Quelle histoire ! Un orage, un incendie, Du bouillon, des enfants et des araignées. Vous avez connu des jours bien plus calme.. et pourtant, vous n'êtes pas au bout de vos surprises.
Cependant, l'orage commence à se calmer et les nuages se dissipent après une petite heure pour laisser apparaître le ciel étoilé. Un petit courant d'air frais souffle dans votre nuque et autour de vous, vous retrouvez enfin le calme des plaines.
En continuant votre marche, vous apercevrez bientôt les lumières de la capitale : signe que que êtes proche et qu'un bon repas -cette fois-ci pas ensorcelé- et un bon lit vous attendent ! Vous pressez donc le pas, ayant hâte de terminer cette journée.
Seulement c'est lorsque vous approchez des portes de la ville que la surprise vous tombe dessus. Littéralement. Deux gardes, puis trois et quatre... Viennent armé à votre rencontre, les lames pointés vers vos coups.
- Lâchez vous affaires et rendez vous ! Vous avez du cran de passer par la porte principale ! Le lieutenant sera bientôt là, n'essayez même pas de vous enfuir !
Hein ? Que ? Quoi ? Que vous reproche-t-on ?
(Je pars du principe que vous agissez calmement, si ce n'est pas le cas dîtes moi que j'édit mon poste) Ne voulant pas faire de vague, vous demandez ce qu'il se passe en restant sur vos gardes. L'homme qui a prit la parole vous regarde alors avec un rire moqueur.
- Qu'est ce que vous avez fait ? Bande de salop ! Vous savez très bien ce que vous avez fait ! Othurn Salner et Chica Salner, vous êtes arrêtés pour multiples meurtres et assassinats ! Vous répondrez de vos actes devant le tribunal mais soyez déjà prêt à passer la frontière !
Le couple Salner, vous en avez entendu parlé avant votre départ quelque jour plus tôt. Ils ont ôté la vie à toute une famille entière et on joyeusement signé leurs méfaits. Comment ces gardes pouvaient-ils vous confondre avec ces deux abominables personnes ? A moins qu'une nouvelle magie soit encore à l'oeuvre...
CE N'EST PAS FINI
Tout cela allait enfin bientôt se terminer. Leur retour à la Capitale n'allait pas tarder, et ils allaient pouvoir se réchauffer et sécher leurs vêtements. Car oui, depuis le tout début de cette malheureuse suite de coïncidence toutes plus compliquées les unes que les autres, le groupe était complètement mouillé de la tête aux pieds. Rebecca sentait tout son corps tremblé de froid. Elle sentait les gouttes d'eau glissaient, lentement mais sûrement, le long de son dos. Des frissons, un éternuement, deux reniflements et on continue la route.
La route fût des plus calme. Et bizarrement, cela faisait plus réagir Rebecca. Et bien oui, le destin c'était bien mis en travers de sa route depuis le début, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? L'aventurière trouvait ça presque triste qu'aucune autre péripéties ne viennent les déranger.
Il fallait donc faire la conversation. Rebecca n'était pas forcément la plus forte à ce petit jeu. Après avoir parler de la météo et de la cuisine du village qu'ils venaient de quitter, le tour des conversations possibles était déjà fait. L'aventurière essayait donc des blagues.
- Dis Cal, quel est l'animal le plus généreux ? Elle laissa quelques minutes au coursier pour donner plusieurs possibilitée. Non, le poulain. Parce quand il y en a poulain, il y en a pou l'autre !
Bon, il est vrai que ce genre de blagounette n'est pas des plus poussées ni des plus intellectuelles. Mais cela avait pourtant le mérite de faire rire. Ou du moins, un pouffement.
Au moins, grâce à ceci, le voyage fut moins long que prévus. Déjà arrivent-ils aux portes de la ville. Il n'y avait pas grand monde, l'heure tardive de leur arrivée étant peut-être pour quelque chose. Enfin le bout du voyage, la fin de cette journée fort longue.
- Je crois que notre chemin s'arrête ici, partenaire. AU plaisir de te revoir une fois séchée...
Mais non, on dirait que la journée n'était pas encore sur le point de se terminer.
- Lâchez vous affaires et rendez vous ! Vous avez du cran de passer par la porte principale ! Le lieutenant sera bientôt là, n'essayez même pas de vous enfuir !
Épuisée par les événements précédents, Rebecca n'opposa aucune résistance, lâcha son sac sans fond et leva les mains bien en l'air. Bon, qu'est-ce qu'ils avaient encore fait ? Aucune idée, évidemment. Cela fait maintenant plus d'une journée qu'ils étaient partis de la capitale.
- Othurn Salner et Chica Salner, vous êtes arrêtés pour multiples meurtres et assassinats ! Vous répondrez de vos actes devant le tribunal mais soyez déjà prêt à passer la frontière !
Ah bah tiens, Rebecca ne l'avait pas vu venir, celle-là. Elle se retourne vers Calixte. Est-ce une magie qui est en action ? Non, c'était bien son ami le coursier qui était devant ses yeux. Le même visage, mêmes yeux. Alors pourquoi ces gardes pensent-ils qu'ils sont le couple "Salner" ?
Rebecca en avait déjà entendu parler. Un homme et une femme qui avaient tué toute une famille, et qui ont eu le culot de signer de leur nom leur méfait. Aaaah...et bien, cette journée est toujours autant particulière !
Le chemin s’était passé agréablement, dans cette alternance de discussions légères et silences confortables caractérisant l’amitié prenant ses aises. Enfin, les hauts murs de la Capitale se dessinèrent dans le paysage se fondant dans les ténèbres de la nuit s’installant, et Calixte rit à la dernière blague de Rebecca. Finalement, il semblait que cette journée allait se finir sur une bonne note. Franchissant les derniers mètres les séparant de la cité royale, ils s’arrêtèrent brièvement pour se dire au revoir et…
- Lâchez vos affaires et rendez-vous ! Vous avez du cran de passer par la porte principale ! Le lieutenant sera bientôt là, n'essayez même pas de vous enfuir !
Et non. Apparemment Lucy avait d’autres plans foireux en réserve pour eux pour cette journée. Tournant le regard vers la personne les invectivant, Calixte reconnu à leurs habits – et leurs armes – certains de ses collègues venant à leur rencontre. Allons bon. Était-ce l’incendie involontaire de l’auberge sur la route qui leur valait les défaveurs de la Garde ? Intrigué, et pas tellement pressé de finir en brochette sur la lame de l’un de ses camarades un peu trop zélés, le coursier attendit patiemment que tout ce monde – et ils avaient vraiment un accueil en nombre – se plaçât autours d’eux et qu’on éclairât leur chandelle. Lâchant la bride de son destrier, il leva paisiblement les mains en l’air.
- Hum… de quoi est-ce qu’il en retourne ? finit-il par demander à l’un des gardes dans le silence tendu qui se prolongeait.
- Qu'est-ce que vous avez fait ? Bande de salops ! Vous savez très bien ce que vous avez fait ! Othurn Salner et Chica Salner, vous êtes arrêtés pour multiples meurtres et assassinats ! Vous répondrez de vos actes devant le tribunal mais soyez déjà prêt à passer la frontière !
Les sourcils de Calixte montèrent haut sur son front. Quoi ? Instinctivement, il se tourna vers Rebecca, qui avait réagi comme lui. L’apparence de la jeune femme n’avait pas changé, alors quoi ? Mais ils avaient passé toute la journée ensemble, alors bon…
Avant de prendre la route, le coursier avait entendu parler du lugubre couple. A priori coupable du meurtre de toute une famille. Il ne s’était pas tellement arrêté sur les rumeurs, même s’il les avait notées par habitude. Ce type d’évènement ouvert intéressait peu les us de l’ombre, sauf s’il devait trainer en longueur. Et la perspective de pouvoir en discuter tranquillement avec sa Maître-Espion une fois revenu à la Capitale n’avait que conforté son désintérêt relatif du moment.
- Comment savez-vous que nous sommes Othurn et Chica Salner ? demanda-t-il naïvement.
- Comment on sait que… Eh mais elle se fout de moi en plus !
Elle ?
- Tu crois qu’on connait pas vos sales gueules ? Alors que y a les affiches de recherche à chaque coin de la Capitale ? Crois-moi que les administratifs ont été bien contents de nous fournir vos profils quand on leur a demandé. Pour une fois ils ont été rapides dans leur taf.
Ajoutant le geste à la parole, le garde leur brandit l’une de ces affiches, et Calixte reconnu… des silhouettes qui n’étaient résolument pas les leurs.
- Avec une moustache ridicule comme ça tu passes pas inaperçu, cracha le militaire avec mépris aux pieds de Rebecca.
Les yeux de Calixte firent un aller-retour sur la silhouette de l’aventurière. Non, vraiment, il ne voyait pas ladite moustache.
- Et avec cette cicatrice reconnaissable même pas dissimulée sur ton balcon… poursuivit le garde en grimaçant de dégoût en observant la gorge du coursier.
Il baissa le regard. Mais non, non plus. Il ne voyait pas bien l’évidente poitrine balafrée que son collègue lui attribuait.
- Allez, saisissez-moi ces connards. Qu’on leur montre comment la Garde traite ceux qui se pensent au-dessus des autres.
Ça promettait moyennement un séjour quatre étoiles. Et Calixte n’avait pas tellement envie que son bain chaud et ses draps secs fussent remplacés par l’humidité glaciale des cachots.
Eli, prépare-toi.
Attaquer ?
Heu non, transporter.
Préfère attaquer.
Transporter aussi.
D’un même élan, les gardes fondirent sur eux, et le coursier saisit la main de Rebecca.
- Prends tes affaires !
Dès que la main de l’aventurière toucha son sac à dos, il les fit fusionner dans une bille de bois que Vreneli récupéra. Une exclamation surprise accueillit leur disparition, suivie de quelques intonations de douleur lorsque le teisheba décida de libérer quelques décharges électriques taquines.
Vreneli, on s’en va !
Après une dernière salve pugnace, la petite nébuleuse fusa sous le couvert du dédale des habitations. Les militaires tentèrent bien de la suivre, de la retrouver, mais au bout d’une dizaine de minutes, ils se retrouvèrent bredouilles. Longue de sa dizaine de centimètres, la petite créature au corps presque intangible était une aiguille à retrouver dans une botte de foin. Finalement, ils partirent quadriller le reste de la ville dans l’espoir de les retrouver, délaissant le couvert où ils s’étaient abrités. Réapparaissant ainsi à proximité des portes de la ville, Calixte et Rebecca s’assirent sous le porche en observant les lieux.
- Soit on a modifié notre apparence…
- Je ne te vois pas changé…
- Moi non plus. Mais ça pourrait être sélectif. Soit c’est un pouvoir qui a agit directement sur les sens de ces gardes. Voire des passants dans ce périmètre.
- De toute façon les premiers intéressés…
- Oui. Les premiers intéressés sont Othurn et Chica Salner. Donc a priori…
- On va les retrouver, et leur dire deux mots.
Le regard courant sur les reliefs devant eux, Calixte acquiesça. Il ne devait pas être bien loin, le couple Salner. Si c’était bien lui qui leur avait joué ce mauvais tour. D’ailleurs, ils recommenceraient peut-être avec d’autres innocents. Les doigts du coursier se perdirent contre les courbes de son talisman d’indépendance, bien inutile dans une ville aussi peuplée que la Capitale.
CE N'EST PAS FINI
Oui, ça serait bien de pouvoir les retrouver, mais par où commencer ? Ils pouvaient être n'importe où. Et surtout, pourquoi Calixte et Rebecca ? Aucun des deux n'a déjà entendu parler du couple Salner. De toutes les personnes qu'elle pouvait connaître, l'aventurière n'en voyait pas un seul prêt à faire ce genre de chose. Et surtout, aucun dont le pouvoir correspond.
- Tu connais quelqu'un qui a ce genre de pouvoir ?
- Non.
- C'est bien ce que je me disais.
Et puis, une idée lui ai venu à l'esprit. Plus qu'une idée, une intuition. Mais pourquoi ? Le groupe les avait aider, pourquoi se venger sur eux ? Mais non, ils ne correspondent pas à la description du couple Salner, ça ne se peut pas. Et si...et si, eux aussi comme les gardes, ils se sont fait avoir par ce pouvoir ? Un pouvoir plus dangereux qu'il n'y paraît. Mais...et les enfants qui étaient avec eux ??
Alors que Rebecca était sur le point d'expliquer sa théorie à Calixte, deux gardes en ronde rentra dans son champ de vision. Dans un mouvement de panique, elle plaqua le coursier contre le mur et approcha sa tête de la scène, dans une scène beaucoup moins romantique qu'il n'y paraît. Dans cette position pendant bien cinq minutes, l'aventurière se remet droite et fait comme si rien de c'était passé.
- Il faudrait qu'on rentre dans la ville et qu'on aille chez moi. Je ne suis pas sûr que les gardes se doutent de quoi que ce soit. On y sera en sécurité, en attendant de trouver des réponses.
Le plus dur, maintenant, c'est de se faufiler dans Capitale, sans se faire repérer. Arthorias lui avait déjà parlé des rondes que faisais la garde royale, ainsi que leur horaire. Mais Rebecca n'écoutait que d'une seule oreille. De ce qu'elle se souvient, les gardes sont plus nombreux la nuit, et notamment autour du palais. Un bon point pour eux, sa maison se trouvant assez loin de celle de la famille royale.
Au pire, si quelque chose se passe mal, il suffira de retrouver une taverne et de se cacher sous une table. Mais pas sûr que ce coup-là fonctionne aussi bien sur des gardes....
Une nouvelle patrouille passa non loin, et Rebecca le plaqua contre le mur, évitant de justesse de lui fracasser le crâne contre celui-ci. La position était loin d’être désagréable, et il pouvait presque sentir le souvenir du parfum fleuri des mèches claires de l’aventurière. Sous le couvert du musc, de la boue, des cendres, de l’humidité, des relents de soupe. Lui-même ne devait pas sentir la rose, et qu’est-ce qu’il aurait donné pour un bon bain ! Enfin. Les secondes passèrent, puis les minutes, l’aventurière vigile observant les militaires allants et venants. Le teisheba, perché au-dessus de sa tête, était tout aussi attentif.
Attaquer?
Non, Eli. Non.
Il sentait à l’anticipation de la jeune femme que ses méninges carburaient autours de cet étrange phénomène, mais il n’osa pas la perturber vu leur situation inconfortable. Enfin, elle s’éloigna de lui. Et elle avait raison. S’ils voulaient discuter tranquillement sans avoir à se soucier d’être surpris par le premier garde de passage, il allait leur falloir trouver une planque plus discrète. Et pas celle des espions.
Acquiesçant à la proposition de l’aventurière de prendre un peu de recul en se posant chez elle, Calixte réfléchit. Eviter ses collègues n’était pas un soucis. Pour lui. Il y avait des voies et des us de l’ombres qui permettaient aisément de se défaire de toute attention non désirée pour se promener discrètement au cœur de la Capitale. Il serait bien imprudent de les dévoiler ici, même à une amie. Il allait proposer à l’aventurière une progression à base de fusion et de chance, lorsque des exclamations échauffées attirèrent son attention. Près de la porte de la cité, ses collègues appréhendaient un nouveau duo. Sous le nom de Othurn et Chica Salner. Après un échange de regards, Rebecca et Calixte s’approchèrent sans bruit de l’affaire.
D’où ils étaient, ils étaient trop loin pour bien appréhender la scène, mais il semblait à Calixte que le duo arrêté par les militaires… était composé de deux femmes. Ils sautèrent au bas d’une caisse et se faufilèrent au détour d’un petit pavillon pour observer… les silhouettes reconnaissables de Othurn et Chica Salner. Le coursier cligna des yeux.
- Je… j’ai rêvé ou c’étaient deux femmes il n’y a pas quelques secondes ?
Tout comme eux précédemment, les soi-disant coupables n’avaient pas l’air de comprendre de quoi il en retournait. Contrairement à eux, ils n’avaient pas l’air prêts à éviter les conflits.
- Si vous pensiez pouvoir nous échapper après ce petit tour de passe-passe ! On savait que vous retenteriez de quitter la ville !
- Mais on rentre à la ville, gros nigaud ! T’crois pas que si on avait vraiment la Garde à dos on serait pas déjà à l’autre bout du royaume !?
- C’est bien la peine de payer une redevance à la Garde… ils sont bien meilleurs à la Guilde !
- Vous me dégoûtez avec vos excuses idiotes. Allez, embarquez-moi ces salops avant qu’ils ne se volatilisent à nouveau.
Du mouvement à l’orée de son champ de vision attira l’attention de l’espion qui leva le regard le long des remparts. Penchées par-dessus le parapet, dissimulées par l’ombre de la nuit et le point d’observation insolite, deux silhouettes observaient la scène avec un intérêt suspect. Probablement aussi suspect que les deux amis dissimulés par le petit pavillon proche des portes de la ville. Agrippant le bras de Rebecca, Calixte voulut lui indiquer discrètement ces étranges spectateurs. Son coude tapa contre le volet mi-clos de la fenêtre adjacente, et celui-ci fit un aller-retour, rebondissant contre la butée pour venir taper violemment dans le dos du coursier. Propulsé par l’assaillant surprise, l’espion se vautra lamentablement contre les pavés. Expulsé de sa cachette. Sous les yeux des gardes alertés par l’étrange bruit.
- Chef, c’est… !
- Qu’est-ce que…
- Bah ils sont là vos suspects ! Bande d’incompétents !
- Chef… ? Y a deux Othurn Salner et deux Chica Salner… ?
- Vos gueules ! Embarquez-moi tout ce monde !
- Ah mais certainement pas ! Si vous pensez qu’on va se laisser faire !
Aidé par Rebecca, Calixte se releva dans un mélange de membres et une respiration un peu perturbée. Bon, heu…
CE N'EST PAS FINI
Agrippant le bras de son partenaire, Rebecca l'aide à se remettre debout, avant de courir hors d'haleine en direction de la forêt. Allez, avec un peu de chance, les gardes arrêteront de les poursuivre une fois cachés par la végétation.
Mais non.
Armés de leur lampe magique, les gardes continuent de courir d'arrière eux, sans les lâcher d'une semelle. Il fallait créer une diversion, quelque chose de susceptible de leur faire fermer les yeux pendant quelques secondes. Puis le teisheba du coursier lui donnait une idée. Malaxant l'ombre des arbres autour d'elle, l'aventurière crée son propre teisheba d'ombre, tout semblable à son modèle vivant.
- Tu crois que tu peux demander à ton familier de faire des éclairs ? Si on arrive à faire un mur, même pendant quelques secondes, cela nous permettra de nous cacher.
Le but du jeu, ce n'était pas de continuer à fuir, mais de faire une diversion pour pouvoir se cacher à proximité. Il fallait trouver le moment. Le bon moment. THE MOMENT. Mais plus facile à dire qu'à faire. IL faut que leur cachette ne soit pas trop voyante et à proximité. En continuant de courir quelques temps, ils tombent sur un arbre en plein milieu de leur route, avec quelques buissons autour. Parfait, ils exécuteront le plan une fois l'arbre passé.
- Maintenant Calixte !
A deux teisheba, les éclairs sont beaucoup plus gros et beaucoup plus nombreux. Et cela fonctionne ! Les gardes à leur trousse s'arrêtent brièvement pour se protéger d'une quelconque attaque, ce qui laisse le temps au faux couple Salner de se cacher dans un buisson à proximité.
Quand tout se calma enfin, quelques secondes plus tard, et que les gardes déboussolés reprirent leur course effrénée, Calixte et Rebecca peuvent enfin souffler. Ils reviendront à un moment ou un autre, mais le groupe avait quand même quelques minutes de répit. Se retournant vers le coursier, elle lui demande :
- Tu voulais me montrer quelque chose, tout à l'heure ?
On va attaquer les gardes, Vreneli.
Attaquer !!
Oui, pas maintenant. Attends…
Attaquer maintenant !
Attends…
- Maintenant Calixte !
Maintenant Eli !
Et le petit teisheba, tout heureux de pouvoir libérer sa foudre, ne se fit pas davantage prier. Le barrage d’éclairs surpris leurs poursuivants, et l’espion perçut même quelques injonctions douloureusement agacées. Profitant de la diversion créée, les deux amis plongèrent sous la couverture d’un buisson bien placé. Vifs dans leur fuite comme dans leur attaque, les nébuleuses électriques s’éclipsèrent entre les arbres et, après un moment de désorganisation, les militaires s’engouffrèrent à leur suite. Discrètes et agiles, les deux créatures n’eurent aucun mal à semer ceux-ci pour retrouver leur maître respectif.
Se penchant pour mieux observer les remparts, Calixte laissa couler son regard contre les courbes de la fortification. Gêné par l’obscurité grandissante, il sortit ses lunettes de jour.
- Il y avait…
Des silhouettes suspectes qu’il ne retrouvait pas, par contre…
- Eh mais, c’est pas… ?
Posant la main sur l’épaule de Rebecca, il la déplaça légèrement pour qu’elle eut aussi vue sur l’objet de son attention. Innocemment laissé contre le flanc d’un mur, à l’abri de l’un de ses recoins, un chariot patientait. Un chariot accidenté à la silhouette toute familière. L’espion fronça les sourcils. Était-il arrivé un nouveau malheur à la petite famille qu’ils avaient secourue un peu plus tôt dans la journée ? Ou y avait-il finalement anguille sous roche ?
Prenant garde à ne pas se faire repérer, l’aventurière et le militaire sortirent des fourrés et s’avancèrent prudemment vers la cariole abîmée. Elle avait été rapidement rafistolée, mais on sentait une certaine hâte dans la réparation succincte. Allongés contre les planches de bois de la plateforme, dormaient profondément les deux enfants. Où étaient les parents ? Comment se faisait-il qu’ils eussent ainsi laissé leur progéniture seule ? Aryon était un royaume paisible, mais nul n’était à l’abri des griffes d’un animal sauvage, surtout dans la quiétude sombre de la nuit. Alors quoi ?
Du mouvement à l’orée de son regard attira son attention, et sa main se posa instinctivement sur l’une des lames retour à sa hanche. Voletant au-dessus de son épaule, Vreneli grésilla d’anticipation. A quelques mètres d’eux, penchées par les créneaux de la muraille, deux ombres se fondant dans celle de la nuit les observaient. Etaient-ce les parents des deux enfants ? Mais que faisaient-il là-haut ? Etaient-ce des gardes ? Peu probable, vu l’absence de réaction martiale. Était-ce le couple Solnier ? Les doigts de Calixte se resserrèrent sur son arme. Était-ce un mélange de ces suppositions ? A ses côtés, il sentit Rebecca rassembler son pouvoir.
Mais peut-être ne s’agissait-il de rien de tout cela.
Est-ce le bruit qui réveilla les deux enfants ou quelque chose d'autre. Mais les yeux du plus grand s'ouvrirent et il croisa le regard de Calixte, puis de Rebecca. Il ne vous avait sans doute pas retenu et c'est pour cela qu'il se met à crier :
- HAAAAAA!!! AU SECOURS ! A L'AIDE !!!
Avec tous ce raffut, cela attira forcément l'attention des gardes. Le premier qui arriva cria à ces camarades :
- ATTENTION ! ILS ONT DES OTAGES ! Puis s'adressa à vous : C'est lâche d'utiliser des enfants comme bouclier ! Libérez les !
Avec tout ce bruit, le plus jeune des enfants se mit à pleurer et l'autre continuait à appeler à l'aide. Est-ce qu'il s'agissait d'un coup monté ? Si c'était le cas, les deux gamins jouaient parfaitement la comédie. A moins qu'ils ne vous aient réellement pas reconnu et soient effrayés... Quoi qu'il en soit, pendant que vous essayer de calmer les enfants, les gardes s'étaient rassemblés et vous entouraient de toutes parts..
CE N'EST PAS FINI
Il ne manquait plus que cela. Les enfants les connaissaient pourtant. Ils leur avaient sauvé la vie il y a quelques heures de cela. Mais aucun des deux ne voulaient les regarder. Ils n'arrêtaient pas de crier, de brailler, de pleurer. Si elle était seule, depuis longtemps ces deux mômes auraient rendus leur dernier souffle. Allez vas-y....se sont que des enfants. C'est pas comme s'ils y avaient vécus longtemps....ça ne sera une grande perte pour personne.... Mais voilà, de un, Rebecca n'était pas seule. Et de deux, tuer des enfants ne lui ressemble pas, même si ce sont les pires de tous.
- Les gosses, stop, là. Vous avez qui nous sommes, on vous à aidé avec vos parents, lorsque votre chariot était bloqué dans la boue.
Mais cela n'a eu pour but que de les faire pleurer et crier encore plus fort. Qui finit par donner leur position aux gardes, rappliquant dans la minute.
- C'est lâche d'utiliser des enfants comme bouclier ! Libérez les !
Et allez, on continue dans l'accumulation de problème. Ca n'allait servir à rien d'essayer de se défendre. Avec le pouvoir d'illusion en place, personne ne va les croire.
Que fallait-il donc faire ? Il devenait de plus en plus évident que le couple Salner est celui que Rebecca et Calixte ont croisé un peu plus tôt dans la journée. Mais il restait tout de même beaucoup de question sans réponse. Pourquoi les avoir transformé Calixte et elle en eux ? Pourquoi avoir laissé leur enfant ?
Ils devraient tout de même se montrer reconnaissant ! Ils les ont tout de même aidé, avec leur chariot coincé. C'est peut-être pour cela qu'ils les ont choisi. Je t'avais dit de les tuer. On ne serait pas dans cette situation si tu m'avais écouté.
Cela ne servait à rien d'essayer de trouver des solutions maintenant. Pour l'instant, il fallait se débarrasser des gardes. Utiliser encore une fois l'électricité des créatures n'allait pas fonctionner de nouveau. Mince, Rebecca est à court de solution.
Espérons que le coursier a un plan en tête.
- C'est lâche d'utiliser des enfants comme bouclier ! Libérez-les !
Oui ben, de toute façon c’était pas comme si leur parole avait un quelconque poids, où une quelconque trace de leur identité première permettant de les disculper. Du coup…
- N’approchez pas où vous aurez la mort de ces enfants sur la conscience ! s’exclama-t-il en saisissant à bras le corps le plus âgé des deux.
C’était un peu risqué, mais le champ de leurs possibilités était relativement réduit. Les gardes hésitèrent, et l’un d’eux se risqua tout de même à avancer. Jouant le jeu jusqu’au bout, Calixte rapprocha le tranchant de sa lame retour contre le cou de l’enfant, stoppant net la progression du militaire un peu trop zélé. Paniquant davantage, le petit garçon se tortilla encore plus dans ses bras, jusqu’à se couper involontairement. La blessure était superficielle, minime – l’espion y avait veillé – mais la surprise de la douleur s’ajouta à la frayeur et son captif perdit tout contrôle. S’enflammant à nouveau.
N’hésitant pas à pousser l’enfant vers les gardes alors qu’il se dégageait vivement du brasier, Calixte attrapa le bras de Rebecca et la fit contourner rapidement le chariot endommagé pour atteindre la paroi contre laquelle il était calé. Au-dessus de leur tête, suspendue quelques mètres au-dessus du sol mais aisément atteignable après quelques mouvements de grimpe, une corde grisâtre descendait – probablement – du crénelage. Faisant à nouveau fusionner l’aventurière dans une bille, Calixte usa de sa fusion glissée pour gagner les hauteurs sans perdre de temps. Désarçonnés par les enfants paniqués, dont un blessé et enflammé, les gardes s’étaient momentanément désorganisés, mais cela n’allait pas durer longtemps.
Défusionnant à 5 mètres pour attraper la corde et finir le mètre restant pour passer par-dessus le rempart, Calixte esquiva de justesse une flèche volant vers son séant et se jeta sans grâce sur le chemin de ronde. Il pouvait entendre les exclamations de ses collègues et un rapide coup d’œil alentours lui apprit qu’ils allaient bientôt être rejoints par les patrouilles postées en haut de la muraille.
- Par là ! lui souffla une voix empressée.
Son regard lui apprit qu’il s’agissait là bien du couple qu’ils avaient aidé plus tôt dans la journée… et maintenant que les affiches leurs avaient appris à quoi ressemblaient Othurn et Chica Salner, il n’y avait plus de doute possible. De la petite bille de bois, il entendit Rebecca maugréer. Ou les menacer de mort. Il ne s’y attarda pas, choisissant de s’engouffrer à la suite des meurtriers dans un petit passage dissimulé pour éviter à la Garde. Ce qui, dit comme ça, ne jouerait probablement pas en leur faveur s’ils finissaient vraiment devant un tribunal. Mais bon. Tant pis.
Ils finirent au bas du rempart côté ville – et Calixte nota qu’il lui faudrait tenir Zahria informée de la connaissance apparemment répandue de ce raccourci discret – et empruntèrent encore quelques ruelles tortueuses plongées dans l’obscurité avant de s’éclipser dans le sous-sol d’un bâtiment sans prétention. A nouveau soustraits aux regards des militaires, les trois – quatre – fugitifs marquèrent un temps d’arrêt. Pour se toiser. Rebecca réapparut à ses côtés, et les doigts du coursier se crispèrent sur sa lame retour. Vreneli vrombissait doucement par-dessus son épaule. Et maintenant ? Allaient-ils finir leur journée éventrés dans la cave d’un quartier lambda ?
Chica Salner s’avança lentement vers eux.
- Bravo, vous avez passé le test ! On a besoin de gens comme vous pour l’Organisation.
- Faut qu’on récupère les gosses quand même, chérie.
- Bien sûr. Mais ça sera facile. On peut déjà finir l’entretien de nos nouvelles recrues, et on ira récupérer les gosses après.
- Vrai qu’on n’a pas de nouvelles recrues tous les jours, et surtout pas aussi prometteuses. Quand vous nous avez fait passer la panoplie du Solstice, j’ai eu un doute. J’avais vraiment l’impression que vous ne saviez pas ce que vous faisiez. Que vous ne saviez pas que c’était là le signe du désir d’entrer dans l’Organisation. Mais après vous avoir vu tous deux traverser nos épreuves avec brio… Plus de doutes !
Heu non, plus de doutes du tout. Cette journée était vraiment sur les rails du « n’importe quoi » en direction de « ça part en cacahuètes ». Calixte était partagé entre la curiosité de connaitre tous les tenants et aboutissants de cette affaire fumeuse, la méticulosité professionnelle de débusquer cette Organisation, et la frustration grandissante de ne pas avoir encore pu prendre de douche et rejoindre la douceur de ses draps. Lançant un regard à son amie, il lui laissa le choix de la décision. Poussaient-ils l’enquête en profitant de la confusion pour infiltrer cette entreprise visiblement peu recommandable, ou se contentaient-ils d’arrêter le couple pour regagner rapidement leurs pénates ? Au pire des cas, l’espion se relancerait seul, plus tard, dans l’infiltration de l’Organisation. Ça serait peut-être même plus aisé ; libre d’utiliser sans témoin ses capacités d’espion. A voir. Il suivrait la décision de Rebecca.
CE N'EST PAS FINI
Le couple Salner est en face d'eux. Il serait tellement simple, en un coup d'épée, de les réduire au silence. La ruelle n'était pas fréquemment, à l'abri de regard indiscret. Ho oui, vas-y....libère moi...
Mais quand ils commencent à parler d'une Organisation secrète, la curiosité de l'aventurière prit le dessus. Quelle organisation ? Qu'est-ce qu'elle fait ? Sauver leur chariot était vraiment un signe de vouloir rentrer dans leur ordre ?
Regardant lentement son collègue, Rebecca parla :
- Qu'est-ce que vous attendez de nous ?
C'était bien la question qu'il fallait se poser. Quelques minutes plus tôt, Rebecca avait envie de les étrangler. Elle qui n'avait jamais eu d'ennuis avec les forces d'Aryon, voilà qu'ils la connaissent. En même temps, son visage n'est pas connu, donc sa vie pourra reprendre son cours normal si elle décline leur offre.
Mais que ce passera-t-il vraiment, si le groupe leur dit non ? Les laisseront-ils vraiment repartir comme ça, comme si rien ne c'était passé ? Fort peu possible, cela va sans dire. Et la curiosité de la demoiselle était piquée au vif.
- Rien de vraiment particulier, pour l'instant en tout cas. Vous avez encore quelques épreuves à passer avant de rejoindre définitivement nos rangs. Si cela est votre volonté.
Un regard vers Calixte. D'un mouvement de tête, son ami acquiesça, signe que lui aussi, peut-être, était vraiment intéressé par cette offre. Bien, de toute façon, que risquer-t-il vraiment à les suivre ? Mettant ses bras autour de sa taille, pour se garder encore un peu sur elle la chaleur de la journée diminuant, Rebecca avança d'un pas.
- Soit, nous allons vous suivre. Mais cela ne veut pas forcément dire que nous sommes prêt à vous suivre les yeux fermés.
Le couple sourie, on dirait que la réponse leur à plus. Montrant le chemin de leur main, le groupe de quatre personne ainsi formé continua sa route dans la petite ruelle.
- Il faudra tout de même penser à aller chercher les gamins, chérie.
- Tu te préoccupes trop d'eux. Je te rappel que ce n'était que des appâts (Chica se retourne vers Calixte et Rebecca et continue en murmurant). Le gros poisson est ici. Ne les laissons pas partir.