Vous voilà tous deux en train de vous balader dans les rues de la ville par cette belle journée de la saison douce ! Soudainement, le cri d'une femme :
- AU SECOURS ! A L'AIDE ! LA GARDE !
Votre sang ne fait qu'un tour, vous ne pouvez pas ignorer ses appels à l'aides, il en est de votre devoir de garde. Vous vous précipitez donc vers l'origine des cris qui vous mène jusqu'à une petite ruelle. Vous arrivez tous deux en même temps et c'est ensemble que vous voyez la scène sous vos yeux... Une jeune femme, en larme au sol ainsi qu'une silhouette caché dans les ombres plus loin.
La femme vous aperçoit et bafouille :
- AU-AU VOLEUR ! Il m'a volé mon collier !
Et elle désigne au loin la silhouette qui s'apprête à prendre la fuite... Seulement avant de se faufiler dans la ruelle suivante, il vous lance une bille qui roule au sol... et explose. En laissant sortir un étrange gaz. Vous n'avez pas le temps de tergiverser, il faut partir à sa poursuite. Mais voilà que la tête commence à tourner, le sol vacille...
Vous voilà ivres.
Un effet de cette étrange fumée certainement. Et le voleur est toujours en fuite !
Pourquoi pas ? Il commençait à avoir quelques réponses à cette question. Depuis que leur ronde avait débuté, les deux gardes avaient essuyé différentes remarques de la part de la populace. Chose qu'il n'avait encore jamais subit. Bons comme mauvais, les commentaires avaient de communs qu’ils semblaient incessants. Il faut dire qu’avec son uniforme, le Capitaine était loin de passer inaperçue. Plusieurs fois son collègue Civil avait discrètement observé son reflet dans les vitrines de quelques échoppes et avait ainsi pu constater la différence de prestance qui séparait les deux individus. Un gouffre en fait.
Au-delà de cela, Adrian avait également pris le temps d’étudier le comportement de la Royale. Aux commentaires elle accordait parfois un sourire ou un regard glaçant mais globalement, restait impassible. C’était là une qualité que l’on retrouvait très peu dans ses comparses de la Civile qui avait une tendance fâcheuse à s’emporter rapidement. Tendance à placer sous le signe de la boisson bien souvent.
Un cri strident vint soudain perturber les pensées du jeune homme. Ni une ni deux, le dénommé Arthorias s’élança en direction du bruit et Adrian le suivit comme son ombre. Les deux gardes débouchèrent alors sur un théâtre bien trop commun mettant en scène une demoiselle en détresse et un danger tapis dans l’ombre. Instinctivement et de concert, les deux soldats dégainèrent alors leurs armes et s’avancèrent prudemment de leur cible, prêts à se lancer dans une course poursuite effrénée.
Quelle ne fut pas leur surprise lorsque ladite cible s’élança dans la direction opposée à celle attendue, soit vers eux. Campés sur leurs positions les deux collègues s’apprêtaient à essuyer une attaque frontale lorsque surprise supplémentaire, un brouillard de fumée les enveloppa.
« Qu’est-ce que… »
La vue d’Adrian se brouilla tout d’un coup et sa tête se mit à tourner. Etait-ce sa tête ou le monde entier qui tanguait ? Vacillant, le garde prit appui sur son épée en la plantant dans le sol.
« Gardes, gardes, il s’en va !! »
L’image double de la demoiselle en détresse se stabilisa l’espace d’une micro seconde.
« Ahh.. Thorias.. Y s’en vaaaa elle dit la dame… Viiiiite »
Oubliant son épée dans le sol, Adrian entreprit de poursuivre la cible. Il fit un grand pas, sa main toujours fermée sur le pommeau de son arme. Puis il s’arrêta net et observa la lame dans le sol.
« Tu vas venir toi ?! » Tirant d’un coup sec, il parvint à retirer l’objet du sol et perdit immédiatement l’équilibre avant de finir sa course sur la jeune femme qui était toujours au sol.
« Oh bouzour »
A 21 ans, Adrian était ivre pour la première fois.
Patrouiller avec la Garde civile était une nouveauté, non pas pour le simple plaisir de faire acte de présence devant la population, mais surtout pour apprendre à mieux connaitre les quartiers entourant le palais. De sa propre expérience, Arthorias avait constaté que si le palais et son île était une chose aussi connue que l'alphabet, tel n'était pas le cas pour les environs.
Tenter de prévoir les menaces un peu au delà ne faisait pas de mal surtout pour des soldats qui se voulaient autre chose que de simple sentinelle.
Et si l'idée paraissait parfois aux plus anciens quelque peu saugrenue, le Capitaine avait décidé de montrer l'exemple, prenant de lui même la première patrouille avec un jeune garde civil.
Cette dernière avait démarrée plutôt bien sous les commentaires tantôt positifs, tantôt négatif des civils de la capitale.
Fidèle à son rôle, cloisonné derrière son heaume d'acier, l'officier ne faisait montre que très rarement de réactions, restant droit dans ses bottes, et ne craignant nullement quelques commentaires désobligeant de la foule.
Au contraire... il était habitué à bien pire, et bien plus virulent de la part de la noblesse.
Les sentinelles d'or du palais étaient fidèle à leurs réputation de soldat impassible.
Le binôme avait tout de même échangé quelques mots et déjà Arthorias trouvait que ce garde avait un peu de bon sens, et avait lentement ouvert sa visière pour parler à visage moins masqué.
Un cris attira leurs attention, et les fis rapidement rejoindre une jeune femme éplorée et son voleur.
Une situation bien trop classique qui changea rapidement lorsque le voleur en question couru vers eux. Cela surpris Arthorias qui ne s'en laissa pas compter, trouvant la poignée de son glaive bien rapidement.
Mais là ou l'attaque aurait pu être physique, un scénario tout autre se présenta, et la petite bille qui roula à leur pied dégagea un épais nuage de fumée qui masqua un moment la vue.
Quand cette dernière revint, l'officier pris le trouble de sa vision pour un simple effet secondaire et commença à faire un pas avant de découvrir que sa jambe se déroba sous lui.
L'anneau du silence ne permit pas d'atténuer le bruit le l'impact, lorsque l'acier percuta le sol avec fracas.
Néanmoins, par force de l'habitude, sa main resta fermement ancrée sur son épée.
Comme une torture sur le dos, il balaya un moment avant de réussir à se lever, son esprit embrumé peinant à trouver le bon angle pour se remettre sur pied.
Après trois essais, il parvint à se remettre debout, la langue déliée par le mystérieux nuage
-REVIENS LA BÂTARD !
Puis il se mit à hoqueter, trouvant finalement le garde civil qui semblait s'être fait une nouvelle amie, ce qui fit rire l'officier qui s'approcha d'eux Posant sa main sur l'épaule du garde civil avant d'essayer de le relever
-Allons, hips... Cpas le moment de draguer la donzelle ! D'une car elle ne t'apportera qu'un divorce en fin de course.... hips.... et de deux car on doit quand même attraper quelqu'un !
Difficile à faire... Vu que le moindre mouvement lui donnait envie de replonger au sol, son casque lui paraissant bien lourd tout d'un coup
La voix du Capitaine raisonna dans la rue et le rappela à la situation. Ils étaient en train de poursuivre un fugitif, c’est vrai.
« Ah oui. Capeutaine. »
Maladroitement il, essaya alors de se relever pour repartir mais mit une main hasardeuse sur la poitrine de ladite donzelle, qui s’offusqua et gifla immédiatement le jeune homme avant de partir en maugréant.
« Une honte ! La boisson aura eu raison de nos gardes, que Lucy nous vienne en aide ! »
Sonné par la le coup qu’il venait de recevoir, le garde de la Civile mit instinctivement une main sur sa joue en prévention de la douleur qui allait arriver. Mais rien ne vint. Son état d’ébriété était tel que, soudain, les douleurs le traversaient sans l’incommoder et il sentit à peine la chaleur envahir sa mâchoire. Il fixa alors la jeune femme qui disparaissait dans une ruelle et haussa les épaules.
« Oups »
Il se tourna alors vers Arthorias qui la tête penchée en avant, avait l’air de tanguer en direction du sol. Alors Adrian tituba tant bien que mal vers lui et sans prévenir, attrapa son heaume pour le lui enlever. C'était quelque chose qu'il n'aurait jamais osé imaginer faire en temps normal, mais soudain, sa conscience semblait plus légère et bien plus spontanée. Il en subirait les conséquences, certainement, mais cela ne l'inquiétait aucunement.
« Vooooooooiila. Tu seras mieux comme ça ! »
Malgré son état de conscience avinée, il eut le réflexe de garder la pièce d’armure dans ses bras et la porta aussi délicatement qu’un nouveau né. Puis, il se tourna vers le garde de la Royale qu’il voyait maintenant en double, avant de partir à la poursuite du fugitif.
« On sera pas trop de trois, bonne idée ! »
Il essaya alors de se hâter dans la direction qu’avait pris l’homme étrange mais, manquant d’équilibre, se contenta d’une marche rapide en longeant le mur de la bâtisse sur sa droite. Étonnement, le sol était particulièrement cabossé et manquait de le faire trébucher à chaque pas. Il se dit qu’il devrait rapporter cela à ses supérieurs, après tout, il en allait de la sécurité des citoyens.
« Mais il est parti par où en fait ? »
Arrivé dans la grande rue, le vacarme de la vie qui grouillait et le monde qui s’activait le fouettèrent de pleine face. Il perdit un peu plus l’équilibre ce qui manqua de le faire tomber une fois de plus. Il parvint in extremis à se rattraper à une pierre qui dépassait de l’angle de la bâtisse, mais ladite pierre ne semblait pas très solide ; allait-elle supporter son poids longtemps ?
Alalala ! Mais quelle catastrophe... Arthorias n'arrivait qu'à peine à marcher, ivre comme jamais il ne l'avais été, et il ne cessait de se cogner contre le moindre obstacle, fut il imaginaire ou réel.
Et le soldat avec lui eut le malheur de lui retirer son heaume. Fort heureusement pour lui, l'officier était bien trop ivre pour en vouloir à qui que ce soit, et à quoi que ce soit.
En fait, c'est à peine s'il remarqua la différence, si ce n'était qu'un grand bol d'air lui frappa le visage.
Hochant la tête, ils partirent en titubant dans une direction... aléatoire, tentant de rattraper le voleur par un moyen ou par un autre.
-Il faut.... rattraper.... cet homme...
Des mots saccadés, et une démarche hasardeuse, bien peu digne d'un officier, et comme pour parfaire cette situation déjà désastreuse, une foule compact se dressa devant eux, comme surgie d'entre les murs pour faire un obstacle supplémentaire aux deux gardes pourtant motivés bien qu'alcoolisés
A peines tenaient ils debout, et pourtant, les deux tenaient à se lancer à la poursuite dudit suspect.
-*Hips* aucune foutu idée... mais... *hips* il va bien falloir le retrouver... POUR LA GARDE !
Dit il en hurlant à moitié, s'effondrant contre le mur alors que son armure frottait contre le mur.
Farfouillant dans son sac, il en sortit sa boite de couleur, tentant maladroitement de donner une couleur moins voyante à son armure, mais ne réussit qu'à lui donner une teinte bleu cyan détonnant sur tout le reste de la rue, mais camouflant son appartenance à la royale.
-Attend gamin.... on va... faire pareil pour toi... c'est qui faut êt' discret hein !
Sa main zigzaga jusqu'à l'homme, teintant toute sa tenue en vert grenouille, donnant au duo non plus l'air de gardes, mais bien d'aventuriers fantasques aux tenues voyantes.
Fier de lui et sa gestion des couleurs aléatoires, il rangea le tout avant de dire fier de lui !
-VOILA *hips* avec ça... on sera inaperch...ina...in.... enfin on nous verra pas quoi...
Arthorias n'avait jamais été ivre, du moins jamais autant, et tenta comme il le put de tituber au travers de la foule, tirant avec lui sa recrue du jour, les couleurs éclatantes et presque criardes faisant s'écarter la foule pour leur laisser passer.
La traversée fut digne d'une épreuve mythologique, mais ils étaient à l'autre bout de la rue... entier, et en vie...
A dire, vrai... le voleur devait être loin... très loin car la notion de temps avait depuis longtemps été effacée...
Cela fait effectivement depuis un petit bout de temps que le voleur a réussi à prendre la fuite. Mais pourtant, vous croyez toujours pouvoir aller à sa poursuite ! C'est bien, il faut persévérer dans la vie... Mais bon, il y a des moments où il faut savoir déléguer également.
C'est tout coloré que vous déboulez sur la rue principale, malgré les dires d'Arthorias, de nombreux regards intrigués se posent sur vous... Vous cherchez le voleur du regard mais visiblement, il n'a pas l'air d'être dans les environs... A moins que tous les passants soient suspects.
Dans tous les cas autour de vous se trouve :
- Un petit chariot tiré par deux petits poneys, les touristes paient pour faire tranquillement le tour de la ville en calèche.
- Une boutique de ferronnerie. Habituellement le patron est bien baraqué mais cette fois ci l'échoppe n'est tenu que par un jeune homme, tout chétif, certainement le fils ou neveux du patron. Derrière lui, une demi-dizaine d'arme blanches attendent acheteurs.
- Une petite étale de fruit et légume comme il y en a partout. En vous voyant, la vieille dame qui s'en occupe vous propose une groyave pour vous faire passer le tournis -inutile de vous préciser qu'ivre, cela va vous faire que vous sentir plus mal.
- Et forcément, une grande taverne, portes ouvertes où de jolies serveuses se baladent entre les tables de la terrasse pour apporter des bières...
Alors, vers où votre attention va-t-elle se porter ?
C’est alors que sorti de nulle part, son collègue de la Royale s’affala sur lui avec une boite de crayons magiques. Alors, le Monde d’Adrian se retrouva chamboulé à nouveau et il en perdit son orientation. La joue collée sur la pierre, il ne savait plus vraiment s’il était au sol ou debout et du bouger ses jambes pour confirmer qu’il n’était pas encore retourné embrasser le sol. Néanmoins, son état ne s’améliorait guère puisqu’il réalisa que sa tenue, d’ordinaire sobre et tintée de couleurs sombres, étaient désormais recolorée d’un vert criard qui le fit regarder à deux fois. Grenouille, oui c’était bien un vert grenouille.
Embarrassé, Adrian se fendit d’un rire aigu qui raisonna dans la rue et qu’il stoppa en plaçant sa main libre sur sa bouche. Quelques passants se retournèrent alors et lancèrent aux deux hommes des regards interloqués. Savaient-ils ? Reconnaissaient-ils les gardes ? Voilà un moment gênant qu’il faudrait expliquer aux supérieurs plus tard si cela venait à se faire savoir. L’idée relança les migraines d’Adrian qui s’affala sur un tonneau tout en observant les lieux.
« Parfait, cafoumlage réussi Cap’taine » Le soldat ne se sentait pas l’âme d’expliquer à son collègue que le cyan et le vert grenouille n’était pas forcément les couleurs les plus communes dans les rues marchandes.
Après quelques minutes de concentration, les deux hommes parvinrent à stabiliser leur environnement et discutèrent de la marche à suivre.
« Faut qu’on voie les gens là. Les… Les… Euh… Les gens qui vendent les trucs là. Moi j’aime bien les armes, j’vais aller voir le petit là… Oh et j’ai faaaaaaim aussi. Tu veux un truc ? J'pourrai dévorer un poney ! Oh, d'ailleurs, t'vas voir les poneys toi ? » Il fit quelques pas en direction des étals avant de se retourner en une pirouette peu maîtriser « On s’rejoint devant la Taverne ! » Il ne réalisa pas qu’il avait crié plus fort que de raison et ne remarqua pas que les passants évitaient maintenant son regard. Dans la suite de son périple, il se retrouva alors tel un requin au milieu d’un banc de poisson : chacun gardait une distance respectable de cet individus ivre, bruyant et coloré.
Le garde, innocent qu’il était, se laissa néanmoins porter par son ventre jusqu’à l’étal de fruits où la vieille dame qui le tenait lui proposa une goyave pour soigner son mal. Reconnaissant, il prit deux fruits afin d’en proposer un à son collègue plus tard. La surprise lui ferait sans doute très plaisir se dit-il ! Une fois la transaction effectuée, la vendeuse, dont l’âge semblait égaler celui d’Aryon, lui indiqua qu’un malfrat s’était vraisemblablement engouffré dans la Taverne non loin quelques minutes plus tôt.
« Un maflar ? Mais c’est not’ homme ! » Réalisa-t-il en tapant du poing, manquant d’écraser quelques grappes de raisins.
Oubliant presque le vendeur d’armes, il s’apprêtait à rejoindre la Taverne mais jeta tout de même un coup d’œil en direction de l’échoppe où il fut surpris de voir un petit bout d’homme tout chétif tenir la position. Interloqué, Adrian se dirigea alors d’un pas chancelant jusqu’au comptoir de la boutique de forge où il s’affala en saluant l’homme.
« Eh bonzour mon bon m’sieur ! C’qu’elle est belle vot’ échoppe, c’vous qui faites tout ça ? »
Malgré son état aviné, Adrian savait encore prêcher le faux pour connaître le vrai. Car cette échoppe n’était ni belle ni dû à un être si peu formé. Il en savait quelque chose, étant forgeron lui-même. Aussi, il prit un air amical et pointa quelques objets innocemment. Mais peut-être son regard suspicieux le trahit ou alors était-ce autre chose, toujours est-il que le vendeur se mit à trembler comme une feuille.
« N-Non M’sieur, c’est, c’est à mon oncle tout ça. Il avait une course et… Vous voulez voir qu’qu’chose ? »
Adrian ria et pour toute réponse, adressa un clin d’œil qui ressemblait plus à la tête d’un nouveau né découvrant la lumière qu’à une réelle salutation, puis se dirigea vers la Taverne. Il laissa dans son sillage un adolescent éberlué qui fixa le dos vert grenouille du garde. Voilà un échange qui remonterait surement jusqu’aux oreilles de l’oncle.
Se concentrer, quand votre tête faisait tout pour vous faire chavirer n'avait rien de plaisant et chaque pas vers cette fameuse calèche. Les gens le regardaient étrangement, mais il n'en avait que faire, se concentrant sur sa mission du moment ! Qui était de... euh...
Sa mission était d'aller jusqu'à la calèche ! Et c'était déjà bien.
La route fut longue, semée d’embûche et de rebondissement en tout genre qui aurait pu constituer une saga épique à elle seule. Mais tout ces détails ne pouvaient être retranscris, au risque de paraître bien trop longue. Un pas après l'autre, qui fut tantôt ridiculement cours, tantôt affreusement grand, l'officier parvint jusqu'à cette embarcation sur roue, s'agrippant au bastingage comme un marin en pleine tempête, la masse totale du soldat faisant légèrement tanguer la carriole
-Et bien le bonjour mademoiselle, monsieur, ou mademoiselle aussi... Enfin vous savez à notre époque c'est assez difficile de savoir, plein de gens se disent être plein de chose... Parfait même qu'un gars veut se marier à un chalupin.
Ah ça ! Beaucoup de rumeurs courraient, entre les gens alcoolisés qui chassaient les donzelles et les jeune femmes qui tenaient mieux l'alcool que des vétérans grisonnant ! Le monde tournait à l'envers, mais bon, Arthorias, perdu dans son alcoolémie était très loin de tout ça.
En fait, il ne devait pas se douter que des gens à bord, seul le cocher semblait en panique, les deux amoureux eux, étant plus qu'amusés par la situation.
-Bref ! Je viens vous voir pour clarifier un truc ! Vla, z'auriez pas vu un type assez louche passer en courant ? Il a volé un sacré collier, enfin je connais pas la valeur, mais la dmoiselle à l'air d'y tenir, alors j'suis gentil... j'essaye dle retrouver !
Mais personne ne semblaient avoir vu ledit collier et son ravisseur, ce qui fit qu'Arthorias se contenta de retourner bredouille vers son compagnon.
Ils se rejoignirent à l'entrée de la taverne, les deux formant une compagnie bariolée et haute en voix.
-Alors ? Moi j'ai rien... pas faute d'avoir demandé poliment... Mais z'avaient rien bu... enfin rien vu ! Jcrois qu'on est marron...
Mais peut être, à l'entrée de cette taverne, ou de bien charmantes créatures attendaient... ils trouveraient quelque chose... Enfin si son compagnon avait eu plus de chance
Adrian retrouva son comparse qui l’attendait comme prévu devant la Taverne. Malgré son attirail coloré, le garde s’intégrait parfaitement au tableau et essayait même d’interagir avec en discutant avec un homme ivre mort qui se reposait devant la devanture. Il aurait fallu vérifier si l’inconnu était toujours conscient. Voire toujours en vie. Mais les deux gardes étaient bien trop occupés pour cela et Adrian préféra reprendre l’attention de son collègue en l’attrapant par les deux épaules.
« T’as trouvé un truc ? Tu sais quoi, tu me diras après, j’ai un indice » Et alors, passant son bras autour du cou de l’officier, il se mit à chuchoter, comme si sa vie en dépendait mais sans se douter que ses mots étaient alors pratiquement inaudibles « Tu vois la dame là-bas ? Chuuuuuuuuuut, non, la r’garde pas, elle va t’vooir. Ok. Elle m’a dit que… Que… » Il laissa alors sa phrase en suspens, sans trop savoir où il voulait en venir lorsqu’il l’avait débutée et se redressa pour observer les lieux.
La petite place était bondée de monde, mais, mis-à-part quelques enfants curieux, personnes ne s’intéressait aux deux hommes aux accoutrements hors du commun. Le regard d’Adrian se posa sur chaque échoppe avec une lenteur inouïe afin de laisser à ses yeux le temps de s’accommoder et d’en percevoir les vendeurs. Dans le magasin de l’autre côté de la rue, il semblait y avoir de l’agitation. Sa vue brouillée ne lui permit que tardivement de comprendre : visiblement, l’oncle du gamin qui tenait l’armurerie était revenu et, à en croire par le doigt pointé dans sa direction, il s’apprêtait à toucher deux mots à la grenouille insolente. Cette dernière, réalisant dans un moment de lucidité que ses cuisses allaient finir à la broche, empoigna son collègue et sautilla jusqu’à l’entrée de la Taverne où tout deux s’engouffrèrent sans un regard en arrière.
L’odeur qui frappa le jeune homme, mélange d’alcool, de sueur et d’urine, eut l’effet appréciable de lui redonner un semblant de lucidité. Il se souvint alors des allégations de la vieille dame.
« Ah ! Oui ! On m’a dit qu’le méchant était par là… Garde les yeux ouverts ! »
Écarquillant les siens d'une façon absolument pas naturelle, il lâcha son comparse et se mit à dévisager chaque client de la Taverne. Ainsi, le jeune homme, malgré son désir de rester discret, s’approcha de chaque table pour en observer les occupants. Quelques hommes haussèrent la voix et firent ainsi déguerpir l’intrus qui finit par s’affaler en soupirant auprès d’un homme seul et encapuchonné.
« Z’ont tous l’air coupables ces gens ! T’en penses quoi l’ami ? T’es coupable toi ? Et pourquoi tu portes une capuche d’abord ? T’sais, il va pas pleuvoir aujourd’hui... ! Quoique j’ai vu quelques nuages ce matin… » Il jeta un coup d’œil à son interlocuteur et ria de sa bêtise. « Mais j’suis bêeeeete. T’es dans une Taverne, tu crains pas la pluie ! »
L’alcool rendait peut-être naïf, mais dans le cas d’Adrian, déjà crédule de nature, l’effet était poussé à son paroxysme. Un homme, encapuchonné, seul et muet dans une Taverne, ça ne courrait pas les rues… * Contrairement aux méchants, qui eux courent les rues d’ailleurs, quand on y pense. Parce qu’on les poursuit, alors ils s’enfuient*
Trouvé quelques chose ? Ils cherchaient quoi déjà ? L'officier ne s'en souvenait qu'à peine, se rappelant avoir titubé jusqu'ici dans l'espoir de rejoindre Adrian, le reste n'allait guère plus loin.
Il fit non de la tête, ce qui manqua de le faire tomber à la renverse alors que sa vision tentait péniblement de suivre les mouvements de sa tête.
Pire... Il dut même s'accrocher au jeune homme pour ne pas finir dans un banc.
Au moins, ils passaient inaperçus, les aventuriers n'avaient d'yeux que pour les serveuses, et un duo étrange de plus ou de moins n'était visiblement pas pour étonner la populace locale qui ignorait les deux soldats pour le plus grand plaisir des deux.
-Nan... rien du tout... J'pense quc'est foutu...
Et une fois dans la taverne, la révélation vint d'elle même. Ah oui ! Le voleur, celui qui était la source de tout ce fiasco... Bon et bien s'il était là... C'était le moment de le trouver ! Même si tout le monde avait l'air louche... Déceler celui qui l'était ENCORE plus, voilà une affaire bien peu aisée
Il fit son petit tour, mais sans succès et atterrit près d'Adrian et son nouvel ami à capuche.
-Cvrai cqu'il dit, la capuche c'est pas top à l'intérieur !
A croire que tu veux tout faire pour qu'on te reconnaisse pas, alors qu'en fait on voit que toi ! C'est une sorte d'invitation au dialogue ? Le coup du mystérieux rodeur si sombre qu'il en fait trembler les gens ?
Bah c'est raté, en fait t'a juste l'air d'un clochard qui à oublié de quitter son manteau, mais jvais t'aider parce que ce soir... Je suis sympa !
Avec une certaine absence de grâce, le jeune homme tira la capuche, puis le manteau tombant du banc avec ce dernier alors qu'un son métallique se faisait entendre contre son plastron, un joli collier qui semblait être semblable au fameux qu'ils devaient chercher.
Enfin... Il pensait, car Arthorias avait un peu oublié l'objet en question, mais en tout cas, un si beau collier n'allait pas avec un prépubère qui n'avait rien d'un criminel
Le bruit des menottes passés à ses poignets dut le faire réagir, car notre adolescent perdit tout sens du dramatisme en les ayant sur lui.
Commençant presque à se débattre.
-Moi ce que j'en dit... c'est qula garde sra surement intéressée de savoir comment tu as eu ça ptit et quelqu'un bien ravi de retrouver son collier
Pas vrai Alian ? Adian ? Enfin.... collègue ?
Naturellement, il retira le couvre-chef de l’inconnu et le garde civil fut alors envouté par la beauté du bijou qui ornait le cou du… pré-pubère ? S’y reprenant à deux fois, Adrian dévisagea l’inconnu pour s’assurer que ses yeux ne lui fassent pas défaut. Mais comment un individu aussi jeune avait-il pu se procurer un tel objet d’apparat ? Étaient-ils en présence d’un noble ? Cela pouvait expliquer qu’il n’eut pas voulu qu’on le reconnaisse ! Confus, le civil s’apprêtait à bredouiller des excuses quant à son état aviné lorsque Arthorias, plus sûr de lui, sortit ses menottes pour les passer aux poignets de l’adolescent.
Adrian resta un instant interloqué. Le collier... La peau grasse et salle de son porteur... Arthorias qui souriait victorieux... Le collier… Les joyaux qui scintillaient… Le manteau lourdement ramassé au sol… Arthorias qui maintenait l’inconnu… Le collier… Où avait-il aperçu ce type de bijou… ? Une pierre verte émeraude polie et sertie dans un montage doré…
« LA DAME ! » S’écria-t-il alors tout en tapant du poing sur la table. On aurait pu croire que son cri lui aurait valu l'attention de la populace mais chacun était habitué à de tels éclats en Taverne et le brouhaha continu ne fut aucunement perturbé.
C’était donc ça ! La dame sur laquelle il était tombé plus tôt, et qui avait subit une agression, un vol même, portait des boucles d’oreilles tout à fait similaires aux pierres qui ornaient le butin de l’adolescent ! Ni Adrian ni Arthorias n’avaient prêté attention à ce détail plus tôt, mais maintenant qu’il voyait la pièce volée, tout semblait concorder. Se tournant vers l'Officier de la Royale, le garde de la Civile lui accorda un hochement de tête en guise d'approbation. Quel sens de la déduction alors !
Voyant que le petit voleur commençait à s’agiter, Adrian héla alors des collègues à lui qu’il avait repéré en entrant dans la Taverne.
« Eh les gars, v’voulez pas aider ? »
Un homme court sur pattes mais trapus comme pas deux se dirigea alors vers la drôle de tablée. La choppe à la main, il s’enfila une grande gorgée avant de s’essuyer la bouche d’un revers de manche et fut vite imité par les deux hommes qui l’accompagnaient -d’autres gardes. Voilà un homme qui portait en lui tout le charme de la garde. Mais outre cela, il était un bon larron et Adrian lui faisait confiance.
« Ah Adrian ! T’as l’air bien rond dit donc ! Ça fait plaisir qu’tu goutes enfin à la boisson, on se faisait du souci avec les aut’ tu sais ? Un garde qui boit pas ça tient pas ! Et il se mit à rire à sa propre blague, vite suivit par deux de ses acolytes. Qu’est-ce qui t’arrive ? »
Expliquant tant bien que mal la situation, Adrian demanda à ses confrères de prendre la suite, son état n’allant pas en s’améliorant. Visiblement, l’état alcoolisé qui lui avait été imposé allait durer un bon moment. Sous les conseils avisés des trois hommes, il s’installa alors à la table et commanda deux choppes de bières pour « combattre le mal par le mal ».
Cette poursuite plus que difficile terminée, Arthorias et lui pouvaient désormais se reposer et profiter d’un rafraichissement bien mérité.
.: RP Terminé :.
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