De retour de ma quête, je vais forcément faire une halte par la capitale, le trajet jusqu'au sud lorsqu'on revient du nord du royaume est relativement long, je m'imagine mal le faire d'une traite en réalité... Je me demande si Saryna a fini par retrouver son compagnon, pas que cela m'intéresse plus que cela en réalité, je ne pense pas que la femme araignée et moi-même pouvons nous considéré comme des amis après tout, nous avons juste accomplit une mission ensemble non? Mais je l'apprécie quand même pour ses capacités et son professionnalisme, c'est sûr que je ne vais pas la chercher dans cette ville lorsque j'y serais, après tout je n'ai aucune raison de le faire, mais je souhaite de tout coeur qu'elle ait retrouvé cet homme qui lui était cher. Pour ma part, je dois dire qu'il me tarde de revenir au grand port, combien de temps me suis-je retrouvé loin de chez moi? Naturellement, j'ai une pensée pour la jeune garde que j'ai rencontré peu de temps avant de partir, d'abord pour la capitale, puis pour ma quête. Certes, je me suis rendu au grand port entre ces deux missions, officielle et officieuse, mais je n'ai pas eu l'occasion de la revoir. Après tout, nos emplois du temps sont chargés il est vrai mais, j'avais quand même espoir de pouvoir la revoir plus tôt que cela... Je marche entre les arbres, il faut avouer que l'aide de Saryna se fait sentir lorsque je me déplace en forêt, éviter cette plante car elle peut être dangereuse, faire attention à ces traces qui montrent le passage d'une bête sauvage, saluer Khalie que j'aperçois entre deux arbres... Attendez quoi? Khalie?

Oui, je reconnaîtrais cette mignonne petite tête entre toutes, mais qu'est-ce que la jeune garde du grand port fait ici, à deux jours de marche de la capitale, dans une direction qui doit normalement nous diriger vers le nord? A moins que je ne me sois perdu en cours de route, que j'ai contourné la capitale pour me retrouver dans la partie sud de la région et que je ne reviennes maintenant sur mes pas vers la capitale, rallongeant par la même occasion mon trajet? Ce serait ridicule et relativement inefficace mais il y a plus important que de savoir si mon sens de l'orientation est décédé lors de ma quête : Khalie! Je fonce vers la jeune femme afin de savoir ce qu'elle fait ici, visiblement elle avait une affaire la concernant dans la région? Fort bien fort bien... Du coup, naturellement, je lui propose que nous reprenions la route ensembles, après tout cela nous permettra de discuter un peu! Nous ne nous sommes pas vu depuis si longtemps! Sauf que voilà, avant de pouvoir converser comme nous le désirons il vaudrait sans doute mieux nous reposer, la nuit est déjà bien avancée après tout autant nous installer avant de discuter plus, après tout, la forêt n'est pas forcément un endroit accueillant. Je ne connais cependant pas de lieu dans lequel nous pourrions rester mais, on peut sans doute trouver un endroit sécuritaire dans lequel monter un camp?

Alors que j'expose cette possibilité, une odeur des plus alléchante se fait sentir et, mon instinct me pousse à me diriger dans cette direction. Khalie et moi arrivons donc devant une petite demeure, visiblement la propriétaire des lieux étend son linge... Sympathique, la paysanne nous propose un lieu pour dormir ainsi que de quoi manger? Je trouve cela suspicieux et j'hésite un long moment avant d'accepter ou non mais, après tout, j'ai la certitude de pouvoir me défendre face à qui que ce soit et je ne doute pas des capacités de mon amie alors, pourquoi pas? Nous entrons donc, la femme nous présente son fils, Élars qui fait preuve d'une timidité enfantine... Nous discutons, nous mangeons et finalement nous allons nous coucher. Un fauteuil pour deux? Je regarde Khalie un instant, ce n'est pas que cela me dérangerait de le partager avec elle mais serait-ce une bonne idée alors que nous ne sommes ni chez moi ni chez elle? Mieux vaut éviter! Je décide donc de dormir à même le sol, j'ai dans mon sac sans fond de quoi me mettre une petite couverture au sol et je peux parfaitement dormir ainsi. Je dois avouer que je voulais parler avec Khalie mais, est-ce le voyage, la chaleur du lieu ou la lourdeur du repas? Je m'endors presque instantanément...

C'est le froid qui me réveille le lendemain et pourtant, je ne suis pas frileux... Qu'est-ce que cela veut dire? La maison qui semblait si vivante la veille semble maintenant à l'abandon depuis des lustres, je vois également des traces de sang qui doivent être là depuis bien longtemps déjà! Je me lève rapidement, réveillant la jeune fille qui est à mes côtés. Au moins elle est toujours là elle! Je lui laisse le temps de prendre conscience, comme moi précédemment de l'état des lieux et pendant ce temps, je me dirige vers la chambre dans laquelle dormaient la femme et son fils... Personne? Nous sortons de la demeure, un brouillard intense semble s'être levé, je propose d'essayer de reprendre la route, je sais que Khalie est garde mais il vaudrait mieux avertir les gens de la capitale sauf que, nous ne pouvons pas... Quoi que l'on fasse, il semblerait que nos pas nous ramènes sans cesse à cette demeure. Je regarde Khalie, j'avoue ne pas réellement comprendre mais, est-ce possible qu'un meurtre ait eu lieu et que les esprits des victimes veulent qu'on trouve ce qu'il leur est arrivé? Cela me semble fou mais... Rien ne parait impossible dans ce royaume!

"Bon... Qu'est-ce qu'on fait?"

Combien y avait-il de chance que je croise Aslander après tout ce temps dans la forêt?? Nous qui étions tous les deux du sud, pourquoi étions-nous dans la forêt? Bien sûr, on m’avait remis une affaire qui s’était terminée ici, mais tout de même quel était les probabilités que je tombe sur ce dernier, hm; 0,01% peut-être? En tout cas, maintenant je comprends pourquoi je n’avais pas su le rejoindre ces derniers temps. Après tout, Valentino m’avait demandé d’enquêter sur ce dernier discrètement. Enfin, nous nous approchons l’un de l’autre et nous décidons de faire route ensemble. On parle un peu, mais la soirée étant bien installée, nous n’avons pas réellement le temps de discuter pleinement comme nous l’aurions souhaité. Il nous fallait trouver un endroit où dormir et je me laisse alors guider par ce dernier qui me semblait bien plus à l’aise que moi. Était-ce un talent caché?

Bref, qu’on le veuille ou non, nos pas nous menèrent doucement vers une odeur appétissante me faisant monter l’eau à la bouche. Ce dernier se dirige donc vers cet endroit alors qu’une femme en train d’accrocher son linge nous fait signe de la main. Je plisse les yeux trouvant tout cela étrange, mais nous nous approchons avec prudence, mais finissons par accepter l’offre de la femme. Il nous reste encore deux jours de marches et un bon repas ainsi qu’une bonne nuit de repos ne seraient pas de refus.

Elle nous présente son jeune garçon Ëlars qui se cache derrière les jupons de sa mère puis on discute un moment avant de passer à table. Lorsqu’il est temps de dormir, Aslander ne cherche même pas à partager le canapé et s’offre de prendre le sol. Je ne vais pas m’obstiner avec ce dernier. Après tout, c’est peut-être mieux ainsi, non? En tout cas, nous passons la nuit chacun de notre côté, mais ce n’est que le lendemain que Aslander me réveille.

Lorsque j’ouvre les yeux, le décor me semble différent. La maison est délabrée, même le canapé est poussiéreux et puant. Lorsque je regarde au sol, des taches de sang sécher se trouvent sur le parquet. Ça ne semblait pas du tout récent. Qu’est-ce qu’il s’est passé ici franchement? Et où étaient la femme et l’enfant d’hier? Aslander à l’audace d’aller vérifier si quelqu’un d’autre si trouve, mais il n’y que nous. Même lorsque nous décidons de vérifier à l’extérieur, tout semble différent. Une brume qui nous empêche de quitter la maison et qui nous ramène jusqu’ici? Il ne manquait plus que ça.

« Qu’est-ce qu’on fait? On trouve une solution, ou je ne sais pas quoi! Mais je ne vais pas finir mes jours ici. Déjà, on doit bien être ici pour une raison? Pourquoi avons-nous été attirés ici tous les deux? Qui était cette femme et cet enfant? Les résidents de la demeure avant ce carnage? »

D’ailleurs, qu’avions-nous mangé hier? Je ne ressens plus la faim et la nourriture n’était pas une illusion, si? Je ne veux même pas y penser ni même regarder… Enfin je rentre à l’intérieur et me dirige vers les taches de sang. Lorsque je me penche sur ces dernières pour vérifier s’il y avait eu des traces de lutte, je ressens de nouveau un courant d’air glacial. Rien à voir avec la fraîcheur de la brise d’été sous les arbres. Non cela nous glace le sang et nous donne la chair de poule!  Je me relève donc et fouille dans mon petit sac. Je vérifie mes rations et la quantité d’eau qu’il me reste dans ma gourde puisqu’elle n’est pas magique. Je ne sais pas pour combien de temps nous serons pris ici, mais j’espère qu’on trouvera une solution d’ici ce soir!

« Tu as une idée d’où pourrait provenir ce brouillard? Tu as vécu quelque chose de semblable lors de l'une de tes aventures? Si peu importe où nous marchons, cela nous ramène jusqu’ici, c’est que cela peut être magique, non? Quelqu’un qui nous force à rester ici? »

Bon ma question n'était peut-être pas posée de la meilleure des manières, il faut bien avouer qu'effectivement il est impératif de trouver une solution, on ne peut pas rester dans cette situation indéfiniment. Je n'ai, tout comme elle, absolument pas l'intention de faire de vieux os ici, cet endroit est lugubre avouons-le, comme si un crime atroce y avait eu lieu et, vu les traces de sang séchées, c'est peut-être bien effectivement le cas. Malgré cela, ais-je juste une impression ou la réaction de la demoiselle est plutôt froide à mon égard? Il est sûr que, au vu de la situation dans laquelle nous nous trouvons, je ne m'attendais pas forcément à une discussion joviale et agréable mais... Nous avons à peine eut le temps de discuter la veille et nous ne nous étions plus vu depuis un certain moment alors, je suppose que j'attendais tout de même autre chose que cette manière de répondre... Je lui jette un regard en coin, est-ce l’inquiétude ou la panique qui la pousse à répondre ainsi? Autre chose? À moins que cela ne soit juste moi qui me fais des idées? Bon, cela n'est pas le problème principal je suppose, il est évident que je devrais sans doute me concentrer sur l'affaire qui est supposée être le centre de notre attention, après tout le fait que nos pas nous ramènent sans cesse en ce même endroit est loin d'être rassurant mais, au fond de moi, je me sens plus concerné par la demoiselle que par cet épineux obstacle... Ressaisis-toi Aslander! Ces gens étaient-ils les résidents de la demeure? Des esprits qui demandent qu'on élucide ce qui leur est arrivé? À moins que ce ne soit quelques spectres farceurs qui tentent de nous entraîner dans un piège? J'ignorais d'ailleurs que les spectres n'étaient pas uniquement des boniments de bonnes femmes! Je n'ai certes aucune preuve mais pour l'instant, il me semble que c'est la solution la plus probable aussi surprenant que cela puisse être. Après tout, comme le disais ce célèbre inspecteur de la guilde qui fume toujours la pipe, lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.

"Je l'ignores Khalie mais une chose est sûre, si nos pas nous ramènent à cette demeure c'est que l'on peut y trouver des indices... Des cadres ou autre effets personnels nous permettront sans doute d'au moins savoir à qui appartenait, ou appartient, cette demeure."

Je ne peux pas dire que l'idée de retourner dans le bâtiment soit celui qui m'émoustille le plus, en fait ce n'est rien de plus que la nécessité de la chose, ce qui doit être fait doit être fait! Qu'importe que l'on doive affronter des hommes, des animaux, des statues ou des spectres. La demoiselle veut trouver un moyen de partir alors moyen de partir lui sera fourni, je m'y engage! Et puis, une enquête sur une affaire sanglante et mystérieuse doit sans doute pouvoir rapprocher les gens non? Lorsque l'on traverse une épreuve ensemble, on en ressort forcément plus proches non? Ne voit-on jamais des personne ayant vécu un drame similaire se rapprocher les uns des autres, formant des liens plus forts, plus intense, des inconnus devenir des amis, des amis devenir des couples? Passer au travers d'une épreuve fait que l'on accorde plus aisément sa confiance à une personne ayant vécu la même? Certes Khalie et moi sommes déjà amis, je ne veux pas devenir plus que cela... Enfin, je ne pense pas en tout les cas, notre relation est bien trop incertaine pour que j'affirme savoir ce que je désire ou non mais en tout les cas, je suppose que j'aurais le temps de me décider sur cela une autre fois non? Bref, nous entrons et la demoiselle regarde immédiatement les traces de sang. Je suppose que son entraînement l'encourage à chercher des preuves?

"Je n'ai jamais rien connu de tel non? Ce brouillard me glace le sang, je dois avouer qu'il me semble totalement surnaturel pour peu que cela soit possible bien-entendu... Quelque chose de magique? Probablement mais à quel point ce pouvoir est important pour nous bloquer dans cet espace? Quoi qu'il en soit cherchons des indices, tout ce qui pourra nous servir à sortir de ce lieu..."

Je commence à faire le tour des lieux, après tout nous avons mangé à notre fin, passé une nuit tranquille et rien ne nous a empêché de sortir de la maison même si nos pas nous y ont ramenés. Je ne me sens donc pas spécialement menacé, si la femme ou l'enfant avaient été agressifs, nous serions probablement morts durant la nuit, voir avant! Si ce sont des victimes, peut-être veulent-ils seulement que quelqu'un découvre la vérité, sinon... Je suppose qu'il existe des moyen de combattre les spectre? Je ne peux m'empêcher de laisser passer un petit rire... Dire que Khalie et moi semblons piégés dans une histoire de fantômes alors que nous avions fait croire à deux voleurs incompétents que ma demeure était hantée, l'arroseur arrosé je suppose? Bref, je me dirige dans la chambre et je commence à ouvrir les tiroirs : des habits, pliés mais couverts de toiles d'araignée, apparemment personne ne les a porté depuis longtemps. Des vêtements de femmes, d'enfant également ce qui rend plus plausible le fait que les deux "personnes" que nous avons croisés hier étaient les résidents. D'ailleurs un seul lit? C'est étrange non? L'enfant n'était pas réellement en bas-âge... Rien d'autre de réellement utile, je retourne donc voir Khalie.

"Tu as trouvé quelque chose?"

J’ai tendance à poser beaucoup de questions bien que je sais que ce dernier ne semble pas plus en mesure que moi de lui répondre. De plus, l’idée d’être prise au piège ici sans moyen de sortir ou d’envoyer un quelconque signal perdu en plein milieu des bois ne m’enchante guère et cela se fait entendre par mon ton de voix et c’est plus fort que moi. J’ai peut-être été entraînée pour réagir à toute sorte de situations, mais une histoire de maison hantée, surtout pas. J’essaie de réfléchir et d’expliquer ce qui nous soit arrivé, mais je ne trouve rien de concret. Peut-être que nous faisons face à l’utilisateur d’illusions, mais pour qu'elle raison nous piéger? Pourquoi prendre le temps de nourrir et de nous donner le temps de dormir? Est-ce qu’il voulait que l’on devienne fou? Enfin, Aslander suggère que nous allions voir à l’intérieur pour essayer d’identifier le propriétaire des lieux.

« Hm, bonne idée. Je vais aller voir, j’ai noté des traces de sang sur le parquet… »

Je suis la première à rentrer, suivi de ce dernier de près et j’observe un moment les taches de sang qui sont déjà sec depuis longtemps. Je me relève et je ne sais pas pourquoi je ne pense que maintenant à vérifier mes vivres, mais voilà. Je fais le compte et je me tourne finalement vers Aslander lui posant encore quelque question. Ses réponses sont plutôt négatives et tout comme moi il n’a jamais connu un tel phénomène. Il suggère que nous cherchions des indices et quelque chose qui pourrait nous aider à sortir d’ici.

« Je vais continuer à fouiller ici, alors. Il doit bien y avoir quelque chose de relier à ses traces de sang. Je ne semble pas me souvenir d’une affaire non résolue, quoique je n’aie jamais eu accès à tous les dossiers. »

Enfin, Aslander quitte la pièce et me laisse seule dans le salon. Je vire les coussins du matelas, retourne ce dernier à l’envers. Mis à part quelques insectes qui me donnent la chair de poule, il n’y a rien d’intéressant. Je me tourne alors vers la commode où était déposé un vieux portrait où se trouvait un couple avec un enfant en bas âge. Hmm, il n’y avait pas d’homme hier. Je le remets à sa place, puis j’ouvre les tiroirs ne trouvant que des papiers, des crayons et quelques lettres chiffonnées.  Dans celui du bas, il y avait quelques blocs. Je tire le meuble et une feuille semble tomber. Me penchant pour la rattraper, je remarque une trappe.  À ce moment, Aslander revient et me demande si j’ai trouvé quelque chose. Je me redresse subitement et déposa le papier sur le bureau de la commode.

« Et bien, j’ai trouvé une trappe » que je dis avec un sourire malicieux, sauf que s’il fait tout noir là-dedans, je n’ai rien pour m’éclairer. Ah! Mais je suis bête, j’ai mes lunettes de jour dans mon sac! « Et y’avait aussi une photo d’un couple avec un petit garçon. » Je lui tends l’image trouvée. « La femme ressemble à celle que nous avons vue hier, mais l’enfant est trop jeune pour dire. Il y avait aussi des jouets dans le dernier tiroir.  Toi quelque chose d’intéressant? »

Je continue de farfouiller un peu en me dirigeant vers la cuisine en fouillant dans les armoires. Entre les tâches de nourriture sécher, la mousse et la moisissure, je commençais vraiment à avoir un de ces maux de cœur. Celui qui donnait envie de gerber.

La fouille de la chambre ne m'apprend pas grand chose en réalité, visiblement des vêtements pour deux personnes, un enfant et une jeune femme. Un seul lit ce qui ne me semblait pas étrange hier mais le paraît bien plus aujourd'hui en réalité, et c'est tout... Peu de décoration, aucune photo, j'espère sincèrement que la jeune fille aura plus de chance que moi sur ce coup. D'ailleurs il est temps de la rejoindre, j'ai l'impression que l'idée de se retrouver dans une maison potentiellement hantée ne l'inspire par réellement. Moi? Je suis un ancien pirate tout de même, je n'ai certes jamais croisé de spectre - j'aurais tendance à dire que ce sont des histoires pour effrayer les enfants - mais il n'empêche que sur la mer parfois déchaînée, les histoires de fantômes, marins maudits et autres joyeux revenant n'ont rien de bien rare. Sans dire que j'ai cru un jour me retrouver dans une histoire de fantôme, je dois dire que cela m'effraie bien moins que d'autres choses pourraient le faire. Il n'y a rien de bien effrayant à l'idée de croiser une personne déjà morte, dans le pire des cas, il suffira de trouver un moyen de lui offrir le repos éternel! Après tout, si nous sommes bloqués ici, il me semble logique qu'il doit y avoir une raison quelconque non? Enfin bon, un aventurier et une garde, je suppose qu'on va bien réussir à trouver quelque chose, une explication quelconque qu'elle soit rationnelle ou non...

Je quitte la chambre, rejoignant la jeune femme et lui demandant si elle a trouvé quoi que ce soit? Heureusement, le flair de la garde ne l'a pas trompé : une photo qu'elle me donne et qui montre la jeune femme vu hier. Cependant, elle se trouve avec un homme totalement inconnu et un enfant, plus jeune que ne l'était le petit Elars! Étrange, pourquoi la femme ressemble exactement à celle qui nous a accueillit mais pas l'enfant? Pourquoi n'avons-nous pas vu l'homme non plus? Déjà un mystère à résoudre et ensuite... Qu'est-ce que c'est que cette trappe? Khalie m'apprend son existence avec un sourire malicieux, elle est réellement mignonne quand elle sourit ainsi... Non Aslander! Sortir d'ici avant tout! Elle continue à fouiller en se dirigeant vers la cuisine mais mon regard refuse de se détourner de la trappe... Il y a une chose totalement illogique avec cette dernière : je suppose qu'elle mène à une sorte de sous-sol... En même temps, grande déduction je sais, mais avouons que ce serait encore plus effrayant si elle donnait sur un toit! Quoi qu'il en soit, son emplacement n'est absolument pas logique! Si cette ouverture permet de se diriger au sous-sol, pièce qui peut avoir de nombreuses utilités, pourquoi la mettre sous le meuble? Ce n'est pas pratique de devoir toujours déplacer le meuble pour se rendre plus bas avouons-le... Je m'avance donc, me lâchant pas la trappe du regard, un frisson glacé parcourant mon échine alors que je m'en approche, comme si une main glacée et griffue s'amusait à passer le bout de son index directement sur ma colonne vertébrale... J'approche ma main de la poignée. tire dessus ouvrant le passage...

Immédiatement, une odeur nauséabonde vient me prendre à la gorge, je suis obligé de mettre ma main devant ma bouche et mon nez pour éviter de respirer ces effluves... Cela sent la charogne! J'ai déjà était en présence de cadavres, après tout les champs de batailles ne sont pas toujours nettoyés et lorsqu'on est pirate, on met parfois le pied sur des îles qui ont été témoin de batailles sanglantes, parfois cela arrive quelques jours ou semaine après la bataille et pourtant, l'odeur qui m'emplie les narines à cet instant me donne un haut le cœur assez important... J'ignore ce que je vais trouver si je descend là-dessous mais, j'ai bien peur de l'imaginer... Si ce n'était pas juste une illusion, si ce n'est pas de la magie qui nous a attiré ici... J'ai bien peur que ce soit ce qu'il reste réellement de la jeune femme et peut-être même de l'enfant ou du mari que nous n'avons pas vu hier. En tout cas, je ne peux pas descendre seul, il me semble évident que quelqu'un est mort ici... Comment? Je l'ignore, mais j'ai bien peur que ce soit un ou plusieurs meurtre... Oui je sais, avoir peur que ce soit un meurtre alors que je suis un ancien pirate c'est ironique mais je ne tuais pas d'innocents et je doute qu'une charmante famille, semblant sans histoire, comme celle que je vois sur cette photo ne soit pas "innocente"... Quoi qu'il en soit, si meurtre il y a, la garde doit être celle qui passe première, c'est son boulot d'enquêter après tout, je peux l'aider mais je n'ai pas la formation ou l'expérience pour ne pas corrompre la scène potentielle du crime.

"Khalie... Tu devrais venir ici mais... Bouches toi le nez..."

Je fouille les armoires de la cuisine à la recherche d’objets quelconques qui aurait pu servir à blesser voire même tuer quelqu’un. La maison étant abandonné je ne vois pas pourquoi le coupable, s’il y avait, se serait compliqué la vie pour cacher ses preuves. Sauf qu’il n’y avait rien. La seule chose qui pouvait lier à un crime en ce lieu, était la tache de sang, la maison abandonnée la vision ou l’illusion que nous avons tous les deux étés victimes puis cette photo de famille qui ne nous permettait pas d’identifier l’homme. Enfin, la maison était perdue dans les bois et si personne n’avait déclaré la disparition d’un membre de sa famille, la garde n’a certainement pas cherché la maison à moins que comme dans notre cas, une garde tombe sur la demeure. Demeure qui nous empêche d’ailleurs de la quitter.

Je me tourne vers Aslander, afin de voir ce qu’il fait et ce dernier semble être attiré par la trappe qui se trouvait dans le planché. Je m’y intéressais aussi, mais je préférais fouiller par étage afin de ne rien oublier.  Ce dernier tire sur la poignée et même s’il me signale de m’approcher le nez bouché, il est trop tard pour cela. Une odeur pestilentielle envahit la demeure me faisant aussitôt plisser des yeux et tousser. Je balaie vite fait de ma main l’air devant moi bien que cela ne fasse pas changement et je finis par plonger ma main dans mon petit sac sans fond à la recherche du mouchoir que Valentino m’avait donné et que je ne lui avais jamais remis. Il était assez grand pour couvrir une partie de mon visage et je l’attachai derrière ma tête. Seulement à ce moment, je décidai de m’approcher de ce dernier. Même le tissu n’arrêtait pas complètement l’odeur, mais c’était déjà mieux de se prendre l’odeur d’un coup. Des plans pour perdre l’odorat.

« Ça a une odeur de cadavre…je n’aime pas ça du tout. Enfin, je vais aller jeter un coup d’œil, j’ai pas trop le choix, mais hé, c’est ça être garde. » Je me penche au-dessus de la trappe et il fait aussi noir que dans le c…d’une vache. Va me falloir mes lunettes de jour. Je n’avais pas encore eu le temps de les utiliser. Je plonge de nouveau ma main dans mon sac et en ressors cette fois-ci un demi-masque possédant un demi-bec d’oiseau rappelant ainsi la tête d’un corbeau. Elle puait la classe à mes yeux, mais avec mon foulard sur le bas de mon visage ça ne devait pas en jeter autant. Bon, ce n’était pas vraiment mon but premier aussi. Je m’accroupis à la recherche d’une échelle, mais il ne semble pas y en avoir, alors il me faudra sauter en bas.

« Reste ici, Aslander et surveille pour que rien ne puisse m’empêcher de remonter, d’accord? » Je le regarde un moment, je sais qu’il doit être inquiet de me voir partir seule, alors je dépose ma main sur son bras et frotte légèrement son biceps. « Hey, ça va bien aller… » J’essaie surtout de me convaincre en vrai, car ce sera bien la première fois que je suis sur ce genre d’affaire. Du coup, je m’appuie de chaque côté de l’ouverture et me laisse glisser jusqu’en bas. Je me réceptionne comme une championne et ne voit que le sol pour le moment, mais lorsque je me retourne, j’ai l’impression qu’on vient de me frapper dans l’estomac avec une massue et je me détourne de la scène qui s’offre à moi et vomi mes tripes au sol. Cela doit s’entendre dans haut, mais je ne peux pas m’arrêter à cela. Je regarde donc en direction du macabre spectacle qui s’offrait à moi et constate la présence d’un cadavre pendu à l’une des poutres du plancher sur lequel nous marchions. Vu l’état de ce dernier, celui doit être présent depuis bien des mois…Enfin, je ne suis pas l’experte en macchabée, mais si je suis capable de voir en partie son squelette, c’est que ça doit au moins faire un moment.

« Aslander…j’ai trouvé la maman, je crois. » Dis-je en continuant de marcher calmement en m’approchant de ce dernier. Enfin, j’ai le cœur qui s’affole alors que l’adrénaline parcourt mes veines. Si ce n’était que de moi, je retournerais en haut, mais je dois m’assurer que le cadavre du petit garçon n’est pas là aussi.

Je sens alors un frisson glacial me parcourir et je me fige sur place en fermant les yeux. J’ai la désagréable sensation que quelque chose m’épie et me touche la peau. Une main sur ma nuque peut-être? Je me retourne rapidement, mais rien derrière moi. Quelque chose tombe à ma gauche me faisant sursauter vers la droite et j’heurte le cadavre de mon dos. Je ne peux m’empêcher de hurler et je tombe aussitôt sur le derrière en essayant de m'en éloigner. La présence se fait plus intense sur ma peau, mon corps est glacé et je suis capable de percevoir ma respiration. Sauf que subitement, je n’ai plus le contrôle de ma vision. J’entends des mots, je vois un homme et une femme qui se dispute. L’homme lève la main et frappe la femme. J’ai peur… je n’aime pas quand papa fait du mal à maman. L’homme prend un couteau sur la table et frappe la femme une première fois, puis une deuxième fois. Il semble très en colère. Maman est tombée par terre… elle me regarde et me dit de fuir. « Non, papa! Arrête, tu fais mal à maman! » Je me mets à pleurer et recule sur le sol jusqu’à heurter le mur. « Non, papa, arrête. Je vais être gentil, je le promets! » J’agite les bras dans tous les sens comme si j’essaie de chasser quelque chose qui se trouvait devant moi, puis l’homme frappe l’enfant qui s’effondre au sol. « J’ai froid… Il fait si froid… » que je prononce sans m’en rendre compte. Quand je reviens à moi, je suis toujours aussi frigorifiée et en pleure. Qu’est-ce que je viens de vivre là?! Je replie mes jambes contre ma poitrine et c’est à ce moment que je suis consciente de la présence d’Aslander. Je me jette aussitôt dans ses bras et ne peux m’empêcher de pleurer à chaudes larmes.

« Le….le père à tuer la mère et le petit, Aslander… j’avais l’impression d’être dans le corps du garçon. C’était horrible… »

La jeune fille s'approche de moi avec un mouchoir qui lui couvre le visage... Non, pas de commentaire! De toute évidence, c'est un mouchoir de tissu, un modèle très masculin mais cela ne veut rien dire et cela ne me regarde pas de toute manière! Ce n'est pas comme si nous étions un couple, ou alors un couple d'amis! Elle n'est pas ma compagne, je ne suis pas son compagnon alors peu importe de savoir qui est le propriétaire de ce mouchoir n'est-ce pas... Puis, nous avons d'autres choses à régler! L'odeur de décomposition me fait dire qu'il faudrait quitter le lieu rapidement et, en même temps, cela me surprend très fortement de ne pas l'avoir remarqué plus tôt, ce n'est pas réellement le genre d'odeur que l'on peut décrire comme subtile et délicate, loin de là même! C'est étonnant que cette petite trappe ait pu contenir une telle puanteur avouons le. Khalie me signale qu'elle va descendre, bien que cela ne l'enchante pas mais étant garde, c'est son boulot avant de mettre ce que je suppose être des lunettes de jour... Je dois avouer que cela ne me plaît guère, la laisser partir seule? Bien-sûr c'est sans aucun doute ce qu'il convient de faire, je doute que le tueur, car je ne doute plus qu'il s'agisse d'un meurtre vu l'odeur, soit encore présent alors elle ne risque rien, par contre ce serait le comble que cette trappe se referme sur nous et que nous nous trouvions pris au piège sous la maison. Avec une senteur aussi nauséabonde, nul doute que nous finirions par mourir d'asphyxie alors, il est sans aucun doute mieux de lui laisser faire son travail. Elle doit se rendre compte de mon inquiétude puisqu'elle dépose sa main sur mon bras, m'assurant que tout va bien aller. Je soupire et hoche la tête.

"Au moindre problème, je descends!"

Je ne suis pas rassuré et cela doit se voir, je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit! Mais je ne peux que la laisser y aller en restant prêt si le besoin se fait sentir. La demoiselle arrive en bas et, très vite, j'entends un bruit que je connais parfaitement suite à de trop nombreuses soirées arrosées : des vomissements... Je me dis que cela n'a rien d'anormal, après tout avec l'odeur qui doit être plus prenante encore en bas qu'à cet étage, je me doute que c'est parfaitement naturel... Sauf que bien vite, les paroles de la jeune femme m'arrivent : elle a trouvé la mère? Je comprends mieux les bruit de régurgitation du coup! Voir un cadavre qui dégage une telle odeur? Le spectacle doit être des plus traumatisant, surtout que Khalie n'est qu'une jeune fille, elle n'a sans doute pas vu la moitié des horreurs que j'ai pu voir! Soudain, j'ignore ce qu'il se passe mais j'entends la jeune femme hurler comme jamais, pas même lors de notre moment d'intimité dans mon domaine c'est dire! N'écoutant que mon courage, et surtout mon affection pour la demoiselle, je me jette dans la cave pour la rejoindre. Je vois directement le cadavre, pas le temps de m'attarder là-dessus cependant, je remarque rapidement la belle qui est recroquevillée à terre. Je m'approche d'elle, m'agenouillant devant elle et je dépose mes mains sur ses épaules.

"Khalie! Tout va bien, je suis là!"

Mais elle ne réagit pas à mes appels, loin de là même elle semble absente, parlant soudainement avec une voix qui n'est pas la sienne... Je ne comprends rien à ce qu'elle raconte mais que se passe-t-il donc? Une vision? Cela me semble possible vu ce qu'elle dit qui n'a pour moi aucun sens mais, si elle revit ce qu'il s'est passé alors, je suppose que son discours à plus de sens? Est-ce que l'enfant aurait vu sa mère mourir devant ses yeux? Tuer par l'homme de la photo? C'est atroce, même moi je peux à peine imaginer ce qu'il a vécu et par extension, ce que la jeune fille est en train de vivre. Malheureusement, il me semble impossible de la sortir de cette vision, je ne peux qu'attendre en espérant que cela ne soit pas trop long, je me maudis de ne pouvoir rien faire et d'être aussi impuissant! Au bout d'un petit moment, la belle semble revenir à elle et, en me voyant, elle s'écroule en pleurs dans mes bras. M'expliquant ce qu'elle a vu... Alors l'homme n'a pas seulement tuer la femme mais également l'enfant? Je regarde le cadavre derrière Khalie tout en lui caressant les cheveux, il faut qu'on sorte d'ici, l'air devient irrespirable et il est évident que la jeune fille doit vouloir sortir de cet enfer aussi vite que possible. Tant pis si on ne peut pas encore s'éloigner de la maison au moins une bouffée d'air va nous faire du bien.

"Viens Khalie, sortons d'ici..."

Je l'aide à se relever, je l'emmène jusqu'à la trappe et je crée des petites marches de glace pour qu'elle puisse remonter aisément avant de la suivre. Nous sortons de la demeure alors que je la soutient, ayant mes bras autours de ses épaules comme pour la protéger et quelle surprise lorsque nous arrivons dehors... LA brume est toujours présente, épaisse, froide, effrayante... Pourtant, le vent se lève soudainement, m'obligeant à tourner la tête pour me couvrir de cette rafale et c'est alors que l'impensable se produit, comme animée par une volonté propre, la brume semble littéralement s'ouvrir un un fin corridor qui donne vers l'arrière de la demeure, comme si un passage s'offrait à nous... Cela ne me plait guère mais je le montre à Khalie d'un signe de tête, il semblerait que quelqu'un ou quelque chose veut nous mener dans cette direction.

Alors que je m’agite dans tous les sens, je sens une forte poigne s’accrocher à mes épaules tentant de me sortir de cette sorte de transe, mais ça ne semble avoir aucun effet. Je suis victime d’une vision dont je ne peux pas m’échapper ressentant à moitié les émotions que l’enfant avait ressenties. Heureusement, la douleur n’était pas présente, car je ne sais pas ce que j’aurais fait. Quand je me réveille finalement, vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureuse de retrouver Aslander devant moi. Je me jette à son cou et m’accroche à ce dernier désespérer alors que mes larmes coulent à flot. C’était horrible et je ne peux l’expliquer. Comment un père peut-il faire cela à son enfant ou même à sa femme? On promet d’aimer de chérir l’être qui nous est destiné. Enfin, je ne comprendrai jamais ce qui pousse les meurtriers à agir dans tous les cas, mais l’homme paraissait heureux sur la photo, la femme aussi.

Bref, je resserre mon étreinte sur ce dernier comme si je ne voulais pas le quitter. Je sens sa main sur mes cheveux et ce dernier m’aide finalement à me relever. Mes jambes sont flageolantes et j’ai du mal à les manœuvrer. J’ai l’impression qu’elles sont faites de coton. Ce dernier utilise son pouvoir pour créer des marches afin de nous aider à sortir de là. C’est froid, mais tolérable. Rien de comparable au froid que j’avais ne ressentit plus tôt. C’était poignant, j’étais incapable de bouger et je me sentais gelé jusqu’à la moelle. Il nous mène jusqu’à dehors où un vent nous frappe de plein fouet. Aslander tente de se cacher le visage en se détournant, mais n’ayant pas enlevé mon équipement mon visage est protégé en quelque sorte. Quand il se calme, je relève finalement mes lunettes sur le dessus de ma tête avant de les fourrer dans mon sac suivi de près par le foulard que Valentino m’avait prêté. Il est sûr que j’allais tout nettoyer avant de lui remettre si jamais je le faisais.

Je prends une grande inspiration et remarque le mouvement de tête de Aslander dans une direction. Bien obligée de regarder par là, je remarque tout comme lui qu’un chemin semble s’être dessiné dans l’épais brouillard. Je ne veux pas me détacher de ce dernier. Sa présence me réconforte, mais il le faut bien, puis avec toute cette agitation, j’ai vraiment soif. Je prends ma gourde d’eau et prends une première gorgée pour me rincer la bouche avant de cracher par terre. Puis la deuxième est la bonne et je me désaltère tranquillement avant d’abaisser la gourde.

« Tu crois que c’est Ëlars qui veut nous montrer le chemin? »

À ce stade, je pense fortement qu’il s’agit du petit garçon qui nous guide depuis le début. Il voulait nous empêcher de partir pour que nous trouvions sa mère et maintenant que cela était fait, il nous guidait vers un endroit précis. Était-ce là où se cachait son corps?

« Suivons la voie qui nous est ouverte. S’il nous voulait du mal où nous piéger, nous ne serions déjà plus de ce monde. » Normalement ce genre d’histoire m’aurait fait rire, mais le vivant moi-même, je vais y repenser à plusieurs fois lorsque quelqu’un me racontera une histoire de fantôme. Peut-être qu’il y a réellement une explication derrière tout cela, mais pour le moment nous n’avons pas le choix d’avancer. Étrangement, je me sens bien moins courageuse préférant rester près d’Aslander. Chaque petit bruit me fait sursauter et je finis par m’accrocher à son bras le collant contre mon corps. « Tu ne vas pas répéter à personne que j’ai les chocottes, hm? » Mon regard est nerveux, mais je réussis tout de même à plisser les paupières puis lui montrer que j’étais sérieuse. Je ne voulais pas qu’on se moque de moi.

Nous sortons de la maison, bien-entendu Khalie a du mal, qui n'en aurait pas en vivant ce qu'elle vient de vivre? Je l'aide du mieux que je peux, la soutenant alors qu'elle s'accroche à moi. Heureusement j'ai déjà vu mon lot d'horreur, sans dire que cela n'est rien, ce n'est pas la pire situation qu'il m'est été donné de voir. Enfin, je ne suis pas non plus celui qui a assisté à toute la scène, je n'ai fais que voir un cadavre en état avancé de décomposition, oui c'est dégueulasse mais il y a pire ne nous mentons pas, si j'avais connu la même expérience que la jeune fille, ressenti la peur, la douleur, l'horreur de voir quelqu'un se faire tuer de la sorte devant mes yeux avant de sentir la lame pénétrer ma propre chaire... Je suppose que je serais dans le même étant qu'elle? Quoi qu'il en soit, nous sommes finalement hors de la maison. Nous savons ce qu'il s'est passé mais nous ignorons toujours comment partir, nous avons idée du crime qui a été commit mais comment faire pour quitter ce lieu maudit? La brume nous empêche toujours de nous déplacer comme nous le voulons, je suppose que si nous essayons encore de forcer notre chemin, le résultat sera encore similaire à précédemment et nous reviendrons malgré nous sur nos pas... Soudain, un vent puissant, glaciale, comme la morsure de la faucheuse elle-même se fait sentir, m'obligeant à détourner le regard et c'est là que je vois le phénomène inexplicable se dérouler devant mes yeux! La brume, comme animée d'une volonté propre, se met à bouger, ouvrant un chemin, étroit couloir empruntable, qui nous mènerait vers l'arrière de la demeure...

Je le signal à ma compagne et elle demande si c'est le jeune garçon qui désire nous montrer le chemin... Je soupire doucement, je pense que peu importe le rationalisme dont je pourrais faire preuve, nous sommes en pleine histoire de fantôme! Que l'on suive ce chemin? Je suppose que nous n'avons pas le choix, retourner dans la demeure n'a rien d'envisageable et malheureusement, nous sommes dépendant de cette brume dont l'origine me semble de plus en plus surnaturel... Après tout, Khalie n'a pas totalement faux, si ce qui nous guide nous voulait du mal, il aurait déjà pu nous en faire non? Si on considère que ce que la jeune femme vient de vivre ne va pas la hanter chaque fois qu'elle fermera les yeux, je suppose que cela signifie qu'en effet, cette force invisible qui semble décider de notre destin ne veut pas nous faire de mal... "Nous n'avons pas d'autre choix de toute manière..." Je ne veux pas réellement y aller, pour être parfaitement honnête je crains ce que nous allons découvrir mais nous n'avons guère le choix, c'est la seule route que l'on peut emprunter alors, nous nous mettons en route.

Khalie est terrorisée, chaque petit bruit la fait sursauter et elle fini par s'accrocher à mon bras. Cela ne me déplaît pas bien-entendu mais, cela me peine de la voir dans cet état... Au moins, elle a encore la force de me faire une sorte de menace et, malgré la situation je lui souris du mieux que je peux. Non, je ne risque pas de raconter cela à qui que ce soit, même si, je pense que personne ne pourrait se moquer d'elle, je ne vois pas qui pourrait agir autrement dans une telle situation. Nous arrivons finalement à l'arrière de la maison. Un terrain, sans doute le jardin de cette famille mais quelque chose attire immédiatement le regard dans ce décors : Un monticule de terre retourné... Je m'approche lentement, inutile de prendre longtemps pour comprendre qu'il s'agit de la tombe du petit Élars! Était-ce un sursaut de conscience qui a poussé l'homme à faire cela, la vue de son fils, mort de sa main, l'a poussé à l'enterrer? Au moins, le corps du jeune garçon n'a pas terminé comme celui de sa mère, dans pourrissant au bout d'une corde sous le plancher de la demeure! Je crois que j'ai compris maintenant, l'esprit du jeune enfant ne peut pas être en paix, pas alors que dans ce coin reculé de la forêt, sa mère et lui ont été assassinés sans que personne ne le sache et sans que le criminel ne soit jamais puni!

"Nous allons vous rendre justice Élars... Sais-tu où se trouve ton père?"

Le vent se lève une nouvelle fois, tourbillonnant autours de nous avec vivacité et soudain... La brume semble disparaître mais encore une fois en un couloir, signe de la direction à prendre : vers la capitale! Cet homme ne s'est même pas caché très loin, il est dans la cité à moins de deux jours de marche de son crime... Nous avons sa photo, le retrouver ne sera pas spécialement difficile en fait, mettre un avis de recherche pourrait faciliter les choses mais, je dois avouer que si la garde ne le trouve pas avant moi, ils ne trouveront que son cadavre! Tout indiquera qu'il a été victime d'une bagarre de bar, il n'y aura aucun témoin, aucune trace et de toute façon, je serai loin quand ils le retrouveront... J'espère pour lui que la garde le trouvera avant moi car, il ne partira pas sans souffrance si ce n'est pas le cas et l'exile lui semblera un cadeau du ciel en comparaison de ce que je vais lui faire subir... Mais je n'en dis rien, le chemin est ouvert. Je fais silencieusement la promesse à l'esprit que son meurtrier sera puni et la brume semble se lever soudainement, nous laissant visiblement partir.

"Allons-y Khalie, allons attraper ce fumier!"

Sans avoir d’autre choix, nous suivons la seule voie qui nous avait été ouverte et celle-ci semblait nous mener à l’arrière de la demeure. Enfin, c’était assez logique, bien qu’ils nous fussent difficiles de se repérer dans l’épais brouillard. Je me tiens au bras de Aslander et je n’hésite pas à m’approcher de ce dernier à chaque bruit de craquement ou de bruissement. Bien sûr, je trouve la force pour le menacer et lui indiquer qu’il n’avait pas à répéter à qui que ce soit que j’avais « peur ». Je n’ai pas peur! Je suis seulement prudente et je reste sur mes gardes, peut-être même un peu trop. Mais je dois dire qu’avoir trouvé une femme en état avancé de décomposition n’avait pas été une expérience agréable. Si seulement ça avait été que cela! Non, je me serais passée de la transe et des détails de leur mort. Bon, du coup, je savais au moins qui était le meurtrier. Il me fallait juste le retrouver et prouver qu’il s’agissait bien de lui. Avec les potions de vérité c’était assez simple, puis à partir du moment où il verra son visage placardé dans toutes les villes possibles, il deviendra craintif. La seule chose c’est que j’espérais que ce dernier n’est pas utilisé de quelconque potion de changement d’apparence, ou j’espère qu’il n’aura pas le temps d’en prendre une! Je ne veux pas que ce meurtrier nous file entre les doigts.

Enfin, on arrive derrière la maison et nous sommes tous les deux en face d’un monticule de terre. Nous ne doutions pas qu’il s’agissait de la tombe du jeune Ëlars. Je ne sais pas pourquoi ce dernier a été enterré contrairement à la mère, mais j’entends Aslander prononcer quelques paroles affirmant que nous allions leur rendre justice et il va même jusqu’à questionner le garçon qui n’est plus de ce monde. Nous en étions rendus à ce point? Demander à un esprit s’il pouvait nous aider à retrouver son père? Enfin, un vent souffle de nouveau faisant virevolter mes quelques mèches que je dus retirer de mon visage. Un nouveau chemin s’ouvre à nous, mais si j’en crois la direction, c’est celle que nous devions prendre pour retourner à la capitale. Alors ce salaud a décidé de s’y cacher? Aslander se tourne alors en ma direction et sonne la cloche du départ d’un air déterminé. Je hoche la tête d’un air tout aussi sur que ce dernier, puis m’assure d’avoir la photo toujours en ma possession. Ça serait beau de marcher deux jours, pour devoir revenir sur mes pas.

«Ouais, trouvons ce connard et mettons-le derrière les barreaux! »



Une fois à la capitale je signale alors les trouvailles que nous avons fait donnant ainsi l’emplacement de la demeure sur une carte. Des troupes  sont déplacées et un avis de recherche est lancé. Cela ne prit que quelques jours avant de retrouver le père de famille. Bien sûr, ce dernier ni tous les faits, je demande à l’interroger personnellement et je cite des noms. Nom que je ne devrais pas savoir. Je décris en détail ce que j’ai vu et ce qui s’est passé le soir du meurtre. Je lui fais savoir qu’il n’a qu’à avouer par lui-même et que dans tous les cas, nous allions lui faire boire. De toute façon, son visage blême parlait de lui-même. Lui décrire ses faits et gestes dans les moindres détails ne lui avait pas réellement plu. Puis voilà, sa femme et son gosse sont tous les deux décédés et lui ne signale rien? C’est très louche aussi. Bref, il finit par avouer. À partir de ce moment, on prend ma relève et ce dernier sera puni pour les crimes commis.

Les corps ont été rapatriés jusqu’à la capitale où ils seront enterrés et une cérémonie sera donnée aux deux victimes. Je tiens à être présente et je demande à Aslander si ce dernier souhaite y être. Enfin, je ne lui laisse pas trop le choix et je l’oblige à se présenter à la date convenue. Après tout, lui aussi avait promis à l’enfant de leur rendre justice.

Toute vêtue de noir, je suis dans ma jupe en tailleur avec un veston propre que j’ai dû me procurer pour l’occasion. À croire que chaque fois que je suis en présence du noble je me trouve à devoir changer mes habits. Enfin, je crois que nous sommes les seuls présents puisqu’aucun membre de la famille n’avait déclaré la disparition de la femme et de l’enfant. Ça me fend presque le cœur. D’autres membres de la garde ont décidé de faire acte de présence. Je suis bien contente d’avoir Aslander à mes côtés. Une fois la cérémonie terminée, les corps sont envoyés sous terre et nous sommes invités à venir y jeter nos fleurs. « Vous pouvez maintenant reposer en paix… » que je dis en lançant ma fleur en tout dernier.  Je retourne auprès d’Aslander et un vent froid s’élève autour de nous. J’ai l’impression que quelque chose nous tourne autour. Un rire d’enfant se fait entendre, une silhouette brumeuse se dresse devant nous et j’ai l’impression qu’un murmure se porte jusqu’à nos oreilles. Cela ressemble à un remerciement, puis le calme revient. La chaleur regagne nos corps et un léger sentiment de joie me gagne à ce moment. Nous avions aidé ce jeune fantôme à retrouver le repos qu’il méritait.

« Adieu Ëlars… » Malgré tout, j’ai ma gorge qui se noue et une larme coule doucement sur ma joue.  Je me retourne alors vers mon ami, nous qui avions tant à nous dire!

« Bon! Tu viens boire un verre! C’est moi qui invite! »