Enfin! Je n’aurais jamais cru dire un jour que ses grands murs m’auraient autant manqué bien que le grand-port aurait été bien plus plaisant à voir, mais bon, nous avions tous les deux décidé de nous rendre jusque-là puisqu’il s’agissait de l’endroit le plus proche pour refaire des provisions pour notre voyage de retour.

Enfin, qui dit entré à la capitale, dit aussi l’inspection de routine pour tous ceux souhaitant pénétrer grandes murailles. Afin de ménager Arlequin, nous descendons tous les deux de son dos histoire de le ménager, puis je tiens la longe d’une main alors que je cherche quelque chose à lui mettre sous la dent. Après tout, il a été d’une très grande aide depuis tout ce temps. Je caresse doucement son encolure et me surprends à le serrer contre moi, plaquant ma tête contre son large poitrail. D’ailleurs, je regarde Aslander qui se tient tout près de moi et quand je le vois qui me jette un regard, un petit sourire s’affiche sur mes lèvres. Je ne parle pourtant pas, mais je crois qu’il peut sentir que je lui suis reconnaissante malgré tout. Étant donné la situation, c’est moi qui lui ai sauvé les fesses, mais quand même, c’est lui qui a trouvé le moyen de nous réchauffer pour pas qu’on crève comme des merdes sur le bord de l’eau.

Enfin, on commence finalement à avancer puis finalement c’est à notre tour. Le premier garde semble nous regarder drôlement. Il plisse les yeux, regarde son comparse de l’eau côté et il fini ne pas s’approcher nous en disant qu’il nous connaissait. Bien sûr, son ton ne me dit rien qui vaille, ça me semble plus accusateur que joyeux. Je n’ai même pas le temps de me saisir de mon badge que je garde toujours avec moi, même si je ne suis pas en fonction qu’il m’attrape par le poignet pour me tirer jusqu’à lui en déclarant que nous étions de crime contre la couronne. Quoi? Mais c’est qui ce bouffon?!

« Mais, c’est quoi cette calomnie? Vous vous êtes dit que nos têtes ne vous revenaient pas et ça vous tentait de vous en prendre à quelqu’un aujourd’hui? Vous n’avez pas rempli vos quotas!? »

Et en plus de cela un marchand en rajoute derrière hurlant que nous avions volé son étal. Mais oui, bien sûr! Et il se trouvait en forêt aussi?

« Je suis Khalie Drak’gnir, soldat du régiment du sud
- Ouais, ouais, et moi je suis le roi d’Aryon. Bon aller qu’on les amène avec leur affaire, ils ont des comptes à régler! »

Bien sûr, je regarde mon ami le suppliant de ne pas agir inconsciemment. Puis je me détends. Ça sert à rien de s'énerver et tant qu'il ne m'enlève pas mon cristal de communication, je pourrais toujours essayer de jouer de mes relations pour nous sortir de ce merdier.

Aslander tente de nous défendre, mais encore une fois, les ordres sont les ordres et s’ils croient avoir leurs suspects, ils ne les laisseront pas filer seulement sur leur parole. Si seulement on m’avait laissé le temps de sortir mon badge. Enfin, je pousse un soupir et j’abandonne. Peut-être que leurs supérieurs seront plus ouverts à la discussion que ces simples gardiens de portes. Je sais pertinemment là où on nous amène et il s’agit de la caserne. Là où j’ai déjà séjourné, dormis, veillé et pourtant je ne suis partie qu’il y a peu de temps et on dirait qu’on m’a déjà oubliée. Une belle bande de boulets. Bon en même temps, il y avait tellement d’allée et venue que même moi je ne connaissais pas tous les visages des gardes.

« Si j’apprends que vous avez fait du mal à Arlequin, je vais porter plainte contre vous quand cette histoire sera terminée! Prenez-soin de lui, il n’a rien à voir dans cette histoire! »

Une fois à la caserne, l’homme qui nous escorte semble bien fier d’annoncer notre capture au sergent présent. Gecko? Tiens, ça me dit quelque chose. Où est-ce que j’ai déjà entendu cela? Alors que je l’écoute énoncer nos supposés délies, je fais aller mes méninges et soudainement ça me revient telle une gifle phénoménale en pleine tronche. Mais bien sûr! Les nobles que nous avions croisés et qui connaissaient Valentino. C’était quoi déjà le nom du paternel. Ali…Alistar, non Alistair oui c’est cela! Enfin, je n’écoute pas un seul mot qu’elle raconte, mais je m’arrête pile au bon moment quand elle nous demande ce que nous avons à dire pour notre défense.

Heureusement cette bande de cons ne nous avait pas enlevé nos bagages. Alors je plonge ma main aussitôt dans mon sac et j’y récupère deux choses. La première c’est mon badge que je lui tends aussitôt.

« Je suis le soldat Khalie Drak’gnir du régiment du sud. J’ai fait l’école militaire ici et je ne suis partie que récemment de la Capitale. Et je dois dire que l’accueil me semble bien moins chaleureux que la dernière fois que je suis passée avec mon compagnon ici présent. Nous avons élucidé un meurtre il y a de cela quelques semaines… »

Puis je sors alors mon cristal de communication que je tiens fermement en main.

« Nous avons toutes les deux une connaissance commune, Sergent Gecko et il s’agit de notre très cher Officier supérieur. Je crois comprendre qu’il est en bonne relation avec vos parents. Je peux l’appeler si vous voulez pour qu’il prouve qu’il s’agit bien de nous. »

D’ailleurs je n’attends même pas son avis. À vrai dire, j’ai les nerfs de me faire accuser à tort pour des choses que je n’ai pas commises. J’infuse une impulsion magique dans mon cristal et je pense aussitôt à Valentino.

« Suuuuunnyyy!, tu ne pouvais pas te passer de moi c’est ça?!
-… (soupir), en provenance du sergent.
- Une minute? Je connais ce soupir, Saori?
- Exact, nous sommes en sa présence et nous avons été arrêtés, mon ami et moi-même pour des crimes que nous n’avons pas commis. J’aimerais juste que tu prouves mon identité. S’il te plait… »

Je regarde en direction d’Aslander. Bon malheureusement pour son identité on aura que ma parole qu'une fois seulement que Val aura validé la mienne.

Je tiens le petit cristal dans le creux de ma main alors qu’on entend la voix de Val qui s’amuse à me présenter d’une bien drôle de façon. Déjà, pourquoi évoquer cette foutue rumeur qui m’a mise plus mal que bien. Je sers doucement les dents, mais je ne dis rien. Je le laisse s’amuser et dire les âneries qu’il veut. Au moins la sergente semble vouloir le remettre à sa place, mais ça ne l’empêche pas de terminer… Enfin, la suite devient plus sérieuse, jusqu’à ce qu’il me propose d’aider à Saori. Heureusement qu’il n’est pas là pour capter mes yeux qui roulent et que la sergente semble trop occupée à rappeler l’anniversaire du frère de Valentino. Bon, je plisse les yeux à ce moment là et  je tire une moue. Je ne peux pas m’empêcher de me demander quel genre de lien il entretient avec cette femme, alors que de l’autre côté, je redoute de la réponse et pourtant! Ça ne devrait me faire ni chaud ni froid, puisqu’il fait ce qu’il veut!

Je regarde vers Aslander qui me regarde aussi et je ne sais pas dire la tête que je tire à ce moment, mais je lui souris doucement, un peu tristement peut-être? Enfin, je vais devoir couper court à cette discussion alors je ramène soudainement le cristal vers moi.

« Bon, Val’, désolé de te couper avec ta chérie, mais voilà, merci pour ton aide, je te revoudrai ça. Allez, à plus et à ne t’ennuie pas trop de moi, parce que je profite très bien de ton absence. »

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et je m’assure de couper l’impulsion magique dans mon cristal avant qu’il n’ait la chance de dire quoi que ce soit d’autre. Je la range aussitôt dans mon sac sans fond et j’épingle mon médaillon à mes vêtements.

« J’vais vous aider, mais bon, malheureusement, je n’ai pas de tenue convenable et elle est un peu sale. On s’est fait prendre par une créature des marais. Bref, longue histoire. Dites-nous en plus sur les deux recherchés. »

Pas le temps de discuter qu’on entend un bruit sourd à l’extérieur et des cris. On sort tous de la caserne au pas de course et un épais nuage de fumée entoure celle-ci. Je tousse un coup et je secoue ma main pour tenter de voir quelque chose.

« Un Fumerolle? » que je demande à voix haute.

Je finis par capter des mouvements sur l’un des toits non loin et au même moment un garde hurle de les attraper. Je passe en levant le nez à côté de ce même garde et je dois dire que sa tête vaut des millions de cristaux. Je lui fais un sourire resplendissant qui disait surtout « T’as l’air con maintenant » et je lui fais un signe de bye bye.

« Bon Aslander, tu viens, on a des sosies à attraper et on doit leur prouver qui sont les meilleurs. » Je nous pointe tous les deux tout en marchant à reculons. « Et les meilleurs, c’est nous! » J’ai un petit rire amuser alors que je me retourne d’un petit bon avant de sprinter en direction de nos jumeaux.

Parfait! Aslander me suit comme prévu et nous poursuivons ses pâles copies de nous-mêmes. Bon bien sûr, on est plus honnête qu’eux et on ne fait pas dans le crime. Dans tous les cas, ils me rappellent ces pauvres types qui avaient tenté de voler dans la demeure d’Aslander. Aucune discrétion, aussi voyante, sans professionnalisme et aussi mauvais criminel. Bon faut bien que je leur donne un bon point. Ils nous ont évité de les chercher aux quatre coins de la capitale en s’exposant ainsi tout juste à côté de la caserne où on nous avait amenés. Le monde était si petit.

Aslander semble avoir une idée, car il me mentionne de trouver tout ce que je peux pour ralentir leur chute, car il comptait les faire descendre. Je me retourne légèrement juste pour l’observer un bref moment de surprise. Les faire tomber de cette hauteur? Il avait drôlement confiance en mes compétences pour leur éviter une mort certaine due à une chute de cette hauteur. Sur le coup, j’ai une légère hausse de pression, mon pouls s’accélère et mes méninges tournent à fond. Que faire, quoi prendre? Mes yeux semblent se mouvoir sur tout et sur rien. Un stand; trop dur, un buisson; trop risqué puis si ça se trouve une branche allait très certainement les perforer. Ce n’est pas facile de trouver un objet avec une surface pour les retenir et qui ne soit pas trop lourd pour moi. D’ailleurs, je dois prendre compte aussi que si leur poids se rajoute dessus, je risque de ne pas pouvoir les maintenir. Ils tomberont tout de même sur la chose que j’aurai choisie.

Finalement,  mon regard d’acier s’arrête sur de la literie en plein séchage. Un large sourire s’affiche sur mon visage et ça me rappelle de nouveau la fois qu’on avait fait fuir les voleurs en simple serviette. Et que dire aussi de la fois où j’ai arrêté une bande de petits voyous en fuite avec un drap aussi. C’est plutôt pratique et assez polyvalent. Je bifurque vite fait pour le récupérer et reviens sur notre trajet. Je me retrouve maintenant derrière Aslander et je sors de ma pochette quatre de mes cinq dagues que je vais utiliser. On se retrouve finalement dans une ruelle et Aslander agit finalement étirant le bras pour geler une simple plaque de glace qui fait tomber les fuyards. Je m’arrête, car j’ai besoin de toute ma concentration. Je soulève le drap l’étire le plus que je peux et je lance mes dagues à l’aide de mon pouvoir. Celle-ci se fiche dans les murs enfonçant par la même occasion chaque coin du drap pour le solidifier. Puis je concentre tout mon pouvoir sur le drap comme s’il s’agissait de mes propres bras que je garde lever dans les airs.

Les deux corps heurtent alors le tissu et je sens aussitôt mes bras faiblir comme s’il cherchait à descendre, alors je pousse, je force de tout mon esprit. J’ai un coup de sueur, je me sens étourdie d’un seul coup et je me surprends moi-même alors que je pousse un genre de grognement en serrant bien les dents. Le tissu se finit par se déchirer au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient à l’intérieur et ils passent à travers terminant leur chute sur le sol. Un gémissement de douleur retentit jusqu’à nos oreilles, mais au moins ils ne sont pas morts grâce à l’amortissement. J’ai mal au bras comme si je venais de faire des tractions avec et pourtant… Enfin, je rappel à moi mes dagues que je range aussitôt alors que j’annule mon pouvoir sur tous les objets que j’avais touché soit au nombre total de cinq.

Je m’approche alors aussitôt du duo de choc et quand ils ouvrent les yeux pour regarder en notre direction, ils ont l’air aussi surpris que nous. Enfin, vu de près c’est facile de reconnaître les vrais des faux. Déjà, les cicatrices ne sont pas présentes,  nos cheveux ont des couleurs un peu différentes. Par contre, je dois dire que la morphologie est assez troublante. Je me penche alors par-dessus mon sosie et la salue rapidement de mes doigts.

« Salut, pâle imitation. Vos crimes s’arrêtent ici! »

Je sors une paire de menottes de mon sac et je les attache ensemble. Quand je me redresse, je sens un liquide chaud sur ma lèvre supérieure. Je touche vite fait du bout de mon majeur et y constate qu’il s’agit là de sang… Bon, je savais bien que j’avais abusé sur l’utilisation de mon pouvoir et dans le doute, je vais ne pas le réutiliser avant quelques heures le temps de me remettre.

« C’pas grave, que je dis à l’attention de Aslander, mais t’aurais pas un mouchoir? »

À peine ai-je dit ça, que j’ai le tournis et pendant un bref instant, j’ai l’impression de perdre la sensation d’avoir des jambes et je perds l’équilibre tombant vers ce dernier. Je me rattrape à son bras.

« Oula!! On va ramener les ramener et j’exige une chambre à l’auberge pour dédommagement! On mérite bien du repos toi et moi! »