Observant la carte qu’elle tenait entre ses petites mains et comptant le nombre de jours qu’elle avait déjà passé sur cette route, elle estimait son arrivée à la capitale d’ici… Deux jours. Un soupir s’échappa de ses lèvres. Elle commençait à fatiguer. Elle avait mal aux jambes, aussi. Et elle se demandait vaguement pourquoi s’entêtait-elle à vouloir aller à la capitale. Et puis, pourquoi maintenant ? Cela faisait des années qu’elle se tenait loin de cette grande ville qui, sans qu’elle ne l’admette, l’effrayait. Alors pourquoi maintenant ? La réponse était pourtant facile à trouver : la solitude lui pesait. Cette solitude qui l’accompagnait depuis le début de son voyage, rarement chassé par quelques personnes qu’elle rencontrait ici et là, plus souvent par un squelette qu’elle s’empressait de ranger lorsqu’elle croisait la route de d’autres voyageurs.
Finalement, poursuivant sa route avec une détermination qui flanchait par moment, elle se retrouva à un embranchement, puis un second, semblant mener à différents villages et, après peu de temps, voilà qu’elle n’était plus certaine de la direction à prendre, les panneaux ayant été arrachés faute d’une tempête ayant frappé les environs dernièrement. Observant de nouveau sa carte, sans être en mesure de s’y retrouver, elle pesta, soupirant de nouveau, avant de s’avancer sur l’un des chemins sans être convaincue qu’elle allait dans la bonne direction.
Elle avait été arrêtée sur sa route par une bande de quelques individus qui ne lui semblaient pas recommandable, qui venaient de lui apprendre que, si elle comptait poursuivre vers la capitale, elle se devait de payer une taxe. Elle était peut-être naïve par moment, mais elle n’était pas stupide non plus et n’était pas née de la dernière pluie. Cela faisait un bon moment qu’elle était sur les routes, y ayant vu nombreuses lunes passer, et donc, de ce fait, elle tourna les talons avant de s’aventurer hors des routes. Ce ne pouvait tout de même pas être pire que de s’avancer sur une route sans savoir si elle était bel et bien dans la bonne direction. Et puis, avec un peu de chance, elle trouverait un cour d’eau, quelque chose pour lui signifier qu’elle se dirigeait bel et bien vers la capitale.
Ne s’arrêtant pas de marcher, elle avait la tête baissé vers sa carte, comme si cette dernière allait miraculeusement lui donner la bonne direction, pour finalement relever les yeux et poser ses prunelles sur…
Un dragon.
Elle resta immobile quelques instants, levant simplement une main pour la poser devant ses lèvres, retenant un cri qui avait manqué de s’y échapper. Puis, accrochant sa carte à sa ceinture, elle attrapa le bâton qu’elle avait dans son dos, le tenant entre elle-même et la menace qu’elle venait d’identifier devant elle. Bon, elle n’était pas certaine de pouvoir faire grand chose, simplement armée de son grand bâton, face à une créature qu’elle savait potentiellement dangereuse, mais c’était toujours un peu rassurant de se sentir presque en sécurité. Peut-être aurait-elle aussi dû regarder autour d’elle, pour ainsi voir l’homme qui se trouvait non loin de la créature à écaille. Mais bon. Elle avait plus urgent à faire pour le moment, comme protéger sa vie à laquelle elle s’accrochait, par exemple.
Newt fait parti des rares Personnes du royaume a pouvoir se balader à sa guise. Pour lui, le trajets à dos de dragon l’amenant à la capitale fait environ une heure. C’est très léger. Et surtout, rapide. Aussi Newt perd peu de temps à aller voir son parrain et rentre le soir pour vivre avec son père. Il prend plaisir des fois à se caler dans un coin, dans les plaines ou les forêts, voir à la plage. Ce jour là, Newt et Nivom étaient partis se poser dans les plaines, Newt avait envie de chasser un peu pour nourrir le grand dragon blanc qui lui servait de compagnon. Ils se posèrenr dans la plaine, non loin de la route et Newt, armé d’un arc, laissant son épée sur la selle de Nivom.
Il disparut pendant près d’une heure dans la foret alentour, chassant des lapins. Nivom, pour sa part, s’allongea calmement au bord de la route, regardant les voyageurs de loin. Il finit par poser sa tête au sol et ferma les yeux. Une heure déjà, et Newt revenait calmement avec deux lapins à la ceinture. Nivom dressa l’oreille : les pas se rapprochant de lui ne sont pas Ceux de son dragonnier. Des pas plus craintif, si bien qu’il ouvrit les yeux et redressa la tête. Une jeune femme avançait vers lui, le menaçant d’un baton.
Newt surpit la scène de loin et hata son pas et arriva assez proche de la femme pour poser une main sur son épaule avant de rapidement se mettre devant elle, en levant les mains.
- Hey, t’inquiète, il est gentil. T’as pas à vouloir le tuer, il fera rien.
Avait-elle peur ? Ce serait mentir que de dire le contraire. Tenant fermement son bâton dans ses mains, elle dévisageait le dragon, semblant vouloir lui dire de ne pas s’approcher davantage. Ne percevant pas les mouvements qui se rapprochaient d’elle et les pas qui écrasaient l’herbe, elle sursauta violemment lorsqu’une main se posa sur son épaule. Un peu trop violemment, même. Se retournant vivement, elle abattit son arme contre le visage de l’homme, laissant même entendre un cri effrayé tandis qu’elle reculait de quelques pas.
Le stress. Ce n’était que le stress.
Quelques secondes passèrent avant que la pression descende et qu’elle comprenne ce qu’elle venait de faire. Elle venait de frapper un parfait innocent, qui avait simplement cherché à la rassurer quant aux intentions du dragon qui l’avait inquiété quelques instants plus tôt.
- Oh ! Je suis désolée !
Elle était sincère, tant dans sa voix que dans ses paroles, laissant le bâton tomber au sol tandis qu’elle se rapprochait de lui. Le regard curieux, elle venait de relever ses prunelles rougeoyantes vers lui, comme pour voir l’étendue de sa maladresse, craignant l’avoir blessé. Ses traits affichaient une culpabilité non feinte alors qu’elle était honteuse de ses dernières actions. Timidement, elle avait baissé les yeux après avoir croisé son regard, incertaine de ce qu’elle devait faire maintenant.
- Vraiment, sincèrement désolée. Je pense que j’ai simplement eu un peu peur.
Un rire nerveux s’échappa des lèvres de la blonde tandis qu’elle essayait de justifier son geste, sans grand succès. Oh, elle ne mentait pas, elle avait simplement pris peur et avait attaqué de peur de se voir dévorer par le dragon. Cependant, elle ne lui voulait pas de mal, pas plus à lui qu’à la bête qui se tenait non loin. Elle se sentait simplement ridicule, sa réaction ayant été excessive. Souriant timidement, elle leva une main pour se gratter l’arrière de la tête, rigolant encore un peu, espérant ainsi ne pas avoir fait une trop mauvaise impression.
- J’espère que je ne vous ai pas fait mal ?
Ce serait bien le comble, et sans aucun doute qu’elle s’en voudrait davantage.
A peine Newt avait fini son intervention pour que la demoiselle lui assena un coup de baton sévère dans la tempe, sans doute par réflexe défensif. Nivom, alerte, grogna violemment vers elle mais le jeune homme leva la main pour le calmer. Il massa sa tempe endolorie, ou la demoiselle avait frappé. Le dragon, sous la main de son dragonnier, se calma mais vint renifler Newt : à part une bosse, le jeune homme s’en sortirait.
Newt regarda sa main et, ne voyant pas de sang, il se massa la tempe pendant que la jeune fille s’excusa à plusieurs reprises.
- J’espère que je ne vous ai pas fait mal ?
Newt affichait une grimace mais secoua la tête.
- Ça ira je m’en remettrais largement. Au pire j’aurais une bosse. Mais je pense pas que vous lui auriez fait vraiment mal, dit-il en pointant son compagnon draconique.
Il était recouvert d’écaille et était suffisamment massif pour ne pas avoir grand chose à faire d’un baton. Newt se présenta alors :
- Newt d’Arphéos, fils du gouverneur du Grand Port. Et lui là, c’est Nivom, mon dragon. Puis je avoir le nom de celle qui a voulu attenter à nos vies ?
Il souriait et n’hésitait pas à la taquiner ; il ne lui en voulait pas, ce coup de baton n’était rien vu la carrure du jeune homme.
Il semblait bien se porter, ce qui arracha un soupir à la demoiselle, cette dernière rassurée de voir qu’elle ne l’avait pas blessé. Elle avait reculé d’un pas en entendant le dragon grogner dans sa direction, ne serait-ce que parce qu’elle craignait avoir éveillé quelconque colère chez lui. Or, il n’avait sans doute que voulu protéger celui qu’elle venait d’injustement frapper. Puis, il n’avait pas tort. Elle n’aurait sans aucun doute jamais pu tenir tête au dragon, s’il avait décidé de s’en prendre à elle, chose à laquelle elle préférait ne pas penser. Après tout, elle était en vie et n’avait pas ressenti l’envie ni le besoin de faire d’elle son prochain repas, ce qui était très bien comme ça.
Elle affichait toujours ce petit sourire contrit tandis qu’elle posait un regard inquiet sur lui. Parce que bon, si elle était rassurée de son état, ce n’était pas pour autant qu’elle n’était pas sincèrement désolée de sa réaction précipitée (et sans doute excessive).
Il profita alors de son silence pour se présenter. Newt d’Arphéos… Fils de gouverneur. Elle écarquilla les yeux avant d’être subitement gênée par ses mots. Elle qui avait attenté à leur vie ? Non, ce n’était pas tout à fait ça. Du moins, elle n’avait pas tenter de le faire volontairement. Elle tenta alors d’inspirer profondément, ne serait-ce que pour lui répondre de façon cohérente et sans trop bégayée. Elle n’était pas de nature timide, cependant, la situation n’était clairement pas à son avantage.
- Enchantée ! Je suis Freyja Ó Cuinn et je viens d’un petit village, assez loin d’ici à bien y penser.
Elle laissa entendre un rire, toujours un brin mal à l’aise, sa main perdue dans ses cheveux tandis qu’elle se grattait l’arrière de la tête.
- Et puis je n’ai pas attenté à vos vies.
Elle le détailla de haut en bas.
- Je n’aurais sans doute eu aucune chance.
Un léger rire accompagna ses paroles. Elle cherchait surtout à faire passer son malaise initial. Et puis, elle n’avait pas tort. Il était plus grand qu’elle, plus large aussi et était accompagné d’un dragon. Quant à elle, ses alliés n’étaient, hélas, pas à ses côtés, et le dragon aurait sûrement le temps de l’arrêter avant qu’elle puisse les manifester. Et que faisait-elle à réfléchir à cela alors que, clairement, elle ne comptait pas l’affronter ?
- J’ai toujours entendu dire que les dragons étaient dangereux… Je suis surprise de voir un humain se faire obéir de l’un d’entre eux.
Elle était curieuse, la jolie blonde, levant ses prunelles rougeoyantes vers lui tandis que sous son affirmation se cachait bel et bien une question. Comment avait-il réussi ça ?
La demoiselle se présenta comme Freyja O’Cuinn, originaire d’un des petits villages peuplant Aryon. Newt éclata de rire quand la jeune femme se défendit d’avoir voulu attenter à sa vie et celle de Nivom. Il la croyait sur parole, surtout quand elle affirma qu’elle n’aurait eut aucune chance. Elle avait l’air d’une aventurière et vu sa carrure, il n’était pas dur de deviner que Newt pouvait la vaincre sans problème, lui qui était très bon guerrier.
Elle semblait gênée et souleva qu’il était rzre de voir un homme dominer un dragon. Newt regarda Nivom, oubliant souvent à quel point son don était rare. A lui seul, l’animal pouvait vaincre de nombreuses forces armées. Il n’était pas invincible mais sa taille, déjà petite pour son espèce - la majeur partie des dragons faisaient le double de sa taille d’après les livres - était conséquente. Newt se gratta la nuque avant de montrer à Freyja une flamme dans le creux de sa main, toute dorée.
— C’est grâce à ça. Nivom est avec moi depuis que je suis petit en fait. Je pourrais pas expliqué en fait, on se comprend, on est lié quoi. Il ne m’obéit pas, on coopère. Je t’accorde que c’est à peu près la même chose, fit-il en riant.
Nivom poussa un rugissement bref et plaintif et Newt ne se fit pas prier pour lui jeter les résultats de sa chasse. Une flamme rapide, Nivom brûla les deux lapins et les goba sans problème. Newt sourit à Freyja.
— On peut peut-être faire quelque chose pour toi ? Que fais-tu dans le coin ?
La nécromancienne fut surprise de voir la flamme apparaître et s’intéressa donc à la réponse qui vint suite à sa question. Nivom, le dragon, était donc lié à lui et donc, ils faisaient équipe depuis toujours, de ce qu’elle comprenait. C’était intéressant. Surprenant aussi, ne serait-ce que pour toutes les légendes qui entouraient les dragons et les récits les définissant comme de dangereuses créatures. Oh, elle ne doutait pas du fait qu’il pourrait sans aucun doute lui faire du mal, voir même la tuer, si telle était son intention, or, elle était simplement agréablement surprise de voir un dragon qui ne se montrait pas hostile.
Elle hocha donc de la tête à son explication, partageant son rire plus par réflexe qu’autre chose, souriant doucement par la suite. Elle était un peu plus détendue, maintenant que les choses avaient été mises au clair et qu’elle s’était excusée sûrement plus que nécessaire pour ce qui n’avait été qu’un malentendu depuis le début.
- Ehh, et bien… En vérité, je cherche à me rendre à la capitale, mais j’ai quitté la route et je ne suis plus certaine de comprendre ma carte.
À nouveau, elle eut un rire un peu timide, venant se gratter l’arrière de la tête, légèrement mal à l’aise. Parcourant les routes depuis des années, ayant appris à ne compter que sur elle-même, elle ne comprenait pas comment en était-elle arrivée alors qu’elle tentait de se rendre à la capitale, la plus grande ville du royaume.
- Peut-être que vous pourriez m’indiquer la route ?
Elle tenta un léger sourire.
- Je ne voudrais toutefois pas vous faire perdre votre temps !
C’était quelque chose qu’elle ne souhaitait pas faire. Après tout, peut-être qu’il avait quelque chose à faire. Peut-être même était-il même occupé en cet instant même et elle venait de créer un contretemps dans son horaire ? Ou alors elle se faisait des idées car elle avait cette fâcheuse habitude de toujours trop réfléchir… Ce n’était pas impossible.
- Peut-être que vous pourriez m’indiquer la route ?
Immédiatement, elle insista qu’elle ne voulait pas leur faire perdre leur temps. Newt balaya l’air de la main et se tourna vers Nivom.
- Qu’en penses-tu mon grand ? Ça te dérange qu’on aille là bas ?
Un grognement qui signifiait que ça ne lui changeait rien, voila la seule réponse du dragon. Newt se tourna vers Freyja avec un grand sourire, prenant des airs théâtraux juste pour l’allure :
- On peut vous déposer, demoiselle. Nous en serions tous les deux honorés !
Il éclata de rire et lui fit signe de s’approcher. Il alla vers le franc du dragon, au niveau de la selle, et il se tourna vers Freyja pour l’aider à monter.
|
|