L'eau froide tombant sur sa tête était la meilleur chose qui lui était arrivé depuis des jours ! Elle poussa un soupire de soulagement quand elle senti les nausées s'apaiser. Elle fermait les yeux et se remémora les évènements de la veille, elle était persuadée de ne pas avoir trop bu... mais la preuve que si. De toute sa vie, elle n'avait jamais été ivre c'était la première fois qu'elle avait une gueule de bois et une petite voix dans sa tête disait " plus jamais "

- AAAIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNN ! GROS PROBLEME ! C'est moi Astrid ! J'ai échangé mon corps avec ton chantelune ! Putain de bordel de merde de Fenrir ! Me demande pas pourquoi je sais pas non plus et pu….

Ain tourna la tête et vit un Vif affolé qui volait maladroitement vers elle. D'ailleurs était-ce Vif ? C'était bien la première fois qu'il l'appelait Ain et non maman... et le reste de sa tirade ne ressemblait pas non plus à une blague qu'aurait pu faire le chantelune.

- Oh la la. Là je vois bien que t'es une nana. Fort dommage que je n'ai pas pu en profiter hier soir, huéhuéhué.

Pas de doute. C'était Astrid. Bon sang, quand elles avaient enfin réussi à se séparer du sort de la veille, voilà qu'un autre malheur les frappait ! Ain soupira, n'étant nullement gênée par sa nudité elle éteignit d'abord l'eau en prenant sa tête dans sa main.

- Bon, calme toi Vi... Astrid ? Qu'est ce qui se passe ?

Au même moment, c'est une Astrid -la vraie cette fois- entra en trombe dans la salle de bain, se cognant au meuble et faisant un boucan pas possible :

- MAMAAAAN! J'AI FAIIIIM !!!

D'après sa réaction... c'était Vif, Ain n'en avait aucun doute. Que diable c'était-il encore passé ?

- Vif, doucem.. AH!

Le bébé chantelune, dans sa nouvelle enveloppe humaine, voulu se poser sur l'épaule d'Ain comme il en avait l'habitude.. mais hélas, il n'avait plus d'ailes pour s'envoler, mesurait plus d'un mètre soixante dix et pesait bien dix fois plus que son poids habituel... Il s'élança sur Ain. Et les deux femmes s'écroulèrent dans la douche. L'aventurière cogna sa tête contre le carrelage et cela lui relança sa migraine. Elle grogna à l'encontre de son familier :

- VIF! CALME TOI !

- Oh, maman est petite ?

Comment expliquer la situation pour que ce gamin se calme et ne fasse pas trop de connerie... Ain soupira, lorsqu'elle avait finalement accepté le chantelune, elle n'avait pas signé pour cela...

Puis Vif tourna la tête vers Astrid le chantelune, il afficha une mine étonné :

- Un deuxième Vif ?

- Non... regarde toi et calme toi, il va falloir trouver une solution, d'abord lève toi s'il te plait.. tu m'écrases

Ignorant complètement la dernière partie de sa phrase, il porta ses ailes, ou plutôt ses mains devant sa tête et sursauta :

- Vif est comme maman ! OUAAAIII!  

Puis tout content, il s'écrasa encore plus contre sa maman pour la caliner et se frotter à elle tout joyeusement comme il le faisait quand il était encore qu'un petit oiseau. Sauf que Ain était encore nue, qu'il avait maintenant le corps d'Astrid et que cette dernière observait la scène depuis son nouveau corps d'oiseau.

Ain grogna et essaya de repousser Vif, mais il avait maintenant autant de force qu'elle et ce n'était plus aussi facile. Le petit chantelune ne voulait rien entendre, il était simplement heureux et avait même oublié sa faim. Il ne voulait plus de décoler de sa mère et lui enserait la taille des bras du corps d'Astrid.

- Maman et Vif ! Vif est comme maman ! Vif est le plus beau ! Vif peut protéger maman !  

Ain lanca un regard noir à Astrid le chantelune en train de picorer la tête de son propre corps et lui envoya télépathiquement :

- Si tu pouvais éviter de m'envoyer ce genre de message !

- Aïe Aïe Aïe !

En se protégeant de l'assaut de l'oiseau, Vif l'humaine se protégea la tête. Ain ne perdit pas de temps et en profita pour la repousser et se relever. Elle allait chercher une corde dans son sac pour la ligoter et l'empêcher de faire des bétises quand elle se rendit compte qu'elle était nue et qu'elle n'avait absolument rien sur elle mis à part ses objets de pouvoir dont elle ne se séparait jamais... Et c'était mieux que rien ! D'une tape sur le cristaux d'eau, la douche se remit en marche et Ain utilisa l'eau pour façonner le même serpent d'eau avec lequel elle avait ligoté le garde la veille. L'eau s'enroula autour de corps d'Astrid et Ain s'apprêtait à la geler pour empêcher Vif de s'échapper... mais le petit oiseau, malgré sa cervelle de moineau, compris ce qu'elle comptait faire :

- NON!

Et en un clin d'oeil il avait disparu, ne laissant derrière lui qu'un courant d'air. Mais la seconde suivante on entendit un gros BAAAAAAM! provenant de la chambre. Que s'était-il passé ? Ain se redressa et couru dans la chambre pour découvrir un Vif-Astrid au sol en train de pleurer et se tenir la tête, devant un mur avec une grosse marque d'impact...

- Vif.. qu'est ce qui s'est passé !?  

- LE MUR IL S'EST JETÉ SUR VIF !!! J'AI MAL J'AI MAL J'AI MAL J'AI MAL !

Et il éclata en sanglot dans le corps d'Astrid qui, visiblement, avait l'air d'avoir un gros bleu sur la tête. En repassant les images de la veille dans sa tête, Ain arriva à la conclusion qu'avec le corps d'Astrid, Vif avait maintenant ses capacités... L'aventurière avait déjà vu une telle vitesse de la part de cette femme lorsqu'elle était encore dans son corps, mais Vif ne devait sans doute pas être habitué à cela et venait certainement de se prendre le mur.

- Ça t'apprendra à courir partout.

Ain pensait que le chantelune dans le corps humain allait se tenir a carreau. Elle se sécha instantanément en faisant s'évaporer l'eau sur elle et commença à se rhabiller. Elle n'eu que le temps d'enfiler ses sous-vêtements que Vif hurla :

- M-m-m-ais... MÉCHANTE MAMAN !

Et en quelques fractions de secondes... Le corps d'Astrid avait disparu. Ain avait à peine pu le suivre du regard, il avait défoncer la porte d'entrée pour sortir de la chambre. D'après le patatra qu'elle entendit, il était certainement sorti de l'auberge de la même manière.

- BON SANG!

Ain se jeta sur la fenêtre pour observer la rue et elle voyait déjà le corps d'Astrid courir au bout de la rue, renversant les gens sur son passage.

- RHA!!!

La jeune femme ne sortait pas souvent de ses gonds, mais entre sa gueule de bois et les évènements de la veille, cette rencontre était arrivé au bout de sa patience. Elle termina de s'habiller le plus rapidement possible, enfilant les vêtements de la veille et replaçant rapidement ses armes à la ceinture. Elle descendit en trombe les escaliers de l'auberge, ne faisant même pas attention si Astrid-Chantelune la suivait ou non et déposa une belle somme de cristaux sur le comptoire :

- Pour la chambre et les dégâts de mon familier !

- Votre.. familier ?

La femme de l'acceuil semblait plus surprise qu'énervée mais Ain était déjà sorti à la poursuite de Vif dans le corps d'Astrid... Mais comment attraper quelqu'un qui court aussi vite que le son !?

Ain ignora tant bien que mal les cris mentaux d'Astrid le chantelune. Autant Vif chantait des chansons pourries et n'arrêtait pas de pialler en toutes occasions, autant Astrid racontait des blagues pourries et criait lorsqu'elle parlait. Ain ne savait pas qui était le mieux ? Aucun des deux certainement...

Astrid n'eu pas besoin de le préciser, l'aventurière était déjà à la poursuite de son corps pour l'attraper.
- Mon corps a encore un peu la gueule de bois, donc il devrait pas aller loin. Sans compter que mon pouvoir fatigue assez vite.
Justement, il n'y avait pas que son corps qui avait la gueule de bois, Ain l'avait également et tout ce vacarme avait relancé la migraine qu'elle avait réussi à atténuer sous la douche. Quand est-ce que Lucy la laissera enfin tranquille ? Courant dans les rues du village à la recherche d'une dame en sous-vêtement, Ain s'essouflait plus vite que d'habitude. Etait-ce également un effet de la gueule de bois ? Elle avait soif et avait besoin d'eau, mais il y avait plus important que son état : il fallait rattraper Vif avant qu'il ne fasse encore des bétises. D'un côté elle se moquait bien de ce qui pouvait arriver au corps d'Astrid mais d'un autre, elle se sentait responsable étant donné qu'il s'agissait de son familier à l'intérieur.

Astrid le chantelune s'envola maladroitement pour avoir une vue générale depuis le ciel et Ain continuait à la chercher depuis la terre :

- Miel, tu arriverais à retrouver Astrid ?

Le Solnar avait suivi sa maîtresse, comme toujours, sans vraiment comprendre la gravité de la situation. Cependant il jappa et commença à renifler autour de lui. Il n'était pas un excellent limier mais son odorat était bien plus développé que celui de la jeune femme. Cependant, il n'eu pas besoin de mettre ses talents à profit, Astrid l'appela dans sa tête :
-Je...Non, Vif est entouré par 3 personnes ! Vite !
- Où ça !?
Ain eu à peine de lever les yeux en l'air pour voir le petit oiseau s'élancer en pic vers l'est. Sans réfléchir, la jeune femme le suivi en essayant de ne pas le perdre des yeux, mais là où lui pouvait voler tout droit, au sol l'aventurière percuta quelques passants et du s'excuser en continuant sa course.

C'est une Ain essoufflée qui déboucha sur une petite ruelle, elle posa une main sur son ventre pour reprendre sa respiration et leva les yeux. En face d'elle Astrid était bien là :

- Vif ! Reviens i..

Elle ne remarqua que quelques secondes plus tard que trois hommes se trouvaient derrière Vif-Astrid. Ils n'avaient pas l'air commodes, que voulait-ils donc ? Ain n'était pas experte en bluff mais comment expliquer que son familier est dans le corps de cette femme. Finallement elle s'approcha du groupe et sans même un sourire, demanda d'une voix neutre ?

- Bonjour, il y a un problème avec mon amie ?

Ain posa la main sur l'épaule d'Astrid, non pas par signe d'amitié -cette phrase lui avait d'ailleurs arraché la langue- mais pour être sur qu'il ne s'échappe pas encore une fois...

Ain ignora encore les remarques d'Astrid dans sa tête pour se concentrer sur les gars devant elle. Bien sur, ils ne voulaient pas laisser partir la demoiselle en sous-vêtement si facilement. Pourquoi la vie n'était-elle faîtes que d'embuches ? Ne pouvaient-ils pas, pour une fois, tomber sur de gentils gentlemans qui auraient recouvert le corps d'Astrid de leur veste et auraient veillés à ce qu'elle rentre chez elle ?

Deux des hommes repoussèrent Ain tandit que le dernier commençait à emporter Vif qui ne comprenait rien à la situation ? Naïf, le chantelune n'allait  certainement pas se défendre, s'ils se plaignait d'un bleu à la tête, elle ne pouvait pas espérer grand chose de lui. Il fallait agir avant qu'il ne soit trop tard. Avant de suivre l'autre, Astrid l'oiseau lâcha un charmant fion sur l'oeil d'un des hommes qui maintenant Ain. Ce dernier porta ses mains à sa tête en rageant et l'aventurière ne rata pas cette occasion. Ce n'était pas très élégant, mais elle donna un coup de pied bien placé, pile entre ses deux jambes. L'homme se plia en deux et hurla de douleur. Puis avant que l'autre n'ai pu réagir, elle porta sa main contre son visage et activa sa bague de foudre : BZZZ! Il grilla comme un moustique. Enfin, il lacha son étreinte et son corps fut parcouru de spasme. Ain savait que ça n'allait pas durer alors elle déboucha sa gourde fontaine et recommença la technique de capture qu'elle avait réalisé la veille : un serpent d'eau qui vient s'enrouler autour des deux hommes et hop, transformés en glace. Immobilisé jusqu'à ce que la garde n'arrive.

Si cet échange avait été rapide, l'homme restant et Vif avaient déjà disparu dans une autre ruelle et Ain les avait perdu des yeux. C'est donc à contre-coeur qu'elle envoya un message télépathique a Astrid chantelune :

- Astrid !? Où est ton corps ?

Et Ain se mit à la poursuite des deux hommes en attendant une réponse de la femme.



De son côté, Vif se faisait entrainer par cet homme bizarre sans comprendre ce qu'il se passait :

- Je vais travailler ? Comme maman ? Comme ça maman sera fière de Vif ?

- Oui c'est ça, comme maman.. aller, suis moi poulette.

-Hé! Je suis pas une poulette ! Vif est un vaillant chantelune !

L'homme soupira et attrapa Astrid par l'épaule pour être sur qu'elle ne s'échappe pas : une femme aussi bonne et aussi naïve, cela vaut de l'or.

- Enlève ta patte de Vif ! Tu fais mal gros ours ! Vif doit rejoindre maman !

L'homme grogna et marmela sans sa barbe mais ignora les plaintes de la jeune femme.

- Vif a dit lache moi !

Et le coup parti tout seul. Le familier venait d'activer, sans le savoir bien évidemment, le bracelet d'amélioration qu'Astrid portait et le poings de Vif fracassa le menton de l'homme à la vitesse et la puissance du son. On entendit un plusieurs "crac" l'un provenant de la machoir de l'homme qui devait être sérieusement endommagée, l'autre provenant des doigts du corps d'Astrid qui avaient également subit de plein fouet la puissance du coup.

L'homme n'eu pas le temps de réagir et il tomba à terre. Un coup, un KO.

Vif le regarda étonné et commença à sourire de toutes ses dents :

- Vif est trop fooo...

Mais son sourire commença à se transformer en larmes puis en pleurs quand la douleur arriva enfin à sa main.

- OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNN!!! J'AI MAL J'AI MAL J'AI MAL J'AI MAL !!! MAMAAAAN ! OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN!!!

Grâce à Astrid le chantelune qui avait suivi son propre corps, Ain retrouva rapidement la trace de Vif. Ce dernier était recroquevillé par terre, devant le corps d'un homme en train de se tenir la main et pleurer à chaudes larmes. Lorsque Vif vit sa maman arriver dans la ruelle, elle se jeta dans ses bras et enfouie sa tête dans sa poitrine pour chouiner.

Ain ne savait pas quoi faire. D'une part elle ne savait pas s'occuper de Vif en tant que chantelune mais maintenant qu'il avait un corps d'humain elle savait encore moins quoi faire. Elle hésita et tapota doucement la tête d'Astrid espérant le réconforter.

- Doucement, montre moi ta main..

Vif obtempéra en sanglotant et lui montra l'état des blessures. Ce n'était pas beau à voir, elle commençait déjà à prendre une couleur violette dû au coup mais fort heureusement, les os n'avaient pas l'air fracturés.

- Tu penses que si je me tape une autre chantelune dans ce corps, ça fait de moi un zoophile… ? Et si tu te tapes Vif, l'esprit d'un familier, qui est dans mon corps…. ?
- Bon sang Astrid... tu crois vraiment que c'est le moment ?

Ain n'avait aucune intention de se "taper" ni Vif dans le corps d'Astrid, ni le corps d'Astrid, ni Astrid dans son propre corps.. Après, qui sait ce que l'avenir lui réserve. En attendant, Vif n'arrêtait pas de sangloter et il avait maintenant les yeux tout rouge. Ain hésita :

- Ecoute.. tu veux manger quelque chose ?

C'était la seule chose qui lui venait à l'esprit en espérant que cela calme un peu le petit familier. Avec une expression enfantine sur le visage d'Astrid, Vif leva les yeux vers sa maman avec un regard plein d'espoir.

- Vif veut manger...

- Bien. Mais dans ce cas on va d'abord t'habiller...

En effet le corps d'Astrid était toujours en sous vêtement et c'était bien pour cela -entre autre- qu'il s'était attiré tant de problèmes. Fort heureusement, Ain avait fourré toutes les affaires qui trainait dans la chambre de l'auberge dans son sac sans fond avant de laisser les clés à l'aubergiste. Elle posa son sac au sol et entreprit de fouiller pour retrouver les affaires d'Astrid. Finalement, elle retrouva les vêtements qu'elle avait la veille.

- Tiens, met ça.

- Comment ?

- ... Rha! Viens là.

Et Ain habilla Astrid.

Lorsque Vif fut enfin vêtu, Ain poussa un soupire. Cela n'avait pas été facile, il avait encore du mal à coordonner ses mouvements et n'avait pas voulu passer la tête dans son haut. Mais au moins, avec l'appel du ventre, l'aventurière avait réussi à habiller son familier.

Elle jeta un coup d'oeil à l'homme étalé au sol. Il n'était pas mort tout de même ? Il n'avait pas bougé depuis qu'elle était arrivée... Elle s'approcha du corps et remarqua son torse se soulever doucement. Il respirait c'était le principal.

- Manger manger manger !

- Oui on va manger...

Et elle entraîna Vif sous l'apparence d'Astrid en la tenant par la main dans la rue principale. Les commerces, restaurants et tavernes étaient déjà ouvertes et de bonne odeurs se faisaient sentir. Tout en se dirigeant vers un petit café elle jeta un oeil sérieux à Astrid le chantelune en lui envoyant télépathiquement :

- Bon, je vais occuper Vif, pendant ce temps là il faut qu'on trouve une solution pour ça. Une solution sérieuse !

- Maman pourquoi on va pas là bas ! Dit Vif en désignant la taverne où les deux femmes avaient bu la veille.

- Parce qu'on ne peut pas y manger.

- Si ! Y'avait de la tarte au citron ! Je veux y aller je veux y aller je veux y aller je veux y aller !

Autour d'eux, les visages se tournèrent dans leur direction et Ain aurait voulu se cacher au fond d'un trou. Astrid devait avoir une vingtaine d'année ? Voir son corps faire un caprice en tapant du pied et crier dans la rue... Ain était mal à l'aise. Du coup, elle ceda encore une fois pour avoir la paix.

- D'accord mais tu te calmes...

- OUAIIIII!

Heureusement qu'Ain lui tenait la main, sinon il serait déjà parti en courant...

Tout en tenant Vif par la main pour ne pas qu'il s'échappe encore avec le corps d'Astrid, Ain secoua la tête à la réponse mental de la jeune femme :

- Attendre jusqu'à demain.. je suis pas sûre qu'on tienne juste que là. On peut aller voir les gardes oui. Et vous assomer... c'est pas que l'idée me déplait mais je le ferais pas si on est pas sur que ça fonctionne.

Pas par sympathie. Ain ne voulait simplement pas se retrouver avec deux corps inconscient sans savoir s'ils vont redevenir normaux après ou pas.

- On va mangeeeeer !!?

- Oui Vif allons-y. Mais après tu m'accompagnes quelque part et tu restes sage.

- Ouiii! Manger ! Manger ! Manger !

Les trois compagnons poussèrent la porte de la taverne où ils étaient la veille. Ain s'assit à une table et invita Astrid à faire de même, elle commanda trois verres d'eau avec une part de gâteau au citron. Heuresement pour elles, il n'y avait pas encore beaucoup de client à cette heure et la serveuse de la veille n'était pas là. Ain déposa un petit cristal sur la table pour leur consomation et soupira en s'adossant à sa chaise en surveillant Vif dans le corps d'Astrid...

Le petit oiseau, maintenant jeune femme, était tout content de revenir manger ici et sautillait littéralement d'impatience sur sa chaise. Au moins, tant qu'il n'était pas servi il ne s'enfuierait pas, Ain pouvait souffler un petit coup avant de reprendre les hostilités. Ils furent rapidement servi, dans les yeux d'Astrid, on voyait les étoiles de gourmandises briller. Dès l'assiette fut posée à table, Vif plongea le bec dedans... Sauf qu'il n'avait plus de bec. Et la tête d'Astrid fut recouverte de crème citron... Mais cela ne gênait pas le familier qui continua de picorer avec le corps d'Astrid. L'aventurière resta bouche-bée devant ce spectacle, ne sachant pas si elle devait agir ou pas. Mais de toute manière, le mal était fait : autour d'eux les quelques clients commençaient déjà à murmurer. Finalement, Ain ne dit rien au chantelune et attendit qu'il eu terminé de manger pour lui essuyer le visage comme on fait à un enfant.

- Bon. Ça va mieux maintenant ?

- Ouii!

Ain se leva de table et invita Vif à faire de même, il était repu et satisfait et avait l'air de bien vouloir se tenir a carreau. Mais au cas où, l'aventurière attrapa encore la main du corps de la jeune femme pour l'empêcher de courir à la moindre distraction et sorti de la taverne.

Maintenant, direction le poste de garde. En espérant que rien ne vienne les embêter.

- Astrid. Tu sais où se trouve le poste de garde ?

Ain ne savait pas du tout où il pouvait être et elle n'avait pas envi de devoir fouiller toute la ville pour le trouver. Elle espérait que sa compagne le sache sinon il faudra qu'elle demande à des passants.

Ain ignora les remarques inutiles d'Astrid et se contenta de suivre le chantelune. Peu importe quel poste de garde, ils devraient être équipé de la même manière non ? C'est au bout d'une vingtaine de minute de marche pendant lesquels Vif n'arrêtait pas de se plaindre qu'il avait mal au pied : il n'avait encore jamais marché autant. Il volait la plupart du temps ou se posait sur la tête de sa maman pour se reposer. Il a d'ailleurs voulu essayer, même sous l'apparence d'Astrid mais Ain avait refusé. Puis il avait voulu chevaucher Miel pour qu'il le porte... et ce dernier s'était éloigné et les suivait sagement maintenant une bonne dizaine de mètre derrière...

A l'entré du poste, deux gardes discutaient. Astrid en tant que chantelune s'approcha d'eux et piailla a côté. Seule Ain compris ce qu'elle disait mais les deux hommes ne pouvaient qu'entendre les chants de l'oiseau. L'aventurière soupira lorsqu'elle entendit les jolies compliments que la femme faisait aux gardes, elle en vint à espérer que le pouvoir de l'un d'eux soit de comprendre les animaux... mais vu leur absence de réaction, cela n'avait pas l'air d'être le cas.

Elle s'avança donc en tenant Vif dans le corps d'Astrid par la main et expliqua la situation :

- Bonjour. Excusez moi, nous avons un soucis et je pense que vous pourriez nous aider.

- Bien sur jeune homme, dîtes moi.

- Comment expliquer.. Et bien, vous voyez mon amie en désignant le corps d'Astrid qui pour une fois se tenait a carreau. Et mon familier En désignant le chantelune. Je pense qu'ils ont été victime d'un sort ou autre, ce matin au reveil ils avaient échangés de corps...

Et les deux hommes se mirent à rire. Cela agaça Ain qui serra les poings, seulement elle tenait encore la main d'Astrid et Vif n'apprécia pas trop :

- Aïe! Tu me fais mal maman...

Ain desserra sa main, sans pour autant lacher le chantelune.

- Oh! C'est que vous jouez bien la comédie mademoiselle !

- Ecoutez, je vous demande juste de passer vos menottes anti-magie à cette jeune femme, afin de dissiper le sort.

- Hm Il semblait songeur Vous savez qu'on ne peut pas les utiliser sans raison valable.. mais si la demoiselle dit qu'elle est d'accord, je n'y voit pas d'inconvéniants.

Ain jetta un coup d'oeil à Vif.

- Vif écoute, ces monsieurs vont te passer des menottes mais je reste avec toi d'accord. Ils les enlèveront tout de suite après.  

- C'est quoi des menottes ?

- Ce sont... de gros bracelets, collés entre eux.  

- C'est quoi des bracelets ? Ain soupira. C'est comme elle a maman ?

- Oui c'est ça ! ça fait pas mal rien !

- D'accord ! Comme maman !

En s'adressant aux gardes :
- Allez y s'ils vous plait.

- Bon.. tendez moi vos poignez mademoiselles.

- Vif est pas une mademoiselle ! Vif est un vaillant chantelune ! Vif est un mâle en plus !

Ain pensait qu'il allait encore faire des bétises, mais il tendit ces poignets au garde qui lui passa les menottes...

- Alors ?