Des invitations à des réceptions mondaines, tenues dans des demeures suintant l'opulence, Dahlia avait coutume d'en recevoir. En effet, la garde faisant partie de la noblesse – en l'occurrence de l'aristocratie militaire - celle-ci se trouvait régulièrement conviée à ce genre de cérémonies guindées entre gens de « qualité ». Le plus souvent, elle trouvait toutefois un prétexte pour s'y soustraire, bien peu friande de ces fêtes qui n'étaient que des pantomimes sociaux à ses yeux, regorgeant d'hypocrisie sous les façades à première vue affables de leurs parties prenantes.

Or cette fois-ci, une mention sur le carton d'invitation reçu – qu'elle avait tout de même lu pour la forme - avait retenu son attention : il fallait s'y rendre costumé. Et en détective, très précisément. Voilà un banquet qui promettait de sortir de l'ordinaire, et qui la convainquit d'y participer, sa curiosité s'en trouvant aiguillonnée.

Dahlia ne réfléchit pas très longuement à son déguisement, et décida d'opter pour celui du plus fameux des enquêteurs, Sherlock Holmes. Elle s'était donc parée d'une longue cape quadrillée avec pèlerine, qui recouvrait une chemise et un pantalon droit tombant sur des chaussures vernies. Une tenue masculine, mais qui lui seyait étrangement bien, de par la classe qu'elle lui conférait. Et bien sûr, Dahlia avait également parfait son costume avec une pipe et une loupe, sans omettre le chapeau en tweed avec oreilles à rabat.

Après qu'elle eut franchi le portail baroque magnifiquement ouvragé du manoir, et alors qu'elle s'apprêtait à en gagner l'entrée, Dahlia se sentit soudainement effleurée de façon un peu rude, par une personne qui émanait de derrière elle. Mue par un réflexe martial, elle pivota derechef, prête à infliger une clef de bras au maraud qui avait osé la bousculer. La garde était en effet peu coutumière des contacts physiques impromptus, et était par contre fort habituée à se défendre des attaques inopinées.

Toutefois, elle distingua le, ou plutôt la, responsable à temps avant de la clouer de façon peu amène, et retint son geste de justesse. Il s'agissait d'Astrid. Dahlia évita de lui révéler ce que celle-ci avait failli connaître, à cause de sa maladresse légendaire, et sourit simplement, emplie de la joie de la revoir. Le majordome interrompit toutefois leur échange, et elles ne purent le reprendre qu'une fois à l'étage du manoir.

« Ouais, ça date de quelques semaines, déjà. Elles ont été un peu mouvementées... mais ça va, et toi ? » répondit-elle à son amie, en évitant de s'appesantir sur l'épreuve qu'elle avait connue, au cours de cet intervalle de temps, pour ne pas venir ternir la soirée. Elle enchaîna plutôt : « Ta tenue est très sympa également, ce nœud papillon la parfait superbement. En revanche... tu sais pourquoi nous sommes les seules à être costumées ? »

En effet, les deux femmes détectives n'étaient entourées que de toilettes luxueuses, et dénotaient quelque peu avec tous les autres convives si bien apprêtés. Sans s'en soucier davantage, Dahlia poursuivit :

« En tout cas, je me suis bien amusée à le revêtir, ce costume. Tu vois, cette pipe ? Hé bien, je sais même l'utiliser... »

Dahlia s'était entraînée pour cela, car elle n'avait pas coutume de s'en servir habituellement, et comme tout, cela n'avait pas été pas inné. Désireuse de faire l'étalage de son apprentissage, elle y tassa quelques pincées de tabac, puis porta la pipe calebasse à ses lèvres pour l'allumer. Elle commençait à aspirer une première bouffée, de façon lente et régulière.... Lorsqu'un cri retentit à l'étage du dessous, la faisant sursauter, et s'étouffer à moitié avec la fumée qui vint lui brûler la gorge.

Une fois descendue avec Astrid dans le hall d'entrée, elles purent constater le corps gisant, allongé et raide, au sol. À la vue de sa lividité mortuaire et du sang maculant son pourpoint, Dahlia pâlit notablement. Un nouveau macchabée, elle allait finir par croire qu'elle les provoquait. Astrid se précipita sur lui, et la garde en fut bien soulagée, car elle ne savait pas si elle aurait pu l'affronter de plus près, hantée par ses réminiscences comme elle l'était.

Pour sa part, elle s'adressa à la foule des convives qui s'était également réunie dans le hall.

« Que tout le monde garde son calme... » commença-t-elle, tandis qu'elle sortait sa médaille de garde de sous sa cape, et l'affichait en vue de tous. Elle fut alors saisie d'un vertige d'hésitation, alors que d'autres images du funeste évènement passé cherchaient à s'imposer dans son esprit, mais se reprit : « Cet évènement venant de se produire, le coupable se trouve manifestement parmi nous. Tout le monde reste donc ici, jusqu'à ce que cette affaire soit tirée au clair. Nous allons devoir procéder... à une enquête. »

Sous le regard inquiet de Dahlia, qui redoutait déjà le pire, Astrid réalisa l'inspection détaillée du corps de l'homme étendu sur le dallage froid du hall. La garde nota que la citoyenne procédait à un examen scrupuleux de ce dernier, dotée d'un savoir-faire qu'elle aurait pu qualifier de... professionnel. Possédait-elle déjà une expérience dans les diagnostics mortuaires ? Le nombre de cordes à son arc ne cessait d'étonner Dahlia, mais cela était certainement l'apanage d'avoir vécu plusieurs vies.

Finalement, Astrid rendit un verdict sans appel, annonçant la mort du propriétaire du manoir, la cause de cette dernière et l'arme du crime l'ayant suriné. Cela provoqua immanquablement un affolement des convives, gagnés par une vague commune de peur, que Dahlia fut bien en peine d'endiguer malgré quelques rappels à l'ordre. Mais Astrid, après avoir à nouveau fouillé la dépouille, semblait avoir déjà résolu l'affaire. Elle s'apprêtait à clamer le nom du coupable, lorsque le majordome vint l'interrompre pour la conduire dans un petit salon attenant, en emportant également la garde.

La suite des évènements ne manqua de saisir Dahlia d'un certain étonnement, n'ayant pu partager les récentes déductions de la citoyenne, et celui-ci fut rapidement suivi par... un immense soulagement. L'homme n'était pas réellement décédé, et tout cela n'était qu'une mascarade vouée à divertir les invités. Voilà qui lui ôtait un énorme poids des épaules. Cependant, le majordome venait de les lester d'une autre charge : elles devaient poursuivre la mise en scène, et aller jusqu'à démasquer le faux-coupable niché parmi les invités.

« Heu... On peut avoir un indice sur ce faux-coupable, tout de même ? Je préfèrerai connaître le script en avance, si je dois jouer la comédie... »

« Vous êtes garde, non ? Vous avez été sélectionnée justement en raison de votre métier. Remplissez-le, le plus naturellement possible. Il est entendu que toute anticipation nuirait à la justesse du spectacle. »

« Certes... » répondit-elle en s'efforçant d'arborer un professionnalisme de façade, alors que l'idée ne l'enchantait guère.

Le problème, pour Dahlia qui demeurait une « usurpatrice » au sein de la Garde, était de devoir continuer à faire semblant, alors qu'elle aurait bien voulu pouvoir se dérober, éluder ce rôle dont elle ne pensait avoir l'étoffe, et qu'elle exerçait uniquement par stricte nécessité, habituellement. Heureusement, Astrid était avec elle, et elle pourrait compter sur ses talents quant à eux avérés d'enquêtrice. Cela la rassura un tant soit peu, tandis qu'elles regagnaient le hall où résonnait la complainte faussement éplorée de la maîtresse du manoir.

Et là, ce fut le moment d'improviser.

« Le majordome vient de nous indiquer les noms des personnes, parmi les invités, qui n'étaient pas présentes à l'étage, lorsque le meurtre est survenu. Elles sont donc toutes potentiellement suspectées d'avoir commis cet innommable assassinat dans le hall. »

Dahlia attrapa au passage la liste d'émargement des convives, qui se trouvait sur un pupitre à l'entrée du hall. Elle la parcourut en hâte, espérant réussir à déterminer, grâce à celle-ci, ces potentiels suspects par leur absentéisme. Heureusement, certains d'entre eux avaient des noms univoques, et elle put identifier ceux qu'elle n'avait pas aperçu dans le salon supérieur, lorsqu'elle y était, et qui avaient donc pu possiblement participer au faux assassinat.

« Il s'agit de... Mademoiselle Rose, Madame Pervenche, le Colonel Moutarde et le Professeur Violet. L'un de ces suspects est forcément le coupable, car il a pu se trouver dans le hall, à l'instant du crime. »

« Comment osez-vous ? J'étais tout simplement allée un instant me repoudrer aux toilettes. De là à être soupçonnée de meurtre... » s'indigna soudainement celle qui devait être sans conteste Mademoiselle Rose.

« J'étais pour ma part avec le Colonel Moutarde entrain de discuter affaires, dans une antichambre annexe en raison de la teneur confidentielle de notre échange. Aucun de nous deux ne s'est rendu dans le hall, j'en atteste. » se dédouana le Professeur Violet.

« Voyons... J'étais pour ma part sortie sur le balcon, prendre l'air. Voilà pourquoi le majordome ne m'a pas aperçue, dans la salle des fêtes. » répondit quant à elle, avec morgue, Madame Pervenche.

Face à ces alibis, la mine de Dahlia connut une certaine déconfiture. Comment pouvait-elle déceler celui caduque ? Puis, jetant un coup d'œil à Astrid, elle eut subitement une révélation. Le corps de l'homme. Il fallait continuer à l'inspecter, une preuve incriminant le coupable devait forcément s'y trouver. Et puisqu'il n'était pas roidi par la mort, elle n'avait plus de crainte à l'approcher à présent. Qui disait attaque, disait souvent... traces de lutte. Dahlia s'arma de sa loupe, et inspecta minutieusement le corps du faux défunt, jusqu'à y trouver... des fils d'une couleur pervenche, sur son pourpoint ensanglanté.

« Vous vous trouviez au balcon, Madame Pervenche, dites-vous ? Avez-vous un témoin ? Car il y a des fils de votre tenue, sur la dépouille... Vous êtes la seule à être vêtue d'une robe de cette couleur bien caractéristique ! »

L'argument sembla faire mouche, au sein de l'assistance, et Dahlia se résolut à entériner son accusation.

« Cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Il s'agit de vous, Madame Pervenche. Oui, dans ce hall, et avec ce couteau de cuisine ! »

Le faux meurtre avait été correctement élucidé, comme en attesta le relèvement du propriétaire du manoir, qui s'extraya de sa fausse léthargie non sans coller au passage une petite suée de frayeur aux invités, ce qui tira un sourire à Dahlia. Les revenants, elle les préférait ainsi. Elle et Astrid furent alors gratifiées de compliments par l'homme, et remerciées pour leurs compétences et le spectacle qu'elles avaient permis d'offrir. Les applaudissements des convives s'apprêtaient à retentir à la suite, lorsque... L'obscurité la plus totale s'abattit dans le hall.

Et lorsque ce rideau de ténèbres se déchira, peu de temps après être tombé, un nouveau corps était étendu au sol : celui de madame Pervenche, la fausse meurtrière.
Le cœur de Dahlia fit une embardée. C'était quoi, ça ? Un rebondissement inopiné ? La garde coula un regard noir vers le majordome pour lui signifier qu'ils en faisaient un peu trop, avec cet engrenage de morts, mais le regard teinté de la plus parfaite incompréhension que lui retourna ce dernier la désarma. Il ne semblait pas être au fait de cette péripétie, ce qui laissait présager... le pire.

Astrid devait en être arrivée à la même conclusion, mais elle entreprit d'opter pour un discours qui n'alarmerait pas la foule, ce qui paraissait effectivement judicieux aux yeux de Dahlia. La citoyenne réalisa l'inspection de la nouvelle dépouille, puis après un trait d'humour, invita Dahlia à venir auprès d'elle. La garde s’exécuta, et lorsque les mots soufflés au creux de son oreille par la citoyenne lui parvinrent, elle fut parcourue d'un frisson d'effroi. Astrid lui confirmait que la madame Pervenche était effectivement canée, et lui proposait de choisir parmi deux options pour mener à bien le déroulement de leur – véritable, cette fois - enquête.

À vrai dire, heureusement que la citoyenne était là, à nouveau, car Dahlia aurait bien été en peine de savoir comment procéder pour parvenir à éventer ce meurtre non factice. Après avoir dégluti pour tenter de faire passer la boule qui s'était nichée dans son œsophage, elle répondit à Astrid, dans un chuchotement également :

« Sainte merde, il ne manquait plus que ça. Élémentaire, en effet, pour les lumières... En trouvant comment celles-ci ont été éteintes, on devrait pouvoir remonter au meurtrier, ou à l'un de ses complices... Je vais opter pour la première option, et faire de mon mieux. Bon courage à toi. »

Une fois leur échange achevé et la marche à suivre scellée, Dahlia revint s'adresser aux convives.

« Chers invités, comme vous l'a précisé ma partenaire détective, nous allons avoir besoin de votre concours le plus complet, pour élucider cette nouvelle affaire. Je vais ainsi vous demander... d'effectuer, l'un après l'autre, une brève démonstration de votre pouvoir. »

Les invités opinèrent, et commencèrent à s'exécuter. Cela donna un spectacle haut en couleur, certains des convives ayant des attributs animaux, d'autres étant à même de créer des paillettes ou des bulles de savon... Le hall s'emplissait de reliquats de pouvoir de plus en plus étranges, lorsque soudain, l'un des invités se fendit d'un refus :

« Excusez-moi, madame la garde, mais je ne peux pas employer le mien... Je l'ai utilisé un peu plus tôt, et il est ainsi encore en cours de rechargement. »

« Ah, en quoi consiste-il, je vous prie ? »

« Je suis capable... d'augmenter la quantité de liquide contenue dans un verre. J'avais ainsi jugé bon d'y avoir recours, naguère, dans la salle des festivités, pour profiter davantage de cet excellent millésime de champagne. »

« Avez-vous une preuve, ou... un témoin, pouvant en attester ? »

« Je crains que non... Je l'ai fait en toute discrétion, pour ne pas créer d'envieux, car mon pouvoir est trop limité pour pouvoir en faire bénéficier le plus grand nombre. »

Voilà qui, malheureusement pour cet homme, le plaçait au rang de suspect. C'est alors qu'intervint la propriétaire, qui était restée en retrait jusqu'à présent :

« De toute évidence, cet homme est hautement suspect. Oui, après tout, qu'est-ce qui nous prouve qu'il ne verse pas dans le mensonge ? »

Cette enquête en huis-clos n'était pas sans engendrer sa dose de tension. Dahlia s'efforçait de rester concentrée sur la tâche qui lui avait échouée, mais elle ne pouvait s'empêcher de jeter des œillades inquiètes vers Astrid, officiant un peu plus loin. C'est lors de l'une d'elle qu'elle aperçut la citoyenne tâter le postérieur du propriétaire... S'intéressait-elle aux fessiers masculins, à présent, ou était-ce son perfectionnisme d'investigatrice ? S'agissant d'Astrid, le mystère demeurait entier, et Dahlia ne put manquer d'en esquisser un sourire amusé.

Mais il lui fallait revenir à la situation qu'il lui incombait de régler, concernant cet homme qui était mis en porte-à-faux car ne pouvant faire montre de son pouvoir. Alors que l'accusation de ce dernier venait d'être appuyée par Madame Sevin, la propriétaire du manoir, Astrid les rejoignit et conforta les soupçons portés sur lui. Toutefois, l'homme refusant d'avouer quoique ce soit, il fut décidé d'ouvrir la porte d'entrée pour aller prévenir la Garde. Cette perspective soulagea Dahlia, car cela libérerait par là-même cette enquête de son atmosphère confinée bien trop pesante.

En voyant Astrid batailler avec le trousseau de clefs, Dahlia voulut aller l'aider, mais la citoyenne y parvint finalement avant qu'elle ne la rejoigne, et poussa l'huis dans un grincement sinistre. Et là, alors que les battants venaient de s'entrouvrir... Tout devint noir à nouveau. Puis la lumière revint quelques secondes plus tard, et la garde put voir la citoyenne plaquant au sol l'un des invités, juste devant l'embrasure libératrice de la porte. La déduction fut immédiate.

« Je constate que nous avons un fuyard... »

Heureusement qu'Astrid avait pu arrêter l'homme à temps, à l'aide des lunettes de jour dont elle s'était équipée, et probablement en usant de son pouvoir de vitesse décuplée. Sans ça, elles n'auraient probablement jamais pu mettre la main sur lui.

« Votre tentative de fuite vous incrimine au plus haut point. Nous allons devoir vous... »

Mais Dahlia fut brusquement coupée par madame Sevin :

« Voyons, je connais ce pauvre Homer. C'est un grand claustrophobe, il n'a pas pu réprimer l'appel de l'extérieur, tout simplement. Soyez indulgentes avec lui. En revanche... Dois-je vous rappeller qu'un autre suspect a été identifié ? » dit-elle en se tournant vers l'homme qui avait refusé de démontrer son pouvoir.

« Je n'ai rien fait de mal, sinon affectionner un peu trop ce champagne, je vous le promets ! » tenta-t-il de protester, mais sa défense tournait court en l'absence de preuves pour étayer ses dires.

Dahlia porta son regard sur ce dernier, puis sur l'homme au sol maîtrisé par Astrid. Elle fronça finalement les sourcils, et se dirigea vers l'homme retenu au sol. Puis elle entreprit de le fouiller, sans cérémonie, tandis que son amie le maintenant immobile. La garde trouva finalement dans l'une des poches arrière de son pantalon, un drôle d'objet magique, de couleur rouge, arrondi et bombé. Elle l'avança vers le visage de l'homme.

« C'est quoi, ça ? »

« Je ne m'en servirai pas ici, si j'étais vous. C'est... dangereux. » répondit le suspect plaqué par terre, le souffle court en raison de sa cage thoracique comprimée contre le dallage du hall.

« Ah bon ? Je dois pourtant avouer que ça me démange... Autant en avoir le cœur net. »

« Attendez ! Et si ça explo... » s'écria l'un des convives en levant une main vers elle, saisi de panique.

Mais il était déjà trop tard. Dahlia, qui était bien trop curieuse, et sûrement pas assez précautionneuse, décida d'appuyer sur cet étrange outil, faisant fi de toute prudence. Il y eut alors une déflagration... de noirceur. Le hall fut à nouveau plongé dans une obscurité de cave. La garde appliqua alors une nouvelle pression, et la lumière revint au sein des cristaux. Elles venaient de résoudre une partie du mystère.

« Il s'agit manifestement de l'objet responsable de l'extinction des lumières. Pourquoi l'avez-vous sur vous ? Avouez, l'avez-vous volé et employé, puis perpétré cet horrible crime ? »

Cette preuve l'accablant, et savant son sort condamné car il allait être arrêté et soumis à une potion de vérité, l'homme finit par confesser :

« Je... l'ai effectivement utilisé, mais pas dérobé. Il m'a été donné, par... ma commanditaire, Madame Sevin. »

« Jacinthe, tu n'as pas fait ça ?! » s'offusqua alors le propriétaire, en dardant des yeux outrés vers sa femme, suffoqué de surprise, et de peine.

Et alors, la maîtresse du manoir fut obligée d'avouer l’entièreté de l'affaire, devant l'ensemble de l'auditoire présent. Ayant découvert que son mari la trompait avec Madame Pervenche, et surtout que celui-ci en était tombé amoureux, et souhaitait divorcer pour se remarier avec elle, elle avait voulu évincer sa concurrente pour conserver sa position dans l'héritage de la fortune des Sevin... Elle avait ainsi fomenté ce meurtre, en s'appuyant sur cette soirée basée sur un simulacre d'enquête, proposée par son mari. Si l'assassin était parvenu à s'enfuir avec l'objet magique ayant permis d'éteindre les lumières, jamais la piste n'aurait pu être remontée jusqu'à elle... Mais c'était sans compter sur les talents hors pair d'Astrid.

Des renforts, envoyés par la Garde qui avait été prévenue par la citoyenne par cristal magique - l'ouverture des portes par celle-ci n'ayant été qu'un leurre visant à démasquer le coupable - ne tardèrent à arriver au manoir, et à arrêter les criminels. Les invités réalisèrent alors que ce second meurtre n'avait pas été simulé, et en furent bien retournés. Quant à Dahlia, elle fut également encore ébranlée dans sa foi en la nature humaine, mais retint surtout bien une leçon : les soirées mondaines, même avec une invitation attrayante, plus jamais. Les tracassins de nobles, très peu pour elle.