Suite directe au précédent défi RP
Après cette fin de journée agitée, vous reprenez la route en direction de la capitale... Seulement, personne n'aurait pu prévoir que les ennuis allaient reprendre. Après avoir quitté l'auberge isolé, vous vous remettez donc en marche : il pleut encore mais le plus gros de la pluie est passé et après ce que vous venez de vivre, ce n'est pas un peu d'eau qui va vous arrêter.
Vous arrivez dans un petit village et c'est à ce moment là que vous le sentez... une bonne odeur. Exquise. Elle provient d'une petite maisonnette à l'entré du village, de la lumière est allumée mais lorsque vous regardez à la fenêtre, personne ne se trouve dedans. La grosse marmite semble vous attendre toute seule.
En temps normal, cela vous serait sans doute impensable de rentrer chez les gens... Pourtant vous ne pouvez pas vous en empêcher. Vous êtes comme hypnotiser par cette bonne odeur... La porte est entrouverte et elle vous invite à y pénétrer...
Vous entrez donc dans cette petite maison. Sur la table, le couvert est déjà prêt pour vous deux, vous n'avez plus qu'à vous servir. L'odeur est irrésistible... Vous vous asseyez donc après vous êtes servi une généreuse portion, vous trempez la cuillère dedans et la portez à votre bouche. Et là, aucun gout. Le potage n'a absolument aucun gout et pire encore. La magie qui vous a hypnotisé vient de disparaître vous rendant pleinement conscient de vos actions...
Cependant, il est déjà trop tard. A partir du moment où vous avez mangé cette nourriture, vous avez été piégé. Si vous essayez de sortir de la maison, que se soit par la porte, fenêtre ou cheminé. Un étrange champ de force vous en empêche...
PIÈGE GASTRONOMIQUE
Le pluie continuait de tomber. Mais mouillée pour mouillée, la différence n'était pas flagrante. Rebecca marchait à côté du cheval de Calixte, celui-ci monté dessus. La route n'allait pas être longue, mais après toutes les mésaventures qu'ils venaient d'avoir, l'estomac de la jeune femme commençait à crier famine. Peut-être fallait-il mieux s'arrêter quelque part, pour se sécher et manger quelque chose.
Au bout de dix minutes de marches, la pluie diminua enfin, et des petites lumières sont en vus. Un village ! Parfait, c'est exactement ce qu'elle voulait.
-Ça te va si on s'arrête là ? J'ai des changes dans mon sac, et on pourrait manger un petit truc.
Attendant l'accord de Calixte, ils se dirigent tous les deux vers les lumières. Le village est assez petit, seulement cinq ou six maisons, pas plus. La pluie a maintenant cessé, mais le ciel est toujours aussi menaçant. A peine ont-ils fait un pas dans le village qu'une bonne odeur s'échappe de la maison.
- Ho Sainte Lucy...tu sens cette odeur ?
Mais l'aventurière n'attendait même pas la réponse, elle se dirigeait, nez en avant, vers la provenance de cette douce fumée.
Finalement, le rideau de pluie leur accorda une petite trêve et se leva partiellement, leur laissant découvrir au loin un petit village. Voilà qui était une bonne nouvelle ! Ils allaient pouvoir se mettre en quête d’une pitance et d’un endroit pour se reposer un peu.
- Ca me va parfaitement si on s’y arrête, répondit-il à Rebecca dans un soupir de soulagement. J’me mettrai bien un truc sous la dent, moi aussi.
Ils s’avancèrent de concert vers les habitations éparses. Les lueurs des fenêtres avaient quelque chose d’hypnotisant sous la grisaille ambiante, et il ne fallut pas longtemps pour que d’agréables odeurs vinrent leur chatouiller les narines. Hochant la tête avec avidité à la remarque de Rebecca, Calixte ne se fit pas prier pour la suivre. Bientôt, ils arrivèrent devant une petite maison à l’entrée du village. Sa porte était entre-ouverte avec invitation, et la lumière diffusant de l’intérieur avait quelque chose de magnétique. Et ces effluves, par Lucy ! A faire rêver la tête et grogner le ventre. Une chaleur contre son torse le prévint de prendre garde, mais de prendre garde à quoi ? Avant qu’il n’eût l’occasion de s’attarder davantage sur cette étrange notion, Calixte se retrouva avec un bol généreux de potage entre les mains, face à Rebecca pareillement servie. Comme en transe, conscient de seulement une infime partie de ses actions, le garde céda enfin totalement à la tentation et porta la lourde cuillère à ses lèvres.
Et ce fut comme si quelqu’un avait soudainement actionné une lampe magique. Que faisaient-ils ici ? Comment avaient-ils pu entrer aussi inconsciemment dans cette maison sans y être invités et sans se soucier d’un peu de décence ? Pourquoi avaient-ils à ce point été obnubilés par cette soupe ? Et pourquoi diantre celle-ci était-elle finalement aussi fade ? Parce que bon, même en étant une brèle en cuisine, on pouvait bien savoir qu’ajouter du sel ou des épices c’était un peu la base de la préparation d’un plat, non ? Reposant son bol dans un claquement qui parut être un grondement orageux dans le silence tout mystérieux de la pièce, Calixte leva son regard vers Rebecca, et sa main vers son talisman d’indépendance qui continuait à chauffer.
- Je sens qu’on a fait une bêtise… Cet empressement n’avait rien de normal, et mon talisman s’est activé. Et cette soupe est d’une fadeur des plus viles.
Glissant son regard sur les alentours, il chercha un élément de réponse à ce qu’il venait de se passer.
PIÈGE GASTRONOMIQUE
Elle se réveilla quand Calixte abattue son bol sur la table. Mais où était-elle ? Quelle est donc cette maison ? Elle se souvient d'avoir demandé à Calixte de faire une pause dans un village un peu plus loin. Mais dès leur arrivé, c'est le trou noir. Le voyant mettre sa main sur son collier d'indépendance, elle fit de même. Le sien aussi chauffé et vibré comme s'il était pris de convulsion. Le montrant à son collègue, Rebecca continue sa pensée :
- Est-ce quand on est entré dans le village ? J'ai aucun souvenir à partir de là.
Calixte parle du potage fade sous leur yeux. Bizarrement, Rebecca ne l'a pas trouvé si mauvais. Oui, bien sûr qu'il manque atrocement de condiments. Mais en même temps, elle a déjà mangé bien pire que cela. Elle ne va pas faire la difficile.
- Il faut qu'on sorte de cet endroit. Imagine que les propriétaires rentrent et qu'ils voient deux inconnus accoudés à la table, à manger leur travail de la semaine ?
S'approchant de la porte d'entrée, Rebecca l'ouvre et sort. Mais au premier pas en dehors de la demeure, un mur jaune semi-transparent lui barra la route. Même ! A son contact, l'aventurière se fit projeter en arrière, ratant de quelques centimètres seulement le buffet. Après avoir été trempé, cramé, jugé, saoulé, il fallait maintenant qu'elle soit prisonnière ! Cette journée est si catastrophique...Elle est loin, le journée de repos à l'ombre d'un arbre, avec le gazouillis des oiseaux en fond sonore !
Rebecca laisse Calixte fouillait. Elle l'attend, tête dans main et coude contre table, d'un air des plus démoralisant. La maison était dans un chaos total. Après avoir déplacé la table haute pour pouvoir se mouvoir plus facilement, le groupe voulait trouver une échappatoire. Au lieu d'utiliser leur corps, ils ont préféré balancer chaises et objets légers contre ce champ de force.
- Laisse tomber, Cal...tu vois bien qu'on est bloqué...porte, fenêtre, cheminé, cassage de mur. Rien fonctionne. Et je ne suis pas sur qu'un "sésame ouvre toi" puise fonctionner dans ce cas de figure.
Un grincement se fait entendre. Il venait de l'étage. Quelque chose de lourd venait de se déplacer. Se regardant mutuellement, allait-ils essayer de trouver l'origine ? En langue des signe, Rebecca essaye d'expliquer qu'il faudrait monter, mais tout en sortant leur arme, au cas où. Elle n'a pas prit sa pipe aujourd'hui. Quel dommage ! Elle aurait était tellement utile dans cette situation. Ah bah maintenant que t'as la possibilité de me rendre utile, toi tu fais rien ?! J'te parle du bon sens de la fille...
Du pas le plus léger possible, Rebecca suivit Calixte qui s'était engagé en première position dans l'escalier. S'il tombe, elle le rattrape. Si tout autre possibilité...et bien, à voir avec la taille du monstre.
Cependant, il semblait que Lucy était d’humeur plutôt taquine. Observant Rebecca faire un vol plané après avoir tenté de sortir, Calixte grimaça, avant de se précipiter à ses côtés pour vérifier qu’elle ne s’était pas blessée. En dehors de la patience et de l’humeur de la jeune femme, il apparut rapidement qu’elle allait bien. Mais qu’ils allaient peut-être galérer à quitter les lieux. Quelle était donc cette étrange magie ? Un pouvoir ? Les avait-on attirés ici pour ne plus jamais les laisser repartir ? Était-ce un piège ? Mais à quelle vocation ? Comptait-on les dépouiller ? Les kidnapper ? Les tuer ? Les garder comme compagnie ?
Faisant le tour de la salle, le garde essaya de se mettre quelque chose sous la dent, mais hormis la marmite et le nécessaire de cuisine, il n’y avait rien de très révélateur. Finalement, Rebecca se leva et ils tentèrent plusieurs choses pour quitter la demeure. Les fenêtres. La lame de quelques armes. Le poids de certains objets. La force de quelques créatures d’ombre. La fusion glissée de Calixte. En vain. Finalement, alors qu’une bonne demi-heure avait dû s’écouler et que la pièce ressemblait à un champ de bataille, du bruit leur parvint de… l’étage ?
Après un échange de regards et de quelques signes silencieux, les deux amis convinrent de pousser l’exploration avec prudence. Sortant une lame retour, le garde passa devant. S’ils devaient rencontrer un danger, il pourrait laisser le temps à Rebecca de se protéger tout en s’éclipsant lui-même d’une fusion. Chaussant ses lunettes de jour alors qu’ils grimpaient l’escalier prit dans les ténèbres, il redoubla de vigilance. Les marches s’effacèrent sur un couloir obscure menant à trois portes. Avisant celle d’où provenait le bruit, le coursier s’avança. Sur sa gauche, alors qu’il n’avait que quelques pas vers sa cible, l’une des deux autres portes était entre-ouverte, laissant passer un fin trait de lumière. Tournant la tête pour y jeter un rapide coup d’œil, le regard de Calixte croisa celui de quelqu’un. Stoppant net ses pas, il adressa un geste lent à Rebecca.
Réavisant son plan d’action, il poussa la porte entre-baillée pour faire face à la petite silhouette… d’un enfant. Celui-ci était assis à même le sol, dans une pièce relativement vide avec deux autres issues possibles, éclairé par un petit cristal gardé entre ses mains. Ses yeux sombres les observaient avec curiosité. Et détermination.
- Bonsoir, fit doucement Calixte sans trop s’avancer dans la pièce. Je suis Calixte. Avec mon amie nous nous sommes… perdus. Et toi, qui es-tu ? Est-ce que tes parents sont là ?
L’enfant serra le cristal entre ses doigts.
- Je suis Yca. Papa et maman ne sont pas là. Ils ont dit qu’ils sortaient.
- Quand est-ce qu’ils vont revenir ?
- Je n’sais pas. Ils ont dit ça il y a longtemps. Très longtemps. Mais Amandine est là. Avec Bakou.
- Amandine ?
A côté de lui, il sentit Rebecca s’impatienter, et s’intéresser à la porte opposée à laquelle ils avaient entendu du bruit.
- Ma grande sœur.
- Et Bakou ?
- … vous avez mangé la soupe ? Vous devriez en reprendre, Bakou aime mieux les gens qui mangent mieux.
Ah. Voilà qui était à la fois intéressant, et un chouilla suspect.
- Qui est Bakou ?
Une des issues dans le dos de l’enfant s’ouvrit, et Calixte y découvrit une Rebecca surprise. Faisant un pas en arrière, il tourna la tête et posa son regard sur… le dos de Rebecca. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Comment pouvait-elle être à la fois ici et là ? Comme ces deux endroits géographiquement non contigus pouvaient-ils donner l’un sur l’autre ?
- Amandine s’amuse encore avec la maison, indiqua Yca, récupérant l’attention du garde.
- C’est Amandine qui fait ça ? Où peut-on la trouver ?
Ça ne ressemblait pas tellement au pouvoir qui les avait empêchés de sortir de la demeure, mais c’était peut-être déjà une piste.
- Elle doit être en train de nourrir Bakou.
- Qui est Bakou ?
Yca sourit d’un sourire qui n’avait rien d’enfantin ni n’encourageant.
- Bakou est la raison pour laquelle vous êtes là.
Décidément, il se passe d'étranges choses dans cette maison... Bakou, Yca, Amandine... Ainsi, la demeure n'était pas vide... Vous commencez à avoir des pistes mais au moment où cet élément vous intrigue, vous entendez encore un bruit au rez de chaussé, une porte qui s'ouvre, puis des bruits de pas et une voix humaine...
- Hm... ça a l'air bon...
Vous descendez et vous n'en croyez pas vos yeux, la pièce que vous avez mis sans dessus dessous et de nouveau parfaitement rangé. Sur la table, le bouillon fume toujours et devant vous se trouve un homme, son regard et vide et il s'apprête à manger... Encore une pauvre âme qui s'est faîte prendre au piège !
Qu'allez vous faire ?
PIÈGE GASTRONOMIQUE
Bon, au moins, Rebecca est rassurée. Ce n'est pas un monstre, mais un enfant...même si on ne voit pas trop souvent la différence. Mais celui-ci faisait peur. Il parlait d'un drôle de façon, agissait bizarrement.
Ce genre de jeu "question pour un enfant" ne l’intéresse, l'aventurière part donc explorer un peu l'étage. Mais il n'y a rien de vraiment particulier, à part une porte de l'autre côté du couloir. Aussi délicatement qu'elle peut le faire, Rebecca ouvre la porte dans un grincement. Et elle tombe sur la même scène qu'elle venait de quitter, mais à l'envers. Au premier plan, l'enfant, puis Calixte dans l'ouverture de la porte.
- Mais que...
Rebecca se retourne et tombe sur un Calixte tout aussi perdu qu'elle. Mais c'est quoi, ce bazar ? C'est cette "Amandine" qui fait ça ? Son pouvoir est de créer des portails ? Ça parait à la fois fantastique et terrifiant. Rebecca était prête à attraper le gosse par le col pour lui ordonner de les laisser sortir, mais un bruit au rez-de-chaussé attira son attention. Une voix arrive à ses oreilles.
Rebecca redescend les escaliers rapidement et tombe sur un homme, prêt à mettre une cuillère du repas dans sa bouche.
- NON !
Aussi vite que la lumière, elle lança son petit oiseau d'ombre sur l'homme, pour qu'il bloque sa main avant qu'elle n'arrive à hauteur de sa bouche. Et c'est chose faite. L'oiseau virevolte avec force devant le visage de l'homme, le distrayant quelques minutes. Assez pour que Rebecca finit de descendre les escaliers et bloque enfin l'aventurier.
Celui-ci se débat, essaye de se libérer en poussant des cris.
- Non ! NON ! je veux manger. LAISSEZ MOI MANGER !
On dirait un fou pousser par une envie qui n'est pas la sienne. Est-ce le pouvoir de l'enfant, à l'étage ? Malgré tout, Rebecca arrive à le retenir. Elle doit enrouler ses bras autour de lui et le bloquer contre la chaise.
- Je veux manger. MANGEEEER !
- On se calme, monsieur ! Ne mangez pas !
Mais rien n'y fait, l'homme ne veut pas se calmer, et le maintenir devenait de plus en plus compliqué. Il allait falloir l'attacher. Peut-être que tant qu'il n'a pas mangé, la barrière empêchant de sortir n'est pas remise en place, et que les deux collègues allaient pouvoir sortir. Mais pour réaliser ce plan, l'aide de Calixte était obligatoire.
- Calixte ! J'ai besoin de toi et de ta corde !
- NON ! s’écria-t-il de concert avec l’aventurière.
Rapide, cette dernière envoya un oiseau d’ombre distraire l’homme qui se laissait aller au fumet envoûtant de la soupe enchantée. Il retrouva néanmoins bien vite ses pulsions premières, et se débattit de plus belle pour goûter le repas. Sortant sa corde magique tandis que Rebecca maitrisait l’inconnu, le garde tenta de l’en ligoter. Mais le pauvre diable gigottait tant et si bien qu’au bout de plusieurs minutes de gesticulations ridicules – où Calixte se prit un genou dans le nez et l’aventurière un coude dans le ventre – ils décidèrent d’assommer celui-ci.
- Bon, tentons un truc, proposa le coursier entre deux respirations saccadées suite à leurs efforts.
Il fit fusionner l’homme endormi dans sa corde, et lança l’une des extrémités de celle-ci hors de la demeure. Celle-ci fila droit vers l’extérieur sans rencontrer d’obstacle. En revanche, même en la tenant, aucun des deux amis ne réussit à passer le perron. Pour eux, la barrière magique était toujours présente. Ils tentèrent diverses variations de fusions et d’utilisation du corps de l’inconnu pour essayer de s’échapper, mais en vain. Après une bonne quinzaine de minutes d’essais et d’échecs, ils abandonnèrent l’affaire.
- On devrait peut-être essayer de se débarrasser de la soupe, avant que d’autres ne se retrouvent coincés comme nous, réfléchit Calixte alors qu’ils s’étaient assis à même le sol pour contempler avec morosité leurs possibilités.
L’homme assommé gisait au pied de la table, fermement ligoté à celle-ci. Récupérant les écuelles, les deux amis vidèrent leur contenu dans la marmite et avancèrent celle-ci vers ce qui semblait être l’évier. Un nouveau bruit sourd, comme celui qui les avait alertés plus tôt, retentit à nouveau à l’étage. Après un nouvel échange de regard, ayant plus la bougeotte que lui, l’aventurière reprit la direction de l’escalier.
- Je finis de vider ça et j’arrive, lui indiqua le garde en observant le reste de soupe disparaitre dans le siphon. Si tu arrives à soutirer à Yca comment sortir de là…
L’affaire ne prit pas plus de quelques secondes. Après tout, en dehors de son odeur enchanteresse, le plat n’avait rien de consistant ni remarquable. Et Calixte reprit rapidement la direction de l’étage, à la suite de son amie. Cependant, gravissant les dernières marches, il comprit rapidement que les choses n’allaient pas être aussi simples. Au lieu de l’antichambre donnant sur les trois portes, il était à présent dans une vaste bibliothèque – qui, au vu de l’humilité de la bâtisse, n’aurait pas dû exister – avec de multiples accès. Sur la coursive en hauteur, toujours faiblement éclairé par son cristal dans la pièce autrement obscure, Yca le regardait avec un intérêt tout calculateur.
- Où est mon amie ? lui demanda le garde en fronçant les sourcils.
- Vous n’auriez pas dû jeter la soupe. On s’est donné beaucoup de mal pour la faire.
- Pourquoi l’avoir faite ? Elle est magique, n’est-ce pas ?
- Elle n’est pas vraiment magique. Elle est spéciale. Spéciale pour Bakou. Et pour moi.
- Pourquoi est-elle spéciale ?
- Parce qu’elle amène à manger à Bakou. Et me donne des amis.
Voilà qui était un peu perturbant, mais pourquoi pas.
- Je suis sûr que tu as des amis. Même sans la soupe.
- Ils partent tous. Sans la soupe. Même Papa et Maman sont partis. Mais avec la soupe, je peux les faire rester, mes amis.
- C’est toi qui nous fais rester ici ?
- Oui.
- … et si je ne veux pas être ton ami ? Après tout, je ne sais pas ce que tu as fait de la mienne.
Une ombre passa sur le visage juvénile.
- Pourquoi est-ce que vous êtes tous pareils ?! Tant pis pour toi : Bakou aura plus à manger comme ça.
Alors à choisir…
- Non, non, ce n’était qu’une supposition ! Attends, je me rapproche un peu de toi, on pourra mieux discuter. Comme des amis.
Avisant l’escalier permettant de rejoindre la coursive, Calixte le gravit doucement, sans perdre du regard Yca. Contre son bras, il pouvait sentir Vreneli qui s’agitait. Dégainant son cristal de communication, il tenta de joindre Rebecca. S’il avait mis la main sur celui qui semblait les tenir prisonniers par un étrange pouvoir, il espérait qu’elle avait trouvé celle qui faisait de la demeure un véritable dédale. Il espérait aussi qu’aucun d’eux deux ne rencontrerait le fameux Bakou, quoi qu’il fût.
PIÈGE GASTRONOMIQUE
L'idée de pouvoir sortir de la maison avec l'homme n'avait pas fonctionné. Même s'il n'avait rien mangé, la barrière était toujours active pour eux. "Super...". Qu'importe ce qu'ils faisaient : passer après lui, avec lui, faire une fusion à deux. La barrière les renvoyaient toujours à leur point de départ. Allongée sur le sol à côté de Calixte, Rebecca commençait à perdre espoir, se disant même qu'une collocation avec le coursier ne pourrait pas être mal.
Alors qu'ils commençaient à vider la soupe dans l'évier, le bruit sourd de tout à l'heure revient. L'enfant recommence à faire du bruit. Rebecca n'en pouvait plus, elle allait vraiment le prendre par le col. Quand Calixte lui dit d'y aller seule pour l'instant, elle savait quoi faire : le forcer à désactiver cette satanée barrière. L'aventurière acquisse d'un mouvement de tête, et monte les escaliers.
Mais arrivée sur le palier, ce n'est pas le couloir de tout à l'heure. Devant elle s'étend une énorme pièce plongée dans le noir. Il n'y a aucune fenêtre, la seule lumière est celle du rez-de-chaussé et celle du cristal tenu par l'enfant. Rebecca inspecte rapidement la pièce, se rendant compte qu'il n'y a aucun autre tunnel, porte, ou que que ce soit d'autre. Allez, plus vite elle s'approche de l'enfant, et plus vite ils pourront sortir de cette maison de l'Enfer. Le forçant à se retourner, l'aventurière lui cri presque dessus.
- Bon ça suffit maintenant, gamin ! Tu vas nous faire sortir et plus vite que ça !
Mais l'enfant ne répond pas, préférant afficher un sourire qui glacerait n'importe qui. Un large sourire, s’étendant jusqu'à chacune de ses oreilles, et montrant ses gencives. Il l'a affiché tellement vite que Rebecca, de peur, le lâcha et recula de quelques pas. Il se mit alors à rire.
- Qu'est-ce qu'il te fais rire comme ça ?
Mais toujours aucune réponse. Il rit tellement qu'il dû se prendre la tête dans les mains pour essayer de tout contrôle. Quand il l'a releva, il n'avait plus cet affreux sourire qui séparé son visage. Maintenant, il avait l'air si sérieux, si en colère. Une grimace rendait son visage très moche. Quand il parlait enfin, sa voix fut beaucoup trop rauque pour appartenir à un enfant. On dirait plutôt celle d'un homme d'une quarantaine d'année qui aurait trop profiter des cigares.
- Allez, ça dégage.
Il accompagna ses paroles aux gestes, passant rapidement son pouce de droite à gauche de sa gorge. Alors qu'elle voulait répondre, plus aucun son ne pouvait sortir de la bouche de Rebecca. Pas comme si on lui avait enlever la parole par une quelconque magie. Non, là, elle ne pouvait pas parler car son corps entier ne répondait plus. La peur se lisait sur son visage, tous ses muscles étaient bloqués et tremblés. Elle sentait quelque chose parcourir son dos. Une patte ? C'était quelque chose de long et de cylindrique. Puis deux autres points, sur chacune de ses épaules. Deux autres au niveau de ses pieds, deux autour de sa taille. Et une sur le haut de sa tête. Rebecca sentait quelque chose couler sur son cou, puis venir tremper le haut de sa veste. Elle essayait de rester la plus solide possible, mais son cerveau ne fonctionnait plus, plus rien en répondait. En baissant les yeux, elle s’aperçoit qu'un liquide blanc mousseux dégouline lentement sur son blouson.
L'aventurière entendait alors Calixte monter les escaliers. Son sauveur ! Il allait pouvoir gérer la situation mieux qu'elle. Et alors qu'elle fit un pas dans sa direction, les huit pattes autours d'elle se resserrèrent d'un coup sur son corps, et l'entraîna dans la pénombre de la pièce. Se fût aller tellement vite que Rebecca n'avait pas compris se qu'il venait de se passer. En rouvrant les yeux, elle se retrouve à plusieurs mètres du sol, dans un coin supérieur de la pièce. Ce n'est pas l'espace sombre de tout à l'heure, mais une belle bibliothèque comme tout le monde aimerait avoir.
L'aventurière essaye de bouger, mais elle est prise au piège dans une toile extrêmement résistante. Impossible de mettre la main sur une de ses armes, et impossible d'appeler une de ces créatures d'ombre. elle sent alors quelque chose approcher son oreille gauche et se coller à elle.
- Bonne nourriture....hein....haha...
Rebecca prit son courage à deux mains pour regarder à gauche, et est à deux doigts de faire une crise de panique. Une énorme araignée de plusieurs mètres de circonférence. son corps prend presque la moitié du plafond. Mais comment Calixte fait pour ne pas la voir ? Les plafonds sont hauts, oui, mais quelque chose d'aussi énorme qui bouge au-dessus de la tête, ça ne passe pas franchement inaperçue.
L'araignée se déplace pour se mettre en face de Rebecca. Chacun de ses yeux la fixe, et le reflet de la jeune femme se dessine dessus. De la bave coule de sa gueule. L'aventurière essaye toujours de se libérer de la toile, mais elle ne peut même pas bouger d'un centimètre. La situation était tout simplement...chaotique.
Grosse baleine.
Oui bon, hein.
Son pied se posa sur les lattes de la coursive, et il lâcha temporairement du regard la silhouette de l’enfant pour mieux observer la bibliothèque. Ses doigts se crispèrent le long de la rambarde et son souffle manqua une inspiration. De longs filaments couraient contre les arrêtes de la salle, jonchés de reliefs évoquant les restes de repas. Repas assurément non végétariens. Et une grosse, grosse, bestiole se tenait dans l’un des coins de cet impressionnant réseau, observant sa proie la plus récente. Rebecca. Voilà qui était fâcheux.
Grosse grosse baleine.
Araignée, en fait.
Attaquer !
Non !
Pas attaquer ?
Elle fait… beaucoup trop de fois ta taille, Eli. Doucement.
Autre moins grand.
Et en était-il vraiment arrivé au point d’agresser un simple enfant ? Mais était-ce vraiment un simple enfant ? Le regard de Calixte se reposa sur la petite silhouette et il reprit son chemin avec prudence.
- Tu as… une grosse araignée au plafond. C’est ton amie ? C’est Bakou ?
Yca opina lentement du chef.
- Ah. Il semblerait que Bakou ait confondu mon amie avec… son repas. Pourrait-il libérer Rebecca ?
L’enfant lui adressa un drôle de regard.
- Bakou a faim. Et Rebecca m’a donné des ordres. J’aime pas les ordres.
- Je comprends que tu n’aimes pas les ordres, mais Rebecca ne le savait pas. Et Rebecca est mon amie. Si je suis ton ami, elle est aussi la tienne, non ?
L’espion n’était plus qu’à quelques pas de son jeune interlocuteur, et il vit les yeux calculateurs se promener de l’aventurière entravée, à l’énorme araignée, à lui-même. Le temps de quelques secondes, il caressa l’idée que l’envie relationnelle de l’enfant serait plus grande que celle de combler Bakou, mais évidemment Lucy ne lui aurait pas fait cette fleur là aussi facilement. Un air résolu s’installa sur les traits juvéniles qui se modifièrent peu à peu… pour ne plus être si juvéniles que ça. Soudain, il eut l’impression de faire face au visage d’un homme d’une quarantaine d’années.
- Toi aussi tu dégages !
Bon, au moins, c’était clair. Les énormes pattes de l’araignée se jetèrent sur lui pour l’attraper, et il usa instinctivement de sa fusion glissée pour réapparaitre dans le dos de la bête. Profitant de la confusion, il courut vers l’aventurière tout en dégainant sa dague Wardän. Si la toile était aussi résistante que son architecte était massive, une simple lame ne suffirait probablement pas. Il entreprit de défaire les liens retenant Rebecca prisonnière, et il entendit une exclamation outrée dans son dos. Jetant un rapide coup d’œil par-dessus son épaule, il vit l’éclat des éclairs échauffés que Vreneli avait décidé d’abattre sur Yca. Le petit familier n’était pas assez puissant pour faire de réels dommages, mais suffisamment pour gêner sa cible et retenir son attention. Tout comme celle de Bakou, qui semblait partagé entre sa proie et son maître assailli.
Finalement Rebecca glissa libre sur la coursive à côté de lui, et la petite nébuleuse de Vreneli esquiva un coup de patte furieux pour rejoindre les deux amis.
Attaque !
Heu peut-être, attends.
- Une idée pour obliger Yca à nous laisser repartir ?
PIÈGE GASTRONOMIQUE
Parfait. Calixte réussi à libérer Rebecca de son piège. Glissant du plafond, elle atterit en posant un genou au sol. Et dans la foulée, l'aventurière activa son pouvoir. Un smilodon des plaines atterrit entre les deux aventuriers et les attaquants.
La question de Calixte l'a fait rire. Ho que oui, elle avait une petite idée. Bon, c'est sûr que ça va pas lui plaire, mais s'ils voulaient vraiment sortir de là indemne, il fallait bien faire ça.
- On attaque !
Une fraction de seconde après, l'animal d'ombre s'était déjà abattu sur l'araignée géante. Patte après patte, œil après œil...le smilodon se faisait plaisir. Est-ce à cause de la colère de Rebecca ? Hooo....tu te salis même pas les mains...franchement c'est nul, là.
Puis Bakou l'araignée expire son dernier souffle, dans une parfaite scène mélodramatique. Seul, l'enfant commence enfin à comprendre sa situation. Il s'accroche à sa petite boule de cristal, comme si c'était la chose qui comptait le plus à ses yeux. Il avait perdu de sa fougue, et ressemblait maintenant clairement à un enfant.
Rebecca laisse le smilodon actif, c'est toujours plus impressionnant qu'un oiseau de 5 centimètres. Surtout pour essayer de faire parler quelqu'un. L'aventurière se retourne vers son coéquipier, un grand sourire aux lèvres.
- Je te laisse gérer la suite. Tu sais à quel point je suis douée avec les enfants...
A quelques mètres, le visage d’Yca se mua peu à peu dans un rictus contrarié puis paniqué. L’enfant n’avait visiblement pas prévu ce genre de développement et ne savait pas quoi en penser, ni comment y faire face. Bientôt, Bakou rendit son dernier râle sous les dents acérées du smilodon, et Yca commença à reculer. Ses yeux grands ouverts contemplaient avec horreur le cadavre de l’arachnide, et sa bouche s’ouvrait et se fermait sans bruit.
- Yca… commença Calixte en s’avançant vers la petite silhouette.
L’enfant leva le regard vers lui, le contempla un instant tétanisé, puis :
- Vous avez tué Bakou ! Vous êtes des méchants !
Puis il fit volte-face et s’éclipsa par l’issue la plus proche de lui, à seulement quelques pas. Le smilodon tenta de l’immobiliser, mais Yca passa le seuil de la pièce attenante une micro seconde avant que la patte animale ne l’atteignît, et claqua précipitamment la porte derrière lui. Jurant, Rebecca et Calixte s’élancèrent eux aussi à la suite du jeune fugitif et passèrent à leur tour le battant où la créature d’ombre les attendait dans une étrange halte prudente. Et ils s’imbriquèrent dans les toilettes dans lesquelles ils venaient de se jeter.
- Ouf, souffla le garde la joue écrasée contre l’un des murs.
Il n’aurait su dire qui de l’aventurière ou du smilodon s’était affalé contre lui dans leur élan de poursuite, mais il fut soulagé lorsque le poids se retira pour le laisser se défaxer de l’étroite pièce. La voie était évidemment sans issue.
- Amandine ? Lorsqu’il a fermé la porte ? proposa le coursier en fronçant les sourcils alors qu’ils faisaient quelques pas en arrière pour contempler leurs possibilités.
- Referme et réouvre ?
Ils essayèrent, et effectivement la salle changea. A la place des toilettes se dressait un long corridor. Mais était-ce par là qu’Yca s’était éclipsé ? Ils retentèrent l’expérience, et l’obtention d’une troisième possibilité assombrit leur humeur.
- On n’est pas sortis de l’auberge… grommela Calixte. Tu crois que mettre feu à la baraque les ferait sortir ? Bon par contre s’ils ne sortent pas on brûlera clairement avec…
Il sortit sa boule de vision, dans l’espoir d’avoir une petite idée de l’endroit où se trouvait à présent leur cible. Et, étonnamment, il semblait que Lucy leur souriait enfin. L’image affichée leur montra la cuisine où ils avaient goûté à la soupe enchantée, et où ils avaient laissé l’homme assommé. Il n’y avait plus qu’à y retourner.
Ce qui, dit ainsi, parait aisé. Mais ils errèrent une bonne heure sans retrouver l’escalier menant à la cuisine. Il semblait que le dédale dans lequel ils s’étaient engouffrés n’avait pas de fin. Les couloirs et les pièces changeaient sans cesse dès qu’ils passaient une porte, et même de laisser celle-ci ouverte ne changeait rien. Un étrange courant d’air s’acharnait à la refermer derrière eux, même s’ils tentaient de la maintenir ouverte d’une quelconque manière.
- C’est vraiment une sale journée, soupira le coursier alors qu’ils faisaient une pause. Une sale, sale journée.
Tandis qu’il passait son sachet de biscuits à Rebecca – parce qu’il commençait vraiment à faire faim – il posa son regard sur la petite silhouette du renard, ayant pris la place de celle puissante du smilodon, qui reniflait le parquet.
- Ca a des besoins tes créatures d’ombre ? demanda-t-il à son amie alors que la bête gratouillait le sol comme un chat préparant sa litière.
Le renard se mit à feuler contre le sol. Et si… ? Récupérant le sachet, Calixte rangea abruptement celui-ci dans son sac et posa les doigts contre l’une des lattes du parquet.
- Je reviens.
Il fusionna. Et contempla interdit la cuisine sous leurs pieds. Yca était là, avec son cristal. L’homme endormi était toujours ligoté à la table. Et une nouvelle préparation culinaire était en cours. Du même type que celle les ayant soumis aux pouvoirs des enfants, ou pire encore ?
- Il faut qu’on passe par ce parquet, annonça-t-il à Rebecca en défusionnant. Si ça se trouve ça a toujours été sous nos pieds mais avec cet étrange pouvoir…
Il allait proposer d’utiliser sa fusion, mais l’aventurière lui fit signe de s’écarter un peu, et le renard d’ombre se transforma en quelque chose de bien plus imposant et bien plus lourd. Le bois craqua franchement avant de céder d’un coup sous le poids de la créature, et Calixte ne put constater que l’amas de ténèbres s’écroulant à l’étage inférieur sans trop savoir ce que son amie avait créé. Profitant de la stature de la créature, ils sautèrent sur celle-ci puis au sol de la cuisine.
- Non ! hurla Yca en cherchant des yeux une issue.
Mais le petit groupe venait de s’interposer entre lui et l’escalier. Alors à moins qu’il ne sortît… Et peut-être que cela les délivrerait du piège ? Calixte leva ses lunettes de jours et s’avança vers l’enfant pour parlementer, mais Vreneli fut plus rapide que lui. Et plus revanchard. De furieux éclairs s’abattirent sur la petite silhouette qui hurla de surprise combinée à la douleur, et il lâcha dans un sursaut son cristal dans la soupe en cours de préparation.
Vren !
Méchant garçon !
Vren, reviens ici et laisse-le tranquille !
Un nouveau cri leur parvint, un peu plus aigu, et un peu plus pressant. Dans la marmite posée sur le feu où le cristal venait d’avoir été jeté par erreur, une fille d’une douzaine d’années venait d’apparaitre. Et ils avaient très, très, envie d’en finir avec cette journée des plus pénibles, mais peut-être n’avaient-ils pas encore atteint le point où le ragoût d’adolescente se justifiait. Calixte récupéra rapidement un torchon et fit fusionner Amandine dedans, avant de la faire redéfusionner loin des flammes, entre Rebecca et lui. La peau de l’enfant était d’un rouge vif, et des cloques commençaient à apparaitre ici et là.
- Il faut lui retirer ses vêtements, ou ils vont se coller à ses brûlures, indiqua le coursier à l’aventurière tout en lui adressant un regard entendu.
Et tandis qu’il sortait sa gourde fontaine pour calmer la douleur, limiter les lésions, et faciliter la tâche de sa camarade, celle-ci ne perdit pas de temps à défaire Amandine de ses vêtements.
Enfants vaincus !
Vren, c’est pas le moment. Et c’est pas très glorieux…
Enfants méchants !
Je sais. Mais quand même.
- Il faut de la crème, Yca. Vite. Et une couverture.
- Me donne pas d’ordres !
- Maintenant Yca, s’il te plait !
- Me donne pas d’ordres ! répéta l’enfant qui s’élança tout de même en courant vers l’étage pour, avec un peu de chance, ramener ce qui lui avait été demandé.
Peu à peu, Rebecca vint à bout des vêtements abîmés d’Amandine, et le flot d’eau froide de la gourde fontaine de Calixte atténua l’expansion des brûlures. Les gémissements de l’enfant semblaient encore un peu douloureux mais aussi en colère. D’ailleurs, elle repoussa bientôt violemment les mains de l’aventurière et donna un coup de tête dans le ventre du coursier.
- Allez-vous en ! hurla-t-elle enfin.
- Mais il faut…
- ALLEZ-VOUS EN !
Et wow, malgré ses blessures elle était fort déterminée dans son antagonisme pugnace. En un bond, ils récupérèrent toutes leurs affaires, en deux ils arrivèrent à la hauteur de l’homme assommé que Calixte fit fusionner dans une bille de bois.
- ALLEZ-VOUS EEEEEEEEN !!
En trois ils passèrent le perron de la demeure. Enfin !
- Mets la crème sur tes brûlures et couvre-toi de la couverture, indiqua tout de même le coursier à Amandine alors que la silhouette d’Yca réapparaissait au bas de l’escalier.
- CASSEZ-VOUS !!
En quatre, ils furent aux portes du village.
- Bon heu, je te propose de continuer un peu notre route avant de chercher un nouvel abri. Ce village me sort par les trous du nez, grimaça-t-il à l’adresse de Rebecca, tout en récupérant son brave destrier qui l’avait attendu.
PIÈGE GASTRONOMIQUE
Rebecca n'en pouvait plus. A chaque fois qu'ils ouvraient une porte, une nouvelle possibilité de chemin s'offrait à eux. Tantôt des toilettes pas forcément très propre, tantôt un long couloir sans fin...Oui, bien sûr, ça a des avantages, surtout quand on maîtrise l'apparition des salles. Envie pressente ? HOP toilettes ! Une petite faim nocturne ? HOP cuisine à portée de crocs !
Marchant sans but dans ce couloir depuis plusieurs longues et interminables minutes, Rebecca ne dit pas non au biscuit tendu par son partenaire. Un smilodon avait laissé place à un renard de saison, plus petit mais dont l'odorat était tout aussi affuté. Celui-ci gratta alors frénétiquement le sol, comme s'il voulait se cacher de quelque chose.
- C'est bien la première fois que je verrai une de mes créatures allaient au petit coin...
Mais Calixte comprit vite de quoi il en retournait. Et en une fraction de seconde, le doux renard avait laissé sa place à quelque chose de bien plus imposant, de bien plus lourd. Le thogosus, long d'un mètre 30 pour plus de 100 kg, se débattait avec le manque d'eau environnant. A chaque coup de queue contre le sol, celui-ci craquèle, fissure et lâche.
Une fois atterrit à l'étage inférieur, tout ce passa extrêmement vite. Rebecca ne bougeait pas, observée la scène qui se passait sous ses yeux. C'est Calixte qui l'a réveilla, quand il lui demanda de retirer les vêtements cramé de la jeune enfant.
S'agenouillant devant la pauvre fille, l'aventurière sortit une petite pair de ciseaux, qu'elle réservait plutôt pour du rapiècement de dernière seconde. Aussi délicatement que le situation lui permettait, elle commençait à couper le haut du vêtement. A chacun de ces coups, Rebecca avait un peu peur de toucher la peau brûlé de l'enfant et de lui faire encore plus mal. Oui, elle s'inquiète pour elle. C'est pas parce qu'on aime pas les enfants qu'il faut tout de suite dire qu'on leur veux du mal, hein !
Une fois l'affaire conclu et des litres d'eau sur son corps, l'enfant paraissait aller un peu mieux. Tellement mieux qu'elle n'a pas hésité à faire tomber Rebecca sur les fesses et à envoyer un coup de boule dans le ventre de Calixte.
L'aventurière était contente que cette histoire se termine bien pour eux. Mais au final, leur ventre cris toujours famine.
- On va finir par aller chasser, je te le dis....
Leur route continue alors. Rebecca se promet, dans un coin de sa tête, de maintenant toujours faire attention aux araignées accrochées au plafond.