Khepra Tikh

Nom du pouvoir : Âme Tenace
Catégorie : Passif


Âme Tenace : Lorsque Khepra est décédé, son pouvoir s'est révélé. Son âme n'a pas disparu du plan matériel. Khepra s'est transvasé dans le squelette humain le plus proche qui est devenu son nouveau corps. Son pouvoir lui permet de se transvaser dans des cadavres humains et d'en prendre possession, pour peu que le crâne de ces derniers soient entiers. L'âme de Khepra ne "vieillit" plus. il ne disparaîtra définitivement que s'il est privé d'hôte et le temps n'a aucune emprise sur lui.(edited)

Khepra est privé de sensation et n'est pas atteint par la faim, la soif, ou la fatigue et ce peu importe l'enveloppe qu'il utilise. Sa force physique correspond à celle que l'individu possédait de son vivant mais son adresse, en revanche, est très impactée par le temps qu'il passe dans un corps. Les premiers jours sont généralement difficiles et dépendant de l'état du cadavre, une tâche aussi simple que marcher peut s'avérer un véritable calvaire.

Tout ce qui est directement dissocié de la tête est hors du contrôle de Khepra, il ne peut jamais contrôler un membre à distance.  Si le crâne que Khepra utilise est dissocié de son corps, il ne peut qu'espérer qu'une bonne âme lui vienne en aide.

Le corps habité continue à se détériorer normalement, nécessitant d'être remplacés régulièrement. L'âme de Khepra est visible à l'oeil nu sous la forme d'une sphère bleue translucide d'environ 10 centimètres de diamètres, elle se situe systématiquement dans le crâne du corps qu'il habite. Pour passer d'un corps à l'autre, Khepra doit obligatoirement briser le crâne dans lequel l'âme se trouve. Si le crâne est brisé et qu'aucun corps humain ne se trouve à moins de deux mètres de l'impact, Khepra disparaît définitivement au bout de quelques secondes et meurt. Si un crâne humain est présent, Khepra y sera transferé qu'il y ait un corps au bout du crâne ou non.

Lorsque Khepra passe d'un corps à l'autre, il ne peut logiquement pas faire machine arrière puisque la seule méthode est de briser le crâne précédent, qui devient donc inutilisable à l'avenir. Si un crâne est partiellement fissuré, Khepra devra immédiatement boucher l'orifice pour éviter que son âme ne s'en échappe, ce qui ne prend pas plus d'une vingtaine de secondes après perforation du crâne.

Khepra est un être chaotique, à mi-chemin entre la vie et la mort. Du fait de sa curieuse capacité magique, il ne possède pas d'apparence fixe car il emprunte l’enveloppe des défunts pour se maintenir en vie. Parfois un homme, parfois une femme, parfois un amas de chair grouillant de vers ou même un squelette, on ne le reconnaît généralement que grâce à sa voix d'outre-tombe aux échos mystiques, fruits de sa magie sinistre, ainsi qu'aux reflets bleutés dans l'iris de ses enveloppes, si tant est que ces enveloppes aient encore des yeux. Du fait de son extraordinaire longévité et de son isolement passé, sa psyché est grandement altérée et sa mémoire lui fait défaut, il n'est donc pas rare que ses raisonnements manquent de clarté.

Khepra, dans sa folie et sa basse estime d'autrui, use des autres comme bon lui semble pour mener à bien son fameux objectif de résurrection. Complètement obsédé par ce rêve de retour à la vie, il n'accorde qu'un respect sommaire à ses compagnons et ne s’embarrasse de politesse que dans l'intérêt des méfaits qu'il commet. Du fait de son immortalité partielle, il estime que s'attacher à d'autres est dénué de sens, ce qui a tendance à le rendre détestable.

Plaisantin, il se complaît dans la galéjade et la moquerie mais son sens de l'humour bien particulier n'est bien sûr pas au goût de tous. Malgré son aliénation, sa dévotion à la cause de la Cabale est sans faille et il se montre extrêmement sérieux dans l’exécution des opérations qu'il mène, fier d'une expérience et d'une ingéniosité qui ne sont pas à la portée de ceux qui ne peuvent mener qu'une vie.

Outre son passé de pillard, la fripouille a depuis accru son éventail de talents. Désormais également versé dans l'assassinat et la torture, il n'hésite pas à user des stratagèmes les plus vicieux pour venir à bout d'un contrat trop épineux.

Lorsque l'immense amas rocheux percuta son crâne, le pillard se remémora son triste parcours qui défila en un éclair devant ses yeux.

Enfant solitaire, le garçonnet issu de l'union malheureuse de deux pauvres ères fut abandonné à la naissance par ses géniteurs et fut recueilli, comme tant d'autres bambins égarés, par des fidèles de l'Eglise de Lucy qui le nommèrent Sylvestre. Durant ses jeunes années, il fut donc logé sommairement par les croyants qui lui offrirent gîte et éducation. La précarité était partout autour de lui et de ses camarades, mais ils étaient au moins protégés du froid et des dangers de la rue.

Certains enfants parvenaient à tirer le meilleur de cette existence difficile, mais lui n'était tristement pas ceux-là. Il en voulait au monde et à Lucy d'avoir été conçu au fin-fond des bas quartiers de la Capitale. Pour couronner le tout, il comprit rapidement qu'il était privé de don, ultime insulte divine envers sa personne, ce qui ne lui donna pas envie de s'investir davantage dans cette éducation religieuse.

Autant par jalousie que par haine de la société, il s'éloigna progressivement de la main nourricière de l'Eglise pour tomber dans les bras d'une Mère plus impitoyable mais qui offrait d'infinies possibilités aux plus aventureux : la rue. Il débuta par de simples larcins, des fourberies diverses puis, lorsqu'il devint adolescent, il se tourna bien naturellement vers des cambriolages et des agressions en compagnie d'autres fripouilles pas moins recommandables que lui.

Cette vie de gredin manqua à plusieurs reprises de le mener tout droit aux cachots mais, bien que les cieux ne l'aient pas doté de pouvoir, ils avaient au moins eu la décence de le munir d'un esprit affûté et d'une chance à toutes épreuves. A l'âge adulte, il découvrit alors un moyen tout aussi prolifique de gagner sa croûte, mais qui avait l'avantage non-négligeable de lui éviter le contact direct avec la Garde.

Pillard, une profession douteuse mais pleine d'avenir pour ceux qui osaient outrepasser l'éthique et la morale afin de s'en mettre plein les fouilles. Caves, tombeaux, nécropoles, rien n'était trop beau ni trop dangereux pour le Sylvestre, astucieux voleur et fin négociateur lorsqu'il venait à revendre les biens qu'il chipait aux morts. Ce qu'il y avait de bien, lorsque l'on s'en prenait aux possessions des défunts, c'était qu'il était nettement plus difficilement pour eux de se plaindre de l'affront qu'ils avaient subi.

Ironiquement, la punition divine qui s'abattrait sur lui allait justement le contraindre à rejoindre leurs rangs.

Un soir, le voyou qu'il était décida d'explorer une tombe apparemment antique, à en juger par la manière dont la nature avait repris ses droits sur ce qui semblait n'être qu'un tas de ruines. Après une vaste exploration de cette demeure macabre, il découvrit dans la pièce la plus enfouie un véritable trésor.

Au beau milieu de cette mystérieuse salle se trouvait un trône taillé à même la pierre, sur lequel siégeait fièrement un squelette vêtu avec richesse. Affublé d'une imposante couronne dorée, le corps sans vie était couvert de pierres précieuses et d'autres artifices dont le prix potentiel semblait pour le moins très alléchant. Sylvestre se frotta les mains puis, sans le moindre regret, il s'affaira à détrousser ce cadavre si richement accoutré.

Malheureusement, les tombeaux abandonnés avaient justement une fâcheuse tendance à tomber en ruines, plus particulièrement lorsqu'on en foulait le sol après des siècles d'usure. Au dessus du bandit, un colossal morceau de roche taillée se détacha subitement du plafond et chuta silencieusement, écrasant Sylvestre et le tuant sur le coup.

Ou du moins le pensait-il. Un instant après l'impact, il revint à lui, assis sur ce qui semblait être un fauteuil. Ses sens étaient brouillés, sa vision se faisait trouble et il lui fallut un moment pour s'habituer à l'obscurité ambiante. Une fois accoutumé aux ténèbres, il découvrit avec effroi un cadavre partiellement broyé, juste devant lui, ce qui ne manqua évidemment pas de lui arracher un cri d'effroi.

Lorsqu'il hurla, ce ne fut étrangement pas sa voix qu'il entendit mais une bel et bien une sorte de raclement mystique aux échos d'outre-tombe. Il porta une main tremblante à sa bouche et découvrit dans l'horreur la plus absolue que ses doigts étaient en fait dépourvus de chair. En proie à la panique, il se leva d'un bond et s'observa, réalisant l'impossible vérité.

Ce corps maculé de sang n'était autre que sa propre dépouille et cette nouvelle enveloppe squelettique qu'il habitait désormais était sans aucun doute celle du défunt qu'il était en train de profaner. Il n'était donc pas sans pouvoir, il venait tout bonnement de ressusciter dans un corps qui ne lui appartenait pas. Sous le poids de l'émotion et de la terreur, il chancela et trébucha lamentablement. Son corps osseux dont la colonne vertébrale avait été affaiblie par le poids des ornements se disloqua lors de l'impact et tout son être fut dispersé aux quatre coins de la salle du trône.

Son crâne roula sur quelques mètres et finit par se coincer dans un monticule d'ossements et de toiles d'araignées. Incapable de se mouvoir, le mort-vivant réduit à une simple tête décapitée se mit à hurler, appelant désespérément à l'aide et ne recevant qu'un silence pesant en guise de réponse. Il demeura ainsi, seul, incapable de trouver le repos éternel.

Cela dura pas moins de cent longues années.

Il perdit peu à peu la raison, laissant son esprit tourmenté être habité par des idées folles afin de ne pas sombrer totalement dans l'apathie. Il s'inventa un nom, Khepra Tikh, qu'il tira inconsciemment de contes lus dans son enfance. Il créa un royaume et des sujets, donnant des directives aux ossements inanimés qui l'entouraient. Il en oublia sa propre identité, son histoire et ses péripéties, s'adressant pendant près d'un siècle aux nombreuses dépouilles bien trop taciturnes à son goût. Désormais auto-proclamé roi Khepra, grand crâne scintillant et ultime dirigeant de la nation du Tombeau oublié, il régnait certes sans main de fer, mais l'intention y était...

Au cours d'une réunion de la plus haute importance concernant la prolifération des scarabées au sein du territoire, Khepra ainsi que ses sujets imaginaires furent interrompus par la visite fortuite d'une bande de scélérats venus, comme lui, à la recherche de richesses. Bouleversé, le crâne mystérieusement éveillé s'interrompit dans son explication. Sous son regard ébahi, les pillards se mirent à dévaliser le peu de richesses entassés dans son royaume.

L'un des voleurs, plus alerte que ses compères, nota dans un coin de la pièce la présence d'un crâne bien singulier. Des orbites se dégageait une faible lueur bleutée, ce qu'il interpréta comme le reflet d'un saphir. Sa cupidité le mena à se saisir du crâne qui poussa un cri d'indignation et de surprise, n'ayant pas été déplacé depuis près d'un siècle. Le bandit affolé lâcha le crâne hurleur, qui se brisa violemment en touchant le sol. Des débris s'échappa ce qui semblait être une sphère de lumière qui se mit à flotter doucement, comme portée par la faible brise provenant de l'extérieur. Les bandits, estomaqués par cette magie, se réunirent autour de la sphère qui continua sa course et s'infiltra dans le crâne d'un autre squelette.

A nouveau, Khepra s'éveilla. Les trois scélérats sursautèrent lorsque le squelette assis devant eux se releva d'un bond, chancelant dans leur direction en se tenant le crâne. En proie à l'effroi le plus total, ils prirent tous leurs jambes à leurs cous, persuadés d'avoir déclenché une quelconque malédiction en profanant un domaine sacré. Le squelette animé quant à lui, peinait à revenir à lui après cette seconde réincarnation tout aussi brutale que la précédente. Presque machinalement, il boita vers la lumière sans prendre réellement conscience de ce qu'il faisait, rendu ivre par cent ans de solitude et de folie.
Il redécouvrit un monde qu'il avait oublié et reprit progressivement pied malgré la confusion.

Sa mémoire fracturée par l'isolement lui jouait des tours, mais il comprenait plus ou moins sa nouvelle situation et les enjeux de la malédiction qui l'avait frappé. Il était piégé dans ce sursis mystique, à mi-chemin entre la vie et la mort. Privé de la chaleur du soleil, du parfum de la nature et des plaisirs de la chair, Khepra développa une curieuse idée afin de continuer à s'accrocher à la vie.

Si un pouvoir aussi incroyable que le sien existait, peut-être que quelque part au sein du Royaume, voir au delà de la Forteresse, une magie pouvait le réincarner dans un corps bien vivant. Il était convaincu que Lucy lui avait accordé une seconde chance, un nouvel objectif, celui de se créer une seconde vie de toutes pièces. Il retourna à la civilisation, dissimulant sa nature de non-mort aux yeux des autres. Usant d'épouvante et de divers stratagèmes, il cherchait à mettre la main sur des informations, des rumeurs, quelque chose qui pouvait le mener à accomplir son destin, mais il ne savait pas encore où chercher.

Malgré sa discrétion, quelques rares témoins de ses méfaits fondèrent, après plusieurs années de cambriolages, la légende d'un mort-vivant doté de conscience qui cherchait à retrouver sa vie perdue. Peu y croyaient et encore moins s'y intéressaient, néanmoins un organisme plus ancien encore que Khepra lui-même fut piqué dans son insatiable curiosité.

La Cabale, organisation secrète aux méthodes douteuse et aux objectifs obscurs, vint à sa rencontre en exécutant une extraordinaire filature. Ils se définirent eux-même comme assoiffés de connaissance et ils parvinrent sans mal à le convaincre que si le secret de la résurrection existait, ils seraient les premiers à mettre la main dessus. Ce fut ainsi que le Non-mort, ravi par ces promesses, se décida donc à rejoindre leur cause pour mener à bien sa propre mission.