Pour un peu plus de sauce au fond de l'assiette
Quand il avait proposé la chose, un peu naïvement de base il faut l’avouer, il ne pensait pas que le maraîcher accepterait l’offre. Il l’avait plus fait en se disant qu’au pire il ne perdait rien à demander. Peut-être un bout de dignité et d’égos si on lui riait au nez, mais ce n’était pas bien grave pour lui. Ce n’était pas deux choses dont il était particulièrement proche de toute façon.
Son fils jouait tranquillement avec le fils du dit maraîcher, appelons le tout de même par son prénom ce pauvre Pomiel et pas seulement par son métier. C’était aussi la présence des deux enfants qui avait rendu possible ce partenariat aussi fleurissant, il fallait l’admettre. Melta était vraiment un don de Lucy, sous toutes les formes possibles.
Une tenture bien solide et étanche au-dessus de la tête il était prêt à accueillir les clients malgré la fine pluie qui tombait sans discontinuer au-dessus de lui du à sa joie d’être là a exercer sa passion. Une marmite pleine de velouté cresson à la crème fraîche finissait de mijoter tranquillement, des petits pots placés à côté pour permettre a chacun d’emporter le liquide ou a consommé sur place. Les croûtons persillés finissant de refroidir pour accompagner, il y avait encore un léger crépitement qui se faisait entendre de leur part. Pas bien loin se trouvais des rouleaux réaliser avec des lamelles courgettes fraîches légèrement griller dans lesquels un mélange de fromage frais de chèvre parfumé à la mente se trouvais emballotté, des brins de ciboulette retenant le tout. Des pavés de thon en croûte d’épice, cumin et paprika si on veut être précis, attendait preneur. Des médaillons de lotte bardée au bacon de porc-becu, n’attendait que preneur, pouvant presque à pouvoir gober aussi sec vu leur taille adapter pour faire des bouchers. À côté on pouvait voir des brochette de canard au miel, abricot sec et graine de sésame reposer tranquillement, l’odeur emplissant les narines. Il y avait aussi de grande brochette de fruits, orange, pamplemousse, banane, mangue, pomme, poire et ananas qui après avoir été saupoudré d’un peu de sucre et caramélisé au gril ne semblait plus que demander d’avoir des dents se plantant dedans.
Vraiment, il y avait de tout pour faire une bonne vente et même si tout les produit n’avais pas de fruit ou légumes, ceux utiliser avait été le plus mis en avant possible pour en faire ressortir toutes les saveurs. Il y avait vraiment une certaine fierté en Faolan de pouvoir servir ce genre de plat, pour un vrai salaire en plus cette fois-ci. Tout ce qu’il souhaitait c’est que Louise avait raison et qu’il y aurait effectivement des gens pour venir acheter ce qu’il avait pu faire. Pour les pris il avouait y être allé assez au total hasard, c’est même Pomiel qui lui avait fait remonter ses pris, les trouvant beaucoup trop casser pour ce qu’il proposait. Faisant confiance en l’homme qui avait plus l’habitude que lui de vendre sur le marché il s’exécuta sans en demander bien plus.
Les premiers chalands commençaient a arrivé pour remplir les devantures des étales et commencer le vas et vient incessant. Se retroussant les manches et regardant riant un peu des cinq chaises placer devant son propre étale pour les personne souhaitant manger sur place et chaud il se mit à continuer tranquillement à cuisiner et garder au chaud ses produits le devant, laissant l’odeur faire venir à lui les gourmands.
Zoran faisait le décompte de ses pièces, il avait que des petites pièces... Pour sept cristaux autant dire qu'il n'aurait rien du tout... Il pouvait s'estimer heureux d'avoir le porc-becue qui fumait sur le stand. Le jeune aventurier avait rejoint la file de plus en plus grossi des acheteurs. Ils étaient tous à l'affût des voleurs comme ils allaient devoir régler sauf une jeune femme apparemment sûre d'elle. Elle avait une beauté singulière : des cheveux de feu, une robe de danseuse et des chaussures qui lui donnait une démarche princière. De toute évidence, elle avait sans doute le pouvoir de dévaliser ce stand, cette idée même désespérait notre aventurier qui soupirait en regardant ses chaussures. Les gardes n'étaient pas tant présents ce matin, ils faisaient sans doute une ronde dans un autre recoin de la capitale. En vérité, il aurait pu tenter un coup de dupe, mais il se faisait des mourrons sur tous les regards braqués soit sur la marchandise ou sur les porte-monnaie ouverts. Quitte à choisir, il préférait demeurer libre même s'il mettait en doute la garde de lui mettre le grappin dessus un jour. Ce fut bientôt à son tour de passer. La femme élégante semblait hésiter... et le laissa passer devant lui. En passant, il observa la courbure de ses formes si bien dessinées... Ses yeux ne verraient plus bientôt qu'un commerçant devant son étal.. Il allait jouer son sens de la négociation.
" Ola brave marchand... donne moi ta meilleure brochette de porc et tout ce que tu as de meilleur pour... ma fortune" compléta t-il en écartant ses doigts pour que le marchand constate l'étendue limitée de sa fortune. Alors qu'il tentait d'attendrir le marchand, la jeune femme remplissait un sac tranquillement sans que personne ne se doute de rien. Tant que l'assurance brillait toute entreprise était permise, c'était bien ce que pensaient Zoran et cette inconnue dans leurs objectifs respectifs. " Si vous me donnez le meilleur, j'ai des relations, je saurai vous recommander... alors monsieur avez-vous le meilleur pour mon digne appétit... " C'était le moment de sortir le sourire le plus beau, il n'oserait pas le contrer, les gens ne sont pas avares de chiffres n'est-ce pas. Sans doute que de nombreuses personnes lui faisaient déjà miroiter du succès... allait-il réussir ? Le destin allait bientôt nous le dire. Zoran ne semblait pas être un mendiant, il n'aurait peut-être pas dû aussi bien se vêtir, mais il ne se voyait pas mendier. Ce qu'il souhaitait soit il l'obtenait par fourberie soit par un honnête larcin... tout était une question de degré quand l'estomac crie famine. " Vous êtes ici depuis longtemps d'ailleurs... ? Combien valent... ces bouchées au thon.. ça a l'air délicieux aussi... très difficile de choisir finalement je reviens sur mon choix. Il faudrait que je goûte c'est possible... ? "expliquait il en faisant de grands gestes. Des étoiles brillaient dans ses yeux rien qu'à la pensée de s'empiffrer.
Pour un peu plus de sauce au fond de l'assiette
– Donc, je vous le répète, vous me désignez les éléments que vous souhaitez et je vous sers ou fais la finition sur place. Vous pouvez autant manger sur place que chez vous.
– C’est vraiment que j’hésite vous voyez.
Oui, il voyait aussi très bien sa tentative à lui mettre sa paire de seins bien trop en évidence. Ce genre de situation le blasait de base, surtout que la queue se faisait derrière elle. Il était là pour faire son boulot pas faire connaissance dans un lupanar.
– Je vais regarder encore un peu.
– Bien mademoiselle.
Sur ses mots elle se décala pour laisser place au client en suivant. Faolan espéra que le suivant serait plus décidé sur ce qu’il souhaitait. Il déchanta très rapidement en écoutant les propos du jeune homme et en voyant sa dite fortune. Il y a avait effectivement de quoi prendre une brochette, mais guère plus. Quand à la dégustation gratuite, il lui aurait bien dit que ça avait déjà eu lieu dans les Archipels, mais vu ses moyens, il n’aura pas eu de quoi y aller à ce moment-là.
Mais bon le personnage l’amusait par sa démarche un peu lourde et surtout pas mal théâtrale. Un sourire parfaitement commercial il ne perdit pas son sourire tout du long, ne faisant plus vraiment attention à la demoiselle hésitante d’un peu plus tôt.
– Bonjour mon brave. Avec cette si grande fortune, vous pouvez avoir une brochette et un quart de pavé de thon. Au encore deux bols de soupe ou….
Il se stoppa sur ses mots, il allait expliquer tranquillement ce qui était possible, il avait même commencé à mettre de côté un peu de chaque élément pour les faire gouter. L’homme lui faisait un peu pitié et laisser un ventre vide n’était pas quelque chose qu’il appréciait de base. Bref, il allait simplement faire de quoi faire un heureux quand il avisa des gestes de la jeune femme.
– Hey ! Vous n’avez pas à vous servir vous-même !
A peine la phrase commencer que la femme tourna la tête vers lui avec un sourire de chat et pris ses jambes à son cou. Il voulut instinctivement lui courir après, mais fut retenu par sa propre devanture. Il lâcha un juron bien fleuri pour le coup et jeta un regard presque assassin à son client actuel.
– Vous êtes de mèches ?
C’était sorti tout cela plus par agacement qu’autre chose. Personne ne semblait réagir à son larcin actuel et ça l’énerva d’autant plus, le ciel se couvrir pour un bel orage au-dessus de lui. Que c’était frustrant comme situation.
– Je me fais voler bordel ! Que quelqu’un réagisse !
Il avait l’impression de parler dans le vide là tout de suite. Même son voisin de stand était bien trop par ses propres clients pour lui venir en aide.
– J’offre un repas ?
En désespoir de cause il teste. Ce n’est même pas l’argent qu’elle a pu lui manquer qui l’agace, mais le simple fait qu’on lui vol de la nourriture. C’était trop demander par Lucy de faire comme le client actuel et de simplement demander des trucs gratuits directement ?
Quand le vendeur s'arrêta... il se demanda s'il avait changé d'avis... vendre un quart ce n'était pas une affaire... A force d'être honnête, on partait avec une brochette... voilà pourquoi qu'en certaines périodes il était bien obligé de voler. De toute manière, cela l'amusait.. en parlant de s'amuser... il tourna légèrement la tête en observant l'étal pour se faire envie et vérifier quelque chose.... La fille était bien en train de voler... C'était une occasion en or. Pauvre marchand non seulement on le volait et en plus il faisait affaire avec une personne avec peu de moyens... Entre voleurs, ils essayaient de ne jamais se trahir, tant que les intérêts des autres n'étaient pas en jeu, aussi son jeu de regard s'arrêta avant de se braquer complètement vers elle. Il ne compromettait ainsi pas ses activités et ne l'avait vu que brièvement... Sauf que le marchand avait davantage tourné la tête, Zoran fit le surpris et suivit son mouvement de tête pour voir la voleuse se faire avoir. Zoran ne se sentait pas d'intervenir ... c'était délicat. D'autant que le marchand le trempa dans cette affaire sans ménagement.
" Non."
Sa réponse est concise, brève et résumait bien sa pensée. Pour une fois, il n'avait rien à se reprocher et en était même fier de ne pas être mêlé à des scènes de poursuite. Même s'il adorait sentir son coeur battre, c'était parfois agréable d'être comme il se tenait : les mains dans les poches. Comme on le désignait comme voleur, il haussa les épaules et allait visiblement s'éloigner. Ce marchand allait se débrouiller en plus les voleurs avaient repéré son étal si un se pointait... d'autres suivraient surtout si les prises étaient aisées. Soudain, il dit les mots magiques, Zoran se redressa, plia ses jambes ppour prendre un élan. Même si son estomac était vide, il se concentra sur ce plan de bouffe que cette voleuse venait de lui fausser. Elle lui avait pourri son groove littéralement, peut-être que sans son intervention il aurait peut-être eu gain de cause.
" Je reviens, réchauffez moi des brochettes !"
Il était sûr de la piéger... bien prétentieux comme idée, mais Zoran était fait de ce tempérament assuré. En usant de bourrasques, il prit le même chemin que la voleuse qu'il apercevait encore. Bien entendu, elle se débrouilla pour tourner dans une ruelle dès qu'elle put. C'était grisant d'être le chat et non la souris... Non pas qu'il envie son frère dans sa poursuite du bien, mais il affectionnait vraiment prendre de vitesse les gens. Son pouvoir lui donnait un véritable avantage... Sauf que la voleuse en avait un autre avantage... Elle s'arrêta devant un mur, apposa sa main pour créer une porte et passer de l'autre côté... La porte disparue dès qu'elle la franchit. Très bien si elle était entrée dans ce bâtiment, elle allait forcément en sortir, il allait prendre de la hauteur pour faire un piquet vers elle. Elle n'avait pas anticiper qu'il pouvait user de ses lames de vent pour se propulser. Notre voleur se dit qu'à sa place soit il resterait dans cette maison puis ressortirait par la même porte ou chercherait à passer par les toits... non tout l'intérêt de son pouvoir devient nul sur les toits. Elle tenterait soit de passer dans le côté opposé ou par... par la porte d'entrée. Tiens donc. Comme prévu, Zoran lui fonça dessus même si elle vêtue différemment, il avait reconnu sa silhouette. Futé le coup de se faire passer par une habitante lambda. Dès qu'elle sentit un souffle venir des cieux, elle voulut s'enfermer à nouveau, mais Zoran mit son épaule dans l'ouverture avant de projeter une bourrasque dans la maison pour la surprendre. Elle se mit à hurler pour tenter d'inverser les rôles. Zoran n'allait certainement pas laisser sa chance filer, il la plaqua au sol. Elle n'allait certainement pas toucher un mur... sauf qu'elle prit un air effrayé...
" Messieurs, cet homme est entré chez moi... je revenais du marché... "
Sans qu'il comprenne, il fut soulevé par des gardes. Ses cris ainsi que son attaque n'avaient pas échappé aux gardes...
" ... Surtout la laissez pas fuir, j'ai un mal fou à l'attraper, elle vient de voler. J'étais à sa poursuite.. "
Les gardes ne comprenaient pas l'issue de ce problème. L'une était vêtue de beaux habits dans une maison bien décorée, l'autre avait fait irruption chez cette dame... L'analyse était vite fait, mais l'autre gus semblait déterminer à les faire changer d'avis... Comme les deux parlaient d'un marchand, les gardes décidèrent de prendre un troisième avis pour trancher.... Le sac de victuailles fut également saisi.... Zoran était blasé... mieux valait être voleur vraiment ou garde... mais justicier non trop épuisant... La femme comme lui se firent raccompagner. Alors qu'ils se faisaient traîner dans la rue, Zoran baissait la tête pour dissimuler son visage de son mieux... Dans cette histoire, il risquait gros... ces gens-là il les évitait le plus possible. Il n'avait pas de haine ni de rancoeur envers les gardes. Il devait sa survie à une garde qui lui avait sauvé les miches plus d'une fois. Zoran avait abusé de cet appui plus d'une fois... Sa garde n'était pas là... cette fois s'il était condamné pour quelque chose qu'il n'avait pas faite, ce serait le comble... En plus si le marchand disait encore qu'il était de mèche... il était bon pour être jugé... La belle ironie. La femme essaya sans cesse de convaincre tout le long du trajet.
" Bonjour monsieur le Marchand, ces individus disent avoir traité avec vous.. L'une dit que l'autre a agressé, l'autre que cette femme est venue vous dérober ce sac... " L'un des gardes a donné ce sac que Zoran aurait voulu rendre ce sac. Comme Zoran n'aimait pas qu'on lui dise de se taire et qu'il aimait parler comme il lui plairait. Il jugea que son intervention était nécessaire.
".... J'ai attrapé cette voleuse qui vous aurait échappé plutôt. Ce n'est pas ma faute si vous vous faites embobiner par cette farceuse. Mes sept cristaux sont restés sur votre étal monsieur... "
C'était comme s'il avait pressenti que tout ne se passerait pas comme prévu. Il avait laissé une garantie de bonne foi. Il ne l'avait pas fait exprès, mais il voulait tellement ce repas gratuit qu'il en avait oublié son unique fortune.
" Ben alors normalement, tu n'oublies rien... "
Zoran visiblement commençait à fumer de se voir incriminer.... A présent, elle voulait le faire tomber avec elle comme c'était bas. Son espoir était soit dans la perspicacité des gardes soit le soutien de ce marchand qu'il ne connaissait pas.
" ... Dites lui que je voulais juste cette brochette... " dit Zoran entre ses dents en tentant de sourire comme il pouvait... Ses pensées tendaient à réveiller l'humanisme de cet homme. "... je l'ai attrapée... "
Pour un peu plus de sauce au fond de l'assiette
— Euh… Monsieur, on peut continuer nos achats ? Non, parce que ma femme m’attend à la maison et…
— Dites-moi simplement ce que vous souhaitez…
Il y a un long soupire à la fin de sa phrase alors que l’homme tout heureux de pouvoir faire sa commande avant que sa femme ne pète visiblement un câble. Si au moins une personne dans cette histoire est heureuse, tant qu’à faire que ça soit l’acheteur suivant qui semblait se ficher comme de sa première tétée de biberon le fait qu’un vol est eu lieu juste en face de lui.
Donc Faolan, en parfaite victime de son sort et certain de plus jamais revoir les deux fugitifs, pris les sept cristaux de compensation ou de bonne fois, il ne sait pas trop à ce stade, puis continua son service. L’air beaucoup plus maussade, le temps un peu neigeux et sans aucune trace de pluie au-dessus de lui. Autant vendre le reste au maximum pour oublier la perte.
Au moins deux clients, peut-être même trois, passent à la caisse, avant qu’il ne voie arriver la garde avec les deux fugitifs. Le regard plus que surpris il regarda les en écoutant les explications du garde. Ha ! Donc la personne qu’il a accusée à tort est partie à la poursuite de la voleuse en lui laissant ses cristaux comme signe de bonne foi. Ce n’est jamais dit, mais ce qu’il comprend malgré les dire de la demoiselle en tentant de le faire tomber avec elle. Comme si on lâchait son complice à ce moment-là. S’il avait été un voleur jamais Faolan ne l’aurait fait, c’est aussi certainement pour cela qu’il est bien mieux en cuisinier qu’en voleur pour le coup.
— Il voulait des brochettes pour sa pause.
— Sa pause ? Comment cela, sa pause ?
— C’est mon garde du corps pour mon étale, mais il était en pause.
— Vous lui faites payer ses consommations ?
— Il a insisté, mais moi je voulais lui les offrir, parce que c’est plus correct, on est était en train de se disputer là-dessus quand cette femme-là à voler mon étale.
— Mais qui ne voudrait pas d’un repas gratuit en plus d’une paye de fin de journée ?
— C’est ce que je me tuais à lui dire. Est-ce que vous pouvez me le rendre du coup ?
— Oui, oui, pas de souci. Si c’est votre employé, je vous le laisse sans problème, qu’il fasse tout de même attention ou qu’il prévienne la prochaine fois. Cela aura été plus rapide s’il l’avait dit directement.
— C’est un homme modeste et impulsif.
— Faites tout de même plus attention. Veuillez reprendre vos affaires, qu’on puisse s’occuper de la jolie dame.
— Bien entendu, merci beaucoup.
Un sourire forcé aux lèvres il reprit ses affaires et laissa la garde s’occuper du reste alors qu’il relâchait son supposément garde du corps du coup. Faolan soupira et mit à chauffer un peu de chaque élément avant de tapoter un tonneau pour lui faire signe de s’asseoir.
— Je suis désolé pour la méprise et je vous remercie de pour l’avoir rattrapé. Chose promise, chose due, dites ce que vous voudrez et je vous le prépare. Comme vous aviez un doute sur lequel prendre, je viens de vous mettre tout à cuire pour gouter un peu de tout et vous décidez.
Une fois chose faite il ouvrit sa bourse et ressortir les sept cristaux qu’il avait mis dedans plus tôt et les remis plus ou moins d’autorité dans la main de Zoran.
— Et je vous rends votre bien. Un vrai poste de garde de stand vous intéresse pour la journée ? Votre prix sera le mien.
" ... Non mais il n'en reste pas moins que je suis le meilleur garde qui soit, vous en conviendrez.... Jusqu'où j'irai pour mon patron, vous n'avez pas idée, mon gars."
"Mon gars" était-il stupide à ce point autant lui serrer la main et lui donner une bonne accolade dans le dos en lui souhaitant bonne journée tant qu'il y était...
" Le prenez pas pour un affront, c'est la fatigue, trop fatigué d'être modeste... " parlait-il au moment où toute la garnison partait sans plus de réponse. Aucune politesse, même pas de respect pour sa petite boutade, franchement il fallait qu'ils se dérident là dedans. Malgré tout il avait bien senti que cette fois il aurait des problèmes... Alors qu'il se rapprochait du commerçant, il tapota sur un tonneau à côté de lui. Pour se la raconter, il se projeta avec une lame d'air pour atterrir en douceur, il n'allait pas tout de même arriver tranquillement et s'asseoir.. c'était si banal et indigne d'une telle sortie de scène. Il poussa une forte respiration en se massant la gorge avant de porter de l'attention à son interlocuteur. Assis sur ce tonneau, même sa petite taille ne semblait pas aussi nette, il y penserait pour ses prochaines discussions. En entendant la proposition du gars, il ouvrit à s'en décrocher la mâchoire... TOUT. Il pourrait donner un avis sur exactement.. TOUT, pas de sélection, juste la globalité... Ouah il avait eu une bonne idée de venir.
" Oh vas y file moi tout ça que je vois ça ! Toi aussi t'es impulsif, je crois bien" rit-il. C'était bien le seul trait de caractère qu'il approuvait totalement. C'était un jeune garçon plein de vie qui ne suivait qu'une seule choses : ses idées foisonnantes. Normalement, il aurait plus réfléchi pour l'avoir, mais toutes ses idées lui avaient paru bonnes... Il se souvenait encore du regard de la jeune femme... Si elle s'en sortait, elle ferait en sorte de le pourrir dans ses activités. Quand elle s'était retournée, il avait cru voir l'un de ses tatouages d'un groupe auquel il ne fallait pas se frotter... La liberté qu'il jouissait pouvait s'assombrir... Au pire, il pourrait s'investir davantage vers les arts de la rue, il savait que le jour viendrait où il pourrait moins s'adonner à ce loisir. Le marchand sortit sa bourse pour lui rendre son bien, n'importe qui de raisonnable le garderait... Zoran soupira, puis sourit en reprenant ses cristaux.
" C'est pas demain que tu feras fortune toi.... Allez... compte moi pour t'aider. Tu vas pas t'en sortir sinon, tu verras. Niveau bouffe, j'ai dû manger un peu partout dans le coin. On peut s'entendre sur ça... file moi une assiette allez que je dise ce que j'en pense.J'ai faim moi et... " Il désigna la file d'attente qui était toujours présente. " Tu perds de l'argent là .. allez va bosser. Je garde l'oeil. "
Zoran n'avait qu'un souhait : faciliter la vie des gens. Il tendait déjà ses mains dans l'attente de ce repas chaud si ardemment désiré. Qu'est ce que cet étal sentait bon ! S'il pouvait se rendre indispensable au fonctionnement de ce commerce, il aurait plus à se soucier de mourir de faim. Cette situation ne s'était jamais produite, chaque fois que son ventre braillait : il le nourrissait de son mieux. Zoran commençait à déguster les produits, ils étaient si bons. Ses yeux se fermaient tant il savourait ce qui faisait une bonne communication comme il surjouait chacune de ses expressions. Pour le moment, il s'était recyclé dans une promotion intense de ce que vendait ce vendeur. Comme les gens se pressaient pour en avoir, dès qu'il eut fini sa dégustation, il se mit à sa droite pour encaisser et le laisser conseiller la clientèle. Dans quoi il s'était fourré...? Quand plus aucun client n'était présent, qu'il y avait comme une accalmie... il ajouta :
" Par compte tes brochettes, donne leur plus d'épices, c'était pas fade, mais pas fou non plus. En plus je me suis régalé, mais voilà fallait que je le dise... hum.. " Il avait dit ces mots comme s'il le regrettait, comme s'il se disait que pour une fois il occupait une place disons atypique... Il avait un poste qui n'était pas sur un siège éjectable... quelqu'un lui faisait confiance, c'était vraiment étrange.
" Tu prends souvent des gens comme ça, juste une question ? "
Autant s'en aviser tout de suite...
Pour un peu plus de sauce au fond de l'assiette
— Oui. Être impulsif permet d’être honnête, c’est moins compliqué.
C’est en tout cas moins compliquer pour lui de dire directement ce qui lui passe par la tête, déjà que sa capacité de communication n’est pas toujours au top, cela fluidifie la parole. Lui donne moins l’impression de juste répondre en onomatopée et grognement à tout le monde. Enfin, il fait cet effort quand Melta est dans le coin, il parait qu’être social est important à montrer à un enfant en bas âge.
Il n’est pourtant absolument pas certain de ce que c’était ce que voulait mettre en avant son nouvel employé, vu que visiblement il acceptait le poste. Sa première embauche comme patron, il y avait une certaine forme d’émotion dans l’âme d’avoir fait cela. La pluie s’intensifia un peu et un bout de rire sortit de ses lèvres en l’entendant critiquer ses brochettes. Cet homme est honnête avec sa nourriture et avoir un avis qui ne dit pas simplement que c’est bon il prend sans aucun souci.
— J’avoue que mon truc c’est plus la cuisine que la vente. C’est plus la passion qui me fait avancer que l’envie de cristaux qui remplissent mes bourses.
Tout en disant cela, il servit deux nouvelles personnes et se concentra un peu plus sur la queue de personne face à lui. Il cherchait de comment il allait pouvoir assaisonner autrement les brochettes pour que cela passe mieux. Par réflexe il n’en proposa d’ailleurs plus aucune, il allait d’abord changer ce point avant de les servir à nouveau. La vue de thym et romarin dans l’étale de son voisin lui fit lever la tête et dans un moment de vide lui en acheta deux bouquets de chaque.
Alors que personne n’était là tout de suite il tenta une sauce thym et romarin, agrémenté d’un peu d’alcool de riz pour rehausser un peu le gout du sucré salé. Une fois cela fait-il tendis la brochette réassaisonner au second jeune homme.
— Mieux comme cela ?
Parce qu’il ne voudrait pas que l’autre parte parce que ça ne rendait pas bien, puis s’il avait la langue aussi bien pendue pour dire ce qui n’allait pas ça lui permettrait de faire des avances dans ses propres créations.
— Et sinon, non, tu es le premier que j’engage. Au fait, moi c’est Faolan et toi ?
Parce qu’avec tout cela il n’avait pas pris la peine de se présenté et l’appeler mec, toi, truc, machin, gars qui se le pète un peu tr ou encore gouteur professionnel, ce n’était pas forcément le mieux pour créer une bonne relation. En tout cas c’est ce qui lui semblait en tout cas.
— Et toi ? Tu prends souvent des boulots comme cela ?
Parce que peut-être qu’il avait un autre boulot à faire aujourd’hui et que présentement Faolan lui coupait les ponts pour continuer à vivre sa vie de tous les jours. Un nouvel échange de cristaux contre de la nourriture se fit et le blondin retourna vers ce qui servait de cuisine provisoire pour cuire deux portions de pavé de thon pour un papy un peu gâteux.
" Ah ! Si tu le dis... "
En plus de tout, il lui coupait toute envie d'en faire des caisses. Sa remarque l'avait juste stoppé dans son élan, dans sa vie normale au final. Quel homme sur terre aurait pu lui faire une telle proposition en lui faisant une confiance aussi gracieuse ? Il n'allait pas tarder à comprendre à qui il avait à faire. Pour le moment, il le prenait pour un bon plan, la bonne occaz de grailler sans trop se démener. Sa bouffe était vraiment pas dégueulasse, alors comment passer à côté ? La passion le faisait bien plus que la vente... cet homme vivait dans un monde de rêves tout roses. Zoran ne put réprimer un soupire tout en secouant la tête. Ses remarques le dépitaient tout en le motivant. En rendant la monnaie, il observait son attitude. Tout comme il lui avait fait, il faisait le même étalage de ses plats. C'était d'ailleurs difficile de ne pas prêter attention au fumet qui se dégageait de ses plats. S'il mangeait en service, c'était bien vu ? Dans d'autres cas, il ne se serait même pas posé la question, mais le gars venait de se faire voler... Mieux valait en plus lui montrer qu'il était un ventre sur pattes. C'était fou, mais de minute en minute il remarquait que son accolyte avait de la tchatche... Ah il parlait, c'était un fait... Zoran était bavard, mais se la jouait plus discret que d'habitude pour évaluer avec qui il évoluait.
"... La passion, c'est bien, mais si t'as plus rien. Tu seras cuit, c'est tout" répliqua t-il après de longues minutes. Une envie folle de balancer une vanne, de tout plaquer tambourinait dans ses tempes. Il n'était pas à sa place, pas avec une personne qu'il trahirait de toute façon... Doutant de sa capacité de s'engager, il ne faisait cependant aucune erreur dans son rendu de monnaie tout en réfléchissant à cette opportunité à double tranchants. Alors qu'il encaissa deux personnes, il remarqua une chose : dès qu'il ne parlait plus d'un produit, il ne le vendait plus. Il était sacrément fort ce garsd... Plus aucune brochette ne passait.
" Tenez, allez bouffer, c'est l'heure !" fit-il aux clients avec un clin d'oeil.
Son côté malicieux et vaguement effronté avait le mérite d'en faire rire certains... Comme ces deux personnes qui s'éloignaient en disant : " Il nous a parlé comme si on se connaissait.. " " Oui, j'ai bien vu". Hum... Zoran n'avait pas eu le temps de se mettre dans son personnage, voilà tout. Pour le moment, il était toujours le petit voleur comédien qui à ses heures perdues partait à l'aventure. Sans attache. Sans lien. Attaché à cette caisse, il avait du mal à se dire que ce n'était qu'une mission tout comme celle de ramener les bateaux de pêche au port. Le commerçant faisait attention à ses remarques sans intérêt et visiblement il avait besoin d'aide. Rien qu'à voir la file d'attente, les gens venaient pour la qualité de ses plats et de ses conseils... Tout d'un coup, il eut sous le nez.. des brochettes... Manger en travaillant... Meilleur boulot de tous les temps. Zoran ne se fit pas prier, il les dévora avec une satisfaction plus grande.
" Mets m'en de côté pour la fin de journée."
C'était sa manière de dire que cette alchimie délicate de saveurs était juste parfaite. Elles avaient un petit goût boisé assez fin. Elles lui rappelaient les journées à trimer dans les bois pour choper quelque chose de potable, mais en bien mieux. C'était bien raffiné.
" Ensuite, client suivant."
Venait alors la question de l'identité, Zoran devait-il faire une pirouette ou décliner son identité ? Il ne savait même pas s'il allait rester... L'autre avait le visage tourné vers lui, visiblement en plus ça lui tenait à coeur... et il soulignait même cette embauche comme une première. Ils allaient presque devoir fêter ça vu son regard satisfait.
" Ton commerce a même pas de nom en fait.. t'as pas entendu parler d'Ezzio ? Le théâtre, ça paie pas. Appelle moi Zoran, va... et trouve toi un nom... même nous on en avait un et t'as vu comment la troupe est pas connue ! Donc si t'as pas de nom, faut qu'on se bouge !"
Zoran inspira ... sans trop comprendre pourquoi il s'agaçait pour si peu. Il se disait sûrement que cette aventure le détacherait sûrement de sa vie précédente et pire qu'il pourrait y prendre goût si la bonne bouffe était au rendez-vous.
" Fin' c'est toi qui vois... moi je sais pas." fit-il d'une voix presque effacée.
Le jeune homme faisait son entrée dans la vie des gens comme un bâton de dynamite, il ne savait pas faire autrement. Si le commerçant ne voulait pas de nom après tout c'était son droit... A vouloir s'imposer... il en devenait lourd. Il baissa la tête dans la caisse à la recherche de petite monnaie pour éviter de donner toute la grosse monnaie que la cagnotte de Faolan détenait. Les gens venaient vraiment se délester... Alors toutes leurs piécettes qui valaient pas un clou, c'était pas à tous les commerçants du coin de les garder. Avec un sourire angélique, il se débarrassait un peu pour équilibrer les comptes et éviter d'avoir un amas de pièces sans intérêt...
" Oh ben, je suis un aventurier moi tu sais.. je prends ce qui vient..." dit-il presque mécaniquement en cherchant des petits cristaux dans le fond de caisse... Fier de lui, il put le remettre à la cliente " Et voilà,on est bon ! Bon appétit" fit-il avec conviction en s'asseyant tranquillement. " Mais j'ai jamais eu de boulot fixe... "
Cela le désole un peu pour l’autre jeune homme. Ce brave Zoran n’a pas l’air d’être un mauvais bougre et les théâtres étaient peut-être sa passion qui s’est pété la gueule. Après, mise à part la fois où il avait proposé à Fedora d’aller voir une pièce avec lui, mais que ça ne se fût pas fait au final, il n’était jamais allé au théâtre. Son patelin d’origine était trop petit pour en avoir un et la seule fois où quelque chose passait pour des spectacles c’était un cirque. Pas tout à fait la même chose.
— Cela change beaucoup de chose d’avoir un nom ?
Littéralement il n’avait jamais fait attention à ce détail. Beaucoup des étales qu’il avait vus en avait un, les boutiques aussi, mais est-ce que ça changeait vraiment quelque chose ? Est-ce que ça allait faire que plus de monde lui offrirait des recettes à ajouter dans son livre ? Est-ce que ça permettrait qu’il ait plus facilement des emplacements libres au marché ? Pas que ça le dérange de trouver un nom, mais on lui avait déjà fait une scène pour ne pas nommer son fils Melba et devoir se rabattre sur Melta pour se dire que c’était peut-être pas pour lui ce genre de chose.
— Tu aurais peut-être des idées ?
Tout en disant cela, il s’occupa de changer l’assaisonnement de toutes les brochettes et d’en mettre de côté pour son garde nouvellement engagé. Le gout devait être mieux s’il lui demandait d’en mettre de côté, pas besoin de plus pour son ego. Il profita aussi pour noter les modifications faites avant d’oublier, même si les détails de cuisine étaient rarement ce qu’il oubliait. Mieux valait-il être prudent ? Une fois fait-il remis les brochettes en circulation pour la vente comme si c’était parfaitement normal d’avoir tout changé pour une seule remarque.
— Et désolé, je ne suis jamais allé au théâtre, je n’avais pas cela là où je vivais avant et avec mon fils c’est un peu compliqué de…
— Papa, faim ! Copain faim aussi.
— Melta, on demande poliment et on ne coupe pas la parole…
— Te plait papa, faim.
— Et on dit bonjour aussi.
Melta qui venait d’arriver et lui attraper le pantalon pour avoir un peu de sa pitance en plus fronça les sourcils en cherchant à comprendre son père visiblement. Les clients ça allait et venait et s’il ne disait pas bonjour à tout le monde d’habitude son père ne disait rien. Faolan pointa du doigt l’aventurier et le regard du petit se fixa sur lui sans rien dire, un peu comme s’il analysait la personne en face.
— Melta, on ne fixe pas et on dit bonjour. C’est Zoran, il va nous aider aujourd’hui et peut-être d’autre fois, alors soit poli.
— C’est ami ?
— Oui.
— Bonjour Zoan, moi est Melta
— Zoran. Il y a un R.
— Zoran.
— C’est bien.
Tout en disant cela, il attrapa un sachet plein de guimauve qu’il avait fait plutôt dans la matinée spécialement pour son fils. Le petit en prit un bon nombre pour lui et son ami avant de disparaitre aussi vite de là où il venait, visiblement un autre enfant de son âge était plus attractif qu’un nouvel adulte sur place. Le sachet toujours en main il le tendit pour en proposer à Zoran.
— Tu en veux ? C’est des sucreries à la pomme, les fruits viennent d’un village ultra sympa dans les plaines. À la saison douce, je pense en faire au fruit rouge. J’ai un doute sur le fait qu’avec des marrons cela soit agréable pour cet hiver, mais il faudra tester.
Tout en disant cela il posa le sachet à côté de l’aventurier enfin de compte et servit quelque client avec un sourire aux lèvres. Encaissant sans se poser de question, souriant même aux personnes demandant un rabais et l’accordant sans grande difficulté. C’est qu’une fois la queue un peu moins garnie qu’il reporta à nouveau son attention sur son employer du jour.
— Tu sais, si tu aimes le travail avec moi, on peut voir pour quelque chose de régulier. Avoir une personne avec qui passer du temps est agréable, puis cela te fera une rentrée de cristaux… Après, on peut aussi allier cela à ta passion. Peut-être qu’une représentation de pièce en plus de repas à servir pourrait être un bon plan… Après, je ne sais pas ce que tu aimes et je suppose comme cela avec ce que tu as dit, mais je vais dans le mur peut-être.
En même temps qu’il disait cela, il voyait parfaitement la petite vielle mettre quelque plat en plus dans son panier, ni vu ni connu. Il soupira et attrapa la main de la dite mamie.
— Madame, ce n’est pas buffet à volonté, c’est dix cristaux noirs.
La petite vielle grogna pour la forme avant de le payer et partir. Il encaissa la somme en secouant la tête. Est-ce que c’était si compliqué que cela de demander une remise ou savoir si on peut avoir un échantillon gratuit ? ? Visiblement, oui.
" Un nom fait tout. Tu peux pas juste débarquer et dire " voilà, je vends de la bouffe, bonjour". C'est pas comme ça que les choses marchent. Faut qu'on parle de toi. Et ce que les gens veulent savoir c'est comment s'appelle ton enseigne et lui faire appel. Tu peux montrer aussi ton engagement.. là ça fait juste pas sérieux. "
Son père en serait juste tomber dans les choix en l'entendant parler comme ça... il en serait peut-être fier. Son fils était en train de parler de business à une personne, certes de manière rude, mais on sentait une réelle implication dans ses propos, une certaine force aussi.
" Ben, c'est personnel un nom. Pourquoi t'as créé ce commerce ? C'est quoi qui te motive ? Faire goûter des plats et en apprendre, hein c'est ça ? La saveur des palais ? Ou je sais pas, mais mettons tu veux te positionner parmi les grands, ça doit te positionner aussi haut que tu veux aller. Tu veux vendre aux nobles, donne toi un nom qui a de la classe. Tu veux vendre à tous, donne toi un nom classe et qui se retient bien. Alchemy ? Je ne sais pas, t'as des plats originaux, pourquoi pas partir sur l'idée d'une transformation. Ou alors tu pars sur nos noms conjoints "Chez Faoran", mais perso... je suis pas fan. Je pense que tu fais pas ça pour qu'on retienne ton nom, mais par passion. C'est ça qui te motive et tu dois partir de ça en fait... tout simplement. C'est tout simple."
En disant ces mots, on aurait dit qu'il rouspétait Faolan, mais en fait en grattant on sentait une certaine excitation face à cette nouveauté encore toute nouvelle à ses yeux. Zoran se moquait de tout et ne s'investissait dans rien. Depuis la disparition de son frère, il n'était pas retourné non plus dans une aventure folle, comme si cela l'avait calmé pour un temps. Une sorte de surplus d'énergie grondait en lui et s'exprimait dans cet air déterminé et vaguement autoritaire. Tous ces propos lui faisaient lever les bras au ciel comme une volonté de faire bouger les choses d'une façon ou d'une autre par force ou par raison... Après avoir terminé, ses bras s'étaient enfin immobilisés le long de son corps comme s'ils avaient toujours eu cette position. Il n'avait pas non plus remarqué les petites bourrasques sans incidence qui avaient rendu la coiffure digne du meilleur champ de bataille...
Faolan allait lui expliquer la raison pour laquelle il n'était jamais allé au théâtre... Zoran avait repris le cours de ses activités d'encaissement comme on remonte sur un cheval en pleine course. Malgré tout, il avait la tête tournée pour regarder... des mioches. En plus ce gars avait des gamins, par Lucy, comment pouvait-il trouver le temps pour tout ça... Trop d'obligations à ces yeux... En revanche, même s'il pouvait avoir du mal avec les enfants, il adorait faire le singe et les gratifia d'une grimace rigolote dès que Faolan tournait la tête juste pour les faire sourire.
" Salut les mômes ! Hey Melta !"
Les enfants étaient les publics les plus communicatifs, ils servaient au moins bien à quelque chose. Non mais pourquoi avoir des enfants quand un chat suffisait amplement... C'est si mignon un petit chat qui ronronnait... Bon ils avaient pas l'air méchants... même sympas. C'était à voir son jugement sur les chats... Faolan eut à nouveau la fâcheuse tendance de lui proposer comme à son môme des bonbons... Ce type est fou. Jamais il ne l'avait vu se servir... tant pis il lui proposait alors il allait prendre. Tout en mâchonnant, il se mit à dire simplement.
" Aux fruits rouges pendant les fêtes... tu veux te ... enfin nous ruiner, fais en au caramel. Y aura plus de fruits en cette saison et franchement les caramels, chocolats ou autres bêtises, c'est super bien accueilli... En tout cas, elles déchirent ces guimauves... au final non vois comme tu peux, ça doit rendre bien. "
Cette manière brute de répondre comme s'il ne pouvait pas se démarquer de son sérieux, il se croyait dans une de ses missions qu'il ne pouvait échouer. Il pencha la tête en songeant qu'il ne devait pas faire bonne impression. Mais il accordait des rabais à tout le monde ce gars... comment voulait-il qu'il ne soit pas remonté... Il voulait couler son magasin, il voyait pas d'autres explications. Il rajoutait donc à chaque client " profitez de votre échantillon en gage de remerciement." Ressortir des tirades de théâtre, c'était si facile... et pour le coup les clients n'avaient pas le sentiment d'avoir eu un cadeau, mais une faveur particulière. Sérieusement, il avait vraiment besoin d'aide ce petit gars... Comme la file s'amenuisait à nouveau, il le sentit se tourner à nouveau vers lui... et là il lui fit une proposition choc. L'idée d'une représentation avec lui en vedette avait le don de l'emballer comme mille chevaux lancés à plein régime. Comme il n'y avait plus personne, qu'il sentait son coeur devenir comme un feu d'artifice, il sauta vers Faolan, lui agrippa le col en disant presque en hurlant.
" SERIEUX.... MAIS OUAIS ... OUAIS"
Spontanément, il le lâcha pour lui exécuter un saut périlleux arrière à l'aide d'une bourrasque bien négociée cette fois. C'était rare de le voir aussi joyeux que ça, il l'aurait presque embrassé le gars s'il ne venait pas tout juste de le rencontrer. Il l'avait limite agressé avec cette approche un peu sauvage, mais il avait toujours dû se faire une place qu'on lui accordait. L'idée d'avoir son propre spectacle en aidant quelqu'un mais c'était juste parfait à ses yeux.
" Parfois, faudra juste que je parte un peu en mission, mais on s'organisera de toute façon, je compte pas te lâcher, mon Fao. Je te promets que... " Il ferma le poing en l’élevant au ciel avant de le désigner du doigt. " On va faire de ton commerce l'incontournable de la Capitale, j'ai qu'une parole et j'en fais ma mission principale. Et je l'accepte alors t'es prêt... parce que ça va secouer" finit-il en lui tendant la main avec un grand sourire. Alors qu'il avait explosé de joie, qu'il avait distrait son commerçant devenu préféré depuis leur arrangement qui grandissait, une vieille eut le toupet de se servir. Et là Faolan allait lui dire qu'il était désolé, mais que fallait pas tout tester avec sa petite gentillesse agaçante dénuée de tout aspect financier, mais non il lui demanda de l'argent. Et là franchement, Zoran plaqua ses deux mains sur son visage pour ensuite les braquer vers lui pour en faire sa star du jour.
" Voilà, voilà, c'était impec ça, associé ! "
— Je n’avais jamais réfléchi à ce que ça avait comme importance, mais du coup, oui, tu as parfaitement raison, il faut un nom pour mon commerce.
Seulement aucune des idées qu’il propose ne l’emballe, mais il voit le principe tout de même. Il prend vraiment cela à cœur, c’est une bonne personne, c’est ses tripes qui le lui dise et aussi, surtout, le sourire de Melta quand il a dit bonjour. Bon, il aurait bien eu a redire sur le terme mômes, mais son fils est partie sans demander ce que ça voulait dire c’était donc tranquille pour quelques jours sans qu’il le réutilise à outrance dans ses phrases. C’est d’ailleurs en voyant son fils qu’il a l’idée d’un nom qui lui vient.
— Partons sur la farandole des saveurs. Cela sonne bien et mon petit aime bien les farandoles.
Simple et pas prise de tête, comme souvent avec lui. Il n’a pas besoin de plus pour que cela passe bien. La sonorité lui plait bien et ce n’est pas compliqué à écrire si besoin. Parce qu’il faut aussi réfléchir à quelque chose de simple à écrire. Parce que pour avoir des livraisons ou du courrier pour une boutique avec un nom à rallonge c’est quelque peu problématique. Les coursiers avaient déjà assez de mal avec le fait qu’il n’est pas d’adresse fixe, enfin pas vraiment.
Il nota tranquillement sans rien ajouter de plus les propositions de goût pour les prochaines guimauves, mises à part celle au caramel, là il préférait encore créer directement un caramel tendre en friandise plutôt que devoir trouver un moyen d’incorporer ce gout à un élément comme la guimauve. Peut-être faire des caramels tendres à plusieurs parfums pour la période des fêtes ne serait pas mal du tout. Faire des cannes à sucre à divers parfum ne serait pas trop mal.
Il eut un vent de surprise et une expression assez étonnée quand Zoran se révéla ravi de pouvoir faire une coopération avec lui pour la boutique. Son enthousiasme faisait vraiment plaisir à voir, juste il ne s’y attendait pas a avoir autant d’entrain pour cela. Avoir un associer fait du bien, en tout cas pour le moral c’est des plus plaisant, et ça sans demi-mesure. Par contre il y a un détail qu’il va falloir rapidement mettre au point, parce que sinon ça risque d’être gênant sur du long terme.
— Au fait, je ne suis pas basé à la capitale. Mon commerce est itinérant et même si je passe souvent par ici, mon but est de parcourir tout le pays. Je suis déjà allé aux Archipels par exemple et c’était rudement sympathique. Les spécialités culinaires sont complètement différentes de chez moi, mais même au village perché ou ici tout change complètement. Pour tout le monde, ça ne semble pas grand-chose, mais rien que le choix des épices dans un même produit sera différent. Aucune recette n’est universellement appréciée par tout le monde, rien qu’à cause de cela… Je ne suis pas encore allé à Forteresse, mais j’irais un jour. Je propose aussi mes services aux groupes d’aventurier pour leur faire le repas le temps de leur quête.
Certes, il n’avait eu l’occasion que pour le faire une seule fois, mais c’est quelque chose, malgré le gros souci du kidnapping de son fils, lui avait beaucoup plus. Quelque chose qui change des habitudes bien trop huilées qu’il a pu avoir dans son enfance. Quelque chose qui a quelque chose d’aussi instable que la météo dans le pays et c’était simplement grisant.
— Du coup, si tu es plus au capital et pas quelqu’un qui voyage beaucoup on peut aussi faire affaire à chaque fois que je reviens ici. On a une collocation avec une hôtesse de la guilde des aventuriers pour quand on revient avec Melta.
Tout en disant cela, il se permit de servir trois autres clients. La félicitation suite à la petite vielle le fit sourire et rire un peu. Il entendit des râlements sur le fait que c’était des plus agaçant le fait qu’il se mettre à pleuvoir des cordes d’un coud au-dessus d’eux.
— Gamin, c’est bien que tu sois heureux, mais attention à tes clients.
— Oui, merci, il faudra un jour que je règle ça pour les jours de marché.
Même si ça ne lui plaisait pas beaucoup, un objet bloquant sa capacité magique pendant une durée pourrait être une bonne chose. Pas trop longtemps par contre, sinon il se sentirait horriblement vide pour la vie de tous les jours.
— Si jamais tu as froid, il y a des couvertures sur ta droite et.. Là où mon fils vient d’en prendre une.
Littéralement son fils venait tout juste d’en attraper une sous son nez pour jouer dessous avec son copain visiblement, il en restait d’autres en cas de besoin pour Zoran. À aucun moment Faolan ne se dit que ce n’était pas forcément pratique pour bouger si jamais il y avait un autre voleur qui venait au niveau de son stand, en même temps après la danseuse et la mamie pour lui il n’y aurait plus rien du tout.
Vraiment ?
" La farandole des saveurs... okay en plus on sent la nouveauté, c'est bon pour le commerce ça !"
Par la suite, Zoran eut une explosion de joie, sans doute était-ce parce qu'il sentait une confiance battre en lui. Un projet nouveau se bâtissait pierre après pierre : Faolan en était le régent, il en était l'architecte. L'un était l'âme même de ce commerce et l'autre ne faisait que lui donner des directives pour lui donner plus de force. Y incorporer son art relevait du pur génie, c'était comme si toutes les règles précédentes s'effaçaient pour faire de ce projet une essence commune. Si le visage de Faolan avait sans doute un peu blanchi, celui de Zoran était rougi de tous ces gestes soudains. Il dut même remettre sa capuche après cette cabriole en arrière.
" Ah.... la forteresse, mais y a rien là bas... " soupira t-il en nuançant. " J'y ai en partie grandi excuse et tout ce qui me reste c'est " mais on se les caille". Enfin, j'aime rouler ma bosse partout alors tu sais que tu bouges, ça me dérange. J'aurais le droit de favoriser plus l'archipel, dis moi ? " fit-il sur le ton de la plaisanterie. Etre un artiste itinérant, il l'avait déjà fait tant de fois avant que la troupe ne s'établisse à la capitale. Tout y était plus facile ici au niveau des revenus. S'il n'avait plus eu ses activités annexes, il se serait ennuyé ferme. " T'auras besoin d'une escorte et en plus j'en connais des aventuriers, je pourrais te mettre en lien sans souci. Tu feras des heureux, crois-moi"
Quand il se rappelait la viande séchée qu'il avait dû se prendre pour descendre dans les cavernes, c'était ... un peu piteux à côté des repas chauds de Faolan. Tout d'un coup alors qu'il allait encaisser des clients, il sentit des gouttes dans son cou. Il leva la tête pour voir qu'un nuage gris stationnait au dessus d'eux tranquillement. Une sorte de micro-climat étrange...? Il eut un regard vers Faolan pour savoir s'ils devaient ranger l'étal, mais ce dernier n'était pas surpris...
" Heu.. va peut-être falloir qu'on remballe non ? "
Sans même chercher à se mettre à couvert, Faolan lui proposa des couvertures. Son fils Melta en prit une sans même chercher plus que cela. Tout semblait ordinaire, non pas que la pluie était inhabituelle, mais elle était venue si soudainement. Zoran mit également une couverture sur ses épaules en soupirant. Il remarqua alors une chose qui l'énerva... Faolan restait sans couverture sous la pluie. C'était vraiment un imbécile. Ni une ni deux, il l'attrapa par le bras et le mit avec lui sous la couverture. Zoran avait par la même coupé un conseil clientèle, mais il s'en fichait. Faolan saurait retomber sur ses pieds.
"Et donc.. reprends au sec ta conversation avec Monsieur et tiens la couverture... J'ai horreur de l'eau"
C'était impossible d'être égoïste longtemps avec un gars aussi altruiste... à ses côtés il avait l'impression d'être une personne meilleure... c'était sans doute pour cela qu'il avait accepté... Oui... Faolan était quelqu'un de différent... Même sous une pluie torrentielle, il continuait de le penser tout en vérifiant si personne ne profitait du grabuge pour se servir sous leurs yeux.
— Hein ? Comment ça on remballe ?
Là par contre il n’avait pas suivi quand son nouveau associer en devenir lui dit cela. Beaucoup trop l’habitude de son micro climat pour comprendre tout de suite que le jeune homme parler des intempéries qu’il provoquait. Bien rapidement, de manière relative tout de même, le cuisinier comprit de quoi parlait l’autre homme et secoua sa tête de droite à gauche avec un sourire un peu moqueur aux lèvres.
— Oh ! Ça ? Non, on n’a pas besoin de remballer, sinon je ne déballerais jamais de base.
Il est toujours un peu amusant de voir les gens faire tout un fromage du temps qu’il fait, alors que ce n’est pas grand-chose au final. Même, pour tout dire, la pluie était bonne pour les affaires mine de rien, les gens étaient plus presser d’avoir rapidement fait leur course et ne passait pas trente-six ans à faire la causette ou prenait plus d’un coup pour ne pas avoir a revenir directement plus tard par gourmandise. C’est un peu à double tranchant, mais un double tranchant qu’il appréciait de voir en scène.
— La pluie est agréable tu sais, enfin, elle l’est pour moi. Disons aussi que je suis assez responsable de sa présence… Du coup, j’imagine que tu ne vas pas vouloir travailler sur du long terme avec quelque chose que tu as en horreur ?
Il y a une certaine crainte dans sa voix mine de rien. Ce n’est pas comme s’il ne comprenait pas le fait que les gens aiment être au sec la plupart du temps, mais tout de même, il y a un côté rageant au fait de ne pas pouvoir contrôler cela. Pourtant, il adore son pouvoir, genre, vraiment, mais c’est aussi quelque chose qui handicape ses relations sociales visiblement. La grande joie tout cela…
— Garde la couverture, vraiment, moi ça ne me dérange pas et j’ai une serviette sèche avec moi en plus pour ce genre de chose. Mon pouvoir influence la météo suivant mon humeur, mais la joie ne donne pas vraiment un grand soleil.
Suite ce ces dires-là il servit deux autres personnes avec le sourire. Oui, il est beaucoup plus simple de rester concentrer sur le fait de vendre ses produits que de discuter de comment sa météo tourne. Certain ne comprenne pas et c’est chiant, juste chiant.
— Enfin, après je dis qu’on ne doit pas remballer, mais d’ici une heure on devra le faire tout de même. On aura plus de stock et ça sera la fin du marché aussi.
Parler de chose plus terre à terre est toujours plus simple. Noyer le fait d’être déçu de perdre aussi rapidement un compagnon de route et galère est plus simple. Même si la pluie c’est calmer et qu’un mélange de neige pleine de songerie tombe, mais tout le monde ne lis pas dans la météo. Encore heureux pour le coup
" Le marché n'est pas encore fini, tu commences déjà à lancer un froid à ce que je vois. Si tu savais le nombre de fois où j'ai dû affronter de la flotte, c'est pas une petite pluie qui m’arrêtera. Faut pas que tu te fasses de bile comme ça, si j'avais pas envie de rester je te laisserai dès maintenant. Moi tu sais, rien ne me fait rester... "
Sur ces paroles, il se mordit les lèvres en songeant à quel point c'était fort peu vendeur. Il rajouta pour que Faolan le comprenne.
" Sauf si bien sûr j'en ai l'envie. Alors continue d'être dans ta bulle toute rose et laisse moi gérer les cristaux, t'es bien plus sympathique en rêveur qu'en médium. Surtout avec ce genre de conclu'. Tu vois ça marche même pas... et on a encore du stock alors on se bouge et on rapporte des cristaux. Faut juste que tu me préviennes si j'emmène un pull ou un maillot et tout ira bien... Par compte ton gosse là... si avec ça il est pas costaud, je sais pas ce qui lui faut..." rit-il.
Zoran avait toujours tendance à beaucoup parler, il avait bien envie aussi que Faolan ne se prenne pas la tête avec lui. Le jeune aventurier était prêt à se prendre la tête avec la gestion, les finances, mais c'était à Faolan de régenter la part de rêve. Zoran ne partageait pas toute cette énergie qui émanait de ce chef cuisinier, alors c'était son rôle. C'était ce qu'il tentait de lui faire comprendre, tant que chacun restait à sa place, leur duo tiendrait. La sécurité et les finances d'un côté, l'innovation et la passion de l'autre...
|
|