(Rebecca : ) - Soit, nous allons vous suivre. Mais cela ne veut pas forcément dire que nous sommes prêt à vous suivre les yeux fermés.
C'est ainsi que vous allez suivre le couple Salner. Ils contournent les murs de la capitale pour se diriger vers les quartiers pauvres. Là bas, il n'y a que peu de gardes et encore moins de surveillance... Il vous emmene dans une petite maisonette lorsque vous passez les portes, une drôle d'odeur vous vient au nez. Il y a de la fumée partout, vous avez l'impression de nager en plein brouillard...
Mais n'est-ce qu'une impression ? Vous sentez vos paupières lourdes, votre corps ne bouge plus aussi bien que vous le voulez... vous peinez à avancer... vous avez sommeil... Un piège ?
Et vous vous effondrez sur le plancher.
Vous vous réveillez soudainement : autour de vous, un paysage étrange. Des ruines d'une cité, elle ne ressemble pas à la cité enfouie, elle est au milieu de plaines, des morceaux de murs flottent au dessus de vos têtes, tous semble sans dessus dessous... Comme un rêve. Qu'est-ce que vous faîtes tous les deux dans cet endroit ? Et surtout, qu'est-ce qui vous est arrivé avant votre sommeil ?
HRP : En réalité, vous pourrez l'apprendre ou le deviner plus tard, cette fumée est une sorte de dérivé de la pastille de rêve et vous voilà tout deux enfermé dans ce rêve ou tout peut arriver...
RÊVE DROGUÉ
Rebecca et Calixte suivent le couple Salner aux travers de plusieurs rues et dédales inconnues de l’aventurière. Au moins maintenant, elle sait quel chemin prendre pour éviter les gardes.
Plus ils avancèrent, plus les maisons et le sol devenaient piteux, délabrés. « Les quartiers pauvres » se dit-elle. Elle n’a pas l’habitude de se balader de ce côté là de la capitale, préférant être la où al sécurité est tout de même présente.
- Venez, rentrons.
L’homme Salner pousse la porte d’une petite maison de ville. Celle-ci grince et s’ouvre sur une pièce plongée dans le noir. Rebecca est peut-être curieuse, mais pas au point de suivre bêtement des inconnus.
- Qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ?
Dans un sourire malicieux, la femme Salner déclare qu’il faut mieux laisser la surprise, sinon cela ne sert à rien. Dans un regard vers Calixte, l’aventurière fait un pas vers la maison, et rentre dans les ténèbres.
De l’autre côté, que du noir. Puis une lumière s’alluma. Il y a de la fumée de partout. Elle s’accroche aux vêtements, aux cheveux. Rebecca ne peut pas s’empêcher de la respirer. Et plus elle reste dans la pièce, plus sa tête tourne, elle sent son esprit vibrer puis, soudainement, s’éteindre.
Rebecca se réveille sur de l’herbe. De l’herbe bien douce, qu’une légère brise fait onduler. Sa tête lui faisait mal , mais elle réussit tout de même à se mettre en position assise. Les environs sont complètement différent. La maison de ville des quartiers pauvres à fait place à des plaines sans fin. En face d’eux, une espèce de cité en ruine, à quelques heures de marche de leur position. Et de chaque côté, des morceaux de pierres plus ou moins gros flottent dans les airs. Quelle est donc cette magie ?
Tout cela ne peut pas vraiment exister. Il n’y a pas de cité volante dans le royaume d’Aryon. Tout ceci ressemble à… Rebecca se lève et regarde si tout va bien pour Calixte. Pour vérifier que son hypothèse est bonne, elle imagine une pomme, là, dans le creux de sa main tendue. Et puis, elle commence à apercevoir quelque chose se former. D’un rouge sang. La pomme se matérialisa dans sa main. Son hypothèse est la bonne ailleurs.
- Calixte...nous sommes dans un rêve. Comment...comment cela est possible ?
La dernière fois qu’elle a fait un rêve avec quelqu’un d’autre, c’était dans la Cité Enfouie, avec son ancienne camarade. Mais elle avait pris quelque chose exprès pour. Là… la fumée !C’est la fumée. Mais comment ? Et pourquoi le couple Salner les a fait rentrer dans un rêve ?
- Venez, rentrons.
Même s’ils n’avaient jusque là montré aucun signe d’hostilité, rien ne leur affirmait qu’Othurn et Chica Salner ne les amenaient pas dans un coupe gorge. Répondant d’un sourire à la défiance de Rebecca, l’homme les invita à profiter de la surprise. Après un nouvel échange de regard, sur leurs gardes, les deux amis s’engouffrèrent dans la maison obscure aux relents de… piège. Piège, piège, piège. La fumée l’enveloppa comme une amante échauffée, et il reconnut lointainement son parfum particulier. Cherchant du bout des doigts Rebecca, il n’eut cependant pas le temps de les mettre à l’abri avant de sombrer dans l’inconscience.
Lorsqu’il ouvrit les yeux, il mit un moment à comprendre où il était. Ce qu’il se passait. Il était allongé dans l’herbe, sur un paysage de plaines et de ruines. Sa tête était lourde, ses pensées pâteuses. Fermant les paupières, il essaya de se concentrer. Il était… il était pourtant arrivé à la Capitale, non ? Avec Rebecca. Après une journée fort pénible. D’ailleurs…
- Reb ? Rebecca ?
Une notion plus urgente lui fit à nouveau ouvrir les yeux et s’assoir dans un sursaut.
- Vreneli !? Ooow, gémit-il alors que sa tête lui tournait suite au mouvement brutal.
Un bloc de pierre passa devant lui, et il eut un moment de pause. Quoi ?
- Calixte...nous sommes dans un rêve. Comment...comment cela est possible ?
Son regard se dirigea automatiquement vers la source des propos, et tomba sur la silhouette décontenancée de Rebecca. Elle tenait en main une pomme d’un rouge vif, surnaturel. Le couple Salner. La maison. La fumée.
- Drogués. On a été drogués, conclut le coursier en se frottant les tempes. Probablement. La fumée dans la maison où nous ont amenés les Salner, tu te souviens ?
Un serrement dans sa poitrine à la pensée de son teisheba livré à lui-même… et Vreneli apparut devant lui. Quoi ?
- C’est un rêve. On peut faire apparaitre des choses par la pensée, lui indiqua l’aventurière en lui montrant sa pomme.
- Un peu comme les pastilles de rêve ? demanda-t-il en fronçant les sourcils tandis que son « faux familier » s’amusait à envoyer des éclairs contre les petits blocs de pierre flottant autour d’eux. Je n’en ai jamais utilisé, mais j’en ai entendu parler.
Il avait d’ailleurs partagé une brève conversation amusante avec Zahria sur le sujet, mais ça avait été la limite de son implication. Il y avait tout un tas d’autres possibilités pour la communication à distance, alors avec qui aurait-il pu s’aventurer à partager un rêve ?
Naëry lui rendit son regard, et il s’étrangla avec sa salive.
- On peut faire apparaitre des gens ?! s’exclama-t-il avec une pointe d’hystérie.
- Normalement faut y penser un minimum…
- Alors là c’est vraiment cocasse, fit Apolline en riant à côté de lui.
Il plongea sa tête entre ses mains tandis que la trousse de cuir de rêve se lançait dans une conversation avec le Naëry de rêve. … Il y avait une inflexion toute dangereuse à cette formulation. Grommelant derrière ses doigts, le coursier se dit que finalement ce rêve tenait plus du cauchemar. Si la moindre de ses pensées un peu trop persistante prenait « vie », ils n’étaient pas sortis de l’auberge ! Avec tous les squelettes dans son placard…
- Moi c’est Ruth !
- Naë.
Parlessaintsmammelonsdecettepouffiassedesoidisantdéessedelachance ! Il se releva d’un bond et saisit les épaules de Rebecca avec urgence.
- Il faut qu’on se barre d’ici !
- Dis tout de suite que la compagnie est mauvaise ! En parlant de mauvaise compagnie, est-ce que je t’ai raconté la fois où la Vieille Quenotte est passée au bureau avec son dossier sur l’importance des arcades dentaires ?
- On peut se forcer à se réveiller ? Y a un truc particulier à faire pour mettre fin au rêve ?
- Tu m’as pas dit qu’on pouvait pas ? C’est pas toi qui m’avais parlé des plantes ayant ce type d’effet ?
- Ou est-ce qu’on peut encore, d’une manière ou d’une autre, communiquer avec notre entourage réel ? Vreneli pourrait nous réveiller d’une impulsion électrique !
Vreneli !? VRENELI !! hurla-t-il mentalement dans l’infini espace du songe.
Seul le battement affolé de son cœur lui répondit, et une main familière sur son épaule.
- Respire, lui indiqua simplement Naëry.
Et par la force de l’habitude – et de tout un panel de raisons qu’il n’avait pas envie de regarder de plus près – l’espion s’exécuta.
- Pratique !
- N’est-ce pas ? Tu en as manqué des choses, Ruthabaga ! Même avant ; on n’a pas pu se poser pour en discuter.
- Il faut que tu me racontes tout ça ! Cal, tu me raconteras aussi ?
Il lâcha les épaules de Rebecca mais garda sa main dans la sienne, comme point d’ancrage. Réel. Tangible. Et tourna le regard sur la jeune silhouette de Ruth. Elle portait les mêmes vêtements que lorsqu’ils s’étaient croisés pour la dernière fois au repère des espions. La dernière fois avant son meurtre. Elle avait le même regard vif, les mêmes gestes impatients, la même présence volontaire que dans ses souvenirs.
- C’est une chance qu’on se croise là ! On va pouvoir te raconter tout ce que tu as loupé !
Et peut-être, après tout, était-ce finalement là bien une chance.
RÊVE DROGUÉ
- C’est un rêve. On peut faire apparaître des choses par la pensée.
Quand Calixte parle des pastilles de rêves, Rebecca ne peut s’empêcher d’avoir un frisson d’angoisse. Elle repense à ce qu’elle a vécu, à cause de cette chose.
- Oui...comme les pastilles de rêve...
A l’intérieur du rêve, ils peuvent tout imaginer, tout créer, de la petite maison en pierre au plus grand des château.
- On peut faire apparaître des gens ?!
Sa question interpella Rebecca. Pourquoi ? Elle n’avait jamais prit le temps d’y penser, trop occupée à revivre ses pires angoisses.
- Normalement faut y penser un minimum...mais oui, pourquoi pas
Oui, s’il était possible de faire apparaître un Wardän, il était tout à fait crédible de créer un être humain à partir de ses souvenirs. Un être humain...quelqu’un à qui on pense tout le temps, qui hante nos rêves. Rebecca avait très bien cette personne en tête. Elle le voyait partout, toujours. Ses longs cheveux blonds, ses yeux vairons, son armure colossale. Elle se força à fermer les yeux et à penser à autre chose. Le voir apparaître à ses côtés...voilà quelque chose qu’elle n’aimera pas. Elle préférerait retourner dans la Cité Enfouie et affronter une centaine de Wardän que de revoir Arthorias à côté d’elle, comme elle souhaite qu’il soit.
Mais au lieu de voir Arthorias, c’est Calixte qui s’accroche à elle, la prenant par les épaules.
- Il faut qu’on se barre d’ici !
- Mais pourquoi autant d’empressement ?
- On peut pas se forcer à se réveiller ? Y a un truc particulier à faire pour mettre fin au rêve ?
- Je...Je me souviens avec Zahria qu’il fallait qu’on soit en paix avec nous même.
- Ou est-ce qu’on peut encore, d’une manière ou d’une autre, communiquer avec notre entourage réel ? Vreneli pourrait nous réveiller d’une impulsion électrique !
Rebecca essaye de calmer Calixte, mais rien n’y fait. Le coursier était en proie à une peur intérieur que l’aventurière n’arrivait pas à comprendre.
- Calixte, qu’est-ce qui se passe ? De quoi as-tu peur ?
Et puis elle comprit enfin ce qu’il se passe. Un homme et une femme se tenaient devant eux. L’homme était grand, les cheveux noirs et un regard de la même couleur. Il possède une cicatrice à droite de son visage. Il était beau, très beau même. La femme, quant à elle….et était vraiment magnifique.
Rebecca n’en connaissait aucun des deux. C’était donc l’imagination de Calixte qui les a fait venir.
- Qui sont-ils, Calixte ?
Comme elle l’a dit, la seule possibilité de faire apparaître quelque chose, c’est d’y penser vraiment. C’est simple pour un objet sans vie, beaucoup plus dure pour quelque chose de vivant. Il faut vraiment le vouloir, pour en faire apparaître deux d’un coup.
- Ruth, présenta-t-il à Rebecca en indiquant l’adolescente, jeune adulte. Recrue de la Garde. Elle était… comme une petite sœur.
Elle renvoya un sourire éclatant au sien humide.
- Elle est décédée. Elle a… été tuée. Peu de temps avant mon départ pour le Grand Port.
Sa main se tendit vers la jeune fille qui l’attrapa, et il l’attira doucement contre son cœur. S’accrochant au souvenir, au rêve, à l’empreinte de sa flamme. Les yeux fermés il reconnaissait la douceur des mèches, le parfum de la peau, l’énergie du jeune corps. Si péniblement authentique. Et pourtant. Il y avait aussi là une autorisation inespérée. Une occasion à saisir.
- Tu me manques.
- J’espère bien que je te manque ! rit-elle dans le creux de ses bras. Mais ça suffit le mélodrame ! Apo a plein de choses à me raconter, et toi aussi ! A commencer par…
Son regard suivit celui de Ruth, pour se poser sur la silhouette familière de Naëry. Comme il était étrange d’interagir avec ces reconstructions oniriques. Etaient-elles un tant soit peu fidèles à leurs imitations, ou n’étaient-elles dépendantes que de la vision filtrée de leur géniteur ? Du rêveur ? Après un temps d’hésitation, il présenta à Rebecca – et à Ruth – l’aventurier :
- Naëry.
Y avait-il encore, dans sa voix, une pointe perceptible de son attirance pour l’homme ? Physique. Sentimentale.
Sans doute. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis la révélation de son attraction inappropriée, et le meurtre de Ruth avait pendant de longues lunes anesthésié une partie de ses émotions. Mais il était difficile d’oublier, d’effacer, cette tendresse, ce désir, qui s’étaient insidieusement établis au creux de son cœur.
- C’est…
- Le beau gosse ténébreux qui émeut son petit soldat, conclut crûment Apolline avant d’éclater de rire alors que Calixte la balançait instinctivement à travers la plaine.
Au moins certaines choses ne changeaient pas, que ce fut en rêve ou dans la réalité.
- Petit soldat ?
- Toi, tu n’es pas réel. Alors chut, ordonna le coursier le rose aux joues. En paix avec nous-même ? poursuivit-il en réfléchissant enfin aux propos de plus tôt de Rebecca. Comment veux-tu que je sois en paix avec moi-même en la présence d’une amie chère en réalité morte, et celle d’un homme que j’ai… pour lequel j’ai des sentiments tout à fait inappropriés !?
Son ton avait atteint des notes échauffées, agacées, peinées. Et il ne se sentit que davantage coupable à passer son humeur sur son amie.
- Je… suis désolé. Excuse-moi, fit-il en posant son front contre l’épaule de Rebecca. Je suis juste…
Effrayé des possibilités. De la reviviscence de ces blessures. De celle des émotions. Elles qui avaient si bien été occultées sous les strates du deuil et du devoir. Enterrées sous le piétinement de sa fuite en avant. Il y avait là une chance à saisir ; mais avait-il seulement le courage de la prendre ? Il soupira. Et comme Naëry l’y avait incité quelques minutes plus tôt, il se recentra sur sa respiration.
- S’il s’agit d’une nouvelle épreuve pour l’Organisation, ils n’auraient pas pu mieux choisir, grommela-t-il finalement en se détachant de l’aventurière. Niveau torture mentale on est…
Du mouvement au coin de son champ de vision attira son attention, et son cœur rata un nouveau battement. En parlant de torture… Cette silhouette, comme cette chevelure, était aisément reconnaissable pour tout garde ayant un jour été affecté à la Capitale. Il adressa un regard prudent à Rebecca.
- Hum Reb ? Il y a, heu… Arthorias. Arthorias Hekmatyar.
Dans un rêve tout peut arriver n'est-ce pas ? Vous savez que rien n'est réel ?
Quelques minutes après la dernière apparition d'Arthorias, vous sentez un bruit d'effritement... Qui se rapproche.
C'est quand il se trouve à quelques mètres seulement de vous que vous le voyez : les ruines, la plaine, le sol sur lequel vous êtes en train de s'effriter. Des fissures apparaîssent entre vos jambes et vous ne pouvez pas aller bien loin, vous êtes piégé sur une petite île flottante maintenant... Prête à sombrer.
Autour de vous il n'y a que du ciel et ce petit morceau de terre, avec vos compagnons oniriques.
RÊVE DROGUÉ
Calixte serrait de plus en plus la main de la pauvre Rebecca. Mais elle ne se sentait pas le courage de l'enlever. C'est la première fois qu'elle voit le coursier dans un tel état. Et, même si elle ne sait pas forcément comment réagir, elle voudrait rester à ses côtés. En tant qu'amie. Oui, en tant qu'amie ! Car c'est comme ça qu'elle le voit maintenant, un ami cher à son cœur.
Mais finalement, l'homme lâcha sa main pour attraper l'illusion dans ses bras. Ruth, une nouvelle garde, qui doit être morte dans l'exercice de ses fonctions. C'est triste pour elle, elle a l'air si jeune. Il lui restait tant de chose à faire dans ce monde...La vie de garde est dangereuse, ils ne sait jamais sur quoi il va tomber : une bagarre de taverne qui se transforme en scène de meurtre, une intervention tout ce qu'il y a le plus banale qui se fini en bain de sang. Rebecca connaît trop bien cette sensation de n'être en sécurité nulle-part, à faire les cents pas chez elle en attendant un retour providentiel qui n'arrivera que tard dans la nuit.
Elle sent que quelque chose lui touche l'épaule. Elle ressent la chaleur de sa peau à travers la froideur de son armure. Elle reconnaît les battements de ce cœur qui battaient à l'unisson avec le sien, il n'y a pas si fort longtemps. Elle sent le chatouillement agréable de ses cheveux contre sa joue quand il se penche vers son oreille.
- Tu es au courant de cette émotion, hein...celle de ne pas revoir l'être cher franchir le pas de la porte...
Rebecca vacille légèrement, mais ne laisse rien paraître. Tous ces évènements ne font que la rendre instable. Elle ferme les yeux et calme son esprit. "Détends-toi". Comme si une simple demande comme celle-là aller pouvoir faire quelque chose.
Ce fut le tour de la présentation de l'autre création de l'esprit de Calixte. L'homme avait un magnifique sourire, presque charmeur. Si elle l'avait croisé dans la rue, oui sans nulle doute, Rebecca se serait retourné à son passage. A cette pensée, elle sent qu'on sourit juste à côté de son oreille. Vacillement, concentration, reprise. "Allez Rebecca, ne te laisse pas aller. Concentre-toi".
Calixte la tira de sa rêverie. Le coursier la prit dans ses bras et posa sa tête contre son épaule. Doucement et en regardant l'horizon, Rebecca lui caressa les cheveux. C'est pour l'apaiser, mais surtout pour l'apaiser elle. Son coeur battait la chamade, comment faire pour l'arrêter ?
- Calme-toi, Cal...tout va bien se passer.
- En es-tu sûr, ma Rebecca ? Ou est-ce juste un moyen pour te calmer ?
- Va-t-en.
Son ton est sec, froid et rude. Calixte, pensant que c'était pour lui, relève la tête. Rebecca le sent se crisper encore un peu plus, mais continue de lui caresser les cheveux pour l'apaiser. Quand il déclare tout haut ce qu'elle pense tout bas, l'aventurière ne put se retenir de fermer les yeux. Elle n'aurait pas été aussi chamboulée si cette création ne se montrait pas autant amicale avec elle.
-...je sais. Ne fais pas attention à lui.
Mais avant qu'elle n'est eu le temps de faire quoique ce soit, des bras s'enroulèrent autour de sa taille, et une tête blonde vient se poser sur son épaule droite, prenant la place de Calixte qui ne put que reculer. Elle sentait tout cet amour perdu compresser son coeur. Comme il est dur de vivre dans le passé....et encore plus de devoir l'oublier.
- Salut. dit Arthorias à l'attention de Ruth et de Naëry. Je suis Arthorias, compagnon de vie de Rebecca.
- Ex...ex-compagnon de vie
Et alors que tout dans leur coeur se faisaient la malle, c'était maintenant au tour du terrain. Les ruines, la plaine...tout le terrain est en train de partir en poussière. La terre s'ouvre entre leurs jambes, les forçant, tous les cinq à se retrouver sur une petite île d'à peine 200 mètres de surface. Suffisamment pour se tenir à distance les uns des autres, mais pas assez pour calmer ses émotions et ses sentiments.
- C'était une grosse secousse ! commence Arthorias.
- On dirait que ça s'est enfin terminé. continue Naëry.
- Vous pensez qu'on a des risques de tomber ? fini Ruth.
Une bien belle brochette de regret, de souffrance et de tristesse. Pendant que les trois créations se présentaient, Rebecca s’exilait un peu. Elle avait besoin de réfléchir, de mettre à plat tous ses sentiments. Elle pensait avoir tourner la page, avoir fait son deuil. Elle qui avait réussit à ne pas faire de trop grosses crises...sauf quand elle à rencontrer l'autre, bien sûr. Elle avait tenu les faux-semblant devant tout le monde. Alors pourquoi maintenant ?
- Ô...ma pauvre enfant...Regarde là, Marie, elle a l'air si triste.
- Ne pleure donc pas, petite fleur. Nous sommes là. Papa et maman sont revenus.
En contre-bas de l'île, flottant dans les airs tels des oiseaux, deux nouvelles silhouettes se distinguent. Un homme et une femme d'une cinquantaine d'année. Leur visage est tirés par un nombre incalculable de rides. Leurs yeux sont ternes, dénués de vie. Et leur sourire, leur sourire rappelle tellement de souvenir..Rebecca revoit leurs bras autours de ses épaules, leurs baisers remplis d'amour sur son front avant d'aller se coucher, la chanson qu'ils lui chantaient pendant la toilette. Elle revoit également leur corps, pendu, sans vie, dans le salon de son ancienne maison. Elle ressent la colère, la tristesse, de ce qu'elle a vu, entendu, perçu. Tout son corps se met à trembler, ses yeux se chargent d'eau.
- Ca...Calixte !
Rebecca repart en courant vers le coursier. Arrivée à sa hauteur, elle se jeta dans ses bras et, doucement lui glissa un mot au creux de l'oreille.
- Tout ceci...tout ce qu'on voit...ce sont tous nos regrets. Toutes les personnes qu'ont a perdu trop tôt, avant de pouvoir leur dire ce qu'on ressent vraiment.
Oui, c'était clair maintenant. Il s'agit là de tous les actes manqués de Calixte et de Rebecca. D'un côté, la jeune Ruth qui est morte trop tôt et le beau Naëry. De l'autre, l'ex-mari Arthorias et les parents morts trop tôt également. L'objectif de cette entrée en force dans un rêve devenait de plus en plus clair : il fallait que les deux personnes arrivent à faire la paix avec leur souvenirs et leurs regrets. Ou du moins, assez se pardonné pour pouvoir sortir d'ici.
Il n’eut cependant pas l’occasion de mettre des mots sur son questionnement, car la terre vacilla soudainement. Comme si les fêlures de leur cœur prenaient soudainement vie dans l’essence de ce rêve. En nappes de terre et de pierre, l’espace se délita peu à peu pour ne finalement laisser que le petit îlot où ils se trouvaient. Suffisamment grand pour leur permettre d’évoluer sans se marcher dessus. Trop petit pour échapper à certaines attentions. Et puis, quelques fissures zébrèrent le sol entre leurs jambes, majorant le sentiment d’urgence ambiant. Pouvait-on mourir en rêve ? Cela ne serait-il pas la solution ? Un risque un peu cher payé, si ça n’était pas le cas. Rebecca se décrocha d’eux pour probablement mettre un peu d’ordre dans ses propres pensées. Le temps d’un instant, Calixte hésita à la rejoindre pour lui offrir le confort de ses bras. Mais il savait qu’ils n’avaient pas la même approche des difficultés, et il laissa donc son amie profiter d’un temps de répit.
- Il y a des roses qui t’attendent, lui souffla Apolline.
Et son regard se porta sur l’étrange groupe imaginaire constitué par Arthorias, Ruth et Naëry. La rédemption avait un goût de culpabilité.
- Mais si tu préfères continuer l’auto-flagellation, je connais un lieutenant au Grand Port dont la discipline doit porter jusque dans la chambre.
Il allait répondre lorsque Rebecca revint soudain vers lui complètement chamboulée. Accueillant à son tour le corps tremblant de l’aventurière, il la serra contre son cœur, les yeux à l’affût du nouvel élément qui avait pu autant bouleverser son amie. Deux nouvelles silhouettes étaient apparues non loin, un couple d’une cinquantaine d’années. Et alors que le Capitaine de la Garde Royale se tournait vers les nouveaux venus pour les accueillir d’un sourire, il se présenta comme leur gendre. Fronçant les sourcils, l’espion se rappela que dès leur première rencontre Rebecca lui avait fait part de la mort de ses parents, lors de la faillite de leur commerce.
- Tout ceci...tout ce qu'on voit...ce sont tous nos regrets. Toutes les personnes qu'on a perdues trop tôt, avant de pouvoir leur dire ce qu'on ressent vraiment.
Il resserra son étreinte autour du corps de son amie, comme son cœur accusait une nouvelle contraction mélancolique. La terre bougea légèrement sous son pied, et il prit une nouvelle inspiration. Puisant dans la chaleur de Rebecca la force de ne pas céder à l’appel de la fuite.
- Je pense que tu as raison. Pour les regrets. Pour la paix avec soi-même. Pour tout ça. Et je ne sais pas s’il s’agit d’une nouvelle épreuve mais… malgré la douleur, et malgré le fait que tout cela ne soit qu’un rêve, peut-être est-ce finalement là une chance. Une chance de se libérer des mots qui n’ont pas été dits.
Ses mains remontèrent pour saisir doucement le visage de l’aventurière, et il posa son front contre le sien.
- Alors essayons de nous défaire de ce rêve qui s’effrite, et de gagner un peu de paix ; si Lucy le veut bien.
Les doigts s’enlacèrent, cordon de réconfort, de soutien. Et ils avisèrent ce qu’il restait de leur îlot. Ce qu’il restait d’eux. Finalement, ils se rassirent au centre de la petite plateforme verdoyante flottante, dos à dos, phalanges contre phalanges. Chacun face à ses regrets. Libre de les appréhender, de les affronter, de les embrasser. Libre de puiser force et secours dans la présence tangible de l’ami dos à soi. Libre d’écouter, et d’occulter, le cheminement de celui-ci. Et même s’il n’aurait probablement jamais imaginé – ni espéré – se retrouver un jour dans une telle situation, Calixte était bien content que ce fût Rebecca qui se trouvât avec lui face à celle-ci.
Son regard se porta sur Ruth et Naëry. Apolline roula à son habitude vers lui, et se positionna sur son épaule. Un peu plus loin, Vreneli s’amusait toujours à libérer quelques salves d’électricité. L’ambre rencontra le mordoré, et il sut instinctivement, avant le mouvement de tête de l’aventurier, par où il allait lui falloir commencer.
- Ruth…
- Enfin ! Apo m’a raconté une partie des derniers potins, mais il faut que…
- Ruth.
- J’ai manqué tellement de trucs ! Est-ce que tu savais que…
- Ruth.
- Pardon, pardon. Vas-y, dis-moi tout ! Et je veux tout, vraiment tout savoir !
- Bien sûr que tu veux tout savoir, et je voudrai tout te raconter, sourit-il avec une affection chagrine. Mais tu as déjà… tellement manqué. Et tu manqueras encore tellement. Et tu me manqueras. Je verrai encore certainement ton ombre au détour des couloirs, j’entendrai encore ton rire dans l’espace des pièces. Mais… je ne peux plus espérer te raconter aujourd’hui. Te raconter demain. Comme si l’on pouvait rattraper le temps ; parce que, précisément, tu n’en as plus.
- Comme t’y vas… Du coup ?
- Je penserai à toi comme l’empreinte chaleureuse, bien que brève, sur ma vie. Avec bonheur d’avoir partagé ton temps, lorsque tu en avais. Même si, encore un peu, peut-être quelques lunes ou davantage, j’aurai de la tristesse… et de la culpabilité.
- Attention Ruthabaga, parenthèse mélodrame.
- Mais ça ira mieux ? P’tet même que vous me vengerez. Moi j’y crois.
- … peut-être. Mais oui, ça ira mieux.
Malgré sa fuite en avant, il était encore riche d’âmes prêtes à prendre soin de la sienne. Comme les circonstances le montraient étonnamment.
- Mieux jusqu’à m’oublier ?
- Non. Jamais. Mais jusqu’à te laisser partir.
Elle lui sourit tendrement, avec cette pointe d'amusement qui lui était toute propre, et il sut que tout avait été dit.
- Et là, me laisseras-tu partir ?
Il accusa un vertige révélateur. Il était plus que temps.
- Oui. Oui, je te laisse partir.
Il lui rendit son sourire enfin, et elle s’étiola dans l’immensité onirique.
RÊVE DROGUÉ
Rebecca écoutait son ami commençait à faire la paix avec lui-même. Cela a l’air tellement simple… Assise dans l’herbe dos contre lui, elle rapproche ses genoux et plonge sa tête entre ses jambes pliées. Pourquoi est-ce si compliqué pour elle ? Quelqu’un s’accroupit en face d’elle. Elle ne veut pas lever la tête, elle ne veut pas affronter ses regrets. Elle ne veut rien, à part rentrer dans son monde et oublier tout cela.
- Petite Fleur...qu’est-ce qui ne va pas ?
- Peut-être est-ce parce que nous l’avons laissé seule, Marie ?
- Il y a peut-être de ça, oui.
Enfin, Rebecca décida de relever la tête. Il fallait leur dire, dire tout ce qu’elle avait sur la conscience. Le fait qu’ils l’ont quitté trop tôt, que tout est partie de travers depuis qu’elle est seule. Qu’elle a découvert ses pouvoirs de la pire des manière, qu’elle a vécu avec des inconnus qui se comportés comme sa famille. Que son cœur s’est refermé, emprisonnant pendant des années passées, et des années encore à venir, ses émotions. Mais aucun mot ne voulait sortir. Elle essayait pourtant, mais quelque chose bloquait.
- Nous sommes désolée, petite fleur…
- Nous savons que c’est de notre faute, à ta mère et à moi, que tu es devenue aussi...froide.
- Nous t’avons laissé seule si jeune...tu ne savais pas encore comment grandir et t’épanouir.
- Toutes ces dettes, ce magasin, cette vie…
Rebecca n’arrivait pas à répondre, son esprit est retourné dix ans en arrière. Elle se revoit dans cette chambre ténébreuse, ces seuls amis étant ses créations. Elle se souvient de cette pièce sans odeur, sans rien.
- Non...C’est moi qui doit m’excuser...
- Mais de quoi, ma chérie ?
- De ne pas avoir réussis à vous pardonner, et ceux, malgré le nombre des années.
Quatre bras s’enroulèrent autours de son corps. Elle ne pouvait pas sentir leur chaleur, mais bizarrement, elle se sentait bien, comme à sa place. Elle laissa alors aller ses larmes. Des petites, une ou deux, qui roulèrent sur ses joues.
- Papa...maman...je...je vous aime tant...
Et dans un dernier sourire, leur visage et leur corps disparurent.
La douceur d’un tissu contre sa joue humide, et il attrapa instinctivement celui-ci. Tout comme les doigts de Naëry.
- Ça va mieux Cal ?
Dans son dos il sentit deux paires de bras épouser le corps de Rebecca, et il se pencha à son tour légèrement en avant, vers la chaleur imaginaire de l’aventurier.
- Ça va mieux. Mais… j’en ai marre de me faire réparer, je voudrais quelque chose de suffisamment solide pour supporter les émotions fortes, comme tout le monde.
- On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser…
- Oui, sans aucun doute. Mais en dehors de Ruth, je... j’ai jeté mon cœur à la poubelle à force de t’aimer de travers.
- Le chagrin amoureux peut transformer les gens en monstres de tristesse.
- Et ça n’est pas grave. Je peux assumer être ce monstre de tristesse empêtré au contact des tiges piquantes de ses roses. J’aurai seulement aimé un peu plus de temps, et un peu plus de distance ; or nos chemins ne cessent de se mêler et de s’entremêler. Mais si tu viens n’importe quand ; je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur…
Il y eut une pause, où il nota distraitement que Rebecca faisait à présent face à Arthorias. Où il releva l’absence de commentaire salace de la part d’Apolline. Mais était-ce si étonnant ? Malgré son caractère imaginaire, il y avait une ligne toute réelle dans la construction de ce rêve. Il y avait encore un cocon tout en barbelés autours de lui, mais c’était comme si peu à peu les fils se desserraient pour ne laisser que la ouate du nid. Comme si la tendresse perdait son tranchant amer, pour retrouver enfin la simplicité authentique de sa bienveillance. L’étau se levait peu à peu pour laisser place à la chaleur. Il respirait, enfin.
- Veux-tu vraiment plus de distance ?
Il serra instinctivement les doigts entre les siens.
- Je crois que ça n’est pas tant une histoire de ce que je veux, que ce que j’accepte. Et si plus on aime fort, plus la douleur à venir est décuplée. C’est à mon risque de peine que je connais ma joie.
Il traça du bout de sa dextre la senestre de l’aventurier.
- Il me faudra quelques lunes encore, peut-être davantage, pour être libéré de cet émoi. Pour accepter totalement qu’il ait été présent, qu’il fasse son chemin, et qu’il s’étiolera lentement. Mais si une chose est certaine, c’est que j’ai envie de voir ton futur. Et celui des autres personnes qui nous sont chères et qui semblent graviter aussi bien autour de moi, que de toi. Et ce désir là… il peut bien supporter quelques émois.
- Il semblerait que tu arrêtes de fuir.
- Il semblerait qu’il soit temps que j’arrête de fuir.
- Alors ça ira mieux ?
- Oui, ça ira mieux.
- Jusqu’à l’oublier, cet émoi ?
- Non. Jamais. Mais jusqu’à le laisser partir. Jusqu’à te laisser partir.
Il lui sourit de ce sourire énigmatique dont il avait le secret, et il sut à nouveau que tout avait été dit.
- Et là, me laisseras-tu partir ?
L’étau vola en éclats, et il profita d’une inspiration salvatrice. Enfin.
- Oui. Oui, je te laisse partir.
Et son rire libéré accompagna les étoiles de l’aventurier qui s’échappaient dans l’immensité onirique.
RÊVE DROGUÉ
Voilà...Calixte avait réussis. Tous ces regrets se sont volatilisés. Faire la paix avec soi-même semble si beau...Rebecca a réussi, ou du moins, a fait la moitié du chemin. Il ne manquait plus que le gros morceau, le boss final de la quête au pardon. Arthorias se tenait là, debout, un grand sourire ne quittant pas ses lèvres.
- Cal...Rebecca se retourne pour lui faire face. Je reviens vite.
Elle se lève en déposant un baiser sur la joue du coursier. Tout ce rêve les aura tous les deux énormément chamboulé. Surtout que...et bien...Rebecca venait d'apprendre que Calixte aimait les hommes. Ca ne la dérange pas, loin de là ! Qui serait-elle pour juger les choix sentimentaux de son ami, quand elle, aime les deux sexes ?
Arthorias l'attend patiemment, et quand elle arrive à son niveau, il l'a prend par la taille pour commencer à marcher ensemble.
- C'est ton petit ami ?
- Bien sûr que non.
- Il a l'air mignon pourtant, tu devrais tenter.
- Tu sais pertinemment qu'il n'y a que toi.
- Hmmm moui, je dois le savoir
Bien sûr que oui, il le savait ! Il n'y avait toujours eu que lui, qui comptait pour Rebecca. Tout son cœur lui appartenait, toute son âme...toute sa vie.
[color=#009900]- Alors ? Après tes parents, c'est à mon tour de recevoir un "je t'aime" ?
- Je ne pense pas, non.
- Aaaah...quelle tristesse alors.
Leurs pas les menèrent à s'aventurer près de la fin de leur bout d'île flottant. En contre-bas, il n'y avait que des nuages, à perte de vue. C'était magnifique et triste à la fois. Arthorias se place entre les falaises et Rebecca.
- J'ai le droit à quoi, moi, alors ?
- A un "pourquoi es-tu parti ailleurs", peut-être ?
- Nous n'étions plus ensemble, Reb. Je ne savais pas où tu étais. Je m'inquiétais pour toi
Il lit ses paroles aux gestes. Doucement, il vient récupérer une petite larme qui avait coulé de la joue de l'aventurière, sans qu'elle ne le veuille.
- C'est beau de te voir pleurer pour moi.
- Ce n'est qu'une larme de libération.
- Et qu'as-tu réussi à libérer ?
C'est une bonne question. Qu'a réussi à faire, Rebecca, dans ce rêve ? A pardonné à ces parents d'être partis trop tôt, oui. C'est déjà quelque chose d'énorme pour elle. Est-elle prêt à faire une croix sur Arthorias, à tout jamais ?
- Tu sais...je ne pense pas réussir à ne plus t'aimer.
[color=#009900]- Tu le devras, pourtant. Je ne suis plus à toi, maintenant.[/color)
- Oui, peut-être. Mais cela ne m'empêchera pas de t'aimer et de tout faire pour que tu reviennes vers moi.
- Tout ?
Rebecca relève la tête, et fixe le capitaine de la garde royale. Elle se rapproche un peu plus de lui, se trouvant maintenant plus qu'à un petit mètre de distance avec lui.
- Tout, Arthorias. J'éliminerai quiconque se mettra au travers de ma route. Elle baisse brièvement les yeux pour le regarder de nouveau, cette fois, avec plus d'intensité. Même toi.
L'aventurière ne laissa pas le temps à l'illusion de parler d'avantage. D'un coup de pied dans le ventre, elle le projeta en arrière, ce qui précipita sa chute dans le vide. Oui, elle fera tout pour que le coeur de son bien-aimé batte de nouveau pour elle. Elle éliminera toutes rivales, toutes activités extérieures. Et même si le concerné ne veut pas...et bien, elle lui montrera que si, il va de nouveau l'aimer.
Rebecca, éliminée de ses regrets, retourne toute légère auprès de Calixte.
- Bon, on ne devrait pas tarder à pouvoir sortir d'ici.
- Cal… Je reviens vite.
Il réouvrit les paupières alors qu’un baiser se déposait comme un papillon sur sa joue, et il se retourna doucement pour observer Rebecca s’éloigner avec Arthorias. Il les contempla un temps, hanche contre hanche. Avaient-ils besoin de davantage d’intimité ? Probablement. L’îlot n’était pas bien grand, mais même quelques pas vers le bord pouvaient donner l’impression de s’isoler un peu plus. Quelques pas vers le rebord… Il hésita. Et puis, soulagé de son propre fardeau, inquiet pour son amie, et d’une curiosité à nouveau grandissante, il se tourna complètement pour veiller sur la silhouette de l’ancien couple de mariés.
Il se demandait ce que pouvait bien ressentir Rebecca à ce moment. Si Arthorias faisait partie de ses regrets… certainement un maelstrom similaire à celui qui avait agité son âme jusque-là. Il y avait en ce sens une tension évoluant dans chacun de ses mouvements, mais de la détermination, aussi. L’aventurière n’avait jamais été très loquace, et était de caractère plus trempé que le sien. Comment allait-elle faire face à cette épreuve ?
… en jetant ses regrets par-dessus bord, apparemment. Haussant les sourcils de surprise, Calixte se dit qu’il valait mieux éviter de se retrouver dans la ligne de mire de la jeune femme. Elle revint vers lui en trottant avec légèreté.
- Bon, on ne devrait pas tarder à pouvoir sortir d'ici.
Il éclata de rire en saisissant sa main, et le monde éclata autour d’eux.
…ixte. Ca-lixte. Ca-liiixte.
Eli ?
Mal. Mal. Mal.
Il ouvrit les yeux et se redressa avec un sentiment d’urgence. Une vague de nausée s’enroula autour de sa gorge, et il accusa un léger vacillement avant de parcourir des yeux son entourage.
Eli ?
Il trouva le teisheba blottit contre son poignet, le grésillement électrique parcourant usuellement sa nébuleuse de corps bien plus faiblarde que d’ordinaire. Instinctivement, ses doigts se portèrent à la lame retour à sa hanche, et s’il nota qu’il devait y avoir une raison pour laquelle on l’avait laissé armé, l’inquiétude et la pointe de colère naissante lui firent dégainer l’arme. A côté de lui, allongée sur la paillasse succincte sur laquelle ils avaient été allongés, Rebecca se remettait doucement du rêve imposé. A quelques mètres d’eux, assis à un bureau, le couple Salner les observait avec un grand sourire.
- Ils sont vraiment pas mauvais ! Je t’avais dit que j’avais l’œil !
- Félicitations !
- Qu’avez-vous fait à mon teisheba ?
- Oh. C’est un contre coup de la fumée. Elle n’est pas tellement faite pour les familiers, mais il s’en remettra rapidement.
- Etes-vous prêts pour la suite ?
Il ramassa dans sa main libre Vreneli et échangea un regard avec Rebecca. Ils étaient prêts pour la suite. Ils étaient surtout prêts à en découdre dès qu’ils en auraient découvert davantage sur cette fichue Organisation. Ils acquiescèrent.