Vous vous êtes donnés rendez vous au village perché (a vous d'en déterminer la raison) et alors que vous vous retrouvez tout les deux quelque chose d'étrange se produit
Vos pouvoirs se détraquent soudainement et s'activent n'importe comment, se répercutant également à vos éventuels objets de pouvoirs, créant une certaine panique dans les environs.
Si la taverne qui vous accueille n'est pour le moment que peu occupée, les choses pourraient ne pas durer
La hiérarchie à l'origine de la planification était cependant restée bien évasive quant à l'objet de la conversation, qui était embaumée d'une bonne dose de mystère. Quelque peu intrigué par toutes ces cachotteries, Alvar profitait du temps libre que son avance lui accordait pour s'interroger sur le pourquoi du comment. Il envisagea de suite l'hypothèse la plus probante, à savoir la terrible embuscade dans laquelle Dahlia et lui étaient tombés quelques jours plus tôt.
Encore très affecté par cette expérience difficile, l'officier et sa collègue avaient déjà échangé à plusieurs reprises avec leur hiérarchie au sujet du forcené qu'ils étaient parvenus à arrêter au prix de nombreuses vies perdues, mais peut être que de nouveaux éléments nécessitaient une nouvelle consultation des principaux intéressés ? Un peu angoissé à l'idée de peut être devoir remettre cette sombre affaire sur le tapis, le garde posa une main au niveau de la cicatrice qui ornait son flanc, se remémorant le sadisme du coupable de cette blessure et laissant malgré lui un frisson parcourir son échine.
"Vous souhaitez commander ?"
Alvar leva la tête et abandonna ses douloureux souvenirs. Il reposa urgemment sa main sur la table, comme s'il souhaitait dissimuler ses états d'âme auprès du serveur qui venait de s'adresser à lui. Après un court instant d'hésitation, il dénia d'un geste de tête et répondit poliment :
"Navré, j'attends quelqu'un. Nous passerons commande dés qu'elle sera arrivée."
Le serveur confirma d'une courbette bâclée et retourna en cuisine. Alvar le suivit des yeux et constata que l'établissement était plutôt vide, chose peu courante en cette saison et plus particulièrement à cette heure. Cela tombait plutôt bien, en vue du secret qui planait sur ce mystérieux entretien, mais cela attira néanmoins l'attention de l'officier. Le service semblait convenable, à en juger par les bonnes manières du garçon qui était venu à sa rencontre, mais peut être que la cuisine n'était pas à la hauteur ? Si tel était le cas, il espérait que son rendez-vous ne soit pas affamée après le voyage.
En parlant d'elle, cette dernière venait enfin de pénétrer dans l'enceinte de l'établissement. Le sommaire descriptif qu'il avait obtenu de sa hiérarchie suffit amplement à la reconnaître et Alvar décida donc de se faire remarquer par cette dernière. Il se leva de sa chaise, arborant fièrement l'insigne de la Garde qu'il portait au plastron et lui signifia sa présence par un geste de main. Comme toujours face à un supérieur, il décrocha son masque de fer de visage et le porta à sa ceinture. Suite à quoi, il offrit à l'arrivante un salut militaire et l'invita à s'installer face à lui.
"Officier supérieur Alvar de Brumerive. Enchanté."
Après ces présentations sobres et discrètes, il se rassit et vint joindre à nouveau ses mains sur la table, prêt à découvrir l'objet de cette curieuse rencontre. Parmi les rares clients de la taverne, certains rôdeurs semblèrent s'intéresser au duo de gardes qui venait de se former mais, incapables d'entendre la conversation entre les deux militaires, les petits curieux retournèrent à leurs consommations ainsi qu'à leurs conversations.
"Je vous écoute..."
En arrivant sur place, Zahria relit les informations qu'elle a sur le dossier: les fiches des deux soldats concernés, leur rapport sur cette sordide rencontre, les moindres détails qui pourraient avoir leur importance dans la discussion qui va suivre. Officiellement, le sergent Ahlysh est là pour interroger l'officier de Brumerive au sujet de son altercation pour les registres de la Commission. En réalité, le maître-espion croit tenir une piste sur la Cabale.
Car le pouvoir et les méthodes de l'homme qui les a enfermé ressemblent un peu trop à un autre énergumène appartenant à l'organisation traquée par Zahria, arrêté et mis en exil par Elina von Andrasil, sa regrettée amie et capitaine du Blizzard. Sans dire qu'il s'agit du même homme revenu d'exil, ce qui semble presque impossible, il faut néanmoins creuser la piste, et s'assurer qu'il ne s'agisse pas de ça.
Aussi quand elle rentre dans la taverne et qu'il se présente, découvrant son visage, Zahria n'est pas surprise. Elle vient tout juste de relire la fiche du soldat, notamment la section sur son pouvoir, et était prête à ça. Elle se présente elle-même sous cette façade officielle du "Sergent Zahria Ahlysh", lui sert la main et ils s'installent après avoir commandé leurs consommations, un lait de boucton pour Zahria qui doit rester focalisée sur son interrogatoire.
« Permettez que je vous appelle Alvar, je n'aime pas trop les formalités. »
Elle trempe les lèvres dans son lait pour se désaltérer un peu en cette chaleureuse journée de la saison chaude, puis s'apprête à reprendre la parole pour expliquer les raisons de sa venue quand tout à coup la lumière de la chandelle de la table vient d'elle-même à l'intérieur de son corps. Plus surprise encore qu'Alvar, Zahria tente de relâcher la lumière de la bougie, mais celle-ci reste stockée au niveau de son épaule, la fortifiant contre sa volonté.
« Excusez-moi, je ne sais pas ce qui se passe, on dirait que mon pouvoir ne répond plus... »
Quand après un immense effort, Zahria parvient à se débarrasser de la lumière et la remettre à sa place, elle est téléportée à l'intérieur de l'ombre d'une chaise un peu plus loin, puis saute dans une autre ombre, puis une autre, sans jamais contrôler ce qui lui arrive. Le Marchombre la laisse enfin ressortir en face d'Alvar, puis elle sent les picotements caractéristiques du changement d'apparence provoqués par le Médaillon d'Ovide. Elle a tôt fait de l'ôter avant qu'une transformation ne se déclenche d'elle-même et révèle son appartenance sur cet objet mythique. Dans le même mouvement, elle enlève le Marchombre, et glisse les deux dans son sac sans fond, puis se retourne, aux aguets.
« Il y a quelque chose qui cloche. Ma magie est détraquée. Vous vous sentez bien, vous ? »
Alors qu'elle se retourne pour souffler la bougie de la table, dans l'espoir que son pouvoir ne fasse de bêtises de lui-même, et que son regard se pose sur Alvar, elle comprend qu'il y a quelque chose qui cloche aussi chez lui. Et elle vient de relire sa fiche. Elle sait à quel point ça peut être dangereux, s'il perd aussi le contrôle sur son pouvoir.
« Alvar, il faut que nous sortions d'ici. Tout de suite. »
Une fois servis, ils décidèrent d'entrer directement dans le vif du sujet. Curieux de savoir si le rendez-vous concernait effectivement cette macabre affaire de nécromancie, Alvar se pencha légèrement en avant pour permettre à son interlocutrice de ne pas être contrainte de lever la voix plus que nécessaire. C'est alors qu'il fut pris d'un vertige. Inconsciemment, ses yeux d'ébène venaient de se river sur le cou de sa supérieure. Il ressentit une faim soudaine, qui gagna en intensité en quelques secondes. Le garde détourna la tête, angoissé par cette manifestation en apparence dénuée d'origine. Était-ce de la nervosité ? Cela ne lui ressemblait guère.
Les bizarreries ne faisaient apparemment que commencer. Mystérieusement, la faible lueur procurée par la chandelle posée sur leur table s'évapora et fut comme aspirée par le corps du sergent. Elle s'excusa pour le désagrément, visiblement peu habituée à ces manifestations hasardeuses. Alvar dont la faim incommodante venait de déclencher d'importantes nausées lui répondit faiblement :
"Ce... n'est rien."
A peine eut-il terminé sa phrase que son interlocutrice disparut de son champ de vision. Sous les regards ébahis des autres clients, elle se téléporta à plusieurs reprises aux quatre coins de la pièce. Après de nombreux bonds, elle termina sa course au point de départ, éprouvée par ces étranges capacités qu'étaient les siennes. Dans la confusion, elle constata que quelque chose d'anormal se produisit. Alvar aurait bien aimé confirmer et lui venir en aide, mais il était désormais pris de tremblements et réalisait avec effroi la gravité de la situation. Le garde tenta d'articuler mais au lieu de mots, ce fut un cliquetis monstrueux et caractéristique du Glouton qui s'échappa de sa gorge.
La dernière fois qu'il s'était trouvé dans un tel état, il était en terrain contrôlé. Lorsqu'il avait passé les tests d'entrée pour la Garde Royale, il s'était volontairement affamé pour tenter de prouver à ses examinateurs qu'il pouvait outrepasser sa soif de sang et contrôler ses pulsions animales.
Malheureusement, lors de cette fameuse épreuve, il avait échoué.
L'histoire se répétait. Dans un ultime effort de contrôle, Alvar se mit à fouiller frénétiquement dans les étuis dissimulés dans son armure. Secoué par des spasmes musculaires, il parvint difficilement à extraire les quelques fioles que contenait l'une de ses poches secrètes et il les jeta sur la table. Le sergent, comprenant sans doute la gravité de la situation, lui intima de quitter la taverne. Alvar se leva en chancelant, repoussant sa chaise si fort qu'elle tomba à la renverse. Il s'empara nerveusement d'une fiole de sang et en arracha le bouchon. Il leva la tête, ouvrit la gueule et laissa le liquide pourpre se déverser dans sa gorge. Cela n'avait aucun effet, la faim continuait de grandir.
"Je ne... comprends pas."
Usant du peu de conscience qu'il lui restait pour suivre la directive de sa collègue, il claudiqua jusqu'à la sortie en s'appuyant sur les tables tout en bredouillant des excuses à chaque citoyen qu'il bousculait par accident. Il n'entendait presque rien, voyait littéralement rouge et ne parvenait que très sommairement à se concentrer sur son environnement. Son esprit était désormais totalement accaparée par cette mystérieuse soif de sang qu'il était incapable d'étancher, un véritable cauchemar qu'il espérait ne jamais avoir à vivre.
Se fiant à la lumière pour quitter la taverne, il enfonça involontairement la porte d'entrée et se prit les pieds dans sa longue cape, s'écroulant au beau milieu de la rue sous les yeux des passants interloqués qui se figèrent à sa vue. Le Garde releva la tête et comprit que ce qu'il redoutait se produisait bel et bien, il perdait pied. Il lâcha un grognement animal, incapable de se retenir plus longtemps la bête en lui. A genoux, il ne discernait désormais que des silhouettes informes et des sons étouffés. Affolé comme jamais il ne l'avait été et impuissant face à son propre pouvoir, il parvint à souffler entre deux gargouillements monstrueux :
"Sergent... Aidez-moi. Éloignez-moi des... civils. Je vous en prie."
Après avoir prononcé ces quelques mots au prix d'un effort surhumain, il se plia brusquement en deux, assailli par sa faim monumentale.
Vu les bruits et les cliquetis, soit ce gars-là a l'habitude de faire des gargarismes devant public, soit ça risque de très mal se passer. Mais elle n'a pas le temps de s'en préoccuper dans la minute, puisque son corps fait aussi des siennes. Les lumières de la taverne ne cessent d'être capturées puis relâchées, alors que son corps luit et clignote comme une guirlande du solstice de la saison froide, et n'ayant aucun contrôle sur la chose, Zahria est complètement perdue. Si Dhim ou même Wendy étaient là, avec leurs pouvoirs ils pourraient limiter un peu la casse, mais la maître-espion est venue sans ses familiers.
En tout cas, ils semblent être les deux seuls dans ce cas, car si les gens autour sont clairement intrigués ou agacés par leur comportement, rien ne montre qu'ils soient en train de vivre des situations aussi compliquées que les leurs. Alvar réussit tant bien que mal à sortir de la taverne, et Zahria derrière lui, farfouillant au fond de son sac à la recherche de ses menottes anti-magie. Venu pour un rendez-vous, il est probable que le soldat n'ait pas pris les siennes, mais heureusement que Zahria ne sorte jamais sans, elles lui servent beaucoup trop souvent.
Alors qu'elle s'approche d'Alvar qui la supplie de l'aider, pour lui passer au moins une menotte à un poignet, le pouvoir de Zahria se déclenche à nouveau tout seul, utilisant les lumières gardées dans la taverne, et elle se retrouve à cinquante mètres de là après une accélération éclair qui ne manque pas de lui faire atrocement mal aux jambes. Revenant en trottant vers le soldat à l'agonie, Zahria parvient enfin à lui passer une menotte quand elle sent un Rayon se canalyser.
« Non... »
Vu le nombre de lumières qui lui restent, celui-ci risque d'être dévastateur. Mais au moins, si elle n'a pas le contrôle sur sa magie, Zahria peut encore viser le ciel pour éviter de détruire quoi que ce soit, et quand, quelques secondes plus tard, le Rayon part, il attire l'attention de tous les passants autour de sa lumière aveuglante. Se résignant à laisser une partie de sa magie à Alvar, Zahria passe la deuxième menotte à son propre poignet alors qu'un deuxième Rayon, beaucoup moins puissant, part cette fois en direction de la porte de la taverne qu'ils viennent de quitter. Il vient se ficher dans le bois et disparaît aussitôt, laissant un petit trou là où il s'est planté.
« Reprenez-vous, Alvar, il faut que nous trouvions un endroit calme, et sans lumière. Je pourrais comme ça vous passer les deux menottes jusqu'à ce que nous comprenions ce qui se passe... »
Ses pouvoirs amoindris, il devrait être capable de reprendre le dessus sur sa faim, mais il va falloir qu'ils marchent main dans la main jusqu'à trouver un endroit où analyser la situation dans le calme...
C'est la panique, il faut absolument que vous protégiez les civils de vous même...
Mais dans ce cas, qui protégera les civils d'eux même ?
D'un coup, la porte de la taverne dans laquelle vous étiez explosa et un bonhomme de pierre en sortie. Derrière lui, un homme paniqué essayait de s'accrocher à ses bras :
- Jean-Marc non ! Arrête ! Fait ce que je te dis enfin ! Redevient un caillou !
Mais le bonhomme de pierre n'obéissait pas et commença à taper contre les poteaux de l'auberge avec l'intention de les détruire... Plus loin, une femme cria également à l'aide :
- AU SECOURS ! Ai-aidez moi ! Mon pouvoir.. je veux pas me transformer...
Elle était en train de se transformer en arbre... si la transformation arrivait à son terme, serait-elle capable de redevenir humain ? Même si c'était le cas, qui la protégeait de la torche humaine qui se trouvait à côté d'elle :
- Marie ! Non ! Quelqu'un ! Je.. je ne peux pas l'aider ! S'il vous plait !
C'était la panique autour de vous.. plus personne ne contrôlaient ses pouvoirs..
Si la faim conservait encore des proportions inquiétantes, le dérèglement était quant à lui interrompu par l'instrument anti-magie et ses pulsions cessèrent donc de s'accroître, se maintenant à un niveau certes insupportable, mais suffisamment stable pour que l'officier parvienne à retrouver un semblant de maîtrise. Etonné par cet état de fait, mais reconnaissant envers sa supérieure, Alvar se redressa en prenant appui sur sa collègue et tenta de reprendre son souffle. Sans se soucier de son entourage, il plongea sa main libre dans sa poche à réserve et fut soulagé d'y découvrir encore deux fioles. Il s'empressa d'en engloutir le contenu et ressentit les effets positifs immédiatement. Cette légère amélioration de situation lui permit de retrouver son esprit d'analyse ainsi que sa perception de l'environnement. Il découvrit alors que, dans l'espoir d'amoindrir son potentiel de destruction, sa collègue s'était également menottée, ce qui les liait de force.
Sur ordre du sergent, le garde tâcha de garder sa souffrance pour lui et commença à suivre le mouvement. Les pouvoirs de Zahria provenaient apparemment de la lumière, elle cherchait donc à atteindre une zone plus obscurcie afin d'éviter toute manifestation dangereuse de ses capacités. Alvar redoutait cependant la proximité avec autrui et malheureusement, se retrouver menotté à quelqu'un n'était pas le meilleur moyen de remédier à son problème. Les yeux mi-clos, il se laissait donc guider par sa camarade et se concentrait sur sa propre respiration pour ne pas lui sauter à la gorge.
Malgré son état, il parvint à réflechir à leur situation ainsi qu'à leur état désastreux. Depuis quelques temps, il avait l'impression d'être pris pour cible par des adversaires étranges. De toute évidence, ce qui se produisait actuellement était ciblé, il y avait probablement autour d'eux un inconnu qui utilisait son propre pouvoir pour dérégler les leurs. Alvar ouvrit un peu les yeux, cherchant autour de lui qui pouvait être à l'origine de ce chaos. Il fut surpris de découvrir que leur mal s'était répandu, se répercutant désormais sur les pouvoirs des civils.
Une femme se changeait en arbre, une autre était intégralement couverte par un brasier puissant, un golem de pierre saccageait tout sur son passage. Le chaos régnait sur la place et Alvar, persuadé de pouvoir découvrir l'origine de la perturbation dans les environs, prit enfin la parole et s'adressa à sa supérieure :
"Sergent, je pense que dans notre état, nous ne pouvons pas aider individuellement chaque personne. S'il s'agit d'une attaque, nous devrions trouver le responsable de cette perturbation et l'arrêter nous-même... Je ne vois pas d'autre solution."
Dans une situation aussi explosive, faire appel à des renforts semblait tout bonnement impensable. A en juger par la dégradation de la situation dans le quartier, un accident grave ne tarderait pas à faire son apparition. Si quelque chose pouvait être fait pour sauver ces malheureux, c'était maintenant ou jamais. Inspectant les lieux à la recherche d'un abri, il finit par poser son regard sur une ruelle plongée dans les ténèbres, à quelques pas de là.
"Par là !"
Dans la panique, il n'attendit pas de réponse de Zahria et s'y engouffra, l'emmenant avec lui dans les ombres. Il s'appuya contre un mur, profitant de ce court instant de repos pour s'alimenter à nouveau. Sa dernière fiole vidée, il prit une longue inspiration et expliqua sa pensée :
"Ecoutez... Depuis quelques jours, j'ai l'impression que quelque chose cloche. D'abord, un traquenard tendu par un homme capable de ranimer les morts et de les contrôler. Il connaissait mon nom ainsi que mes pouvoirs. Il ciblait deux gardes: une certaine Dahlia Delancy et moi-même, il a d'ailleurs manqué son coup de peu. Ce piège a mené de nombreux gardes à la mort."
Il s'humecta les lèvres, secoua la tête et conclut :
"Je m'avance peut être beaucoup mais avant d'être arrêté, cet homme nous a expliqué qu'il n'était pas seul et que d'autres viendraient après lui. Si nous subissons actuellement les effets de la magie de l'un de ses compères, sachez-que ces hommes ont l'intention de nous tuer et qu'ils n'hésiteront pas à massacrer des innocents pour y parvenir."
Avec gravité, il planta alors son regard dans celui de Zahria. Ils se devaient d'intervenir. Espérant que le coupable se trouvait quelque part dans les environs, Alvar cherchait une idée pour l'identifier plus aisément ou tout du moins évacuer les citoyens hors du champ d'action de ce dérèglement magique.
Les menottes semblaient être une bonne idée, s'ils avaient été les deux seuls à voir leurs pouvoirs détraqués. Malheureusement, il apparaît rapidement qu'une grosse crise est en cours pour tout le monde autour d'eux, et ils n'auront jamais d'une seule paire de menottes pour calmer les pouvoirs destructeurs de tous les civils autour d'eux. Il apparaît bien vite à Zahria qu'il doit s'agir là d'une personne en particulier qui désinhibe les pouvoirs de tous ceux autour d'eux, et Alvar vient à la même conclusion. Toujours menottée à lui, la métisse prend le temps de scanner l'assemblée en lui laissant le temps de s'alimenter, mais il l'attire rapidement dans une ruelle sombre.
Elle en profite pour se démenotter et passer le deuxième bracelet de menotte sur Alvar, au même poignet que le premier pour ne pas entraver ses mouvements. Privée de lumière, Zahria n'est plus très dangereuse, heureusement. Elle l'écoute en silence, notant bien les informations dont il lui fait part. Et s'il s'agit réellement de la Cabale comme elle le suspecte, cela soulève plus de questions que de réponses. Si Zahria sait parfaitement, maintenant, pourquoi la Cabale la cible constamment, pourquoi en voudraient-ils à Alvar ? Au point de se faire autant remarquer ? Ce n'est pas dans leurs habitudes, et quelque chose cloche dans cette méthode.
« Je vois très bien de quel genre d'individu vous voulez parler, et il faut que nous l'arrêtions avant qu'il ne cause plus de dégâts. Son pouvoir semble affecter les gens autour de lui en rayon. On est au Village Perché, donc pas d'égouts, il est soit dans la rue en train de prétendre perdre le contrôle de son pouvoir lui-aussi, soit sur les toits pour assister à son spectacle. »
Une pause, alors qu'elle réfléchit. Dans l'idéal, il faudrait quadriller la zone pour vérifier la largeur de son rayon, et cela leur donnerait une bonne idée de sa position. Mais il est certainement en mouvement, ce qui complique les choses, et le temps de faire ça, une catastrophe aura largement pu se produire. Il faut agir, vite.
« Séparons nous. Je vais prendre les toits, je risquerai moins d'y trouver des sources de lumière alimentant mon pouvoir. Et si vous pouviez me rendre ce service, je sais que vous devez aussi chercher l'homme, mais au passage, éteignez tous les cristaux de lumières et les flammes que vous trouverez... Ça m'empêchera de faire n'importe quoi. Je vous laisse les menottes, si vous le trouvez, tâchez de les lui passer. »
Puis sans attendre, Zahria grimpe à un mur, escalade jusqu'à une fenêtre puis directement jusqu'au toit. Ce serait bien plus simple avec le Flux, mais elle a l'habitude de faire sans aussi, et parvient sur le toit sans trop de mal. Effectivement, de là-haut moins de chances de trouver une source de lumière à moins de vingt mètres. Quelques feux de cheminées bloquent sa vision, alors elle se met en mouvement, se rapprochant de la taverne où ils se trouvaient avant, espérant s'approcher de l'épicentre du problème, et donc de leur homme. Et effectivement, bien vite, elle distingue une silhouette fine dans la fumée. Une femme, et non pas un homme, qui dès qu'elle approche se met à détaler.
« Arrêtez vous ! »
L'ordre ne semble que lui donner encore plus envie de courir, alors Zahria émet un sifflement strident pour attirer l'attention d'Alvar, et lui montrer sa position, afin qu'il puisse la suivre au sol. A deux, ils réussiront certainement à l'attraper. Elle sort son arbalète-grappin de la bague Tsépi, et s'en sert pour se rapprocher de sa cible, mais elle est rapide, et la course-poursuite est partie pour durer quelques minutes...
- Résultat du lancer de dé:
"Si je vois une lumière je m'en débarrasse, c'est bien compris."
Après s'être modérément épousseté, il laissa sa supérieure s'extraire de l'ombre et lui emboîta le pas. Après ces quelques pas, il fut à nouveau secoué par un vertige dû à la soif, qu'il parvint cette fois-ci à réprimer. Bien qu'encore très affaibli, il parvenait désormais à se tenir droit, une nette amélioration. A peine avait-il repris ses esprits que sa collègue s'était volatilisée, escaladant les parois des habitations avec une aisance déconcertante. Après un court balayage des environs, il tâcha de se concentrer sur ses propres recherches et s'engouffra dans le chaos à la recherche d'indices.
Pendant leur absence momentanée, la situation semblait avoir empiré. Le petit golem, toujours incontrôlable, se jetait d'étales en étales et saccageait tout sur son passage. Son propriétaire tentait de le contrôler mais la violence des coups hasardeux de son partenaire magique l'empêchaient de s'en approcher. La femme qui se changeait en arbre prenait littéralement racine et continuait à hurler à l'aide. La torche humaine n'était plus dans la zone mais avait malheureusement laissé des traces de son passage, causant un début d'incendie dans l'échoppe d'un vendeur de légumes. D'autres manifestations s'ajoutaient au drame et évoluer au milieu de ce champ de bataille devenait très risqué. Alvar se pencha rapidement sur leurs cas, analysant la situation du mieux qu'il pouvait, mais réalisa bien vite qu'il devait s'en tenir au plan initial car leur venir en aide paraissait tout bonnement impossible.
Il fut alors surpris par un sifflement qui lui fit instinctivement lever la tête. Il chercha des yeux sa camarade à travers l'épais voile de fumée causé par le brasier et posa ses yeux sur la silhouette que lui indiquait Zahria. Élancée à toute allure, l'inconnue encapuchonnée se mit à fuir, sautant de toiture en toiture afin d'échapper au sergent, qui s'était équipée d'un curieux outil afin de réduire la distance qui la séparait de sa cible. Alvar n'eut pas besoin de directive et vint se joindre à la poursuite, esquivant les obstacles invraisemblables qui parsemaient sa route.
Il enjamba un serpent, manqua de se prendre les pieds dans une forêt naissante de pics rocheux puis, tout en évitant des boules de feu qui lévitaient au dessus de sa tête, il tâcha de ne pas glisser sur un océan de givre en formation. Tandis que les deux gardes poursuivaient leurs cibles, s'éloignant petit à petit de l'origine de la perturbation, les effets désastreux semblaient disparaître dans leur sillage. Alvar en eut alors la certitude, la femme qu'ils avaient pris en chasse était bel et bien la responsable et son champ d'action avait une portée limitée. Un coup d’œil par dessus son épaule permit à l'officier de voir le golem s'interrompre subitement dans son carnage avant de se métamorphoser en un petit galet. Le garde esquissa un sourire, rassuré de savoir qu'ils venaient de sauver quelques civils en les éloignant de la criminelle.
Il reporta son attention de sa cible et redoubla d'efforts pour la garder dans son champ de vision mais cette dernière avait plus d'un tour dans son sac. Même en pleine poursuite, l'action de son pouvoir ne s'était apparemment pas interrompue car tout autour d'Alvar, de nouvelles manifestations étranges se produisaient. La femme pointa sa paume en direction d'une fenêtre d'où jaillit subitement de l'eau. Alvar s'écarta pour ne pas être aspergé et eut à peine le temps d'esquiver une pastèque flottante. Cette mage n'était pas n'importe qui si elle maîtrisait sa capacité d'altération à ce point-là.
Lassé de ce parcours du combattant, Alvar finit par s'en remettre aux bonnes vieilles méthodes. En plus de la pastèque, d'autres denrées lévitaient tout autour de lui, ce qui lui octroyait un bon choix en matière de projectiles. Alvar s'empara d'une mangue volante sous les yeux du commerçant affolé qui tentait maladroitement de récupérer les fruits et légumes qui se faisaient la belle. L'officier bredouilla une excuse puis arma son bras, prêt à lancer. Il attendit le moment propice et lorsqu'il vit la silhouette mystérieuse s'approcher de sa position, il projeta de toutes ses forces le fruit qui vint percuter la joue de la fuyarde avec suffisamment de force pour la déséquilibrer. Elle perdit ses appuis et, du fait de la pente sur laquelle elle évoluait, elle tomba à la renverse et roula le long des tuiles. Fier de son lancer, Alvar exulta et tapota l'épaule du vendeur qui ne comprenait toujours rien à la situation.
Les fruits flottants retombèrent tous les uns après les autres, la criminelle avait donc perdu le contrôle de sa capacité durant sa chute. Alvar profita de cet instant de déroute pour défaire ses liens anti-magie, s'apprêtant à les enfiler à la fripouille. Ce faisant, il réalisa néanmoins la dangerosité qu'elle représentait encore pour lui. Si il avait tant souffert durant la première attaque de l'inconnue, c'était probablement car son pouvoir déréglait puisait dans des ressources de sang absentes, causant ainsi une douleur implacable. Malheureusement, à cause de ce premier assaut magique, ses ressources de sang étaient presque vides et si la femme parvenait à user de ses pouvoirs contre lui une seconde fois, ses ressources s'en verraient totalement vidées, causant une perte de contrôle immédiate et potentiellement la mort. Il ne pouvait pas se résoudre à abandonner pour autant.
"Je l'ai sergent, je l'ai !"
Passant outre ses inquiétudes, il se ragaillardit et se prépara à réceptionner le colis, menottes en main. La canaille incapable de remonter sur le toit finit par choir lamentablement, s'écroulant lourdement sur une échoppe qu'elle écrasa sous son poids. Alvar lui fondit dessus tel un boulet de canon, ne lui octroyant pas une seule seconde de répit. Contre toute attente, elle avait encore assez de hargne pour se défendre et propulsa sa bottine dans le visage de l'officier, le blessant au nez et le repoussant par la même occasion. Il fut contraint de reculer d'un pas, moment qu'elle utilisa pour tendre sa paume ouverte dans la direction du garde, activant malgré lui son pouvoir.
Il hurla de douleur et son corps ressentit instantanément les effets du dérèglement. Son cuir épais sembla perdre en volume et en humidité tandis que le rouge de son torse perdait en intensité. Elle le vidait de sa substance à une telle vitesse qu'il ne tarderait pas à perdre conscience. L'officier, dans un effort colossal de maîtrise, se jeta sur sa cible et lui asséna un coup de poing rageur de sa main libre, qu'elle ne put contrer du fait de sa posture désavantageuse. Il lui enfila un bracelet, la frappa à nouveau à deux reprises puis il s'occupa du second bracelet, la mettant définitivement hors d'état de nuire.
Epuisé par cette lutte, Alvar leva fébrilement un pouce en l'air pour informer sa collègue de sa réussite. En attendant d'être rejoint par le sergent, le garde profita de l'accalmie pour découvrir enfin le visage de l'agresseuse qui, sonnée par les coups, ne répondait plus. D'une main tremblante, il retira la capuche de l'inconnue et dévoila un faciès étonnamment jeune, celui d'une femme d'une trentaine d'années tout au plus aux traits sévères et à la chevelure raide et brune. Alors qu'il l'observait, penché au dessus d'elle, il fut subitement envoûté par un parfum étrange. Il huma l'air, hypnotisé par cette senteur dont il identifia enfin l'origine. De son nez blessé, une goutte de sang s'écoula et tomba sur le visage de la criminelle assoupie.
Du sang.
Soudain, il plongea en avant tous crocs dehors et enfonça pour la première fois de sa vie ses dents dans un cou humain et bien vivant. Incapable de prendre le dessus sur ce désir ardent provoqué par le pouvoir de cette tortionnaire, il avait fini par céder. La douleur de la morsure réveilla instantanément la femme qui poussa un gémissement d'incompréhension et de terreur. Alvar était monstrueusement puissant et sa silhouette imposante enveloppait totalement celle de sa proie, dissimulant l'atrocité dont il se rendait responsable sans le vouloir. Les mains liés et ses pouvoirs verrouillées, elle ne pouvait rien faire pour riposter tandis que le garde hors de contrôle la vidait de son hémoglobine.
La bête était éveillée et ne retournerait à son sommeil qu'une fois rassasiée.
Courir sur les toits n'est pas de tout repos, mais avec l'aide de son arbalète-grappin, elle parvient à maintenir une bonne distance avec la femme, à défaut de la rattraper. Sans l'aide de ses pouvoirs et sans connaître l'endroit, il s'avère difficile pour Zahria d'anticiper ses mouvements, et sa fuyarde semble parfaitement savoir ce qu'elle fait, parvenant à toujours mettre un obstacle entre elle et la métisse. Note: familière avec les lieux. Bon à savoir.
D'un coup d'oeil rapide, Zahria voit qu'Alvar les suit depuis le sol, et que ses soupçons sont confirmés: le rayon d'action du pouvoir de la fuyarde n'est pas très étendu, et si les premiers civils sont libérés de son influence, d'autres au fur et à mesure de leur passage sont affectés par la désinhibition de leur magie. Les dégâts risquent d'être majeurs, et avec un peu de chance, ça aura attiré l'attention de la garde du Village Perché.
Alors qu'elle semble sur le point d'enfin la rattraper, une boule de cendre ardente est crachée par l'une des cheminées environnantes, et immédiatement le pouvoir de Zahria s'active malgré elle. Le Mirage part de lui-même, obstruant la vue de la métisse qui ne voit pas le trou dans la toiture un peu plus loin dans lequel son pied vient irrémédiablement s'enfoncer. En jurant elle voit la femme fuir puis s'effondrer alors qu'un projectile - une mangue ? - l'atteint au visage. Heureusement qu'Alvar a géré, sur ce coup-là.
Avec la cendre ardente qui s'éteint d'elle-même, le Mirage de Zahria disparaît et elle peut se concentrer sur son pied bloqué dans la toiture. Ça lui prend une bonne minute pour se dégager, après quoi elle se laisse glisser en contrebas et atterrit un peu lourdement au sol, où Alvar a maîtrisé la femme, semble-t-il. La situation est calme, et comme prévue, une patrouille attire en trottinant vers eux pour leur demander des explications. Elle s'apprête à les alpaguer quand le drame a lieu.
Certainement mise à mal par le pouvoir de la femme, la magie d'Alvar semble se réveiller d'elle-même alors qu'il se jette sur la gorge de leur fuyarde pour la dévorer. Les gens autour se mettent à crier et à fuir, et il faut une analyse rapide à Zahria pour se saisir de la lumière d'un cristal scintillant, augmenter sa vitesse pour récupérer la paire de menottes de la patrouille qui arrivait, et foncer sur Alvar de tout son poids. Le choc est rude, mais elle parvient à le maîtriser une seconde, alors que sa bouche monstrueuse se redirige vers la peau mâte de la maître-espion. Lançant le peu de lumière qui lui reste pour augmenter sa force et son agilité au niveau des bras, Zahria lui assène un violent coup à la mâchoire pour le déstabiliser, avant de lui passer les menottes.
Elle laisse retomber l'officier au sol alors qu'il semble reprendre conscience, et se penche sur le cas de leur femme, qui est bloquée dans un rictus de peur, la respiration sifflante. Arrêter le saignement lui prend un bon moment, à l'aide d'un médecin de la garde dépêché sur place, mais il faut rapidement se rendre à l'évidence: l'attaque d'Alvar lui a tranché les cordes vocales, et il semble impossible qu'elle puisse témoigner pour l'instant. La maître-espion prend le temps de scruter ses bras et ses jambes à la recherche du tatouage significatif de la Cabale, mais rien. Pourtant, ce genre d'action pourrait être liée à eux. Mais sans pouvoir faire parler leur femme, ça risque d'être compliqué...
Quand la situation semble enfin retomber, Zahria veut se retourner vers Alvar pour savoir dans quel état il est, mais se rend rapidement compte que les soldats l'ont embarqué vers la caserne, toujours menotté. Il a manqué de tuer une civile en perdant l'usage de sa magie, et même ce n'était pas de sa faute, il risque une grosse sanction. Il faut qu'elle le retrouve, pour témoigner pour lui, car ils ne risquent pas d'être au courant pour ses circonstances atténuantes. Si possible, avant qu'il ne se fasse renvoyer...
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