Aujourd'hui, c'est jour de stage ! J'accueille une ou des personnes intéressées par les animaux pour leur montrer ce qu'une vétérinaire peut faire de sa journée. C'est super ! Peut-être que ça va les pousser à changer de travail, allez savoir.
En tout cas, je dois m'entraîner à ne pas bégayer et ne pas avoir peur quand ils m'adresseront la parole. Devant mon miroir, je m'entraîne à articuler le discours d'accueil que j'ai écrit pour eux. D'une voix forte, je bombe le torse pour me donner un peu l'air d'une vétérinaire qui en jète.
- BONJOUR A TOUS ! BIENVENUE DANS LE CENTRE DE SOIN ET D'ADOPTION DU VILLAGE PERCHÉ !
Peut-être faudrait-il que je parle un peu moins fort...Je continue de le réciter plus d'une vingtaine de fois. Aucune bafouille, aucun lapsus. Par-fait ! Je me sens prête à déplacer des montagnes aujourd'hui. Je regarde l'horloge au-dessus de la porte de la chambre : mince ! Il est presque l'heure. Pas le temps de manger, ce n'est pas grave.
- Ah, Chrys. Te sens tu prêtes à accueillir les stagiaires ? Je t'ai entendu répéter ton texte.
- Maman ! Arrête de m'écouter !
- Tu sais bien que ce n'est pas de ma faute, ma chérie. C'est comme ça.
"C'est comme ça"...gnagnagna. Il ne fallait tout de même pas trop l'offenser en le disant de vive voix, c'est quand même elle qui s'occupe des patients pendant que je fais la visite des lieux.
- Tout ira bien pour toi, aujourd'hui ?
- Mais oui. Je te signal que je gérais déjà tout cela bien avant ta naissance. Allez, va te poster devant l'entrée pour ne pas rater leur arrivé.
Maman est bien un des seuls humains à pouvoir me voir arriver. Avec son pouvoir d'ultra ouïe, il lui est tellement facile d'entendre mes bruits de pas, ou même ma respiration. Mon père, par contre...
Je me poste sur les escaliers de l'entrée du entre de soin. Il est bientôt l'heure du rendez-vous. Je ne sais pas exactement combien ils sont, ça sera la surprise ! Ce genre de stage est une première. J'ai posté une demande un peu partout dans la capitale. Bien sûr, c'est un stage non-rémunéré, juste pour avoir la joie de passer une journée entière avec des animaux. Je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir leur faire visiter et les activités.
Je suis tellement concentrée sur mes pensées que j'en oublis de regarder la route.
Devant le jeune homme, une immense canopée abritant des bâtisses perchées s'étalait à perte de vue. L'atmosphère apaisante et enchanteresse des lieux rendait tout admiratif l'énergumène qui ne connaissait jusque là que le vacarme de la ville et la valse incessante des citoyens. Rognant un trognon de pomme, Nathanaël observait avec merveille les épais feuillages faisant s'écouler doucement la lumière du jour au travers de la cime des arbres, baignant de ses chauds rayons le village arboricole.
" - Eh bien en tout cas, merci encore pour votre aide monsieur l'aventurier... " lui adressa un homme âgé, à la toison grisonnante et au sourire chaleureux.
Lui, c'était Edann Bonneterre, un vénérable vigneron cultivant ses terres aux abords de la capitale et commerçant ses grands crus tout le long du royaume d'Aryon. Rencontré un peu par hasard sur la place commerçant de la capitale il s'était arrangé deux jours avant d'un commun accord avec l'étrange garçon pour mener à bon port l'une de ses dernières cargaisons de vins.
" ... vous m'avez été d'une grande aide ! Ah vous savez, si seulement Bronn ne s'était pas mystérieusement blessé quelques heures avant mon départ, je n'aurais pas eu a employer vos services. Mais à mon âge, il est difficile de traverser ces terres, surtout lorsque ... blahblah... " Renchérit-il en un monologue long et fastidieux.
Écoutant d'une oreille sourde les diatribes du vieillard, Nathanaël extirpa de sa poche un parchemin froissé, clairsemé de tâches de vin et de miettes de pains sur lequel on pouvait encore lire en entête d'une écriture élégante " Centre de soin et d'adoption du village perché : Stage d'initiation animalier animé par le docteur Chrystielle Keyser ". Le document décrivait avec enthousiasme un stage encadré durant lequel les conviés aurait la chance de côtoyer et d'en apprendre plus sur les animaux des fabuleuses terre d'Aryon au côté d'un spécialiste.
" ... en tout cas c'est bien étrange que vous fassiez tout ce chemin pour un simple stage ! Vous savez il existe un grand nombre d'animalerie ou de spécialiste directement à la capitale, enfin, ce n'est pas moi qui vais me plaindre me direz-vous. Vous saviez que j'ai possédé dans ma jeunesse un coquin de feupagnol ? Il s'appelait Jack ! Ah... c'était un petit farceur vous savez ! Toujours le nez dans mon sac ! Fort heureusement l'odeur de souffre qu'il déga.... "
Nathanael interrompit le flot incessant du discours de l'ancien, tendant nonchalamment à son visage le prospectus qu'il tenait plus tôt.
Le vieillard intrigué ajouta d'une voix confuse " Oh ! Mais qu'est-ce-que c'est ? Je n'ai pas mes lunettes sur moi mon garçon, il va m'être difficile de ... "
" Tenez ce papier pour moi s'il vous plait " lui demanda Nathanaël d'une voix pleine de mystères.
Le doyen exprima son questionnement d'une moue troublée, mais s’exécuta promptement tenant devant lui le document des deux côtés.
Plongeant une main dans son sac, l'augure en retira une boite d'allumettes écrasée. Puis sans crier gare en alluma une, approchant d'un geste vif le bout incandescent du papier.
Le vieillard poussa un grommellement d'étonnement tout en lâchant le parchemin. " Mais qu'est ce que vous faites ?! " s'écria-t-il.
Le jeune homme resta impassible, observant avec rigueur les flammes consumant la matière et les lettres, transformant en de fines particules noirâtres le morceau de papier.
" Ces aventuriers alors ! Y'en a jamais un de normal c'est indécent ! " proféra le vieil homme sous le choc.
D'un œil affûté Nathanaël observa le pamphlet se désagréger, cherchant en ce symbolisme le moindre signe de la main du destin. Soudain une bourrasque de vent aussi inattendue que précipitée emporta avec elle les cendres vers les hauteurs dans une spirale grisâtre et rougeoyante.
Le garçon esquissa un sourire satisfait alors que le patriarche faisait un pas en arrière devant l'incrédulité de la situation.
" Merci beaucoup l'vieux ! " S'écria l'aventurier tout en enlaçant le doyen dans ses bras.
" Que ... le... " grimaça l'homme, dans une incompréhension totale.
" Bon, je vais pas trop tarder quand même ! J'ai deux arcanes mineurs en rencontre et en fortune, va falloir en profiter rapidement. Continua-t'il tout en relâchant son étreinte.
En tout cas c'était très aimable de votre part de m'avoir conduit jusque ici ! Bonne chance dans votre commerce de ... enfin vos affaires ! " Termina-t'il rapidement avant de se diriger tout jambe en avant vers les imposants escaliers grimpant le long des troncs des arbres.
*Un peu bizarre ce vieux, mais franchement sympathique.* Pensait-il tout en gravissant à petite foulée les marches de bois menant au village suspendu.
Après quelques minutes de grimpettes Nathanaël parvint enfin au niveau du village. D'ici la vue était tout bonnement éblouissante, bien plus grandiose et étendue qu'en contrebas. Des cabanes de bois fichées par de solides fondations à la cime des arbres créaient un immense réseau arboricole, entremêlant une architecture atypique et un cadre charmant.
Les yeux du jeune homme étaient tout écarquillés alors qu'il admirait bouche-bée la grandeur du paysage fantastique s'offrant à sa vue.
Contemplant avec curiosité et admiration le cadre enchanteur de la zone, celui-ci se ravisa rapidement de perdre plus de temps en extase. Le destin l'avait conduit jusque ici pour un but précis, trouver l'endroit ou se déroulerait le stage en animalerie, et aussi ridicule et incongrue que cela pouvait sonner pour le quidam moyen, l'aventurier était persuadé qu'il devait y participer, les cartes ne mentent jamais.
Une brise légère s'éleva, soulevant avec elle un mince tapis de feuilles étalé sur le sol. Le devin suivit la direction du vent jusqu'à arriver en direction d'un ancien bâtiment bien entretenu, fourbu d'un escalier menant à une porte au dessus de laquelle on pouvait lire sur une petite pancarte discrète : " Centre de soin et d'adoption du docteur Chrystielle Keyser. " Celle-ci semblait être neuve et avoir été installée il y a peu.
Balayant de droite à gauche la plateforme et la boutique, Nathanaël cherchait du regard la présence d'un ou plusieurs individus ou même du propriétaire des lieux. A son grand étonnement, il n'y avait pas une seul personne à l'horizon, le jeune homme décida alors de profiter du soleil et du calme environnant en s'asseyant sur les escaliers attenant à la boutique, de toute manière il avait du arriver un peu trop tôt.
Le garçon prit une grand inspiration observant avec passion la nature environnante, se laissant bercer par la doux pépiement des oiseaux et le bruissement langoureux du vent dans les frondaisons, un moment si paisible dans la vie d'un aventurier se devait d'être apprécié à sa juste valeur. Cet instant presque hors du temps se poursuivi pendant un long moment, rythmé seulement par les sons et senteurs de la forêt telle une mélodie doucereuse, un spectacle silencieux et contemplatif.
* C'est étrange ... Il n'a pas l'air d'y avoir grand monde... s'interrogea le jeune homme, sondant le parvis de la boutique. ..au moins j'ai une agréable compagnie ... *
De délicats oiseaux colorés sautillaient non loin de lui, leurs petites pattes cliquetant sur le parvis du centre. Ceux-ci picoraient les interstices de la structure, probablement à la recherche de quelconques insecte.
" - Vous avez l'air d'avoir faim ... Glissa doucement Nathanaël.
L'aventurier posa son sac sur ses genoux, fouillant quelques instants à l'intérieur de la poche centrale puis tout sourir en extirpa une miche de pain séchée. Le jeune homme prit grand soin d'émietter le quignon dans le creux de sa main, ne laissant que de fins morceaux facilement consommables pour les mignons petits volatiles.
... A table ! " Dit-il d'un ton enjoué, projetant délicatement les miettes devant lui.
Les oiseaux s'approchèrent curieux, leurs petites têtes bougeant avec entrain et intérêt puis, se mirent à picorer le sol, sautillant avec joie.
Nathanaël observait la scène, une mine heureuse placardé sur son visage pourtant d'habitude si terne. Au final, cette petite expédition dans ce charmant petit village commençait déjà à lui plaire.
Ho ! Des petits oiseaux ! Qu'est-ce qu'ils sont mignons ! Je les regarde des miettes lancé sur ma droite.
- Ah !
Un homme ! A côté de moi ! Mais ça fait combien de temps qu'il est là ? Je n'ai pas pu m'empêcher de bondir en arrière. C'est bien la première fois qu'on me surprend !
- Désolée ! J-je n'avais pas vu qu'il y avait quelqu'un à côté de moi.
Je regarde ce jeune homme qui a fait une arrivée des plus silencieuses. Il ne vient pas d'ici, sinon je l'aurai remarqué depuis longtemps. Ses cheveux bruns cachent légèrement ses yeux, lui donnant un air mystérieux. En levant les yeux, je me rend compte qu'il me regarde également, et je ne peux pas m'empêcher de rougir et de détourner le regard.
-J-je suis désolée....je ne voulais pas vous dévisager de la sorte...
Je triturais nerveusement mes doigts. S'il ne vient pas du village, c'est sûrement qu'il vient de la Capitale ! J'aurai une multitudes de questions à lui poser ! Mais pour l'instant, il fallait que je sache s'il était là pour le stage, ou juste pour profiter des arbres ombrageux.
- Vous êtes venus ici pour quelque chose en particulier ?
Le jeune homme explique qu'il a vu une annonce sur le tableau de la Guilde des Aventuriers et qu'il était intéressé par ce stage journalier. Folle de joie, je tape dans mes mains, un grand sourire aux lèvres.
- Aaah ! Je suis super contente que quelqu'un soit venue !! Mais je crois que vous êtes le seul.
Me rendant compte que je ne mettais pas présenté, je le fais rapidement. Il me suit : Nathanaël, quel magnifique prénom...je continue à le fixer, ne pouvant presque pas me détacher de ses yeux verts.
- Je....ça-ça vous dit de commencer la visite du centre ?
Je me lève des marches du perron, et commence à faire l'éloge du village perché.
- Le village et la forêt tout autour sont une mine à animal ! C'est fascinant le nombre d'espèce qu'on peut y trouver. Il y a aussi un grand parc où des promenades sont possibles. Et qu'est-ce qu'elles sont magnifiques aussi ! je m'arrête quelques instants Je...ça vous dérange pas ? V-vous pouvez m'interrompre si je parle trop ! J'ai tendance à beaucoup parler quand je suis passionnée par le sujet...
Nathanaël sursauta, tournant rapidement sa tête à droite il y avait a présent devant son regard incrédule un petit bout de femme assis à quelques centimètres de lui et semblant tout autant étonnée de sa présence que de l'inverse.
Ses cheveux orangés comme les feuilles de l'automne flottaient doucement, révélant ainsi de beaux et profonds yeux bleus enchâssés en un charmant minois, elle devait être probablement aussi âgée que l'augure. Se professant en excuse la belle inconnue détourna rapidement le regard, gênée visiblement par cette rencontre impromptue, ce qui ne manqua pas de faire esquisser à Nathanaël un sourire enjoué.
La jeune femme s'exprimait rapidement, comme si les mots s'échappaient de sa bouche en une sarabande endiablée entremêlée d'hésitation et de pudeur timide. Sa voix n'était cependant pas irritante malgré un léger bégaiement à demi-ton, c'était un timbre doux et calme comme celui d'un professeur ou d'une personne lisant une histoire.
" - Vous êtes venus ici pour quelque chose en particulier ? " Enquit l'étrange demoiselle, jouant d'une main habile avec ses cheveux, le regard minaudant et l'air alerte.
Le garçon expliqua avec entrain les raisons de sa venue, omettant volontaire d'y inclure sa prédiction. A ces mots, la belle rousse décocha un immense sourire en direction du jeune homme celle-ci semblait enchantée par cette nouvelle. Sa timidité se mût pendant quelques instants en une joie contagieuse qui ne manqua pas de faire se dessiner une moue amusée sur le visage de l'aventurier.
L'attachante individu se présenta sobrement à lui comme l'organisatrice de cet événement " Chrystielle Keyser " vétérinaire de métier. Ses petits yeux brillants braquées contre les siens, Nathanaël flancha durant quelques secondes, il n'avait pas l'habitude de soutenir longuement les regards et qu'une si charmante femme le fixe aussi longtemps lui fît perdre quelques instants ses moyens.
*Elle est vraiment mignonne...*pensa-t'il intérieurement.
" - Je....ça-ça vous dit de commencer la visite du centre ? " Continua-t'elle d'une voix fébrile.
" Avec plaisir docteure ! " Lui répondit-il tout en continuant de l'admirer de haut en bas.
La ravissante docteure se mît debout, du haut de ses jambes elle ne devait pas mesurer plus d'un mètre cinquante-cinq, ce qui la rendait encore plus mignonne aux yeux du corbeau.
Elle reprit d'une voix enjouée :
- Le village et la forêt tout autour sont une mine à animal ! C'est fascinant le nombre d'espèce qu'on peut y trouver. Il y a aussi un grand parc où des promenades sont possibles. Et qu'est-ce qu'elles sont magnifiques aussi !
* Il n'y a pas que les promenades qui sont magnifiques * Pensa-t-il, un sourire en coin la fixant alors que de chauds et épais rayons de soleil venaient illuminer sa chatoyante toison auburn.
Je...ça vous dérange pas ? V-vous pouvez m'interrompre si je parle trop ! J'ai tendance à beaucoup parler quand je suis passionnée par le sujet...
Nathanaël se releva prestement, se plaçant au côté de la vétérinaire et plongeant une nouvelle fois son regard dans le sien, se perdant quelques secondes en ses belles pupilles azurées.
Le jeune homme lui répondit alors du tac au tac :
" Non bien sûr que non docteure ... ! Ce que vous me dites là est essentielle pour comprendre l'écologie de la faune locale !
L'aventurier marqua un temps de pause, observant les alentours et inspirant un bon bol d'air frais.
Et puis je serais bien bête de ne pas écouter les enseignements d'une personne aussi intelligente que vous ! Présentez moi dont tout ce que vous jugerez nécessaire à la réalisation de ce stage... peut être pourriez vous même un jour si le cœur vous en dit me faire visiter le parc du village et me montrer les ballades dont vous me vantez la beauté ! "
Un rire agréable s'extirpa de la bouche du corbeau alors qu'il observait la nature autours de lui, verdoyante et luxuriante, scintillante sous la lumière d'un soleil chaud.
Les gens passionnées dégagent une bonne humeur contagieuse docteure ! " Termina t'il en se tournant à nouveau vers Chrystielle.
Nathanaël adressa une mine affectueuse à l'intention de sa jolie maîtresse de stage, impatient d'en savoir plus sur ses connaissances mais également sur elle.
Je suis contente, quelqu’un s’intéresse à l'environnement animal ! Comme je ne rencontre pas beaucoup de nouvelles têtes, j'explique tout cela à des gens que je connais déjà, et ça les énerve assez rapidement. Mais là, si ça ne le gêne pas, je vais pouvoir lui apprendre plein de chose utile pour la vie quotidienne !
- Je vais vous faire visiter les centre alors ! Je ne pense pas qu'une autre personne vienne. On ne sera que tous les deux toute la journée !
Prenant conscience de la situation dans laquelle je me trouve, j'essaye de rectifier le tir.
- Enfin...si ça ne vous dérange pas de passer la journée avec moi, hein...
Toute seule avec un inconnu...qu'est-ce qui peut m'arriver ? Je ne pense pas qu'il soit méchant. Quelqu'un avec un regard aussi doux ne peut pas être méchant, hein ?
J'ouvre la marche. Une fois rentrer dans la salle d'accueil, je lui explique que c'est ici que nous faisons patienter les clients. Il faut prendre rendez-vous, mais bien sûr, il arrive qu'une urgence se présente. Dans ce cas là, il faut se dépêcher de finir ce qu'on fait pour pouvoir commencer l'examen le plus vite possible.
- La semaine dernière, je me souviens, j'ai eu le droit à un renard de saison qui s'est approché trop près d'un porc-épic. Il avait des aiguilles partout sur le pelage !
Je rigolais doucement en me rappelant de la tête qu'il me faisait. Ça fait mal oui, les porc-épic ont des pics si longs et si pointus. Mais ce n'est jamais dangereux, si on veille à tout enlever. Je continue donc la visite par la salle d'examen. La salle est grande, assez pour la plupart des animaux que j'ai le plaisir d'examiner. En son centre, une table haute en bois, ainsi que deux petits tabourets pour le vétérinaire et le maître. Il y a également des meubles de rangements haut et un plan de travail. Il est généralement bien encombré, entre les différents dossiers des patients et tout ce que je laisse traîner. Mais j'ai un peu de place pour pouvoir mettre les outils qu'il me faut.
- Je demande au maître d'allonger l'animal sur la table et de lui demander pourquoi il vient. Après, selon la demande et l'état de l'animal, soit je l'endors, soit j'arrive à assez bien le maîtriser pour faire l'examen alors qu'il est encore debout. La porte juste à côté, c'est la salle d'opération. Le client n'a pas le droit de venir avec son animal, il n'y a que moi et la pauvre bête. Parfois ma mère aussi, quand l'opération est trop compliqué pour que je le fasse toute seule.
Je fait glisser mes doigts d'avant en arrière sur la table d'examen. Elle commence à être vieille, on peut y voir de nombreuses traces de griffes, et même de crocs enfoncés. Je regarde Nathanaël, qui n'arrête pas de me fixer.
- Heu...il-il y a quelques choses que vous n'a-n'avez pas compris ?
S'il le faut, je me répéterais des millions de fois. J'aime tellement mon travail que parler de lui toute la journée ne me dérange en aucun cas. Même ! C'est un véritable plaisir pour moi.
Et puis, à force de le fixer, je me rend compte qu'il a les lèvres gercées. Je me rapproche rapidement de lui, m'inquiétant de la douleur qu'il doit avoir, plus que l'espace de plus en plus petit entre nous. Comme si je m'occupais d'un animal blessé, je passe délicatement un doigt sur sa lèvre inférieure, pour me rendre compte de l'étendu du problème.
- Vous avez les lèvres tellement sèches ! Il faut vite vous donner quelques choses pour pouvoir les réhydrater !
Puis je me réveille, me rendant finalement compte de mon geste déplacé et de ma proximité avec lui. Je suis sur a pointes des pieds, le corps presque totalement appuyé contre le sien. Ma tête est tellement proche de la sienne !
Je recule rapidement, prenant mon visage rougi par la gêne entre mes mains.
- JE SUIS TERRIBLEMENT DÉSOLÉE ! Je...ne m'étais pas re-rendue compte que j'étais aussi près de vous...je su-suis totalement confuse...
Je commence à citer toutes les excuses de mon vocabulaire, en espérant que cela suffise pour laver la situation dans laquelle je nous suis mise.
La belle demoiselle lui fît alors visiter son cabinet avec en premier lieu la réception. Expliquant minutieusement le fonctionnement et l'écologie d'un cabinet, la vétérinaire prenait soin de décrire les étapes nécessaires à la prise d'un rendez vous ou encore la manière de gérer une situation d'urgence animale.
Agrémentant ses descriptions d'une touche d'humour, elle ne manqua pas d'animer la visite en contant l'une de ses rencontres avec un renard recouvert de dards de porc-épic ! Nathanaël s'imagina alors la pauvre bête ressemblant probablement plus à un coussin d'aiguilles à coudre qu'à un noble et fier renard. Cela dit, une bête aussi intelligente et vive d'esprit qu'un goupil avait eu à subir une grande infortune dans le choix de son repas pour finir en cet état, pensa-t'il.
Le jeune homme imagina ensuite la douleur qu'avait du ressentir cette bête, songeant à ce qu'il ferait recouvert d'épine de la taille d'une main partout sur le corps il frissonna avant de faire disparaître cette pensée de son esprit. Le rire singulier du docteur K fît émerger l'augure de sa réflexion, il l'a suivi prestement alors qu'elle le fît entrer dans une seconde salle, cette fois-ci plus grande que la précédente et meublée avec soin.
Des outils et appareils de chirurgies, de nombreux dossiers et documents emplissaient la salle. Une odeur caractéristique de propre mélangé à du désinfectant flottait dans la pièce, c'étaient là les senteurs et les couleurs d'un véritable cabinet médical destiné au traitement des humeurs et des douleurs. L'aventurier fureta du regard, cherchant un quelconque symbole porte bonheur, un grigri ou une babiole de bonne aventure, par habitude sans doute.
La jolie érudit continua sa présentation, expliquant de ses petites mains la manière dont elle maîtrise un animal dans le cadre d'un examen. L’haruspice considéra avec attention la vétérinaire, il imaginait qu'elle devait compenser sa petite stature par une grande maîtrise de son art médicale ainsi que des prises toutes adaptés aux différents patients qu'elle reçoit. Il est fascinant de voir alors a quel point il est possible de maîtriser des bêtes imposantes et féroces d'un simple pincement ou encore d'un seul doigt. Il est évident que pour certains et surtout pour éviter la souffrance d'une bête il soit nécessaire de l'endormir, cependant la doctoresse avait l'air suffisamment expérimentée pour n'en recourir qu'en cas extrême.
Continuant d'écouter attentivement la professeure, d'un regard aiguisé Nathanaël scruta la table d'opération, celle-ci était marquée de profondes marques, de sillons à même le bois, vestiges d'incalculables animaux étant passés avant, certains sûrement dangereux voir même mortels pour l'homme. Les yeux du garçon remontèrent sur les mains du médecin, bien que fines et graciles, celle-ci semblaient agiles, habiles et capables. Derrière cette petite femme se cachait très certainement une spécialiste consciencieuse et à ne pas sous estimer, telles en témoignaient les cicatrices ténues pouvant être aperçue d'un regard avisé.
" - Heu...il-il y a quelques choses que vous n'a-n'avez pas compris ? " Une petite voix interrogative fît sortir le garçon de sa torpeur.
D'un mouvement rapide de la tête le jeune homme confus indiqua qu'il avait tout suivi jusque là, ne voulant pas offusquer la doctoresse par son attitude inappropriée. Un léger moment d’abattement fît place au rythme soutenu de la visite alors que les deux individus se fixaient mutuellement, sans dire mot. Nathanaël s'interrogea, avait-il vexé la vétérinaire ? Celle-ci semblait l'observait avec insistance, comme s'il elle l'auscultait à distance.
Soudain, la jolie jeune femme se mît d'un seul coup en mouvement se retrouvant nez à nez avec l'aventurier, celui-ci fût prit d'étonnement alors qu'elle se mît à passer délicatement son doigt sur ses lèvres. Un frisson lui traversa le corps alors que ses joues pâles se mirent à rougir légèrement, il ne s'attendait pas du tout à une telle chose de la part de sa maîtresse de stage.
" - Vous avez les lèvres tellement sèches ! Il faut vite vous donner quelques choses pour pouvoir les réhydrater ! " Déclara-t'elle d'une voix douce empreinte d'inquiétude.
Les deux individus étaient à présent très proches, Nathanaël pouvait sentir la respiration chaude et lente du docteure contre son cou ainsi qu'un odeur légèrement sucrée dégagée par ses beaux cheveux roux. Pendant quelques instants celui-ci se perdit dans le regard de son interlocutrice à la fois charmé et intrigué par ses agissements.
L'adorable fille recula d'un mouvement vif, soudainement gênée par la promiscuité de la situation, se profusant abondamment en excuse.
- JE SUIS TERRIBLEMENT DÉSOLÉE ! Je...ne m'étais pas re-rendue compte que j'étais aussi près de vous...je su-suis totalement confuse... "
Le garçon aux yeux d'émeraude resta un instant silencieux, observant la professeure gesticuler avec confusion et visiblement embarrassée au possible, se remémorant le contact doux et léger de ses doigts contre sa lèvre.
" -Oh ... euh ... ahah suis-je bête... ! plaisanta Nathanaël tentant de mettre à l'aise la jeune femme.
... Je ne pense jamais vraiment à ce genre de chose .... Il passe son index sur ses lèvres.
La vie d'aventurier est tellement éreintante .. on en oublie même des fois des choses aussi simples. Enfin si vous le dites docteur, c'est que ça doit être quelque chose ! Je devrais peut être arrêter de me mordre les lèvres ahah.
Termina-t'il, offrant un grand et chaleureux sourire à l'intention de son interlocutrice, avant de reprendre :
" Vous êtes en tout cas très observatrice .... le jeune homme s'approche à son tour de la plaisante doctoresse.
... c'est une belle qualité que l'attention au détail .. surtout dans votre métier ... une habitude sans doute ? " Le jeune homme s'arrête à quelques centimètres seulement d'elle, attrapant délicatement l'une de ses mains et tournant sa paume vers lui.
Vous comprenez mieux que quiconque le langage des corps...les humeurs et remous des êtres vivants. L'empathie est une jolie chose... et si je suis moi même incapable d'avoir votre expertise... " L'augure passe avec soin son index sur les lignes de sa main.
" Oh ! Votre ligne d'esprit est ample et profonde, vous êtes quelqu'un de passionnée, amoureuse de votre travail avec une grande soif de connaissance .... Continua-t'il, faisant jouer de ses doigts sur la paume du docteur.
Votre ligne de santé et de destin sont elles aussi très intéressantes ... Vous êtes promis à une longue et heureuse vie ... mais également à de formidables rencontres ... des gens venus des quatre coins du royaume amenant des bêtes plus fantastiques les unes que les autres ... je vois des créatures immenses, minuscules ...mais aussi du danger ... Cependant votre ligne de santé n'est pas rompue... "
Nathanael s'arrête quelques instants, fixant à nouveau l'attirante jeune femme dans les yeux.
Pour votre ligne de coeur ... le mystérieux garçon referme la main du docteur.
... Il vaux mieux parfois écouter ses propres battements. "
Je pensais qu'il allait s'éloigner de moi, et faire comme si rien ne s'était passé. Mais au lieu de cela, c'est lui qui revient vers moi, brisant une nouvelle la distance. Il attrape délicatement ma main et commence à faire courir ses doigts dans ma paume. A chacun de ses va-et-vient sur les lignes, je sentais un coup d'électricité me parcourir tout le corps. Les battements de mon coeur devenaient de plus en plus rapides, de plus en plus fort. A tel point que j'avais parfois du mal à l'entendre parler. Je suis tellement concentrée sur ses doigts...
- Pour votre ligne de coeur, il vaut mieux parfois écouter ses propres battements.
Je n'ai pas pu ne pas relever la tête. Ses yeux me fixaient et je n'avais pas envie de rompre ce moment. J'avais envie de continuer de me perdre dans la profondeur de ce vert si clair, si apaisant. "Écouter ses propres battements", c'est ça ? Actuellement, c'est la seule chose que j'entend, ce coeur qui bat si fort pour un inconnu. Est-ce simplement pour ça, d'ailleurs ? Est-ce parce que c'est un inconnu, et que je n'ai pas rencontré de nouvelles personnes depuis des années ? Non, je ne peux aps être fleur bleue à ce point....si ?
Nathanaël tient toujours ma main dans la sienne. Inconsciemment, je pose mon autre main au-dessus de la sienne.
- J-je....heu...je crois que...
Mais je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase qu'une client très pressée entrant en trombe dans la salle d'examen. Son visage était figée dans une expression de peur et de tristesse.
- Docteur K !! Mon...mon étoile blanche....elle...elle ne respire plus !
En quelques secondes, la Chrystielle fleur bleue laisse la place à la Chrystielle travailleuse. Je me sépare de Nathanaël et demande à la femme de poser l'animal sur la table. Je commence à chercher un poul.
- Ca fait combien de temps ?
- Je...je ne sais pas ! Je me suis dépêchée de venir ici !
Je sens un pouls. Il n'est pas fort et bat très lentement. Ce n'est pas bon signe...
- Est-ce qu'il mange normalement ?
- Non...Depuis quelques jours, elle ne fini plus son repas...
Bien, je crois que je sais ce qui se passe. Il faut que je prépare le médicament, mais en même temps il faut que je coupe quelques poils pour trouver une veine où piquer. Mais le temps me manque et le travail est urgent. Je me retourne vers Nathanaël. Il allait falloir que je lui demande son aide.
- Vous êtes habile de vos mains ? J'aurai besoin que vous coupez des poils au niveau de sa patte avant droite pour que je puisse la piquer.
Je lui tend une paire de ciseaux et une lame de rasoir afin qu'il enlève tous les poils. Pendant ce temps, je me charge de faire un mélange qui va augmenter son pouls. Patience petit animal....tout va bientôt mieux aller.
Elle tenait en ses mains un petit animal à fourrure de la taille d'un enfant, blanc et soyeux ses poils formaient un épais manteaux couvrant l'intégralité de son corps, remontant jusqu'à des oreilles velus pourvus de petits pinceaux surmontant une gueule féline semblable à celle d'un chaton.
L'animal était inerte, apathique, pendant avec tristesse entre les bras de sa propriétaire en panique. Celle-ci alternait un regard triste et amer entre la doctoresse et la boule palissandre, cherchant une aide rapide et immédiate.
En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, l'attitude de la praticienne changea du tout pour le tout alors que le romantisme ambiant laissait place au professionnalisme, elle se détacha de l'aventurier, attrapant promptement l'animal, le déposant avec soin sur la table opératoire.
Elle entreprit alors de l'ausculter de de l'observer sous toutes ses coutures, cherchant un pouls, la respiration, le regard, bref, tous les signes lui permettant d'établir un diagnostique quant à ce qui affligeait la pauvre bête. La patiente alerte lui décrivit rapidement les symptômes ayant précédés cet état, faisant mention d'une absence d'appétit, d'une perte de conscience. Le pauvre bougre lui, ne bougeait pas d'un pouce respirant faiblement et semblant au seuil de l'inconscience ... voir .. de la mort.
Le visage de la doctoresse se mût alors, elle semblait savoir d'où venait le problème et virevolta en une fraction de seconde en direction du devin, posant un regard sérieux et précis à son encontre puis l'exhortant de l'aider dans sa tâche :
- Vous êtes habile de vos mains ? J'aurai besoin que vous coupez des poils au niveau de sa patte avant droite pour que je puisse la piquer.
Sans broncher, le héros, qui avait l'habitude de devoir réagir de manière épidermique à des situations impromptues se saisit de la paire de ciseaux et de la lame de rasoir tendu par la vétérinaire. Maniant assez bien la lame et étant plutôt agile de ses doigts, celui-ci saisit fermement la patte avant droite du félin souffreteux avant d'écrêter en quelques coups de ciseaux le gros de ses poils. Bien qu'épais et regroupés il ne lui fallut qu'un court instant afin de dégager entièrement l'endroit, puis, sans attendre son reste, en un seul mouvement net et précis il rasa les poils restants ne laissant alors qu'une peau rosâtre et vive à la vu. L'endroit était densément vascularisée ce qui expliquait très certainement pourquoi la doctoresse lui avait demandée de dégager cet endroit précis.
Alors qu'il tenait solidement l'animal, le jeune homme se retourna en direction de la propriétaire de l'animal dont le visage transpirait l'angoisse et la peur. Il lui adressa un sourire chaleureux et réconfortant tout en prononçant d'une voix sereine :
" Ne vous inquiétez pas pour votre étoile blanche madame, tout va bien se passer ! Il est entre les mains d'une experte, vous n'avez rien à craindre. "
Après avoir tenté de rassurer son propriétaire Nathanaël détourna sa vision vers Chrystielle, lui adressant d'un ton calme ces paroles :
" N'est-ce pas docteure ? "
Je regarde les gestes experts du stagiaire. C'était...wahou. Aucun mouvement inutile, de la fluidité et de la légèreté dans chaque coup de ciseaux. J'en oublié presque la préparation, tiens ! Je secoue la tête pour pouvoir remettre mes idées au clair. Ne lorgne pas, Chrys ! Concentre toi pour mettre les bonnes proportions de mélange et ne pas rendre cette pauvre étoile blanche aussi remontée qu'un coucou.
J'inspecte le travail de Nathanaël avant de faire quoi que ce soit. Tout est magnifiquement lisse, pas un poil sur la zone demandée...wahou. Je vais vraiment fini par lui demander d'être mon assistant, là. Mais entre la vie extraordinaire d'aventurier et celle plus que lambda d'une petite vétérinaire de quartier, il n'y avait pas forcément besoin de beaucoup réfléchir.
Délicatement et le plus précisément que possible, j'introduis l'aiguille dans la patte de l'animal. Il est tellement mal en point qu'il ne réagit même pas à la douleur de la piqûre dans sa chair. Mais grâce à ce cocktail maison, tout devrait aller mieux dans quelques secondes...3...2...1 ! Réglée comme une horloge, l'étoile blanche bondit sur ses pattes, et regarde d'un air inquiet le visage de sa maman tout gonflé à cause des pleurs.
- Ho ! Ho ! Merci, merci mille fois docteur ! Vous avez sauvé l'amour de ma vie !
- Elle manquait simplement de sucre ! La douce devrait suffire pour la journée, mais faite la manger. Elle sera comme avant en l'espace de deux jours, tout au plus.
La maîtresse me prit alors dans ses bras, et je ne pu retenir un petit rire de joie. Je ne m’habituerai jamais à cette façon dont les gens ont de me remercier d'avoir sauver leurs animaux. Mais c'est mon métier et j'adore ce que je fais. Les voir de nouveau courir et jouer suffit à ma bonheur de femme simplette.
Quand la femme est partie, je me retourne vers Nathanaël :
- Vous avez été tout simplement par-fait ! J-je ne pensais pas que vous seriez aussi doué ! Aaaaah qu'est-ce que j'ai envie de vous prendre dans les bras !
Et encore une fois, la malédiction de la femme simplette s'abat sur moi. Mais quand est-ce que je vais apprendre à ne pas parler plus vite que ma pensée ?!
- Non...j-je voulais pas dire que je voulais hein...Pa-pas que je veux pas avec vous c'est pas ça...Pe-penser pas que vous m'attirer hein c-c'est pas vrai...je...
Et je m'enfonce, encore et encore. C'est que le début, d'accord d'accord. J'essaye de rester le plus naturelle possible. Mais après une bourde pareille et un semblant de rattrapage tout aussi désastreux, ça allait être compliqué.
- On...On continue la visite ?
Les deux femmes discutèrent quelques instants alors que d'un côté la propriétaire remerciait avec joie la vétérinaire, celle-ci lui dispensait avec sagesse les mesures qu'elle devrait prendre à l'avenir pour éviter ce genre de situation mais également la manière dont alimenter un tel spécimen au quotidien afin de lui conférer l'apport en sucre nécessaire à sa stature, son poids et son âge.
Reconnaissante à souhait, la maîtresse gratifia de nombreuses fois encore la docteure d'une multitude de compliments ne manquant pas de faire apparaître un ample sourire sur le visage de la praticienne mais également sur celui de l'augure dont la scène réchauffait son petit coeur. Après quelques minutes la patiente pris congé, câlinant avec bonheur la mignonne boule de poils entre ses bras.
Le médecin se retourna alors vers le jeune homme, lui adressant avec enthousiasme ces mots :
- Vous avez été tout simplement par-fait ! J-je ne pensais pas que vous seriez aussi doué ! Aaaaah qu'est-ce que j'ai envie de vous prendre dans les bras !
A peine eut-elle fini sa phrase que son enjouement se mût en sentiment d'embarras, à son habitude la doctoresse avait exprimé un peu trop rapidement sa joie et s'en retrouva fort marri.
" - Non...j-je voulais pas dire que je voulais hein...Pa-pas que je veux pas avec vous c'est pas ça...Pe-penser pas que vous m'attirer hein c-c'est pas vrai...je... "
Égayé par ces déclarations impromptues Nathanaël gratifia Chrystielle d'une expression légère, plissant ses yeux avec amusement, un sourire en coin.
" Oh ce n'est rien, je n'ai fait que suivre vos conseils avisés docteure ... déclara-t'il, une lueur brillante dans le regard.
Le garçon passe une main dans ses cheveux, révélant ses deux pupilles vert pomme.
Je ressemble peut-être à un zombi comme dirait certains, mais je ne mord pas promis ahah ! " glissa-t'il d'un ton joueur.
Le devin mît sa main contre la tableau d'opération, s'avançant tout en faisant glisser ses doigts sur la table jusqu'à être à hauteur de son interlocutrice puis, posa avec délicatesse sa main sur son épaule, avant de glisser ses bras autours de son cou, l'enlaçant avec force et douceur.
" Je serais fort jaloux que cette gente demoiselle soit la seule à profiter d'une embrassade avec vous docteure. " lui glissa-t'il dans le creux de l'oreille d'une voix chaude et rassurante.
L'homme sentait contre son corps celui de la soignante, plus petit et svelte que le sien mais pas empatté ou mou, c'était l'assemblée d'une personne vivace et dynamique, une construction précise et ordonnée trahissant sous une apparence juvénile et simplette un quotidien difficile et demandeur. L'aventurier inspira profondément, une odeur ténue et sucrée s'échappait de la chevelure de la vétérinaire venant chatouiller le nez du devin, c'était à la fois similaire au parfum du miel et à l'aspect sirupeux d'un sirop, plaisant mais pas écœurant.
Après un plaisant moment, les deux individus se détachèrent paisiblement se fixant mutuellement du regard pendant une fraction de seconde.
" Je suis sûr que vous avez encore pleins de choses à me montrer docteure ! " Conclu avec charme Nathanaël.
Je rigole de la remarque de Nathanaël. Ah mais si lui aussi voulait un câlin, il avait qu'à le dire ! Dans un petit rire, je passe mes bras autour de sa taille et sers. Il est chaud, et dégage une aura de confiance en lui que jamais je ne pourrais avoir. Au bout de quelques secondes, nous nous éloignons tout deux. Oui, il y a encore beaucoup de chose à lui montrer, et nous sommes plus quand retard sur le planning. Il allait falloir faire l'impasse sur quelque chose.
Pas sur le centre d'adoption, ah non non non. C'est quelque chose de beaucoup trop important pour faire une croix dessus. Peut-être sur la salle d'opération. On pourrait gagner de précieuses minutes et filer directement dans l'autre centre.
- On va passer au centre d'adoption, alors ! Ici, à part l'autre salle pour les opérations plus lourdes, il n'y a rien d'autre à savoir. Je commence à avancer vers la sortie, mais je me retourne vers le stagiaire. Surtout, ne me perdez pas du regard. Il serait malencontreux que mon pouvoir recommence à me rendre invisible.
Nous nous dirigeons donc vers le centre d'adoption, collé à celui des soins. Mais il faut tout de même sortir pour y accéder. Dehors, le ciel commençait à changer de couleur. Lui si beau il a quelques heures, devenait sombre et inquiétant. Il faut que je rentre tous les animaux à l'intérieur. Je me retourne vers Nathanaël et lui souris.
- Vous allez encore mettre utile ! Je pense qu'il va pleuvoir dans pas longtemps. Il faudrait m'aider à rentrer les animaux dans leur abris, à l'intérieur du centre.
Ceux qui sont en enclos extérieurs sont les familiers les plus gentils à adopter. Il ne sera pas difficile, même pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude de leur présence, de bien s'entendre avec eux. Arrivés dans le centre, partie extérieur, je désigne le côté droit.
- Il vous suffit juste d'ouvrir les portes. Depuis le temps que certains d'entre eux sont là, ils savent ce qu'ils doivent faire. N'oubliez juste pas de refermer le portail, une fois que l'enclos est vide.
Sur ces bonnes paroles, je pars de l'autre côté. J'ouvre une grande porte battante, qui donne sur une immense pièce, réplique des enclos extérieurs. Bien, tout le monde sait ce qu'il doit faire. C'est partit !
Mais voilà, le travail m'appelle ailleurs. Maman vient me chercher de toute urgence. Elle ne m'explique pas ce qu'il se passe, juste qu'il allait falloir que je la suive, la vie de plusieurs animaux était en jeu. Je me retourne vers Nathanaël, et lui présente mes plus sincères excuses.
- Je suis tellement désolée ! Mais il va falloir que j'aille travailler...on peut faire la visite du centre d'adoption demain, ou même plus tard ! Pour l'instant je...je dois y aller.
Et sans perdre une minute, je retourne en courant vers le centre de soin, prête pour la scène de chaos qui m'attend.