Vous étiez en train de faire vos affaires dans la capitale (libre à vous de faire ce que vous voulez) quand soudainement, vous entendez un cri de détresse. Sans plus attendre, vous courrez dans la direction d'où provient le bruit et vous débouchez tous deux en même temps dans une ruelle : là vous voyez un homme en train de sauvagement agresser une jeune femme... il faut intervenir !
Mais au moment où vous approchez, vous posez le pied sur... un piège ? Un "clic" se fait entendre et l'instant d'après "pouf" un écran de fumée... Vous essayez de chasser la fumée avec vos pattes. Vos pattes ? Oui, vous venez d'être victime d'un sort de transformation forcée :
Arya tu es un petit pigeon
Alvar tu es un gros rat
Et tout naturellement, vous n'avez plus votre pouvoir et n'avez plus accès à vos objets... L'homme qui a placé ce piège vous regarde de haut en riant, puis il kidnappe la pauvre demoiselle en détresse. Mais que pouvez vous faire dans ces corps maintenant ?
Son équipement sur mesure était fin prêt et il se rendait chez le forgeron pour récupérer les nouveaux éléments de son arsenal. Sa vieille épée à deux mains faisait des siennes, le fil de la lame avait été ébréché lors d'une confrontation avec une bête qui semait le trouble aux alentours de la ville et elle était désormais inutilisable. Certes, il aurait pu demander des réparations, mais il estimait mériter un véritable changement. De même, son masque fissuré par ce combat lui donnait une apparence encore plus inquiétante, chose qu'il ne souhaitait pas. Le mystère lui convenait, mais il ne souhaitait pas éveiller la crainte chez les citoyens, sans compter qu'une tenue en si mauvaise état ferait bien mauvaise impression face au Capitaine.
Etant donné qu'il était réaffecté au Village Perché, il envisageait l'éventualité de ne pas avoir l'opportunité de croiser des forgerons aussi expérimentés que ceux de la Capitale. Il ne remettait pas en cause les capacités des façonneurs de sa future destination mais, lorsqu'il s'agissait d'armement, il préférait la sécurité des petites habitudes au risque de la nouveauté. Il n'était qu'à quelques dizaines de mètres de sa destination lorsqu'il fut subitement alerté par un cri suraigu.
Le son perçant venait d'une ruelle à deux pas d'ici. Son sens du devoir le poussa à agir et, tout en portant une main au fourreau de son arme, il accourut en direction de l'inquiétante manifestation. Lorsqu'il arriva au coin du coupe-gorge, il remarqua avec surprise qu'il n'était pas seul à avoir décidé d'intervenir. Une jeune femme, visiblement déterminée, était déjà sur ses flancs. Devant eux, la pauvre victime plaquée contre un mur se débattait face à un agresseur masqué par une capuche de toile. Sans échanger un mot avec cette potentielle camarade, Alvar la gratifia d'un signe de tête et s'enfonça dans les ténèbres.
*Clic*
L'explosion fut brêve et intense. Plongés dans une purée de pois, les deux inconnus furent plongés dans l'obscurité. L'Officier tâcha de s'extraire du nuage de fumée. Il soupçonna immédiatement du poison ou des fumigènes mais curieusement, son petit museau ne percevait rien de dangereux dans la substance qu'il venait d'inhaler.
Museau ?
Oui, aussi surprenant que cela puisse être, Alvar était transformé intégralement en rongeur. Un rat, plus précisément, et donc une apparence bien peu glorieuse pour un garde de son rang. Hors de lui et surtout surpris par cette magie invraisemblable, il se mit à inspecter son corps en détail. Pas de doute, il était bel et bien plongé dans un sacré traquenard. Au bout de la ruelle, l'homme encapuchonné poussa un ricanement mauvais puis, après s'être copieusement moqué du sort d'Alvar, il kidnappa sa victime en la jetant sur son épaule avant de s'enfoncer plus profondément dans les boyaux de la cité.
Alvar, démuni face à cette situation de crise, se mit à renifler et à fureter en tout sens, cherchant désespérément une solution dans l'environnement afin de pouvoir venir en aide à la malheureuse malgré sa situation. Rien ne lui venait, pour le moment, il décida donc de poursuivre l'agresseur, autant pour venir en aide à la demoiselle que pour recouvrer son apparence d'origine. Il remarqua que sa camarade qu'il avait presque oublié, n'était plus dans les environs. Cependant, non loin de là, un pigeon visiblement très déboussolé. S'agissait-il de la jeune femme de tout à l'heure ?
Prudemment, le rat Alvar s'approcha du pigeon et, d'une voix rendue bien plus aiguë du fait de sa nouvelle forme, il s'adressa avec hésitation au volatile :
"C'est vous qui avez essayé d'aider cette demoiselle ?"
En tout cas il l'espérait, il se serait senti bien ridicule de tenter d'ouvrir un dialogue avec un bête pigeon de ville, sans compter qu'un partenaire volant serait bien utile, s'il comptait retrouver le malotru responsable de ce calvaire.