Vous vous êtes alors rêverez de ce drôle de rêve...un drôle de rêve, oui, c'est bien le mot.
Chacune de votre côté, vous recommencez à vaquer à vos occupations. Quelques jours plus tard, vous retombez l'une sur l'autre. Après avoir un peu parlé, une vieille dame encapuchonnée vous alpague. Elle vous dit qu'elle est perdue et qu'elle cherche son chemin.
HRP : exceptionnellement, le MJ reviendra après votre choix : vous pouvez soit l'aider, soit l'envoyer sur les roses.
Mais cette perfection n'était qu'un mirage, malheureusement. Car la simplicité bienveillante régnant dans les rues, Dahlia la savait plus que fragile. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle y patrouillait, ce jour-là. Malgré la chaleur, la garde ne pouvait s'abandonner à la douce langueur ambiante, car elle était de faction. Elle arpentait le quartier en demi-armure, son épée et son lasso magique suspendus à son ceinturon d'armes.
Et son humeur n'était pas vraiment appariée à la splendeur du jour. En effet, Dahlia dormait assez mal, depuis quelques jours. Depuis... ce cauchemar, qui l'avait arrachée du sommeil dans un sursaut, glacée de sueur et le cœur battant la chamade. Elle en gardait un malaise résiduel, logé tenacement en elle. Un sentiment diffus d'inquiétude, qui l'empêchait de s'endormir, certaines nuits, de peur de retrouver ce songe cauchemardesque, et le fenrir qui l'habitait.
Son visage était donc terni de cernes, et son élan déterminé, animé de cette énergie nerveuse qui naît de l'épuisement.
La garde venait de traverser un carrefour, lorsqu'elle s'arrêta net, de surprise, en apercevant une silhouette familière, un peu plus loin. Une chevelure de givre ébouriffée de façon reconnaissable, un bourrelet cicatriciel lézardant l'une de ses joues... Dahlia reconnut immédiatement Astrid. Elle ne l'avait pas revue depuis son rêve, dans lequel elles avaient pu un peu communiquer ensemble, et elle était heureuse que la Capitale se soit rétrécie au point de mêler leurs routes à nouveau. Dahlia marqua un temps d'hésitation, ne sachant comment l'aborder, puis décida d'arriver dans le dos de la citoyenne.
« Halte-là ! Vous êtes en état d'arrestation. »
Elle laissa alors le temps à Astrid de se retourner, un sourire amusé accroché à son visage.
« Bonjour, Astrid. Désolée, c'était trop tentant... » Dahlia avait surtout de la chance que la citoyenne n'ait entrepris de s'esquiver à l'aide de son pouvoir, sans prendre le temps de reconnaître qui l'interpellait. « Comment vas-tu ? Ça me fait plaisir de te revoir, dans le monde tangible... Après cet étrange rêve, il y a quelques jours. »
Dahlia réalisa soudainement qu'elle n'avait peut-être pas échangé avec la vraie Astrid, dans son rêve, mais juste avec une projection de celle-ci née de son imagination. Le cas échéant, la citoyenne risquait de ne rien entraver à son discours...
Cela faisait déjà quelques jours depuis le rêve bizarre dont elle avait été victime, et depuis elle n'avait pas recroisé Dahlia. Elle ne cherchait pas vraiment à l'éviter, mais n'avait pas eu l'opportunité de la croiser et d'une certaine façon, ça la soulageait. Elle ne savait toujours pas comment réagir et quand lui dire qu'elle était la réincarnation d'Edmond.
Et pourtant, elle aurait pu la revoir si elle avait tenté ! Car le jour où elle s'était réveillée de son cauchemar, Astrid était allée à la caserne pour voir si son amie était toujours vivante et fut rassurée en entendant un garde dire que oui.
-Vous voulez la voir ?
-Euh...Non non, c'était juste pour demander si elle allait bien haha….
Depuis, elle était retournée à sa vie quotidienne comme si de rien n'était. Elle lui dirait la vérité quand elle sera prête, mais pour l'instant...ce n'était pas vraiment le cas. Bah, la prochaine fois qu'elles se verraient ! La capitale était grande après tout, ce n'était pas comme si ça allait arriver aujou…..
« Halte-là ! Vous êtes en état d'arrestation. »
La citoyenne tressaillit puis resta figée l'espace d'un instant. Une garde ? Qu'est-ce qu'on lui voulait ? Comment est-ce qu'elle avait su qu'Astrid s'était apprêtée à faire une connerie qui aurait donné du travail supplémentaire à la garde ? Ou peut-être que…
Lentement elle se retourna vers la source de la voix avec un sourire crispé :
-Eeeeh, je peux tout expliquer….C'est pour la bagarre d'hier c'est ça ? J'vous jure que c'était pas de ma f….Hein ? Dahlia ?
La surprise se mélangea au soulagement. Pfiou….Une blague….Très vite, la citoyenne ricana et reprit un sourire amusé :
-Heh, je me vengerai, tu verras.
Puis elle se souvint que la jeune femme devant elle était la petite-fille de sa vie précédente et évita très vite son regard tout en sifflotant, un peu embarrassée.
-Oh euh, j'vais bien ! Très bien même ! Le malaise pouvait se sentir dans sa voix et dans tous ses gestes. Je me suis réveillée peu après toi, en glissant sur une pierre...Et je me suis fais mal en tombant de mon lit…Donc on peut dire que j'ai fait d'une pierre deux coups, haha…. ! Et toi ? Euh, pas trop traumatisée par ta mort par un Fenrir ?
Si elle avait été traumatisé, Edmond en était la cause directe. Purée, elle espérait que non, ce serait vraiment la merde et malaisant. Vite ! Quelque chose pour changer de sujet ! Euh...euh….
-Mesdemoiselles, puis-je réclamer votre aide…. ?
-Parfait la vieille ! S'exclama Astrid en entendant la voix qui venait de les interpeller. Pfiou, sauvée ! C'est pour quoi ? Porter tes courses ? Te porter toi peut-être parce que t'es fatiguée ? T'emmener voir tes petits-enf….Un petit regard indiscret vers Dahlia. Euuuh, ton amant ? Ouais c'est ça, ton amant. Y'a pas d'âge pour trouver un amant, hahaha…..
-Je suis perdue et je cherche mon chemin….
-Oh bah on va t'aider alors, paaaaaaaas de souciiiii !
Tant qu'elles pouvaient changer de sujet et tant qu'Astrid pouvait oublier qui était réellement Dahlia!
Bravo ! Vous avez décidé d'aider la veille dame !
- Je crois que j'habite quelque part par là-bas...
Quand vous arrivez à destination, la femme se retourne vers vous.
- Ah non...je crois que c'est par là-bas.
Bon...et bien la grand-mère a perdu la boule ! Elle vous fait voyager aux quatre coins de la capitale. Et si vous essayer de la laisser tomber, vous sentez quelque chose bizarre....impossible de la quitter tant qu'elle n'est pas arrivée à destination !
Vous avez compris : vous êtes prise au piège avec une grande-mère amnésique. Et tant qu'elle n'aura pas rejoint sa maison, vous ne pourrez pas partir.
« Un peu mais ça va, car plus les jours passent, et plus mes réminiscences du rêve se diluent... Il se fait de moins en moins prégnant, et je n'en garderai pas un traumatisme pérenne. » Heureusement pour elle. « T'as une idée de comment, et pourquoi, on a réussi entrer en contact, durant nos rêves respectifs ? »
Elles n'eurent toutefois par le temps d'échanger davantage, car elles se firent aborder par une petite mamie aux épaules voûtées par l'âge, et dont le faciès parcheminé était empreint d'inquiétude La dame leur indiqua rechercher son chemin.
« Vous souhaitez vous rendre où ? Ah, chez vous ? Pourriez-vous m'indiquer votre adresse? »
Dahlia pouvait se targuer de connaître la Capitale par cœur, pour l'avoir patrouillé de long en large, au cours des dernières années. Avec le nom et la numéro de rue du logement recherché, elle saurait très certainement aiguiller la vieille dame, à partir de leur emplacement actuel.
« Je... ne m'en souviens plus. Mais j'habite près du quartier des tanneurs, je crois... »
« Ok, très bien, on va vous accompagner. »
Vu l'état de déliquescence de la mémoire de cette personne âgée, Dahlia ne se voyait pas lui fournir uniquement des indications de direction. La mamie les aurait certainement oublié après avoir tourné le premier angle de rue. Elle l'entraîna donc, en compagnie d'Astrid, dans le lacis des ruelles, des places et des carrefours. Après une petite marche, elles arrivèrent dans le quartier indiqué, mais la dame parut décontenancée.
« Ah non, ce n'est pas là, en fait... Ma maison est proche du quartier des équarrisseurs, plutôt, je crois. Olala, je suis désolée, ma mémoire me fait défaut, avec l'âge. »
Nouvelle enfilade de rues, et nouvelle désillusion à l'arrivée. Dahlia commença à être gagnée par un certain désemparement. Mais c'était son métier, d'aider les gens, et elle devait s'armer de patience. Elles finiraient bien par tomber sur la demeure de la dame... Se souvenait-elle au moins qu'à quoi ressemblait son fronton ? La garde s'adressa alors à Astrid :
« Si tu dois y aller, n'hésite pas, je peux m'en occuper seule... »
Autant ne mobiliser qu'une seule personne dans ces circonvolutions errantes. Dahlia se tourna ensuite vers la grand-mère :
« Madame, votre mémoire olfactive étant visiblement quelque peu... défaillante. » Car comment pouvait-on confondre les effluves de teintures avec celles de carcasses équarries ? « Vous n'auriez pas plutôt un souvenir visuel... ou sonore, de ce qui se trouve à proximité de votre habitation ? » L'écriteau d'un commerce à proximité, les coups de marteau sur l'enclume d'un forgeron situé dans la rue, n'importe quoi, pourvu que cela puisse les aider à circonscrire leur recherche.
Hein ? La vieille cherchait où elle habitait ? On en était donc là… ? Bah. Elle lui avait promis de l'aider, donc elle n'allait pas prendre la fuite maintenant. Peut-être un peu plus tard. Et puis, ça devrait être du gâteau vu qu'Astrid aussi connaissait tous les coins et recoins de la capitale. Ce serait l'affaire de quelques minutes, puis la citoyenne pourrait prétendre devoir retourner bosser, et voilà ! Pas vrai…. ? Hein… ?
…
-Haha...ricana-t-elle. Maudite soit ma naïveté.
Deux fois qu'elle s'était trompée d'adresse. Est-ce qu'elle se moquait des jeunes femmes ou est-ce que sa mémoire était vraiment si ravagée que ça par l'âge et probablement l'alcool ou d'autres substances illicites ?
…
Néanmoins, la citoyenne eut une pointe de sympathie envers la dame.
-Nah t'inquiète pas. Répondit Astrid avec son éternel sourire amusé. Entre amies et vieilles personnes, il faut bien se serrer les coudes, heh.
Car Edmond aurait probablement fini par souffrir d'Alzheimer aussi, au bout d'un moment, et serait devenu sénile s'il avait survécu jusqu'à 83 piges. Quant à Astrid, si elle se faisait de vieux os, ça arriverait aussi.
Peut-être pas aussi exagéré que l'autre vieille peau, cela dit.
-Je…crois me souvenir de chevaux. Beaucoup de chevaux. Et de l'odeur de crotte….Mais je ne suis plus sûre…
Néanmoins, malgré cette pointe de sympathie, Astrid ne pouvait s’empêcher de se sentir légèrement exaspérée. Quelque chose lui disait que cette piste était probablement merdique, mais au point où elles étaient….
-Les écuries. C'est parti…
Et lorsqu'ils arrivèrent là bas, ses soupçons se révélèrent justifiés, car une nouvelle fois…
-Non, ce n'est pas là non plus…Toutes mes excuses…
-Hmmm…
La femme à toute faire se gratta le menton, en pleine réflexion sur comment trouver la maison de cette dame qui de toute évidence n'allait pas les aider à moins que son esprit s'éclaircisse d'un coup. Oh tiens ! Elle avait une idée. La citoyenne s'adressa à son amie :
-On a qu'à l'emmener à un poste de garde. Avec son nom, on pourra avoir son adresse ou celle d'un proche qui s'en occupera, t'en penses quoi?
Il suffisait juste d'une chose donc.
-C'est quoi ton nom…. ?
-Eeeeh, mon nom…. ? Attendez…. La vieillarde regarda dans le vide un instant puis offrit un sourire désolée à Astrid et Dahlia : Eeeh, ça va me revenir.
-...Vraiment…. ? Soupira la femme aux cheveux blancs en levant les yeux au ciel.
Sur le coup, elle regretta presque d'avoir accepté de l'aider.
Quand vous lui demandez son nom, la vieille dame vous dit qu'elle ne s'en souvient plus. Mais au même moment, un ruit dans votre dos vous fait vous retourner.
La vieille dame en profite alors pour se glisser dans le dos de Dahlia et la menacer avec un couteau sous la gorge.
Sans son déguisement, la vieille dame ressemble a un homme d'une trentaine d'années. Il est vite rejoint par trois autres hommes, tous armés.
- Vous etes bien gentilles, mes dames. Mais la s'arrête la comédie. Votre bourse ou la vie.
Mais la vie sur Aryon étant ce qu'elle était, c'est à dire une vieille carne vacharde la plupart du temps, cela ne se résolut pas ainsi. Un bruit, tout d'abord, retentit dans leur dos, et à peine Dahlia pivotait-elle pour déceler son origine que la vieille dame arrivait derrière elle, avec une vigueur étonnante. Elle n'était d'ailleurs plus aussi tassée, semblait-il, car la garde sentit la pointe acerbe d'un lame pressée sur sa jugulaire.
« Vous êtes bien gentilles, mesdames, mais là s'arrête la comédie. Votre bourse ou la vie. » et en plus, elle avait troqué son timbre de voix chevrotant pour une voix masculine impérieuse, également.
Dahlia ne pouvait se retourner pour regarder son agresseur et noter son changement d'apparence, mais elle put détailler, en revanche, les trois nouveaux arrivants armés les ayant rejointes. Ceux-ci ne semblaient pas être des petits-fils à la recherche de leur grand-mère, malheureusement, aux trognes hargneuses qu'ils arboraient. Du reste, les aigrefins lui parurent d'un âge modérément jeune et pas spécialement aguerris. Il fallait d'ailleurs manifestement manquer d'expérience, pour décider de s'en prendre à une garde. Leur plan fleurait l'amateurisme, et Dahlia comptait bien en tirer profit.
« Madame ? Quelle impolitesse, j'ai encore l'âge d'être appelée mademoiselle, figurez-vous... »
Minauda-t-elle, en s'efforçant d'adopter un ton enjôleur, pour abaisser leurs défenses... En particulier celles de celui qui se trouvait dans son dos, et lui comprimait la gorge de fort indélicate manière. La main de ce dernier tremblait légèrement, signe de sa nervosité, et de son inexpérience. La garde sentit un infime relâchement de sa part, et cela lui suffit pour saisir l'ouverture. Elle projeta son bras gauche, qui était libre, en arrière, et lui envoya un violent coup de coude dans le plexus, qui lui coupa instantanément le souffle. Elle en profita alors pour se dégager de son emprise en passant sous son bras, et lui expédia une béquille derrière le genou, de façon à le faucher. Il se vautra au sol.
« C'est vrai qu'à la réflexion, tu marchais un peu rapidement, pour une mamie. Ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille. »
Mais Dahlia n'avait pas davantage de temps à perdre, car il restait trois autres marauds. Elle tira immédiatement sa lame au clair, et sonda les alentours pour voir comment s'en était sortie Astrid.
D'abord de la surprise qui fit très vite place à de l'amusement en réalisant pleinement ce qui venait de se passaer. Elle éclata d'abord de rire, incapable de se contenir face à l'amateurisme de ces clowns.
-Hahahahahahaha ! Oh merde ! Rendez nous le temps et la sympathie que j'ai éprouvé pour la vieille ! S'exclama-t-elle en se tapant sur la cuisse, toujours hilare. Vous auriez pu faire ça bien avant ! Pourquoi attendre qu'on ait fait toute la capitale ?! Vous auriez pu donner adresse avec un cul de sac puis venir derrière nous pour nous laisser aucun échappatoire au moins ! Et cibler un garde ! Idiots ! Teubés ! Amateurs ! Décérébrés ! Pwahaha !
Oui, elle se permettait de donner des conseils malgré la situation. Car après tout, elles auraient pu gagner du temps. Alors autant épargner ce calvaire aux futures victimes.
Cela dit, elle ressentit une pointe de colère envers celui qui osait s'en prendre à son amie, et sa petite-fille. Elle lui casserait la gueule après. Mais d'abord, il y avait le problème de la lame sous la gorge. Amateur ou non, c'était problématique.
…
Mais pas pour Astrid qui pouvait télékinétiquement stopper la lame, heh. Comment ça c'était de la triche ?
-Ouais ouais, elle est encore jeune, surtout comparée à moi. Renchérit l'ex-commandant en sortant sa (maigre) bourse pour leur faire miroiter l'idée qu'elles capitulaient.
Même pas besoin d'user de ses objets de pouvoir, Dahlia se débrouilla avec brio et mit son assaillant à terre. Les trois autres agirent tout aussi vite et pointèrent leurs armes vers les jeunes filles tout en vociférant.
-Parlant de bourse, j'espère que vous teniez pas trop aux vôtres et que vous comptiez pas devenir papa dans le futur. Heh.
La citoyenne plaça un cristal sur son pouce, le poing fermé, et le lança vers le ciel. Tous les regards s'élevèrent à l'unisson, et lorsqu'ils se reconcentrèrent sur Astrid….elle n'était déjà plus là.
Aussi vite qu'il en fallait pour dire « oof », elle était réapparu et rattrapa le cristal avant qu'il ne tombe au sol, un sourire mauvais sur le visage. Quant aux voleurs ? Ils lâchèrent soudainement leurs armes et se vautrèrent au sol, ne comprenant pas d'où venait cette souffrance insupportable au niveau de leur entre-jambe. La réponse était simple : ils avaient été victimes du coup spécial Astrid : Un coup de pied dans le service trois pièces.
Un autre cri retentit également, celui de la personne que la garde avait mis au sol précédemment qui se tordait de douleur, même plus que les autres. Lui, elle lui en avait donné deux, de coup de pieds. Et à ses cris….elle y était peut-être allée un peu fort. Juste un peu.
N'avait-elle donc pas d'honneur pour frapper à cet endroit alors qu'elle avait été un homme et connaissait la douleur que cela engendrait… ?
Heh.
C'était justement parce qu'elle connaissait cette douleur qu'elle l'avait fait.
-Si vous vous relevez, vous pourrez vraiment dire adieu à vos couilles et prendre une potion pour changer de sexe.
La citoyenne se tourna ensuite vers Dahlia avec une mine embarrassée :
-Eeeh, désolée si je t'ai volée tout le fun haha….Sinon, t'as assez de menottes sur toi pour….4 personnes ? J'aurais bien dit 5, mais c'est pas trop mon truc, les menottes et les cordes la nuit, héhé….
Elle venait de faire son commentaire inconsciemment, emportée par l'action et la situation, et se frappa le visage avec sa main en réalisant qu'elle revenait de faire une blague douteuse à la petite-fille d'Edmond. C'était pas le genre de vanne qu'on faisait en tant que grand-père ! Ou grand-mère … ! Si… ?
-Sinon, tu crois que je peux vider leurs bouses ? 'Fin, je parle de leurs sacs de cristaux, hein, haha…..Ah putain de merde.
Incapable de s'arrêter.
« Wow, tu les as bien étrillés. T'en fais pas, j'ai déjà largement mon comptant de fun quotidien, avec ce taf... Je t'embaucherai bien pour me remplacer, d'ailleurs, si t'en cherches. » répondit-elle en ne plaisantant qu'à moitié, car cela l'aurait bien soulagée de pouvoir être déchargée de son travail, certains jours.
Dahlia reporta son attention sur les bandits, qui se contorsionnaient par terre, pliés en deux par la douleur. Ils étaient même convulsés de haut-le-cœur, et prêts à répandre tripes et boyaux. En effet, ce genre de botte dans les bijoux de famille avait tendance à rehausser le contenu de l'estomac jusqu'à la glotte, par un étrange lien entre les organes. Dahlia était bien contente d'être une femme, et d'être ainsi prémunie contre ce type de désagrément biliaire.
« Ah ? Tu ne sais pas ce que tu rates... » poursuivit-elle au sous-entendu d'Astrid, sur le ton de l'humour également, avant de reprendre assez vite son sérieux : « Hélas, je ne suis pas équipée pour pouvoir menotter autant de tire-laines à la fois... »
Marquant un court temps de réflexion, elle proposa alors : « Il y a des gardes un peu partout, qui quadrillent les quartiers. Attends-moi là, je vais aller chercher du renfort. »
Avant de partir, elle lança à Astrid qui avait continué à blaguer dans le registre qui lui réussissait le mieux :
« Celles-ci renferment très certainement des cristaux appartenant à des honnêtes gens délestés... Aussi, il faudrait laisser la Garde s'en saisir, afin qu'on leur restitue. »
Dahlia n'ajouta rien, et s'éclipsa, laissant la citoyenne seule avec sa conscience. Lorsqu'elle revint, au bout de quelques dizaines de minutes, elle était accompagnée de plusieurs gardes, montés sur des chevaux. Celui qui était le plus décoré, et devait être un officier, leur annonça :
« Ah effectivement, c'est la bande des mémés vole-bourses. Ils sévissent depuis un moment, on nous a déjà reporté plusieurs plaintes concernant leurs agissements. Merci à vous, on les embarque. »
Les aigrefins transis de douleur furent menottés puis hissés sur la croupe des destriers comme des sacs à patates, et les gardes s'éloignèrent vers la base la plus proche. Dahlia laissa alors la tension nouant ses épaules refluer : une nouvelle affaire qui venait d'être réglée. Si les truands pouvaient prendre des vacances, à présent, cela serait fort bienvenu. La garde se tourna vers Astrid, et fut prise d'une hésitation, durant un court moment de flottement empli de gêne, avant de finir par lâcher :
« Merci encore pour ton aide. Je termine bientôt mon service, on pourrait se... retrouver après, si t'es disponi... »
« Excusez-moi, mesdemoiselles ? »
Non, ce n'était pas une blague, malgré ce que crut un instant Dahlia, en jaugeant la nouvelle vieille dame qui venait de les aborder. Il fallait espérer qu'elle était authentique, cette fois-ci.
« Oui madame, que pouvons-nous pour vous ? »
« Je crois que je me suis égarée... »
Il allait peut-être falloir le créer, ce service pour les mamies perdues, à la Caserne.
Par contre, le fait de ne pas pouvoir détrousser les détrousseurs déçu un peu la citoyenne qui fit la moue.
-Ouaaaaais, ok….
Uuugh. Si ça n'avait pas été pour Dahlia, elle n'aurait eu aucun remord à prendre toutes leurs bourses pour se payer les verres du soir et faire une tournée générale qui en aurait ravi plus d'un. Mais cela dit, si la garde n'avait pas été présente, Astrid ne se serait sans doute pas embêtée à prévenir les gardes non plus, et ces abrutis auraient continué à sévir. Sacrée ex-commandant de la garde qu'elle était.
Elle patienta donc que son amie arrive avec la cavalerie au bout de quelques dizaines de minutes. Ce fut un délai suffisant pour que les 4 voleurs tentent de se relever ou fuir, mais ne recevant qu'un coup de pied supplémentaire pour les coucher dans la douleur. Ils essayèrent d'abord le marchandage, ce qui ne leur valut qu'un rire amusé, puis ils tentèrent la menace, ce à quoi Astrid ricana de nouveau en disant qu'elle avait déjà la moitié de la capitale sur le dos. Les classiques « on te retrouvera » , « on aura ta peau » auxquels elle était déjà assez bien habituée, fouteuse de merde qu'elle était.
Lorsque l'officier arriva pour embarquer les malfrats, la femme aux cheveux blancs osa demander :
-Heey, euh, on a le droit à une petite récompense pour avoir arrêté ces voleurs…. ?
-...Non.
-Allez, une petite compensation!
-Non.
-Tch, radins. Marmonna-t-elle sans cacher sa déception, même si elle s'y était attendue.
Elles devraient donc se contenter de la satisfaction d'avoir rendu la capitale un peu plus paisible. Génial, mais ce n'était pas ça qui allait payer son loyer et ses bières !
…
Que faire maintenant que les deux jeunes femmes étaient seules, dans un silence un peu gênant ? Dahlia prit la parole en première et proposa de se retrouver après, ce à quoi Astrid était prête à répondre qu'elle était d'accord et qu'elle avait soif mais….
-….Encore… ? Dit la femme à tout faire autant sous l'exaspération que sous le choc en voyant une autre vieille perdue.
Vraiment ? Ne connaîtraient-elles donc pas une journée tranquille ?!
Elle demanda en tournant autour de la nouvelle venue pour l'observer sous tous les angles :
-T'es pas un voleur déguisé en vieille dame hein rassure moi?
-Euh…non ? J'aimerais juste de l'aide pour rentrer chez moi…
Astrid poussa un soupir et finit par hausser les épaules.
-T'as une idée d'où d'où tu habites au moins…. ?
-Du côté des quartiers des forgerons...Je crois…. Avec l'âge, vous savez...
-….
Et c'était donc reparti pour de nouvelles aventures, en espérant qu'elles ne perdraient pas autant de temps que tout à l'heure et que cela ne se terminerait pas en tentative de vol. Elle allait vraiment avoir besoin de boire une fois la nuit tombée pour oublier ces conneries….
Spoiler: elles ont perdu beaucoup de temps.
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