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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Et juste là, un petit géranium
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Et juste là, un petit géranium
    Lun 29 Juin 2020 - 23:07 #
    Et juste là, un petit géranium
    Demande de noble

    L'atelier du grand architecte Imotapi Djéser a été ravagé la nuit dernière. Cela serait resté sans conséquence si les plans commandés par Luz Weiss pour la construction de son futur hôpital n'avaient pas été sabotés ! Recouverts d'encre sombre et déchirés, il ne reste désormais plus rien des longues semaines de travail de l'architecte et du médecin... Étrangement, ces plans sont les seuls à avoir été abîmés dans la pièce qui arbore uniquement un désordre consciencieux. Qui souhaite donc empêcher la construction de ce projet avec tant d'ardeur ?

    + Proposé par : @Luz Weiss
    + Participants : @Arthorias Hekmatyar & @Calixte Alkh'eir
    + Objectif : Enquêter sur cet acte de vandalisme et trouver l'identité du saboteur pour qu'il cesse de nuire au projet de Luz Weiss.


    « Monsieur Djéser ? »

    Sa voix, interrogative, avait porté dans l’espace vide de l’atelier. Du bout des doigts elle déplaça l’imposante porte dévissée de ses gonds, le bois vermoulu empreint de griffures, et enjamba le porte manteau qui trônait de tout son long sur le sol. L’exercice s’avéra compliqué au vu du nombre d’objets qu’elle portait, mais elle avait pour elle l’adresse de la jeunesse et le regard mutin d’une enfant curieuse. Une voix assourdie grommela une imprécation dans une pièce adjacente qu’elle interpréta comme une autorisation à entrer. Elle poussa donc du bout du pied les ustensiles qui traînaient partout sur le sol et redressa d’un geste adroit la petite table d’appoint oubliée jusqu’alors sur le flanc. Elle y déposa le panier en osier qu’elle tenait dans sa dextre, l’odeur des croissants chauds ne tardant guère à se répandre dans tout l’atelier.

    « J’y ai ajouté du café ! »

    Pendant que l’homme achevait de se préparer, ses prunelles firent le tour du désastre. L’atelier avait été ravagé durant la nuit et l’ampleur des dégâts était terrible de prime abord. Les armoires, la bibliothèque et l’ensemble des plans de travail avaient été sauvagement retournés, de sorte qu’il ne restait pratiquement rien à la verticale. Néanmoins, un observateur attentif n’aurait pas manqué de remarquer que l’ensemble des objets déjetés à travers la pièce n’arboraient pas l’ombre d’une fissure, hormis… Hormis ses plans. Luz posa un regard maussade sur les vestiges du papier trempé d’encre et déchiré en fins copeaux inutiles. Dire qu’Imotapi les avait achevés deux jours auparavant… Ils avaient travaillé conjointement sur la conception de ce futur hôpital durant l’ensemble du mois, car seules les compétences exceptionnelles de ce grand architecte étaient en mesure de concrétiser la kyrielle d’indications et de contre-indications passionnées de Luz ! Aux idées folles qu’elle lui soumettait, il construisait des entrelacs de lignes parfaitement réglées et mesurées de sorte à former une structure tout à fait inégalable…

    Bien entendu, ces plans pourraient être refaits pratiquement à l’identique. Certes, il ne restait quasiment rien des brouillons en sa possession, mais ils s’étaient tant épuisés les yeux sur le sujet que même Luz était capable de visualiser les tracés sous ses paupières closes. Toutefois, rien ne rembourserait le temps perdu ni les futures semaines de travail consacrées à reproduire ce qu’ils avaient pourtant déjà terminé. Cela, si leur outrecuidant saboteur n’y remettait pas une nouvelle fois du sien… Enfin, se corrigea-t-elle, s’il s’agissait bien d’un sabotage. Ce n’était qu’une déduction de sa part dans ce décor fort théâtral, mais elle n’avait rien d’une professionnelle de l’enquête.

    « N’est-ce pas terrible ? l’interrompit Imotapi Djéser. »

    Accroupie sur le sol, elle figea son geste et se redressa pour saluer l’architecte. Il arborait la mine d’une personne qui avait terriblement mal dormi… Ses yeux étaient du moins gonflés et il ne cessait de grimacer dès que son regard se posait sur son atelier. Lui qui logeait à l’étage n’avait pourtant rien entendu du désastre… Et n’avait eu de cesse que de se répandre en excuses auprès d’elle, rongé de remords. Les bras ballants, ne sachant presque par où commencer, il contemplait à présent le sol avec l’âme d’un homme éteint.

    « Quarante ans de carrière et je n’ai jamais vu ça… »

    « Ne vous en faites pas, nous trouverons une solution. Prenez donc un croissant, cela vous fera du bien ! »

    Elle n’eut pas le temps de pousser vers lui le panier de pâtisseries que le pas d’un nouvel arrivant se fit entendre. Oh, ce pas, elle le connaissait très bien… Parfaitement capable de marcher sans bruit, il n’y avait qu’une seule personne pour avoir la politesse de signaler sa présence pour ne pas les déranger dans leur conversation.

    « Calixte ! Entre ! »

    Luz se fendit d’un immense sourire et ne résista pas à l’envie d’étreindre chaleureusement l’espion lorsque sa bouille apparut dans la pièce. Heh, par Lucy, le contact tactile était bien son privilège de soutien psychologique des espions !

    « Tu as fait vite, merci encore de m’aider sur cette affaire. Je suis surprise cela dit de ne pas te voir tenter de rentrer par la fenêtre du premier étage. »

    Un rire longea ses prunelles, la voix soudain taquine et renarde au souvenir d’un Calixte bien amoché. Au regard qu’il lui retourna, ou plus précisément qu’il retourna au petit géranium qu’elle tenait sous le bras, elle rit de plus belle et crut bon d’expliciter :

    « Un cadeau de ce cher Daril Lebrank pour mon futur hôpital. Je le mettrai au bout du terrain, juste en face du bâtiment. Ce sera parfait. Et oh, d’ailleurs ! »

    Elle réajusta sa prise sur le pot grâce à sa hanche et parvint à déposer celui-ci sur la table d’appoint. Elle fouilla rapidement dans sa besace et en sortit un très fin bracelet coloré. Avec douceur, elle retourna la main de Calixte et attacha ledit bracelet à son poignet :

    « Un cadeau de sa part pour Apolline. Il suffira de l’attacher à sa boucle si cela lui plaît. Il dit dans sa lettre que ce bracelet attire la chance et les « donzelles bien rebondies », selon ses propres termes. »

    Une grimace. Et puis, un nouveau bruit à l’entrée. Cette fois-ci, ce fut le visage du Capitaine de la Garde Royale qui apparut dans l’encadrement.

    « Capitaine Hekmatyar ! Bienvenue ! »

    Elle s’inclina gracieusement devant lui, tout à fait joviale à présent malgré les circonstances de ces retrouvailles.

    « N’hésitez pas à vous servir en pâtisserie et en café, les enjoignit-elle à la débauche gourmande telle une véritable mère grand. Je les ai apportés pour vous. »

    Elle leur présenta bien entendu Imotapi Djéser et les maigres circonstances de ce saccage. Un acte silencieux à 2 heures du matin que personne ne semblait avoir repéré avant le matin même, 9 heures, à l’ouverture de l’atelier… Même l’épouse Djéser, pourtant réputée pour ses qualités de commères à l’ouïe redoutable n’avait pas été dérangée dans son sommeil.

    « Je vais malheureusement devoir vous laisser, j’ai plusieurs patients à voir en fin de matinée. Mais n’hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit. »

    « Je me ferai également un plaisir de vous aider autant que mes capacités me le permettront
    , signala un Imotapi déboussolé. »



    Apparence d'Imotapi Djéser :

    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Et juste là, un petit géranium
    Mar 30 Juin 2020 - 16:46 #
    Et juste là, un petit géranium



    La nouvelle n'avait rien de rassurant. Un "simple" cambriolage lui avait on dit, mais voilà... Ce saccage totalement gratuit mettait en péril des plans établis par des gens plutôt haut placés. Et cette enquête avait atterrit sur le bureau d'Arthorias à cause des sommes impliquées.
    Il avait taché de remonter le projet, et le nom de la première ministre apparaissait bien souvent, ce qui faisait de cet hôpital non pas un projet d'initiative personnel, mais un investissement de la couronne.

    Consciencieusement, l'officier avait tenté de réunir la paperasse qui avait du être faite pour organiser le chantier. Et si le projet n'avait pas encore eu une seule pierre de posée, les commandes avaient été nombreuses, et les carrières avaient déjà commencé le lent processus d'extraction.
    De ce qu'il avait pu découvrir en étudiant la correspondance entre les marchands royaux et les fournisseurs, beaucoup de pierres attendaient leurs tailles, et le bois pour les charpente était déjà débité et prêt à être mis en forme.
    Ce chantier était loin d'être anodin. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver qu'une des initiatrice du projet n'était nulle autre que le docteur Weiss, cette aimable dame avec qui il avait pour la première fois découvert Yio.
    Ce souvenir encourageant le décida à mener l’enquête de manière personnelle, les gens aimant en général quand un responsable prenait les choses en main.
    Et quoi de mieux que d’inspecter directement le lieu du crime ?

    Délaissant son bureau encombré et sa lourde tenue de fer, le blond sortit de la caserne, marchant d’un pas tranquille jusqu’à l’atelier incriminé.
    Le quartier n’avait rien de très particulier. Ce n’était ni un cloaque sans nom, ni un endroit particulièrement fortuné. Luz avait ce don de trouver des quartiers dont l’équilibre reflétait sa propre pensée. Un endroit qui s’attira la sympathie de l’officier.
    Bien qu’éloigné du centre du pouvoir, Arthorias put emprunter de larges rues patrouillé comme il se devait, lui tirant déjà quelques interrogations sur la nature de l’attaque

    Un bâtiment de pierre et de bois, à la devanture peinte de couleur claire ne révélait rien, si ce n’était une porte épaisse couverte de griffure qu’il s’arrêta inspecter, tirant sa dague pour en vérifier la profondeur par réflexe.
    Il était assez aisé de constater leurs profondeur avec cette dernière et quelle ne fut pas surprise de découvrir une certaine superficialité, le bois n’ayant pas été entamé très profondément. Les gonds étaient même encore en place bien que ne supportant désormais plus entièrement ce qu’ils auraient du.
    Sortie de ses gonds donc, mais sans traces autre d’effraction, car le loquet était encore bien en place, comme si la porte avait été arrachée à dessin…
    Mais les conclusions devraient attendre un peu plus tard, car les victimes étaient déjà présente, avec un jeune homme en prime que sa plaque désignait comme un garde. Et au vu des premières paroles entendue à la volée, ce dernier n’était pas inconnu de Luz.
    Calixte donc ? Peu importe ils auraient tout le temps de discuter une fois tout cela commencé. Pour l’instant le point mort les guettait

    -Mademoiselle Weiss, Monsieur Djéser, il me ravit de voir que malgré les dégâts, vous vous portez admirablement.


    Une maigre consolation à en juger par les dégâts, mais mieux valait essayer de trouver un peu de positif dans ce désastre.
    Il semblait que chaque meuble, chaque objet avait eut droit à son traitement de faveur, même si cela ne ressemblait pas à un cambriolage au vu du nombre d’objet renversé…
    La réflexion du médecin lui tira néanmoins un sourire alors qu’une fois de plus, elle proposait de quoi ravitailler l’équipe d’inspecteur avec des douceurs qui auraient été du luxe partout ailleurs.

    -Comme à votre habitudes, vous avez pensé à tout mademoiselle, je vous en suit très reconnaissant, et soyez assuré que nous ne manquerons pas de faire honneur à votre cadeau.


    Dit il avant de lui faire un petit signe de la main lorsqu’elle s’absenta et de remercier l’architecte qui portait sur lui tout le poids du monde.
    L’officier s’avança donc vers le jeune homme qui ne lui disait pas grand-chose, son apparence ayant tout de la personne commune, pas nécessairement grand, ni petit, un profil comme n’importe qui en croiserait au détour de la caserne.
    Et Arthorias ne fut donc pas vraiment étonné de ne pas le reconnaître, mais s’approcha de lui sans apriori, tendant sa main.

    -Si j’en crois notre amie, vous vous appelez Calixte et à votre médaille, vous devez être également un collègue, je m’appelle Arthorias, pour le reste je crois que mademoiselle Weiss à dit tout le reste


    Un petit sourire s’afficha sur ses lèvres, son titre semblant le précéder à chaque nouvelle rencontre, que ce soit celle de Marthe ou même de ce jeune soldat.

    -Vous devez être un ami du docteur si je ne m’abuse, dois–je en conclure que vous venez enquêter également sur notre affaire ?


    La demoiselle appelait rarement les gens par leurs prénoms, du moins jamais celui de l’officier n’avait été prononcé, et sautant de faits en supposition, l’homme se faisait ses propres théories qu’il tachait de confronter à la réalité, sans pour autant trop se montrer inconvenant.




    Codage par Libella sur Graphiorum
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: Et juste là, un petit géranium
    Ven 3 Juil 2020 - 10:34 #
    Bientôt la saison chaude. La brise se faisait de plus en plus estivale, enveloppant les âmes matinales dans un manteau devenant de plus en plus torride les heures passant, et il régnait sur la Capitale une langueur propre aux jours ardemment ensoleillés. Il y avait une pesanteur toute brûlante qui invitait à l’évasion, aux jeux d’eau et au dénudement. Qui invitait à prendre le large et, pourquoi pas, profiter de la chaleur se profilant le long du littoral. Le long de ses plages paradisiaques, et de ses villages portuaires animés. Aux airs de vacances. Sauf que, malgré son affectation au régiment Al Rakija, Calixte se trouvait une nouvelle fois loin de son sud aux délices maritimes, et n’était certainement pas en vacances. Il y avait là une ironie qu’il avait de plus en plus de mal à apprécier. Les routes d’Aryon étaient le cœur de son travail et de la satisfaction de sa curiosité, mais passer autant de temps à la Capitale alors que le sable fin des côtes du royaume criait son nom depuis quelques lunes ? Ça en devenait un peu frustrant. A quand l’assignation les pieds dans l’eau azurée ? Une bouée à la main et le maillot vermeil moulant le corps entretenu des membres de la Garde ? Enfin, pour le moment il semblait qu’il allait devoir se contenter de son imagination et de l’essai d’Apolline « Alerte au Manta’bu ».

    Soupirant sa déception à l’éloignement de ses plages promises, Calixte se reconcentra sur le paysage alentours familier. Et moins enchanteur. Le quartier s’était éveillé depuis déjà quelques heures, mais on était loin de l’agitation qui saisissait le cœur de la place commerçante à la mi-journée. La torpeur de la nuit, mêlée aux bras de l’atmosphère presque estivale, se dissipait encore ici et là. Quelques éclats de voix bousculaient cette lente mise en route, mais l’on devinait que les possibles s’offraient de plus en plus à l’obscurité. Dont certains ne s’étaient apparemment pas privés. Contournant la devanture d’une boutique indiquant « millénaire & porte-jarretelles en laine de boucton : ce qu’en dirait Olenna Belmont », le coursier longea encore quelques bâtisses aux façades à la fois quelconques et raffinées. Un quartier sans soucis, à première vue. Quelques mètres encore, et il aperçut la silhouette de pierre et de bois abritant l’atelier indiqué par Zahria. Celui dans lequel travaillait un certain Imotapi Djéser. En partenariat avec Luz. Atelier qui avait été saccagé dans la nuit. Et si la Maître-Espion n’était pas du genre à hésiter avant d’aider ses proches, Calixte non plus. Il y avait dans les liens quasi filiaux de l’unité des espions, et des rares initiés à leurs us de l’ombre leur gravitant autour, un sentiment d’appartenance farouche, de dévotion lupine. D’autant plus exacerbée par le décès de Ruth. Le meurtre de Ruth. Y avait-il ainsi conflit d’intérêt ? Peut-être bien. Mais qui comptait ?

    Il passa le palier de la porte, et son regard curieux apprécia le chaos environnant. Un chaos plutôt organisé. Comme si toute l’affaire n’avait finalement été qu’une mise en scène presqu’un peu grossière, cherchant vainement à dissimuler le clou du spectacle. S’avançant davantage, il se prit les pieds dans une caisse malmenée et se rattrapa de justesse à un coin de comptoir. Reconnaissant la voix de Luz par-dessus sa maladresse, il poursuivit son chemin avec plus de prudence pour rejoindre la médecin. Elle lui apparut finalement comme une flamme, contraste saisissant avec l’homme d’âge mûr grisonnant se tenant à ses côtés. Se laissant aller contre son cœur comme un papillon s’aventure vers la lumière, il lui rendit son étreinte d’une tendresse fraternelle. Il y avait à la collocation de l’Ombre et sa clarté un foyer en filiation inattendu pour l’espion. Aux perturbants relents d’inceste parfois ; mais c’était une autre histoire. A.M.I.S. très précisément. Affichant une moue faussement vexée, il se détacha de Luz et son regard accrocha la plante qu’elle tenait en équilibre sous son bras.

    - Il faut toujours un peu de verdure pour donner un souffle nouveau, acquiesça-t-il comme si le contraire aurait été lèse-majesté. Daril Lebrank… le charmant monsieur que Zahria et Carci ont accompagné au Grand Port ?

    Il y avait là des souvenirs doux-amers. Mais ces derniers temps, restait-il un endroit en Aryon non miné de ses émois ? La jeune femme se déchargea de son pot d’un mouvement adroit, et il la laissa se saisir de sa main avec curiosité. Le bracelet qu’elle lui passa au poignet était d’une jolie finesse, et le temps d’un instant l’espion se demanda s’il s’était emmêlé les pinceaux ce matin et avait revêtu l’apparence de l’un de ses personnages féminins. Mais non. Il semblait qu’il ne faisait finalement qu’intermédiaire pour Apolline.

    - Je ne manquerai pas de lui transmettre, répondit-il en haussant les sourcils d’incrédulité.

    Du bruit dans l’entrée attira leur attention, et Calixte se détacha davantage de la flamme de Luz, pour poser les yeux sur une silhouette à la fois familière et inconnue. Celle du Capitaine de la Garde Royale. Esquissant un salut protocolaire instinctif tandis que la médecin se fendait d’une révérence, il laissa son regard courir sur la haute stature. Il avait souvenir de l’avoir croisé à quelques occasions, plus ou moins officielles, et se rappelait l’avoir notamment vu à la fête donnée en l’honneur d’Aube Grassim. Retenant une grimace, le coursier espéra qu’Arthorias Hekmatyar avait été moins spectateur de ses exploits que Bridget Alnilnam auxdites festivités. Enfin, il le saurait probablement assez rapidement.

    Grignotant l’une des viennoiseries que la médecin s’était donnée la peine d’amener, il l’écouta d’une oreille distraite tout en parcourant d’un œil curieux la scène. Luz ne semblait pas particulièrement inquiète. Les plans saccagés devaient encore être frais dans son esprit, même si cela demanderait assurément de nombreuses heures de travail pour les coucher à nouveau sur le papier. Imotapi Djéser étaient en revanche pas mal secoué, et son visage affichait la perplexité de celui ayant du mal à réaliser la réalité de l’affaire. Dans un quartier aux apparences tranquilles, il n’avait peut-être jusque-là jamais connu autant de griefs. De désordre vil dans son atelier. Mais chaque meuble qu’effleurait le regard de l’espion, chaque document, chaque outil, ne faisait que réaffirmer son impression première de mise en scène. Et, plus que pour l’action malveillante, c’était probablement là la raison principale pour laquelle Luz n’avait pas hésité à demander l’implication officielle de la Garde Royale, et officieuse des espions. Il y avait là une évidence ensevelie de banalités : seuls les plans de l’hôpital à venir avaient été visés. Et pourtant, était-ce aussi simple ?

    La médecin finit par s’éclipser pour vaquer à ses propres impératifs, et le Capitaine se tourna vers lui. Saisissant la main tendue, le coursier la serra avec bonhomie. Et un certain soulagement, vu que l’homme ne semblait pas le remettre.

    - Calixte Alkh’eir, coursier du régiment Al Rakija, précisa-t-il pour la forme. Quoi que dernièrement ce soit le pôle logistique de la Capitale qui fasse plus souvent appel à moi que celui du Grand Port, ajouta-t-il avec amusement. Et même sans tout avoir dit, je crois que votre réputation vous précède, Capitaine.
    - Oh vous êtes le Capitaine de la Garde Royale, n’est-ce pas ? Je suis vraiment confus que vous ayez dû vous déplacer pour cette histoire. Mais vraiment, je ne comprends pas…

    Laissant son supérieur rassurer l’architecte sur son implication, Calixte s’écarta légèrement pour s’avancer vers la pile de documents renversés.

    - Mieux vaut deux – voire trois – regards qu’un seul, répondit-il à la fois à l’adresse d’Arthorias Hekmatyar et de monsieur Djéser qui ne savait toujours pas trop où se mettre dans son embarras. Et effectivement Luz Weiss est une amie ; même si c’est en la qualité de simple garde que l’on m’a demandé de vous assister, Capitaine. Ce sont là tous vos projets en cours, monsieur Djéser ?
    - Oui, oui. Les dossiers clos sont stockés dans une autre pièce qui a aussi été mise à sac. Il y a là les plans pour l’hôpital de dame Weiss, en bien mauvais état… quelle tragédie. Mais aussi ceux pour trois autres projets.
    - J’imagine qu’il n’y avait pas de conflit évident entre ces projets ?
    - Non, non. Pas du tout. Ni même avec ceux de mes collègues. On se connait assez bien dans le milieu, et l’entente est au minimum cordiale. Enfin je crois. Je ne vois pas pourquoi on s’en est pris à moi.

    Ou plus qu’à Imotapi Djéser, architecte, à Luz Weiss. Tournant un regard interrogateur vers le Capitaine de la Garde Royale, Calixte attendit ses ordres. Après tout, il était là pour servir, et non mettre en avant ses capacités d’espion.
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Sam 4 Juil 2020 - 18:23 #
    Et juste là, un petit géranium



    Oh, un coursier du sud ? Voilà qui était inattendu. Décidément les amis de Luz étaient tout aussi étonnant que ceux de Zahria. Mais c'était un sujet pour une autre fois.
    Mieux valait se concentrer sur le plus urgent, soit l'affaire en cours, même s'il fut heureux de voir le jeune garde lui serrer la main tout à fait ordinairement.
    Le service était une chose, la réalité une autre, et il fallait l'avouer, l'officier n'était pas l'homme le plus doué quand il s'agissait d'enquête judiciaire, mais on ne refusait pas une injonction de la première ministre, fut on commandant.
    Il leva une main apaisante pour l'architecte, tachant de le rassurer au mieux de ses possibilités

    -Allons Monsieur, inutile de trop vous en faire, un capitaine, comme un soldat reste un soldat, je ferais donc au mieux pour vous aider. Et je suis sur que je ne serais pas le seul


    Dit il en observant le jeune homme commencer à poser quelques questions fort à propos. La concurrence serait la première piste à exploiter. Même si elle semblait fort mince.
    Mais qu'importe, il prit note dans un coin de sa tête de ces informations, tachant de réfléchir à qui pourrait en vouloir à l'architecte et son projet.
    Puis il remarqua que Calixte le regardait en attendant visiblement quelque chose... Il lui fallut un peu de temps que c'était lui qui était implicitement aux commandes et se sentit bien peu à sa place. Commander les soldats d'un autre officier lui donnait une sensation de vol.
    Bien sur, il l'aurait fait sans soucis, mais si certains hommes ou femmes de la gardes ne lui inspirait qu'une neutralité froide, le coursier avait tout de l'image du bon garde, ce qui empêchait Arthorias de le commander comme il l'aurait fait d'habitude.

    -Pourriez vous inspecter l'atelier pour y déceler une trace ou une autre qui pourrait nous aider ? J'avoue sans peine que ma vision n'est pas habituée à cela, je vais essayer d'explorer quelque chose d'autre.

    Dit il en se tournant vers Djéser. Il aurait été simple de lire magiquement les raisons de ce cambriolage, de deviner tout cela en lisant les pensées des gens qui passaient pour en tirer une conclusion rapide. Mais Arthorias n'avait pas ce pouvoir, comme personne à sa connaissance, les enquêteurs de génie se révélant souvent juste des gens chanceux ou abusant de leurs talents.

    -Monsieur Djéser, auriez vous, à tout hasard, les papiers concernant le projet ? Non pas les plans mais bien toute la partie administrative consécutive à un tel projet ?
    La description du terrain, son vendeur, l'affaire et son déroulement ?


    -Bien sûr oui ! J'ai tout stocké dans l'atelier, et seuls les plans ont été abîmés. A vrai dire je ne saurais pas trop ce que les gens gagneraient à détruire de la paperasse. Elle est à peine compréhensible pour les gens qui ont la tête dedans, alors pour des étrangers au projet


    Mais voilà, Athorias était un combattant de première ligne, mais ses lunes passées à révoquer, organiser et écrire à tout va lui avaient donnés un certain talent pour fouiller dans la paperasse et c'était bien souvent quelque chose d'oublié.
    L'homme disparut quelques instant dans une remise avant de revenir avec une pile de dossier et de parchemins, certains bien plus vieux qu'on aurait pu le penser.

    -Voilà tout ce qui me reste du projet, vous pensez que cela vous sera utile ?


    -Aucune idée, mais il serait bête de délaisser une piste sous prétexte de chercher la facilité, Calixte ? Puis je vous laisser le soin d'inspecter la pièce ? Je vais m'atteler à chercher quelques irrégularités ou points suspects dans la paperasse.
    Sans nul serez vous plus chanceux que moi.

    La pièce pouvait receler bien des détails qui échapperaient à l’œil de l'officier, et le jeune homme avait l'air un peu plus alerte que le capitaine qui, d'avantage habitués aux combats qu'au scènes de crimes, préférait laisser l'inspection minutieuse à quelqu'un ne portant pas un costume en acier rigide


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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Dim 5 Juil 2020 - 1:22 #
    S’il semblait tout à son aise dans son rôle social, le Capitaine de la Garde Royale paraissait moins dans son élément quant à l’enquête. Et peut-être était-ce en réalité logique. Le travail délicat au contact de la population particulière que représentait la Noblesse devait demander des trésors de diplomatie et une ressource quasi infinie de patience. Alors que les investigations poussées étaient certainement l’apanage des espions. Il y avait cependant une hésitation tout inattendue dans son utilisation du soldat mis à sa disposition comme si, sorti de l’univers doré du Palais Royal, il avait soudainement perdu une partie de ses repères. De son autorité. Comme si la politesse dont il devait faire preuve pour respecter les limites égocentriques imposées par les Nobles s’interrogeait sur celles des autres régiments. Calixte imaginait mal Arthorias Hekmatyar en difficulté pour ordonner ses propres hommes, alors cela devait être une question de hiérarchie indirecte. Ou alors cette notion entrait-elle en conflit avec le fait qu’il fût un ami de Luz. Dans tous les cas, le coursier s’en trouvait légèrement amusé. Et touché. Il pouvait comprendre que le Capitaine de la Garde Royale fît tourner nombre de tête. Il y avait dans sa gentille attention une naïveté toute surprenante et attendrissante. Et peut-être que derrière cette façade de prince charmant, il était en réalité d’un vice sans nom dans l’intimité. Retenant un rire, Calixte se dit qu’il lui faudrait en discuter avec Zahria. Elle avait, après tout, partagé sa chambre avec l’homme alors qu’ils n’étaient que simples soldats.

    Acquiesçant à la demande de son supérieur, et se refocalisant sur la mission en cours, l’espion avisa la salle désordonnée et décida de commencer par là où il se trouvait. Récupérant un à un les documents éparpillés, Calixte en parcourut rapidement les titres et les grandes lignes. Il s’agissait là des autres projets en cours de l’architecte Imotapi Djéser, et comme ce dernier l’avait fait remarquer, aucun ne semblait marcher sur les plates-bandes de celui de Luz. Tout du moins à première vue. Gardant la pile d’un équilibre précaire sous son bras, il entreprit de relever l’étagère d’où elle s’était envolée, et une fois que celle-ci retrouvât sa verticalité – après quelques secondes de galère – il replaça les dossiers à leur place. Continuant à déblayer et réorganiser l’atelier, l’espion se rendit rapidement compte que sa première impression avait été correcte. Le mobilier avait été bousculé avec négligence, sans intérêt évident en dehors de celui de provoquer davantage de désordre. Aucune trace de fouille. De vol. De saccage haineux. De même, les grosses pièces trop lourdes de l’ameublement n’avaient pas été bougées d’un iota. Ce qui indiquait que le, ou les, coupable avait été dans l’urgence, ou peu habitué de ce type de machination. Ou les deux. Et donc que la probabilité qu’il eut fait des erreurs, était relativement élevée.

    Continuant sa progression tranquille mais certaine à travers l’atelier, inspectant et rangeant – car après tout Imotapi Djéser avait l’air d’être un brave homme qui méritait bien un peu d’aide pour remettre en ordre son lieu de travail – Calixte écouta d’une oreille distraite l’échange entre le Capitaine de la Garde Royale et l’architecte. Il se demanda si, depuis qu’elle avait accédé au titre de Maître-Espion, Zahria passait aussi beaucoup de temps le nez dans la paperasse. A organiser. Vérifier, contrôler, planifier. Mais peut-être en laissait-elle à Fledric. Si l’ancien Maître-Espion avait semblé vissé de manière permanente à sa chaise de bureau, il n’était pas rare que l’Ombre fût sur les routes d’Aryon pour diverses raisons. Missions.

    - Oui, bien sûr, répondit-il à Arthorias tout en ramassant la collection de crayons et de plumes qui avaient roulé sous une table. Vous avez là de jolis exemplaires, monsieur Djéser.
    - Il y a une très bonne papèterie au coin de la Place Commerçante, la plupart de mes plumes viennent de là. Mon encre aussi. Quel gâchis…
    - Elle avait effectivement une jolie teinte, nota le coursier en replaçant les fournitures sur le bureau et jetant un coup d’œil aux plans découpés en petits bouts et trempés le liquide sombre.
    - Dame Weiss me l’avait généreusement offerte. Un magnifique coffret d’encres aux couleurs violines. Heureusement que les autres encriers sont intacts ; quelle chance !
    - … oui, quelle chance.

    Quelle chance aussi, ces empreintes courant du bois de la table à celui des meubles, au rebord de la fenêtre. Ces traces trop petites pour appartenir à un homme adulte.

    - Vous étiez sur ce projet depuis combien de temps ?
    - Presqu’un mois. Nous touchions à l’achèvement des plans. Dame Weiss était si satisfaite de notre avancée. Enfin… je pense que je pourrai en retracer la plus grande partie sans trop de soucis, et sans l’incommoder davantage. Cela demandera simplement un peu plus de temps.
    - Luz est très arrangeante, fit remarquer l’espion en finissant de ramasser les objets de mesure.

    Qui, pour toute leur fragilité, n’avaient pas été abimés. Il les replaça sur un établi prévu à cet effet et réajusta le cadre magique qui avait été gentiment bousculé.

    - C’est une femme remarquable, acquiesça Imotapi Djéser.
    - Et elle a choisi un architecte remarquable pour son projet, commenta Calixte en observant du coin de l’œil son interlocuteur qui semblait mal à l’aise du compliment. C’est votre famille ? demanda-t-il en indiquant les silhouettes lui faisant face du cadre magique.
    - Mes deux filles, leur époux et mes trois petits enfants, s’empressa de lui indiquer l’architecte visiblement heureux du changement de sujet.
    - Ils ont l’air jeunes.
    - Douze, dix et huit ans.
    - Les garçons vous ressemblent, mais votre petite fille de douze ans a l’air d’être plus agitée.

    Imotapi Djéser eut un petit rire embarrassé, et Calixte hésita, avant de bouger à nouveau et rejoindre Arthorias penché sur une liasse de documents administratifs.  

    - Capitaine ? Des choses intéressantes ? s’enquit-il poliment mais la curiosité non feinte. Suite à l’inspection de l’atelier j’aimerai soumettre quelques points à votre attention.

    Il entraina l’homme vers le bureau et lui indiqua au fur et à mesure de ses propos les éléments qui lui semblaient intéressants.

    - En dehors des plans de l’hôpital rien n’a été endommagé. L’encre utilisée pour rendre illisible ceux-ci est celle de monsieur Djéser. Il en reste quelques traces sur les meubles de la pièce, et notamment sur le cadre de cette fenêtre. Était-elle ouverte lorsque vous avez constaté le saccage, monsieur Djéser ?
    - Ah oui. On l’a fermée par la suite. Pour éviter que les documents ne s’envolent.
    - D’ailleurs on retrouve ici et là quelques marques de saleté, probablement inhérentes au fait que la fenêtre soit restée ouverte toute la nuit.

    Probablement plus inhérentes au fait que le, ou les, coupable approchait l’incurie. Avait l’habitude de déambuler membres nus dans les caniveaux de la Capitale, et de se contenter de bains dans la Rivière Luisante.

    - Quelqu’un a par ailleurs probablement voulu garder une trace de ses méfaits car on retrouve quelques confettis égrenés de la table à la fenêtre.

    Certainement quelque chose comme un dixième des plans s’était volatilisé. Les feuilles utilisées par l’architecte pour ses divers projets étaient toutes de taille standard, et les bouts illisibles restants de celui de l’hôpital ne suffisaient pas à en reconstituer une. L’espion aurait cependant été bien en peine de dire quelle partie manquait. Invitant son supérieur à se rapprocher de la fenêtre incriminée, Calixte ouvrit celle-ci et se pencha légèrement par-dessus le rebord.

    - Il y a là des traces de pas qui s’éloignent plus loin. Il a un peu plu cette nuit je crois. Il est possible que la pluie ait rendu meuble la terre juste avant que le, ou les, coupable ne s’éclipse une fois son délit commis. On dirait qu’il n’y a pas de traces venant à l’atelier.

    Imotapi Djéser avait mentionné un acte qui avait dû se dérouler vers deux heures du matin, tandis que son épouse à l’oreille pourtant alerte n’avait rien entendu. Lui-même n’avait visiblement pas bien dormi. Calixte jeta un coup d’œil à la silhouette tracassée de l’architecte et il se dit qu’il comprenait finalement l’hésitation du Capitaine de la Garde Royale à son égard. Lui-même ne savait pas trop dans ces circonstances étranges où s’étirait sa propre loyauté.

    - Mais les traces sont petites… peut-être qu’elles sont anciennes et n’ont rien à voir avec notre enquête, ajouta-t-il avec une moue songeuse.

    A deux heures du matin, l’espion savait qu’il avait plu car il était alors éveillé, penché sur la missive qu’il comptait envoyer à Solveig. Ses yeux ne pouvaient pas non plus manquer les quelques confettis violines récemment enfoncés par un pied pressé dans la terre temporairement meuble. Ni le nombre de paires de pas – trois, trois petites paires de pas – collant assez bien à ce qu’il fallait tout juste comme main d’œuvre pour saccager en toute discrétion – et délicatesse – l’atelier de l’architecte tout en restant un minimum pressée par le temps.  

    Il leva un regard interrogateur vers Arthorias, attendant de voir ce qu’il en pensait. Et ce qu’il déciderait.
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Dim 5 Juil 2020 - 18:05 #
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    Calixte semblait prendre à cœur l'affaire, et Arthorias observait d'un oeil curieux le coursier faire preuve de plus de compétences que n'importe quel enquêteur qu'il avait pu voir jusqu'alors.
    Pas de déductions hâtives ou de solutions miracles, le coursier posait des questions innocentes qui au fur et à mesures semblaient révélatrice d'un problème plus profond.
    L'officier lui avait remis une des tables debout, commençant à feuilleter la pile de dossier qu'il avait sous les yeux. En soit, il n'y avait rien de très intéressant. Tout n'était que détails de plan cadastraux, de compte rendu d'achat et de contrat.

    Rien ne paraissait très suspect. Mais un papier résumant les négociation avait attiré son attention alors que le coursier cuisinait doucement Djéser.
    Arthorias n'était pas vraiment à l'écoute, son attention focalisée sur le document en question.
    Comme souvent, la négociation avait été prise par un écrit, le notaire c'étant montré plutôt pointilleux, signe que la première ministre n'avait pas mandatée n'importe qui pour l'achat de ce terrain.
    La négociation portait sur une rumeur de trafic, insignifiante et sans danger, mais cela avait suffit à faire chuter le prix, en arguant que le terrain n'était pas dans un des quartiers les plus surs.
    Il reconnaissait bien là, la patte des experts du palais.
    Mais cette histoire de trafic avait de quoi mettre la puce à l'oreille de n'importe quel garde un peu appliqué.
    En général les groupuscules de ce genre n'aimaient que peu quand leurs "territoires" changeaient de propriétaires...
    Calixte le tira de sa réflexion, le faisant se relever.

    -On tiens éventuellement quelque chose oui, un infime détail, mais qui mérite notre attention.
    Mais commencez, je vous écoute.


    Dit il en suivant le coursier, portant toute son attention sur ce qui lui était montré. Avec l'appui du jeune homme, les choses semblaient bien plus simple, et des indices qui lui auraient facilement échappés semblaient maintenant évident.
    En tout cas, de tout ce qu'ils voyaient, rien ne venais contredire sa propre théorie.
    Croisant les bras, il resta quelques secondes dans ses réflexions.

    -Le terrain à bâtir était connu pour quelques trafics, c'est d'ailleurs ce qui à fait chuter le prix... D'expérience, les organisations criminelles n'aiment pas quand leurs quartiers changent de propriétaire... ça ressemble presque à un avertissement

    Un avertissement bien maladroit, mais qui, au vu des traces de pas, n'étaient pas forcément illogiques. Car s'il n'était pas un pisteur de talent, reconnaître des traces d'enfants était ridiculement facile
    Mais dans tout cela... Quelque chose clochait, une incohérence qui chiffonnait l'esprit de l'officier

    -Monsieur Djéser ?


    Dit il d'un ton parfaitement froid et inhumain, comme ses hommes le connaissaient et le craignaient, la haute stature de l'officier en armure lui donnant parfois un air de prédateurs, son visage pourtant harmonieux pouvant se révéler glaçant alors que ses yeux vairons fixaient ses subalterne sans pitié aucune.
    Le petit homme se dépêcha de rejoindre le binôme, mais pâlit en voyant l'expression du capitaine

    -Que puis je pour vous ?


    -Quelque chose me tracasse... J'ai l'impression que vous ne nous dites pas tout.

    Sa voix ne se voulait pas accusatrice, en fait, c'était même presque une question implicite, mais dites assez froidement pour que la frontière entre l'accusation et la question soit fine.
    L'Architecte sembla presque se décomposer, l'impression qu'un prédateur venait de se tourner vers lui le prenant aux tripes.
    Il bafouilla quelques peu, ce qui fit basculer Arthorias du côté de l’interrogatoire plus que de la question.
    Coulant un regard discret à Calixte, il lui fit un discret signe pour l'encourager à poursuivre

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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Dim 5 Juil 2020 - 22:29 #
    Ecoutant avec attention l’exposé que l’espion lui faisait, Arthorias Hekmatyar semblait ajuster petit à petit les éléments de l’enquête et se faire sa propre idée sur celle-ci. Arriverait-il aux mêmes conclusions que Calixte, sachant que ce dernier avait volontairement occulté tout ce qui aurait pu paraitre trop poussé comme résultat d’investigation. La multitude d’empreintes sur les meubles montrant la délicatesse avec laquelle on les avait bousculés. Les traces en éventail révélant les petites mains attentionnées qui avaient renversé le cadre magique. Les résidus de boue, de crasse, de saleté des bas-fonds de la ville et de la misère humaine disséminés à travers la pièce. Les trois paires de pas, enfantines voire adolescentes, fraiches, partant depuis l’atelier vers les méandres de la Capitale. L’embarras d’Imotapi Djéser, empêtré dans sa gentillesse, ses principes, son incertitude. Son amour. De toutes ces ombres présentes mais seulement révélées à l’œil attentif, curieux, qu’en avait vraiment perçu le Capitaine de la Garde Royale ? A côtoyer le monde épineux de la Noblesse, il avait bien dû aiguiser son instinct aux intrigues. Mais à quel point ?

    Finalement, les bras croisés, Arthorias prit la parole. Apparemment, Calixte n’avait pas été le seul à trouver des indices. La paperasse avait livré au Capitaine quelques informations. Innocentes de prime abord, mais intéressantes dans le contexte. Un terrain déjà aux mains d’une organisation locale subsistant de quelques trafics. Rien de très important ni très tangible, car la Garde n’avait pas été impliquée. Probablement anecdotique à l’échelle de la Capitale. Mais bien réel pour les quelques âmes miséreuses qui en dépendaient. Le changement n’était jamais accueilli avec bienveillance. Surtout lorsqu’il prenait ses quartiers sur ceux déjà occupés. Lorsque la population locale n’avait ni l’éducation, ni l’information, lui permettant d’appréhender complètement celui-ci. Lorsque les us et les croyances prenaient le pas sur l’espoir et les projets d’avenir. Lorsque le principal objectif était la survivance, difficile de concevoir l’évolution. L’innovation. Le changement. Pas sans accompagnement.

    L’attitude du Capitaine de la Garde Royale changea légèrement, et sa voix jusque là chaleureuse se fit intransigeante. Le coursier sut alors que son supérieur avait perçu le scrotum dans le potage. Avec un mélange de curiosité et d’anticipation dissimulées sous une façade froide, il attendit de voir comment Arthorias allait appréhender la suite de leur mission. Désarçonné, Imotapi Djéser se dépêcha de les rejoindre. Il y avait une inquiétude dans le cercle de ses pupilles, une douce panique au coin de ses rides. Des gouttes d’incertitude épousant les contours de son visage amical.

    -Quelque chose me tracasse... J'ai l'impression que vous ne nous dites pas tout.

    La sentence. Délivrée avec ce qu’il fallait tout juste de froideur pour emballer davantage le désarroi de l’architecte, stimuler son imagination et sa culpabilité. Bafouillant, Imotapi Djéser leur donna soudainement l’impression de se décomposer. Et le coursier sut qu’il ne faudrait certainement pas grand-chose de plus pour obtenir des réponses de la part de l’architecte. Le regard que lui coula son supérieur le décida finalement, et il s’avança vers leur interlocuteur embarrassé. Et si c’était l’occasion de tester son bracelet de mimétisme ? Cela ne lui apprendrait probablement pas grand-chose de plus qu’un interrogatoire bien conduit, mais rien ne valait une situation peu problématique pour tester de nouvelles capacités. Sa main se posa sur le bras de l’architecte, et il l’incita d’un mouvement ferme à s’assoir sur l’une des chaises de la pièce. Juste avant de couper le contact, il activa son objet de pouvoir. Et… Il ne s’était pas tellement attendu à de telles sensations. Vacillant une fraction de seconde, il se rattrapa à un établi. Son regard effleura les objets de mesure qui y trônaient, et il eut soudainement envie de les prendre en main, pour faire jouer sa subite connaissance de leur maniement. Mais plus que la capacité à user des talents de l’architecte, c’était l’appréhension intime de son schéma de pensées, mue par le mimétisme empathique, qui était légèrement perturbante.

    S’astreignant à son rôle de garde, il se pencha sur l’homme recroquevillé sur sa chaise, d’une manière qu’il savait maintenant inquiétante pour lui. Son regard se durcit, ses traits se lissèrent, et il sût intimement qu’il ne faudrait pas grand-chose de plus pour intimider Imotapi Djéser au point de rupture.

    - Comment savez-vous que l’effraction a eu lieu à deux heures ce matin, monsieur Djéser ? Je pensais que personne n’avait rien entendu.
    - Je… c’est-à-dire que…
    - Vous n’avez pas non plus l’air d’avoir bien dormi cette nuit. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle vous savez à quelle heure à été commis le saccage de l’atelier ?
    - C’est mon atelier, je n’aurai jamais…
    - Savez-vous ce qu’il en coûte de faire obstruction au travail de la Garde ?
    - Je sais, je… s’il vous plait…

    Imotapi Djéser adressa un regard paniqué à Arthorias Hekmatyar qui retrouva un air plus doux et indiqua au coursier de laisser l’architecte respirer. Suivant toujours le chemin de raisonnement de l’architecte, Calixte n’hésita pas à s’exécuter. Maintenant convaincu qu’il ne pourrait échapper à l’autorité martiale et qu’il faisait erreur à essayer de s’en défaire, Imotapi Djéser parlerait bien plus aisément face à un visage bienveillant, tolérant. Comprenant ses états d’âme de personne tentant de faire au mieux.

    - Ce n’est pas de leur faute, ils ne savent rien. Ils ne comprennent pas ce que l’hôpital pourrait leur apporter.
    - Ceux gérant le trafic mentionné dans le dossier administratif ? insista l’espion d’un ton qu’il savait neutre pour l’architecte.
    - Ce sont juste des enfants, enfin je crois. Ceux qui sont venus cette nuit ne sont que des enfants. Dame Weiss avait justement arrêté son choix sur ce terrain car il permettrait aussi aux plus miséreux d’y accéder aisément. Mais je pense que… enfin, je pensais essayer d’aller leur parler, après tout ça…

    Le fils des pensées de l’homme s’étiola, se perdant à nouveau dans de multiples conjectures, dans de multiples inquiétudes. Profitant de son moment de distraction, Calixte adressa instinctivement un signe de la main à Arthorias pour l’inciter à se rapprocher encore de leur cible. Il savait qu’elle avait à présent, et plus que jamais, besoin d’attention indulgente pour poursuivre ses aveux.
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Lun 6 Juil 2020 - 23:52 #
    Et juste là, un petit géranium


    La combinaison entre la menace tacite de l'officier et les questions précises du soldat réussit à vaincre très rapidement la faible résistance de l'architecte
    Effectivement, il n'avait pas tout dit, et la suite fut donc presque un aveux qui soulagea l'architecte qui n'avait en fait rien à se reprocher, sinon d'avoir voulu faire au mieux.
    Bien sur, il y avait eut des dégâts, mais rien d'irréparable. Même s'il faudrait s'occuper de ce gang un jour ou l'autre.
    Pour l'instant, l'important était surtout de rassurer l'homme qui semblait tout de même au bord de la crise de panique.
    L'officier posa une main métallique sur son épaule avec un sourire un peu plus rassurant.

    -Allons Monsieur Djéser, personne ne saurait vous reprocher de n'avoir rien fait contre des cambrioleurs plus nombreux que vous, je tiens à vous rassurer, si vous nous avez caché quelque chose, il n'y avait rien de répréhensible.


    Il partit de lui même dans la cuisine pour récupérer un verre d'eau pour le petit homme, le lui tendant avec un air bienveillant.
    Ce dernier semblait rassuré de savoir qu'il ne risquait rien. Djéser faisant partit de ces gens pensant tout le temps au pire, et craignant toujours la loi malgré leurs innocence.
    Ainsi, avoir une approbation d'une haute autorité sembla réussir à le détendre.

    -J'ai eu peur pendant un moment... mais vous savez... je ne pense pas qu'ils soient méchant, juste des gosses un peu perdus

    -Comme il y en as tant dans cette ville. Mais cela n'excuse pas tout, il faudra tout de même réussir à les retrouver. Comme ils n'ont blessé personne et que les dégât semblent léger...
    Disons que la sanction sera minime


    -Vous comptez sanctionner des enfants ?


    L'officier le regarda avec un air étonné, comme si la question qu'il venait de poser était la plus stupide au monde. Il était vrai que le capitaine de la garde royale ne faisait que bien peu de différence entre un enfant et un adulte, appliquant la loi au sens le plus strict.
    Ainsi la réponse qu'il lui fit lui sembla presque idiote

    -Bien sûr, selon les conditions décrites par les juges bien entendu, mais c'est pour le moment accessoire.


    En effet, il allait falloir retrouver lesdits criminels, ne serait-ce que pour une petite séance d'éducation express.
    Dans les faits, Arthorias ne jetterais pas des enfants en prison, pas sans bonne raison, mais la loi prévoyait aussi une certaine mesure éducative.
    Surtout qu'à entendre l'architecte, c'était avant tout un méfait d'ignorance plus qu'autre chose.
    Se relevant doucement, il avisa Calixte, le jeune homme s'étant montré fort compétent jusque là.

    -Calixte, pourriez vous pister ceux qui ont fait ça ? Je vous en demande beaucoup j'en conviens, mais je n'ai malheureusement nul pisteur, et je ne saurais le faire moi même, mes talents s'arrêtant aux traces évidentes.

    Le marbre du palais ne marquait pas, pas plus que les pavés de l'île citadelle, et le coursier semblait savoir y faire.
    Il était heureux que la garde compte des gens aussi doués dans bien des facettes de leurs métier, aiguillant l'officier sur ce qu'il pouvait encore manquer à son propre régiment.
    Décidément.... Yuduar avait le don de recruter les bonnes personnes....

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    Calixte Alkh'eirDamoiseau
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Ven 10 Juil 2020 - 0:36 #
    Il sentit le pouvoir du bracelet de mimétisme s’estomper puis s’effacer totalement, et il se refocalisa sur la conversation entre le Capitaine de la Garde Royale et l’architecte. L’objet de pouvoir était un support intéressant d’un point de vue à la fois physique et mental, mais en soi le comportement simple d’Imotapi Djéser n’était pas vraiment source de difficultés. Et, finalement, l’espion trouva l’interrogatoire plus intéressant pour observer Arthorias Hekmatyar. Il y avait une droiture dans la posture de l’homme qui n’était pas sans rappeler au coursier celle d’Emeor Calyx. En plus naïve et sincère peut-être chez le Capitaine de la Garde Royale. Et peut-être fallait-il bien cela pour ne pas céder à la tentation des bouches politiciennes aux vers dorés mais aux rimes vicieuses. Arthorias se releva et se tourna doucement vers lui, le rappelant à la mission en cours.

    - Calixte, pourriez-vous pister ceux qui ont fait ça ? Je vous en demande beaucoup j'en conviens, mais je n'ai malheureusement nul pisteur, et je ne saurais le faire moi-même, mes talents s'arrêtant aux traces évidentes.
    - Oh heu. Je ne suis pas certain d’être bien meilleur. Je ne suis que coursier. Généralement on me dit là où je dois aller. Mais on peut essayer…

    Il se détacha de l’établi contre lequel il s’était appuyé, et s’avança à nouveau vers la fenêtre. Avisant le parterre, il enjamba le rebord. Calcula mal sa hauteur, se prit le pied dans celui-ci, dérapa, bascula précipitamment en avant, et aurait fini les dents éclatées contre le sol si le Capitaine de la Garde Royale n’avait pas attrapé sa veste d’un geste adroit.

    - Woups, merci, fit-il à Arthorias en démêlant ses jambes. Au moins aurai-je eu une vue rapprochée de ces empreintes… On dirait vraiment le pas d’enfants… Ce qui corrobore pas mal les propos de monsieur Djéser.

    Il suivit sans peine les petites traces sur quelques mètres encore puis celles-ci bifurquèrent pour rencontrer la surface lisse des pavés de la Place Commerçante. Elles étaient encore repérables ci et là, mais rien d’extraordinaire. Et même avec ses capacités d’espion, Calixte savait que la tâche allait s’avérer ardue. Il grimaça.

    - Et je crains que mes talents ne nous mènent pas plus loin. Désolé.

    Ils firent demi-tour un peu dépités, et repassèrent par la fenêtre. Leurs – brèves – acrobaties terminées, le coursier referma celle-ci.

    - Vous avez un petit défaut au niveau du loquet, fit-il remarquer à l’architecte.

    Et n’était-ce pas là un peu étonnant pour quelqu’un ayant son titre ? Réputé pour ses plans et ses constructions ? L’homme lui adressa un sourire mi-mélancolique, mi-embarrassé.

    - Vous avez bon œil. Une erreur ancienne, datant de l’époque où je venais tout juste de reprendre le local. Il me rappelle à l’humilité.
    - Vous n’avez pas peur que quelqu’un entre par là pour dérober quoi que ce soit ?
    - Ca n’est jamais arrivé jusque-là. De l’extérieur ça ne se voit pas. Il faut le savoir pour en jouer. Et jusqu’ici seuls mon épouse et moi – et mes petits enfants qui sont parfois agités et curieux – en avions connaissance.

    Le regard de Calixte fit une halte contre celui de son supérieur, puis se posa à nouveau sur la silhouette encore troublée d’Imotapi Djéser. Aussi saisit-il rapidement l’infime changement dans l’attitude de l’homme, lorsqu’il comprit l’implication de ce qu’il venait d’avancer.

    - Vous allez vraiment les sanctionner ? reprit-il avec une pointe grandissante de panique.

    Luz allait les fracasser. Puis les soigner. Puis les refracasser. Comme ils étaient en train de briser involontairement l’âme du pauvre architecte un peu trop sensible. Et impliqué. Malgré lui.

    - Y a-t-il encore quelque chose que l’on devrait savoir ? Qui vous revient ? demanda l’espion avec une naïveté feinte. Plus il y aura de lumière sur cette affaire, plus il sera facile de juger des torts – ou de leur absence – et d’adapter le discours en conséquence.

    L’architecte hésita encore un peu, et le temps d’une seconde Calixte se demanda s’il allait vraiment passer le reste de sa journée penché sur des traces quasi effacées s’étiolant au fil des pavés des rues de la Capitale. Bon. A la vérité ils pouvaient certainement se pointer comme des fleurs au niveau du terrain prévu de construction et tenter de mettre la main sur le trafic, et les petits gangs locaux, pour faire avancer leur affaire. Mais il y avait encore une donnée qui effleurait l’esprit de l’espion, et sur laquelle il aurait aimé avoir une certitude. Ou une infirmation.

    - C’est que… C’est ma petite fille qui leur a ouvert, finit par lâcher Imotapi Djéser dont les épaules s’affaissaient sous le poids de la résignation. Je n’ai pas eu le temps d’en discuter avec elle. Je voulais le faire après… après tout ça.

    Il leur adressa un regard peiné.

    - Elle aussi vous allez la sanctionner ?

    Laissant Arthorias Hakmatyar répondre à la douloureuse question, Calixte attendit quelques secondes que son supérieur calmât l’inquiétude de l’homme. Ou, au contraire, qu’il l’amplifiât et la mêlât de culpabilité. Lorsque tout fût mis à plat de ce côté-là, il poursuivit :

    - Elle avait très certainement ses raisons pour laisser entrer les autres enfants dans votre atelier. Et les laisser abimer vos plans. Elle nous serait d’une grande aide pour l’enquête. Peut-être y a-t-il un endroit où elle pourrait nous expliquer ces raisons ? Peut-être en votre présence ? Ainsi vous auriez l’occasion d’en discuter avec elle, comme vous l’aviez initialement prévu.

    Imotapi Djéser hocha frénétiquement la tête, semblant mettre un peu d’ordre dans ses pensées emmêlées.

    - La maison de ma fille, et ma petite-fille, est seulement à quelques mètres d’ici. Je sais qu’elle y est. Même si… Je voulais m’assurer qu’elle était bien retournée chez ses parents, après tout ça.
    - Alors on vous laisse nous y mener, lui indiqua Calixte avec bienveillance.
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Dim 12 Juil 2020 - 11:15 #
    Et juste là, un petit géranium



    Arthorias eut un petit soupir en voyant la réaction paniquée de l'architecte, et tacha de se montrer rassurant, haussant les épaules avant d'observer le chaos de la pièce, retournant un bol ébréché du bout de sa botte blindée.
    Comment expliquer à cet homme que ce qui attendait les enfants en question n'était pas forcément une sanction violente.
    Prenant quelques instants, il fit de son mieux pour lui expliquer.

    -Ecoutez Monsieur Djéser, quand je parle de sanction, ce n'est pas forcément de la prison, des coups de fouets, ou quoi que ce soit qui sorte de l'imagination débridés de certains.
    Parfois une explication se trouve plus efficace que bien des châtiments.
    Je suis certainement un peu naïf, mais je veux croire que les jeunes peuvent encore être redirigés sur le droit chemin. Et la prison, si elle s'avèrent utile pour exciser un cancer, n'a que peu de valeur éducative. Ainsi... J'imaginais d'avantage leur faire la morale et leur expliquer ce qu'ils ignorent sur ce projet plutôt que de les emmener manu militari dans une quelconque geôle.

    A quoi bon ? Mis à part rendre les enfants encore plus hostiles aux représentant de la loi et à la loi en générale.
    Si l'homme était un fervent partisan d'une justice prompte et punitive, il se voulait encore un être humain doté d'un sens de la réflexion
    Et si l'architecte sembla un peu rassuré, Arthorias se permit d'ajouter.

    -Je pourrais l'accuser de mille et une façons, mais aussi la disculper de bien des voies. Cela dit, je ne doute pas que vous ferrez, vous et votre fille un bien meilleur éducateur que moi. Vous la connaissez, écoutez là, et expliquez lui.
    Alors, seulement là, je pourrais me dire qu'elle à été sanctionnée comme il le fallait.


    L'expression aurait été faussé, mais l'officier était un gant de velours glissé dans un gant blindé, prompt à s’abattre sur ses ennemis, mais cachant une certaine diplomatie.
    Et ce dernier remarqua sans peine les talents de Calixte qui faisait de son mieux pour lisser les derniers éléments qui pouvaient paraître trop dur à entendre.
    Le binôme suivant l'architecte, il parvint devant une nouvelle maison, celle-ci dans un bien meilleur état, sa porte de bois sur ses gonds et sans griffure.

    -Bien... c'est donc ici... Je frappe ?


    -Faites donc, mais tachez de rester calme, rappelez vous, nous ne somme ni des brigands, ni des inquisiteurs, il n'arrivera rien à votre famille je vous le promet.
    Mais nous nous devons de tirer cette affaire au clair. Que ce soit par égard pour votre travail, ou pour Mademoiselle Weiss.


    L’hôpital pourrait sauver bien des vies, et le voir ainsi ralenti, pour un quelconque trafic avait quelque chose de rageant.
    Qui sait combien de personnes mourraient sans soins à l'heure actuelle, alors que le projet était déjà lancé. L'officier voyait chaque seconde de perdu comme des pertes inutiles.
    Trois petits coups furent donnés sur la porte, et une petite fille vint leur ouvrir, la porte se décalant légèrement pour voir une demoiselle aux traits similaire à ceux de l'architecte, du moins dans leurs allure générale

    -Papy ? Qu'est ce que tu fais là ?

    -Bonjour ma petite, ta mère est là, nous avons quelques choses à nous dire, avec ces gens également


    -Oui elle est à l'étage je vais la chercher


    La petite laissa la porte ouverte et couru chercher sa mère, ou s'enfuir, peu de chance de le savoir à l'avance


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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Mer 15 Juil 2020 - 21:04 #
    Elle revint avec sa mère qui affichait un air curieux, et un peu d’appréhension à la vue des deux gardes. Ils s’installèrent dans le petit salon, et l’hôtesse de la maison leur proposa aimablement café/thé qu’ils acceptèrent pour adoucir leur venue. Sur le visage de la jeune fille défilait une multitude de sentiments dont l’inquiétude, mais l’on devinait surtout une volonté farouche. Pas étonnant qu’elle fut allée jusqu’à laisser pénétrer les autres enfants dans l’atelier de son grand-père, si cela rentrait dans ses convictions. Monsieur Djéser à côté de sa petite fille, la mère à côté d’Arthorias et Calixte, le Capitaine de la Royale adressa un signe encourageant à l’architecte afin de l’inviter à se lancer.

    - Tu te souviens que je t’ai dit tout à l’heure qu’on… « en discuterait plus tard » ? Je ne suis pas fâché. Et ces messieurs non plus. Mais j’ai besoin de savoir pourquoi… Pourquoi l’atelier était ouvert, Cléo ? Si tu voulais faire visiter tes amis, j’aurais pu les accueillir plus tard…
    - Je suis désolée Papi… Mais il fallait vraiment que les plans… ils vont m’arrêter ?
    - Non, non. Le monsieur m’a dit que non. Mais il faudrait vraiment que tu me dises…
    - Qu’est-ce que tu as encore fait Cléo ?

    La petite fille se renfrogna sous le regard exaspéré de sa mère.

    - On a vraiment besoin de ton aide, Cléo, intervint Calixte en se penchant vers la pré-adolescente. On a besoin que tu nous aides à comprendre ce qu’il s’est passé cette nuit chez ton papi. Parce que plus on comprend, moins on risque de faire de bêtise, et moins on risque d’arrêter des gens n’importe comment. Tu peux nous aider ?

    Elle hocha la tête, une certaine détermination dans le regard.

    - C’est la faute de l’hôpital Weiss ! C’est pour ça qu’il fallait qu’elles récupèrent les plans ; enfin qu’elles les détruisent. Mais promis on a fait attention à tout le reste, même si on a un peu chamboulé l’atelier, ajouta-t-elle un peu penaude à l’adresse d’Imotapi Djéser. C’est Reby qui m’a mise au courant, et du coup je les ai aidées.
    - Reby? Ta copine d’école? Je croyais que tu ne la voyais plus. Les parents de cette petite sont décédés il y a peu, et elle est partie chez de la famille proche ailleurs dans la Capitale, indiqua la mère à l’adresse des deux gardes.
    - Chez son oncle, grommela Cléo. Mais c’est un monstre, du coup elle préfère rester avec les filles plutôt que retourner chez lui.
    - Les filles? Celles qui ont récupéré les plans ?
    - … vous allez les embêter ?
    - On a juste besoin de comprendre. Mais si on ne comprend pas suffisamment, on devra leur demander leur aide pour comprendre, oui.
    - Y a rien à comprendre, à part que l’hôpital Weiss là, il venait sur le terrain des filles. Et les filles elles en ont besoin pour survivre.
    - Pour survivre ? Elles n’ont pas de famille ?
    - Non. Elles sont un peu toutes comme Reby, fit Cléo le regard sombre. Du coup elles se sont regroupées pour pas avoir à faire face aux monstres comme l’oncle de Reby. Pour être plus fortes. Reby m’a dit que si l’hôpital Weiss s’installait là, elles n’auraient plus de quoi survivre et que y aurait encore plus de monstres qui les embêteraient, avec l’affluence.
    - Les pauvres enfants… Tu aurais dû me dire pour Reby, ma chérie. On aurait pu s’arranger.
    - Est-ce que tu sais comment entrer en contact avec ces filles? Pas pour les embêter. Mais tu dois savoir que sans comprendre ce qu’elles veulent vraiment, l’hôpital Weiss risque de quand même s’implanter là. Même si elles l’ont pour le moment un peu retardé. Donc il vaut mieux qu’on en discute maintenant, avant qu’elles ne soient coincées.
    - Mais elle peut bien le mettre ailleurs son foutu hôpital, non !?
    - Cléo !
    - Ma petite chérie, on a déjà étudié beaucoup de possibilités avec dame Weiss… et c’est le plus adéquat pour la Capitale. Ca permettra à tes amies de se faire soigner facilement...
    - Mais elles se font déjà soigner facilement ! L’hôpital il ne viendra que casser leur système !
    - Leur système ?
    - Avec les potions. Elles ont des potions qu’elles ont et qui leur permettent de survivre. Et de se soigner. Elles les vendent pas cher donc y a vraiment pas besoin d’hôpital là-bas !
    - Pas cher comment ?
    - J’sais pas… quelques cristaux ? Reby dit que c’est Clochette qui tient les comptes pour les filles. C’est un peu la cheffe.
    - Tu crois qu’on pourrait parler potions avec la cheffe ? Pour éviter de faire n’importe quoi. Elles ne risquent pas d’avoir peur, les filles, si on se pointe avec nos grosses chaussures de garde ?

    Cléo réfléchit quelques secondes en les jaugeant du regard.

    - Si je viens avec vous, et qu’on trouve Reby au passage, elles s’enfuiront peut-être pas.
    - Est-ce bien raisonnable ma petite…
    - Cléo…
    - Ca va ! Je serai avec deux gardes ! Et puis j’suis grande maintenant, hein !

    Tandis qu’Arthorias rassurait la mère et le grand-père qu’ils leur rendraient Cléo en un seul morceau, celle-ci se leva pour venir à la hauteur des militaires.

    - Promis vous leur ferez pas de mal ?!
    - Promis, jura facilement Calixte en passant son petit doigt autour de celui de la jeune fille.
    - Alors en route! Si on ne se dépêche pas, on va manquer Reby au coin de la Grande Rue. Elle y a bientôt fini son tour.
    - Son tour ?
    - De guet. Pour les potions.

    Ils se levèrent à leur tour, et emboitèrent le pas de leur jeune guide.
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Lun 20 Juil 2020 - 12:38 #
    Et juste là, un petit géranium



    La situation empirait de secondes en secondes, pas qu'un groupe d'enfant poserait le moindre problème, au contraire. Mais allez raisonner des enfants...
    Comme l'avait prouvé la petite de Djéser ce n'était en rien facile.
    Suivant la voie tracée par l'enfant, Arthorias tenta d'imaginer à quoi pouvait bien ressembler cette petite bande, lui même n'ayant eu que peu de chances d'avoir de telles activités quand il était plus jeune

    Il retira son gantelet pour enfiler sa bague de silence, l'objet supprimant tout les bruits liés à son imposante tenue, plus de cliquètement ou de raclement de l'acier sur l'acier, même ses pas se faisaient silencieux. Et s'il avait appris quelque chose, c'était bien qu'un soldat en armure rendait les gens mal à l'aise. Ces tenues de guerre déclenchant comme une réaction primale chez les gens habitués au calme de leurs maison.
    Et à raison, car il n'était jamais anodin de croiser un garde royal, la réputation de ces derniers suffisait parfois à elle même pour terrifier les bandits de peu
    Dans le cas présent, et en son fort intérieur, Arthorias ne voyait pas non plus de raison d'emprisonner qui que ce soit. Au contraire, des enfants pouvaient toujours être renvoyés dans le droit chemin

    -Je ne m'inquiète pas trop pour les trafiquantes...

    Confia t-il à Calixte.
    Son instinct lui disait que quelque chose ne tournait pas rond. Des potions n'étaient en général pas quelque chose de donné. En fait c'était même plutôt cher, et si elles avaient effectivement de la clientèle... tout portait à croire que quelqu'un fournissait des vrais.
    Les implications étaient aussi nombreuses que graves.

    -Si les potions qu'elles vendent sont bien fonctionnelle, ça veut dire que quelque chose de louche se trame derrière tout ça.

    Tout en marchant, il réfléchissait aux différents acteurs que cette histoire pouvait avoir. On ne faisait pas un trafic tout seul...
    Quelque chose lui disait qu'ils avaient mis la main dans un engrenage un peut trop bien huilé. Encore une fois, cela soulèverait des questions, et les réponses ne seraient peut être pas au gout de tous.
    Comme annoncés, ils ne croisèrent aucuns gardes, ces derniers étant mystérieusement absent du quartier.

    -Et vous faites ça depuis longtemps avec tes amies ?


    -Oh, euh... Quelques années je crois Reby est fortiche ! Elle trouve toujours des clients et des potions


    -Tu sais d'ou ça viens ?


    -Non, elle dit toujours qu'il faut pas poser de questions, surtout tant qu'on à les cristaux, même si, une bonne partie sert à payer les potions

    -Je vois


    -Vous allez pas leur faire de mal vous hein ? Le petit blond à l'air gentil mais vous... Z'êtes trop garde

    -Ne t'en fais pas, comme mon collègue je veux simplement résoudre la situation et dissiper tout malentendu.

    Et savoir pourquoi ce quartier se voulait désert de toute force de l'ordre. Pas qu'ils soient à chaque fois utile, et de ce qu'il avait vu à Grand-Port, il valait parfois mieux pas de gardes qu'un débauché dans un semblant d'uniforme.

    -Promis, il ne leur arrivera rien

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    Calixte Alkh'eirDamoiseau
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Lun 20 Juil 2020 - 19:36 #
    Ainsi la petite fille, le Capitaine boite de conserve et le coursier espion partirent arpenter les rues à la recherche du groupe gérant un trafic de potions et s’opposant à la construction de l’hôpital de Luz. Il y avait probablement une blague qui commençait comme ça. Intrigué, Calixte observa Arthorias Hekmatyar retirer son gantelet pour enfiler un bijou. Était-ce vraiment le moment de s’apprêter ? Et puis il perçut… ou justement, il ne perçut plus. Le cliquetis métallique de l’armure du garde royal s’était soudain tu, le pas lourd de ses bottes n’était plus audible. Un voile de silence s’était drapé autour du Capitaine, le gardant dérobé à l’ouïe. Pratique. Mais un peu gênant pour l’espion qui devait à présent compter sur ses autres sens pour appréhender son supérieur. Heureusement qu’il avait une présence qui ne s’effaçait pas si facilement.

    - Il faut qu’on vérifie ce que contiennent vraiment ces potions, acquiesça le coursier en hochant la tête tandis que Cléo continuait à les guider à travers le quartier.

    Ils passèrent sous une série d’arcades et Calixte ne put s’empêcher de noter que l’adolescente savait quels chemins emprunter si elle voulait s’octroyer le maximum de chances de ne pas tomber sur une patrouille de la Garde. Son choix était-il voulu ou y avait-il là une habitude innocente ? Ils parcoururent encore quelques mètres puis, dans l’ombre d’une colonnade, un visage juvénile apparut suite à un signe de la main de Cléo. Il appartenait à une petite fille ayant l’air d’avoir l’âge de leur guide, mais portant déjà les vicissitudes d’une vie ingrate. Ses cheveux sombres étaient emmêlés, sales, et n’avaient pas dû voir de paires de ciseaux depuis quelques lunes. Un maquillage de boue, de méfiance et d’appréhension s’accrochait à ses traits fatigués. Il y avait dans l’ombre de ses prunelles une noirceur qui n’aurait pas dû exister à cet âge-là.

    - Reby ! appela Cléo.

    Les prunelles observaient avec soupçon les deux gardes, mais l’adolescente ne s’enfuit pas. Bientôt, ils furent à sa hauteur, et les deux amies s’entretinrent à voix basse. Après quelques secondes d’échange, Reby acquiesça, et Cléo leur fit signe de la suivre à nouveau.

    Ils s’enfoncèrent davantage au travers des ruelles de la Capitale, par des passages praticables pour des enfants mais très vite compliqués pour deux adultes dont un en armure régalienne, et Calixte fit usage de son pouvoir pour leur permettre de suivre les deux fillettes. Ils auraient certainement pu simplement se rendre sur le site prévu pour la construction de l’hôpital de Luz et rejoindre Cléo et Reby à partir de là, mais il y avait aussi un intérêt tout professionnel – officiel et officieux – à découvrir les chemins détournés par lesquels les « filles » géraient leurs affaires. Ils empruntèrent un escalier branlant fait de caisses entreposées, et débouchèrent sur une terrasse en hauteur, dissimulée derrière un mélange de cartons et d’objets divers en piteux état. En bougeant certains de manière adaptée, Calixte devinait qu’on pouvait d’ici avoir vue sur l’espace où Luz avait jeté son dévolu pour son projet hospitalier.

    Il y avait cinq autres adolescentes sur place, d’âges allant probablement de huit à seize ans. Un peu avant leur arrivée, Reby avait siffloté quelques notes qui avaient dû les prévenir car elles semblaient à présent désœuvrées et jouaient distraitement avec quelques bouts de bois. Il y avait là quelques endroits pour se cacher au besoin, mais il y avait aussi – et surtout – un certain nombre d’issues permettant une évacuation rapide des lieux au besoin. Si elles ne s’étaient pas encore enfuies, elles pouvaient aisément le faire à tout moment. Petites et agiles, elles s’éclipseraient certainement en une fraction de seconde, alors qu’ils s’empêtreraient dans l’étroitesse des passages. La plus âgée des filles s’avança vers eux, et tous les yeux suivirent prudemment la scène. Elle adressa un regard noir à Cléo, et Calixte se plaça légèrement devant son supérieur afin de dissimuler en partie l’éclat imposant de son armure chatoyante.

    - Ce n’est pas de leur faute, nous avons insisté, précisa-t-il à la jeune fille dont les traits se fermèrent davantage. Pour discuter avec vous.
    - On n’a rien à s’dire. Si vous voulez nous dégager on s’en va. C’tout.
    - Non, non, on vient pas vous dégager. On vient vous demander votre aide.
    - Notre aide ? Vous v’fichez d’moi, c’est ça ?!

    Peut-être pas la bonne approche alors. Mais avant de poser les gros sabots de la Garde, le coursier préférait tenter encore quelques pistes.

    - Oui, votre aide. Et non, on ne se fiche d’aucune d’entre vous. Est-ce que…

    Elle éclata d’un rire sarcastique.

    - Bien sûr ! C’pour ça qu’on traine comme des clochardes pendant qu’vous passez v’temps à vous balader dans les rues juste pour montrer vos armures brillantes.
    - Qu’aurait-il fallu qu’on fasse de plus ? A part montrer nos armures brillantes ?
    - L’travail d’un bon garde, par exemple ! Arrêter les mecs qui foutent la merde. Les connards qui mettent des enfants à la rue pour qu’ils crèvent dans un coin.
    - Vous n’avez pas trop l’air de crever dans votre coin.
    - Et mais t’es c…
    - Emilie, ça suffit, fit la voix calme mais ferme d’une autre enfant.

    Détournant le regard d’Emilie, Calixte observa la jeune fille qui leur adressait un signe de la main, les invitant à s’approcher d’elle. Elle était probablement légèrement plus jeune que leur belliqueuse interlocutrice actuelle, mais elle était physiquement plus abîmée. Partout sur son visage et ses membres nus la trace de sévices, et ses yeux laiteux portaient des marques de brûlures. Ils s’avancèrent au cœur du petit groupe – qui s’était d’ailleurs un peu agrandi depuis leur arrivée – sous des regards soupçonneux.

    - Clochette…
    - Amène-nous derrière, ordonna l’adolescente d’une voix portant une autorité étonnante pour son âge.

    Emilie et Reby se précipitèrent pour prêter leur main à l’enfant aveugle, et les gardes accompagnés de Cléo les suivirent. Derrière un monticule de caissettes, jouant le pauvre rôle de paravent. Emilie tira encore un rideau tendu entre les caisses, et ils s’avancèrent dans un petit espace servant visiblement de bureau temporaire. Précaire. Facilement déplaçable. Sur un signe de Clochette, ils s’installèrent là où ils purent. Ainsi proches les uns des autres, une oréouille était visible sur l’épaule de l’adolescente aveugle.

    - Vous venez pour l’hôpital Weiss, déclara Clochette.
    - Vous avez cafté ! se raidit Emilie en assassinant du regard Cléo et Reby.
    - Pas du tout ! se défendirent en même temps les deux accusées. C’est eux qui sont venus fouiner ; et ils vous auraient plus embêtées si j’leur avais pas demandé de pas vous faire de mal ! ajouta la petite fille de l’architecte.
    - Qu’importe, trancha fermement Clochette mais sans animosité. Maintenant que vous êtes là, nous allons pouvoir parler de cet hôpital qui est problématique pour nous.
    - Vous auriez juste pu pousser la porte de monsieur Djéser pour en parler, de cette problématique.
    - … vous êtes ?
    - Calixte Alkh’eir, coursier de la Garde. Et voici le Capitaine Arthorias Hekmatyar, de la Garde Royale.
    - … la seconde voix qui ne fait aucun bruit ?
    - Exactement.
    - Pensez-vous, Calixte, que si l’une de nos petites silhouettes miséreuses n’avait ne serait-ce que bravé le quartier huppé de monsieur Djéser en plein jour, elle n’aurait pas fini en quelques minutes seulement sous le joug de… eh bien de la Garde ?
    - La Garde n’arrête pas les personnes simplement parce qu’elles sont vêtues de haillons.
    - Non. Mais dans des rues marchandes comme celles-ci, le taux de survie d’un mendiant est inversement proportionnel au temps qu’il y passe. Entre ceux qui ne tolèrent simplement pas de nous voir, ceux qui sont paranoïaques, et ceux qui cherchent un bouc émissaire facile… Et si ce n’est la Garde, nombreux sont ceux qui s’octroient une autorité « naturelle » face à plus misérable qu’eux. D’autant plus si vous êtes une fille.
    - Donc vous vous êtes résolues à détruire les plans au lieu de parlementer. Vous devez pourtant vous douter que cela ne fera que retarder la construction de l’hôpital.

    Elle haussa les épaules.

    - On aurait pu s’y reprendre autant de fois que nécessaire. Voire autant de temps que nécessaire pour nous adapter. Mais finalement cela nous a apporté bien mieux : des personnages influents auxquels nos tracas estimés triviaux, dérisoires, n’auraient jamais pu atteindre les oreilles en d’autres circonstances.

    Elle se pencha légèrement en avant, comme gênée par l’absence de bruit de la part d’Arthorias Hekmatyar, et cherchant à mieux localiser ses interlocuteurs.

    - A quel prix estimez-vous une vie ? Celui d’une paire de menottes ? D’une potion de soin ? D’un hôpital ? Quel prix pour une vie parmi tant d’autres, vivant qui plus est dans la misère et dans l’oubli ?
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Lun 20 Juil 2020 - 20:49 #
    Et juste là, un petit géranium


    La Garde royale était beaucoup de choses, mais contrairement à ce que pensait bien des gens, ils n'agissaient pas en tant que force de Police. Pas comme la garde civile en tout cas. Les sentinelles du palais essayaient tant qu'à faire se peu de rester tant qu'à faire ce peu, absolument neutre dans bien des histoires. Leurs taches depuis des centaines d'années avaient été de protéger le monarque en place, et de fait, ils étaient fort peu adaptés au maintien de l'ordre
    Ainsi, Arthorias tentait au mieux d'observer sans réellement intervenir. Son travail ayant toujours été de garder le palais.

    Il suivit sans bruit, tenant son rôle de boite de métal inutile et immobile jusqu'au "repère" du petit gang. Ce dernier n'était rien, à peine une nuisance, et en un claquement de doigt, il aurait pu commander à des centaines de soldat de rayer jusqu'à l’existence de ces enfants d'Aryon.
    C'était son privilège, mais qui impliquait aussi de ne pas s'en servir à la légère. Ses prédécesseurs avaient toujours voulu rester des arbitres dans bien des conflits.

    -Aucune


    La voix froide de l'officier résonna au travers de son anonymat métallique, ses deux yeux s'étant changés en deux orbes de lumières, l'homme c'étant soudainement et sans le vouloir changé en golem d'acier fait de lumière. Une fine radiance émanant de ses jointures.

    -La vie d'un citoyen n'a aucune valeur, qu'il soit riche ou pauvre. Vous n'êtes en somme pas grand chose à grande échelle, tout comme mon collègue, tout comme moi.
    En l'essence, seuls, vous n'êtes rien.


    La déclaration pouvait surprendre, et c'était bien là le but. Il n'était pas question de mâcher ses mots. Cela aurait de toute façon été un mensonge éhonté de prétendre le contraire, et cette "Clochette" le savait parfaitement.
    Pour bien des nobles, la vermine qui rampait dans les ruelles avait moins de valeur que leurs vêtements les plus usés.
    Posant ses mains sur la table, il tapota doucement sur la table, l'acier contre le bois résonnant sous cette petite tonnelle de fortune.

    -Mais maintenant que nous somme là et que des personnes "importantes" sont là, qu'allez vous demander ? Des cristaux ? L'annulation de la construction ?
    Et pourquoi pas un titre de noblesse ?


    L'officier fixait la fillette avec tout le sérieux du monde, sans pour autant lever la voix, en fait, il resta aussi sérieux que s'il parlait avec quelqu'un de son rang. Les deux prunelles lumineuses ne lâchant pas la chef des yeux

    -Vous vous taisiez juste pour nous insulter ? Si c'est juste pour se pavaner, mieux valait rester au chaud au palais.
    -Si je ne considérais pas l'affaire, je ne serais pas même venu ici, pas un même un soldat royal n'aurait posé le pied dans votre taudis. Peut être préférerait-tu une tunique élimée d'un garde en pleine déchéance pour parler ?
    -Vous vous croyez supérieur ?
    -Je le suis. Je commande aux meilleurs soldats du royaume, je peux par ma simple volonté décider que votre petite bande pourrait être accusée d'un crime quelconque, et ce sans la moindre enquête. Vous pourriez finir dans bien pire endroit qu'ici.


    L'intervention laissa planer un malaise volontaire sous la scène, les enfants observant la boite de conserve avec un petit frisson.
    De son voyage, il en avait tiré une certaine connaissance de sa propre valeur, mais aussi de l'aura qu'avait donné ses prédécesseurs à tout soldat portant le rouge royal

    -Je pourrais vous ordonner d'arrêter ce cirque, d'aller jouer aux trafiquants plus loin, ou je pourrais m'en aller, vous considérer comme de la vermine commune.
    Alors soyez brève, que voulez vous ?


    Le soldat croisa ses gantelets, déposant son casque sur ces dernier en se penchant sur la table. Calixte était très conciliant, mais Arthorias n'était pas de ce genre, il avait même tendance à être plus exigeant que la moyenne, considérant que chaque choses se devaient d'être mérité.
    Et dans le cas présent, son esprit tournait à plein régime pour trouver quoi faire de ces enfants. Une ébauche commençait déjà à se dessiner, un projet très simple mais plus qu'utile au palais.

    -Nous voulons simplement survivre, plus de gardes pour nous maltraiter. C'est compliqué à comprendre pour quelqu'un de noble

    -Je ne suis pas noble.

    Corrigea t-il avec une voix froide en fixant toujours cette clochette. Curieux de voir si elle allait se décourager ou bien simplement continuer.
    Dans un cas comme dans l'autre, ce serait intéressant...

    -Vivre, même si on ne sait rien faire
    -Hm... vivre tu dis, intéressant, mais encore ?

    -Mais encore quoi ? Je vous ai dit ! On ne sait rien faire, on a grandit dans la rue ! Mis à part voler et gérer des commerces
    -On aborde un point intéressant ma chère Clochette, si tu veux justement "vivre", je peut t'aider, mais ce sera donnant, donnant.
    -Vous voulez passer un pacte avec moi ?
    -Oh non, c'est toi qui va passer un pacte avec moi, car tu n'as en somme qu'une unique information qui m’intéresse : celui qui te fournit tes potions
    -Et en quoi ça va vous intéresser ?
    -A moi ? En rien du tout, je ne me mêle que peut des affaires hors du palais, cela dit, je connais des gens qui eut pourrons observer cela de plus près

    -Vous voulez que je vous balance notre seul moyen de subsistance ?
    -C'est ça, en considérant deux alternatives : la première c'est que si tu ne le fais pas, tu n'obtiendra rien, et que tu as déjà tout perdu. Nous connaissons cet endroit, il vous faudra plier bagage et la garde pourrait bien se mettre à vous chercher activement
    Et la seconde : Tu me dis tout ce que je veux savoir et je pourrais te proposer à tes amies et à toi un moyen de "vivre"


    Arthorias jouait parfaitement au jeu du gentil flic méchant flic engagé plus tôt par Calixte, mais avait aussi ses intérêts dans l'histoire.
    Que pouvait faire l'officier de la garde royale d'une demi douzaine de petites criminelles avec plus d'aplomb que de talents ? C'était une autre histoire.
    Le soldat n'avait toujours pas bougé, finissant par tourner son masque vers son collègue, attendant de voir la suite

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    Calixte Alkh'eirDamoiseau
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Jeu 23 Juil 2020 - 21:28 #
    La froideur et l’impassibilité du Capitaine de la Garde Royal en contraste avec la propre chaleur et souplesse du coursier. Le cerveau de Calixte ne pouvait s’empêcher d’effectuer des comparaisons entre Arthorias Hekmatyar et Emeor Calyx, et l’espion se demanda soudain ce que donnerait une conversation entre les deux. Un affrontement, une reconnaissance, un silence ? Il n’eut cependant pas le temps de s’interroger davantage car Emilie, plus sanguine que Clochette, se leva avec un regard assassin pour le Capitaine de la Royale.

    - Et puis quoi encore !? C’est certainement encore un moyen d’juste obtenir nos infos puis d’nous laisser comme des connes !
    - Je crois que les choix sont clairs, Emilie.
    - Quels choix !? Courber l’échine quoi qu’il arrive devant la Garde !? T’ferais bien d’te rappeler qu’c’est précisément pour cette raison que notre groupe existe : la force dans le nombre face à la rue. Pour éviter d’avoir à pencher la tête et écarter les jambes pour tous ces bâtards.

    L’adolescente aveugle éclata d’un rire froid.

    - Parce que tu crois vraiment que le nombre va nous protéger éternellement ? Même : qu’il nous protège ? Non. Rends-toi compte à l’évidence, Emilie : nous ne faisons que survivre. Le moindre coup de vent peut nous éparpiller, nous faire disparaître. Et sais-tu qui court après les détritus balayés par la brise ? Personne. Absolument personne. A part les crevards. Alors si aujourd’hui ce sont les bottes dorées de la Garde Royale qui viennent shooter dans nos poubelles, crois-moi qu’il vaut mieux en profiter car l’occasion ne se représentera pas. Assis-toi.
    - T’fais c’que tu veux d’ta chatte Clochette ; hors de question d’lécher les couilles de ces tocards. J’me casse.

    Et, joignant le geste à la parole, Emilie quitta la petite réunion improvisée dans un nuage de colère. Calixte ne savait pas ce qu’Arthorias Hekmatyar avait en tête, mais si c’était semer la zizanie c’était plutôt bien parti. Le temps d’une seconde, il hésita à utiliser son bracelet de mimétisme sur son supérieur pour mieux appréhender son raisonnement – et en garder une trace pour plus tard, ça pouvait toujours servir – mais finalement il décida de pousser un peu plus l’affaire avant de s’aventurer sur ces sentiers.

    - Du coup ? Il est encore temps de plier bagage, de prendre la première option. Comme votre amie.

    L’adolescente fronça les sourcils.

    - Certaines mettront effectivement les voiles, mais la plupart… La plupart n’a pas reçu d’autre éducation que celle de la rue, celle du groupe. Plus que la réflexion, c’est la loyauté qui les fera rester quelle que soit votre proposition pour avoir un moyen de "vivre".
    - La loyauté ?
    - C’est ce qui sous-tend nécessairement une organisation comme la nôtre. La loyauté, et la peur de l’isolement face au danger. Nous sommes au total seize filles, âgées globalement de cinq à dix-sept ans. Nous prenons dans nos rangs toute fille abandonnée souhaitant nous rejoindre, et ayant assez de jugeote pour ne pas entraîner de conflit intestin.
    - … Emilie ?
    - Ça arrive, répondit Clochette en haussant les épaules. Lorsque le groupe doit se scinder, il se scinde. Mieux vaut deux petit groupes gérant leurs affaires qu’un gros groupe difficilement maniable. Moins discret. Plus instable.
    - Donc vous avez un petit groupe géré par… une clochette ?
    - Plus ou moins. Trois filles sont votées toutes les trois-quatre lunes – le temps nous échappe un peu par ici – pour gérer le groupe. Actuellement Emilie, Hailey et moi le gérons. Hailey est probablement encore sur le terrain. C’est généralement elle qui y soutient nos filles.
    - Les filles ont besoin de soutien pour ?
    - J’y viens : ce qui intéresse votre collègue.
    - Le trafic de potions ?
    - L’achat de potions et leur revente. On n’a pas une seule tête qui nous revend ces potions. La plupart sont de vraies potions de soin mais avec un vice quelconque. Simplement dans la présentation – couleur, odeur, autre – ou plus gênant comme une date de péremption dépassée ou un lot défectueux. On les achète en gros, puis on les revend à l’unité pour qui veut, à des tarifs très bas.
    - Et vous vous faites de la marge ?
    - Un peu, pas beaucoup. Suffisamment pour faire tourner le trafic, suffisamment pour survivre. Nos acheteurs sont au courant qu’il peut y avoir un vice. Mais comme ils ne savent pas d’avance lequel, beaucoup prennent le risque. Parce que c’est moins cher, parce qu’ils n’ont pas le choix.
    - Vous avez quand même des adresses pour vos fournisseurs.
    - Rien de concret. On a des points clefs où ils nous mettent un message avec une heure, un lieu variable, le poids du lot et son prix. Puis on les retrouve selon ces infos pour procéder à l’échange.
    - Puis vous revendez globalement au tout venant.
    - C’est ça.
    - C’est envisageable qu’on organise des échanges en présence – dissimulée bien sûr – de la Garde ?
    - C’est envisageable que vous nous parliez de votre proposition ?

    Ah. Calixte tourna le regard vers le Capitaine de la Garde Royale pour voir où ce dernier en était de ses réflexions. Avait-il seulement un plan en tête ou bluffait-il ? Quoi qu’il en fût, l’espion nota de ranger pour un moment son personnage d’Alix le marchand ambulant, car il n’était pas improbable qu’il eût lui-même touché du doigt ce trafic, dans un souci de recueil d’informations. Et il ne tenait pas vraiment à croiser ses collègues du mauvais côté des échanges.
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Sam 25 Juil 2020 - 18:33 #
    Et juste là, un petit géranium

    Et bien... Ce petit groupe était mieux organisés que certains régiment. Mais ce n'était guère étonnant. Contrairement à ces derniers, elles n'avaient aucune autre alternative que réussir. Les doigts croisés, Arthorias observa la scène, un sourire dissimulé sous son heaume.
    Le rôle de l'arbitre était bien plus souvent le sien que celui du manipulateur. Mais dans le cas présent c'était l'occasion rêvée de se faire son propre réseau, et de convertir quelques personnes.

    Le mode opératoire du petit groupe était relativement simple mais était justement bien efficace. Il écouta les détails avant de se redresser, fixant la jeune femme avant de reprendre la parole.

    -Tout est envisageable. Et je serais plutôt bref. En échange de ces informations, je vous propose une formation, un travail et justement de quoi vivre.
    Pas le plus reposant des travail, mais une place idéale pour des jeunes comme vous. Une patronne juste mais exigeante.
    Et surement plus de considération que vous n'auriez jamais pu en avoir.


    -Cela semble être une mauvaise plaisanterie, vous nous prenez pour des idiotes ?

    -Pourquoi je le ferais ? J'ai plus à gagner à faire les choses correctement. Car j'inclue une close qui sera uniquement entre vous et moi.

    -Ah ! Un piège caché en somme et quel est t-il ?

    -Pas un piège caché non, rien de dégradant, considérez cela comme un bonus pour moi, mais ce sera en temps voulu


    -Et pourquoi je devrais vous faire confiance ?

    -Parce qu'au final, le choix tiens simplement entre faire ce que je vous dit ou mourir au fond de ces ruelles au bout de quoi... deux lunes ? Dix ?


    -Qu'est ce qu'on devra sacrifier pour parfaire aux exigences d'un garde ? Écarter nos cuisses pour le moindre soldat ?

    -Comme si cela servirait à quelque chose. Rien ne vous sera demandé. Et cela n'impactera pas votre future vie

    -Bon... imaginons que j'accepte... Qu'est ce qu'il nous faudra faire une fois que nous vous aurons montrés nos contacts ?

    -Venir avec moi voir celle à qui vous avez détruits les plans. Il se trouve que son futur hôpital aura besoin de main d'oeuvre


    -Vous voulez qu'on se présente à cette personne comme si de rien n'était ? Alors qu'elle à envoyé deux gardes pour régler cette affaire ?


    -Absolument, car les deux gardes en questions vont se porter garant pour vous, Luz est certes attachée à son hôpital, mais un lieu vide ne servirait à rien.
    Alors ?


    Il y eut un petit moment d'hésitation, et Clochette siffla pour appeler une fille qui arriva avec un air suspect envers les deux soldats dans le bureau de fortune.
    Visiblement, la venue de ces deux étranger au milieu de leur affaire avait provoqué un petit chamboulement. Et toutes sentaient que la situation était en train de changer, pour le mieux ou le pire ? C'était là, la principale question

    -Rassemble les filles, j'ai des choses à leurs dire.
    Quant à vous... attendez moi ici, je reviendrais avec notre réponse... sous peu.


    Et sans un mot de plus, l'aveugle quitta la tente, laissant Calixte et Arthorias dans l'expectative

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    Calixte Alkh'eirDamoiseau
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Sam 25 Juil 2020 - 22:03 #
    Clochette, guidée par Reby, s’éclipsa pour s’entretenir avec le reste du petit groupe. Cléo, restée avec les deux gardes, adressa un regard suspicieux au Capitaine de la Royale.

    - Vous pensez vraiment qu’elle va accepter, Weiss ?
    - Il n’y a pas tellement de raisons qu’elle refuse, fit remarquer Calixte en haussant les épaules. Comme mon collègue l’a mentionné, ça lui ferait de la main d’œuvre plutôt aisément éducable. Et puis cela lui donnerait l’assurance de ne plus avoir de concurrence sur le terrain, aussi futile soit-elle. Et, peut-être, éventuellement, meilleure conscience.

    L’adolescente acquiesça, songeuse. Et l’espion porta un regard tout aussi pensif sur la silhouette rigide d’Arthorias Hekmatyar. L’idée – la solution – paraissait ainsi toute simple. Elégante même. Mais il y avait dans la clause évoquée par le Capitaine quelque chose qui intriguait le coursier. Pourquoi tant de mystère autour de celle-ci ? Pourquoi uniquement Clochette ? L’homme n’avait pas l’air d’être de ceux dont se méfiaient ostensiblement les filles du groupe, quoi que derrière les portes closes tout était possible, alors qu’avait-il à négocier en plus à l’adolescente aveugle ? Qu’avait-elle à lui apporter de plus que les autres ? Qu’est-ce qui la distinguait pour qu’il s’intéressât davantage à elle ? Sa cécité paraissait difficilement être un atour. Alors quoi ? Sa capacité de réflexion ? De gestion de groupe ? De diplomatie ? Le fait qu’elle fut la cible de la loyauté des autres filles ?

    Reby leur fit signe de les rejoindre, et Calixte stocka cette interrogation dans un coin de son cerveau afin d’y revenir plus tard. Son supérieur n’avait visiblement pas envie de l’exposer à un public, il n’était donc pas la peine de pousser le questionnement maintenant. Les deux gardes et Cléo rejoignirent le reste des filles, et l’espion compta qu’elles étaient presque au complet. Ou alors, Emilie et les dissidentes avaient pris leur envol.

    - Les fameux gardes qui pourraient nous arrêter, mais qui nous offrent une place au soleil, commenta une adolescente aux cheveux foncés coupés très courts.
    - Pour peu que l’on travaille pour Weiss.
    - Bien sûr. Hailey, se présenta la brune avec un faux salut militaire. Qu’est-ce qu’on attend ?
    - Emilie et deux filles ont quitté le groupe et ne souhaitent pas de ce marché, les informa Clochette. Nous restons ainsi treize. A votre service, ajouta-t-elle comme si les mots lui paraissaient étrangers mais pas forcément désagréables.
    - Nous allons retrouver dame Weiss pour la tenir informée des résultats de notre enquête, de votre implication dans la destruction des plans de son hôpital, de vos difficultés expliquant celle-ci et du marché que nous vous avons proposé. Il parait irraisonnable de toutes vous amener à elle alors que rien n’a été approuvé, ni acté, de son côté. Même si nous nous portons garants pour vous.
    - Alors c’est simple : j’irai avec vous, et avec Reby. On représentera à deux le reste du groupe. Clochette tu restes ici avec les filles. Et si d’ici l’heure bleue…
    - Je sais.
    - Ok. Donc on fait comme ça.
    - Ca parait effectivement le plus judicieux.

    Un regard à la ronde lui permit de lire l’appréhension, mais aussi l’anticipation et l’espoir, sur les visages juvéniles. Sans attendre davantage, ils quittèrent le point d’observation et de rassemblement. Laissant Cléo passer devant pour les guider jusqu’à l’atelier de monsieur Djéser, Calixte utilisa son cristal de communication pour informer Luz qu’ils avaient des informations pour elle, et que lorsqu’elle serait disponible elle pourrait alors les retrouver chez l’architecte.

    - Si je puis me permettre Capitaine : en quoi correspond la clause que vous évoquiez à Clochette tout à l’heure ? demanda finalement l’espion à son supérieur en rangeant son cristal de communication tout en actionnant son bracelet de mimétisme.

    L’homme lui jeta un coup d’œil, puis répondit ce que le coursier pressentait :

    - Pour la sécurité du Palais, mieux vaut que ça reste dans l’ignorance.

    La sécurité du Palais, évidemment. Retenant un sourire, Calixte opina du chef et observa les petites silhouettes qui avançaient devant eux. Etrange comme Lucy entremêlait parfois les chemins dorés avec ceux viciés, abîmés par la société. Celle-ci même qui avait hissé les premiers en haut des marches. De ce piédestal, comment Luz verrait-elle le projet qu’Arthorias et lui-même lui amenaient ? Accepterait-elle ces petites mains ? Et éventuellement ces corps habitués à la ruse. Ces langues habituées à la discrétion. Ces yeux habitués à la vigilance. Ces âmes habituées à la loyauté. Mais aussi à la transaction et à l’opportunité. Le regard le Calixte accrocha à nouveau la carrure cubique du Capitaine de la Garde Royale. Refuserait-elle le risque ? Accepterait-elle l’opportunité ? Développerait-elle celle-ci à ses besoins, comme était en train de le faire Arthorias Hekmatyar ? Devant eux, Cléo trébucha contre un pavé et se retint à Reby en jurant sur la même ligne de vocabulaire coloré qu’Emilie. Le coursier grimaça. Il espérait qu’elle ne répèterait pas le même langage devant sa famille, car les deux gardes risquaient fort d’en prendre alors pour leur grade.

    Ils parcoururent encore quelques couples de rues, évitant toujours les axes principaux pour limiter le monde et l’attention accompagnant nécessairement celui-ci, et au terme de quelques minutes supplémentaires de marche, gagnèrent enfin la Place Commerçante. Se rapprochant un peu plus des trois adolescentes – pour ne pas les perdre et pour éviter tout incident – le Capitaine et le coursier avisèrent bientôt la silhouette de l’atelier de monsieur Djéser. Lorsqu’ils pénétrèrent à l’intérieur de la bâtisse à la suite d’une Cléo survoltée par les événements, l’homme était en plein ménage de son bureau.

    - Ma petite ! s’exclama-t-il visiblement soulagé de voir Cléo revenue si vite et en pleine forme. Messieurs, vous avez amené de la compagnie, ajouta-t-il en observant le petit monde s’avançant chez lui.
    - Weiss est là ? le coupa Cléo d’une voix excitée. Il faut qu’on lui présente les filles !
    - Non pas encore…
    - M’sieur, salua Hailey avec un nouveau simili salut militaire. Désolée pour l’bordel. J’crois bien qu’c’est d’notre faute. Attendez bougez pas, on va vous aider à remettre tout ça. On vous doit au moins ça. Reby attrape ce balai s’te plait.

    Décontenancé, l’architecte remercia les deux adolescentes qui s’activèrent pour remettre de l’ordre dans l’atelier, et porta un regard interrogateur sur les deux gardes.

    - Si cela ne vous dérange pas, attendons Luz Weiss pour aborder tous les détails de cette enquête.

    Hochant la tête, monsieur Djéser recommença à ranger son bureau avant de se faire chasser par sa petite fille.

    - Non, non. Toi tu t’assieds avec les messieurs. Les bêtises c’est nous.

    Et elle claqua un baiser sur la joue de son grand-père avant de retourner au ménage. A la responsabilité du chaos qu’elle(s) avai(en)t occasionné. Ne restait plus qu’à attendre Luz.

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Et juste là, un petit géranium
    Mar 28 Juil 2020 - 23:38 #


    Luz les observait s’agiter, appuyée d’une épaule contre le chambranle de la porte, un fin sourcil haussé en une moue circonspecte. Des enfants s’agitaient dans la pièce. Un peu trop à son goût. Trois enfants, c’était déjà trois marmots de trop à proximité de son espace vital. Leurs mains fines récupéraient les objets au sol, passaient parfois un coin de manche sur la ligne poussiéreuse d’un livre ou rectifiaient la position d’un outil de mesure. Quel étrange cirque que ce petit peuple à l’ouvrage ! Où donc le Capitaine Hekmatyar et son adorable comparse étaient-ils allés trouver ces bouilles concentrées mais décharnées ? Ses prunelles louvoyantes trouvèrent le visage de Calixte qui lui retourna son regard silencieux. Cet échange muet parut résonner dans l’espace puisque la gamine aux cheveux sombres et emmêlés tressaillit et fit volte-face. Son mouvement alerta sa comparse plus âgée à la manière d’un écosystème bien rôdé, simulacre de troupeau d’herbivores habitués à détaler à la moindre alerte incertaine. Celles-là n’étaient pas des carnivores, encore moins des meurtrières. Toute biche peut cependant mordre malgré la rondeur et la douceur de sa croupe.

    « Bonjour… ? »

    Son intonation dubitative n’échappa à personne dans la pièce. La plus âgée, celle aux cheveux courts esquissa une salutation martiale. Son regard à elle était calme. Presque assuré s’il en était son jeune âge. Peut-être une forme d’acceptation de son sort, ou même les épaules d’une future meneuse. L’autre en revanche… Le visage boueux, les dents retroussées sur une mimique méfiante, elle prenait les allures de quelques rongeurs bravaches sortis par mégarde de son terrier et prêt à vendre chèrement sa peau. Quant à la dernière, Luz n’y posa les yeux que pour la saluer d’un charmant sourire et d’un discret salut de la main, connaissant d’ores et déjà la bouille de la dernière-née Djéser.

    « Des amies à toi ? »

    « Hailey
    , se présenta la première. »

    Claquement de bottes. Un regard vif lancé à son amie qui n’avait toujours pas daigné se présenter.

    « Reby, répondit-elle après plusieurs secondes de silence, et ses sourcils broussailleux se plissèrent. »

    « Ah Dame Weiss, entrez, entrez donc !
    les interrompit Imotapi. »

    Il apportait de l’arrière de l’atelier un plateau de tasses de thé. Oh, le vieil homme n’ignorait pas son penchant pour les herbes et l’eau chaude parfumée. Mais cette ambiance décousue, la ligne qu’elle devinait glissée au coin des lèvres de Calixte et dans le regard si sérieux qui était le sien, et la posture du Capitaine Hekmatyar naturellement tournée vers elle, un brin penché, la firent brusquement rire. Elle décroisa les bras qui s’étaient jusqu’alors lovés sous sa poitrine, un chatoiement d’oiseau dans la gorge ainsi que dans les prunelles.

    « Allez, je vois bien que vous avez quelque chose à me dire. Visiblement, ma présence était attendue. »

    Elle s’avança vers les trois hommes, un implacable sourire désormais ancré aux lèvres. Durant les explications de Calixte et d’Arthorias, le feu des iris d’Hailey ne quitta pas son visage. Elle étudiait ses gestes, sa posture, une réaction décelable sur ses traits pour anticiper un probable refus. Après tout, elles étaient coupables de cette débâcle par bien des aspects. Reby fixait obstinément le point opposé de la pièce moins par défiance que par crainte anticipée : cela se lisait dans la courbure crispée de ses épaules, son cou rentré pour mieux se dérober à une réalité qui avait dû se montrer maintes fois décevante. Luz quant à elle, sirotait paisiblement son thé. Pensive. Elle n’avait pas de pitié à accorder aux enfants, pas d’amour spontané à faire rejaillir sur eux. Coupables d’insurrection, coupables de la perte de plusieurs mois de travail, Luz se serait volontiers amusée à leur présenter une éducation de son cru…

    Néanmoins… Néanmoins ces gamines avaient été amenées par le Capitaine Hekmatyar. Un homme que Luz avait déjà classé parmi les rangs de sa meute, certes ponctué de longues absences, mais la relation amicale et confiante qu’ils bâtissaient à chaque entrevue suffisait amplement à la praticienne pour ne plus le considérer comme un « Autre ». L’un de tous ces Autres qui n’étaient que de menus désagréments et des tremplins pour sa meute. La confiance et l’assurance qu’elle lut dans ses yeux avaient valeur de pacte de sang. La présence patiente et attentive de Calixte dans l’atelier ne raffermissait que plus la décision intérieure qu’elle venait de prendre. S’il ne s’était pas opposé à cette suggestion, c’est qu’il l’estimait envisageable et non dangereuse. Et Luz prêtait une foi toute aveugle dans les pressentiments et ressentis du jeune espion. Il lisait l’atmosphère et la fragrance d’une émotion avec la sensibilité d’une hirondelle dans les frémissements du vent.

    Après un interminable silence, Luz s’arracha du meuble contre lequel elle s’était appuyée et vint délicatement reposer sa tasse de thé sur le plateau.

    « D’ordinaire, je n’embauche pas d’enfants. »

    Hailey soutint son regard, sans férocité pour autant ni outrecuidance. Luz détailla leurs paupières ourlées de cernes, la crasse qui maculait leurs ongles et qui avait écrémé leurs cheveux d’un aspect asexué, raffermit leur corps également sur de maigres muscles pourtant promptes à réagir à toute menace.

    « Mais je constate que vous n’avez déjà plus rien de l’enfance. Je peux donc faire une exception pour treize adolescentes. »

    La surprise parut s’emparer des traits de Reby tandis que Cléo laissait échapper un piaillement d’enthousiasme. Luz leva une main pour mettre immédiatement terme aux réjouissances, et son visage se fit plus dur, un éclat de silex dans les prunelles :

    « Je ne le fais cependant que pour rendre honneur au Capitaine Hekmatyar et à ses justes valeurs. Vous lui devez beaucoup aujourd’hui et j’espère que cela vous restera en mémoire. Je ne suis pas non plus une patronne facile, encore moins une Directrice qui prône la flemmardise et le manque de sérieux. Je compte vous apprendre une profession et toutes les nuances dont recèle l’art de la médecine. Vous ne souffrirez plus jamais de la faim, de la soif et du manque de confort. Vous sauverez des vies. Si vous n’êtes pas prête à travailler dur pour cela, inutile de passer ma porte. »

    « Je crois que vous ne nous avez pas bien regardées
    , répondit Hailey. Quand on donne notre parole, on la donne qu’une fois, et les filles et moi on est fermement décidées à changer tout ça. »

    « Nous travaillerons dur
    , surenchérit pour la première fois Reby, l’air de ne pas y croire elle-même. »

    Un brin de méfiance subsistait chez elle. Les traits de Luz se détendirent et un sourire plus doux fleurit sur ses lèvres.

    « Vous logerez pour le moment dans ma demeure familiale. Il y a là-bas quelqu’un qui ne sera que trop ravi de pouvoir à nouveau s’attendrir… »

    Elle grimaça, imaginant d’ores et déjà la moue gâteuse de son grand-père lorsqu’il tenterait de lui faire croire qu’il n’avait pas filé en douce la boîte entière de biscuit à leurs invitées.

    « Mon grand-père sera votre précepteur les premiers temps, car vous devez retrouver une apparence décente. Je ne veux pas éduquer des médecins et des infirmières qui ne prêtent pas attention à leur hygiène et qui s’avèrent incapables de se conduire en société. Vous avez besoin de manger et de dormir. Nous nous arrangerons par la suite pour vous trouver un toit. A la condition de consacrer votre premier salaire à l’acquisition de votre propre domicile. »

    « Compris. »

    « Et je vous en conjure. Pas de vols chez moi. Pas de violence. Je ne garantis pas la sécurité de l’amie à vous qui décidera par mégarde de bousculer mon grand-père ou l’un de mes domestiques. »

    Son sourire eut subitement quelque chose de très artificiel. Cette désagréable impression de fausseté dangereuse ne dura qu’un infime instant, suffisant toutefois pour laisser planer un malaise perceptible dans la pièce.

    « Bien entendu, vous ne risquez rien si vous vous conduisez avec politesse, reprit de but en blanc Luz sur une tonalité tout à fait joyeuse. Hé bien, l’affaire est entendue ! Capitaine Hekmatyar, je ne peux que trop vous remercier pour votre intuition pertinente et pour l’avenir de ces adolescentes… Monsieur Djéser devrait être beaucoup plus apaisé à présent pour reprendre les plans de cet hôpital ! J’ai d’ailleurs quelques propositions d’amélioration à vous soumettre, Monsieur Djéser… »

    Elle lui fit signe que cela attendrait bien son retour. Elle avait un groupe d’adolescentes crasseuses à rencontrer, semblait-il. Elle s’inclina bien bas devant le Capitaine de la Garde royale et se rapprocha de Calixte tandis qu’ils se dirigeaient vers l’entrée. Elle profita d’un moment de discrétion pour enserrer son épaule d’une brève et tendre pression de la main, le vert de ses iris pétillant d’une affection chaleureuse inimitable.

    « Merci, Cal’… Je ne savais plus où donner de la tête avec ce désastre. J’aimerais te voir bien plus souvent à la maison, mais j’ai conscience d’être un brin possessive et irréaliste ! Il paraît que les adultes doivent parfois travailler, même si cela implique de se rendre au Grand Port... »

    Elle rit, un son de clochette joviale qui n’avait d’autre but que de couvrir le léger pincement qui la saisissait toujours lorsqu’il s’agissait de laisser repartir l’un des siens. Allons, Luz, il savait bien qu’une tasse de thé l’attendrait toujours dans le salon à n’importe quelle heure du jour et de la nuit…



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