- Approchez approchez mademoiselle, approchez approchez monsieur !
Vous étiez tous deux en train de vous balader dans les rues de la capitale qu'une vieille femme, assise à même le sol vous interpelle. Caché par un voile, vous ne pouvez pas voir son visage mais vous pouvez deviner son sourire sans dents.
- N'ayez crainte, je ne veux pas vous faire de mal ! Laissez moi vous montrer un petit sortilège de vieille femme..
Est-ce par curiosité, mais vous vous laissez tentez et approchez tous deux. Sans vous demander, elle vous attrape le poignet et vous vous rendez compte que les apparences sont trompeuse. La vieille femme, malgré la finesse de ses bras possède une poigne de fer. Impossible de vous dégager :
- Je vais maintenant vous lancer un sort !
Quelques passants s'étaient approchés, curieux également. Cette vieille femme devait certainement faire son petit spectacle quotidiennement. Et doucement, vous sentez son pouvoir vous grimper sur les bras... jusqu'à vous prendre entièrement puis elle vous lâche le poignet.
- Pouf ! Disparu !
Autour de vous, la foule applaudit mais de votre point de vue, rien ne semble avoir changé. Ce n'est que quand elle frappe dans ses mains que vous voyez le piège se refermer.
- Et paf ! Réapparu !
En effet, deux personnes semblables en tout point à vous deux vous font face. Les deux marionnettes s'inclinent faces aux passants qui applaudissent la vieille femme et commencent à s'en aller ensemble, comme si de rien était pendant que la foule se disperse.
Pourtant vous, vous êtes toujours là. Vous vous voyez tous deux, mais vous êtes désormais invisible aux yeux des autres et des pantins ont pris votre place...
La seconde d'après, Elia, sans le savoir, était devenue parfaitement invisible. Elle ne le comprit qu'en s'apercevant que le jeune homme avait disparu. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit son clone parfait apparaître juste devant elle, saluant la foule comme une comédienne terminant sa prestation. La rouquine baissa les yeux, et manqua de s'étrangler en réalisant que son corps n'était plus là. Enfin si, il était là évidemment, mais elle ne le voyait plus. Que venait-il de se produire ? Cette magie, c'était plutôt une malédiction ! Elle n'était pas la seule à s'être fait piéger toutefois, le garçon à son côté avait aussi eu droit à son doppelgänger. Dans un réflexe presque instinctif, la rouquine tendit la main et attrapa le bras de l'inconnu aux longs cheveux noirs, presque rassurée de sentir la manche de sa tunique là où elle ne le voyait plus.
- On est d'accord qu'il y a problème là ? lui chuchota-t-elle, espérant qu'elle n'était pas en train de devenir givrée.
Pendant ce temps, la vieillarde était en train de s'évaporer, en compagnie des deux clones. Elia tira nerveusement sur la manche du jeune homme, qui était son seul allié dans cette situation.
- Mais elle se tire en plus ! s'étrangla-t-elle. Eh mamie reviens !
Elle n'allait tout de même pas restée comme ça sans rien dire non ? Etre invisible avait ses avantages évidemment, mais seulement si on pouvait redevenir visible à volonté ! Le rester pour toujours présentait tout de même de nombreux problèmes.
Cette fois, c'est moi qui m'y colle. M'man est clouée au lit et elle m'a demandé d'acheter du lait et du miel pour sa gorge. Dans cet état elle est invivable, alors j'préfère l'écouter et m'exécuter comme un bon garçon à sa maman. Pas de tenue d'aventurier, ni trop classe pour voir une première ministre. J'ai pris les premiers vêtements confortables qui me passaient sous le pif. Dommage que m'man n'est pas là pour profiter de ça, il fait super beau, le ciel présente pas un nuage et le soleil réchauffe la capitale. Bourse gentiment caché dans ma poche, je carbonise le prochain voleur à la tire trop ambitieux. M'enfin, j'devrai pas être pessimiste, une belle journée s'offre à moi et je dois pas trop traîner.
Je me faufile à travers la smala, et une voix va captiver mon attention. Une vioque par terre, on ne voit pas sa trogne. Dans sa manière de parler, plutôt facile de savoir qu'elle n'a plus de chicots. M'enfin, j'ai des cristaux sur moi et si j'peux payer le spectacle d'une mamie pour qu'elle puisse avoir un repas chaud, j'me dis que j'aurai fais ma bonne action de la journée. Mais, grouilles toi quand même. Quand je me rapproche pour voir sa démonstration, je m'aperçois que j'étais pas seul à me faire happer par l'ancêtre femelle.
Une gamine, une rouquine.
À peine eut le temps de la zyeuter qu'elle me choppe le poignet. Non mais ça va bien non? Tain' elle en a sous le capot en plus ! Elle annonce qu'elle va nous jeter un sort, qu'est-ce qui se passe ? On va fusionner? On va changer nos rôles? C'est quoi le bordel?! Ça commence à attirer un petit public qui demande qu'à voir. Dans quoi j'me suis foutu ... Mais alors que je pensais tout ceci être du vent, une curieuse sensation gangrène mon corps. Difficile à décrire, mais quelque chose me prend tout le corps. Elle lâche nos poignets et le public applaudis.
Et bah quoi? C'est tout ? J'ai vu quedalle moi. Oh merde...
Pourquoi ya un autre Jin devant moi, là. Maintenant. Et à quelle heure il salue le public comme un artiste? J'ai pas fait de théâtre moi ! Qu'est-ce qui se passe... Toujours dans mon incompréhension, c'est une main qui vient saisir mon bras. La gamine, elle s'est faite enfler aussi. Personne ne nous capte, personne grille quoi que ce soit de nos présences si ce n'est ces deux imposteurs.
- Ouais, cocotte. Un putain de problème.
J'ai pas d'idées, mais la mamie va la trouver pour nous où je lui enfonce mon poing dans la tronche. La petite, la remarque qu'elle est en effet entrain de décaniller. La foule se disperse, c'est le moment où jamais.
- T'as raison, elle est entrain de se barrer. Eh ! La vioque !
J'prends le bras de la gamine et cours à toute vitesse dans leurs direction. Personne ne nous remarque, alors que je viens de tamponner plusieurs épaules.
- REVIENS VIEILLE FOLLE !!
L'aïeule avait de la force, mais Elia était rapide. Et légère. Elle prit son élan et bondit comme un chat sauvage, en hurlant de colère. Elle atterrit sur le dos de la magicienne, et s'agrippa à elle, plantant ses ongles dans ses épaules. L'ancêtre s'écroula sous le choc, parvenant à se retenir misérablement sur les pavés avec ses mains.
- Refaites nous apparaître ! Maintenant ! s'égosilla l'adolescente, à bout de patience.
La vieillarde ricana en levant la tête. Elia réalisa à cet instant que leur clones venaient de prendre une belle avance. Mince, elle les avait oublié ! Et son instinct lui soufflait que ce n'était pas une bonne nouvelle, ce que la magicienne se dépêcha de confirmer, de sa voix éraillée et nasillarde.
- Si vous voulez mettre fin à mon petit tour, vous devriez vous inquiéter de vos doubles hihihi !
Où était passé le garçon ? Il allait falloir qu'il intervienne, elle était un peu occupée actuellement. Elia pesta, s'assurant que la vieille était toujours au sol, et regarda autour d'elle, cherchant quelque chose qui pourrait l'aider à immobiliser la sorcière. Heureusement, le jeune homme n'était pas loin. Elle allait avoir besoin de lui, il était son seul soutien dans cette affaire, même si elle ignorait tout de lui, jusqu'à son prénom. Ce qui était quelque peu handicapant pour la communication, par ailleurs.
- Eh ! Garçon touffu ? Il faut choper les deux clones !
Compter sur quelqu'un, ce n'était pas trop dans ses habitudes. Mais pour une fois, elle voulait bien admettre que seule, elle ne pourrait pas s'en sortir.
Mais c'est qu'elle en a de l'énergie la petite...! Elle se sépare de moi et part comme une furie dans sa direction. Moi qui pensais que j'allais me retrouver seul à jouer les baby-sitters avec une gosse qui n'a rien demandé comme moi. Tout comme la vioque, j'vois que dalle arriver. La p'tite saute comme une chatte de gouttière enragée dans sa trogne. La magicienne ramasse plein axe dans sa mouille et tombe toutes les deux au sol. Pour la première fois de ma vie, je laisse une petite fille prendre le contrôle de la situation. Elle n'a pas l'air d'être la petite écolière qui doit rentrer avant l'heure de souper, ou bien de dépendre de moman à la moindre complication jugée "ô combien difficile et insupportable". La mini donzelle commence l'interrogatoire et aussi surprenant que ça puisse paraître, la vieille s'en tartine le fion.
Au contraire, elle sourit et ricane sans pression devant son potentiel bourreau.
Dans un ton sarcastique avec une voix sifflante et déraillé, elle dégueule satisfaite que le secret de notre emprisonnement "visuel" se cache derrière nos faux-semblants. Comment savoir si elle ne racontait pas des conneries ? Après tout, c'est plutôt facile d'endormir des crétins comme nous qui ne grillent rien en sortilèges. Mais la gosse - à ma plus grande surprise - a l'air de gérer la situation comme une cheffe. J'regarde les deux sosies prendre la tangente comme si de rien n'était. La gamine braille en me donnant presque l'ordre d'y aller, mais elle a raison. La fierté et l'ego passeront l'éponge cette fois.
- Suis-moi dès que tu peux !
J'peux pas bousculer tout le monde comme ça. Il va vite falloir trouver une alternative. Pas le choix pour une solution plus flamboyante on dirai... Mais y'a trop de monde dans le coin, pour l'instant j'vais devoir me faufiler sans faire de mal à qui que ce soit.
- Eh ! Les connards !
Ils ne m'entendent pas et pour l'instant je les talonne sans gagner ou perdre du terrain. Et ces ordures commencent à courir franchement. Alors autant voir une grosse tignasse avec des mèches rouges est une chose. Mais la petite... faut espérer qu'ils ne se soient pas séparés ! Arrivé alors à une grande place avec peu de monde. J'décide de concentrer mon pouvoir en grognant, cherchant la haute température la plus rapidement possible.
Mon corps entier devient flamboyant, et j'me propulse dans les airs pour tracer comme une comète à grande vitesse vers l'objet de notre poursuite.
En stationnaire pendant quelques secondes, mon regard ardent retrouve sans problème Poils-de carottes et Faux-Flammèche. J'espère qu'ils sont juste des sosies et qu'ils n'ont pas nos pouvoirs. Auquel cas, ce sortilège est vraiment puissant. J'compte sur la trainée de flamme que je laisse dans les airs pour que la petite me garde en visuel pour accélérer enfin dans leurs directions. Les zigotos me voient venir et prennent un premier tournant. Impossible d'envoyer des boules de feux au risque de buter des innocents, va falloir les suivre jusqu'à une impasse ou suffisamment pour qu'ils se décident de nous affronter.
Pourvu qu'il ne soit pas trop tard.
L'adolescente se redressa, et constata que le garçon était désormais tout feu tout flamme, poursuivant les deux sosies qui s'éloignaient dans une ruelle. Sacrée pouvoir ! La rouquine devina qu'elle ne pourrait pas les rattraper. Pas sous cette forme en tous cas. Elle focalisa toute son énergie, et la fillette disparu pour laisser place à un petit lézard, tout aussi invisible. Elle fonça, sous cette apparence reptilienne, se glissant sur les murs des maisons pour attendre plus facilement les fuyards. Ils étaient désormais dans le dédale des rues, où ils pouvaient facilement gagner de la distance. Elia avait cependant un avantage, et comptait bien gagner du terrain de cette manière. Il n'était pas question qu'elle reste invisible toute sa vie, ah ça non ! Se faufilant dans les fissures des murs, sur les rebords des fenêtres, entre les tuiles des toits, elle parvint à repérer les clones.
Et se jeta en travers de leur chemin, reprenant forme humaine.
- Arrêtez de courir par le sang de Lucy !
Son corps percuta celui de son double, et les deux s'étalèrent dans la rue, faisant au passage trébucher le clone du jeune homme. Le vrai n'était visiblement pas loin, ça sentait le roussi. Elle s'agrippa à leur bras, voyant qu'ils essayaient déjà de se redresser pour prendre la fuite.
- Dépêche toi Garçon Touffu ! Fais quelque chose, flambe leur la tête !
Sa force était loin d'être assez importante pour pouvoir les retenir, il allait falloir une intervention musclée. Elle eu une pensée un peu affolée pour la magicienne, espérant qu'elle ne connaissait pas un tour de magie pour défaire ses liens. Si elle avait prit la fuite, ils étaient dans de beaux draps...
Traçant comme une étoile filante, j'les garde au train sans perdre distance. Voyant quand même que je les rattrape. Il se faufile à travers les ruelles pour casser mes lignes droites pour prendre l'avantage, la vague de chaleur que j'ramène avec moi n'attire personne et pour le coup c'est pas plus mal que j'sois invisible. Une panique dans la foule et je les aurai perdu pour de bon sans doute. J'ai perdu de vue la gamine, va savoir si elle a pu parvenir à me rattraper. Autant partir du principe que non. Enfin, ils commettent la première erreur. Le chemin qu'ils prennent est moins bondé, j'en profite pour me rapprocher du sol et les courser en ligne droite en accélérant sur eux. Et sans que j'puisse faire quoi que ce soit...
La gamine apparaît comme par magie au milieu, en travers de leurs chemin.
Son sosie s'arrête, mais Faux-Flammèche saute par-dessus avant de continuer sa course. Le saut le ralentit, et j'le percute de plein fouet jambe en avant. Il est propulsé dans un tas de poubelle pendant que j'atterris, un genou et un poing à terre, avant de retrouver ma forme normale. Il tombe en roulant du tas de déchets et essaie de se lever péniblement. J'me craque les doigts, la nuque et commence à rouler mon bras pour chauffer mon épaule.
- Bon, t'es qui, crevure qui m'ressemble.
- Je..Suis Jin !
- Mon cul. JE suis Jin !
Heureusement, pas de témoins pour se mettre en scène ou pour... Ah j'suis con, on est invisible. Donc ce connard parle tout seul aux yeux des gens, intéressant. Son visage était hautain, il avait un sourire assez bête, comme s'il était tout content de sa bêtise. Il dépoussière ses vêtements puis commence à se mettre en garde. Une garde conventionnelle, qui ne ressemble en rien à ma façon de me tenir en combat. Qui plus est, il n'a pas utilisé encore mes pouvoirs. Donc soit ils les cachent, soit il a bien compris qu'utiliser des flammes sur moi ne marcherai pas. Ou bien, il est faux jusqu'au bout et ce type a que dalle. J'me mets en garde, et me rapproche.
- J'vais t'expliquer un truc, il y aura toujours qu'un seul Châtieur Ardent. Et c'est pas toi.
- Petit joueur ! Hihihihi !
- J'vais t'enfoncer ce sourire dans un endroit qui voit pas le soleil, enfoiré.
En rugissant, j'arrive comme une furie avec un crochet du droit qu'il pare sans problème avant de répondre d'un uppercut que j'évide justesse. Il continue de se marrer, et envoie un coup de pied circulaire qui décolle ma mâchoire avant de me foutre au sol.
- Mouhahahahaha !
- C'est tout ? Que j'siffle en crachant une glaire de sang.
- Bonne nuit ! Imposteur !
- C'est toi l'imposteur bordel !
C'est bon, là il commence à sérieusement à me les briser. Il envoie plusieurs directs dans le visage que j'évite sans problème. Ses coups se fatiguent, et j'parviens à intercepter son poing. En faisant une clé de bras, je le projette au sol en le basculant par-dessus mon épaule. Il rentre en collision avec le sol violemment, et il sera accueilli de plusieurs crochets au visage qui va l'assommer peu à peu. Il tente un dernier fou rire, mais il ramassera ma godasse qui va faire vriller sa tête et le coucher pour de bon. J'essaie de reprendre ma respiration, et pendant ce temps-là. Mon sosie commence tout doucement à disparaître. Son bras droit s'efface, au reflet d'une bouteille parterre j'vois mon bras droit flotter dans les airs...
Bordel mais qu'est-ce que...
- C'est pas la peine de la ramener, j'ai pas envie de t'entendre jacter ! cracha-t-elle en lui attrapant la tignasse.
Contrairement au clone de Jin, la sienne ne semblait pas d'humeur causante et se contente de hurler de colère et sans doute de douleur. Elia aurait pu éprouver un semblant de pitié, ce qui était accentué par le fait que c'était son propre corps qu'elle devait martyriser, mais l'idée de rester invisible toute sa vie lui suffisait pour mettre de côté ses états d'âme et foutre une raclée et son double.
Quelque chose d'étonnant semblait se produire du côté du garçon. En levant la tête, dans le reflet d'une vitrine, la jeune fille constata que son partenaire de malheur était en train de redevenir partiellement visible, tandis que son clone, lui disparaissait. Enfin, pour le moment c'était juste le bras, mais c'était déjà ça ! Quant à elle, c'était visiblement sa jambe qui refaisait surface.
- Eh ! l’interpella-t-elle. Tu crois qu'on les fait disparaître en les tabassant ? Ou c'est juste que le sort de la vieille a une durée limitée ?
Fallait-il continuer à les passer à tabac ou devaient-ils se contenter d'attendre ? La rouquine n'avait rien contre l'idée de continuer de maraver son double, mais elle commençait à avoir mal aux phalanges et la scène finirait par alerter du monde. Tandis qu'ils étaient invisibles, ils ne risquaient pas de se faire repérer, mais les gens trouveraient sans doute curieux de voir des morceaux de corps flotter dans le vide. Que faire alors ? Elia baissa les yeux sur son clone, qui ne faisait plus trop la maligne. Une de ses jambes avait disparu, ce qui l'empêcherait de s'enfuir de nouveau. Elle lui attrapa donc le bras avec poigne, et la força à se redresser.
- Allons retrouver la sorcière. J'ai comme l'impression qu'on va bientôt réapparaître complètement, mais sait-on jamais qu'il y ait embrouille.
L'un des bras de son sosie commençait également à se volatiliser, commençant par la main. Et de son côté, la main d'Elia refaisait doucement surface. Le spectacle devait être bien étrange, vue de l'extérieur. Il fallait désormais espérer qu'ils ne tombent par sur des gardes estimant qu'ils préparaient un mauvais coups, ou sur des passants affolés de voir des jambes flotter. Il devait cependant y avoir plus étonnant, ils étaient à Aryon après tout !
Bonne question. Et surtout joli crochet du droit. J'ai pu apercevoir brièvement comment elle a calmé son double sans problème. Sans doute qu'ils avaient seulement notre enveloppe corporelle mais sans nos capacités. Petit sortilège certes, mais c'est quand même pas rien comme manœuvre. Combien de personnes se sont fait enfler avant nous? Sont-ils devenus des fantômes aujourd'hui? Un peu hésitant j'regarde la petite donzelle.
- C'est depuis qu'on les a couchés qu'ils commencent à disparaître. C'était peut-être ça le secret. Pas plus mal. Mais t'as raison, allons voir la vioque. Laisser traîner ces trucs ici me dit rien de bon.
J'attrape le type, le pose sur mon épaule, et on quitte la ruelle. Sur notre route les regards commencent à se poser sur nous. Effectivement, j'avais oublié un détail. Ils voient une main tenir un homme qui flotte dans les airs, et une gamine estropiée qui traîne sur le sol. Il commence à y voir des cris par des nanas surprises de la scène, des enfants notamment, et la foule nous laisse la place mais nous ne sommes pas assez visibles pour qu'on puisse s'expliquer. Passant devant une vitrine c'est moi cette fois qui sursaute. Ma tignasse commence à apparaître, sans ma gueule. Comme une espèce de fourrure géante qui accompagne le corps d'un type... Chauve maintenant ? Bordel faut surtout pas que j'me coupe les cheveux, ça ne me va absolument pas. Et pis, ça tient chaud.
- Bon, faut pas traîner, petite.
Et faudra peut-être se grouiller avant d'alerter la garde. Ils peuvent vite s'emballer s'ils voient quelque chose de pas très compréhensible. J'comprendrai pour le coup. On se faufile autant qu'on le peut et nous retrouvons enfin la place où cette mamie nous a arnaqués. Je lui jette le paquet devant ses pattes alors qu'elle est attachée comme une chèvre. La gamine a vraiment de la ressource.
- Bon c'est dommage pour toi on dirai. On vient de les fumer tes deux potes.
- Hihihihi avouez que c'était rigolos, les enfants?
- Y'a que toi que sa fait rire, l'ancêtre. Maintenant c'est simple. Soit je te fais frire sur place, profitant de mon invisibilité partiel pour rester anonyme, soit tu deviens sage et accélères le processus. Tu seras encore vivante pour voir la fin de l'histoire.
- Pfeuh ! Comment osez-vous parler à une pauvre vielle dame de la sorte?
- Ouais pfeuh toi-même. Grouilles-toi.
- Je ne peux rien faire, étant encore attachée...
- Grr. Un mouvement, tu prends une gerbée de flamme et je serai devant pour voir tes cendres s'envoler.
Elle hoche activement de la tête et je la détache d'une main, en faisant apparaître une boule de feu qui dégage une chaleur brûlante à notre antagoniste. Elle bougonne un peu, tends ses mains vers nous alors que je tends mon orbe flamboyant dans sa direction. Et notre apparition fait sursauter bon nombre de personnes et cette fois-ci c'est la garde qui n'est pas loin pour voir ça. Un soldat s'approche main sur le pommeau, chance pour moi je le connais. Rey Hemdall, c'est lui qui ramène les primes de la caserne à ma boutique. J'fais disparaître la boule de feu en fermant le poing pour signaler ma non-envie de me castagner.
- Hidoru ?
- Hemdall.
- Euh, vous pouvez m'expliquer pourquoi vous attaquez une personne âgée?
- Moi, et la gamine ici présente sommes victime d'un sortilège. Assez brise burnes. On est revenu vers elle pour la "convaincre" d'arrêter.
- Pourquoi ne pas avoir prévenu la garde?
- On était invisible, et personne pour nous entendre à part elle.
- Étonnant.
- Putain, m'en parlez pas.
Confirmant sa culpabilité, la sorcière décide de s'échapper, mais deux gardes lui barre la route.
- Aha, dans ta gueule.
- Hidoru !
- Ouais, ouais... Bon, on se retrouve au bureau la semaine prochaine.
- Très bien, gardes ! Embarquez-là.
On lui passe les menottes anti-magie, la mamie est embarquée, et nous voilà tout les deux avec la rousse.
- Bon, c'est fini. J'te laisse, gamine.
Elle a l'air de se démerder sans problème, alors j'pense qu'elle ne devrait pas avoir trop de problème pour rentrer chez elle. J'ai plus peur pour les gens qui essaieront de lui chercher les noises. M'enfin, c'est plus mes affaires alors j'vais reprendre ma course. Et vite, j'dois toujours acheter ces médocs pour m'man. D'un bref salut de la main j'lui dis au revoir puis le tourne le dos dans la direction que j'devais prendre avant de croiser la vioque.
Bon, dans le genre d'excuse, j'en ai une sacrée à bonne à lui raconter.
Putain, ouais. Une sacrée bonne.