Merci maman.

C’est tout ce qu’avait eu envie de dire Faolan quand dans son courrier cette dernière lui avait donné une solution presque miracle pour son souci actuel. Il n’avait pas réfléchi que n’ayant aucune réputation, venais certes à la base d’une famille qui travaille pour une famille noble, mais sans aucune lettre de marque et encore une famille noble de toute petite influence, on n’allait pas lui ouvrir une seule cuisine d’autre famille noble.

Il s’en étant donc plein dans une lettre à sa mère qui avait eu la gentillesse de lui rappeler que s’il rendait des services au dit noble, en plus de se faire de l’argent, il pouvait gagner leur confiant et, un jour prochain, leurs cuisines. Alors la guilde Marchande de Grand-Port où il venait d’arriver proposa d’un service pour un de noble locaux, il sauta sur l’occasion. En plus on lui avait assuré que, quelle que soit la façon utilisée, du moment qu’il était discret et raisonnable dans ses dépenses, ses frais seraient couverts par ledit noble. Tout bonus.

Tout ça pour expliquer ce qu’il faisait là. En pleine place de marché, un lieu bien passant, dans un étale loué pour la journée, avec un stock de nourriture préparée d’avance, à faire de la dégustation gratuite de trois plats bien spécifiques. Pour commencer des filets grillés de requin soulard, mariné à l’agluti et menthe fraîche, accompagner d’une purée de patate douce au lait de coco. Ensuite des brochettes de globack, ananas et chorizo de de boucton avec une sauce au champignon pudding aromatisé grain de poivre noir. Pour finir un flan aux œufs de crocpoule parfum caramel et dinivam.

Il avait préparé l’équivalent de cinquante personnes de nourriture pour chacun de plat. Le principe était de faire un parti en dégustation gratuite, pour attirer du monde et discuter de toute et surtout de la couronne avec les passants. Pour ne pas faire trop louche il y avait aussi une partit ventes des dites dégustation, mais ce n’était l’objectif final. Chaque vente servirait en soi à réduire la note de frais demander pour ce stand. Faolan pour le coup souhaitant plus des retours sur les recettes qu’une entrée d’argent supplémentaire.

Melta courait un peu dans tout les sens autour du stand, visiblement plein d’énergie avec l’odeur de nourriture qui se diffusait de celui-ci alors que Faolan vérifiait que le feu est bien pris pour l’espèce de barbecues aménagés histoire de faire cuire les filets et brochette au fur et à mesure. Une bâche avait été installée à dessus du stand pour le protéger du crachin émis par l’émotion de bonne humeur présente de base dans le cuisinier.

Il se tourna vers la jeune femme accomplissant cette tâche de récolte d’information avec lui pour voir si elle semblait à son aise. Il avait un peu l’impression d’imposer son idée sur le moment et que toute cette situation était plus pour lui plaire lui qu’à elle. Rien ne pouvait lui mettre sur cette piste là, mais le simple fait d’avoir un stand qui l’amuse autant pour un travail lui semblait un peu égoïste. Pas un acte qu’il regrette, mais il y avait un bout de conscience qui se demandait si Louise était vraiment cent pour cent d’accord avec cette approche.

— Faim ! Poisson tout chaud. Câlin !
— Non, c’est pour les clients la nourriture, tu as déjà eu ta portion et même avec un câlin tu n’auras pas du rabe. Tu vas avoir mal au ventre.
— Non.
— Si. Tu vas vomir.
— Non.
— Melta.
— Méchant.

Son fils venu pour gratter quelque bout de nourriture en plus partit bouder sur une caisse. Au moins ça serait un peu plus calme que quand il tournait dans tous les sens. Il secoua un peu la tête en le regardant gonfler les joues le plus possible et tourner la tête bien dans la direction opposer à la sienne. Faolan soupira mis les premiers morceaux de poisson et brochette à cuire.

— Louise, on va pouvoir ouvrir et attirer notre panel de client plein de ragots au bord des lèvres.

Elle était douée pour faire une bonne publicité pour le stand, tout comme pour fournir les ingrédients pour les bons petits plats. Il aurait le prestige et l’ambition nécessaire Faolan aurait créé un équipage complet de cuisinier pour dominer le monde culinaire et en trouver tous ses mystères. Cela pourrait être très intéressant, mais cela demandais aussi pas mal d’organisation, faire du social, faire attention aux finances de manière encore plus pousser, toujours sur un fil d’équilibre pour que tout reste stable dans le groupe créer.

Non, c’est un beau rêve, mais beaucoup trop énergivore pour lui. C’est aussi cela qu’il a une certaine admiration pour la force de Louise. Être capitaine d’un navire marchand et savoir tenir tout son équipage sans mutinerie ou peur des pirates qui les fasse fuir est vraiment impressionnant. Il lui souhaite de tout cœur que son entreprise continue à se sentir aussi bien.

Sur cette pensée il mit une nouvelle fournée de brochettes à pouvoir être dégustée et commença à faire ce pour quoi il avait toujours été très doué, lancer un sujet et écouter ensuite. C’était une technique de survie en cuisine très importante, surtout avec une mère qui adorait avoir différents échos d’un ragot. En apprendre des nouveaux signifiait aussi savoir quel sujet ne pas aborder pour ne pas mettre les pieds dans le plat. Horriblement chiant pour les efforts mentaux que ça demandait, mais ça avait des avantages comme là.

Parce qu’ils sont bien beaux les gens à parler de leur pêche, malheureusement ce n’est pas pour l’état du commerce de la crevette qu’il allait être payer. Peut-être qu’en supplément pour des mesures pour lui permettre d’être florissant ça pourrait être utile plus tard. Il faudra qu’il garde un œil sur le commerce de la crevette d’ailleurs.

— La concurrence est si compliquée ? Les produits d’ici sont si frais et bons que je n’aurais pas pensé qu’on puisse vouloir prendre ailleurs.

Là, il le voit à la tête de plusieurs qu’il vient d’entre ouvrir la porte d’un sujet brulant. Le sujet où tout le monde du coin grogne constamment, mais dès qu’un nouveau arrive dans le tableau et demande une explication sur le de pourquoi une tension existe c’est une explosion de reproche qui vont tomber. C’était toujours dans ce moment-là que tout le monde y allait de son petit avis sur la situation.

— Les taxes. Est-ce que vous avez vu les taxes ? Les produits du continent viennent avec des prix casser, alors qu’on a des taxes astronomiques sur nos activités.
— Oui, la dernière fois j’aurais mieux de pas lever l’ancre, le fruit de ma journée a été moins important que les frais pour avoir le droit de lancer mes filets.
— Puis en plus leur produit son même pas bon, je suis sûr qu’on a que les fins de cale de leurs produits, alors que si on veut nous même nous en sortir il faut livrer nos meilleurs produits.
— À prix casser en plus, sinon il ne prenne pas et nous font bien comprendre que là-bas ils auront mieux moins chère.
— Oh ? La couronne n’aide pas ?

Un rire bien gras lui répond. Le même genre de rire qui prenait les gens de son village quand les nobles du coin oubliaient un peu trop leurs devoirs sur leurs terres.

— Comme s’ils en avaient quelque sortent à faire de ce qui se passe ici. Je me demande même s’ils savent de comment ont vit ici ou s’il ne nous prend pas tous pour des pirates ou des sauvages, voir les deux en même temps.

Il hocha la tête en ayant l’air d’être parfaitement d’accord avec eux. Il n’avait aucune idée de ce que pouvaient vivre les habitants du coin. N’ayant pour le coup fait attention qu’à la fraîcheur des produits sur les étales.

— Et ils y auraient quoi que vous voudriez changer si c’était possible ?

Il ébouriffa un peu les cheveux de Louise au passage pour se faire passer pour un bon ami ou père de famille qui s’occupe de ses proches, il ne faudrait pas paraitre trop suspecte à ne pas agir comme des gens banals. Melta de son côté faisait rendre un peu niaise quelque mère de famille en jouant l’enfant sache et avoir des bouts de leur dégustation au passage. Il avait un enfant avec un ventre sur pattes visiblement.

Il ne se rendait absolument pas compte des soucis ou revendications que pouvaient avoir les gens vivant ici avant aujourd’hui. C’était bien que la famille Maple arrivait à donner de l’espoir et faire que les gens du coin soient mieux. Il faudra qu’il voie pour se renseigner un peu plus sur eux et voir au bout de combien temps surtout il pourrait visiter leurs cuisines. D’anciens pirates devaient avoir des recettes riches en arôme tout en étant sains pour tenir en mers sans mutinerie ni maladie, alors qu’il y a les autorités à vos trousses. Même s’il n’était pas du tout pour la piraterie il savait tout de même y voir les qualités culinaires qu’ils pouvaient apporter.

— Tout est toujours avec un meilleur goût quand c’est gratuit, surtout s’ils sont taxés. Sers toi, il est important que la vendeuse modèle que tu es connaisse le gout de ce que tu proposes.

En plus c’est gratuit pour eux aussi quelque part. Tout serait payé par les nobles. Pour le coup les trois hommes ont parfaitement raison. Beaucoup de nobles, encore plus la couronne ont des bambins qui a eu seul ont plus d’argent à dépenser en fioriture que les gens du peuple n’auraient pas en toute une vie à travailler sans aucune relâche.

— Pour le moment, les gens ont le cœur qui parle facilement, c’est plaisant.

Le commentaire était autant pour les félicitations sur sa cuisine que pour les informations voulues récolter. Il n’aimait pas forcément jouer ce genre de procédé, mais au final faire sortir la grogne des gens aidera peut-être à les apaiser par la suite.

Le blond fit un aller-retour vers les grillades pour en remettre à cuire et prendre celle prête depuis un peu plus tôt. Son fils n’étant pas revenu dans ses pieds à ce moment-là il comprit que ce dernier était arrivé à trouver des gens attendris pour lui donner ce qu’il lui avait refusé, comme ce qu’il avait pu voir un peu plus tôt.

— Chat faire graou ! Courir dans trou ! Rat faire graou ! Bleu tout bagarre !

Autant pour lui, Melta était visible repartit dans son explication de leur aventure au village perché. En revenant vers les acheteurs il vit que le couple qui était arrivé après les trois hommes était toujours là, visiblement captivé par la joie enfantine du petit. Il eut un petit rire à cette vision, lui aussi avait apprécier cette vision et la joie de raconter cette histoire, les trois premières fois en tout cas, depuis il était un peu fatigué il l’avouait. Au moins c’était un moyen presque sûr de donner le sourire au plus jeune.

— Désolé, il reste des plus impressionné par l’intervention d’une garde en plein service suite à un incident magique.
— A son âge cela devait être impressionnant, mais faites attention à ce qu’il ne reste pas trop enthousiasme sur le sujet, sinon il deviendra garde et vous ne le verrez plus vraiment.
— Emma ! Arrête avec ça.
— Quoi ? Comme si ce n’était pas vrai. Quand est la dernière fois que tu as Lotait ? Hein ?
— On n’est pas à la maison…
— Oui, parce qu’on devrait forcément être à la maison pour parler de ton fils que tu as envoyé à la capitale si loin de moi.
— Ma chérie…
— Vous souhaitez peut-être une part de flan ?

Le couple se stoppa dans leur début de dispute et fixa le cuisinier qui leur tendait ledit flan en question avec un bout de sourire aux lèvres, alors qu’un fin brouillard démontrant son ennui l’entourait. L’impression de revoir sa meilleure amie avec son amant avec cette scène était assez grande, c’était vraiment tout sauf plaisant. Le couple ne bougeant pas et le fixant toujours il soupira et décida de profiter du sujet.

— Avouez que ça serait dommage de se disputer le ventre vide. Il faut de l’énergie pour crier plus fort que l’autre.

Un rire un peu gêné sorti de la bouche du couple qui prit chacun la part de flan tendu.

— Vous avez un souci avec la garde ?
— Non, c’est que…
— Bien sûr que oui ! Il y a même un gros souci !
— On en a déjà parlé et…
— Et rien du tout, vous vous rendez compte que pour devenir garde il n’y a qu’à la capitale que l’on peut être former ? C’est horriblement loin des familles. Mon fils, avec l’aide de mon mari est parti pour devenir garde là-bas et qui sais quand je vais pouvoir le revoir.
— Arrête de dramatiser il reviendra quand…
— Quand il aura son assignation de régiment ? La bonne blague. S’il est doué c’est la couronne qui le gardera et donc encore une fois de plus à la capitale et loin, sinon tu sais très bien qu’ils les envoient à la forteresse, personne ne veut finir là-bas.
— Il pourrait aussi revenir ici.
— La bonne blague. La gestion de la garde par le continent n’est pas pour nous mettre à l’abri nous, mais eux.

L’homme soupira face à sa femme, c’était visiblement une discussion qu’ils avaient pu avoir souvent au vu de la tournure de la conversation. Deux parties qui tentaient de faire entendre raison à l’autre en répétant toujours la même chose et niant en boucle les arguments d’en face. Beau dialogue de sourds.

— Peut-être aussi que votre fils sera dégouté de la réalité du métier et reviendra plus rapidement que prévu.
— Oh ! Je n’avais pas pensé à cela, effectivement.

Recevant un merci silencieux de son mari Faolan hocha simplement la tête, la regardant enfin prendre une bouchée de son flan.

— Hum ! C’est très bon, un peut-être un peu trop sucrée par contre, non ?
— Je ne trouve pas…
— Voilà ! Tu recommences, toujours à vouloir me contredire.
— Mais, je…
— J’en ai assez, je rentre.

Sur cette phrase elle tourna les talons et partit d’un pas rapide avant de s’arrêter dix enjambées plus loin, se retournant et fixant son compagnon en tapant du pied qui s’empressa de la rattraper et la suivre plus loin dans la foule. Faolan fixait le duo partir avec les yeux ronds.

— Et bien, ils sont pleins d’énergie.

Il espéra que les petits vieux qui arrivaient vers serait moins explosif pour le coup.

Encore légèrement secoué par le couple précédent, Faolan fut heureux que le prochain groupe soit géré par Louise. Il soupira mentalement sur le fait que la jeune femme soit obliger de répété son âge régulièrement et toujours pris pour plus jeune. Cela ne devait plus que lassant à force, il ne dirait pas que lui-même n’avait pas cru qu’elle était plus jeune, mais il n’avait eu au moins la décence de ne rien demander. Les colères de sa mère sur son âge lui avaient que ça pouvait être un sujet assez sensible, dans n’importe quel sens était l’erreur.

Il la laissa gérer sans rien dire, passant simplement avec un sourire pour lui apporter rapidement la commande des deux filets et une brochette. Les personnes alcooliser, encore plus les vieux, n’était pas du tout sa tasse de thé. Attrapant son fils et le mettant sur une caisse avec une brochette en main pour qu’il arrête de voir tout le monde pendant un petit temps, il ne fit pas spécialement attention sur le moment à ce qu’un couple attendait. C’est une quinte de toux polie pour avoir son attention qui le fit se retourner.

— Oh, bonjour, excusez-moi, je ne vous avais pas vu.
— Bonjour, pas de soucis. Cela doit être éprouvant pour vous et votre compagne de garder votre enfant en plein travail.

Il eut un petit rire doux provenant de la jeune femme suite aux paroles de son compagnon. Vraiment un couple des plus doux et souriant, bien loin de celui énergique d’un peu plus tôt, mais ça ne changeait pas que la réflexion le gêna un peu.

— Oh… Euh… Ce n’est pas ma compagne.
— Ah ! Excusez-moi, j’ai cru comme… enfin…
— Pas de problème, vous me prendrez un bonus payant en plus de la dégustation en guise d’excuse.

Le tout était dit avec un clin d’œil très mal fait et tout sauf naturel dans l’application. Le genre bien forcé pour indiquer une blague nulle, le même clin d’œil que son propre père faisait pour clôturer ses moments d’humour. Deux rires polis lui répondirent à cette remarque et le blond prit une grande inspiration pour calmer sa joie qui grandissait et mouillait les alentours d’une fine pluie.

— Le temps est vraiment étrange au-dessus de votre stand.
— Oui, effectivement.

Un sourire un peu forcé aux lèvres et haussant les épaules le cuisinier ne rebondit pas sur le sujet.

— Je vous sers quelque chose peut-être ?
— Et bien, j’hésitais.
— Des trois plats, en double, s’il vous plaît.
— Mais ça ne va pas faire un peu beaucoup ?
— Peut-être, mais c’est gratuit et au pire on en aura pour un nouveau repas ensemble ce soir, si tu veux bien de moi encore et…

Il lâcha la conversation à partir de là, les deux commençant à flirter ouvertement face à lui. Le tout à coup de « non, c’est toi qui en auras marre avant moi, tu es mon idéal de vie pour l’éternité », la si douce phase lune de miel. C’est le fait de leur ramener leur demande dans deux barquettes différentes qui les stoppa dans leur échange.

— Voilà pour vous les amoureux.
— Merci.
— Je vous souhaite que Lucy soit avec vous.
— Oh… Euh, c’est un peu gênant, je dire, nous ne sommes pas des pratiquants du culte de Lucy, mais merci à vous.
— Ah ! Désolé, l’habitude…

C’était vraiment par pure habitude, pour le coup il n’était pas plus pratiquant que cela, allant tout de même au culte régulièrement et priant pour que Lucy le garde loin d’ennuis, même si pour le moment, en y regardant bien ça avait été un peu contre-productif.

— Ne vous excusez pas, c’est la religion mise en avant même par la couronne, on oublie les autres cultes. Ceux qui archipel sont rapidement balayé. Après, il y a du bon d’être sous la coupe du continent, mais la culture locale en prends un coup et… enfin, bref, désolé de dire cela, c’est vraiment mieux actuellement, sûrement moi qui ressasse trop des bêtises. Bonne journée.
— Bonne journée à vous aussi.

Le couple reparti rapidement en prenant ses affaires et un sourire. Faolan n’avait aucune idée des cultes ou traditions locales et de comment les liaisons avec le continent avant pu perturber cela. Se secouant un peu il prépara une barquette garnie avec les trois plats et l’apporta à Louise.

— Tiens, le dîner de notre princesse est servi.

Il fit un simili absurde de révérence en lui donnant en même temps des couverts en bois pour si elle ne souhaitait pas forcément manger avec ses doigts. Profitant aussi de ce moment pour noter lui-même aussi les remarques qu’il avait pu avoir sur la couronne pour leur commanditaire.

— Tout se passe bien pour toi ?

Cela gorgeait toujours un peu plus son estime de lui-même à chaque compliment. Pas qu’il en est spécialement besoin ou qu’il se pense au-dessus des autres, juste cela faisait plaisir. Le même plaisir que de savoir que ce qu’on aime faire pour soi à la base fait en plus plaisir à une autre personne. Le bonus magique et qui ne fait aucun mal.

— Je ne serais pas contre les vendre, mais c’est des essaies à la base ses recettes et je me sentirais un peu mal de vendre un produit où je n’ai pas fournis les matières premières… Tu penses que ça aurait été mieux de directement les vendre ?

En soit, se remplir un peu plus les poches pour installer son propre stand plus tard sur une autre place de marché, avec de nouveaux essais et faire fructifier cela de fois en fois ce ne serait pas si mal. Cela pourrait même être très bien quelque part. La prochaine fois sur un marché, avec un stand, cela sera payant.

Le blond continue de cuisinier tranquillement sous le regard de Louise et Melta. Avoir des gens qui le scrutent pendant qu’il fabrique n’est pas forcément ce qu’il apprécie le plus au monde, mais il a appris à faire avec. C’est même parfois amusant de voir les réactions à certains ajouts de produit ou action qui semblent anodines avec le temps. Il stoppe pourtant ses mouvements quand elle l’entend parler de son matelot. Une certaine excitation, liée à une pluie redoublant au-dessus du stand, se fait en lui.

— Il a bon gout, très bon gout ! Avant de partir de chez moi, j’en avais simplement entendu parler par rapidement rumeur de ce dieu vivant. Enfin, je trouve que c’est un dieu de son domaine. J’aimerais tellement le rencontrer en vrai et le voir cuisiner. Tout ce qui en parle semble dire que c’est un homme avec un talent fou et exceptionnel de base… Et oui, il faudra que je rencontre cet homme de gout qui sait voir où trouver de bonne inspiration. Il a un nom ton roi de fourneau ?

Il n’y a aucune ironie dans sa voix et simplement une très grande curiosité pour le coup. Il est tout joyeux et la nouvelle cliente qui arrive fait retomber sa joie comme un soufflet rester trop lointain hors du four. Ingrate au possible et insultant tout en se faisant passer pour une bonne personne. Il n’aimait pas ce qu’il allait faire, par principe gâcher de la nourriture est mal. Il attrapa une poignée de piment en poudre et en mis une bonne quantité sur tous les plats pour la dame, dessert compris. Oui, c’était gratuit, oui la quantité n’était pas précisée, mais non, le respect n’était pas en option. Avec un grand sourire, il apporta le tout et le donna à la femme.

— On a tous l’air de beaucoup de choses, madame. Passez une bonne journée et régalez-vous bien.
— Vous êtes bien insolent.
— Merci, madame, que Lucy vous garde.

Elle eut un reniflement dédaigne, visiblement elle s’attendait à un peu de soutient ou de l’estime pour ses dires. Peut-être une simple approbation, mais là ce n’était pas fourni pas la maison. Faolan poussa un soupir de soulagement quand elle fut plus loin.

— Je déteste ce genre de donneur de leçon. Gnagnagna vous voyez il est bon à marier et donc c’est logique que vous soyez tout deux marier gnagnagna, je ne connais rien de la vie des gens, mais je la juge tout de même. Au moins sa bouche sera moins encline à prendre des dégustations gratuites comme s’il s’agissait de courses normales la prochaine fois. Le piment, ça calme.
— Piment plein de feu dans la bouche.
— C’est ça mon riboux.

Alors qu’il ébouriffait son fils fier d’avoir retenu ce qu’il avait appris sur le piment de nouvelles personnes se pressèrent autour du stand pour quelques dégustations.

— Je prends à gauche et toi à droite pour les commandes ?

Presque amoureuse ? Il a un rire jaune en tendant cela et décide de simplement prendre les clients de gauche. Comme si avec son histoire avec Asha il avait la moindre envie d’un « presque amoureuse ». Elle aurait aussi pu être « presque amoureuse » s’il n’y avait pas eu Elthas, elle aussi les trouvait aussi ses plats bons et ses répliques bien trouver, mais elle lui a appris aussi qu’il n’est pas l’homme avec qui les femmes finissent par choix.

Il est le plan de secours, rien de plus. L’humour de Louise ne lui fait que ressasser de mauvais moment de son début d’adolescence. Il commence à distribuer les portions gratuites avec des banalités pleines la bouche. Beaucoup ne sont là que pour prendre une portion et repartir aussi sec.

Pourtant tout le monde se fige et fixe la dispute entre le groupe de touriste et l’habitant du coin. Comme dans tout conflit les gens regardent plus, qu’ils n’agissent pour prendre part dans un camp, attendant une occasion pour sortir son petit commentaire. Même si là rien ne sort.

Faolan a pourtant bien vu des hochements approbateurs parmi les passants ou au contraire des grimaces clairement désapprobatrices. Le sujet est assez clivant visiblement et tout le monde préfère se taire que de donner le fond de sa pensée, sauf visiblement cet homme.

— Ce genre d’idiots ne font que créer plus conflit inutile…

C’est une petite vieille, pleine de rides, mais qui semble toujours sourire qui vient de dire cela. Il la regarde en clignant un peu des yeux. L’homme est visiblement parti chercher ses amis et cette dame a maintenant le courage ou l’envie simple d’ouvrir sa bouche.

— Euh… Lesquels ?
— Tous… Juste tous…
— Vous trouvez ?
— Hum, hum… Oui.

Rien de plus, elle le fixe, il la fixe, ils se fixent et elle se met à tapoter des mains sur sa robe avant de soupirer.

— Vous allez me dire que vous n’avez pas remarqué les gens peut-être ? La couronne n’est certes pas parfaite, mais les familles nobles du coin non plus. Ça rêve de liberté, mais ça oublie le souci principal.
— Qui est ?
— Réfléchissez et vous trouverez peut-être un jour. Si vous pouviez me servir mes parts de flan maintenant ça serait aimable.
— Oh, mais bien sûr.

Il servit les deux parts qu’elle avait demandées et c’est à ce moment-là que Faolan remarqua qu’il n’y avait plus de dessert à servir. Bon et bien un plat en moins dans les dégustations du coup. En tout cas la petite vielle lui avait un doute sur ce qu’elle voulait vraiment dire, mais l’oublia bien vite alors qu’il partait pour remettre des brochettes à cuire. Il y avait encore du salé à faire gouter. Du coin de l’œil il vit des petites mains voleuses prendre quelques produits et s’enfuir en courant. Visiblement certain n’avait pas compris que dégustation gratuite voulais dire pouvoir se servir sans avoir besoin de voler. Il soupira et souffla sur les braises pour raviver un peu son feu sous les brochettes.

La fin de service pour le stand n’avait pas été de tout repos. Son dos et ses bras commençaient à le tirer pas mal et il ne parlait même pas de ses joues à force d’avoir un sourire commercial. La vente était vraiment la partie qu’il appréciait le moins dans son boulot, même si là, pour le coup, ce n’était que du service de dégustation. Pour le coup ça demandait pas mal d’énergie pour parler et orienter un peu les conversations des passants pour avoir ce que l’on souhaite à la fin.

La plonge et le ménage de tout seraient faits plus tard. Là tout de suite une pause bien méritée ne serait pas un mal. Même Melta s’était endormi sur un tonneau fatigué d’avoir couru entre les clients et babiller avec autant de monde. Au moins il n’avait pas eu le ventre vide dans cette journée. Il venait d’être allé faire un crochet à un bar juste à côté pour prendre deux pintes de bière sur place. Il en tendit une à Louise avant de lui-même glisser sur une chaise pour profiter du calme d’après coup.

– Oui, je n’aurais pas cru que ça demanderait autant d’énergie.

Il y a un bout de rire dans sa voix et la pluie tombe doucement au-dessus d’eux sans. La satisfaction, malgré la fatigue, est bien présente en lui. Il sirote doucement sa boisson qui finit de lui donner la sensation d’une journée bien terminée.

Pour le coup il n’y a plus qu’à finir de rédiger les rapports sur le fait qu’une majorité d’habitants serait pour prendre leurs distances avec la couronne ou trouve que cette dernière ne les comprend pas. Certes il y a aussi pas mal de monde qui y trouve son compte ou même sont assez heureux de la situation, mais souvent c’est des touristes ou bien des personnes venant à la base du continent pour la plupart. Il y avait aussi des locaux contre les envies séparatistes, mais souvent ça semblait plus par non-envie d’un conflit supplémentaire que par être vraiment heureux de la situation.

– Je n’avais aucune idée que la situation et les avis ici sur la couronne étaient aussi compliqués… Enfin bon, ça aidera surement notre commanditaire à aplanir les angles de cette histoire.

Naïf qu’il est. Faolan ne voit que la possibilité d’une personne souhaitant que tout se passe pour le mieux ensuite. Une réconciliation entre les Archipels et la Couronne. Qu’il est doux d’avoir vécu si loin de tout conflit politique, perdu dans les plaines si tranquilles pour le moment.

– En tout cas, c’était agréable de faire ta connaissance ainsi Louise.

C’est vraiment une fille bien. Que Lucy protégé sa route du danger, des bandits ou des pirates.