Après avoir affronté les épreuves vous ayant mené jusqu'au meilleur repas à emporter jamais goûté, vous prenez le temps de savourer votre récompense bien méritée. Les saveurs s'entrechoquent : des baies acidulées viennent relever une salade composée, elle-même agrémentée de poulor au gingembre, le tout nappé par une sauce présentant des touches tantôt caramel sucré, tantôt aigre-douce. Un concerto sublimé par chaque papilles de vos bouches, très loin d'être prêtes d'oublier pareilles saveurs.
Les effets ? Une euphorie commune à tout les heureux gagnants, loin d'être forcée, le goût de votre sang et de votre sueur ne font que rendre hommage à celui de la victoire, votre trophée n'est cependant pas cette dernière mais bien l'effort qui vous a rapprochés l'une de l'autre aujourd'hui.
Enfin, ce ne serait pas si simple si tout se déroulait ainsi car aussitôt les yeux clos un court instant, à l'heure du coucher, que vous vous mettez à redemander de cette succulente nourriture, luttant contre une fatigue bien plus importante qu'à la normale, vous décidez de retourner sur les lieux de la course pour trouver une réponse à cette voracité intarissable. En entrant - par effraction bien évidemment, car la porte d'entrée est verrouillée - vous constatez des faits bien étranges.
Des hommes en robes, tous portant un chandelier au dessus de la tête récitant en chœur autour d'une table en marbre qui n'était pas là avant, le maître de cérémonie leva une lame au dessus de sa tête et lorsqu'elle atteint une verticale parfaite, les chants s'arrêtent, le couteau s'abat ... sur une planche à découper, là où ils préparent le repas pour le lendemain. Cependant, leurs comportement reste étrange et cette scène ne révèle pas clairement le secret derrière un goût pareil.
Allez vous les confronter, ou bien les observer ? Le goût de la sueur n'était visiblement qu'une mise en bouche, vous préparant à témoigner de l'impressionnant goût de la vie.
La scène est étrange, mais ce n'est pas le détail qui fait le plus tiquer Zahria. Car s'ils sont effectivement en train de couper des légumes, et qu'il n'y a là rien d'anormal, leur cérémonie suffirait à elle seule à mettre la puce à l'oreille à n'importe qui. Mais au-delà de ça, il y a leurs robes. Des soutanes jaunes avec un main blanche. Zahria a déjà vu ces vêtements, quelques lunes plus tôt. Chez les cultistes de Sheitan, les cannibales qu'ils ont arrêté avec Vrenn et Elina. Pourtant, impossible de penser que ce délicieux repas ait été de la chair humaine, comme la dernière fois. Le goût n'avait rien à voir, et l'on pouvait clairement reconnaître le poulor dans les saveurs de la viande.
Qui plus est, l'ensemble des cultistes devrait être soit mort, soit en exil, soit en train de croupir au fond d'une prison, ils s'en étaient assurés. Quelque chose ne cadre pas dans cette affaire. Et impossible de coder toutes ses informations à Xylia, alors Zahria lui fait signe de s'éloigner discrètement. Ayant trouvé une planque où elles peuvent parler à voix basse sans risquer de se faire remarquer, Zahria parle de la mission dans les montagnes à Xylia, expliquant qu'ils ont arrêté un culte de cannibales qui portaient les mêmes vêtements et étaient aussi versés dans les cérémonies glauques. Elle explique aussi son doute quant au fait qu'il s'agisse des mêmes personnes.
« Soit ils ont récupéré les mêmes robes parce que le tailleur du coin en avait en rab, même si ça semble quand même être une grosse coïncidence, soit ils ont décidé de remonter un truc différent cette fois, et un peu moins risqué. Les gens ont tellement besoin de croire en quelque chose, parfois, que ça peut faire peur... Et ça n'explique pas cette envie irrésistible de remanger leur repas... Donc il va falloir creuser un peu plus. »
Mais comment s'infiltrer parmi eux sans se faire remarquer ? Pour Zahria, ce n'est pas très compliqué, à l'aide du médaillon d'Ovide, mais il faut bien qu'elle fasse rentrer Xylia aussi... Alors la maître-espion se tourne vers sa jeune subordonnée, avec son sourire de chat, le même qu'aux entraînements...
« Une idée pour l'infiltration, Anguille ? »
Le gout de la vie
La nuit venue tu suivis Zahria tout en tentant de comprendre toi-même quel avait pu être l’élément qui avait pu être ajouté pour faire de tel effet. Seulement rien ne te vient naturellement en tête. Peut-être l’effet d’un pouvoir. Quoi qu’il en soit tu te concentres de ton mieux pour écouter les explications d’Ombre.
Pendant qu’elle expliquait, il y a du bruit qui se fait à l’extérieur aussi visiblement. Vous n’avez pas été les seuls à vouloir revenir pour manger les plats préparés ici. C’est ce constat qui te fit avoir ta parfaite idée d’infiltration. Un sourire se fait sur tes lèvres alors que ton ventre semble grogner de faim.
– Oui, une idée, je ne m’infiltre pas. Ça, je te le laisse.
– Tu veux faire marche arrière ?
– Non, je vais aller avec les autres qui viennent pour être nourris. SI on en arrive à tous venir ici c’est qu’il doit y avoir quelque chose. Si je suis dans le groupe, je pourrais peut-être voir des choses différentes de toi.
– Tu es sûre de toi ?
– Totalement, je vais plus te ralentir qu’autre chose sinon.
Tu tais aussi le fait que tu as besoin de te sentir vraiment utile. Que tu as besoin de savoir que tu as eu une action qui a changé quelque chose, même si ce n’est pas grand-chose sur le moment. Sur ses paroles, tu filas sans demander ton reste à côté des autres personnes déjà présentes.
Il manquait visiblement pas mal des gagnants tout de même et ceux présents avait un air entre l’air perdu et presque sans vie. Seulement des grognements plus ou moins articuler semblait sortir de leur bouche, comme s’ils avaient été plus sensibles à ce qu’il y avait dans les plateaux-repas que vous. Peut-être un autre point de cette sélection étrange.
Il y avait presque une impression d’être au milieu d’un groupe de goule, il y avait un côté un peu angoissant à la situation. En tout, en te comptant vous étiez sept. Assez rapidement tu copias les mouvements et façons d’être de la foule. La porte s’ouvrir et toutes les têtes se levèrent dans cette direction. Une des étranges personnes qui cuisinait un peu plus tôt venait d’ouvrir. Il sembla vous compter de son doigt avant de s’exclamer avec une joie des plus enjouée, à l’intonation un peu enfantine.
– Sept, c’est une meilleure récolte que la dernière fois.
Personne ne sembla réagir à cette phrase, mais ça ne t’empêcha d’en avoir un frisson dans le dos. Combien de récolte avait eu lieu ? Qu’est-ce qu’il se passait pour les personnes récoltées ? Des questions sans réponse alors que l’étrange personnage se décala de la porte et fit signe d’entrer.
– Le repas va être servi.
Et cette fois il eut un mouvement pour avancer qui se fit. Tu suivis le mouvement sans un mot, ton ventre grondant de plus en plus pour le coup. La faim et l’appréhension se mélangeaient dans ton estomac actuellement.
L'idée de Xylia n'est pas mauvaise, et permettra aux espionnes d'avoir deux points d'accroche pour leur infiltration. Si cela peut parfois s'avérer dangereux, c'est aussi une meilleure manière de récupérer des informations rapidement et en quantité, et permet aussi de ne pas briser d'un coup les deux couvertures si le plan s'avère bancal. Et puis cela fait plaisir à Zahria de voir sa jeune apprentie prendre les devants et tester ses propres idées. Elle sera là pour rattraper le coup si jamais ça foire, de toutes façons.
Alors après l'avoir regardée partir avec un petit sourire satisfait, Zahria retourne, confiante, à sa surveillance de la cérémonie. Heureusement, elle porte son déguisement magique, et elle a tôt fait de se retrouver accaparée de la même soutane que les autres, masquant son visage avec la capuche. D'un petit coup de Marchombre, elle apparaît derrière eux et se mêle discrètement à leur assemblée.
Ici les gens semblent tout simplement être en train de cuisiner, même si les mouvements sont étranges, et de sa position, Zahria peut bien s'assurer que les ingrédients sont naturels. De la viande, des légumes, rien d'étrange. Par contre celui qui fait les plats est toujours le même, si tout est découpé à l'avance par les autres, le chef cuisinier est un homme en particulier, certainement celui à l'origine de cette addiction magique. Et effectivement, elle le voit insuffler de la magie dans son chaudron, et quand elle s'en approche, Zahria est tentée de le dérober pour en manger le contenu.
Mais avoir trouvé la source de l'addiction n'est clairement pas suffisant. Il faut maintenant comprendre pourquoi ils font ça. Assignée à la découpe des oignons, ce n'est clairement pas pour tout de suite que Zahria va pouvoir tirer tout ça au clair, et elle est surtout en train de lâcher toutes les larmes de son corps. Elle entend néanmoins une conversation intéressante, et tend l'oreille tout en continuant à manier son couteau.
« ... oui, sept apparemment. Ça va être un festin.
- Avec ça on en a même pour plusieurs jours !
- C'est tellement simple de se fournir avec ce nouveau système, la magie du Maître est une bénédiction pour nous.
- C'est quand même encore toute une organisation, avec ce concours et tout...
- Ça permet de sélectionner les meilleurs viandes... Bien fermes... Et correctement nourris, avec les plateaux qu'on leur fait ! On ne mange plus du vieillard desséché, au moins... Et le concours nous fait gagner suffisamment de cristaux pour financer le... Oh ! Ma soeur ! Tu t'es coupée ! »
Ah oui, merde, toute à son écoute et à sa découverte qu'il s'agit bien de ces fanatiques cannibales déjà rencontrés, Zahria n'a pas fait attention au couteau qui a dérapé et entaillé légèrement son index. Elle n'a même pas le temps de faire quoi que ce soit que le cultiste s'en étant rendu compte se saisit de sa main, et porte l'index à sa bouche, dégustant avec délice le sang de Zahria qui maintient sa capuche bien basse pour ne pas leur laisser l'occasion de la dévisager. La situation est gênante, mais elle laisse faire pour ne pas se faire remarquer, et quand le cultiste passe un doigt gourmand sous son menton en lui souriant, elle est obligée de croiser son regard.
« Je ne t'avais encore jamais vue, tu fais partie des nouvelles recrues ?
- Oui...
- Loué soit Sheitan.
- Loué soit notre Saigneur. »
La réponse semble suffisamment convaincante pour le cultiste, dont le sourire s'amplifie.
« Viens me voir tout à l'heure pour le repas, c'est moi qui fait le service, je te mettrai les meilleurs morceaux de côté... Tant que tu me réserves tes meilleurs morceaux à toi... »
C'est le petit sourire malicieux de Zahria qui répond pour elle. Puis elle retourne à sa découpe d'oignons, maintenant convaincue: il faut sortir Xylia de là avant que ce ne soit trop tard.
Le gout de la vie
L’angoisse est présente dans elle aussi, mais tu es en mission, Ombre est là, tu as un entrainement, tu n’es pas une novice, tu seras forte. L’automotivation dans ce genre de situation est importante, au moins tu ne pourras pas te plaindre que c’est trop calme comme mission. Tu continues à suivre le groupe jusqu’au centre de cette pièce.
L’homme à capuche qui vous a ouvert prend place face à vous, alors que vous êtes entouré de deux autres cultistes. Il n’y a pas un monde trop important, en même temps pour maitriser un groupe de sept personnes complètement amorphe cela ne doit pas être non plus la mer à boire en temps normal. Non, ils ont l’air plus là pour récupérer les choisis de la récolte visiblement.
– Loué soit Sheitan.
– Loué soit notre Saigneur.
– Vous avez été désigné par notre seigneur à tous, malgré votre statut d’infidèle vous nous avez été offert pour devenir notre force.
Ils parlent comme s’ils étaient parfaitement convaincus de ce qu’ils disaient. Autant toute la partie religieuse, étaient toi-même une croyante, tu peux comprendre que cela prenne au cœur, mais de là à loué Sheitan et prôner les mérites du cannibalisme, il y a un monde. Comme quoi, la traverser des mondes n’est pas si longue ou compliquer que cela.
La porte s’ouvre et un plat plein de nourriture, porté par deux autres cultistes. À peine l’odeur des aliments se fait sentir qu’une faim sourde se fait encore plus sentir. Tu cherches à résister à cet appel, mais ce n’est pas le cas des six autres humains goulifier avec toi. D’un seul homme, le mouvement se fait rapidement vers la casserole, il te faut suivre aussi le mouvement, mais tu as un décalage et on t’attrape le bras avant d’avoir beaucoup plus avancer.
– Elle est chétive elle, non ?
– Oui, il faudra la nourrir un moment pour en faire quelque chose.
– Mais non, en bouillon, elle sera parfaite. Regarder, sa chaire à l’air bien tendre.
Tu es tâté dans tous les sens comme pour voir ce qui sera le mieux d’être manger sur toi là tout de suite. C’est tout sauf plaisant et les mains qui te parcourent devienne de plus en plus baladeuse. L’envie de vomir, même le ventre vide est bien présent. Ils sont trois sur toi. Ils relâchent leur prise sur ton poignet et continuent leur commentaire tantôt grivois, tantôt culinaire sur toi.
Tu ne sais pas ce qui est le mieux, le bruit de la porte se referme, les porteurs du plat sont partis, les autres mangent presque comme des animaux ce qui a été apporté et les trois cultistes te tripotent. Si ce n’est pas le moment pour faire du grabuge et tu ne sais pas quand cela sera.
– On devrait la mettre avec les autres en bas.
– Oui.
Les autres ? Après avoir mieux regardé le groupe de gagnant, il n’y a que des hommes dedans. On te tire vers la cave et tu suis docilement. S’il y a d’autres personnes en vie, il serait bien de les faire sortir effectivement. Le lieu sent la viande en cours de faisandage, au fond une cage avec deux autres femmes replier sur elle-même. On te jette rapidement dedans et on repart aussi sec. Vous laissant dans le noir complet et simplement cette odeur qui prend aux tripes. Tu ne mangeras pas de viande pendant au moins une semaine une fois cette histoire terminée.
L'odeur dans la cage est putride. Les femmes à tes côtés, Xylia, sont bien trop fines pour leurs propre bien. Leurs os sont visibles, entourés par trop de peau qui pend, supposément qu'elles étaient bien plus musclées et à n'en pas douter, de magnifiques femmes à l'époque; elle n'ont plus rien de comparable à présent. Leurs traits sont marqués et elles ne réagissent pas à ta présence, comme si ce n'était pas la première fois qu'une personne était amenée ici.
- T'es sûr ? La cure de séchage ?
- Je suis expert, ne t'en fais pas. Sa viande aura bien meilleur goût lorsqu'elle aura maigrit un peu plus. Pas seulement pour le bouillon, on pourra aussi faire des lamelles plus friables avec ses muscles des bras et des cuisses.
- La dernière fois qu'on en a laissé trois dans la même cage elles -
- T'en fais pas, les deux autres sont bien trop faibles pour essayer de la bouffer, elles auront au moins pris le goût des bonnes choses avant de nous offrir leur force ...
Les voix s'estompent jusqu'à s'éteindre totalement et c'est le silence pendant de longues minutes, où tu ne peux entendre que périodiquement la respiration longue et agonisante de tes partenaires qui au ralenti, font des vas et vient du regard entre toi et la lumière faible au bout du couloir. Une des deux femmes finit par prendre la parole finalement et ses yeux s'humidifient.
- Je ... ne veux pas ... tu es ... encore belle ... fuis ...
- Ne pleure ... pas ... tu vas te ... déshydrater ...
Leurs voix sont cassées, le débit des mots est saccadés, entrecoupés par leurs difficultés à respirer. Elles se consolent du mieux qu'elles le peuvent mais déjà, elles semblent avoir perdu tout espoir, comme deux droguées se rendant compte trop tard des erreurs qu'elles ont commise par le passé.
La scène émouvante est brusquement interrompu par un bruit sourd au niveau des cuisines, celui ... d'une explosion ? Plan de Zahria ou providence de Lucy, voici peut-être l'annonce de votre liberté car déjà, une silhouette semble se hâter vers votre geôle.
Il faut un petit moment à Zahria pour se libérer enfin de la surveillance des cultistes qui lui tournaient autour, mais ça lui laisse un peu de temps pour fomenter un plan pour sortir Xylia de cette situation épineuse. Dans l'idéal il faudrait aussi arrêter leur délire et surtout délivrer les autres prisonniers, mais si elle ne s'en sort pas trop mal elle devrait pouvoir tout faire en un seul coup. Elle repense à leur diversion de la dernière fois, avec l'explosion d'Elina qui avait suffisamment foutu le bordel pour laisser rentrer ses troupes. Sauf que les troupes étaient déjà en position, là il n'y a pas la cavalerie pour aider Xylia et Zahria.
En se renseignant un peu, elle apprend que les geôles sont en contrebas, et que le repas des cultistes est servi dans une grande salle où ils se réunissent tous, à l'étage. Elle parvient aussi à faire dire que le repas des adorateurs de Sheitan est déjà prêt pour ce soir. Si ça la dégoûte, de ne pas avoir réussi à sauver ces gens-là, ça la rassure car cela veut dire que les prisonniers arrivés en même temps que Xylia ne sont pas exécutés avant qu'elle puisse agir.
Elle reste donc bien en position, finit de préparer le repas pour les prisonniers, mais n'arrive pas à se faire choisir pour aller leur servir. Qu'importe. C'est dans la salle commune qu'il faut qu'elle soit. Le repas des prisonniers servi, tout le monde se réunit dans la dite salle, et sous la table, Zahria dégaine son arbalète sur laquelle elle installe un carreau explosif. Elle attend que tout le monde soit confortablement installé pour aspirer tous les lumières de la salle afin de les plonger dans la pénombre, puis sort son arbalète, et avant que qui que ce soit ne réagisse, tire son carreau vers l'un des murs porteurs du bâtiment. Le toit commence rapidement à s'effondrer sur les cultistes qui ont à peine de le temps de se lever avant de se faire ensevelir.
En plein milieu de la débâcle qu'elle a créée, certaine d'en avoir tué certains mais surtout d'en avoir capturé un maximum, Zahria se téléporte en sécurité à l'aide du Marchombre. Croisant quelques fuyards ayant réussi à ne pas se prendre le toit sur la tête, elle a tôt fait de les assommer, les lumières de la salle lui servant de carburant pour prendre facilement le dessus, même à mains nues. Puis augmentant sa vitesse, elle prend la route des geôles. Son déguisement magique reprend sa forme originelle, la débarrassant de la soutane jaune. Il y a là presque une quinzaine de personnes, sans surveillance, mais aucune trace de Xylia.
« Xylia, Xylia tu es là ? Vous avez vu une jeune femme, de teint mâte, brune, les yeux bleus ?
- Sortez... sortez nous de là...
- Répondez à ma question !
- Laissez nous... partir ! On ne veut pas être dévorés !
- La fille, vous l'avez vue ?!
- Moi, je l'ai vue, elle est arrivée avec nous. Mais ils l'ont séparée de nous, parce qu'elle était... trop maigre...
- Qu'est-ce qu'ils en ont fait ?!
- Je... ne sais pas. »
Le ton de voix laisse entendre qu'il craint le pire. Non. Ce n'est pas possible. Elle n'a pas perdu un autre membre de la famille. Xylia se sera battue, elle aura gagné. Le sang de Zahria ne fait qu'un tour dans son corps avant qu'elle ne décide, pendentif plume et pouvoir à l'appui, de forcer la porte de la cage. Confiant la sécurité des autres à celui qui semble un peu plus dégourdi, celui qui lui a parlé de Xylia, elle décide de retourner dans la pièce centrale, et se saisit d'un cultiste en train de se dégager et prêt à fuir.
« La brune aux yeux bleus ! Qu'en avez-vous fait ?!
- Hein... je sais pas... Laissez moi ! Aidez moi ! »
Quelques baffes plus tard, il semble avoir compris qu'elle n'a pas l'intention de le laisser tranquille. Mais un problème épineux lui apparaît alors. Un peu plus loin, un groupe de gens qui semblent s'en être tirés sans trop de dégâts sont en train d'aider un autre homme à sortir de sous les décombres, et semblent sur le point de prendre la poudre d'escampette. Si elle les poursuit, elle ne pourra pas retrouver Xylia. Pour la première fois depuis longtemps, l'esprit de Zahria n'arrive pas à prendre de choix. Aussi elle ne voit pas venir la dague traîtresse dans la main de l'homme qu'elle était en train d'interroger, quand celle-ci se plante entre ses côtes...
Le gout de la vie
– Ne parlez pas. Je vais vous sortir de là, mais ne parler pas et économiser vos forces.
Elles te font de la peine, ça doit être horrible d’avoir tenu autant de temps. C’est une motivation en plus qui te prend aux tripes. Levant tes mains à tes cheveux tu attrapes des pinces invisibles que tu gardes toujours dedans pour garder logiquement tes cheveux en place et commencer à tenter de crocheter la serrure de la cage avec. Les deux autres femmes attendent en te regardant.
Le souci c’est que tes pinces ne sont pas assez solides et qu’il te faudrait quelque chose pour le consolider et… Un objet dur t’est lancé sur toi par l’une des deux prisonnières. Des morceaux d’os, de rat visiblement. C’était donc ainsi qu’elle avait survécu à leur façon. De fortes femmes. Tu les prends pour consolider tes pinces et reprendre ton crochetage quand une exposition se fait entendre.
Ton estomac se tord à l’idée que ça puisse être Ombre qui a des ennuis et que tu ne puisses pas lui venir en aide là tout de suite. L’angoisse est dans ta gorge et ça ne fait que renforcer, là tout de suite, ta motivation à crocheter plus rapidement se fait. Quand la porte s’ouvre enfin c’est un soulagement.
– Restez ici à l’abri, je viens vous récupérer une fois la voix libre.
Tu ne peux pas te permettre de transporter deux personnes en aussi mauvais état physique avec toi sans aide premièrement et surtout sans avoir dégagé la voie. C’était bien trop risqué pour elles là tout de suite. Des grommellements d’approbation, avec une sorte de joie en fond si on avait le temps de s’attarder dessus, te répondirent. Sans plus attendre, tu te ruas hors de cette cave.
La sortie était sans garde, visiblement soit on n’avait, à certes juste titre, aucune raison d’imaginer qu’avec leur drogue alimentaire ou la famine des gens puissent sortir de là, soit la diversion avait fait partir tout le monde ailleurs. Dans tous les cas tant mieux. Il y avait un balai sur le passage que tu pris en arme alors que tu courais littéralement au secours de ta famille.
Sauver la mission est important, oui, mais sa famille beaucoup plus. C’est avec un fracas que tu entras sur les lieux. La vision de Zahria se faisant poignarder se fit face à toi. Les cotes ne sont pas mortelles, mais cela ta prise en ventre de le voir. Sans même réfléchir tu levas le balai et donnas un coup bien place pour assommer l’agresseur en question. Sans un mot de plus tu t’approches de Zahria et étudies rapidement sa blessure, ne bouge pas l’arme, tu veux être certain que l’enlever pourra être sans risque, surtout que cela à l’air profond. Il y a cette peur de perdre une personne en plus qui est là, mais plus tu observes, plus tu vois bien que ça sera soignable. Un soupir de soulagement te prend et tu laisses rapidement ta tête tombée sur son épaule.
– Tu m’as fait peur…
Sa bouche s’ouvre, mais directement tu lui mets un doigt devant pour lui sommet de se taire. Même si tu voulais savoir ce qu’elle a te dire, mais la soigner est plus important et parler fait bouger les muscles du ventre à un moment ou un autre.
– Ne parle pas trop. Je te retirais l’arme une fois sortie pour utiliser un arbre dehors. J’aimerais que cela ne s’empire pas, même si ce n’est pas mortel.
Encore heureux que ça ne le soit pas, elle hoche la tête simplement et tu retires enfin ton doigt. L’aidant à prendre appuie sur toi tu la fais sortir l’avantage de la battisse c’est qu’elle est juste à côté il y a un arbre. Tu retires l’arme une fois arrivée sur place, d’un coup sec et sans hésitation avant de mettre une des mains sur la plaie qui saigne abondamment et l’autre sur l’arbre et mets directement ton pouvoir en action.
– J’étais dans une cave avec deux femmes affamées, elles n’ont pas forcément la force de bouger. Aller des chercher de l’aide maintenant est pas une option, je suppose ?
Tu en avais pour dix minutes pour que le saignement se calme, vingt pour qu’il stoppe totalement, trente pour que la plaie soit de l’histoire anciennes, dans tous les cas, qu’importe le temps que ça prendrait, vous avez un petit temps de latence pour la suite. Tu n’as aucune idée de ce qu’il reste ou non en cultiste, mis à part celui que tu as assommé tu n’en a croiser aucun autre en allant dans cette direction.
Malgré la douleur ressentie, c'est une énorme satisfaction qui emplit Zahria quand Xylia, en pleine forme, apparaît pour la tirer de cette situation. Son injonction semble faire croire que c'est la métisse qui était en danger, mais quand elle ouvre la bouche pour expliquer à Xylia que c'est elle qui lui a fait peur, elle lui demande de se taire. Elle veut la soigner, et le maître-espion comprend, mais en face le groupe de fuyards est toujours prêt à déguerpir. Alors juste avant de se faire embarquer par son espionne, Zahria lance un Mirage d'un Gévaudan en face d'eux pour les faire partir dans l'autre, et à l'aide de Rayon assez puissants, leur bloque le chemin en faisant tomber des gravats derrière et devant eux. Les voilà bloqués dans une prison de pierre dont ils ne pourront sortir dans l'immédiat, même si avec les moyens utilisés, elle se doute qu'il y aura forcément des cultistes qui vont s'enfuir. Qu'importe. C'est la deuxième fois qu'elle les arrête, s'il doit y avoir troisième fois, elle le fera avec joie.
Elle se laisse ensuite embarquer dehors sans rechigner, un petit sourire sur les lèvres malgré la douleur que chaque pas provoque en voyant Xylia en action. C'est toujours un plaisir de voir que l'entraînement des jeunes espions fait ses preuves, et qu'ils sont devenus des gardes responsables et autonomes. L'esprit maternel d'une Zahria qui a éduqué une dizaine de ces enfants tout juste sortis de l'Académie s'éveille quand elle voit la jeune femme s'occuper d'elle avec sérieux et droiture. Il faudrait retourner là-bas, et commencer à faire le tri entre les cultistes vivants ou morts, attacher les vivants ensemble pour les empêcher de s'évader, s'assurer que les prisonniers sont bien sortis, mais Zahria peut comprendre qu'en cet instant, tout ce qui importe à Xylia c'est de soigner un membre de sa famille.
Les morts récentes dans l'escouade ont fortement touché les espions, et les liens familiaux semblent s'être raffermis entre eux. Si cela peut amener à ce genre de situation où les missions sont momentanément mises de côté, Zahria espère aussi que ce comportement permettra de sauver des vies et d'éviter des morts inutiles, à l'avenir. Höls lui a demandé de prendre de nouvelles recrues, et avec la saison chaude qui s'achève, la nouvelle promotion de l'Académie va sortir et elle va devoir piocher dedans pour satisfaire aux exigences de son supérieur. Et pour éviter le drame de Ruth, il va falloir que les espions soient beaucoup plus vigilants, désormais. Mais quand elle voit le comportement de Xylia en cet instant, elle se dit qu'il y a de l'espoir.
Un long moment passe pendant lequel le pouvoir de la jeune espionne fait son oeuvre, et Zahria en profite pour passer quelques appels cristalliques afin de faire envoyer des renforts. Ils risquent de ne pas être là avant un moment, mais ça permettra au moins de ramasser les cultistes prisonniers qu'elles auront mis de côté, et organiser une battue pour pister les fuyards. Elle laisse aussi expliquer à la jeune femme aux yeux bleus qu'elle doit retourner chercher deux femmes avec qui elle avait été mis en cage, de côté, et s'assure de voir le groupe des prisonniers qu'elle a elle-même libéré sortir de cet enfer. Quand le saignement commence à ne pas être plus important qu'une mince coupure, Zahria arrête Xylia, malgré ses protestations.
« Il faut y retourner, maintenant, Xylia. Je vais survivre, ne t'inquiète pas, tu finiras après. Le travail n'est pas fini, tu dois sortir les deux femmes et moi je vais m'occuper des cultistes. On se retrouve dans leur salle commune une fois que tu as fini ta partie. »
Et sans attendre plus longtemps, Zahria se lève, avec un petit rictus de douleur, et part en marche rapide vers l'endroit quitté une quinzaine de minutes plus tôt. Son flanc la lance toujours, mais l'efficacité des soins de l'espionne permettent à la métisse d'avancer sans trop de soucis. Il leur reste du pain sur la planche avant l'arrivée des renforts. Elle sort sa corde magique, et commence à rassembler tous les survivants, qui sont finalement bien plus nombreux que prévus, heureusement pour elle, afin de les attacher les uns aux autres. Les quelques pertes à déplorer se comptent sur les doigts d'une main, et à chaque découverte, c'est un sanglot ou un cri de peine qui s'élève chez les cultistes attachés.
« Le Maître nous vengera, démone ! Vos techniques sordides n'ont pas réussi à l'arrêter, il reviendra pour nous, et se délectera de votre chair ! Craignez la puissance de Sheitan.
- Crains mon poing dans ta gueule si tu la fermes pas plus vite. Qu'il vienne, ton Maître, j'ai déjà arrêté votre Prophète, c'est pas un chef cuistot qui va me faire peur.
- Elle n'a rien compris, l'impie... Mwarfwarfwarfwarf...
- Bon, je t'avais prévenu. En plus j'arrive pas à croire qu'il y ait des gens qui rient encore comme ça de nos jours. »
Le poing part direct dans la mâchoire du cultiste un peu trop bavard, qui se tait mais garde un sourire narquois. Le Maître, hein ? Intéressant. Cette histoire n'est donc pas encore finie...
Le gout de la vie
Pendant que Zahria rassemble les coupables de cette histoire, tu fouilles dans les décombres pour avoir de l’eau. Donner à manger aux deux femmes ne serait que contre-productif pour leur estomac. Avec de la chance, tu trouvas même du miel à pouvoir ajouter à l’eau en question. Même si ça semblait un peu accessoire, ça permettrait à leur estomac de commencer à mieux absorber un nouvel occupant après avoir été à vide pendant un long moment.
Une fois fait-tu retourna dans cette cave morbide, l’espoir qui se mis à briller dans les yeux des prisonnières te prirent à la gorge de les avoir laissés seules un peu plus longtemps pour une personne certes blesser, mais en bien moins mauvais état. Avec beaucoup de douceur et de patience tu les fis boire, le plus doucement possible malgré la tentative de boire à toute vitesse des deux. Faire cela au milieu de cadavres était tout sauf agréable, mais il n’y avait pas beaucoup de choix en même temps.
Une fois l’eau complètement bue pour les deux et attendue un peu que leur estomac assimile pour ne pas faire ressortir aussitôt ce qui avait été avaler un peu plus tôt, a une toute petite à l’allure tu les fis sortir de leurs enfers. Une fois dehors elles se mirent à frissonner fortement, tout leur corps avait du mal avec la gestion de température du a leur condition de santé, mais elles trouvèrent la solution de se serre l’une contre l’autre pour tenter de ses tenir chaud l’une l’autre.
Après leur avoir demandé si tout allait bien aller si tu partais, tu continuas à rassembler les autres prisonniers et les mettre à part des prisonniers. Par chance tous les nouveaux captifs étaient sains et saufs, même si très déboussolés par ce qui se passait d’un seul coup pour eux. Le réveil était visiblement dur. Il n’y avait aucun autre captif en vie et cela te désola. En attendant les renforts que Zahria avait certainement contactés entre deux, tu fis le tour des blessures de chacun.
Ce qui était certain en tout cas c’est que tu voulais vraiment, très fort, arrêter tout ce qui était responsable de cette histoire si tous n’étaient pas là.