- Luz, ça vous dit d'aller manger un bout ? Je connais une adresse pas mal dans le coin. (Rebecca)
Une bonne histoire de terminée. Il est temps maintenant de manger un bout. Rebecca, tu emmènes Luz dans un charmant petit restaurant perché dans les hauteurs des arbres. La patronne est très gentille et vient vous saluer à l'entrer. Il n'y a pas beaucoup de place, une dizaine tout au plus. Vous vous assez donc pour manger et discuter.
Les plats arrivent un par un à table. Un véritable délice. Vous étiez au plat principal lorsque vous sursautez en entendant un cri derrière vous, une cliente s'exclame outré :
- U-u-une mouche ! Dans l'assiette !!! C'est quoi ce restaurant ! J'exige de voir la patronne !
La patronne arrive, désolée et ne comprend pas comment cet insecte à pu arriver à table. Pourtant, la cliente ne change pas ses positions et continue de pourrir et menacer la pauvre restauratrice :
- C'est n'importe quoi ce restaurant ! Je vais vous faire fermer !!!
Elle semble hystérique...
Mais vous savez que c'est une comédie. Dans le coin de l'oeil, vous l'avez vu mettre elle même l'insecte dans son assiette. Pourquoi voudrait-elle s'en prendre au restaurant ? C'est une autre histoire. En attendant, allez-vous laisser passer cette arnaque ou allez vous intervenir ?
2ème lune de la saison froide 1000
BON APPÉTIT
Après toutes ses péripéties, il était plus que temps de penser un peu à la nourriture. Rebecca, en plus de Luz, invita Paola et Vincente. Mais tout deux avaient "quelque chose d'autre à faire". On dirait bien que leur rivalité professionnelle c'est vite envolé, à être enfermé tous les deux dans une salle.
- Et bien tant pis pour toi, Paola.
- Oooh, ne boude pas Rebdéka ! Tiens, vas à cette adresse et dis leur que tu viens de ma part. Tu auras une réduction !
Est-ce vraiment comme ça qu'elle compte lui faire pardonner insupportable matinée qu'elle venait de passer ? Boarf, elle sait comment l'amadouer. Et sur un dernier signe de la main, les deux jeunes femmes se dirigèrent vers ce fameux restaurant. La façade était sympathique, accueillante et propre. Juste tout ce qu'il fallait pour ne pas faire fuir un client avant qu'il n'est le temps de pousser la porte.
A l'intérieur, les femmes furent accueillies par la plus belle et gentille patronne que Rebecca ait pu rencontrer. Propre sur elle, un maquillage peu marqué mais qui se voit quand même. Des yeux en amandes d'un vert forêt. Un chignon brun comme l'écorce. "Cette femme a bien fait de choisir de travailler au village perché" se dit Rebecca "elle a tout l'air d'être une déesse des forêts".
confortablement installées, la commande des boissons ne tarda pas à arriver. Une petite mousse perché pour l'aventurière, dont le gosier commençait désespérément à être sec. Dans un sourire parfaitement charmant, la patronne demandait si c'était tout. Aaah, qu'est-ce qu'elle avait envie de commander toute la carte, juste pour la revoir sourire comme ça. Mais non, il fallait être raisonnable. Le gaspillage de nourriture n'était pas quelque chose qu'elle envisageait.
- Nous commanderons la suite plus tard, si vous le permettez.
Le restaurant possédait une atmosphère tout à fait intimiste, qui poussait presque d'elle même à la conversation. Tandis que les boissons étaient servis, Rebecca fixait Luz du regard.
- Il est vrai que je ne vous connais que très peu....que faites-vous dans la vie ?
Une question plus que banal, la fameuse QFVDLV. Mais bon, il fallait toujours passer par là pour se connaître. Si la jeune femme la posait à Rebecca, celle-ci répondra simplement "aventurière". C'est ce qu'elle est ! Elle se voyait mal dire "Vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation"....
Luz leva haut son verre à la jeune femme, un grand sourire ourlant ses lèvres. Rebecca semblait avoir opté pour un très bon choix de boisson si elle en devinait la délicieuse couleur ambrée de sa mousse perchée. La praticienne avait opté pour sa part pour un Plimpumard, célèbre cocktail du Village Perché dont la légende vous invitait à troquer le délicat confort d’un bar pour un coma éthylique dans un plumard. Il était vrai, constata Luz, que l’alcool y était fort traitre, car peu décelable sur la langue. Le sucre et la saveur fruitée de la décoction avaient dû abattre son content d’habitants naïfs.
Un rire dans les prunelles, elle reposa son verre et retourna la politesse à son interlocutrice. Après tout, elle ne connaissait rien d’elle et était de ces femmes a parfaitement savourer la candeur d’une première découverte.
Une pensée lui vint soudainement et n’hésitant guère à sauter du coq à l’âne, elle s’empressa de préciser :
Elle n’eut malheureusement pas le temps de couvrir la jeune femme d’interrogations sur sa vie privée qu’un esclandre éclata à quelques tables de là. Bien entendu, Luz n’avait pas manqué de suivre le manège de la cliente du coin des yeux avec l’attention distraite d’une personne n’intégrant pas tout à fait la portée des événements. Ce n’est que lorsque ses hurlements retentirent dans tout l’établissement que Luz réalisa enfin ce qu’il venait de se passer. Et au vu du regard qu’elles échangèrent avec Rebecca, il en allait de même pour elle. La pauvre tenancière ne savait plus où se glisser pour apaiser la véhémence de son agresseur.
La pâleur de son visage et sa voix blanche attestaient de son caractère trop tendre pour affronter pareille chouette hystérique. Les sourcils de plus en plus froncés, Luz s’aperçut qu’elle s’était déjà à demi levée de sa chaise avant même que son cerveau n’ait procédé au traitement de l’information.
La cliente tourna immédiatement vers leur table un regard furibond. Et l’ombre d’un doute. Avaient-elles vraiment vu son manège… ?
Elle pointa un doigt accusateur sur Luz et Rebecca. Ces propos, tout à fait mensongers, eurent néanmoins le don de glisser une pointe d’hésitation et d’incertitude sur le visage des autres clients présents qui ne pipaient mot jusqu’alors. Certains hésitaient de toute évidence à intervenir, et venaient subitement de changer d’opinion. Et si Rebecca et Luz étaient véritablement des proches de la tenancière… ? Pour qui prendre parti ?
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Son sourire est magnifique, Rebecca restait coi. Elle dût se faire force pour pouvoir répondre à ces questions.
- J’ai toujours été attiré par l’obscurité et les ténèbres...c’est peut-être pour cela que j’ai choisi la voie de l’aventure en signant avec la Guilde.
Elle n’allait tout de même pas expliquer tout son parcours, omettant son passage par la case conseillère de la Compagnie Veriano. Cela serait, de un, beaucoup trop long à expliquer. Et de deux, cela la poussera à se remémorer de mauvais souvenirs. Mieux vaut donc éviter, pour ne pas plomber l’ambiance de la soirée.
Alors qu’elle allait répondre sur le ton de la rigolade qu’il était peut-être encore un peu trop tôt pour se tutoyer, une exclamation derrière elle retient toute l’attention.
- U-u-une mouche ! Dans l'assiette !!! C'est quoi ce restaurant ! J'exige de voir la patronne !
La patronne / déesse de la forêt arrive rapidement en demandant pardon plusieurs fois. Mais la femme qui criait ne voulait rien entendre. En face d’elle, son amie essayait de cacher son fou rire. Mais c’est quoi, cette histoire ?
Rebecca regardait Luz prendre la défense de l’établissement, mais cela n’a eu pour but que de rendre la cliente encore plus énervée. La jeune femme ferma les yeux pour ne pas fondre sur elle. Allez, il faut compter au moins jusqu’à dix pour faire disparaître un temps soit peu cette envie de tuer.
1. « Vous m’accusez de mentir à présent ? »
2. « Éminente émissaire »
3. « Foutu patelin »
4. « Misérable réputation »
5. « C’est beau de cacher son incompétence derrière ses relations ! »
C’est trop. Rebecca ne tient pas. Elle était venue ici avec Luz pour profiter calmement, dans un restaurant paisible, d’un bon repas dans une ambiance détendue. En attendant, elle n’a eu le droit qu’à une boisson alcoolisé et à une dispute puérile.
Aussi doucement que ça colère le lui permet, Rebecca se lève de son siège et vient se placer à côté de la patronne. Dans un sourire glaciale, elle répond aux accusations sans fondement de la cliente.
- J’aimerai bien faire partir de sa famille. Sa beauté aurait pu être mienne. Hélas, je ne suis venue ici que pour apprécier un bon repas. Mais on dirait que tout le monde n’a pas la même perception d’une bonne soirée.
L’aventurière pointe du doigt la mouche coupable de tant de malheur.
- La prochaine fois que vous voulez faire un coup comme ça, essayez tout de même de respecter un peu la faune locale. Ça, c’est une mouche de la région de Forteresse, on l’a reconnaît très facilement à sa légère fourrure et sa couleur plus blanche que les autres.
Le visage de la client et de son amie commencent à blêmir de plus en plus. Voilà qui était chose assez facile.
Mais Rebecca ne pensait pas à une chose. Quelque chose d’assez évident, mais qui ne le semblait pas sur le moment.
Un autre client se mit alors à crier :
- Une touffe de cheveux ! Il y a une touffe de cheveux dans ma soupe !!
C’était clairement évident que tout cela n’était une nouvelle fois qu’un coup monté. Mais ça a suffit à convaincre les autres clients de partir du restaurant. En l'espace de cinq minutes, la salle fut complètement vide. Il ne restait plus que Luz, la patronne et Rebecca. La cliente qui a commencé à faire la scène se retourne une dernière fois avant de passer le pas de la porte, en souriant vers les deux jeunes femmes en tirant ses lèvres dans un sourire des plus sournois.
La pauvre tenancière triturait son chiffon entre ses doigts malhabiles d’un air défait. Sa moue semblait hésiter entre la stupeur la plus totale et une irrépressible tristesse qui perlait au coin de ses prunelles. Saisie à la gorge par ce spectacle, Luz ne put résister à l’envie de s’approcher et de passer une main douce et compatissante sur son épaule. Son air éperdu rehaussait certes ses traits d’une beauté encore plus ravissante, ce n’était pas là pour autant un spectacle que la praticienne souhaitait voir aujourd’hui.
Elle s’était fendue d’un sourire plein d’aplomb et d’assurance – deux émotions qu’elle était vraisemblablement loin de ressentir mais qui avaient le don de prêter du courage à autrui. Peut-être qu’en se sachant moins seule et abandonnée, la belle n’abandonnerait pas l’entièreté de sa positivité aujourd’hui… Comprenant qu’un incident venait de se produire, le cuisiner sorti de l’arrière salle, ses grandes mains d’homme en prise avec un torchon dans lequel il tâchait de s’essuyer. Le dénommé Charlie, l’identifia Luz au souvenir de la réplique précédente de la tenancière. Et son mari, de toute évidence, au regard de l’alliance qui ceignait sa senestre et du regard instantanément inquiet qu’il porta sur sa femme.
Tandis qu’elle lui expliquait la situation entre deux sanglots refoulés, Luz avait passé un bras sous sa poitrine et réfléchissait intensément. Voyons. Il devait bien y avoir quelque chose à leur portée pour aider ces braves gens !
« Oui, ma femme et moi avons construit tout cela lorsque nous avons quitté le Grand Port dans l’espoir de réaliser notre rêve… Elle a toujours voulu être propriétaire d’un restaurant. Nous avons ouvert il y a six mois. »
Il resserra son étreinte autour des épaules de sa chère et tendre et le regard qu’ils échangèrent témoigna de l’amour qu’ils se portaient. Une idée commença alors lentement à germer dans l’esprit de la praticienne, qui se tourna vivement vers Rebecca. Elle arborait à présent un enthousiasme tout à fait visible, si ce n’est même contagieux.
Elle se tourna à nouveau vers le couple, et à grands renforts de gestes leur expliqua la suite de son idée :
Rebecca accepterait-elle de la suivre dans cette folle aventure, néanmoins… ?
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Travailler en tant que serveuse dans le restaurant ? Voilà quelque chose qu'elle n'avait pas pensé. Ou plutôt, Rebecca n'imaginait pas sa soirée de cette façon. Mais comment refuser quand deux jolies filles vous font les yeux doux pour accepter ?
D'un mouvement d'épaules, l'aventurière acquiesça :
- Pourquoi pas. On pourra essayer de faire de la pub dans le village et de revenir après dans le restaurant pour aider.
La patronne applaudit gaiement. On dirait que l'idée la ravie au plus au point. Dans son enthousiasme grandissant, elle prit les deux jeunes femmes par la main et les emmena dans la zone réservée aux employés.
- Je crois que j'ai deux uniformes qui pourrait vous aller à la perfection.
Elle fouille quelques instants dans les nombreux tiroirs et placards de la pièce. Le bureau de la patronne était plus ou moins rangée. Plusieurs piles de papiers sur le bureau, deux ou trois manteaux sur le dossier d'une chaise.
Enfin, la femme trouva les uniformes. Rien de vraiment particulier : une robe blanche avec un tablier noir, tout ce qu'il y a de plus normal. (feat de l'uniforme) Rebecca attrape l'uniforme et le regard d'un mauvais oeil.
- On est...obligé de mettre ça ?
- Si vous voulez faire venir les clients...je pense que c'est la meilleure manière, et la plus rapide !
A contre coeur, Rebecca fila dans les vestiaires pour se changer, Luz sur ces talons. Maintenant vêtues de leur tenu de travail, les deux femmes allaient pouvoir commencer.
Embauchée malgré vous, vous voilà prêtes à attirer des clients. On vous explique rapidement ce que vous devrez faire et vous êtes sur le pied de guerre, prête à tout donner...
Cependant, il n'y avait plus personne dans le petit café. Pourtant, dehors vous voyez des passants marcher sur les petites passerelles du village perché, ils jetent de temps en temps des coups d'oeil à la boutique mais chuchotent entre eux et s'éloignent. Qu'est-ce qui les fait fuir à ce point ?
Intriguées, vous sortez donc pour observer et là vous comprenez. Sur le toît du restaurant, un mouton éventré est empallé sur une lance. D'après son état, la chasse a dû se passer bien des heures plus tôt et d'inombrabre mouches et vers recouvrent déjà le cadavre en décomposition...
Qui a bien pu faire ça !? Cela va bien plus loin qu'un simple coup monté pour faire baisser la réputation du restaurant !
Luz porta la main à son visage pour masquer le « O » interloqué qui déformait présentement ses lèvres. L’odeur était insupportable, même à plusieurs mètres de distance. La moiteur omniprésente sous le couvert des arbres et les insectes environnant avaient d’ores et déjà amorcé leur silencieux travail de décomposition. A la colère qui se peignit sur le visage de Charlie lorsqu’il découvrit ce spectacle, Luz n’hésita qu’une fraction de seconde pour saisir son bras avant qu’il ne s’avance vers son restaurant. Il se retourna vivement vers elle, acerbe et venimeux tant la situation le mettait hors de lui :
Luz lâcha son bras et leva deux mains apaisantes dans l’espoir de percer la gangue de colère qui semblait l’environner.
Cette fois-ci, ce fut sa femme qui s’ébroua de sa stupéfaction par un frisson et qui répondit d’un ton impuissant :
« Vous n’en savez rien, tenta de l’apaiser Luz. Ayez confiance dans les représentants de l’ordre de votre cité. Et dans le pire des cas, cela servira toujours de preuve si quelque chose dégénère par la suite. Ils sauront que vous avez bel et bien déposé une plainte, cela encouragera la Garde à se montrer attentive et réceptive à d’autres potentiels futurs problèmes. »
Elle attendit d’obtenir l’assentiment de Charlie et farfouilla dans son sac sans fond pour en extraire son cadre magique. C’est donc habillée de sa charmante jupette et de son petit tablier blanc à dentelles que Luz dut se pencher sur le toit, aidée de Charlie, pour prendre quatre photographies de perspectives différentes de la scène. Charlie parvint par la suite à convaincre sa femme d’aller requérir la Garde tout en leur présentant le cadre magique en guise de preuves. Cela lui laissait pour sa part tout loisir d’ôter cette horreur du toit. S’essuyant les mains des résidus de poussière qui s’y trouvaient, Luz se rapprocha de Rebecca et lui glissa un ton plus bas :
Elle releva les yeux et plongea son regard dans les prunelles de Rebecca, quêtant son approbation ou toute autre idée complémentaire qui lui viendrait :
Elle pencha doucement la tête de côté, et évoqua la deuxième possibilité à laquelle elle songeait :
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Rebecca assistait au spectacle sans dire un seul mot, laissant Luz gérer la situation. Elle ne faisait que penser à cette situation. Est-ce la femme de tout à l'heure qui a fait le coup ? C'est fort possible...Les femmes peuvent être de vrais bêtes féroces quand elles le veulent.
Pendant que la jeune femme prenait des photos avec les propriétaires, Rebecca observait la réaction des passants. Beaucoup était choqué, la barbarie envers les animaux était très mal vu au village perché. D'autre pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, avait des sourires aux coins. Il était au nombre de trois, et Rebecca put mémoriser leur visage. Deux hommes et une femme, se tenant à l’écart. Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien manigancer ? Mais l'aventurière n'a pas eu le temps de leur demander, que déjà ils s'étaient évaporés dans le flux.
- Peut-être, mais elle ne doit pas agir seule alors. Elle n'est pas partie depuis bien longtemps. Comment aurait-elle pu mettre l'animal là-haut ?
Elle a des complices, c'est évident. Mais sainte Lucy, combien étaient-ils ?
Rebecca était pour les aider, mais juste un peu. Elle n'allait pas passer sa soirée en tenue de soubrette, déjà qu'elle se sent complètement ridicule alors que ça ne fait même pas dix minutes.
- Même si on se débarrasse de leur problème actuel, qui te dis que ça ne va pas recommencer dans une lune, voir une semaine ?
Personne ne savait pourquoi ça avait commencer, et personne ne va savoir si ça va s'arrêter une fois le passage des deux femmes. Mais le regard de Luz était trop insistant, trop intense pour que Rebecca puisse lui dire non.
- Bon...on peut toujours essayer de faire l'appât.
Mais pour se faire, il fallait déjà trouver de nouveaux clients. Et ce n'est clairement pas ceux qui ont vu le mouton sur le toit qui vont venir les premiers. Il fallait en récupérer un peu plus loin. Et bien sûr, il n'y a pas de fête aujourd'hui, donc pas de regroupement.
- Et comment comptes-tu faire pour appâter le client ?
Le regard de Luz passe de sa tenue à celle de Rebecca, puis son regard croisa le sien.
- Non. Il est hors de question que je fasse ça.
- Venez chez Charlie et Deanna ! Là où on trouve de bons petits plats !
Rebecca avait envie de se tuer. Littéralement. Comment pouvait-elle supporter ça ? C'est la faute à la jolie demoiselle ! J'te propose de la tuer et après de la b~
- Je ne veux pas t'entendre.
- Pardon ?
- Je me demandais pendant combien de temps encore il fallait faire cette....chose.
Cela faisait bien une heure qu'elles étaient là, toutes les deux, plantées en plein milieu de la rue principale du village perché, avec leur tenue de serveuse. Seulement trois clients était partis vers le restaurant. Vraiment pas assez pour jouer les appâts. Ce qui rendait la tâche compliquée, c'est qu'on dirait que tout le village connait déjà l'histoire du mouton. Quand Luz ou Rebecca donne le nom de l'établissement, leur sourire s'efface et leur regard se fait fuyant.
L'aventurière lève la tête et souffle fort.
- Sérieusement...on va continuer à faire ça pendant longtemps ?
Deux énormes melons bien frais dans les mains, Luz arborait un immense sourire indétrônable et brandissait ses trophées à chaque nouveau passant telle une digne maraichère.
Oui, elle s’amusait follement. Malheureusement, chaque fois que les passants se dirigeaient avec ravissement vers Rebecca pour obtenir de plus amples informations, ils finissaient toujours par filer ventre à terre sitôt après avoir pris connaissance du nom de l’établissement. A cours d’arguments malgré toutes ses tentatives, Luz s’approcha subrepticement d’un vieux Monsieur qui traînait sa canne à quelques mètres pour entourer son épaule de ses bras et coller sa poitrine à celui-ci, une moue charmante sur le visage :
Le petit vieux la dévisagea longuement, la moitié de son dentier presque démise.
« J’ai trouvé un client ! s’enthousiasma Luz en ramenant de force le petit vieux vers Rebecca. Vous n’avez qu’à marcher tout droit vers là-bas, mon bon Monsieur, vous verrez c’est facile. »
« Vers où ? »
« Vers LA-BAS, Monsieur. Vers là-bas. »
Son vieil escargot décrépi en route, Luz posa ses mains sur ses hanches, un air satisfait greffé sur ses traits et tâchant d’ignorer avec graand soin la moue désapprobatrice de sa compagne d’aventure. Elle sursauta pratiquement lorsque la voix grave d’un homme retentit à un mètre à peine de son dos et fit volte-face, ses melons toujours brandi avec fierté. Bien entendu, elle ne le reconnut pas pour ne pas avoir été suffisamment observatrice. Mais Rebecca pu en revanche reconnaître l’un des hommes du trio qui arborait peu avant un sinistre sourire en coin.
« Ouii, Monsieur, tout à fait ! Vous connaissez ? C’est au bout de la rue, les plats sont délicieux ! Dé-li-cieux ! »
« Hmm… Je ne sais pas, j’ai cru comprendre que son concurrent, le Tsi’Ly Libre avaient des produits beaucoup plus frais et un meilleur respect de la nature. »
Il se fendit d’un sourire qui se voulait amical et complice, et ajouta avec l’air de ne pas y toucher et d’émettre une simple proposition :
Luz rit de bon cœur, et précisa avec un amusement tout à fait déplacé, sans réaliser le moins du monde toute l’incongruité de sa réaction :
Il parut un moment surpris, puis interpréta de travers sa réponse, à demi convaincu que les deux jeunes femmes n’aimaient donc pas tout à fait leurs employeurs :
Il se fendit d’un sourire pleinement dragueur, après tout âgé de la trentaine et plutôt beau garçon. Ce n’était tout de même pas joli joli, de proposer de débaucher les employées de la concurrence !
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Rebecca reconnut tout de suite l'homme. Il arborait le même sourire que tout à l'heure, le même qui ne s'étendait pas jusqu'à ses yeux. C'était donc ça, le fin mot de l'histoire. L'autre restaurant, le Tsi’Ly Libre, ne supportait pas la compétition. Après, si ces produits sont aussi bon que le "gentil" monsieur le disait, il ne devait pas stresser.
Quand l'homme demanda à ce que les deux femmes l'accompagne pour aller prendre un verre, l'aventurière s'interposa. Passant un bras autour des hanches de Luz, elle la tira à elle.
- Veuillez nous excuser, mais nous ne sommes pas de ce bord là. Nous préférons quand...il y a un peu plus de monde au balcon et moins au sous-sol. Vous comprenez ?
Rebecca essayait de se montrer le plus aimable possible, elle illumina même son visage d'un sourire ! Mais on dirait que cela n'a pas suffit à l'homme. Comprenant qu'il vient de se prendre un râteau, il parlait maintenant d'une voix beaucoup plus forte qu'avant :
- Comment osez-vous dire que ces produits sont de premier choix ! REGARDEZ ! Il y a des insectes à l'intérieur !
Cela suffit pour que plusieurs personne se retourne vers eux. Comme par magie, un des melons dans les mains de Luz se rabougrie, jusqu'à devenue complètement périmé.
- Si c'est ce genre de chose que sert Charlie et Deanna, on ne s'étonne pas que personne ne veut venir !
Les passants commençaient à parler entre eux.
- ...détestable...
-...mauvaise qualité....
-...mouche dans l'assiette....
Cela devenait de plus en plus compliqué. Continuer à essayer de rameuter du monde ne servait plus à rien maintenant. C'était un soulagement pour Rebecca, mais cela voulait dire que le restaurant allait avoir du mal à se remettre debout tout seul. Il restait tout de même une dernière possibilité.
L'homme s'en alla, content du résultat de ses paroles. Prenant Luz par la main, l'aventurière l’emmena un peu plus loin, à l'écart des regards curieux.
- Il a parlé d'un autre restaurant, un peu plus loin. C'est peut-être le patron qui fait tout ça, pour éliminer la concurrence. Ça te dit d'y aller faire un....petit tour ?
Elle se reprit lorsqu’elle sentit le regard inquisiteur de Rebecca sur elle, visiblement dans l’attente d’une réponse. Ses melons produisirent un « flotsh » malodorant lorsqu’elle les laissa tomber au sol, pour mieux resserrer ses doigts autour de la main de Rebecca et l’attirer à elle d’un geste délié. Mutine, la renarde déposa un rapide baiser sur la joue de la donzelle, un rire plein les prunelles qui étirait ses lèvres d’une évidente moue amusée :
Allons, on avait vu plus désagréable qu’un jeu d’enquête en compagnie d’une jeune femme dotée d’une telle cambrure de rein non ?
Elle rit franchement cette fois-ci tout en emboîtant le pas à sa camarade. Qu’attendait encore Lucy d’elles… ? Des Eldritch déchainés sur la place du village ? Un propriétaire postillonnant et beuglant sur ses pauvres serveuses harcelées en petites tenues ? Venant d’un homme qui clouait régulièrement des moutons sur le fronton de ses concurrents, Luz s’attendait à tout. A tout, sauf au visage rondouillard et souriant qui les accueillit lorsqu’elles se présentèrent à l’entrée du Tsi’Ly Libre.
L’homme qui devait avoir la soixantaine les conduisit à une table de deux personnes avec une douce bonhommie.
« Oui, je ne sais pas ce qu’il se passe mais la clientèle afflue ces derniers temps. Peut-être un festival ? »
Il gratta doucement le bouc de poils blancs qui ceignait son menton, l’air franchement candide. Etait-ce une mascarade ? Un rôle qu’il jouait ? Luz n’était pas des plus crédules, mais elle devait bien avouer qu’il devait être un excellent comédien s’il mentait.
« J’ai ouvert cet établissement il y a vingt ans ma bonne dame ! s’esclaffa-t-il en tendant le menu aux deux jeunes femmes. Le nom est en l’honneur de ma femme, désormais décédée. Elle s’appelait Lily, et elle adorait les Tsi’Ly. »
Rebecca marmonna quelque chose à propos de la nature imprononçable de ce nom, mais fort heureusement le tenancier ne parut pas entendre.
« Ne vous en faites donc pas ! J’ai deux grands gaillards pour m’aider, mes fils, et leurs épouses aussi. Mon fils aîné et sa femme ne sont pas encore là mais... Viens dire bonjour Max’ ! »
Il héla à travers la salle un jeune homme qui portait plusieurs plats chauds.
Celui-ci leva les yeux dans leur direction, trottina jusqu’à leur table et… Son visage se figea soudainement. Puis se teinta d’une moue franchement hostile.
Il fit un pas très peu subtil en avant, dans l’évidente intention de s’interposer entre son père et elles.
« Qu’est-ce que ça signifie Max’ ? »
Le propriétaire avait l’air franchement perdu à présent et fronçait les sourcils. Rebecca, en revanche, pu reconnaitre le deuxième homme aperçut dans la foule un peu plus tôt… Et plus loin, s’apprêtant à sortir de la cuisine, la troisième jeune femme qui les accompagnait. Deux fils et deux belles-filles qui n’étaient de toute évidence pas du tout innocents… Luz était prête à parier que la femme à la mouche serait le quatrième luron de leur groupe de truands.
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L'affaire est dans le sac, comme le veux l'expression ! Luz et Rebecca n'avaient même pas besoin de fouiller, de chercher, de bastonner. Ce qui était plutôt dommage, oui. Une résolution d'enquête aussi rapide laissait un petit goût d'insatisfaction dans la bouche. C'était comme tout à l'heure, l'histoire avec l'exposition. Au final, c'est l'organisateur qui s'est dénoncé tout seul ! Bon, d'accord, Luz à forçait de la voix et Rebecca lui a montré ses marionnettes, mais tout de même ! Et en plus de tout cela, EN PLUS ! Elle n'avait pas eu quelque chose depuis longtemps. Quelque chose qu'elle avait besoin d'avoir. Quelque chose qu'on lui interdit de faire depuis bien trop longtemps.
- Elles sont où, vos toilettes ?
Alors que l'enquête était à son dénouement, la prise de parole de Rebecca désamorcé tout le monde. Il fallait bien faire descendre la pression, sinon ça allait finir en combat père-fils. Le fils, qui ne s'attendait vraiment pas à ce genre de question, leva le bras en direction d'une porte, un peu à l'écart des tables du restaurant.
- Là...
- Super ! Alors on ne bouge pas, on prend la pose pendant cinq petites minutes, et je reviens !
L'aventurière regarda Luz qui ne comprenait pas non plus à quoi elle était entrain de jouer. Oui, bah les envies naturelles comme ça, faut aller les soulager aussi ! Cela fait depuis ce matin qu'elle ne pouvait rien faire ! Avant disparaître dans la salle de toilettes, elle lança un dernier regard vers la scène.
- Et on oublis pas de sourire, s'il vous plait !
Avons-nous vraiment le droit de décrire des toilettes ? C'est blanc, propre, et il y a tout le papier nécessaire en cas de complication. Trônant fièrement, Rebecca se laissait même aller à chantouiller une petite promenade.
" Dès que le vent soufflera
Je repartira
Dès que les vents tourneront
Nous nous en ailleron"
C'était un chant connu dans la capitale mais, sincèrement, il faudrait toucher deux mots au compositeur. Les fautes grammaticales dans une chanson populaire...
C'est alors que la porte des toilettes s'ouvrit, et que deux personnes rentraient à l'intérieur.
- Mais pourquoi sont-elles là ? Elles n'étaient pas simplement des clientes ?
- Mais je sais pas moi ! T'as vu leur tenue ? Ca doit être des employés...
- Tu crois qu'elles nous ont reconnu ?
- Anastasie, réfléchie ! Même si elles ne savent pas qui ont est, ce sont nos maris qui ont fait le coup !
- Qu'est-ce que je peux être idiote parfois ! Mais alors, qu'est-ce qu'on fait, Javote ?
Ce fut le moment que choisi Rebecca pour sortir. Avec un grand sourire, elle alla bloquer de son pied la porte de sortie.
- Et bien vous allez toutes les deux m'accompagner voir ma collègue, d'accord ?
Les deux femmes baissaient les yeux et commençaient à se diriger vers la sortie.
- Mais avant ça : lavage de main !
« On attend. »
« Donc votre frère peut faire pourrir les légumes ? »
« Oui…. »
« Pas très pratique dans un restaurant. »
« Oh vous savez, il ne peut faire pourrir que les melons. »
« Que les melons ? »
« Oui. Et que s’ils sont tenus par des femmes de moins de 40 ans, entre 13 heures et 16 heures de l’après-midi. »
« Quarante ans ? Ce n’est pas très utile, ça… »
« C’est néanmoins son pouvoir. Ca rendait folle ma mère, chaque été. »
« Et votre pouvoir à vous ? »
« Je peux faire murir les bananes. »
« Ah. »
« Mais que si elles sont tenues par des hommes de plus de 70 ans. »
Un long, très long instant, le silence pesa sur leur trio en attente.
« Je ne suis pas sûre d’être prête à entendre la réponse… »
« Je peux faire exploser des champs. »
Nouveau silence.
Et elle revenait accompagnée, qui plus est ! Si le visage de l’une des deux femmes revint immédiatement au bon souvenir de la praticienne, la seconde donzelle était inconnue au bataillon. Leur identité ne tarda guère à se faire connaître lorsque le patriarche se tourna vers elles, les mains sur les hanches et l’air fortement mécontent :
Puisque le fils cadet conservait une moue vexée obstinément baissée, Luz crut bon d’expliquer :
Le propriétaire fut saisi d’une pure moue d’horreur.
« Je suis au regret de vous annoncer que la Garde est prévenue d’ailleurs et qu’ils ne tarderont guère à vous rendre visite. »
Du demi bluff, mais essentiel pour que ces mauvais samaritains comprennent toute la portée de leurs actes. Les bras croisés sur son torse, suprêmement énervé, le patriarche haussa le menton et tonna presque dans la salle :
« Mais… P’pa ! Tu galérais tellement depuis que M’man est morte ! Sans nous, jamais tous ces clients ne seraient revenus ! »
« Tais-toi ! aboya le propriétaire sous les yeux médusés des clients. Tu vas me fermer le restaurant pour l’après-midi, et nous irons tous nous rendre à la Garde. »
« Un dédommagement versé à Charlie et Deanna ne serait pas de trop pour résoudre cette affaire, glissa Luz. »
Il laissa filer un profond soupir, une main passée sur son bouc dans l’espoir vain de se calmer.
Il était également temps pour elles de retrouver des vêtements bien plus confortables, songea Luz. Et de repasser voir Charlie et Deanna afin de leur raconter les derniers événements et de s’assurer que la promesse du patriarche serait tenue. Elles les retrouvèrent d’ailleurs environnés de trois Gardes, venus prendre dépôt de leur plainte et enquêter sur le sujet. Le témoignage de Rebecca et de Luz ne fut pas de trop, et le jour avait presque entièrement décliné lorsqu’elles se retrouvèrent de nouveau à la rue, enfin seules, dans le plus grand silence du Village Perché.
Elle s’étira longuement, peinant à croire que toutes ces péripéties avaient bel et bien commencé le jour où elles avaient réservé la même auberge. Et à propos d’auberge…
Luz glissa un clin d’œil à sa partenaire du jour. Que ne donnerait-elle pas pour la voir en petite tenue dans des bains chauds, et savourer cet instant avec un cocktail à la main ! Oui, il n’y avait pas de moment plus idéal pour mettre un terme à cette aventure-ci et aller se détendre après cette journée bien remplie…