Suite directe au RP précédent
- Etes-vous prêts pour la suite ?
C'est avec suspicion que vous acquiescez et cette fois-ci, le couple vous assure que c'est la dernière...
Ils vous tendent un parchemin, soigneusement cacheté. Impossible de lire son contenu sans l'ouvrir. Ils vous donnent à la fois une dernière épreuve et une première mission : ils ont un agent infiltré dans le palais, une servante qui porte le nom de Maya. Il vous faudra lui remettre ce parchemin sans que quiconque ne vous voient et sans l'ouvrir. En retour, elle vous donnera un petit objet qu'il faudra ramener pour valider ce dernier test...
Ils vous donnent trois jours.
2ème lune de la saison douce
DERNIÈRE ÉPREUVE
Le réveil fut dure. Des courbatures dans chacun de ses muscles, l'impression d'avoir une piste de danse dans la tête. Et qu'elle ne fut pas sa surprise quand la première chose qu'elle voit, c'est le couple Salner penchait sur elle, un grand sourire aux lèvres.
- Ils sont vraiment pas mauvais ! Je t’avais dit que j’avais l’œil !
- Félicitations !
Difficilement, l'aventurière se mit debout et aida son ami à faire de même. Il s'inquiétait pour son teisheba, cela se comprenait, il n'avait vraiment pas l'air d'être en grande forme.
- Êtes-vous prêts pour la suite ?
Cette histoire n'est toujours pas finie ? Mais quel genre d'organisation impose des tests d'entrée aussi nombreux et aussi dangereux ? Et en dangereux...Rebecca qui pensait que le pire était derrière elle...
Le parchemin que leur tendait la femme Salner n'était pas bien grand. C'est Calixte qui le prit. Heureusement, car si c'était Rebecca, il serait déjà ouvert à l'heure qu'il est.
- Il s'agit là d'un travail de coursier, commence-t-elle par dire.
- Nous avons une compatriote infiltrée au sein du palais et elle ne peut pas sortir. Nous devons lui donner ce parchemin dans les plus bref délais.
- Bref dans quel sens ?
- Vous avez trois jours pour accomplir votre mission.
Trois jours ? Cela semble long pour Rebecca.Mais elle ne sait pas ce qu'il l'attend. Elle n'a visité le palais qu'une seule fois, pour les fêtes du Solstice. A part ça...elle a vu que le capitaine de la garde avait un nouveau tatouage quand il est devenu capitaine, cela à peut-être un lien avec l'accès au palais. Mais elle n'y connait pas grand chose. Elle espère que le coursier saura plus.
- Et si on échoue ?
- Et bien...vous n'avez pas beaucoup de possibilité d'échec. Soit vous n'arrivez pas à rentrer dans le palais soit...
- Soit vous vous faites prendre et c'est direction la prison.
Ça ne rigolait plus. Ce n'est vraiment pas du même gabarit que le rêve ou encore le changement d'apparence. Là, Calixte et Rebecca risquaient vraiment quelque chose. Et si elle par en prison, est-ce qu'Arthorias viendrait la délivrer ? Tel un chevalier servant qui ferait tout pour sa demoiselle ?
Tandis qu'elle rêvassé, le couple Salner leur dit bonne chance, et quitte la maison, les laissant tous les deux seuls pour mettre au point une speudo-stratégie.
Trois jours pour réussir leur mission. Trois jours pour y trouver une alternative. Au-delà du pseudo risque mortel agité par le couple Salner, il était surtout primordial qu’ils ne contribuassent pas à des actions illicites, voire dangereuses pour la couronne. Et Aryon. Il rangea le parchemin confié dans son cryptex, et replaça l’objet dans son sac-à-dos. En profitant pour vérifier que l’ensemble de ses affaires étaient bien là, il soupira de soulagement en constatant que rien ne semblait lui manquer. Soulagement qui ne fit que croitre, lorsque Vreneli s’agita d’impatience à côté de lui. Le petit teisheba reprenait du poil de la bête !
Le couple d’assassins leur souhaita bonne chance et, après une seconde d’hésitation, l’espion se saisit de sa sarbacane et d’un petit poinçon. Raccompagnant les Salner jusqu’à la porte de la bâtisse, il attendit qu’ils eussent le dos tourné pour déplier son arme télescopique et visa la chaussure d’Othurn Salner. Le dard se ficha sous la semelle de la botte de l’homme, et Calixte félicita sa chance parfois généreuse. Ainsi qu’Emeor Calyx qui avait tenu à renforcer ses entrainements. Probablement car il ne s’était toujours pas remis de leur passage au sex shop. Enfin, c’était une autre histoire. Il repénétra à l’intérieur de la bâtisse, et il rejoignit Rebecca qui mettait de l’ordre dans ses affaires tandis que Vreneli lui tournait autour avec intérêt.
- Je te propose d’aller potasser tout ça plus loin, proposa-t-il à son amie en laissant courir son regard sur les murs modestes. J’ai moyennement confiance en ce lieu. Et puis on n’a pas trop manger hier, et c’est l’heure du petit déjeuner !
Cet objectif plus réjouissant en tête, ils quittèrent la lugubre maisonnette ainsi que les quartiers pauvres pour se diriger, lentement mais sûrement, vers l’Île Royale de la Capitale. La matinée était encore jeune, et il y avait une douceur estivale dans la brise balayant les rues s’animant tranquillement. Bientôt ils passèrent les pavés des quartiers huppés, et l’odeur des mets raffinés vint chatouiller leur odorat. S’inclinant devant leur ventre qui criait famine, ils avisèrent un petit café remarquablement impersonnel, et s’assirent à une table à la discrétion des oreilles curieuses.
- Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je pense que ce plan est un plan foireux, fit Calixte à Rebecca alors qu’ils attendaient leurs boissons et leurs viennoiseries. Très honnêtement ça me botte moyennement d’aller en avant de ce type de problème, surtout en étant de la Garde.
Il s’adossa à sa chaise et étira ses membres encore un peu engourdis, et Vreneli lui envoya une petite décharge électrique.
- Ow ! Vren !
Réveiller !
- Je suis réveillé !
Sa mauvaise humeur débutante fut rapidement fauchée par l’arrivée de leur petit déjeuner gourmand, et il passa sa hargne restante sur le feuilleté d’un croissant.
- Je pense qu’on a suffisamment de ressources pour ne pas craindre leur courroux. Même si on « échoue », poursuivit-il une fois certain qu’ils étaient à nouveau seuls. Ce qu’il faudrait, dans l’idéal, ce serait de réussir à les coincer sur cette nouvelle épreuve. Qu’on arrête d’être leurs pantins, et qu’ils soient manipulés à leur tour.
Il poussa une miette vers Vreneli qui l’ignora superbement, et il saisit dans un soupir sa tasse fumante.
- On a trois jours pour renverser la situation. Il faudrait qu’on mette la main sur cette Maya – parce qu’autant faire tomber cette intruse au Palais – sur l’Organisation, et de fait sur le couple Salner.
Il haussa les sourcils.
- Ca fait un sacré programme. Mais si on s’en sort comme ça, ça aura retiré une bonne épine du pied de la Garde. Et de celle du Capitaine de la Garde Royale, ajouta-t-il en posant son regard sur Rebecca. De ce que j’ai cru heu, un peu entendre, tu souhaiterais le reconquérir ? En dehors de le jeter par-dessus bord. Pourquoi vous êtes-vous séparés, Reb ? Tu peux tout à fait me répondre que ce ne sont pas mes affaires, ajouta-t-il avec un petit sourire songeur en se rappelant que l’aventurière avait été l’une des rares à lui faire la remarque que sa curiosité pouvait être un peu perturbante.
2ème lune de la saison douce
DERNIÈRE ÉPREUVE
- Je ne suis jamais allée au palais.
Calixte et Rebecca avaient décidé de partir de la maison dans laquelle le couple Salner les avait mené avant de les droguer. Ils se retrouvent maintenant dans une taverne qu'ils connaissent bien, à boire et à manger. Chose étonnante, ils sont exactement à la même table qu'il y a quelques mois, quand ils ont dû se cacher après avoir été poursuite dans les rues de la Capitale par trois hommes.
- Toi tu es coursier pour la garde. Tu dois bien avoir des passes droits, non ?
Cette Maya, qu'ils devaient chercher...pourquoi ne pouvait-elles pas sortir du palais ? Rebecca n'avait pas entendu parler que le couple royale enfermait tout ses employés, ad vitam æternam dans l'enceinte de leur palais. Ce qui pousse à se demander si cette fameuse dame travaille vraiment pour eux.
Les plats arrivèrent rapidement, et l'aventurière put savourer son filet-glootbignon encore fumant. La viande juteuse se coupait facilement, il n'y avait même pas besoin d'utiliser le couteau. Le goût fut tout aussi délicieux que la découpe. Un met exquis qu'elle notera dans sa tête pour pouvoir y revenir.
- On peut essayer de se faire passer pour des employés. Mais s'ils ne les laissent pas sortir, comment justifié notre venu ?
Pendant plusieurs heures, le groupe donnait des idées pour rentrer dans le palais, plus farfelu les unes que les autres : dire qu'Arthorias a oublié son repas, passer par les égouts, prendre l'apparence des bouffons de la couronne. Quand le soleil se levait tranquillement, leur choix était fait. Déjà une demi-journée de passée, plus que deux et demi.
- Tu es sûr de vouloir faire ça ?
- On n'a pas trouvé d'autres possibilités faisables. Donc oui.
Le plan était audacieux et les chances minces. Fallait-il vraiment tout risquer pour pouvoir connaître cette Organisation ? Peut-être bien. Vu la difficulté de leurs tests, il est fort possible que le nombre de fidèle soit très mince. Mais en même temps...c'est peut-être seulement pour prendre les plus qualifiés.
Rebecca se levé et alla payer toutes leurs consommations. Et ça en faisait ! Entre les vingts tasses de café et de thé, et les assiettes de charcuterie, la note est salée. Une fois dehors, l'aventurière, bizarrement, ne voulait plus avancer. Elle se demandait toujours si cela en valait la peine. Et puis ses pensées allaient faire son cher et tendre. Comment il pourrait être fière d'elle d'avoir arrêter toute une Organisation qui voulait du mal à la famille royale ! Si avec ça, il ne lui retombe pas dans les bras !
De nouveau prête pour la suite de leur aventure, Rebecca trottinait aux côtés de Calixte. Et tous les deux, prirent la route du palais.
- Malheureusement pas de passe-droit pour les régiments autres que la Garde Royale, grimaça Calixte en raclant son pot de yaourt. On peut effectivement essayer de se faire passer pour des employés. Mais à mon avis ils doivent être contrôlés à l’entrée et à la sortie de l’enceinte royale, et un registre précis doit être tenu.
Vreneli s’approcha de sa cuillère, et il laissa le petit teisheba s’aventurer à une léchouille du dessert sucré.
- Le mieux c’est qu’on se garde un temps d’observation des allées venues, puis qu’on avise en fonction. On ne pourra compter sur aucune sorte de magie à l’intérieur du Palais, autant être préparé. Et puis si on veut mettre la main sur cette Maya et s’en servir pour faire tomber l’Organisation…
Ils discutèrent encore un moment des possibilités, et surtout de toutes les difficultés à venir. Et puis, ils se rendirent à l’évidence qu’il allait falloir agir. Rebecca se leva pour régler leurs consommations – Calixte nota qu’il lui faudrait qu’il lui rendît un jour la pareille car la note devait être assez élevée – et ils reprirent le chemin du Palais Royal.
Rapidement, les hautes façades les contemplèrent, et au terme de quelques minutes supplémentaires de marche, ils appréhendèrent l’entrée principale. S’éloignant du passage, ils se posèrent à l’ombre d’un kiosque et firent semblant de lire la gazette du jour en observant les lieux. Comme ils l’avaient craint, la surveillance implacable laissait un très faible champ de manœuvre. Soupirant, Calixte reposa le journal narrant l’invasion d’un quartier de la Capitale par des gloots, et fit signe à Rebecca de le suivre. Il était temps de tenter leur plan foireux.
A quelques mètres de l’entrée gardée, il sortit de sa ceinture un petit tube contenant du porosia et le présenta au nez de Rebecca. Qui eut rapidement les larmes aux yeux de l’odeur fortement nauséabonde de la plante. Lorsqu’ils se présentèrent au poste de contrôle, l’aventurière arborait une mine plus que piteuse. Inquiets, les gardes leur firent signe d’approcher rapidement.
- Que se passe-t-il ? Y a-t-il besoin que l’on appelle un médecin ?
- Non, non. Mais il faut absolument que l’on aille trouver Arthorias Hekmatyar.
- Le Capitaine ?
L’espion se pencha davantage vers son collègue pout lui glisser de fausses messes-basses.
- Il s’agit là de Rebecca Hekmatyar, vous savez… vous l’avez peut-être déjà vue à son bras…
- Elle me dit effectivement quelque chose… Et du coup ? Ils sont séparés maintenant, non ?
- Justement, il semblerait d’en dépit de leur divorce…
Il baissa encore la voix, attirant leur attention et attisant leur curiosité.
- … il semblerait qu’elle soit enceinte de lui.
Il entendit Rebecca s’étrangler derrière lui, et se dit que cela n’était peut-être pas feint. Les deux gardes Royaux ouvrirent de grands yeux à sa révélation, et les laissèrent pénétrer davantage à l’abri des yeux et oreilles indiscrets.
- Bien sûr vous comprenez qu’il s’agisse là d’une information sensible, qui nécessite d’être traitée au plus vite par le Capitaine.
- Venez avec moi, je vais vous mener à lui, leur indiqua l’un des hommes, oubliant dans sa trépidation de les fouiller comme de les faire se délester de leurs armes.
Faisant semblant d’assister une Rebecca en détresse, Calixte prit le bras de celle-ci et ils suivirent le garde Royal à l’intérieur du Palais.
Le coursier gardait un souvenir limité de l’auguste bâtisse. Il n’y avait que rarement pénétré, et la fois dernière remontait au bal donné à l’occasion du festival du Solstice. Il avait alors pu, brièvement, poser les yeux sur la Reine Allys Renmyrth. Et satisfaire une partie de sa curiosité concernant les lieux. Malgré le sentiment d’alerte et d’anticipation vrombissant sous sa peau, il ne pouvait s’empêcher, à nouveau, de couler un regard assoiffé sur les reliefs se découvrant peu à peu à lui.
- Serait-il possible que Maya soit aussi présente pour ce… soucis ?
- Maya ? La servante Maya ?
- Apparemment elle aurait déjà aidé le couple pour des… affaires délicates.
- Oh. C’est vrai qu’elle est toujours pleine de ressources. On va la chercher au passage alors. Suivez-moi.
- On peut toujours compter sur votre discrétion ?
- Oui, oui. Bien sûr !
Probablement pas. Il n’y avait pas plus commère qu’un garde.
Le Capitaine, parlons-en ! Revenant très justement d'une urgence, signe que le palais n'était pas si intouchable que cela croisa le petit groupe au détour d'un couloir, reconnaissant l'aventurière et son ami coursier au premier coup d'oeil.
L'effet sur le garde royal fut instantané, raidissant celui-ci qui se fendit d'un salut précipité
-Mon....cap.... capitaine !
Le blond délaissa son subalterne qui commençait déjà à bafouiller quelque justification sans importance, fixant l'improbable duo de toute sa hauteur, secouant la tête alors que ses deux wargs de compagnies venaient se placer devant eux.
-Calixte ! Un coursier du grand port ici, voilà qui est des plus inhabituels, surtout qu'aucuns de vous deux n'est censé rentrer ici.
Si ce n'est pas un Fenrir qui à passé la frontière, je ne vois pas d'urgence suffisante pour justifier votre présence.
Froid mais pas inhumain, l'officier de la garde royale finit par se tourner vers Rebecca, sans se départir de son air sévère.
-Quant à toi ma chère Rebecca, peut être serait-il urgent que tu me dise ce que tu fais ici avant que je demande à ce qu'on vous escorte dehors. Sa majesté n'a pas à vous voir, ni l'un, ni l'autre
Plusieurs servants regardèrent l'échange inhabituel, car si l'un avait au moins l'insigne de la garde, l'autre était clairement étrangère au service. La garde royale n'étant certainement pas souple, l'affaire devait être importante et le soldat qui les escortât se mit à blêmir en imaginant les répercussions que cela aurait pu avoir pour tout le monde.
Mais s'il tenta un sauvetage héroïque.
-Ils ont dit que c'était une affaire avec Maya mon Capitaine, quelque chose de très important.
Manque de chance, Arthorias n'était pas dans la supercherie, mais vu l'état de fatigue de ce dernier, il finit par hausser les épaules, et se retourner, ayant simplement envie de se reposer après une mauvaise nuit.
-Je vous reconduis à la porte. Soldat ! appelez Maya, ils traiteront avec elle hors de mon périmètre, que ce soit la dernière fois que j'entende parler de visiteurs impromptu sans mon accord, à moins que ce soit un Renmyrth revenu d'entre les morts !
2ème lune de la saison douce
DERNIÈRE ÉPREUVE
Tout se passe sans grande difficulté. Le passage des portes du palais se devait d'être compliqué. Mais à peine Calixte a parlé du capitaine de la garde royale que tous ont plié l'échine et les ont fait rentrer à l'intérieur du bâtiment.
Rebecca n'est jamais allée au palais royal, mais ce n'était clairement pas le moment de jouer les touristiques, elle devait rester dans son rôle de femme enceinte. Mais comment faire ? Elle n'avait clairement pas le ventre pour ce genre de chose.
Mais tout cela devenait vite compliqué quand Arthorias arriva devant eux. Quel était le pourcentage de chance qu'il soit là, au lieu de faire le tour de la capitale ou de dormir ? A sa vue, Rebecca se redressa, miraculeusement guéri de son mal de votre. Mais elle fut reprise à l'ordre par un coup de Calixte.
Le coursier parlait pour elle. Il fallait qu'elle reste dans son rôle du "le bébé me fait mal ! Il tape déjà du pied à 3 mois".
- Aaaah...j'ai mal...qu'est-ce que je peux avoir mal...
Le connaissant, elle se doutait qu'il allait les laisser là et faire appel à Maya le plus rapidement possible. Mais encore une fois, le pourcentage de chance fut de l'autre côté. Le capitaine les accompagna donc à la rencontre de cette fameuse employé.
Devant la porte d'entrée du palais, Maya les rejoint. Son air interrogatoire n'aidait vraiment pas à faure durer le mystère. D'un coup d'oeil vers Calixte, Rebecca décida de s'occuper d'Arthorias en attendant que le coursier remette le parchemin.
- Arthorias...je ne sais pas ce qu'il m'arrive...j'ai tellement mal au ventre...
- Viens-tu vraiment me déranger pour une constipation, Rebecca ?
- Je ne sais pas...je sens que ça bouge à l'intérieur...
- C'est un médecin que tu dois aller voir, pas un capitaine !
"Allez Calixte. Dépêche toi de faire l'échange ! Cette comédie ne va pas durer bien longtemps...."
- Aaaah...j'ai mal...qu'est-ce que je peux avoir mal…
Un coup d’œil en aller-retour lui apprit que cela suffisait à faire revivre le visage figé d’indifférence d’Arthorias, et il se pencha avec une inquiétude feinte vers Rebecca.
- Désolé, Reb. Il va falloir tenir encore un peu. Si on trouve Maya vite…
Il n’en fallut pas plus pour que le Capitaine de la Garde Royale ne prît les devant et fît chercher ladite Maya afin qu’elle ne les rejoignît à l’entrée du Palais. Calixte espérait seulement qu’ils arriveraient à se débarrasser de l’homme à un moment opportun, car sa présence risquait de les priver de l’occasion d’arrêter l’infiltrée. Mais évidemment, autant pisser dans un violon.
Devant les grilles, la servante les attendait d’un visage légèrement curieux mais globalement impassible, et il fallut un trésor de diplomatie à l’espion pour les faire tout juste franchir la limite du Palais, ainsi qu’un coup discrètement placé contre la hanche de Rebecca, pour faire basculer celle-ci dans les bras du Capitaine de la Royale, détourner ainsi l’attention des éventuels badauds alentours, et faire fusionner Maya dans l’une de ses billes de bois.
- Oula Reb, le Capitaine a raison. Il vaut mieux qu’on se dépêche d’aller trouver un médecin, maintenant que tout ceci a été vu.
Et sans demander leur reste, ils prirent la poudre d’escampette. Une fois certains de ne plus être sous le regard vigilant de la Royale, ils se mirent à courir. Et avisèrent tout juste une ruelle déserte alors que Maya sortait d’un bond de la bille où elle avait jusque-là été emprisonnée. Rapide, Rebecca la retint avant qu’elle ne s’enfuît. Et Calixte en profita pour lui passer aux poignets ses menottes anti-magie. D’une main légère, il vérifia qu’elle ne possédait vraiment pas d’arme sur elle, puis il tourna un regard interrogateur vers Rebecca. Il allait leur falloir un coin tranquille pour interroger la servante.
- Par ici, lui indiqua l’aventurière.
Et visiblement, cette dernière connaissait pas mal les lieux. Ses petits passages discrets. Ses raccourcis dissimulés. Apparemment elle avait dû rendre régulièrement visite à son ancien mari, et connaissait une bonne dizaine de trajets pour se rendre du Palais à chez elle, et inversement. Rapidement le coursier reconnut la rue dans laquelle il était venu livrer le coli qui avait causé leur rencontre des lunes plus tôt. Ils franchirent enfin les derniers mètres les séparant de chez l’aventurière, et se réfugièrent chez elle. Sur les dernières centaines de mètres, ils avaient bandé les yeux de Maya et à nouveau enfermé celle-ci dans une bille afin qu’elle ne sût où se trouvait la maison de Rebecca, et qu’ils n’attirassent pas plus l’attention.
Lorsqu’elle resurgit à nouveau dans le salon de l’aventurière, ils la ligotèrent à une chaise et échangèrent un regard. Bon. Il allait à présent falloir aller à la pêche aux informations et trouver le moyen de coincer l’Organisation.
- Vous ne savez pas ce que vous faites! grommela Maya.
Ça allait peut-être être plus rapide que prévu.
- Peut-être pouvez-vous nous expliquer alors?
Attaquer?
Non.
- J’en ai vu passer quelques-unes des têtes brûlées, mais c’est bien la première fois qu’on me kidnappe et qu’on m’emmène… aussi loin.
- Y en a eu beaucoup avant nous?
- Qu’est-ce que vous croyez? Y a pas de favori, les sélectionnés passent tous par moi.
- Ben on est p’tet meilleurs encore que les autres, vous pensez pas ? demanda le garde avec une naïveté toute feinte.
- Attendez que l’Organisation vous remette la main dessus, et vous comprendrez rapidement votre erreur. Le message était pourtant clair, même votre copine vous l’a dit tout à l’heure : faire l’échange. Le parchemin contre l’objet vous permettant de valider vos épreuves et passer l’initiation pour devenir membre de l’Organisation. Maintenant que vous avez échoué l’échange et que vous m’avez kidnappée, j’aime autant vous dire que si y a bien deux prétendants qui passeront pas l’initiation dans trois jours, c’est bien vous !
Il fit semblant d’échanger un regard inquiet avec Rebecca.
- Ah zut ! Mais heu… z’êtes sûre qu’on peut pas avoir des points en plus pour vous avoir kidnappée ? Ou sinon, d’ici l’initiation on vous aura ramenée au Palais, échangé les objets, et personne n’aura besoin de connaitre les détails hein ? J’suis sûr que vous en n’avez pas si souvent des nouvelles recrues.
- C’est pas faux. Pour cette session vous êtes six. Mais y a que deux sessions par an et généralement seule une ou deux personne survit à l’initiation et peut entrer dans l’Organisation.
- Oula mais c’est ultra dur en fait !
- Bah un peu qu’il faut que ça soit dur ! C’est pas les bisounours, vous croyez quoi ? Vos sponsors les Salner s’ils vous ont choisi c’est pas pour votre sourire. Visiblement ils vous ont pas choisi non plus pour votre intelligence remarquable… p’tet que c’était pour remplir les quotas…
- Y a des quotas ? C’est vrai que faut mettre un peu de challenge. Ça permet de hausser le niveau de la sélection.
- Oui c’est ça. En gros y a la grande cheffe, puis les n-1 genre les Salner qui présentent chacun un candidat une fois par an – donc au total ça fait une dizaine par an – puis les n-2 qui sont à des postes stratégiques comme moi – on doit être pareil une dizaine – et puis tous les autres qui fluctuent entre une vingtaine et une cinquantaine selon si l’année est bissextile… et si y a beaucoup de conflits intestins.
- Ah c’est pas trop l’entente ?
- Ben vu les conditions de sélection, ça peut créer des conflits un peu.
- J’comprends. Mauvaise ambiance.
- Complètement. Genre la famille que les Salner ont dégommée dernièrement ? Elle faisait partie de l’Organisation. Moi j’suis bien à ma place de servante au Palais. C’est un poste tranquille. Tenez, j’vais vous donner un conseil : si vous passez l’initiation et entrez dans l’Organisation, essayez de chopper un poste pépère comme le mien. Votre espérance de vie s’en verra au moins triplée.
- Merci du conseil ! Vous voulez un truc à boire au fait ?
- Un thé ça serait pas de refus ! C’est bien sympathique. Habituellement les têtes brûlées qui me cherchent des noises sont pas aussi hospitalières.
- Vous êtes vraiment de bon conseil, vous méritez bien un peu de thé. Vous en avez d’autres, d’ailleurs, des conseils ?
Maya se pencha vers lui, les yeux brillants, et il n’eut pas besoin d’utiliser son bracelet de mimétisme pour savoir que la bavarde servante allait leur servir les informations dont ils avaient besoin avec un grand renfort de détails, tellement ce rôle de mentore adulée lui plaisait. Bientôt, la maison fut remplie de renseignements concernant l’Organisation, et de l’arôme du thé.
2ème lune de la saison douce
DERNIÈRE ÉPREUVE
Qui aurait penser que quelque chose d'aussi présent que l'Organisation -- qui a quand même réussi à implanter quelqu'un au sein du palais -- pouvait avoir des membres aussi bavard ? Rapportant la boisson de la demoiselle, Rebecca ne voulait pas interrompre l'échange qui se passait devant elle. Calixte gère tellement bien la situation. Si c'était elle qui devait mener l'interrogatoire, cela ferait depuis longtemps qu'un smilodon serait apparu...
L'aventurière pose la tasse à côté de Maya et continue d'écouter sans intervenir.
- D'autres conseil ? Mais je n'ai que ça en poche, mon garçon !
- Nous sommes tout ouïe. Bercez-nous de votre connaissance.
- Le couple Salner sont réputé pour être les plus durs des n-1. Même si leurs candidats ont réussis tous les tests, eux...ils leur réserves d'autres surprises...
- Quel genre de surprise ?
- Comment voudrais-tu que je le sache ! Je suis employée au palais moi, pas dans le QG de l'organisation !
- L'organisation a un QG ?
- Écoutes-tu vraiment ce que je dis ? Oui ! La dernière épreuve se passe là-bas.
- Mais ce n'est pas celle-là, la dernière épreuve ?
- Aaah ! Ils ne vous ont vraiment pas choisi pour votre rapidité, hein !
Toujours attachée à sa chaise, Maya se dandine pour essayer de défaire un peu ses liens et pouvoir attraper sa tasse de thé. Elle croise enfin le regard de Rebecca.
- Tu pourrais pas me détacher ?
- Non.
- Je ne partirai pas ! J'ai beaucoup trop de chose à vous apprendre.
- C'est toujours non.
Maya pouvait mentir, même si elle n'en avait pas l'air. Mieux vaut donc ne pas la libérer tout de suite. Reportant son attention sur le coursier, elle continuait son histoire.
- Bref. Donc oui, il y a bien une dernière épreuve après celle-ci.
- Elle consiste en quoi ?
- Elle consiste à faire combattre les différentes recrus. Comme je l'ai dit tout à l'heure, seulement une, voir deux, personne pouvait être prise dans les rangs de l'Organisation. L'épreuve sert donc à faire disparaître le trop plein.
Maya continuait à parler des épreuves, mais ni Calixte ni Rebecca ne savaient encore le principal objectif de l'Organisation. Et l'aventurière commençait à perdre patience. Elle n'a pas arrêté de courir partout aujourd'hui. Elle a sauvé une famille de la boue, puis du feu, elle s'est retrouvée prisonnière d'une maison hantée, elle s'est fait poursuivre par des gardes, elle a balancé Arthorias dans le vide, et elle a réussi à s'introduire dans le palais. C'est beaucoup trop, pour une journée qui ne devait contenir qu'une simple promenade en forêt.
- Bon ça suffit la servante. Quelle est le but de ton Organisation.
- On ne vous à rien dit ?
- Si on le savait, on ne poserait pas la question, non ?
- Ahaha, mais c'est très simple !
Son sourire devenait flippant, son regard brillait maintenant d'une lueur étrange. Rebecca connaissait cette lueur...c'est celle qu'elle a quand elle laisse agir Machin à sa place. Cela n'envisageait rien de bon.
- Tuer la famille royale, voilà tout.
Heureusement la servante avait la langue vraiment pendue, et il ne fut pas bien compliqué de réitérer l’interrogatoire dans les cachots de la Caserne. L’organisation de l’infiltration et de l’arrestation du couple Salner et de leurs complices fut plus chaotique, mais au terme d’une journée de palabres, un plan fut enfin échafaudé. Avec Rebecca et Calixte comme clef de voûte de l’affaire. Ainsi, au troisième jour imparti pour leur épreuve, ils se pointèrent au quartier général de l’Organisation armés de l’objet clef – une clef d’ailleurs – et forts d’une quinzaine de soldats savamment dissimulés et attendant sagement leur signal pour venir leur prêter main forte dans l’arrestation de l’Organisation. La rumeur courrait que, agacé par l’existence jusque-là inconnue d’une ennemie sur son terrain de jeu, le Capitaine de la Royale avait fini par délaisser les dorures du Palais pour aller lui-même conclure l’interrogatoire de Maya, et qu’il les rejoindrait peut-être plus tard pour l’intervention.
- Prête pour le dénouement ? demanda Calixte à son amie avant de franchir la porte d’un entrepôt aux allures tranquilles.
L’utilisation de sa boule de vision avait corroboré les propos de Maya, et une rapide inspection des lieux avait mis en évidence à son œil avisé l’empreinte du poinçon qu’il avait logé dans la botte d’Othurn Salner. Ils étaient bien sur un endroit important pour l’Organisation, et les membres de celle-ci étaient probablement déjà là. Au-dessus de leurs têtes, le soleil déclinait inexorablement pour laisser place à la nuit. Ils étaient tout pile à l’heure pour les réjouissances.
Ils s’avancèrent dans l’espace encombré de cartons et grimpèrent un escalier avant d’être arrêtés par une lourde porte métallique. Passant la clef que Maya leur avait donnée dans la serrure, ils réussirent à ouvrir celle-ci et pénétrer au cœur du bâtiment. Un premier corridor accueillit leurs pas, et une silhouette encapuchonnée les observa un temps avant de les inviter à s’avancer et à entrer dans une large pièce. Relativement bondée. Au centre de celle-ci, quatre personnes se distinguaient des autres : l’appréhension et l’anticipation se lisaient sur leurs visages, elles portaient des vêtements moins discrets, elles tenaient en main une clef similaire à la leur. Probablement les autres recrues. Le couple Salner leur adressa un large sourire, et ils fondirent la petite foule pour atteindre eux aussi le centre de la salle. Distraitement, Calixte se demanda si les sifflets qu’ils avaient pour appeler leurs renforts suffiraient à porter hors des murs.
- Bienvenue ! déclara une voix forte par-dessus le vrombissement des conversations. Nous voici à présent au complet, pour une nouvelle initiation. Nous pouvons féliciter nos camarades de nous proposer ce soir de si beaux éléments.
Un murmure désapprobateur parcourut les rangs, et le coursier se dit que les relations entre les membres ne devaient vraiment pas être jouasses pour que cette simple déclaration provoquât déjà des remous dans l’assistance. Peut-être que cela jouerait en leur faveur.
- Comme d’habitude, il nous faudrait un volontaire pour baptiser le sol sur lequel nos futurs membres vont se démarquer.
Davantage de mécontentement, mais aussi des regards fuyants. Assise plus loin sur un fauteuil légèrement en hauteur et gardée par deux armoires à glace, une femme d’une cinquantaine d’année désigna quelqu’un du doigt.
- Quoi ? Non ! couina le désigné. C’est pas juste, j’l’ai déjà fait deux fois !
- C’est pour la bonne cause. Réjouis-toi d’avoir été autant choisi par notre cheffe, et de bénir le sol de nos membres à venir. En parlant de membre, lequel donnes-tu donc ?
Il y eut des gargouillis, des cris outrés, des corps les uns par-dessus les autres, et puis au terme d’une dizaine de minutes, les dalles devant eux avaient un peu rougi et quelque part un rat s’était enfui avec un bout de chair. Sur un banc, le désigné noyait sa détresse dans une barrique d’alcool.
- Bon, voilà une bonne chose de faite. Qu’il soit donc noté que Rodric Padchense, troisième fois désigné, sera le premier à décider de sa cible – et donc de sa récompense – à la prochaine distribution des assassinats.
- Est-ce qu’on pourrait d’ailleurs revenir sur le système des attributions ?
- C’est toujours les mêmes qui choisissent en premier !
- Vous pensez pas qu’il serait temps de se faire un raid au Palais ?
- Du calme, du calme ! Je vous rappelle que la réunion d’organisation de l’Organisation se tiendra dans trente minutes. Ou une heure, selon nos nouveaux candidats. Mettez pas les chariots avant les tsi’lys.
Plus ça allait, et plus Calixte se demandait comment l’Organisation avait pu survivre jusqu’ici.
- Bon, comme d’hab’ Torpi passe dans les rangs pour les paris.
Une clameur saisit la pièce, et le coursier eut sa réponse. Même si c’était le bordel, l’amour de la violence devait être suffisant pour maintenir une certaine unité.
- Quant à vous… eh bien c’est parti ! Le dernier vivant rentrera dans l’Organisation !
L’espion eut tout juste le temps de dégainer sa lame retour pour parer l’épée d’une femme se jetant sur lui, avant d’adresser un rapide coup d’œil à Rebecca. Forte de sa créature d’ombres, elle ne semblait pas particulièrement en difficulté. Restait à trouver le moyen d’alerter leurs renforts que maintenant serait un bon moment pour intervenir. Sans toutefois faire fuir les membres de l’Organisation.