Première jour de la troisième lune de la saison douce


Une journée ensoleillée comme une autre, les citoyens de la ville ont l’air heureux ici et beaucoup m’adressent un sourire ou signe de main pour me saluer. Machinalement, je rends leur salutation et prends le chemin du bâtiment resplendissant qui trône au milieu de cette cité. La route fut agréable comme toujours et j’arrive très rapidement au palais. Les quelques gardes me disent bonjour et me laissent entrer d’une facilité déconcertante. Peut-être, finalement, j’avais une bonne tête pour ne pas avoir le contrôle qu'ont eu les personnes qui étaient arrivés avec moi. D’ailleurs on m’appelle Ma Dame ici, beaucoup de politesse pour une citoyenne comme moi mais je ne vais pas leur dire d’arrêter non plus, profitons-en !

Mon subconscient m’indique de prendre à gauche et de choisir cette partie du palais. Un garde se trouvait encore devant la porte et je vois alors un panonceau qui indique l’aile ministérielle. Probablement, j’avais un rendez-vous, c’est ça, j’avais un rendez-vous pour voir quelqu’un d’important ou je venais pour y travailler ? Oui c’est ça, je viens pour travailler, certainement j’étais une assistante d’un des ministres, ah oui de la première Ministre ou peut-être que non. Encore une fois, un noble passe devant moi et m’adresse un élégant sourire et nous échangeons les banalités du genre. Il parlait bien cet homme et finit par s’en aller avec une courte révérence.

Je m’arrête un instant et pose la main contre le mur, ma tête tourne légèrement et je regarde le bijou à mon cou qui chauffe légèrement. Quelque chose se passe contre moi alors que je sais qu’il n’y a aucune magie qui rôde par ici, le dôme protège mais pourquoi sur moi, il se passe quelque chose. Je remonte ma manche et observe ce tatouage avec le sceau royal, pourquoi j’avais ça ? Je me dirige vers les fenêtres et essaye de réfléchir. Le talisman est activé, j’avais le sceau royal et quand je vois le visage qui se reflète sur la vitre, je ne me reconnais pas. D’ailleurs comment je m’appelle ? Jusqu’ici, on m’a dit Ma Dame mais ensuite ?

Laissons tomber, allons plutôt à mon bureau, si je le retrouve d’ailleurs et si j’en ai un. Peut-être que je ne fais que rêver ou même un cauchemar et on m’a enlevé ma mémoire. Je reste alors devant cette fenêtre, les mains sur la corniche, observant l’extérieur mais surtout à essayer de comprendre qui j’étais. Je fouille dans mes poches, ma sacoche et je ne trouve rien de bien probant. Des clés, des documents qui semblent officielles avec le sceau royal, des papiers signés avec divers noms. Dans l’agenda, je vois que la date du jour, il y a un rendez-vous avec aucune annotation. Un rendez-vous secret ? Est-ce que j’ai un mari ? Je regarde mes mains, aucune alliance, cet anneau particulier qui semble magique, un collier jumeau également mais je ne savais pas à qui il était relié, non plus.

Machinalement, je tâte ma tête pensant que je me suis pris un coup mais rien. Je ne vois qu’une amnésie temporaire ou simplement, on m’a jeté un enchantement contre ma personne. Je sens alors la présence d’un homme dans mon dos, il m’interpelle et je me tourne vivement. Je connaissais cet homme mais comment il s’appelait déjà ?

-Maître ?  

Je crois que c’est ça, je pense qu’il s’appelle comme ça mais il ne semble pas réagir à cette dénomination. Peut-être que je me suis trompée.

- Excusez-moi, je.. Une longue nuit, je pense que je vais voir le médecin, ça serait mieux...

Ça pourrait m’éviter de faire d’autres bourdes de ce genre. Il manquerait plus que j’insulte la Reine...

Errant dans “ mon “ bureau, en me demandant encore pourquoi j’étais là. Je m’apprêtais à partir quand l’homme me retient. Ce regard bleu me rappelle quelque chose, je l’ai déjà vu plusieurs fois et je me souviens même qu’il m’a donné quelques conseils jadis mais sur quoi ? Peut-être que nous étions proche mais à ses gestes, j’ai l’impression que non sauf si il attends quelque chose de moi.

- Peut-être oui.. Peut-être oui...

Machinalement mon corps fait ses propres gestes en indiquant le fauteuil à mon invité comme si il était naturel que je reçois cet homme et discuter avec lui. Il finit par s’assoir et je m’assois en face de lui sur l’autre fauteuil. Pourquoi pas derrière le bureau ? Aucune idée mais ça voulait dire que pour lui, c’était là que je devais m’assoir. Alors que je m’apprêtais à lui demander quel genre de cours, il me donnait d’habitude, je vois des choses apparaître devant mes yeux. Des courbes colorés, toutes différentes les unes par rapport à l’autre quand je regarde mon vis à vis. Je me prends la tête et me frotte les yeux, pour essayer de faire disparaître cette hallucination mais rien ne change. Je finis par plisser un peu les yeux mais rien n’évolue et je sens le mal de crâne approché si ça continue.

Croisant les jambes, le coude sur l’accoudoir pour m’aider à soutenir la tête. J’essaye de visualiser l’homme en face de moi à travers ses traits, ce qui n’était pas une chose aisée.

- Donc vous êtes le maître d’arme et… vous me donnez des cours de self-défense, c’est bien ça ?  

Mon subconscient me dit que je n’ai pas besoin de ça, je ne suis pas habile avec ce genre de trucs, je pourrai me blesser à tenir un couteau mais je vois cette épée légère accrochée à mon mur, tel un trophée. Je me lève sans me soucier à ce qu’il pourrait penser, j’ai des questions à régler comme savoir qui je suis. Contournant mon bureau, je lève le bras pour attraper cette lame qui semble faite pour les femmes, il y avait un lys de graver dedans. Est-ce mon nom Du Lys, comme les nombreux papiers que j’ai pu trouvé dans mon porte-document.

- Donc, notre rendez-vous consiste à m’apprendre à me battre mais j’ai l’impression que je sais me servir de cette arme.  

Je fis alors quelques parades et quelques enchaînements que j’ai dû apprendre plus jeune comme si l’escrime était dans mon sang. Je repose alors mon arme sur le bureau et me demande encore ce qu’il se passe quand un floki finit entre mes jambes.

- Maîtresse ! Maîtresse !

Je baisse la tête pour voir la boule de poil qui semble me connaître. Je le prends dans mes bras et lui donne quelques grattouilles sous le menton. Il en raffolait et je me surprends à aimer cela aussi. Il saute de mes bras pour se caler sur les genoux de l’homme.

- Il a l’air de vous connaître !  
- Oui homme gentil ! Homme caresse ! Lui t’aider et toi beaucoup écouter.

Donc je le connais bien et cet animal semble être mon familier. Bon, si je réfléchis. Je vois cet homme régulièrement, je me sens assez confiante pour être proche de lui. Le floki l’apprécie et moi aussi ? Est-ce qu’on a été amant ? On avait le même âge, certainement un ancien garde ou c’était un garde, on le voit par ses quelques cicatrices mais il a l’air avenant, est-ce ça qui m’a plut ? Non ce n’est pas possible, il doit avoir autre chose qui nous lie pour qu’il me donne des cours d’armes blanches alors que mon corps sait manier cette épée.

- Deux jambes parler amour !
- On parle d’amour tous les deux ? Nous…. ?  

Avec mon doigt, je le pointe puis moi puis de nouveau lui. Nous avons une relation… ?

- Je ne comprends pas non plus, vous ne savez vraiment pas ce qu’on fait là ?  

J’attrape mon agenda et tourne les pages, j’avais l’impression qu’on se voyait souvent. J’avais d’autres cercles sur mon agenda avec aucune annotation.

- Mais oui, vous voir fin de journée !

Je tourne la tête vers l’animal, c’est une vraie pipelette et il y avait que lui qui semblait comprendre la situation. Je m’accroupis et le regarde droit dans les yeux.

- Dis moi petit, tu peux me dire qui c’est ? Et moi ?
- Toi maîtresse, lui Maître ! Vous vous adorez. Vous faites bisou à homme aussi !

Je me lève aussitôt et mon visage change de couleur quand je comprends que si il a vu ça, c’est que ça se passe ici non ?

- Je crois qu’il y a mégarde non ? Vous ne croyez pas, Maître ?  

L’homme attrape ma main et me fait un baisemain délicat. Je ne le rejette pas loin de là mais mon corps ne semble pas se souvenir de ce genre de fait. Il finit par s’éloigner et évoque une théorie intéressante. Si tout ceci n’était qu’un jeu, un jeu d’adulte pour pimenter nos visites régulières. J’observe ma main et je vois ce double anneau, il me dit quelque chose et une douce chaleur réchauffe mon bas-ventre. A quoi il pouvait servir mise à part la douce sensation que j’ai ressenti à cet objet magique.

Ma raison me disait que je n’avais pas le droit de l’utiliser ici et on va éviter de tenter des expériences sans connaître les conséquences. Toujours assise, l’homme changeait peu à peu d’expression. Devant rayonnant à mes côtés et je me dis que c’est peut-être la première fois que je le vois sourire ainsi. Nous avions le même âge, il n’était pas le beau prince ou autre haut dignitaire ce de pays mais il avait un petit quelque chose qui m’attirait mais quoi ? Légèrement musclé et marqué par les traits de ses fonctions, on pouvait sentir qu’il savait se battre surtout quand j’ai senti la rudesse de ses mains. Son charme était peut-être ses paroles mais encore une fois, ça sonnait bizarre dans ma tête, comme si il me disait que ce n’était qu’une apparence que je voyais là et que c’était autre chose que j'appréciais chez lui.

- Je trouve aussi cette idée intéressante et je suis curieuse par nature, du moins je le crois...

Je glisse mon regard à ma bibliothèque et voit quelques ouvrages intéressants. Je rougis légèrement quand je vois les noms sur le bord de la couverture. Le cercle de l’ombre en plusieurs volumes et je me souviens alors de l’histoire. Forte intéressante mais revenons à notre préposé amant du jour.

- Et… comment compter vous me séduire ? Est-ce que vous avez un autre nom que Maître ou voulez-vous que je continue à vous appeler ainsi ?  

Maître laissait une place de mystère fort amusante. Des images me traversent l’esprit quand je me vois embrasser la reine, en lui susurrant son titre à l’oreille. “ Votre Majesté “, c’était si sensuelle et je me demande si c’était vrai ou un simple contact.

- Oh oui ! le bisou le bisou ! Maîtresse adorer faire bisou à homme !

Je regarde alors mon prétendu floki qui en savait beaucoup trop et je me demande pourquoi je le laisse regarder de telles choses ! J’aime le voyeurisme, c’est ça ? Non ce n’est pas possible, c’est lui qui se faufile, je ne vois que ça comme solution.

- Cet animal est beaucoup trop curieux et une vraie pipelette. Tu peux nous laisser ?  
- D’accord.

Puis la petite boule de poil s’en va et passe par une sorte de passage secret pour entrer dans une autre pièce. J’avais ça ici ? Pourquoi avoir une pièce secrète si ce n’est que de cacher des choses peu recommandables ? Je retourne mon attention à l’homme qui me faisait la cour. Quand je le fixe dans les yeux, une courbe semble ressortir par rapport aux autres, un courbe d’un rouge intense mais je ne comprenais pas à quoi ça servait d’avoir ça alors j’essaye de faire abstraction. Ce n’était pas évident de voir des serpentins partout mais au bout de quelques minutes, je finis par les oublier et continuer ma discussion avec le Maître d’armes.

- Puis pourquoi une déception ? Nous sommes peut-être simplement amants ou peut-être que j’ai quelqu’un d’autre. J’avoue que ce matin est une journée compliquée et cet enchantement me joue des tours. Si nous avons fait cela c’est que nous étions proche non ? Ce n’est pas possible de s’infliger cela sans se connaître, mon instinct me hurle que je ne ferai pas une chose pareille d’habitude c’est qu’il y a une raison à tout cela…

Et si j’avais déjà quelqu’un, suis-je en train de faire un impair ? Non, je n’ai aucune photo d’une quelconque personne dans ma vie. Bien au contraire, je sens même un vide comme si ma vie amoureuse était chaotique et que maintenant je m’amuse à utiliser des sortilèges pour pimenter ma vie sexuelle.

- A moins que nous avons été piégé tous les deux mais peut-être nous devons être ensemble et Lucy nous aide dans cette quête.  

Je le sais, c’était en moi. Lucy avait une part dans ma vie. Une simple fidèle mais j’essayais d’être juste. Comme si j’avais un bon fond et que je voulais aider les autres à ma façon mais comment ? Par le poste que j’ai ? D’ailleurs, j’ai vu que j’étais dans le bureau de la Première Ministre, est-ce que c’était ma fonction ? Allez, arrête de penser à ça. Mon cerveau ne se souvient de rien mais mon corps si. Il y avait un moyen de savoir si nous étions amants, un seul.

- Mais évoquez Lucy à notre “ premier “ rendez-vous, ce n’est pas peut-être le meilleur sujet de discussion. Tentons autre chose, comme apprendre à se connaître.

Est-ce qu’il avait quelqu’un dans sa vie ou c’était moi ? Non ce n’était pas une bonne idée de poser ce genre de questions. On va essayer autre chose.

- Finalement, je ne sais pas par où commencer. Peut-être que nous n’avions pas de longues discussions mais faisons autre chose.  

Autre chose comme se bécoter comme le suggère le floki. Mais je ne me vois pas faire ça avec lui sauf si la potion agit aussi sur ce genre de souvenirs. Comme si elle avait effacé que nous et notre personne. Je me souviens bien d’avoir manier cette arme comme avoir lu tous les bouquins dans cette bibliothèque mais cet homme…

- Donc, je propose. Honneur aux hommes !  

Troublée, voilà ce que je ressentais quand il s’approcha de moi, son doigt sur mon front. Je ne pouvais expliquer les sensations que j’avais quand il m’avait touché. Est-ce qu’il l’avait déjà fait auparavant, est-ce qu’un homme a déjà aussi proche de moi ? Me sentir déboussolée, impuissante, je le sais, ce n’est pas moi mais cet homme casse les barrières que peut-être j’essayais d’imposer auparavant. Peut-être que ma fonction ne me permets pas autant de contacts avec un tiers. Ce n’est pas n’importe qui qui peut-être familier avec la Reine mais est-ce du même acabit en tant que Première Ministre ? Car j’étais la Première Ministre, enfin tout ce qu’il m’entoure le prouve mais cet homme ? Je ne pense pas être une cougar ou autre femme qui profite trop bien souvent de la chair. Je ne me vois pas comme ça ou possiblement si mais pas dans cette mesure ? Les questions taraudent mon esprit et la voix grave de l’homme me rappelle à l’ordre. Je ne pouvais que sourire à cette affirmation.

- Je crois que je pose toujours trop de questions, c’est inéluctable.  

Même si à l’heure actuelle, je ne me rappelle pas qui je suis réellement, mes habitudes semblent revenir au grand galop. L’homme prends les devants et se glisse derrière moi, jouant son rôle de Maître d’armes. Je n’ai aucun souvenir de faire ça, des images de mon enfance revienne et je me vois, seule, devant une cible, un professeur sur le côté aboyant des ordres, hurlant de me mettre droit et de tendre ce foutu bras. Mais cette proximité, ce contact, non je ne me souviens pas et j’en fais presque tombée ma lame, n’arrivant pas à manier celle-ci comme je le voulais. Je fis aussi quelques faux pas, entraînant des rattrapages de justesse de l’homme.

La dernière bévue eut raison de nous. On ne pouvait pas être plus près que nous étions, son bras chaleureux retient ma taille, ses yeux me traversent et de nouveau, je vois ses courbes lumineuses qui passent devant mes yeux. J’essaye de faire abstraction, son regard et les traits sur son visage marqué sont plus intéressants et surtout compréhensible. Mes mains retrouvent rapidement ses épaules, son sourire taquin fait apparition et il me demande si il peut continuer d’aller plus loin comme le suggère le fameux floki. Rien ne coûte d’essayer non ?

Nos lèvres se rapprochent puis se rejoignent pour un bisou d’essai. Cela ne me dit rien, je ne souviens pas d’un homme de cette carrure, ni avec cette barbe naissante mais ce n’est pas désagréable du tout. De toute façon, nous étions deux adultes consentants à qui on avait joué un mauvais tour. Notre second essai est moins innocent, nos esprits acceptent la situation je le crois bien quand il se détache vivement de moi, en disant Vrenn… Pourquoi il dit le nom d’un homme ? Est-ce mon mari ? Ou même son amant ? Le nom ne me dit rien donc ça doit peut-être plus le concerné. D’ailleurs c’était étonnant qu’un homme puisse parler si facilement de ses relations homosexuelles, peut-être c’était ça le problème, le fait qu’il aimait ou voyait un homme en plus de moi. Son histoire de nous faire oublier l’un à l’autre prends alors tout son sens. J’étais peut-être le fruit défendu et on avait fait ça pour qu’on puisse éventuellement vivre nos amours respectifs ? L’histoire devenait de plus en plus compliquée mais ce qui est sûr, si nous avions choisi tous les deux choisis l’option de boire la potion de l’oubli, c’est qu’on voulait certainement revivre un amour charnel si on doit le refaire ? Je ne vois aucune raison autre à celle-là sauf si on se méprends tous les deux.

- Si on regarde l’écriteau sur ma porte, je m’appelle plus Haru non ? Mais vous pouvez continuer à m’appeler Ma Dame, je trouve ça plus… appétissant, n’est-ce pas Maître ?

Je diminue la distance entre nous et j’ai l’impression que mon corps ne demande qu’à accepter le défi qui s’est posé devant moi. Lui faire oublier ce Vrenn et peut-être qu’a moi aussi, des images reviendront de ma vraie vie. Mes mains finissent sur cette veste qui ne cesse de nous gêner et la fait tomber pour l’avoir plus à l’aise avec simplement sa chemise.Nous étions sur un pied d’égalité et je constate un ruban rouge qui dépasse de mes manches de ma chemise. Ce lien me dit quelque chose, comme si on me l’avait offert et je le chérissais.  D’ailleurs, ça dépareillerait le reste de mes bijoux que je pouvais porter, comme si c’était un enfant qui m’avait offert ça et que je le mettais pour lui faire plaisir. En tout cas, je sais que j’aime ce bracelet tout comme le collier autour du cou. Probablement, j’étais une mère et mariée, aucune idée…

Dans mon champs de vision, je vois ses fauteuils qu’on avait éloigné pour notre séance et cela me rappelle de vagues souvenirs surtout quand je pousse l’homme contre l’un d’eux. Ses mollets tapant le siège, il finit par tomber dedans.

- Oh non ! Pas encore fauteuil ! Moi pas voir ça !

Le floki part aussitôt plus loin, se cachant dans une commode. On entendait des bruits de livres qui bougent puis plus rien. Soit il y a un passage secret dedans, soit il vient de mettre le bazar là-dedans. Quoi qu’il en soit, je surplombais mon invité et j’adorais cette douce sensation. Comme si effectivement, je faisais souvent ça.

- Je pense que je dois résoudre ce problème de surveillance. Si j’étais espion, je pense que kidnapper cet animal et vous savez le moindre de mes faits et gestes dans ce bureau.

Il faudrait que j’envisage une sorte de cryptex avec lui pour que personne ne puisse lui faire du mal car on fond, je crois que je l’aime beaucoup cet animal farceur. Mais en ce moment, j’apprécie la vue qui est dans mon fauteuil et caresse sa joue. Je ne me rappelle pas d’avoir toucher une barbe récemment, peut-être qu’il se la laisse pousser. L’image d’un jeune brun ténébreux à la longue chevelure fait son apparition. Ses yeux ambrés, son regard de feu et aussi la chaleur qui émane de son corps mais ce n’est pas tout, je vois aussi dans cette position, une femme aux cheveux roses prenant après une autre forme qui ne me repousse pas, loin de là même.

Je sens un bras m’attraper pendant mes rêveries. Il a perçu ma légère absence et essaye de me concentrer de nouveau à la scène.

- Je me remémorais de vieux souvenirs…

D’agréables souvenirs dont je n’arrive pas à dater mais je peux toujours en ajouter un autre à ma longue liste. Sa chemise était légèrement ouverte et je perçois quelque chose qui brille autour de son cou. Curieuse, ma main parcourt son corps pendant que je m’approche et ouvre un bouton pour admirer le travail de l'orfèvre.

- Ce bijou à l’air ancien, vous avez bon goût Maître !  

On dirait le même principe qu’un collier jumeau et peut-être qu’il était relié à celui que je porte. Machinalement, je porte la main à mon collier et transmet une vague apaisante au bijou. Je ne constate aucun changement sur mon vis-à-vis donc nous n’étions pas liés, bon un mystèr ede plus.

- Savez-vous ce que c’est ?  

Un genou se pose sur l’assise du fauteuil, touchant d’un simple doigt le médaillon. Je ne voudrais pas activer une magie bizarre dessus.

- Sinon, j’arrête mes questions et passons à des choses plus sérieuses non ?  

- je… Je … je ne comprends pas.  

Le voilà qu’il avait mis fin à toute perspective intéressante de cette réunion. La situation m’échappe car son désir est encore bien visible mais cette main tendue pour nous ramener à la raison était le seul chemin possible d’après lui. Bien malgré moi, j’attrape celle-ci pour retrouver mon bureau.

M’asseyant dans mon grand fauteuil, mon interlocuteur trouve le siège de l’autre côté du bureau mettant alors une distance à nous deux. Me tenant la tête pour démêler cette histoire, le familier grimpe sur les genoux du Maître-Espion pour réclamer des caresses.  Lui au moins semble trouver son compte dans ma mésaventure à mon plus grand désarroi. Mon vis à vis brise rapidement ce silence pour évoquer cette erreur alors que je ne me souviens pas d’avoir forcer à aucun moment celui-ci. Il me parle de potions, d’infractions mais ça ne me dit toujours rien. J'acquiesce rapidement de la tête quand plus sérieux encore il me parle de la princesse. Je ne sais pas pourquoi il me parle de ça mais les fils colorés qui s’affichent devant mes yeux ne s'atténuent toujours pas depuis que nous sommes sortis de la pièce secrète.

Il me parle de la disparition de la princesse mais au lieu de ça, je vois encore ses courbes roses qui n’ont toujours pas diminué comme le regard pétillant du bel homme. Il compte réellement continuer cette discussion alors que son corps montre tout autre chose ? Lasse, je n’essaye même plus à comprendre quand je reçois une drôle de sensation à mon cou. Ca me brûle et je ressens aussitôt une vague d’apaisement m’envahir, je ne sais pas d’où ça vient mais mes yeux finissent sur ce ruban rouge qui trône à mon poignet et je me souviens. Je secoue ma tête et je me rappelle alors. Ce collier m’a été offert par Jin et en face de moi c’était le Maître-Espion qui venait toutes les saisons pour me faire son rapport détaillé sur les faits de la garde et autre.

J’essaye de garder contenance mais ma main finit sur mon visage pour essayer de ne plus regarder l’homme. Effectivement nous avons failli faire une énorme insanité et cet écart n’avait rien de professionnel. Encore une fois, c’est une preuve que je suis dans l’incapacité de garder mes mains dans mes poches mais ce désir devait déjà exister pour qu’on “ succombe “ si vite quand nos mémoires nous a fait défaut. Ces enchantements vont avoir ma peau.. Nous sommes au palais, la magie ne devrait pas fonctionner sauf si le sceau royal est apposé mais des petits farceurs ont bien compris que la magie bénigne peut-être passée si on passe la sécurité à l’entrée du palais.

Bon finissons cette réunion et oublions ça le plus rapidement possible. Le sujet dérive sur la princesse, la mort du capitaine du Blizzard, les nouvelles directives au sein de la Commission. Une escouade d’aventuriers qui sont partis à la citadelle des tréfonds et qu’une prochaine va suivre. Tout comme mon escapade à Forteresse et à l’Archipel a été remarqué. Je ne pouvais définitivement pas sortir tranquille dans ce royaume. La réunion dure une petite heure et il était temps de nous séparer. Je le raccompagne à la porte et je lui fais un clin d’oeil complice avant de lui glisser à mon tour un dernier baiser.

- Peut-être que notre troisième réunion se déroulera normalement même si j’ai l’impression que Lucy a décidé de chambouler notre quotidien à chaque fois.  

La fois d’avant, j’avais compris que j’avais affaire à un nouveau maître espion avec une nouvelle apparence. Il avait perdu l’un de ses hommes et il était chamboulé. Cette fois-ci, nous avions compris notre attirance mais nous étions restés là et fort heureusement, ça m’aurait causé tout un tas d’ennui. Mais avant de partir, je me rappelle alors de ma nouvelle capacité et retient son regard pour mémoriser la signature de cet homme. Je me dis qu’un jour, je découvrirai bien la vraie apparence du garde et peut-être que je serai plus que surprise de celle-ci.

- Peut-être on se retrouvera plus tôt que prévu. A une soirée ou j’ai cet échange commercial aussi avec Dame Weiss, elle veut ouvrir un nouvel hôpital et j’avoue que j’ai été séduite par sa proposition.    

Et bien plus encore mais cette partie ne le concerne pas. J’ouvre la porte de mon bureau et voilà qu’il file vers d’autres horizons. Je retourne alors à mon siège et je note alors ce rendez-vous étrange dans mon livre. Je dois vraiment faire quelque chose pour cet enchantement, un jour… ils auront ma peau.