Après avoir capturé le couple voulant porter atteinte à la couronne, vous vous concertez pour vous mettre d'accord sur un bain. Car oui, pourquoi ne pas profiter que toute l'histoire soit tassée pour prendre un peu de bon temps ? Malheureusement, tout n'est pas toujours aussi rose qu'on le souhaite.
Arrivés en serviette dans une grande pièce avec une piscine chauffée, vous y voyez une incroyable occasion de vous détendre, un pied, puis deux dans l'eau et votre sort est scellé, vous ne le savez pas encore. Le bassin fait 40cm de profondeur après les marches et descend graduellement jusqu'à un mètre. L'eau est chaude, peut-être un peu trop, mais cela reste agréable. C'est en ayant la tête qui commencer à tourner que vous décidez de quitter les lieux. Mais vos hanches ne peuvent pas sortir de l'eau. Comme bloquées, tout ce qui se trouve en dessous ne peut plus voir la surface, pour ne rien empirer, vous avez l'impression que la limite monte légèrement. D'ici 30 minutes, votre menton sera forcé d'être sous l'eau, il faut donc trouver une manière de sortir d'ici. En vitesse.
L’atmosphère humide et chaude de la salle d’eau l’accueillit dans une embrassade toute chaleureuse, et il ne tarda pas à être rejoint par Rebecca, visiblement aussi impatiente que lui de se décrasser. De se prélasser. Etonnamment, ils étaient seuls dans la salle. Les autres clients étaient-il tous à d’autres bassins ? Qu’importait. Calixte n’allait pas cracher sur l’occasion de profiter d’un bon bain, d’autant plus en catimini. Sans hésiter davantage, il plongea un premier pied dans l’eau, puis le second. Oh comme cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas laissé aller à pareil confort ! Habituellement il utilisait les douches communes de la Caserne, et on était alors loin d’un quelconque luxe. Sans compter qu’à celles du Bastion, une fois sur deux l’on finissait avec du sable à des places innommables.
- Je n’suis pas fâché que cette journée soit enfin finie, déclara le coursier à Rebecca alors qu’ils s’avançaient davantage dans l’eau. Des projets pour après ?
L’eau du bassin faisait du bien à ses membres fatigués de leurs dernières aventures, mais elle était peut-être un chouilla trop chaude. Soupirant à la fois d’aise et de fatigue, le garde s’approcha du rebord pour s’y hisser. Peut-être avait-il été trop pressé et était-il rentré dans le bain un peu trop vite, les vapeurs embrumaient ses pensées.
- De ce que j’ai vu, je vais pouvoir aider mes collègues de la Capitale quelques jours, puis je retournerai au Grand Port. Par le portail de téléportation, cette fois-ci, ajouta-t-il avec un sourire amusé en évoquant ses propres projets.
Ses mains se posèrent sur le rebord du bassin, et il se hissa hors de l’eau. Et il tenta de se hisser hors de l’eau.
- … cette journée me fatigue, soupira-t-il en s’apercevant que ses hanches restaient obstinément coincées sous l’eau. Arrives-tu à sortir de l’eau ?
Abandonnant l’idée de se hisser sur le rebord, le coursier essaya de faire demi-tour pour retourner près des marches. Mais, de même, impossible.
- Soit il y a quelqu’un qui trouve qu’on a vraiment besoin de ce bain, soit on s’est encore fourré dans le purin. Ceci dit, mon talisman d’indépendance ne chauffe pas, nota-t-il en portant instinctivement ses doigts à celui-ci.
Un nouveau vertige le prit, et il se rattrapa instinctivement au rebord. Était-ce l’eau qui était trop chaude ? Ou cela faisait-il partie du package de leur nouveau problème ? Posant son regard sur le niveau de l’eau, il fronça les sourcils.
- C’est moi ou l’eau monte ?
Après le lupanar qui avait essayé de les tuer, était-ce le tour de bains publics ? Ils allaient en faire fermer des établissements…
2ème lune de la saison douce
BON BAIN
Après avoir fait leur rapport et avoir gentiment donné le couple Salner aux autorités non sans avoir donné le nom de son avocat à Chica, Rebecca n’en pouvait plus de cette journée. La seule chose qui la rendrait heureuse, ça serait un bon bain chaud, histoire de défaire tous les nœuds de son cou.
Se baladant rapidement dans les rues de la capitale, ils tombent enfin sur ce qu’ils cherchent : des sources chaudes. Douce Lucy ! C’est parfait.
Au premier pas dans les bains, la chaleur du lieu fait chauffer les poumons de la jeune femme. Juste avec cette fumée, elle sent déjà son corps se détendre entièrement. Un pas après l’autre, Rebecca rentre dans l’eau. Les petits clapotis de l’eau contre ses cuisses la brûlent légèrement, mais rien n’est trop douloureux pour faire du bien à son corps.
Son corps maintenant entièrement plongé dans l’eau, l’aventurière se pose contre des roches, les bras écartés et posés sur les pierres.
- Déjà espérons que la journée se termine rapidement. Ensuite...on avisera. Il ne faut pas prévoir trop dans le futur.
Non, mieux vaut ne pas faire de trop gros plans dans le futur. Même si c’est prévoir ce qu’on fera demain. Seule Lucy sait ce que demain lui réserve. Et surtout, Rebecca sait qu’il y a toujours des péripéties, des imprévus qu’on ne peut pas prévoir. Donc cela ne sert à rien d’essayer de prévoir.
- Et toi alors ? Un peu de repos, non ?
La question suivante posée par Calixte est assez bizarre. Pourquoi veut-il déjà sortir de l’eau ? Oui, il fait chaud, et la tête de la jeune femme tourne un peu. Mais cela ne faisait même pas une demi-heure qu’ils étaient là. Ah, peut-être veut-il aller se chercher un verre. C’est vraiment pas une mauvaise idée, ça, un verre.
Rebecca essaye donc de reprendre les escaliers qu’elle avait prit pour rentrer dans le bassin. Mais une fois que l’eau est arrivé au niveau de son bassin, impossible d’avancer d’un pas de plus. Elle essaye, essaye encore. Mais non, c’est impossible.
- Rhoo. C’est quoi cette histoire encore ?
Mais pourquoi Lucy ne voulait pas les laisser tranquille, pour une fois ? N’ont-ils pas assez souffert, aujourd’hui ? Mais on dirait que la déesse n’était pas de cette avis.
Et puis, comme l’a si bien dit Calixte, Rebecca sent que l’eau monte. Alors qu’elle était au niveau de son bassin bas, là voilà maintenant un peu au-dessus de son nombril. Non, franchement, on ne veut pas les laisser tranquillement juste une heure.
- Hey ! Est-ce qu’il y a un employé ici ?!
Une petite tête sort d’une des portes du bassin. Un homme d’une trentaine d’année.
- On m’a appelé ?
- Vos bains ont un problème ? Impossible de sortir de l’eau.
- Ah oui, c’est un système qu’on a mit en place. Vous pouvez pas sortir de l’eau avant une heure de baignade.
Mais c’est quoi, encore, ce système bidon ?
- Et le fait que l’eau monte, c’est normal aussi, peut-être ?
L’homme hésite quelques secondes, comme s’il essayait de trouver la solution dans ses souvenirs.
- Ha heu bah...non. Ça doit être un problème de la distribution d’eau.
- Et ?
- Et ?
- ET ALORS ? Vous allez régler ce problème, oui !
- Ah oui oui oui, je vais aller voir le patron.
Mais l’homme reste là, dans l’embrasure de la porte, à attendre on ne sait quoi. La patience de Rebecca commence à être un poil tendue.
- Non mais bougez vous ! On va finir noyé à ce rythme !
- Ah oui oui oui, j’y vais.
- Allons voir si on trouve quelqu’un d’autre, proposa Calixte. Et si personne n’a besoin d’aide pour s’extirper d’un bain aux envies de noyade.
L’établissement n’était pas très grand, et ils eurent rapidement fait le tour des bassins. En dehors d’eux, ne restait qu’un couple d’amis et un homme seul, plutôt affairés près des douchettes ou faisant simplement tremper leurs pieds en discutant, et ils leur signalèrent le système probablement défectueux incitant à la prudence. Apparemment le couple s’était déjà baigné sans soucis, mais acquiesça à la réflexion de ne pas s’y aventurer tant que la lumière ne serait pas faite sur ce qu’il s’était passé pour Rebecca et Calixte. Les vestiaires étaient toujours vides, et lorsqu’ils repassèrent à l’accueil, celui-ci était désert. Avec humeur, l’aventurière tapota d’une main agacée la sonnette posée sur le comptoir.
- Tu penses que c’est encore en lien avec nos soucis précédents ou que cette nouvelle péripétie est complètement fortuite ? lui demanda le coursier en lui tendant un verre d’eau fraiche récupéré à la fontaine à eau non loin.
Même s’il leur avait semblé que tout était fini avec l’Organisation et les Salner, peut-être n’avait-ce été qu’une illusion. Finalement, au dixième son de clochette, une femme aux allures empressée et inquiète apparut subitement à l’accueil.
- Bonsoir, bonsoir. Je suis au regret de vous annoncer que l’établissement n’accueille plus de clients pour la soirée. Vous trouverez d’autres bains publics un peu plus loin en poursuivant vers la Place Commerçante, indiqua-t-elle d’une traite sans respirer. En vous souhaitant une bonne soirée et…
- Mais on est déjà clients, l’interrompit Rebecca en indiquant leurs deux silhouettes emmaillotées de serviettes à la broderie indiquant le nom des bains.
- Vous êtes… Ah.
La réceptionniste cligna des yeux, un peu perdue.
- Vous souhaitez partir ? Pas de soucis. Vous avez déjà réglé à l’arrivée donc il ne vous reste plus qu’à récupérer vos affaires aux vestiaires et poser les serviettes dans les bacs appropriés. Ah oui, je me souviens maintenant. Le teisheba est à vous. Vous êtes passé il y a une quinzaine de minutes, non ? C’est bien suffisant quinze minutes. C’est ce qu’il faut pour se nettoyer, ajouta-t-elle en fronçant les sourcils comme si elle n’était pas du tout convaincue de ce qu’elle avançait.
- Ben justement, on n’a pas tellement eu le temps d’en profiter, déclara Calixte. Votre bassin a essayé de nous noyer avant.
- De vous… ? commença la réceptionniste avant de soupirer. Venez, leur indiqua-t-elle finalement en leur montrant de passer derrière le comptoir. Peut-être que vous vous y connaissez un peu en cristaux de contrôle, machineries et plomberie ?
- Heu pas tellement. Mais on peut quand même y jeter un coup d’œil.
- C’est le patron, William, il a acheté toute une batterie de nouveaux cristaux de contrôle pour les bains y a même pas deux jours à un marchand qui les revendiquait comme « dernier cri ». Maintenant on n’a que des ennuis ! Hier on avait des geysers impromptus…
Ils traversèrent un couloir, prirent sur la gauche et pénétrèrent dans une pièce où deux hommes – dont celui auquel ils avaient demandé de l’aide un peu plus tôt – et une femme étaient penchés sur les plans d’un bureau. Ce qui ressemblait à un panneau de contrôle jouxtait la table, et de fins tuyaux en partaient pour rejoindre de plus larges canalisations contre les murs. Une dizaine de cristaux brillaient, encastrés dans le panneau, mais la moitié d’entre eux clignotait. Quelque part, cela rappelait à l’espion la Cité Enfouie et le tableau sur lequel s’était penché Naëry pour éclairer les ruines. Sauraient-ils utiliser ces cristaux-ci ? Y avait-il un mode d’emploi ? Ou allait-il falloir mettre la main sur ce marchand un peu rapide en affaires ?
2ème lune de la saison douce
BON BAIN
Calixte et Rebecca furent rapidement sortis de ce problème de bain mangeur d'homme, c'était déjà un bon point. Mais il restait à le résoudre, ce problème. Et question cristaux, Rebecca est...complètement nulle. Non, sérieusement, elle n'en utilise aucun ! Fin, si, elle en utilise, mais elle ne met jamais les mains dedans. Mais elle devrait apprendre. C'est toujours bien de pouvoir se débrouiller par soi-même, même dans des situations aussi cocasse que celle-ci.
- Et quand la personne est venue pour vous les changer, il n'a pas laissé un mode d'emploi, ou quelque chose dans ce style ?
- Ho que si, il a laissé un papier. Sa note de frais ! Et je peux vous dire qu'il roule sur les cristaux, celui-là !
Complètement hypnotisée par le clignotements réguliers des cristaux d'eau, Rebecca les fixait pendant une bonne trentaine de seconde. Elle ne savait pas quoi faire, et aider gratuitement ces personnes alors que leur bain chauffant était en deux doigts de les tuer...cela ne faisait pas partie de ces plans.
D'un coup de pied, l'aventurière cognait contre le tableau de contrôle, qui émit une sirène des plus détestables. Mais au coup suivant, tout s'arrêta, le bruit et les clignotements. Incrédule, tout le monde la regardait, certain avec la bouche entre-ouverte.
- Et bien quoi ? au moins ça ne risque plus de faire du mal à quelqu'un, non ?
Mais personne ne lui répond tout de suite, laissant s'installer ce doux silence de mort.
- Ho, c'est bon, quoi ! Soit c'est complètement cassé, soit c'est complètement réparé. mais dans les deux cas, j’attends un merci !
- Pardon ?
- Je vous excuse, brave dame.
C'est fou ce qu'un coup de pied bien placé peut résoudre des problèmes. Alors que la surprise habite tout les visages dans la pièce, vous vous apprêtez à sortir lorsque ... Un incendie se déclare à l'entrée. Une sensation de déjà vu, Rebecca ?
La machinerie chargée de chauffer les bains étant hors de contrôle, vous vous retrouvez avec un plus gros problème sur les épaules qu'une noyade qui, en comparaison, aurait été une mort plus douce. La panique commence à monter alors que des ouvriers sortent d'une pièce, couverts de suie.
- "Les chauffages ont péter un câble au sous-sol, ça risque de propager le feu !"
- "Nooon, sans déconner ?!"
La tension entre les employés semble monter, pendant que la panique s'installe, il faudrait tout de même trouver une manière de s'échapper avant de finir rôti sur place ...
Ou alors pouvaient-ils simplement se faire la malle à coup de fusion, et laisser d’autres personnes bien plus compétentes se charger de l’affaire. Ça paraissait plutôt pas mal comme plan. Ils étaient quoi, neuf ? Douze avec les ouvriers qui venaient de remonter des sous-sols ? Ça risquait d’être quand même un peu tendu pour le pouvoir de Calixte. Mais avec celui de Rebecca peut-être pourraient-ils profiter de la faiblesse d’un mur ?
Ou des conduits d’évacuation. Quel choix cornélien. Qui ne fut finalement pas le leur car l’équipe paniquée de l’établissement se jeta à nouveau sur le panneau de contrôle pour en bidouiller les cristaux.
- Si on déclenche le débordement ?
- Ca va nous noyer !
- D’ici là ça aura surtout éteint le feu !
- Et si l’option noya… pardon, « obligation aquatique » se déclenche on aura l’air fin !
- Je t’avais dit de faire réviser le système anti-incendie !
- Et si au contraire on vide tout ?
- A quoi ça nous avance !?
- On va prévenir les autres clients, indiqua Calixte par-dessus le chaos ambiant.
Laissant le personnel se disputer autour de la meilleure conduite à tenir, les deux amis quittèrent la pièce, passèrent récupérer leurs affaires - bien qu’ils n’eussent guère le temps de s’habiller - ainsi que Vreneli, et gagnèrent à nouveau les bains pour y retrouver le couple d’amis et l’homme seul.
- Ca sent le cramé non ? leur indiqua ce dernier alors qu’ils lui faisaient signe de plier bagages.
- Début d’incendie dans l’entrée de l’établissement, et apparemment le système de chauffage s’est emballé et ne devrait pas tarder à suivre.
- Pff je savais que c’était une fausse bonne idée de venir ici. Le flyer avait l’air vendeur, mais un peu trop.
- Du coup c’est quoi le plan ? demanda l’un des membres du couple qui venait de les rejoindre.
Au même moment, un bruit d’explosion retentit sous leurs pieds. Le système de chauffage devait avoir cédé et décidé de rejoindre la partie enflammée.
- Vous n’auriez pas de pouvoir contre le feu, à tout hasard ? demanda Calixte plus par désespoir qu’autre chose. La manipulation de l’eau, de l’air, du sable ou de tout élément pouvant l’étouffer ou l’éteindre…?
Du coin de l’oeil, il pouvait voir Rebecca se demander quelle créature il lui faudrait pour défoncer le mur.
- Je sais pas si ça compte, mais moi je peux faire apparaître de la mousse. Plein de mousse ; mes copains m’appellent l’extincteur. Et ça me sert effectivement à éteindre certains feux de manière, heu, exotique.
- Exotique ?
- Je n’y arrive que si quelqu’un - ou moi-même - danse la macarena à côté.
Voilà qui était surprenant comme pouvoir, mais pourquoi pas. Au Grand Port il avait bien été détroussé de ses cristaux par un voleur dont le pouvoir ne s’activait que lorsque les gens disaient « bella ».
- Quoi que plus y a de monde qui danse, plus mon pouvoir est fort.
Calixte se tourna vers son amie.
- Tu crois que tu peux défoncer ce mur, ou on se fait une macarena enflammée ?
2ème lune de la saison douce
BON BAIN
Pendant que Calixte faisait la parlotte avec des gens dans le bain, Rebecca faisait la circulation.
- On avance en rythme, s'il vous plait. Les femmes et les enfants d'abord, s'il vous plait. On ne pousse pas, s'il vous plait.
Faisant le moulinet avec son bras gauche et montrant la direction à prendre avec l'autre, elle avait envie de tuer toutes les petites vieilles qui mettaient du temps à quitter l'établissement. Oui, parce qu'il n'y avais pas que les personnes présentes dans le bain. Un restaurant et juste à côté, appartenant aussi aux propriétaires. Tous les clients étaient partis manger, voilà tout.
- Non, tout va bien se passer. Non, vous n'allez pas mourir. Non, il n'y a pas de remboursement.
J'suis sûre que si t'en pousse une dans le feu, personne ne viendra dire que c'est de ta faute. Et ça peut même faire des popcorn ! DES POPCOOOORN !!
Ne se laissant pas si facilement avoir par Machin, l'aventurière continue de jouer les moulin, jusqu'à ce que Calixte lui propose de danser.
- Tu crois vraiment que c'est la meilleure solution ? Bah que j'ai pas envie de finir cramer hein, je me trouve même un peu trop pâle.
L'homme au pouvoir si particulier les regarder essayer de prendre la meilleure solution. Mais à l'heure actuellement, la meilleure solution, c'était ça. La macarena.
- Et bien c'est partit pour une petite danse, hein.
Elle aurait voulu dire qu'elle ne connaissait pas la danse, et qu'elle allait être un poids mort. Elle aurait tellement voulue...mais elle la connaissait. Elle savait quand il fallait poser les mains sur les épaules, la tête, le dos et les fesses. Quand il fallait jouer du bassin pour faire un quart de tour vers la droite...Oui, elle le savait, tout ça.
La petite troupe partait donc en direction du foyer, pour se positionner au plus proche du feu. Il faisait une de ces chaleurs.
- On peut pas aller plus prés. Est-ce ça suffira ?
- Si vous danser bien, oui, il n'y aura aucun problème.
"Si vous danser bien"...le mec pense vraiment qu'il danse bien ? allez, petite fleur ! Montre lui le pouvoir de ton mojo !
Timidement, Rebecca s'exécute, suivis de Calixte et de l'homme bizarre. Ensemble, ils forment un trio des plus...particulier, à moitié dévêtu et dégoulinant de sueur. Et aussi doucement que la macarena commençait, le pouvoir de mousse s'activa d'un coup. Une tonne de mousse sortait de l'homme. C'était à la fois impressionnant et dégoutant.
- Nous vous arrêtez pas de danser ! Je sens que ça vient !
- Qu'est-ce qui vient ?
- Oui ! Encore ! Encore plus fort, encore plus vite !!
Rebecca ne pût s'empêcher de regarder Calixte. Mais qui était donc cet homme ??
Chaud !
Oui chaud. Pas pour longtemps. Normalement. Peut-être.
L’un des clients trouva dans ses affaires un dumctopus de bain, et les notes enjouées de la macarena retentirent dans le hall d’entrée. Après un moment de flottement où chacun semblait se demander s’il allait vraiment se mettre à danser pour sauver l’établissement – et sa peau – des flammes, l’aventurière leva timidement un bras, puis l’autre. Et Calixte la suivit. Les pas étaient faciles et lui rappelaient certaines soirées arrosées à la Garde. Il y avait cependant quelque chose d’encore plus improbable à réaliser la petite chorégraphie entre les murs incandescents des bains que sur une table humide de bière en taverne. Ceci dit, la tenue était relativement similaire.
L’homme au pouvoir de mousse leur cria quelques directives, et il y avait une intonation toute excitée à ses propos que Calixte avait du mal à saisir. Echangeant un regard avec Rebecca, il haussa les sourcils. Non seulement leur soirée aux bains partait-elle littéralement en fumée, mais en plus leur sauveur semblait trouver jouissance dans l’utilisation improbable de son pouvoir. Pouvoir pour lequel il avait besoin de la participation de tiers.
- Est-ce que ça compte comme une partouze ? demanda le garde à son amie. Parce que j’suis pas certain d’avoir signé pour ça à la base. Pas que j’sois contre, mais il aurait pu nous inviter à dîner avant de nous faire subir… ça.
Et « ça », c’était vraiment à la fois étonnant et perturbant. De la mousse jaillissait de plus en plus fort de l’homme qui s’extasiait :
- Oh ouiiiiiiiiiii !!! On est bon là, on est bon ! Pile comme ça !
Ils effectuèrent un quart de tour en rythme, et le coursier jeta un coup d’œil aux parois de l’entrée. Peu à peu, étouffées par la mousse les recouvrant, les flammes s’apaisaient, laissant de larges langues noires contre les murs qui les avaient accueillies. Encore quelques répétitions et ils viendraient à bout du feu. Ou, du moins, de celui gênant la sortie. Pour celui du système de chauffage se déchainant au sous-sol… Ca risquait d’être une autre paire de manches. Mais était-ce vraiment leur problème ?
- Pas de remboursement, hein ? Heureusement qu’on a quand même eu le temps de se rincer de l’odeur des égouts…
Les dernières flammes se ratatinèrent sur un petit tas de braises, qui crachotèrent encore un peu avant de complètement rendre l’âme. Les clients n’attendirent pas plus longtemps pour affronter la mousse et s’échapper des lieux sans demander leur reste, alors que le personnel venait aduler l’homme à l’étrange pouvoir qui les regardait d’un air béat. Au-delà du petit regroupement, dehors, ils pouvaient à présent voir les secours qui arrivaient avec un temps de retard.
- Et maintenant les sous-sols ! s’exclama avec excitation « l’extincteur ».
- Hum, fit intelligemment Calixte.
Non, vraiment, ils faisaient les prolongations ? La voie était libre, les personnes compétentes pour gérer un feu arrivaient…
- Oh pas la peine, on a noyé les sous-sols, répondit la réceptionniste tandis que le patron éclatait en sanglots.
- Ah. Bon ben… bien joué, répondit l’homme-mousse semblant momentanément déçu.
Profitant du moment de répit, Rebecca et Calixte s’éclipsèrent dans un coin en retrait pour se changer. Affronter les rues nocturnes de la Capitale en serviette de bains était peut-être audacieux, mais surtout peu futé. Alors qu’ils finissaient de se rhabiller, l’homme à l’étrange pouvoir les rejoignit.
- Eh merci pour le coup de main ! Vous avez été top ! Moi c’est Jerem. J’peux vous inviter au resto pour vous remercier ?
Ah. Le fameux resto. Haussant les sourcils, Calixte tourna un regard interrogateur vers Rebecca.
2ème lune de la saison douce
BON BAIN
Le feu est enfin éteint. Dès que la dernière flammèche s'éteint, Rebecca est contente de pouvoir enfin arrêter de danser. Il faut dire que cet homme extincteur est vraiment bizarre...
S'assurant que tout est sous contrôle, Rebecca et Calixte se trouvent un petit vestiaire épargné par les flammes pour pouvoir s'habiller. La nudité n'est pas un problème, chacun se mettant dos à l'autre pour pouvoir enfiler ses vêtements.
Une fois cela fait, ils purent enfin sortir des bains. L'air extérieur était chargé, et une petite foule de curieux s'étaient formés.
- C'est bien...Jerem. Mais non, on va passer notre tour, pour le restaurant, hein.
Pas qu'elle n'a pas faim, loin de là, même. Elle meurt de faim, elle pourra manger un Fenrir. Mais pas avec un homme qui prend son pied à se faire mousser.
- Ho, c'est bien dommage, ça. Je connaissais pourtant un très bon restaurant avec de très bonnes danseuses...
- Des danseuses ?
- Oui...en plus c'est soirée mousse ce soir...
- Soirée...mousse ?
- Leur slogan, c'est "toute sortie est définitive. Toute culotte est facultative".
Rebecca se retourne vers Calixte et lui marmonne le slogan, surtout en spécifiant la partie de la culotte facultative. Même si Jerem n'est pas le genre de personne que Rebecca aime, il est sûr à 90% qu'une soirée mousse comme ça, il ne faut pas la rater...
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