’est pas son fort d’attendre. Elle se retourne vers moi et me lance un sourire aimable, loin de l’air de connivence entre le garde Rak. Restons professionnel, c’est important.

-Je crois que j’ai tout. Dans les prochains jours, vous entendrez probablement parler de moi. Que j’ai interrogé certains de vos proches. C’est une procédure normale.
-Oui, oui. Je m’en doute. Merci pour tout.
-Tiens, tiens, tiens…

C’est Arno Rak. Il s’est approché doucement de nous, son inspecteur derrière lui. Il affiche le sourire des mauvaises combines.

-J’espère que vous avez trouvé tout ce que vous vouliez, mademoiselle.
-Oui, tout à fait.
-Je dois toutefois vous prévenir qu’il n’est pas très bon d’être trop proche avec ce cher Whiskeyjack. Elles ont des fins… abruptes.
-Comment ça ?
-Oh ? Il ne vous en a pas parlé ? Etonnant. Vous voyez la capitaine du Blizzard ? Von Andrasil ? Celle qui a perdu la vie récemment. C’est un fait connu qu’elle entretenait une relation avec monsieur Callahan. De là à dire qu’il y a un lien avec sa fâcheuse disparition, c’est à la garde de nous le dire.

Je n’entends plus. Je suis brusquement renvoyé des mois en arrière, dans les jours les plus sombres de ma vie consécutive à l’annonce de son décès. Je me revois pendant ces semaines, épaves alcooliques travaillant sans arrêt pour ne pas penser, tel un zombie, incapable de dormir sans atteindre les limites du coma éthylique. Oui, c’est cette élection qui m’a sorti un peu de ce bourbier. C’est le conseiller Mallory, démissionnaire, qui m’a tiré de la fange de mon appartement pour me mettre sur les rails de la reprise de son siège. Parce qu’il a vu en moi quelqu’un capable de travailler pour la guilde. Pour les aventuriers. Mais tout ça, ça a disparu pour en revenir à la douleur que j’ai cherché à enfouir dans mon cœur et qui n’est pas encore disparu, malgré les rencontres et les quelques moments de joies.

-Callahan, vous pouvez m’en dire plus sur tout ceci ?
-… non…

J’ai envie de fuir. Ces gens. Ce monde. Je vois un instant le sourire narquois de Rak qui s’en retourne après avoir planté ses graines pernicieuses. C’est mon passé qui me ratrappe. Et même si je n’y suis pour rien, il y aura toujours des gens pour creuser et prendre des hypothèses pour argent comptant. Je m’écarte. Ashela me suit. Elle est sympa, mais ce n’est pas le moment. Je lui fais comprendre que je ne repondérais à rien et que ça ne la concerne en rien. Elle se contente de me fixer, calculant si mon désarroi est feint ou non. Puis, elle fait un pas en arrière.

-Bien. Je trouverais mes réponses de mon côté. Je vous souhaite une bonne journée, monsieur Callahan.

Je la salue et elle s’en va. Je reste un instant seul, ma main sur ma poitrine comme si je pouvais saisir mon cœur et m’empêcher d’avoir mal. Elle va enquêter et j’espère qu’elle aura la jugeotte de ne pas voir le faux et de s’en tenir à la vérité vraie. De demander à ceux qui savent vraiment. Et de faire un rapport aussi juste qu’est la vérité vraie de la vie véritable. C’est tout ce que je souhaite. Pour l’heure, j’ai du travail. Examinateur et candidat, c’est déjà un double emploi très prenant. Si en plus, je dois ressasser la douleur qui me ronge, je n’en sortirais jamais de cette histoire.