C'est le soir, le soleil est déjà couché...
La première était en train de vaquer à ces occupations habituelles chez toi.
La seconde était sur les routes en train de chercher de nouveaux talents mais tu es en train de rentrer à la capitale (a toi de choisir la raison)
Java : C'est aux portes de la capitale que tu captes une conversation suspectes entre deux hommes, encapuchonnés qui visiblement, ne semblent pas vouloir être écouté. Mais il faut l'avouer : ils ne sont pas très doué et tu n'as pas beaucoup de mal à écouter leur conversation.
- Maintenant, la petite Blacks devrait se trouver chez elle.
- Zadyelle Blacks ? Parfait ! On entre, on la kidnappe et on part ! Son mari est riche non ?
- Non c'est elle justement ! Mais son mari paiera une fortune pour la récupérer !
- Parfait ! Alors allons y !
Deux possibilités :
- Si tu tentes d'intervenir dès maintenant. Les deux hommes sursautèrent mais ils n'avaient pas l'intention de se laisser attraper. Tu ne sait pas de quoi il s'agit, mais ils lancent une boule qui explose au sol et disperse une épaisse fumée. Le temps que tu te remettes de la surprise, ils ont disparu... Il ne te reste plus qu'à aller voir la concernée et la protéger. Pas le temps de prévenir la garde, il faut agir et vite !
Si tu ne tentes pas d'intervenir de suite. Les deux hommes s'échangent un regard, et disparaissent tel une illusion... Il n'y a plus qu'une chose à faire, aller voir la concernée et la protéger. Pas le temps de prévenir la garde, il faut agir et vite !
Zadyelle : De ton côté tu ne te doutes de rien... mais tu ne vas pas tarder à avoir une surprise arriver en fracassant la fenêtre de ta chambre.
Bien qu'elle revienne bredouille, elle avait tout de même décidé de rentrer à la caserne pour se reposer, et retrouver un peu de confort. Après quelques heures de marche sous la lumière du soleil couchant puis celle de la lune douce, elle arrive jusqu'aux portes de la capitale. Un couple de silhouettes attire son attention – rien d'inhabituel dans leur comportement, si ce n'est la façon dont ils semblaient... conspirer ? Comment on peut être nul au point d'avoir ouvertement l'air de conspirer ? Java, croyant à une blague, se tapit dans un coin et tend l'oreille… Mais ils conspiraient vraiment, en plus, ces imbéciles ?! Elle bondit hors de sa cachette.
▬ Halte ! Je vais vous...
Tu vas te prendre un fumigène dans la tronche. Elle n'a pas le temps de foncer dans la fumée pour distribuer des coups que les deux silhouettes se sont déjà envolées, ne laissant derrière elles que l'odeur désagréable du produit utilisé pour leur boule fumigène. Java grimace, et s'élance dans la direction du quartier des habitations. Blacks, c'est ça ? Elle avait déjà un peu entendu le nom ici et là, mais était incapable de différencier les nobles entre eux. Il faut dire que ce n'était ni son milieu, ni son domaine. Ni même sa zone de confort, d'ailleurs. Mais qu'importe ! Une âme innocente était en danger, et en tant que représentante de l'ordre, c'était son devoir de courir à son secours !
Et elle finit par arriver devant une suite de manoir, tous plus sophistiqués les uns que les autres. Elle n'aurait pas su où se diriger ensuite si elle n'avait pas repéré les mystérieux inconnus dans un jardin, du coin de l'œil. Java s'approche à pas de loups de la propriété, et escalade un mur pour les rejoindre dans le jardin. Visiblement, ils semblent grimper à un arbre pour accéder à l'étage : très certainement un raccourci jusqu'à la chambre de cette fameuse Zadyelle Blacks... Sans les quitter des yeux, Java pose la main au sol. Son trajet et sa journée l'avaient un petit peu fatiguée, mais elle gardait encore assez d'énergie pour se permettre quatre clones à plein potentiel. Dès qu'ils apparaissent, ils se dispersent aux quatre coins du manoir des Blacks : chacune avait une mission individuelle visant à identifier les sorties et à les bloquer. Notre Java principale, elle, comptait les prendre la main dans le sac et leur mettre une sacrée rouste.
Cachée derrière l'arbre, elle attend d'entendre le bruit de la fenêtre qui se brise pour grimper à son tour, avec un peu moins d'aisance que d'habitude. Son pouvoir avait puisé son dû dans son énergie, mais elle avait une petite idée derrière la tête sur le paiement qu'elle demanderait à cette si riche dame en échange de ses loyaux services. Le garde-manger d'un manoir pareil ne pouvait être que bien garni, après tout, non ?
Arrivant pile à temps pour mettre un coup de bâton de toutes ses forces sur une des capuches, elle se retourne vers l'autre, fière comme un pou.
▬ Essaie même pas de me balancer un autre fumigène, vous êtes encerclés !
Une Java devant la sortie principale, une Java qui patrouillait le jardin à l'est, une autre au sud-ouest... Et une Java qui venait d'enfoncer la porte de la chambre d'un violent coup de pied, son bâton en main. Après un combat peu glorieux contre des adversaires clairement inexpérimentés, notre Java originelle regarde les deux encapuchonnés avec dépit, que son clone tient par la gorge. Elle s'attendait à du piment, de l'action, quelque chose ! Elle finit par lever la tête vers la maîtresse des lieux, en pointant les inconnus du bout de son bâton.
▬ Euh... Tu- Vous en avez souvent, des comme ça ? Désolée pour la porte, au fait. Et la fenêtre. … Et le boucan.
Son attention revient vers son clone, et elle lui parle sur un ton autoritaire.
▬ Les lâche pas. Ils ont une magie bizarre qui leur permet de disparaître ou je sais pas quoi.
▬ Je sais bien, j'étais là aussi !
▬ Parle-mieux devant Za... Dame Blacks, toi !
▬ Tu dis juste ça parce que tu veux manger chez elle !
Java se tape le front. Et voilà, son super plan venait d'être dévoilé. Restait à espérer que « Dame Blacks » se montrerait généreuse, et surtout, patiente. Si la garde pouvait facilement devenir fatigante quand elle se disputait avec elle-même, vous n'aviez encore aucune idée de ce que ça donnait quand il y en avait trois autres qui se mêlaient à l'affaire. Heureusement, les autres étaient occupées, en tout cas pour l'instant...
- Maîtresse, vous devriez vous changer avant que la calèche n'arrive.
- Je le sait bien Jill, ne t'angoisse pas tant.
- Pardonnez moi mais il ne serait pas convenable de sortir dans cette tenue.
- Très drôle mais j'ai encore le temps, pourquoi tant d’empressement ?
- C'est que ... vous m'avez ordonné de ... je vous cite "vous secouer les puces"
- ha oui, c'est vrai mais je suis si détendue dans ce bain !
En cette soirée la jeune noble et son mari étaient invités à une représentation nocturne. Le théâtre organisait régulièrement ce genre de spectacle à l'air libre sous un magnifique plafond d'étoile scintillante. Souvent sur le thème dramatique de deux amants que tout oppose et qui vivent mille souffrance pour déjouer le destin. Zadyelle n'était pas très friande des comédiens exubérant déclamant leurs peines aux cieux et aux dieux, seulement Erik son mari en raffolait. De plus, elle devait absolument participer régulièrement aux fêtes et autres manifestations mondaines, question de sociabilité.
Erik s'était esquivé du manoir pour laisser le temps à sa bien aimée de se préparer et surtout pour lui faire une surprise. Jill sa gouvernante n'avait pas réussit à tenir sa langue mais gardait le secret sur les détails. La jolie noble ne savait qu'une chose, il reviendrait avec la calèche pour l'emmener à la soirée. En l’attendant, Zady sortit tout de même de son bain pour enfiler une magnifique robe, laisser Jill la coiffer et l’apprêter comme il se doit. Il lui fallait porter tant de bijoux, accessoires et autre démonstration de richesse ostentatoire que sa lui donnait le tournis, comme à chaque fois. Toutes ces babioles la gênaient dans ses mouvements, ne lui laissant peu de liberté mais c'était le prix à payer pour garder sauve les apparences.
Elle n'avait pas encore sortie la moitié de ses bijoux que les ennuis surgirent dans sa chambre, encore. ça commençait d'ailleurs à faire beaucoup, la dernière fois on avait tenté de l'assassiner. Qu'est ce qui allait lui tomber dessus, cette fois ci ?!
Deux personnes encapuchonnées avaient fait leur apparitions alors que la noble, assise devant le miroir de sa coiffeuse sursauta au bruit de verre qui éclate. Jill la gouvernante chercha à faire écran de son corps mais Zadyelle la poussa de côté en se levant, refusant que sa seule "amie" soit blessée à cause d'elle. Tout continua très vite, un des intrus mit au sol par se qui semblait être un garde et ... son jumeau explosant littéralement la porte de la chambre ! alors qu'elle n'était pas verrouillée, ce garde allait l'entendre !!
- Euh... Tu- Vous en avez souvent, des comme ça ? Désolée pour la porte, au fait. Et la fenêtre. … Et le boucan.
Trop surprise pour répondre Zadyelle resta muette, les yeux grand ouvert. Les deux jumeaux semblaient décontractés à discuter comme si la situation était déjà réglée. Les imprudents ne réalisèrent pas que le premier agresseur, celui debout, se dégagea vivement pour agripper la noble par le cou d'un bras et menaçant sa jugulaire d'un poignard avec l'autre. Il prit la parole "Hé Rosie ! ça va ?" mais la forme humaine au sol ne répondit pas, à la place la cape qui cachait le corps tomba au sol comme si personne ne s'y trouvait.
- Rosie, t'es encore là ? Rosie !!
- Ouais, calme toi bordel, lui répondit une voix dans les ombres.
- Ha ! dans ce cas les poulettes, en s'adressant au deux Java. Pas bouger ! Ou je l'égorge, tant pis pour la prime. Il commença à marcher doucement vers la porte, toujours avec son otage docile contre lui et ordonna : Toi là ! laisses moi passer
La femme "invisible" que ce soit grâce à un pouvoir ou un objet magique ne dit plus un mot mais on pouvait entendre ses mouvements dans la pièce. Zadyelle ne bronchait pas, se laissant traîner par son kidnappeur. La pauvre n'avait aucune compétence de combat, tout se qu'elle pouvait offrir c'était son argent mais le moment n'était pas propice à ce genre de négociation. La gouvernante gisait dans un coin observant impuissante sa maîtresse se faire enlever sous ses yeux, la noble se demandait si son pouvoir d'emprise serait assez puissant pour que Jill abandonne son instinct de survie et se jette sur l’agresseur. A priori non, la petite servante pleurait et gémissait demandant d'arrêter mais qui sait si elle n'allait pas changer d'avis.
Inutile de prendre des risques alors qu'il lui reste trois cartes à jouer. Dès que les ravisseurs semblent avoir quitté la pièce (difficile à dire quand l'un des deux était resté invisible), Java ordonne à son clone de récupérer son arme et de repasser par la fenêtre pour avertir les autres. Ça va être tendu, mais elle peut y arriver. Non ! Elle doit y arriver ! Son estomac approuve avec un gargouillis enthousiaste. Ça n'aurait été que trop dommage si ça avait été aussi facile, après tout. La voilà, la petite scène d'action qu'elle attendait.
Elle place son bâton à sa ceinture, dans son dos, pour qu'il ne gêne pas ses mouvements. Pour que la lame ne sorte pas par accident. Suivant les ravisseurs au bruit de leurs voix et de leurs pas, Java esquisse un rictus malicieux, que les ombres de la nuit dissimulent. Elle défait un des rubans qui orne sa jambe, puis s'avance à pas de loups des ravisseurs. Celui qui tenait Zadyelle semble avoir relâché sa vigilance ; « Rosie » est toujours invisible. Java noue le ruban autour de ses yeux. Des souvenirs de ses entraînements à l'académie lui reviennent. Des visages qui se confondent. Des coups qui n'ont jamais trouvé leur cible.
Ce temps là était révolu.
Méditer tous les matins avait son avantage : Java avait légèrement affiné son ouïe, avec le temps. Toujours tapie dans l'ombre, le pied léger, elle se concentre sur les sons. Deux paires de bruits de pas sur sa gauche... une paire sur sa droite. Bingo. Elle court pour se donner de l'élan, et se jette de tout son poids dans la direction qui lui semble appropriée. Bien sûr, si tout avait été parfait, elle aurait complètement neutralisé l'intrus : ce n'était pas vraiment le cas. Par contre, elle avait réussi à la faire tomber avec elle, qui dans sa chute, lui avait arraché son ruban, bien qu'elle restait invisible. Grave erreur.
▬ Rends-moi ça.
Sa voix est froide comme la mort. D'un main violente, elle attrape une partie du corps qu'elle a réussi à immobiliser – quelque chose qui ressemble à une épaule, un bras ? Quelque chose qui lui permet de la garder sous contrôle, cette fois. Seule la lumière de la lune qui filtre à travers les fenêtres permet de voir son prochain geste, bien plus menaçant. Son visage, noyé dans les ombres. Le bruit de sa lame qui coulisse lentement hors de son fourreau.
▬ Laisse-la partir, sinon la Blacks y passe !
▬ Et toi, t'as pas peur pour Rosie ?
Java maintient son sabre au dessus du corps invisible d'une main ferme, sur lequel elle est maintenant assise. Rien à voir avec la gaillardise dont elle faisait preuve tout à l'heure. Son intonation, à moitié joueuse, à moitié glaçante, laisse un arrière-goût amer en bouche. Elle sent les mains de Rosie sur les siennes, repoussant de toutes ses forces l'épée de Damoclès pointée directement sur elle. Mais Java est forte. Le sabre ne bouge pas, bien que de légers tremblements trahissent la tentative de lutte de cette silhouette qu'elle écrase. Rosie n'est pas si bête. Le moindre écart, et c'est une partie d'elle qui serait transpercée de part en part, peu importe laquelle.
▬ J'te préviens... Je blague pas !
Java ne prête pas attention à l'intrus, trop concentrée sur le vol de son ruban. Pourtant, Rosie l'avait lâché, et le petit morceau de tissu gisait sagement au sol. Mais c'était trop tard. Ce soir, une limite avait été franchie. Elle ne voit pas la lame du kidnappeur, qui commence à piquer dans la chair du cou de la noble qu'elle est censée sauver. Elle ne voit que cette adversaire qu'elle ne voit pas. Elle ne voit que l'affront. Ce soldat perdu, toujours vêtu de bleu. Le bleu du ciel sous lequel il est mort. Le bleu de la mer qui a accueilli ses cendres.
▬ ROSIE !
Sa lame s'enfonce dans le sol, et dans ce qui semble être un coûteux tapis. Java revient à la réalité. Ou plutôt, elle revient au présent. Ne sentant pas l'odeur ferreuse ni la sensation chaude du sang qui se répand, elle devine que Rosie a réussi à esquiver sa lame.
▬ C'est bon, je vais bien ! Elle m'a pas eue !
▬ Choisis mieux tes mots, ma vieille.
Java resserre l'étreinte de ses cuisses. Elle n'avait jamais voulu verser de sang. Simplement limiter un peu plus les mouvements de l'inconnue, pour pouvoir mieux l'immobiliser. Tout du moins, c'est ce qu'elle se répétait : les gardes ne perdaient jamais leur sang froid, voyons. Elle récupère le ruban de la discorde et le place précieusement dans sa poche.
▬ J'ai l'avantage du terrain, les gars.
Deux clones surgissent derrière le ravisseur pour lui attraper chacun un bras, une troisième récupère son poignard pour le lancer à l'autre bout de la pièce, et une quatrième soulève la noble pour essayer de la passer par-dessus son épaule, bien que sa robe rende la tâche un peu plus difficile que prévu.
Java cherche à tâtons la main de Rosie, n'hésitant pas à lui agripper au passage des parties plus moelleuses de son corps – elle n'avait qu'à redevenir visible si elle ne voulait pas se faire tripoter, en même temps. Pendant ce temps, la seule clone qui a les mains libres récupère la paire de menottes anti-magie que l'originelle a dans sa poche : techniquement, elles en ont toutes une paire, mais les objets magiques dédoublés par son pouvoir avaient tendance à perdre leurs propriétés, et elle préférait ne pas s'aventurer sur ce terrain là.
Clic. Clic. Les ravisseurs se retrouvent menottés l'un à l'autre. Une paire de menottes magiques, une paire de menottes normales, et les voilà dos à dos. Deux de nos Java présentes semblent s'effacer avec les ombres. Celles-là ne deviennent pas invisibles : elles retournent simplement à leur propriétaire, leur tâche accomplie. Quant à celle qui porte Zadyelle Blacks, elle ne partira pas tant que ces deux intrus n'auront pas été identifiés et arrêtés. Bien consciente que son énergie actuelle ne lui permettra peut-être pas d'exister aussi longtemps qu'il le faudrait, elle donne un petit coup d'épaule pour secouer gentiment la noble.
▬ J'ai bien mérité au moins un bout de pain, là, non ? Ca va, le cou ?
Hélas oui. La seule clone qui restait était l'abrutie du début, qui commençait déjà à chercher la cuisine, sans avoir eu la présence d'esprit de reposer la dame à terre. Java, elle, continuait d'essayer de trouver comment désactiver l'invisibilité de Rosie en la pinçant ici et là, tout en ignorant ses insultes et en esquivant les crachats de son ami.
Au loin, une petite domestique, effrayée par tout ce boucan, arrivait en courant et en pleurant, le visage dégoulinant de morve.
La seule chose que Zady regardait en franchissant le seuil de la porte de sa chambre, fut la petite servante qui ne bougeait pas d'un poil. Jamais la noble n'avait eu l'intention d'utiliser son contrôle pour faire de ses employés des marionnettes ou s'en servir comme bouclier humain. Elle était tout de même déçue du manque dégressivité de Jill, peut-être trouverait elle plus tard une manière d'améliorer sa capacité pour libérer ses victimes de leurs instinct de survie. La prédatrice était devenue proie, ainsi Zady était trimbalée par son ravisseur qui devenait de plus en plus menaçant. La lame froide du poignard n'était qu'à un cheveu de la percer mais la main de l’agresseur ne tremblait heureusement pas.
Il jurait tout bas, le souffle chaud dans le cou de la jolie noble qui s'en dégouttait. La robe beaucoup trop ample pour lui laisser la moindre marge de mobilité gêna grandement le ravisseur qui trébucha sur la courte traîne. Toute la scène se joua ensuite très vite, entre la bagarre, la petite entaille, zadyelle ne comprit pas tout. Elle se retrouva rapidement échanger comme un vieux sac de provision et se trouvait maintenant sur l'épaule du soldat avec la fierté écorchée.
▬ J'ai bien mérité au moins un bout de pain, là, non ? Çà va, le cou ?
- Non mais ça ne va pas bien !!, lui cria t-elle dessus.Reposez moi immédiatement !
Zadyelle était un peu perdue, en moins d'une heure deux intrus s'était introduits chez elle pour l'enlever et plusieurs gardes rigoureusement identique les talonnaient. A force de se débattre le clone de Java fut bien obligée de déposer la jeune fille.
- Bien expliquez vous maintenant, c'est quoi ce délire ?!
La robe toute froissée et tachée de quelques gouttes sang pourrait être jetée. Alerté par le boucan dans le manoir, la demi douzaine d'employés habitant dans la maison sortirent de leur chambre constatant que leur maîtresse allait bien. Le clone cherchait toujours de quoi manger, irritant encore plus l'humeur déjà colérique de la comtesse. Les yeux azurs flamboyants comme ils ne l'avaient plus été ces derniers temps, foudroyaient tout les mâles de la pièce les transperçant du regard
.
- Vas voir ailleurs si j'y suis toi avec ta bouffes !
C'était quoi ce gars sans aucune tenue qui réclamait une récompense avant même d'avoir terminé son travail. Non pire, réclamer une récompense tout court. Non pire, comment l'avait il porté déjà !?!
- Et toi, c'est bon ! Ils sont entravés ?, aboya Zady sur le Java original. Ton frère serait pas un peu toqué ! j'espère que vous êtes bien des gardes de la capital, parce que sinon ...
Parce que sinon il y aurait des répercutions au plus haut niveau possible. (même si la noble ne connaissait pas encore grand monde).
- Quant à vous, s'adressant aux employés. Que l'un de vous ailles chercher la garde !
Après l'histoire de tentative de meurtre avec l'empoiseneuse, la sécurité du manoir aurait dût être assuré par un mercenaire mais visiblement celui-ci n'était pas présent.
Retenir pile à temps la main du clone qui se lève au-dessus de la noble, sous les yeux de quelques employés en panique. Java regarda dans ses yeux, et y vit toute cette frustration contre les riches qu'elle refoulait. Fermement, elle repousse sa main, et pointe les deux intrus capturés du doigt.
▬ Va les interroger au lieu de me faire honte, crétine !
Amère et vexée, le clone s'exécute, ne se gênant pas pour lâcher un regard noir à Zadyelle en s'éloignant d'elle. Java soupire, et se retourne vers l'élégante dame. Comment est-ce qu'elle allait rattraper tout ça ? Ah, oui, c'est vrai. D'abord, elle avait quelques éléments à éclaircir. Elle sort sa médaille de garde et la lui montre avec un petit rire nerveux.
▬ Heu... Veuillez accepter mes plus plates excuses pour le comportement de mon double. C'est bien comme ça qu'on dit ? Elle pensait pas à mal, j'vous le jure.
Java range sa médaille. Elle bafouille un peu, mais fait de son mieux pour s'exprimer poliment.
▬ J'appartiens à la garde civile, et je poursuis ces deux individus à cause d'une conversation suspecte vous concernant, Dame Blacks. C'est pas du tout mon boulot de base, mais je pouvais pas laisser le destin d'une civile innocente au hasard ! J'suis pas comme ça !
Elle se retourne et pointe du menton son clone, qui se dispute avec les ravisseurs. Elle n'avait jamais été douée pour les interrogatoires, mais bon : au moins, elle avait trouvé le bon défouloir pour son double.
▬ Eh, au fait ? C'est pas mon frère, hein. C'est mon pouvoir, je peux me dédoubler. Bon, mes clones ont leur « petit caractère », mais je préférais avoir du renfort au cas où... et j'ai bien fait, pas vrai ?
Une tentative détournée de voir le bon côté des choses. Entre le tapis troué, la fenêtre cassée et les portes enfoncées, Java savait bien qu'elle allait avoir besoin de meilleurs arguments pour sauver son nom à la capitale. Sauf que ce n'était pas du tout son fort... le malaise de son clone trop familier ne venait pas de nulle part, après tout. Elle finit par baisser la tête, vaincue.
▬ Si vous voulez vous adresser à mes supérieurs, vous devrez vous adresser directement à la Commission. J'suis recruteuse itinérante, donc j'ai pas de régiment. Dites-leur que vous avez eu un problème avec « Java Anggun ».
Ses yeux balaient le sol... puis reviennent d'un coup vers la noble.
▬ Je pourrai pas vous rembourser les dégâts que j'ai fait à votre demeure en cristaux... j'ai juste pas l'argent pour ça. Par contre, je peux travailler pour vous jusqu'à ce que ma dette soit effacée ! Quand j'ai toute mon énergie et l'estomac bien rempli, je peux me dédoubler jusqu'à six fois, et on pourrait facilement sécuriser le manoir en cas d'intrusion !
Son éclair d'optimisme s'entend dans sa voix, qui trahit un calme retrouvé. Peut-être qu'elle arriverait à trouver une façon d'apaiser la colère justifiée de la dame aux cheveux bleus, après tout.
▬ C'est à prendre ou à laisser, je ferai ce qu'il faudra pour que vous pardonniez mes torts dans tous les cas ! Mais je vous préviens tout de suite : je ne quitterai pas la propriété tant que les deux abrutis qui ont essayé de vous enlever ne seront pas identifiés. On sait jamais, ils font peut-être partie d'un groupe qui risque de venir les chercher... et vous avec.
Les deux hommes sont menotés et à terre. Pourtant, ils ne semblent pas perturbés par les évènements. L'un d'eux vous rit même au nez voyant votre petite comédie :
- HAHAHA! Vous ferez mieux de nous relacher et nous laisser partir avec la dame ! Sinon le pire est à venir...
Inutile d'écouter les railleries d'un kidnappeur. Cependant, après cette phrase, il se terre dans un silence mais ne perd toujours pas son sourire des lèvres...
Quelques minutes plus tard.. Vous entendez un bruit strident, au point de devoir vous boucher les oreilles. Vous en cherchez l'origine et cela vous mène tout droit à la cheville de Zadyelle, une sorte de petite puce en métal, collée à ta cheville. L'homme est en train de rire aux éclats :
- CA ARRIVE !
La puce commence à changer de forme et encercle la cheville de Zadyelle. Puis elle se lève, renversant la jeune noble tête en bas et la soulevant à plus d'un mètre du sol. Et comme si cela ne suffisait pas, voici que ce cercle de cheville commence à t'entraîner vers la sortie : tu passes par la fenêtre de ta chambre et te voilà en train de flotter tête à l'envers au dessus des toits de la ville. Quel est donc cet ignoble outil de kidnapping qui te transporte comme un gros cochon ?
En tout cas, la jeune femme n'était pas encore sortie d'affaires. Elle se dirige certainement droit vers le repères des kidnappeur : ainsi, les deux hommes n'étaient pas seuls et avaient pour principale missions de poser ce petit artéfacte sur leur cible...
Rembourser les dégâts ? Mais la viticultrice n'en avait absolument rien à faire d'une porte, d'une fenêtre ou même d'un tapis. Que des biens matériels remplaçable qui malgré leur valeur marchande ne représentaient rien. La raison de sa colère résidait dans l'impuissance, elle avait eu aucun contrôle sur la situation et ça, l'avait mis en rogne. Quant à cette proposition de travailler pour s’acquitter de sa dette, ridicule ; Ce garde était-elle menuisier ou ébéniste ? Avait-elle la compétence pour repriser le tissu ? Ridicule. Par contre elle disait avoir une dette et ça, valait toute les réparations du monde !
- Java Anggun, j’accepte vos excuses et je n'aurai rien d'autre à dire à vos supérieur que vous avez fait votre travail, avec beaucoup de dégâts et d'irrespect mais ...
Mais ... l'hameçon était lancé, Zadyelle n'avait aucune idée de se qu'elle pourrait demander à cette Java et ses clones mais si le poisson mordait, elle serait utile.
- Mais ... il me serait possible de garder les détails pour moi, pourquoi pas ?
Qu'en dites vous ?
Il lui suffisait de dire Oui pour se prendre dans les filets.
Les deux intrus s'agitaient, l'homme se montrait même menaçant alors qu'il ne pouvait plus rien faire. Le son strident qui suivit perturba énormément Zady qui sentit sa cheville vibrer puis la serrer. En un clin d’œil elle traversa la pièce puis entra dans la chambre pour finir suspendue en l'air dans une position totalement absurde et inconvenante. En effet les jupons de sa robe lui retombaient dessus et vue du dessus ses sous-vêtements étaient exposés "_" Passant à travers la fenêtre déjà en morceau, la noble fut dirigée contre son grès au dessus des toits de la ville vers une destination inconnue.
Depuis la rue, un ivrogne sortant d'une taverne lève les yeux au ciel et aperçoit une grosse forme bleu filer de toit en toit vers la rivière. La prenant pour une fée ou un esprit rôdant la nuit, il se frotte les yeux et regarde sa bouteille encore à moitié avant de se dire " Bon sang, faut vraiment que j'arrête de boire "
Zadyelle arrivait donc sur un pont traversant la rivière, son kidnappeur métallique semblait hésiter quant au reste du trajet. Que ce soit à cause d'un mauvais réglage ou d'une défaillance technique, ce temps d'arrêt laissa à Java la possibilité de les rattraper, Zady apercevait la garde au loin qui arrivait en courant.
- Au secours !! A l'aide Cria t-elle
La chose qui empoignait sa cheville se décida enfin et l'emmena sans ménagement sous le pont, dans un tunnel d'évacuation des eaux qui sentait vraiment mauvais. La pauvre noble fut traîner dans la saleté, gâtant irrémédiablement sa robe et conduite à travers un dédale de couloir sombre et humide. On la jeta dans se qui ressemblait fortement à une cellule qu'un homme dans une robe à capuche gardait à l’œil. Il n'eu pas besoin d'ordonner à la noble de se taire car trop épouvantée par la situation, Zady était au bord de l'évanouissement. Elle guetterait avec attention l'arrivé de Java qui la suivait, elle en était certaine.
▬ Nouvel objectif, tu la suis !
▬ Ca marche pas comme ça, imbécile. Tu peux pas changer mon but. Tu m'as chargée de m'occuper de ces deux là.
Java fusille du regard son clone, qui lui fait son sourire espiègle, comme pour mieux se moquer d'elle. Difficile d'argumenter face à son propre reflet. Difficile de négocier avec son propre pouvoir. Elle s'agenouille et pose la main au sol, grommelant toutes sortes de noms d'oiseaux à voix basse. Les intrus rient, amusés par l'incompétence de cette garde si orgueilleuse. Son clone leur raconte des anecdotes, pour mieux alimenter leurs moqueries, et jouer avec les nerfs de l'originelle.
Cette dernière se concentre. Une nouvelle Java arrive, et elle court de toutes ses forces après la noble volante, qui vient de passer par la fenêtre. Les yeux humides, elle ne ralentit que pour mieux grimper, ou sauter de toits en toits. Elle ne sera pas là longtemps. Mais elle sera utile. Peu importe ce qu'en pensent les autres.
Retour au manoir des Blacks. Java et Java se disputent pendant que l'une se goinfre dans la cuisine, et l'autre traîne les ravisseurs menottés et satisfaits derrière elle. Après avoir englouti un énorme morceau de fromage, une carotte, trois tomates et croqué dans un gros jambon, elle commence enfin à se sentir moins faible. Son double interrompt ses railleries lorsque deux gardes de la capitale les rejoignent, accompagnés des domestiques qui avaient docilement obéi à leur employeur. Java leur explique la situation après avoir montré sa médaille, et leur confie la garde des individus capturés... et de son clone, qui ne partirait qu'une fois qu'elle aurait entendu leur nom, à moins d'arriver à court d'énergie avant.
La Java originelle, alors qu'elle sort dans la rue, reçoit de nouveaux souvenirs. Le clone chargé de pister Zadyelle est arrivé jusque devant l'entrée du repaire des kidnappeurs, et lui est revenu. Elle reste immobile quelques secondes, les yeux fermés, le temps d'enregistrer les informations les plus importantes. Rivière, pont, égouts, gauche, gauche, droite, gauche. Elle court, faisant de son mieux pour éviter les passants nocturnes et le mobilier urbain. C'est le nez pincé qu'elle entre à son tour dans les égouts, faisant de son mieux pour rester furtive sans perdre en vitesse. Elle peut encore invoquer un dernier clone, qui pourrait lui servir de renfort face à l'assaut qu'elle s'apprête à mener. Mais l'idée de toucher ce sol immonde avec sa paume à plat... Elle imagine déjà l'odeur des égouts imprégnée dans ses doigts pendant des jours. Puis elle imagine la noble, retenue prisonnière par d'odieux personnages, terrifiée. Mais dès qu'elle s'accroupit, elle imagine de nouveau cette odeur horrible, que même le jasmin qui la recouvre ne pourrait adoucir. Puis le visage de Zadyelle. Sa main. Zadyelle. Sa main... Zadyelle.
▬ Pouah, ça pue ici ! T'as pété ?
▬ Chhhhhhhhut, non j'ai pas pété, et tu vas nous faire repérer si tu cries !
▬ Et alors ? Je suis là pour me battre, non ? Comment je me bats si on nous repère pas ?
▬ T'es là pour couvrir mes arrières !
▬ Tu vois, toi aussi tu cries !
Java se retient de se frapper. Non. Elle déchaînera sa frustration dans ses coups. C'est mieux. Ca aide. Cette épreuve la rendra plus forte. D'un pas décidé, elle s'approche d'une porte sale, et frappe trois fois.
▬ Mot de passe ?
Ah.
Techniquement, son clone pisteur lui avait transmis le mot de passe, bien sûr, pas de souci. Mais à force de se disputer avec elle-même, elle l'avait complètement oublié. C'était un animal à la con, un truc tout bête, un petit machin...
▬ Gloire au gloo... by ?
▬ GLOOT !
Son clone de renfort lui couvre la bouche pile à temps pour réparer sa bourde. Pour une fois, dédoubler son esprit avait un avantage.
▬ Désolée mon grand, ma sœur confond souvent les noms ! Gloire au Gloot sacré !
▬ Que le Gloot vous bénisse. Vous pouvez entrer, le culte commencera dans l'heure.
Java et Java échangent un regard avant de pénétrer le repaire, et tandis que l'une s'enfonce dans le couloir principal, l'autre assomme le fidèle qui garde la porte, et le cache grossièrement derrière un rideau. Elles se rejoignent dans une grande salle avec une estrade, et, sur le côté, dans l'ombre, une vieille porte en bois. Alors qu'elles s'approchent de cette porte mystérieuse, qui ne peut que mener plus profondément dans l'antre de cette étrange secte, un couple d'adeptes les abordent.
▬ Oh, c'est adorable, des jumelles assorties !
▬ Ah, oui, c'est notre petit jeu à nous ! Ravie de vous rencontrer, ça fait longtemps que vous venez ici ?
La Java secondaire est déjà prête à sortir les crocs, mais notre Java principale lui fait un geste de la tête pour lui indiquer de jouer le jeu. Ce n'est qu'un obstacle en plus à franchir. Ce n'est pas le pire. Java, grâce à une question innocente sur le début du culte, réussit à se débarrasser des indésirables. Elles s'engouffrent derrière la porte et le décor, déjà glauque, devient carrément flippant. Java grimace en entendant le bruit d'un cafard s'écraser sous sa chaussure souple – quelle horreur. Le couloir, mal éclairé, n'est gardé que par une seule personne, postée au fond. Il n'a pas le temps de crier qu'une des deux Java se jette sur lui pour couvrir sa bouche, bloquer ses bras, et lui pincer le nez. Évanoui. La porte grince et des barreaux de fers apparaissent. Java déglutit. Vraiment ? Tout ça pour un gloot ?
Elles avancent prudemment, puis se détendent en voyant qu'il n'y avait personne – après tout, le culte allait bientôt commencer. La couleur bleue de la robe de Zadyelle, bien que ternie par le voyage, tranche avec ce décor sombre et sinistre. Java s'approche de sa cellule pour lui parler, tandis que l'autre commence à frapper la serrure avec son bâton pour la faire casser.
▬ Je suis là. On va s'en sortir. Je les laisserai pas vous garder dans cet endroit dégueulasse. Je vous le jure, sur mon honneur de garde.
Clink ! Le verrou cède, et le bruit résonne dans la pièce. L'autre Java lève doucement la tête avec un petit sourire.
▬ Oups.
▬ … Sérieusement ?
▬ Si vous savez pas vous battre, montrez leur que vous savez gueuler, m'dame.
Java donne un coup de bâton sec à la cuisse de son clone, qui grimace de douleur. Elle venait de mettre son honneur en jeu, bon sang, c'était pas le moment pour lui faire honte comme ça ! Avec un regard sérieux mais contrarié, elle corrige les paroles de son double.
▬ Une bonne insulte ou un cri perçant peuvent distraire l'adversaire et me donner l'avantage en combat, plutôt. Je ne vous forcerai à rien, ma Dame, mais vous ne semblez pas vous rendre compte de... heu... l'étendue de votre marge de manœuvre. Avec tout mon respect, bien sûr, hein !
Son attention alterne entre les possibles répercussions du bruit métallique et de l'adepte évanoui devant la porte, et la sensibilité de la jeune femme devant elle. D'une voix plus douce, elle ajoute :
▬ Je choisis pas bien mes mots, mais j'essaie de vous complimenter... Vous êtes décisive. C'est une force. Ces abrutis devraient vous craindre, pas vous voir comme un trophée.
La voilà dans de beau drap, la pire situation qu'elle n'avait jamais eu à vivre jusqu'à présent. La cellule humide mesurait à peine deux mètres sur trois et des choses vivantes grouillaient sur un sol qui semblait en putréfaction. Cette cage, creusée dans la roche et fermée par de lourd barreau en fer suintaient une substance indescriptible et exhalait une puanteur affolante. Après s'être remise de ses émotions, Zadyelle engagea finalement la conversation avec son geôlier cherchant un moyen de s'échapper. Il lui restait cependant un espoir et la noble s'y accrocherait comme un Glooby que l'on dorlote.
- Pourquoi vous faites ça ? et vous êtes qui !
- Personne, toute façon dans moins d'une heure tu nourriras le grand Gloot !
- Le grand quoi ... Après réflexion, elle continua. Si je dois le nourir, vous pourriez me dire pourquoi ?
- Pff ... aucune importance, t'as pas besoin de savoir !
- Je ... j'aimerai pouvoir rendre hommage au grand Gloot, si ... En entrant dans son jeu, Zady espérait devenir assez intéressante pour obtenir une réponse et ce fut le cas.
- Pah, on sait que ton sang est spécial la bourgeoise, on pense que ...
Mais il n'eu pas le temps de finir sa phrase qu'un autre adepte l’interpellait pour le rappeler à l'ordre. le geôlier quitta la pièce maussade de s'être fait engueuler, il jeta un regard méchant et révélateur sur ce que la noble allait subir. Heureusement elle ne resta pas seule trop longtemps, Java déboula comme une libératrice clamant un serment chevaleresque. Le clone aussi palabrait mais Zady ne comprit rien du tout à son babillage. La noble sortit de cette affreuse geôle et arracha le bas cette saloperie de robe qui de toute façon était définitivement gâchée.
- En gros tu veux que je fasse l’appât. Le vouvoiement n'était vraiment plus approprié. C'est de mieux en mieux, enfin bon, au moins tu es là alors merci de ton aide.
- Je choisis pas bien mes mots, mais j'essaie de vous complimenter... Vous êtes décisive. C'est une force. Ces abrutis devraient vous craindre, pas vous voir comme un trophée.
- Moi décisive ? mouais, tu devras m’expliquer ça plus tard parce que là ! Il me semble urgent de s'enfuir.
En passant devant le fanatique évanouie, Zady récupéra sa cape et l'enfila pour passer aussi inaperçue que possible. Relevant la capuche pour couvrir sa chevelure si reconnaissable, la demoiselle se mit à suivre la Java original qui ouvrait la marche. Tout ce que la noble souhaitait à l'heure actuelle s'était que sa sauveuse la fasse sortir le plus vite possible et sans se tromper de chemin. La première partie du parcours se déroula assez bien, on ne faisait pas trop attention à eux à cause du discours donné par le maître de la cérémonie.
La suite se révéla beaucoup plus compliqué, se rendant compte que leur sacrifice avait disparut, une sorte d'alarme sous forme de corne de brume résonna dans les couloirs. Zadyelle dépitée commençait vraiment à désespérer de pouvoir sans sortir en vie mais Java se montra assez rassurante pour lui remonter le moral. D'après elle il ne restait qu'un ou deux embranchements avant de pouvoir enfin goutter à l'air libre et non vicié. Evidemment les choses ne se passait pas comme prévu et une multitude de fanatique étaient à leur recherche, on entendaient distinctement des bruits d'armes métalliques, des pas et des voix insultant à tout va.
Deux d'entre eux rattrapèrent le petit groupe de femme, le clone qui gardait les arrières réussit à désarmer le premier assaillant et à le mettre hors combat. Le second par contre tenta de mettre à Zadyelle un coup avec un énorme gourdin. Le brave clone s'interposa, évitant ainsi à Zady une sale blessure à la tête, toutefois la copie n'y résista pas et disparut juste après avoir mit un bon coup de pied dans l'entre jambe de l’agresseur. Ragaillardit par cet acte de bravoure, la noble en profita pour saisir l'épée du premier fanatique qui gisait au sol et sans réfléchir la planta dans le ventre du dernier encapuchonné.
- Java !. s’exclama Zadyelle décontenancée par son geste. Je l'ai tué ... et ... ton clone !
Zadyelle n'avait pas vu pourquoi l'originale n'avait pas aidé mais à se moment là, elle sentit que quelqu'un lui prenait la main gentiment pour la tirer vers la sortie, alors elle suivit.
Lorsqu'elle entend les deux adeptes se rapprocher dangereusement, elle part du principe que son clone leur servira de bouclier humain, et s'apprête à s'élancer vers la sortie... Jusqu'à ce qu'une étrange scène se déroule devant elle. Que son double se soit sacrifié pour sauver Zadyelle, ça n'avait rien de surprenant, mais la voir tuer quelqu'un ? Elle semblait pourtant si passive, et si fragile. Java s'approche d'elle pour lui prendre tendrement la main, et l'attirer vers la sortie, alors qu'elle assimile les souvenirs (certes, un peu violents) de son dernier clone.
▬ T'as tapé dans le mille. C'est exactement ce que je voulais dire. Il est là, le côté « décisive ».
Java parle d'une voix plus douce, alors qu'elle ferme doucement la porte du repaire derrière elle. Normalement, si personne n'entend le bruit de la porte, elles auront quelques minutes d'avance avant que cette étrange secte ne commence à les chercher dehors. Assez longtemps pour les semer, espérait-elle.
▬ T'en fais pas, je dirais que c'est moi qui ai dû le neutraliser dans mon rapport. Et t'embête pas pour mes clones non plus... On est là pour servir.
Car si tous ses doubles apparaissaient en fonction de ses objectifs, ce n'était que parce que la Java source fonctionnait également de cette façon. Dévouée à ses buts, peu importe les obstacles, jusqu'à la mort. Après avoir marché quelques minutes, elle aperçoit l'échelle qui lui avait permis de descendre dans les égouts. Elle grimpe en premier pour dévisser la grille d'égouts sales, et la faire glisser le moins bruyamment possible sur le sol à la surface.
Bien sûr, ça reste un vacarme pas possible, qui s'accompagne bientôt du bruit des adeptes mécontents qui arrivent en masse. Sans réfléchir, Java redescend quelques échelons, attrape la noble par la taille pour la plaquer contre elle, et grimpe comme un marmouset ombreux pour la jeter au sol, en sécurité. Cela fait, elle lui glisse un petit « désolé » tout en se précipitant pour remettre en place la grille d'égout... pour finalement décider de s'asseoir dessus. Au moins, ça occuperait leurs poursuivants.
▬ Je les garde sous mon derrière, et tu vas nous chercher un garde de la capitale ? Je peux plus me dédoubler, mais tu devrais pas avoir de problèmes, doit bien y avoir une patrouille pas trop loin !
Elle s'installe en lotus, amusée par les bruits de coups sur la grille qui résonnent dans ses jambes. Avec un sourire paisible bien que légèrement crispé, elle insiste une dernière fois.
▬ Si tu peux y aller maintenant, ça m'arrangerait bien, parce que je sais pas vraiment combien de temps je pourrai les distraire.
Après tout, les adeptes du gloot sacré semblaient bien décidés à détrôner Java. Mais est-ce qu'ils finiraient par y arriver ? Ou est-ce qu'ils se lasseraient et se dirigeraient vers une autre sortie ? Peu importe les possibilités, la garde préférait que Zadyelle soit le plus loin possible lorsque sa distraction perdrait son effet. Peu importe les risques.
Une fois sortie des égouts, Zadyelle ne réalisait toujours pas ce qu'elle avait fait. Elle avait suivi java jusqu'à l'échelle et était montée machinalement. Elle avait encore du sang sur les mains et malgré les encouragements et le soutien de sa sauveuse providentielle, cette mésaventure allait laisser des traces.
- Si tu peux y aller maintenant, ça m'arrangerait bien, parce que je sais pas vraiment combien de temps je pourrai les distraire.
- Je ... je, d'accord j'y vais.
Elle se mit alors à courir sans même savoir par ou, dans sa quasi transe, elle ne pensa pas à crier à l'aide. Heureusement, les patrouilles de nuits n'étaient pas rare, et même si sa traversée nocturne des toits était resté discrète, quelques personnes l'avait remarqué.
- Hé vous là, qui êtes vous. L'interpella un garde.
- Désolé, je ne voulais pas faire ça mais ...
- Quoi ? Faire quoi madame. En s'approchant.
- Java ! Il faut l'aider, c'est une garde et elle m'a sortie des égouts
Le premier patrouilleur fut rejoint rapidement par deux autres,
- ça va madame, vous semblait pâle. Les deux nouveaux arrivant se regardèrent d'un air suspicieux.
- Je vous dis d'aller aider Java, sous le pont !
Finalement, voyant l'état catastrophé de la jeune femme, les deux nouveaux gardes se dirigèrent dans la direction indiquée par Zadyelle et trouveraient sûrement java rapidement.
C'est à ce moment là que son dernier clone en jeu lui revient, avec ses souvenirs. Visiblement, les deux ravisseurs n'avaient pas été identifiés, mais son clone avait suivi leur interrogatoire, aussi stérile qu'il ait pu être. Soudain, deux gardes approchent Java dans ses réflexions. Elle en reconnaît un, qui dort au même étage qu'elle à la caserne.
▬ Salut Botan !
▬ Java ! Y a une dame avec la robe toute déchirée qui est venue nous dire de t'aider !
▬ Dis à ton ami d'aller raccompagner Dame Blacks chez elle. Elle sort d'une tentative d'enlèvement, faudra peut-être augmenter les rondes dans sa rue.
Elle fait un petit sourire en voyant le deuxième garde disparaître, puis se lève et prend son arme en main. Elle a à peine le temps de se décaler que la grille d'égout saute en l'air, vite suivie par une dizaine d'encapuchonnés avec toutes sortes d'armes improvisées. Est-ce que c'est... un vase en forme de gloot ?
Deux gardes entraînés contre une poignée de civils un peu perchés, ce n'est pas très intéressant à décrire. Bien vite, la majorité se retrouve menottée, et le reste se disperse. Du renfort arrive pour ramener les adeptes capturés, et Java en profite pour faire son rapport. Tentative d'enlèvement chez les Blacks, objets magiques clandestins, un repaire souterrain, le sang d'un civil sur ses mains.
De quoi donner du travail à la garde civile de la Capitale... et de quoi alimenter les rumeurs sur la recruteuse et ses secrets. Elle repense à Zadyelle. Est-ce qu'elle ira bien ? Seul le temps pourra lui répondre.
Dans tous les cas, elle n'oublierait pas sa dette d'honneur.