Bon j’avais eu vent que certains fermiers avaient quelques problèmes avec leurs récoltes et quelques-unes de leurs bêtes. La plupart offraient une bonne prime pour qu’on se débarrasse de ce qui avait fait ça. En tant que chasseresse émérite,   il est de mon devoir d’aider ces pauvres hommes dans leur malheur et je ne pense pas du tout aux cristaux qui viendront derrière. Pas du tout. Il faut penser à tout ce qu’ils font pour le reste du peuple, car après tout sans leur récolte ou leur élevage, qu’est-ce que les pauvres citoyens de la grande ville mangeront? Pour ne pas vous mentir, je m’en fiche un peu parce que ça ne me touche pas personnellement puisque je vis en forêt seule, sans colocataire ni maison.

Donc en tant que non-citoyenne de la grande ville, je prends aussitôt la direction de la première fermette qui a été touchée par le saccage de la bête. Je cogne à la première porte et la bonne femme vient m’ouvrir.

« Vous êtes qui vous?
- Bonjour, Saryna, chasseresse. Je suis ici pour votre problème de bestiaux.
- Engus! Y’a une femme qui dit qui est là pour les champs! »

Je roule des yeux en soupirant. Est-ce que je vais devoir me taper leur conversation gueulée de bord en bord de leur maison? C’pas mon délire, désolé.

« Bon, quand m’sieur sera prêt à me parler, je serai dans votre jardin. »

Je n’entends pas ses protestations, du moins je lui laisse pas le temps et je me dirige vers les plantations en mauvais états. Ici, monsieur fait pousser du maïs et de ce que je vois, y’a pas mal d’épis de briser en deux ou bien de coucher. Soit c’est un troupeau soit c’est une méchante grosse bestiole, mais ce n’est pas ce qui me turlupine le plus. C’est plutôt l’absence de traces de pattes.

Enfin, j’entends les frottements de la vieille salopette de l’homme qui arrive vers moi un chapeau de paille à la tête, des grosses bottes couvertes de boue ainsi et il va même jusqu’à pousser avec la brindille en bouche.

« Vous dites que ce sont des bêtes qui ont saccagé une partie de tout ça?
- Ouaip, madame, dit-il en tirant sur ses bretelles.
- Vous les avez vus ou entendus?
- Nop, madame, cette fois-ci il semble se balancer sur place.
- Ok et quelque chose d’autre qui vous manques? Des animaux blessés, des disparitions soudaines.
- Ah! Mais je n’ai pas pensé à aller voir, moi! Suivez-moi, ma p’tite dame. »

Du coup, on se dirige vers l’enclos où il garde ses cochons, il les compte un par un en les appelant par leur petit nom. Moi ça aurait été plus simple… Steak 1, steak 2, steak 3 et ainsi de suite. Sauf qu’étrangement, je vois une petite poule esseulée dans l’abri des cochons.

« Une seule poule?
- Ouais, c’est notre petite nouvelle…, je note une légère accélération de son pouls et ses yeux semblent bouger anormalement vite. Je dois encore construire le poulailler. Je comptais faire ça aujourd’hui!
- Et vous dites que ça s’est passé en pleine nuit?
- Tout à fait!
- Y’a des gens qui ont eu les mêmes soucis que vous?
- J’crois pas! Dit-il rapidement. Vous savez entre agriculteurs on se parle et on se soutient.
- Bon, d’accord. Je vais tenter de trouver une piste potable et dès que j’ai du nouveau, j’vous garde au jus. »

Si je ne trouve rien ici et même s’il me dit que je ne trouverai rien ailleurs, je vais quand même tenter le coup. Du coup, j’attends la nuit pour agir. Plutôt que de retourner sur les terres de monsieur Engus, je me dirige vers son voisin. Sauf qu’il semblerait que je ne sois pas la seule à fouiller la demeure. J’entends ses pas légers qui s’approchent de moi, il essaie de se montrer discret, de me prendre par surprise peut-être? En tout cas, mes sens se sont grandement améliorés depuis toutes ses années alors je savais même reconnaître l’effleurement d’une brindille.

Je me lève donc de ma position et me tourne pour observer un jeune homme s’approcher avec prudence. Il n’est pas armé, mais semble prêt au moindre geste qu’il considérerait de ma part menaçant. Je le juge vite du regard. Sa tenue n’a rien d’un fermier, je dirais plutôt un aventurier ou peut-être même un chasseur au vu de son arc? Il est le premier à prendre la parole. Je lève les mains pour lui montrer que je ne lui veux aucun mal.

« Je m’appelle Saryna, tu peux te détendre. J’enquête pour la ferme de M. Engus, mais j’ai voulu venir voir s’il y avait pas eu des dégâts ici aussi et de voir, par la même occasion, si je ne trouverais pas une piste intéressante ou la créature qui avait fait cela, mais j’ai l’impression qu’ici aussi ce n’est pas très fameux. On te paie pour trouver le coupable toi aussi?  »


Skaemp

Je baisse les bras dès que je le vois se détendre un peu. Après tout, je ne suis pas là pour tuer qui que ce soit. On m’a engagée pour retrouver le coupable tout simplement. J’ai émis l’hypothèse que celui-ci avait été engagé par ce fermé et il ne dénie pas. Non, plutôt il me mentionne même que quelque chose a aussi saccagé ses champs, mais que la créature avait aussi mangé une poule… Une seule poule? Ce n’est pas très coutume chez les prédateurs. Surtout lorsque les proies étaient prises au piège dans un poulailler. Enfin, il finit par se présenter et éventuellement me demander mon avis. Je sais qu’il hésite, je l’entends dans sa voix et pas seulement parce que je lui fais de la concurrence. Après tout si je choppe la bestiole avant lui et qu’il s’agit de la même, c’est M.Engus qui me paiera alors que lui n’aura rien, mais y’a aussi le fait que je travaille très certainement pour le rival de M.Morrison.

Je plonge ma main dans mon sac sans fond et j’en sors une paire de lunettes de jours. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, mes yeux rougeoyants ne me permettent pas de voir dans la noirceur ce qui veut dire que je ne suis pas nyctalope. Alors je les enfile bien vite ce qui me permet de voir les détails qui m’avaient jusque-là échappé.

« Bon déjà ce que je pense de tout ça, c’est que y’a pas vraiment de bestiau. »

Je marche doucement évitant de mettre les pieds là où il ne le faudrait pas et j’observe. Les traces dans les champs sont plutôt creuses et longues, donc quelqu’un ou quelque chose d’assez lourd. Ça ne me semble pas du tout animal, mais ressemble plutôt à des traces de bottes.

« Je ne suis pas sûre à cent pour cent, mais je n’ai vu aucune trace animale, que des empreinte laisser par des bottes. De plus, les bris dans les champs ne rien à voir avec les animaux. On dirait qu’ils savaient ce qu’il faisait. De plus, cette histoire de poule unique manquante, ça me pue au nez. »

Je croise les bras contre ma poitrine et m’approche de ce dernier.

« Parle-moi un peu plus de ce poulailler. Tu veux bien?  Comment la bête est entrée, des bris de matériel dû à l’intrusion, du sang en quelle quantité? »

Je retire mes lunettes et les ranges dans mon sac alors qu’une brise de vent vint souffler rapidement sur nous. Ma chevelure partie dans tous les sens et cela me prit un certain temps pour tenter de dompter cette tignasse rebelle. Je glisse alors les mèches de mes cheveux derrière mes longues oreilles  pointues.

« T’inquiète pas, je ne veux pas te la faire à l’envers non plus. Je suis là que pour régler la situation »


Skaemp

Je vois que l’homme devant moi semble prudent et c’est tout à fait normal. Après tout, personne ne sait réellement qui se trouve devant chacun d’entre nous. Il arrive même qu’on ne connaisse pas réellement les membres de notre propre famille. Je dis cela par connaissance de cause, car mon père m’a, pendant de longues années, caché qu’il était malade. Puis, je dois dire que je ne suis pas la plus honnête avec ce dernier. Il ne sait pas que je pratique quelques activités malhonnêtes par-ci par-là à quelques occasions, enfin, surtout quand les temps sont durs pour la bourse.

Je lui raconte ce que j’ai partiellement vu de mon côté et j’émets l’hypothèse qu’il ne s’agit pas d’un animal et il semble en accord avec moi-même. Enfin, je note le petit pas vers l’arrière lorsque je m’avance, mais je n’y fais pas réellement attention. À vrai dire, j’aimerais finir cette demande au plus vite, me faire payer et retourner dans mon petit campement tranquille, mais pour cela j’ai besoin d’empiéter sur son territoire. Je n’ai pas l’intention de lui voler sa prime, loin de là, mais si nous pouvions travailler ensemble plutôt que de disputer surtout s’il s’agit de la même créature ou personne. Entre travailleurs autonomes il faut parfois savoir se serrer les coudes non? Du coup, je comprends totalement qu’il souhaite se montrer prudent, mais par contre, ça ne nous aidera pas.

« Tu peux l’être, mais sache que je ne suis pas le genre de créature à être payé pour faire ce genre de délit. Premièrement ça a tellement été bâclé que ça serait une honte de mettre ça sous mon nom et deuxièmement, ça ne paie pas assez bien pour que je décide de saccager le champ de M. Machinchose. »

Je croise mes bras sur ma poitrine, mais ce dernier semble être le premier à vouloir négocier. Tant mieux s’il est ouvert à ce genre de chose parce que cela allait faciliter les choses.

« Très bien, cela me va. Soyons partenaires et partageons nos gains au final. De plus, j’ai peut-être une façon de nous faire un peu plus de cristaux. Parce que, normalement, le premier qui aurait abattu la bête l’aurait ramené au propriétaire qui l’aurait engagé, mais en vrai, puisque nous sommes tous les deux en accord sur le fait qu’il s’agit pas d’un animal sauvage, cela implique donc un être humain. Et s’il n’est pas possible, de faire chanter une bête cela l’est pour un humain. »

Je lui tends finalement ma main griffue pour signer notre accord le regardant droit dans les yeux. On sait reconnaître les gens honnêtes des malhonnêtes juste à la façon de se présenter aux autres. J’ai plusieurs années d’expérience devant moi. Je vis seule depuis mes dix-huit, mais depuis mes onze ans que je participe à des accords de ventes, d’échange ou bien même de partenariat. Une bonne poigne franche et un regard qui ne fuit pas, c’est tout ce qui pouvait démontrer le sérieux de notre partenaire. Je ne le juge pas de haut, malgré sa prudence et du fait qu’il ne me semble absolument pas à l’aise en ma présence. Il y a ce petit quelque chose chez lui qui me chicote, mais qui ne me dérange pas trop. Est-ce mes sens d’araignée qui me font défaut, peut-être que si.

« Bon, je vais te dire ce que j’ai vu d’anormal de mon côté à la ferme de M.Engus. Déjà, comme je te l’ai mentionné, les plans ne semblent pas saccager par un animal, mais plutôt par un être humain. Les coupes semblent trop précises. Il y a l’absence de trace de pas, mais la présence de pas humain. Peut-être qu’elles sont présentes dû à l’inspection de ses champs, mais tout de même sans la moindre trace d’animal, c’est dur de penser autrement. De plus, il semble élever les porcs, MAIS dans l’enclos il y avait une seule poule sans abri pour elle. Il m’a dit qu’il devait construire un abri pour cette dernière dans la journée qui viendrait.  De mon point de vue, cela ressemble à un règlement de compte, mais pour quelle raison et qui est le vrai coupable, c’est ce qu’on doit découvrir en tout premier. »

Bon je parle, je parle, mais je dois tout de même lui laisser sa chance.

« Et toi qu’as-tu à dire là-dessus? »


Skaemp

Fenrir semble arriver à la même conclusion que moi; il s’agit d’un acte humain, mais nous n’avons pas encore déterminé la nature de la cause ni même les motifs qui a mené à cela. Il émet une hypothèse intéressante; un coup monté, ce qui lancerait les deux fermiers à mener une guerre afin de nuire à l’un et à l’autre. Il faudrait enquêter aux alentours, questionner les voisins voire même les deux fermiers sur la nature de leur relation. Pour l’instant, monsieur Engus avait une poule esseulée qui appartenait certainement à l’employeur de Fenrir. Ce qui expliquerait le manque de dommage au poulailler. Pour la présence du sang, peut-être a-t-il utilisé le sang d’une de ses bêtes pour masquer cela comme le meurtre du volatile. De plus, il me semble avoir vu ses bottes recouvertes de boue. Bon, ce n’est pas une preuve tangible, mais peut-être que si je réussis à mettre la main sur ces dernières, je pourrais essayer de comparer les empreintes de pas.

Enfin, à cette heure-ci de la nuit, il nous sera impossible de chercher de plus amples informations. Je suis peut-être la seule en possession de lunette de nuit, mais si comme moi il a passé une partie de la journée à enquêter sur les terres, il n’a très certainement pas beaucoup dormi.

« Bon, voici ce que je suggère; nous pourrions raccrocher les armes pour ce soir et aller nous reposer. Tu peux m’accompagner jusqu’au village le plus proche et on s’y repose. Ainsi on peut interroger les villageois puis se séparer afin de rencontrer nos employeurs respectifs afin de leur tirer les vers du nez. Sinon, on se sépare ici et on se retrouve en début d’après-midi. Qu’en dis-tu? »

Je sens qu’il ne me fait pas confiance et qu’il accepte d’être mon partenaire que par dépit et parce qu’il ne semble pas avoir d’autres solutions, mais je ne sais pas pourquoi, mais je ne pense pas qu’il s’agisse de mon apparence. J’ai le pressentiment qu’il cache quelque chose et que mes sens d’araignées me disent de garder un œil sur lui. Qu’il pourrait être dangereux. Enfin, avec mon nouvel arc ainsi que ma nouvelle capacité disons que j’ai de quoi me défendre, mais je pense surtout que ce garçon a besoin d’un peu plus de confiance en lui.

« Si j’étais toi je prendrais le premier offre, on pourrait manger un bout, prendre une petite peinte et apprendre à se connaître. Je suis sûre que tu es curieux sur mon apparence et que tu brûles d’envie de me questionner. »



Skaemp

J'observe mon compagnon du moment. Bien sûr qu'il peut se montrer récalcitrant à suivre une parfaite inconnue jusqu'au village le plus proche. Si ça se trouve, il a peut-être peur que je lui fasse un sale coup et qu'on ne le retrouve jamais. Je pourrais lui dire de ne pas s'inquiéter pour cela, parce qu'on ne m'a pas payé pour récupérer sa tête, mais en même temps, je me vois mal lui faire comprendre que j'ai déjà tué. Ça pourrait être totalement l'inverse, mais je préfère lui donner le bénéfice du toute et heureusement pour lui, il n'a pas fait comme toutes mes dernières; tenter de me draguer. C'est déjà un bon signe. Dans ce genre de situation, je rigolerais bien à gorge déployée, mais pour quel genre de personne me prendrait-il.

Ce dernier accepte finalement mon invitation à rejoindre une auberge précisant par la même occasion que s'il n'y allait pas, qu'il allait veiller toute la nuit. Du coup, je lui tape amicalement sur l'épaule et je me mets en route; mon arc à mon dos, mes dagues bien en place ainsi que ma bourse et quelques économies. Je pourrais faire le trajet dans le silence le plus complet, mais je ne sais pas pourquoi, ce jeune homme me fait terriblement penser à quelqu'un et je ne parle pas de son physique. Bien que bel homme, je parle plutôt de son attitude. On dirait moi, tout simplement. Fut une époque où je ne laissais personne approcher de moi, puis j'ai rencontré un certain officier qui m'a fait comprendre que je n'avais pas à me cacher des autres, car j'étais belle. Bon la beauté est relative pour chacun, n'est-ce pas. Puis il y a eu mon boulot avec la lieutenante Alnilnam. On a abattu un sacré boulot toutes les deux, bien que j'ai failli faire un carnage par la suite. Je déconseille à tous de ne jamais tenir à main nue un noyau de dryade, ça vous vide complètement de votre énergie et le soir même je me suis effondrée dans la taverne du premier venue qui allait très certainement devenir mon partenaire de vie. Pour ça il doit réapparaître n'est-ce pas? Il s'en est passé des choses et je crois pouvoir dire que je me suis ouverte un peu plus. Je n'hésite plus à retirer à ma capuche lorsque je croise d'autres humains et je pense peut-être même à m'installer à la capitale au retour de Devon.

- Je sais que tu ne me fais pas confiance, je le sens, je le vois. Je ne sais pas ce que tu peux avoir vécu, mais ne laisse pas ça entraver ton futur et tes futures rencontres. Tu pourrais passer à côté de bien des choses. Dit comme cela, ça semble plus facile à dire qu’à faire, mais je peux te garantir qu'avec une tronche comme la mienne, on l'a pas toujours facile et pourtant me voici à tes côtés, à faire la conversation. Alors qu'il fut un temps où je t'aurais criblé de flèches pour avoir fait un pas en ma direction.

Il fait noir, alors je ne sais pas s’il peut voir mon sourire en sa direction.

- Enfin, je ne veux pas non plus te faire la morale et je comprends ta réticence. J’étais pareille et je dois te dire que je lui suis toujours, mais un peu moins.

On finit donc par arrivé au premier village, en même temps il était à une quinzaine de minutes et je nous dirige vers le seul bâtiment qui semble toujours éveiller à cette-ci; l’auberge du village! Je pousse la porte et déjà les odeurs de nourriture, d’alcool et de sueur nous attaquent les narines en moins de deux. La salle semble plutôt remplie, mais y’a encore quelque table de libre.  Du coup, je pointe au tavernier celle du coin au loin et nous fais signe de nous installer.

Je me débarrasse de mon arc et de mon carquois que je dépose à mes côtés avant de m’installer confortablement et je fais un signe de deux avec mes doigts à tavernier qui s’empresse de sortir deux chopes.

- Bon du coup, on pense économie ou on fait chambre à part?

Skaemp

J’observe le jeune homme  à mes côtés un petit moment avant de regarder de nouveau de nouveau en avant pensive. Ai-je réellement la foi envers l’humanité? Sachant tout ce que j’ai pu faire ou accomplir dans mon passé et contre elle justement. À vrai dire, je n’aime pas plus la présence des humains et je ne me suis jamais considérée comme une humaine due à mon apparence et certains me l’ont fait savoir. Malheureusement, je ne suis pas tombée sur la créature la plus agréable à regarder. On préfère les écraser ou les exterminer. Je n’ai pas de petite oreille duveteuse ni une queue couverte de poil. Je ne fais ni des « nyan » ni des « graw ». Il n’y a rien de mignon chez moi et je ne comprends pas les gens qui ont su trouver une certaine forme de beauté en ma personne. Enfin, je crois simplement d’avoir eu la chance de croiser des gens qui méritent vraiment de ma confiance. Valentino, un officier supérieur de la garde; un peu emmerdant et forceur. Il a eu droit à un baiser tout simplement et rien de plus. Puis j’ai rencontré son pote Devon sans savoir qu’ils se connaissaient bien sûr, mais je crois que c’est sa rencontre qui m’a le plus marquée, puisque j’attends son retour afin de lui donner ma réponse. Vous y croyiez, moi la sauvageonne qui va quitter le couvert des bois pour rejoindre une habitation dans la capitale?

« J’ai eu de la chance de faire les bonnes rencontres au bon moment, parce qu’en réalité je ne suis pas réellement ce qui a de plus sociable et ni une enfant de cœur. La preuve, je suis prête à faire chanter l’un des fermiers pour avoir droit à plus de cristaux. »

J’échappe un petit ricanement et nous voilà arrivés au village du coin. On se dirige vers la taverne où on s’installe tranquillement alors que je préviens le patron avec mes doigts de nous apporter deux bières. Ici, y’a pas grand choix à vrai dire. Les taverniers font déjà leur possible pour s’approvisionner avec quelques tonneaux. On n’est pas à la grande ville ici alors le choix est vite fait. Je regarde vers mon compagnon et me décide donc à poser la question qui en choque certains. Chambre commune ou chambre à part. Je lui laisse la possibilité de décider et ses arguments me semblent justes. Le tavernier nous amène notre commande je le remercie en payant de suite nos consommations et je continue de l’écouter. Tout est bon pour le moment bien qu’il me sort l’une de ses conneries qui me font éclater de rire. Parce que je suis une femme, je voudrais avoir de l’intimité? J’attends de m’être calmée avant de boire une gorgée de ma bière et je dépose ma chose sur la table qui nous sépare.

« Écoute, si j’avais si peur pour mon intimité, je ne t’aurais pas questionné à ce sujet. Ça aurait été vite réglé et j’aurais demandé au patron deux chambres séparées. On est là pour le boulot rien de plus et disons qu’en vivant dans la nature, l’intimité tu l’oublies bien vite comme la pudeur.  Mais t’inquiètes, je ne te ferai rien. J’suis peut-être en partie veuve noire, mais je ne suis pas une mangeuse d’hommes et je sais me défendre aussi. J’ai de quoi calmer en cas de problème. »

Je lui fais un petit clin d’œil rapide en prenant une gorgée à ma chope et le tavernier revient vers nous en nous demandant si on comptait prendre un truc à manger. Pour ma part je refuse, mais je laisse la possibilité à mon copain de table de répondre.

« D’ailleurs, vous avez entendu des rumeurs concernant des bêtes qui attaqueraient les champs ou quelque chose concernant des voisins qui se tirent dans les pattes?
- Hmm, des bêtes j’saurais pas trop vous répondre, mais des histoires de voisin qui se fait la gueule pour des raisons quelconques ça arrive souvent. Mais bon, c’est la vie han! Quand les coups sont plus puissants que la parole c’est qu’on est tombé bien bas, moi j’dis. »
Skaemp

Je ne peux cacher le petit sourire en coin qui se dessine sur mes lèvres alors que le jeune homme devant moi tente de se défendre. Il est presque mignon comme ça. Il me donnait l’impression d’être un petit enfant qui se veut plus courageux de ce qu’il est en annonçant haut et fort que lui non plus n’avait pas peur. Je me doutais bien que je ne lui faisais pas cet effet. Après s’il a accepté de me suivre jusqu’ici et de travailler avec moi, c’est peut-être bien parce qu’une part de lui-même lui indique que je ne suis pas une mauvaise personne. Enfin, en quelque sorte. Il m’est déjà arrivé de tuer d’autres humains et d’en faire disparaître sur demande. Je ne le fais pas par plaisir, mais seulement parce que ce genre de contrat rapporte beaucoup. Dans tous les cas, j’essaie de ne pas fourrer mon nez dans ce genre de situation, mais malheureusement, lorsqu’on y est contraint au risque de perdre un membre, nous n’avons pas trop le choix d’accepter.

Je mis alors ma main contre ma bouche m’y appuyant alors que je l’observe de nouveau de mon regard rougeoyant.

«  Je ne doute pas de tes capacités à te défendre, mais à moins d’avoir un antidote sur toi, il y a peu de chance que tu ne te relèves sur le coup si je m’y mets vraiment. Enfin, on s’en fiche en vrai. On est pas là pour jouer à qui à la plus grosse, n’est-ce pas? Étant une femme je pars déjà désavantager. »

Un petit rire s’échappe d’entre mes lèvres et je porte ma chope à mes lèvres de nouveau avant que le tavernier ne revienne. Il ne semble pas trop disposer à répondre à nos questions ce qui était plutôt suspect. On attend que ce dernier s’éloigne avant de discuter de ce qui vient de se passer. Fenrir est le premier à dire ce qu’il pense et me pointe du doigt un petit groupe attablé non loin de nous. Je les observe un petit moment tentant de voir d’où il avait pu deviner une telle chose, mais peut-être qu’il se fit à son instinct. Enfin, je vais lui faire confiance sur le coup et si mon œil à moi ne me trompe pas, ça ne semble pas être le genre de personnage à lâcher gratuitement des informations. Du coup, je prends une bonne rasade de ma bière, m’essuie rapidement la bouche d’un revers de bras et je me lève pour me diriger vers la table. Une place semble libérer et sans demander la permission à ces chers messieurs je prends place à leur côté, en prenant bien soin de déposer une poignée de cristaux sur leur table.

« On m’a dit que si je voulais des informations c’est vous qu’on devait voir… »

Ils se consultent du regard, un petit sourire s’affiche et une main s’approche des cristaux. D’un coup sec, je tape sur le lot et les regarde droit dans les yeux prenant un air sombre et sérieux.

« Pas de mensonge, que la vérité, sinon… »

J’ouvre la bouche sortant ainsi mes crocs qui sortirent de leur cavité. Ma dentition est déjà bien impressionnante, mais je dois dire que les crocs, ça marche toujours. Du coup, j’ai le droit à des hochements de tête rapide et j’enlève ma main du pactole qu’ils récupèrent aussitôt. Je range mes armes et leur souris avant de me rapprocher afin de parler à voix basse.

« Donc, pour quelle raison deux fermiers voudraient se tirer dans les pattes?
- Vous voulez parler de Engus et Morrinsson?
- En effet.
- Ah, eux, ça fait longtemps qu’il se tape dessus, mais y semblerait que ça se soit aggravé.
- Mmh? Mais encore?
- Bah, une histoire de dette impayée ou quelque chose du genre. Ils se connaissent depuis longtemps.
- Enfin, on raconte même que ce n’était pas totalement des enfants de choeur dans leur jeune temps. Mais bon, aujourd’hui, ils n’intéressent plus personne. Ils sont vieux et à moitié séniles.
- Y’a quelqu’un qui les connait depuis ce temps?
- Y’a la boulangère et son mari.
- Parfait. Merci de votre coopération. »

Je retourne alors à ma table et m’assieds au côté de Fenrir. Je finis d’une dernière gorgée ma pinte et lui sourit à pleine dent.

« Bon, je vais prendre la chambre. Ça te laisse le temps de finir ton verre. On a encore du boulot demain. »

Comme de fait, je me dirige vers le tavernier et lui loue une chambre pour deux. Je paie la somme totale pour la nuit et prends la clé avant de me diriger à l’étage. Quand Fenrir me rejoint, je lui raconte tout ce que les deux hommes on put me dire après m’être posé sur mon lit.

« Bon, on est mieux de se coucher, on a encore du pain sur la planche demain. »

Skaemp

Enfin dans la chambre pour se reposer. La journée n’a pas été spécialement longue, mais je ne m’attendais pas à jouer les détectives surtout que je suis plutôt du genre à frapper avant de poser les questions alors c’est beaucoup d’effort pour moi. Je retire mes bottes et mes épaulières avant de m’allonger sur les draps. Je garde à une portée de bras mon arc pour l’utiliser au moindre risque. Enfin, je ne pense pas en avoir besoin et je ne crois pas que quelqu’un nous en veuille spécialement.  Je pousse un petit souffle par le nez alors que je l’écoute me souhaiter la bonne nuit et surtout, j’essaie de ne pas rire lorsque je le vois déplacer son lit du mien. Est-il vraiment sérieux? Ce n’est pas deux pas de plus qui vont me donner un peu plus d’intimités comme il dit sien bien. Je ne sais pas qui de moi ou de lui à le plus besoin d’intimité en ce moment.

« Hm hm, bonne nuit Fenrir. »

Je dois dire que même si je suis allongée et en sécurité, j’ai du mal à trouver le sommeil. Alors que je suis sur le dos, j’observe le plafond un moment mes pensées vaguant jusqu’à un certain homme dont j’attends le retour avec impatience. Que fait-il? Où est-il? Pense-t-il aussi à moi alors que nous sommes loin l’un de l’autre? Souhaite-t-il toujours que je vivre avec lui? Je sais que nous nous connaissons depuis peu, mais mon esprit ne peut s’empêcher de penser à lui. Je l’ai dans la peau si on peut le résumer ainsi. Je pousse finalement un dernier soupir et me tourne sur le côté faisant dos à Fenrir et je ferme les yeux.

Mes yeux s’ouvrent de bonne heure et je n’ai pas trop de difficulté à me redresser. Je ne dors que très peu par nuit et Fenrir semble aussi être matinale que moi. D’ailleurs, il se lève un peu alors que pour ma part je reste allongée en plaçant mes bras derrière ma tête. Pour une raison obscure, ce dernier souhaite me payer le petit déjeuner et il s’empressa d’ajouter que c’était seulement si je le voulais, mais qu’on n’était pas obligé.

« Ah, Fenrir, Fenrir, Fenrir, toujours aussi mal à l’aise à ce que je vois. »

Je me redresse finalement d’un coup et me mets sur pieds enfilant les épaulettes que j’avais retirées tout en remettant mes bottes. J’ajuste ma cape sur mes épaules et remets mon carquois à sa place. Je m’avance vers lui tout en déposant mes deux mains sur ses épaules et je plonge mon regard dans le sien.

« Si tu veux inviter quelqu’un à prendre le déjeuner, invite-le tout simplement. Ne rajoute rien par la suite. Là tu me donnes l’impression que tu te sens obligé de me l’offrir. Ais un peu plus confiance en toi, bon sens! Personne ne va s’en prendre à toi pour une simple invitation! »

Bon assez de contact avec ce dernier, je retire aussitôt mes mains de ses épaules.

« Pour ma part, je ne dirais pas non à un bon déjeuner, œuf, bacon, saucisse avec un peu de pain! Puis de toute façon, il est peut-être un peu trop tôt pour se rendre immédiatement à la boulangerie du coin. »

On descend donc en bas, je remets la clé au patron et prend place pour se remplir la pense. Les portions sont tout de même généreuses et je ne m’en plains pas surtout que ce n’est pas moi qui ai à payer. Je pourrais lui poser des questions un peu plus personnelles, comme d’où il vient, s’il a de la famille dans le coin, mais au vu de son comportement initial, je ne préfère pas m’aventurer sur une pente glissante. Il me semble jeune, bien qu’adulte, mais je ne peux pas juger son parcours. Je vis seule depuis mes dix-huit ans dans la forêt et me suis fourrée dans le pétrin toute seule comme une grande aussi.

« Bon, que je dis en poursuivant de façon à ce que seule Fenrir puisse m’entendre, si nos deux employeurs ont un passé commun houleux et qu’ils s’emmerdent pour une question de dette, tu crois qu’il se serait passé quelque chose qui aurait amené un à devoir une dette à l’autre? Genre un mauvais coup qui a mal tourné et le second la sortie de la merde, sauf qu’aujourd’hui il demande à ce que sa dette soit remboursée et il refuse. Du coup, l’un essaie de faire tomber l’autre. Ça pourrait tenir et si c’est vraiment le cas, faudrait trouver la source de ce mauvais coup jamais dénoncé et les menacer avec ça pour récolter un peu plus d’argent, et pourquoi ne pas les dénoncer par la suite si on trouve assez de preuves. Enfin, faudrait voir avec la boulangère ce qu’elle sait. Si ça se trouve, je suis complètement à côté de la plaque aussi. »

Pour la suite, je compte bien laisser Fenrir interroger la femme et son mari. Je veux voir comment il se débrouille dans ce genre de situation. Puis il a une bonne bouille. Les femmes aiment bien les jolis garçons dans son genre, il faut en profiter!

Skaemp

En effet ce qui était étrange, c’est que nous soyons tous les deux sur cette affaire, mais ils ne pensaient peut-être pas que chacun d’eux aurait demandé de l’aide de mercenaire dans notre genre afin de faire tomber l’un où l’autre. Sauf que s’ils sont vraiment vieux et séniles comme le disait très bien nos informateurs de la taverne, peut-être qu’ils sont juste trop cons pour réaliser la bêtise qu’ils sont en train de faire. Ils ne pensaient sûrement pas qu’une véritable pisteuse et chasseresse passerait par là. Je ne connaissais pas exactement les compétences du jeune homme avec moi, mais il semblait en être venu aux mêmes déductions que moi.

Enfin, on se dépêche de manger et Fenrir semble un peu plus confiant dans ses paroles et signale le coup de départ allant payer par la même occasion. J’ai un petit sourire qui s’affiche sur mes lèvres et je me mets aussitôt debout. C’est amusant le taquiner, mais j’espère que si cela le rend inconfortable il daignera au moins me le mentionner. Je ne veux pas qu’il y ait un quelconque problème entre nous deux. D’ailleurs en prenant un peu de recul j’ai l’impression de me revoir la première fois avec Valentino. Sauf que contrairement à lui, j’ai le côté dragueur et beauf en moins.

« Bien, je te laisse donc parler à la dame. J’allais justement suggérer que tu prennes la tête de la suite de cette petite enquête. Après tout, mise à part intimider les gens, je crois que je vais avoir du mal à obtenir de quelconques informations justes avec ma tête. »

Je reprends mon arc que je place en bandoulière derrière moi et suit donc mon partenaire du moment. Une fois à la boulangerie, je renifle doucement les bonnes odeurs qui nous entourent tout en observant les pâtisseries d’un œil intéressant. Je dois dire qu’en manger ne me sert absolument à rien. M’enfin! Je ne suis pas venue ici pour me remplir l’estomac de petits pains ou de brioches! On est là pour le boulot. Je lève donc la tête tentant d’écouter la conversation entre Fenrir et la boulangère. Je ne m’en mêle pas loin de là, car je sais qu’au ton de voix de la dame, qu’elle ne parlera pas plus. Elle semble même réaliser qu’elle a trop parlé.

Du coup, on sort de la boutique et il me demande mon avis. Deux coureurs de jupons qui se partageaient leur femme, avec un en plus de cela un passé de mauvais garçon. Une dette qui aurait rapport avec la mort de la femme de M. Engus qui, depuis, ne tolère plus l’un l’autre. Bon disons que je n’ai pas très envie de donner mon avis en plein milieu de la rue, du coup je prends ce dernier par le poignet, sans faire pression, et je nous dirige vers la première ruelle entre deux bâtiments où personne ne passe.

« Tu penses que ça pourrait être une histoire de meurtre? Enfin, je ne sais pas trop. Peut-être que sa femme avait découvert quelque chose et que Morrinsson a obligé Engus de la faire taire.  Je me frotte le front. Je n’aime pas du tout la tournure de cet évènement. Peut-être qu’il faudrait refiler l’enquête à des gardes si c’est le cas, tu ne crois pas? »

Mais qu’est-ce que je suis en train de dire moi? Je serais prête à abandonner mes cristaux pour une bande de petits soldats qui serait plus compétente dans la matière que nous? Je secoue doucement la tête alors que l’image de deux hommes s’affiche dans mon esprit et qui me fait faire un petit « tsss ».

« C’est quoi ton avis à ce sujet. J’espère complètement être à côté de la plaque pour ma part. Déterrer des cadavres, ce n’est pas mon fort. À moins qu’il y aille un trésor avec, là ça pourrait passer… »

La deuxième partie est surtout là en guise de blague. Que ferait Valentino ou bien même Devon, s’ils s’étaient retrouvé dans notre situation? Je fais des blagues sur un trésor qui pourrait se trouver dans une tombe, mais tout de même, je n’ai pas l’intention d’aller déranger le dernier repos d’une femme qui n’a rien demandé. De plus, c’est un crime et si je veux pouvoir avoir la conscience tranquille lorsque je retrouverai Devon, je ne dois pas salir d’avantage mes mains. Dans tous les cas, ce dernier se serait certainement retourné vers la garde afin d’y expliquer leur découverte. Valentino, lui, je ne peux pas vraiment m’y fier. Il aurait très certainement continué l’enquête puisqu’il s’agit de son métier. Moi je suis une simple chasseresse qui parfois fait des choses pas très nettes pour arrondir mes fins de mois. Vouloir faire du chantage aux hommes est aussi punissable par la loi, mais je me sens moins coupable dans un sens, parce que s’ils ont fait un sale truc, fallait bien que quelqu’un s’occupe de leur donner la monnaie de leur pièce, non?

Enfin, j’écoute quand même ce que Fenrir pense de cette histoire. Il n’est pas très à l’aise concernant la tombe, tout comme moi d’ailleurs.

« Écoute, on a été engagé pour chasser une bête sauf qu’on a clairement vu tous les deux qu’il n’y en a pas. C’est clairement des humains qui ont saccagé les plantations de chacun. On a essayé de voir par-ci ou par-là qu’est qui pourrait les avoir poussé à faire cela. Mais là c’est clairement au-delà de mes compétences. Je ne veux pas fourrer mon nez là où il ne faudrait pas, alors que j’essaie de revenir sur le droit chemin et que je suis déjà bien embêtée par autre chose. Je ne suis pas spécialement amie avec la garde, mais disons qu’il faudrait leur faire savoir tout ce que l’on sait. »

Après un court débat, nous prenons donc une décision commune. Il faut reporter à la caserne la plus proche tout ce que nous savons. Tant pis pour notre prime. La capitale est trop loin, mais il me semble avoir croisé dans u village voisin une petite caserne. Du coup, lors de notre voyage, nous essayons de nous montrer convaincants. On ne veut pas avoir l’air de personnes louches, même si c’est déjà la cas, mais on doit leur prouver que l’enquête en vaudra le déplacement. Je m’assure avec Fenrir de ce qui devra être dit et une fois arrivé là-bas, mon compagnon semble de moins en moins à l’aise alors que le ciel commence à s’assombrir. C’est normal, après tout, s’il n’aime pas la présence des autres. Enfin, à la dernière minute ce dernier se désiste ne souhaitant pas entrer dans le bâtiment. Peut-être qu’il a des choses à cacher? Je n’insiste donc pas et continue seule.

J’explique alors au garde Jhones tout ce que je sais et vu. En commençant bien évidemment par le début. Deux fermiers ont demandé de l’aide pour chasser une bête qui aurait saccagé une partie de leur plantation. M. Morrinsson aurait déclaré avoir perdu des poules, mais aucune trace d’infraction causée par une bête n’a été observer et comme par hasard, M. Engus, éleveur de cochons, possède une poule sans poulailler de la même race que son voisin? C’est plutôt étrange lorsqu’on voit que les plantations ont été saccagées par l’homme? Les coupes et les traces observer n’avaient rien d’animal. Donc résultat, il n’y a pas de bête, alors pourquoi engager deux mercenaires voir chasseur pour cela? Avec les bonnes questions posées au bon endroit, on finit par découvrir que les deux hommes n’étaient pas enfant de chœur par le passé et qu’ils étaient aussi connus pour leur côté coureur de jupons où partager ne leur dérangeait pas, sauf que depuis la mort de la femme de M. Morrinsson, le duo semble se faire la guerre. Que cachent-ils vraiment? Quelle est cette histoire de règlement de compte et de dette non payé? Il y a anguille sous roche, mais ça, finalement, c’est à la garde de le découvrir.

Ma déposition maintenant faite, je leur laisse les affiches des demandes de chacun d’eux pour les adresses puis je sors retrouvé mon compagnon qui ne semble plus là? Je tourne un peu sur moi-même, l’appelle doucement, parce qu’il ne doit pas être bien loin, mais aucun signe de lui. Je marche un peu dans le village, demande au premier passant s’il ne l’aurait pas vu. Mais, non rien. C’est dommage, je lui aurais bien dit au revoir et souhaité bonne chance pour la suite. Le ciel semble prêt à déverser son torrent de pluie. Les premières gouttes tombent et je me dépêche de trouver refuge. À peine arrivé sur le balcon de l’auberge, le ciel est zébré d’un éclair suivi du son du tonnerre. Un rideau s’abat finalement d’un coup et le hurlement d’un loup se fait entendre au loin. C’est étrange… Enfin, j’entre et me choisis une table de libre. J’espère que l’orage ne durera pas trop longtemps.


Skaemp