Suite directe au RP précédent
C'est une scène bien étrange qui se déroule là devant vos yeux. Un combat, un sacré combat, fait de coups d'épée et de dague, parfois en traitre.
Et alors que vous vous b attez pour vos vies, et que le bruit des armes résonne dans le bâtiment, plusieurs silhouettes métalliques enfoncent les portes, de grands homme en armure parés du rouge royal, dont le blason ne laisse pas douter de leurs allégeance.
C'est bien un groupe complet de la garde royale qui viens vous prêter main forte, ajoutant leurs maîtrises de la lame à votre petite troupe.
Nul bandit ne saurait tenir face à un soldat cuirassé de cette envergure, d'autant plus qu'ils sont menés par un géant qui fracasse à lui seul une porte renforcé d'un terrible coup de marteau.
-Gardes Royaux ! En avant !
Tancred, ce géant, dépasse Rebecca pour s'occuper de ces énergumènes glissant au passage à cette dernière.
-Mon Capitaine, vous fait part de ses salutations malgré ce que vous lui avez dit
Avant de donner la chasse aux brigands.
Mais le couple Salner parvint tout de même à profiter de la confusion pour s'échapper, fort heureusement vous les avez vu et vous lancez à leurs poursuite !
Le temps presse !
- Reb ! indiqua Calixte à son amie tandis que celle-ci faisait rapidement un brin de causette avec un imposant garde royal.
S’élançant à la suite des fuyards, ils débouchèrent rapidement dans les rues s’assoupissant de la Capitale. Si la nuit leur offrait l’avantage de la tranquillité, son obscurité risquait de leur compliquer la tâche. Saisissant d’un mouvement souple les lunettes de jour dans son sac-à-dos, l’espion les enfila et observa les environs.
Attaquer là !
Visiblement excité par le combat et la possibilité de déchainer ses salves électriques, le teisheba s’investissait complètement dans la poursuite des Salner. Attrapant le bras de Rebecca, Calixte lui indiqua les silhouettes s’éloignant par les toits et ils se mirent à courir dans leur direction, précédés de la petite nébuleuse. Heureusement que les chemins de la Capitale n’avaient encore que peu de secrets pour les pas de l’espion, car sa maladresse ne lui facilitait guère la tâche pour ce genre de course poursuite. Et, finalement, entre les créatures d’ombres de l’aventurière et les bottes de propulsion du garde, ils finirent par rattraper le couple de fugitifs aux abords de la Rivière Luisante. Après un échange de regard, Othurn et Chica passèrent par-dessus un petit muret à proximité et s’engagèrent dans un boyau déversant des eaux usagées dans la rivière.
- Génial, commenta Calixte en haussant les sourcils.
Encore une promenade dans les égouts de la Capitale. Echangeant à leur tour un regard, les deux amis s’engouffrèrent à la suite des Salner. L’atmosphère humide et les relents d’immondices les cueillirent à la gorge, assaillant leurs sens et les désorientant momentanément. Lorsqu’ils s’avancèrent enfin davantage dans le souterrain, les pieds pataugeant entre les ordures, les Salner avaient disparu.
Attaquer vite !
Attends-nous Eli.
Sur quelques mètres la progression fut aisée. Le couloir ne proposait pas d’autre choix que celui d’avancer tour droit. Mais bientôt une bifurcation leur fit face, et ils accusèrent un moment d’hésitation. Malgré ses lunettes de jour et le poinçon toujours logé dans la botte d’Othurn Salner, Calixte n’arrivait pas à trouver trace du passage du couple. Le flot putride à leurs pieds recouvrait toute évidence de celui-ci. Néanmoins, dans le silence de leur réflexion, il leur apparut l’écho de pas sur leur droite, et ils choisirent ainsi d’emprunter le boyau en conséquence.
- J’avouerai que c’est pas tellement ainsi que j’nous voyais finir la soirée, chuchota Calixte à son amie alors qu’ils reprenaient leur progression. J’espère que tu n’avais rien de prévu d’un peu mondain après ce qui aurait dû être la fin de nos péripéties… ?
Genre un rendez-vous galant. Parce qu’à ce rythme, ils allaient empester les égouts pour quelques jours suite à leur promenade souterraine. Partiellement souterraine. Le couloir s’ouvrit sur une ruelle entre divers établissements, et l’on devinait ici et là les latrines de ceux-ci donnant juste au-dessus du large caniveau dans lequel ils progressaient. Les Salner en avaient-ils profité pour quitter l’insalubre passage et se réenfoncer dans la ville, ou avaient-ils poursuivi leur chemin initial ? Le temps d’une nouvelle pause, ils scrutèrent les environs à la recherche des deux silhouettes.
2ème lune de la saison douce de l'an 1000
JUGEMENT FINAL
- A part me laisser mourir pendant 2 jours entiers dans ma salle de bain ? Non, rien de prévus pour les prochains jours.
Suivre la trace de fuyards dans les égouts est quelque chose de totalement nouveau. Mais ce n'était pas non plus marqué sur sa liste des choses à faire avant de mourir. Rebecca hésitait à faire apparaître une créature d'ombre susceptible de les aider. Un animal à l'odorat développé ne sera d'aucune utilité, seule l'odeur si cher aux égouts était présente. Mais elle n'a pas eu le temps de faire apparaître quoi que ce soit, Calixte étant déjà entrain de la tirer dans le chemin de droite.
Celui-ci débouchait sur une rue de la capitale. Il y avait peu de monde dehors, mais toutes les fenêtres des établissements étaient éclairés, et leur rideaux tirés. Si le couple Salner s'était enfuit dans un de ses bâtiments, il allait être compliqué de le retrouver.
Mais ni Calixte ni Rebecca ne pouvaient se laisser aller maintenant. Pas après avoir traversé toutes ses épreuves. En baissant les yeux, l'aventurière nota que de la boue recouvrait la totalité de ses chaussures. Super...des chaussures qu'elle venait juste d'acheter en plus !
- De la boue....mais oui ! La boue !
- Tout va bien, Rebecca ? Le séjour dans les égouts a dû te faire plus de mal que prévus.
- Non, Calixte, regarde ! Elle lui montre ses chaussures, et celles du coursier. De la boue ! Nos chaussures en sont recouvertes. Et si les nôtres en ont...
- Celles du couple Salner aussi !
- Oui. Elle regarde autour de la sortie des égouts. Là, des traces. Il suffit donc de les suivre pour pouvoir les retrouver.
Une course poursuite bien facile, en tout cas. Les traces les conduisaient devant un établissement que Rebecca ne connaissait pas. "Aux belles poules", que disait la pancarte. Voilà bien un nom particulier. A l'extérieur, on ne pouvait rien voir de l'intérieur, de grand rideaux en velours rouge cachant de ce qui se tramait.
- Les pas mènent à ce bâtiment.
Sans laisser le temps à Calixte d’omettre quelques arguments inverses, Rebecca poussa la porte. Et à peine à l'intérieur du bâtiment, tous ces sens étaient pris d’assaut.
Son ouïe, par une musique assourdissante.
Son odorat, par une fumée sentant le chocolat.
Sa vue, par une foule de demoiselle moins vêtues les unes que les autres.
Son toucher et son goût ? Mieux vaut ne pas savoir comment.
- Ho ! Excousé mié !
- C-c'est pas grave...
La jeune femme qui venait de lui rentrer dedans ne porter rien d'autre qu'un petit bout de tissu au niveau du bassin. Quel était donc cet endroit ? Et où est donc le couple Salner ?
- Tu peux m’attendre dehors si tu préfères, Reb, proposa Calixte à son amie alors qu’elle accusait le coup en regardant d’un œil décontenancé la femme globalement nue qui s’éloignait d’un pas chaloupant.
- C’est…
- Un lupanar, oui. Les traces mènent bien ici donc soit ils ont une planque quelque part dans le bâtiment, soit ils ont pensé que nous n’oserions pas pousser les investigations dans ce genre d’endroit. Soit les deux.
Ils n’eurent cependant pas l’occasion de discuter davantage d’un plan d’action, ou de retraite, car une femme d’une cinquante d’années au maquillage haut en couleur vint à leur rencontre.
- Bienvenue « Aux belles poules », je vois que vous êtes là pour nos tarifs préférentiels de couple. Avez-vous repéré sur les affiches votre ou vos partenaires, ou préfèreriez-vous faire directement votre choix dans le salon ?
- C’est que nos amis nous précèdent, les auriez-vous vus ? Pourriez-vous nous mener à eux ? Nous réglerons bien évidemment notre part.
- Aaah je crains que la politique de la maison ne se souvienne pas des visages qui entrent, comme ceux qui sortent d’ici. Laissez-moi vous proposer ceci : prenez l’option donnant accès au salon ainsi qu’aux étages, une heure ou deux le temps de retrouver vos « amis » et de profiter des lieux. Et tout le monde sera ainsi satisfait.
Le regard de Calixte se posa à nouveau brièvement sur la silhouette de Rebecca, mais passé la stupéfaction première, elle semblait déterminée à mettre la main sur le couple assassin qui leur pourrissait la vie depuis quelques jours. Acquiesçant, il déposa les cristaux demandés par la femme au creux de sa main, et ils s’enfoncèrent davantage dans l’établissement. Justifier ces frais auprès de Zahria allait encore être cocasse.
Fidèle aux lourdes tentures de velours rouge de l’entrée, la décoration de l’intérieur de la bâtisse était tout à la fois chaude, feutrée et légèrement vétuste. Un bruit de fond, mélange de musique de qualité moyenne, de discussions, de rires et d’éclats passionnels rebondissait sur les murs tapissés pour les envelopper ensuite. De multiples parfums assaillaient leur odorat. La nourriture, la boisson, le musc, les fluides en tous genres. Et partout, la nudité des corps. Des courtisanes comme des rares courtisans, contrastant avec les silhouettes plus emmitouflées des clients au regard et aux mains baladeuses. Le temps d’une seconde, un vertige saisit l’espion, plus tout à faire sûr de la facette qu’il devait montrer là. Ce n’était pas le genre d’endroit qu’il fréquentait en tant que Calixte. C’était le genre d’endroit où il travaillait, d’une manière ou d’une autre. Mais en la présence de Rebecca… Quel visage pouvait-il bien arborer, sinon le sien ?
- On fait heum, commença-t-il en essayant de balayer du regard les lieux de manière efficace. Le tour pour essayer de les retrouver ?
Instinctivement, il saisit la main de Rebecca et l’entraîna un peu plus dans l’antre de la luxure. Quelle probabilité que le Capitaine de la Garde Royale l’étripât lorsqu’il apprît que le coursier s’était tranquillement promené avec son ex-épouse dans un bordel ? Le rose aux joues, Calixte avisa une alcôve dans la pénombre avant de reculer rapidement. Non, les Salner n’étaient pas dans celle-ci. A ce rythme, il allait avoir du matériel pornographique pour de nombreuses lunes. Voire plus s’il racontait à Apolline leurs étranges péripéties. Nuls doutes que l’âme artificielle se ferait une joie de transformer celles-ci en épopée érotique. Secouant la tête pour chasser la gênante pensée associant « érotisme » à « Rebecca », il sursauta lorsqu’une main se posa sur son épaule. Une femme d’un charme certain était venue à leur rencontre, et les observait avec un sourire séducteur.
- P’tet qu’c’est ouine dé nous qu’vous cherchez, fit-elle en indiquant d’autres courtisanes allongées lascivement derrière elle. Vous avez l’air d’hésiter beaucoup, mais v’nez donc nous t’nir compagnie. Vous y trouverez p’tet bien c’qué vous cherchez !
Du mouvement brusque à la lisière de son champ de vision attira son attention ailleurs que sur le groupe de prostituées et son regard se posa sur la silhouette du couple Salner se précipitant dans l’escalier vers les étages. Ouvrant de grands yeux, il indiqua de la main leurs cibles à Rebecca.
- Oui, bien sûr, roucoula la femme dénudée se méprenant sur son geste. Etoile, viens avec nous.
Elle passa son bras autour des hanches de Rebecca tandis que sa collègue faisait de même avec Calixte, et ils s’avancèrent à leur tour vers l’escalier. Le garde lança un coup d’œil à l’aventurière. Heum ?
2ème lune de la saison douce de l'an 1000
JUGEMENT FINAL
Océan, le nom de la deuxième prostituée, prend Rebecca par les hanches et la conduit vers les escaliers. Du coin de l'oeil, elle voit Calixte se faire prendre en otage également.
- Mes dames, nous ne sommes pas là pour ça.
- Pour blablater ? Ah bah oué on s'doute !
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire.
- Allez allez on s'monte ces escaliers !
Qu'importe ce que pouvait dire Calixte, les deux femmes ne voulaient pas les lâcher. Elles les conduisaient jusqu'en haut des escaliers. De loin, le groupe pouvait apercevoir le couple Salner rentrer dans une des chambre. Les prostituées les conduisaient dans celle juste à côté.
La pièce est énorme, et un lit tout aussi grand trône en son centre. On pouvait voir qu'une autre pièce était adjacente, mais Rebecca ne voulait certainement pas savoir ce qu'il y avait derrière. Les couleurs et les textures sont exactement les mêmes qu'à l'étage inférieur.
- Vl'a la chambre des miracles ! Et oué c'est son p'tit nom !
Sans ménagement, Étoile et Océan poussent leur otage sur le lit. Calixte tombe le premier, et Rebecca s'affale sur lui. Jambes autour du corps du coursier, leur visage n'est qu'à quelques centimètres de distance.
Étoile et Océan rigolent gaiement de leur côté.
- On vous laisse commencer de vo'côté, hein ! On vous voulez qu'vienne aussi ?
- On voudrait surtout avoir un peu de paix...
Mais les deux dames faisaient les sourdes oreilles. Comment le groupe allait pouvoir se débarrasser des deux prostituées ? Rebecca avait bien une petite idée. Se relevant et s’asseyant sur le lit, elle regarde les deux femmes.
- Dîtes, vous pouvez-nous laisser seuls quelques minutes ?
- Mais pourquoi donc ? Vous n'êtes pas v'nue là pour être à plusieurs ?
- Nous avons des...attentes particulières.
L'aventurière se dirige vers les deux femmes et les prend pas les épaules pour les conduire vers la sortie de la chambre.
- On a toujours rêvé de se faire prendre sur le fait pendant...l'acte. Donc le temps qu'on se chauffe, qu'on fasse tout le trala pouet pouet de base...vous revenez d'ici deux heures d'accord ? Et personne ne doit nous déranger pendant ce temps là !
- Deux heures ? Mais dis donc, m'sieur est un coureur de fond !
- Ho, deux heures, ce n'est qu'un échauffement pour lui...
Aussitôt les femmes sorties, aussitôt un bruit se fait entendre dans toute la pièce. A coup de "clac" sonores à chaque issues, tout est verrouillé sans aucune issue. Vous voici donc enfermez dans cette pièce dont les murs sont trop fins, à entendre tout genre de cris et suppliques n'ayant aucun sens. Pire encore, vous commencez vous-même à avoir faim ...
Oh, ne vous méprenez pas. Vous avez faim à en manger un cerf cru s'il le faut. Une faim poignante qui tord si bien votre estomac que votre sens de la raison. A vrai dire, vous pourriez manger n'importe quoi. Est-ce à cause de l'odeur de l'endroit qui vous a retourné la tête, ou bien cette pièce est-elle piégée et sert des intentions bien moins luxurieuses que vous ne l'auriez pensé ?
Le bruit de la porte qui se fermait, le claquement du loquet. Il se tourna vers Rebecca avec un sourire amusé sur les lèvres.
- Deux heures, hein ? En tous cas ça devrait nous laisser le temps de…
Etaient-là des cris qu’il percevait de la pièce d’à côté ? Les Salner, en pleine fuite, avaient-ils cédé à l’invitation du lieu et succombé à l’appel de la chair ? C’était ce qu’il semblait, aux échos filtrés par les fins murs de la chambre. Pensaient-ils que cela gênerait Rebecca et Calixte ? Qu’ils n’oseraient rentrer dans la salle alors qu’ils s’adonnaient à leurs pulsions ? L’espion ne savait pas pour son amie, mais cela faisait longtemps qu’il avait lui-même abandonné toute notion de décence de ce type. Par contre… Un cri un peu plus fort que les autres se répercuta dans son ventre. Pas comme les éclats lascifs pouvant attiser la chaleur du service trois pièces, mais plutôt comme un râle carnassier réveillant la faim de celui sortant du jeûne. Etourdi par la soudaine envie intense, viscérale, il porta automatiquement le regard sur Rebecca toujours près de la porte verrouillée.
- Reb, est-ce que…
Fébrilement, ses mains commencèrent à fouiller ses poches. Pour la fin de la mission il avait laissé son sac-à-dos et Vreneli à la Caserne ; il n’aurait peut-être pas dû. Sans la moindre gêne, oubliant complètement ce qui les avait amenés jusque-là et son idée initiale d’aller jeter un coup d’œil à la chambre attenante, il se mit à ouvrir les placards et les tiroirs du mobilier de la pièce, pressé de trouver de quoi apaiser sa faim urgente. Mais rien. Rien que des choses qui, assurément, ne pouvait combler l’ardeur de son désir. Vraiment. Il avait bien essayé de croquer dans un préservatif trouvé sous l’oreiller mais le boyau animal sans accompagnement avait été loin d’être une expérience satisfaisante.
Une douce odeur lui parvint soudain, irrésistible. Tournant la tête, son regard affamé tomba sur la silhouette alléchante d’une femme à quelques pas de lui. Un rapide balayage lui apprit que le ratio muscle-graisse était excellent et, si on passait outre l’étrange relent d’égouts qui semblait l’accompagner, la douceur ferme de la jeune chair était plus qu’appétissante. S’humectant les lèvres, Calixte pouvait déjà sans peine imaginer le moelleux de l’aventurière sous sa dent, le parfum de sa peau sous sa langue. Quel festin ce serait ! Son ventre en gargouillait d’impatience. Et si un lambeau de conscience lui murmurait que ça n’était pas une bonne idée…
Il y eut un moment de contemplation hésitante. Puis, cédant à ses pulsions charnelles, il bondit sur la jeune femme lui faisant face. Si la faim avait perturbé son esprit, elle n’avait rien changé à sa maladresse. Sa botte se prit au passage dans le pied du lit, il rebondit contre un tabouret non loin, avant de s’écrouler dans un râle vorace contre le flanc de sa proie. Le parfum musqué de la peau guida son visage et, sans plus attendre ou prendre de précautions, il avisa le poignet passant à quelques centimètres et il y planta ses dents, bien décidé à donner une réalité à ses désirs.
2ème lune de la saison douce de l'an 1000
JUGEMENT FINAL
Une faim.
Immense. Insaisissable.
Impossible de la dompter, de l'apaiser ou de faire semblant de la contrôler.
Puis, après cette faim sans nom au niveau de son ventre, c'est au tour de sa vision de lui jouer des tours. Calixte n'est plus, il a disparu dans un écran de fumée. A sa place, l'esprit de Rebecca fait apparaître un bon gros morceau de steak. Bien juteux, bien cuit.
Un énooooorme morceau de viande. L'aventurière sent même son odeur. Une trop bonne odeur de caramel, d'un doux caramel. Ca, c'est une parfaite odeur.
Et puis le bout de viande se met à marcher dans sa direction. "Ho oui ! Viens ! Sacrifie-toi pour mon estomac !" Mais quand il tombe sur elle, la jeune femme n'a pas d'autre choix que de le suivre dans sa chute. S'écroulant sur le lit, elle met un peu de temps avant de reprendre ses esprits.
La viande est là, juste au-dessus d'elle. Il n'y a qu'un mouvement de bouche à faire...juste un tout petit mouvement de bouche pour pouvoir goûter à cette chose tellement juteuse. Mais quand ces dents rentrèrent en contact avec, de son côté, Rebecca sentait un pique au niveau du poignet.
Plus qu'une piqûre, quelqu'un était en train de la mordre ! Mais qui donc ? Est-ce la viande qui venait de se défendre du coup de crocs de la jeune femme ? Et comme si cette douleur avait suffit à la réveiller, l'esprit de Rebecca arrêta de faire des bêtises.
Le bout de viande disparu dans un écran de fumée, laissant réapparaître un Calixte à califourchon. Lui aussi n'avait pas l'air de comprendre ce qu'il venait de se passer.
- Calixte ? Mais...mais il est où mon bout d'viande ??!
Des cris venant de la pièce adjacente attirèrent son attention, et il mit quelques minutes à se rappeler la raison pour laquelle ils étaient là. Les Salner ! A nouveau pourvu de ses facultés de raisonnement, Calixte percevait plus une excitation vorace dans ces exclamations que sensuelle. Le couple était-il en proie à ce qui avait saisi les deux amis jusque-là ? Mais alors quoi faire ? S’ils fusionnaient pour appréhender les assassins fugitifs dans la chambre d’à côté ne risquaient-ils pas de succomber à nouveau à ces étranges pulsions de cannibalisme ? Valait-il mieux qu’ils défonçassent le pan de mur à l’aide d’une des créatures d’ombres de Rebecca ? Car après tout, tant pis pour les dommages matériels. Avec un coup comme ça, le lupanar allait avoir droit à une descente de la Garde pour contrôle des lieux.
Il n’eut cependant pas à choisir, car le temps qu’il se tournât vers l’aventurière pour lui faire part de ses interrogations, le mur jouxtant le lit vola en éclats sous le poids combiné de deux silhouettes. Deux silhouettes particulièrement estropiées. Deux silhouettes particulièrement familières à ce stade. Othurn et Chica Salner, sanguinolents et figés dans un mouvement de combat, revenant peu à peu à eux, comme Rebecca et Calixte précédemment. Il n’en fallut pas plus aux deux amis pour se jeter sur leurs cibles, mais celles-ci, étonnamment vives malgré leurs blessures, ne perdirent pas une seconde pour se remettre sur pied pour faire face à leurs adversaires. Ainsi Othurn évita les doigts du garde en quête de fusion, et lui présenta sa lame le faisant reculer un peu, tandis que Chica esquivait pareillement l’aventurière qui s’était lever pour la neutraliser.
- ‘tin t’as vu les bleus que tu m’as fait !? Et cette énorme balafre en essayant de me bouffer le mollet ! s’écria Chica à son mari dans une feinte en avant pour essayer de faucher Rebecca de son poignard.
- Tu peux parler ! J’ai des morsures à sang tout le long des bras et je suis sûr qu’il me manque un bout de petit doigt !
Il lança sur Calixte une lampe que le coursier évita de justesse avant de répliquer d’un lancer de lame retour.
- Tu l’auras mérité ! J’t’avais dit que c’était une idée foireuse ! Mais non. Monsieur aime se faufiler dans les bordels. Monsieur pense tout y savoir. Et d’ailleurs, comment ça se fait que tu penses tout y connaître, hein ?
- C’était avant ! Tu le sais bien ! Je…
Il fut coupé par Calixte qui, en désespoir de cause, s’était jeté corps et âme sur lui pour finalement le faire fusionner dans une bille avant de se prévoir un plan B. Néanmoins, le coursier fut plus efficace que ce qu’il avait initialement prévu car, tandis que Chica s’écriait « je veux un divorce ! », la tête d’Othurn heurta le rebord d’une commode dans un bruit sourd et l’homme s’évanouit promptement. Haletant, l’espion grimaça et examina son adversaire assommé. Heureusement – si l’on passait les diverses plaies administrées précédemment par son épouse qui avait essayé de le manger – le traumatisme n’avait pas été trop violent et aucune fracture ou blessure n’était visible. En outre, l’inconscient respirait encore, et c’était toujours une très bonne chose.
Après avoir lié les mains de son adversaire assommé, Calixte tourna le regard vers Rebecca et sa propre cible. Où en étaient-elles ?
2ème lune de la saison douce de l'an 1000
JUGEMENT FINAL
Toujours pas remise de la morsure de Calixte et de ce bout de viande qui a disparu, Rebecca mit du temps à se rendre compte que le mur séparant les deux chambres venait d'exploser en une multitude de petits morceaux. Il se dévoila alors les corps du couple Salner, couvert de sang et de morsures. Ha bah voilà ! Ils n'étaient donc pas les seuls à avoir eu faim pendant quelque temps !
La suite des événements se passait beaucoup trop rapidement pour la jeune femme. En une fraction de seconde, une lampe vola dans la direction de Calixte. Celle d'après, l'aventurière a réussi à éviter de justesse un coup de couteau.
Puis, tout est allé beaucoup plus vite (difficile, n'est-ce pas ?). Calixte se lance vers l'homme. Celui-ci évite, recule, chute, se cogne, et tombe dans les vapes. Rebecca regarde la scène, bouche ouverte, et se retourne vers Chica qui fait exactement la même tête.
- Bon bah...on fait quoi, là ?
- J'me vois mal essayer de fuir avec un futur ex-mari à terre.
- Tu te laisses gentiment embarquer, alors ?
- Ho que oui, même avec plaisir. J'ai des papiers de divorce à faire.
- Alala...je te raconte pas la galère. Je peux te conseiller un bon avocat, si tu veux.
- Ho, je ne suis pas contre !
Une fois sortie et le couple Salner donné généreusement à la garde, Rebecca et Calixte restent quelques minutes dans la rue. Cette journée a été des plus...compliqué. Le groupe pu, dégouline de partout, et possède chacun une belle morsure au niveau du bras. Regardant le coursier, Rebecca se met à rigoler à gorge ouverte.
- Aaaaaah je suis vannée... Y'a des bons bains publics à proximité ?