Le royaumed'AryonForum RPG light-fantasyPas de minimum de ligne
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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    [défi RP] Capitale en ruines
    Maître du jeuCompte PNJ
    Maître du jeu
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    [défi RP] Capitale en ruines
    Lun 10 Aoû 2020 - 11:13 #
    Capitale en ruinesDéfi RP de l'été
    Nora EosLuz Weiss

    Comme on dit, jamais deux sans trois : Luz, tu as contacté Nora pour lui proposer un nouveau petit travail (a toi de choisir sa nature) et vous vous êtes donc donné rendez vous dans un petit café en ville pour discuter des termes du contrat.

    Tout se passe bien et vous vous mettez d'accord sur le travail a accomplir et la rémunération... mais c'est à ce moment que la magie frappa. Vous visait-elle en particulier ou était-ce le simple fait du hasard, mais un violent courant d'air s'empare de la terrasse où vous vous trouvez, il fait envoyer nappes et serviettes. Vous avez l'impression d'être pris dans un tourbillon avec les autres clients... Autour de vous, le monde semble tourner avec le vent et aussi soudainement qu'il est arrivé, tout s'est calmé.

    Seulement, vous regardez autour de vous et vous ne reconnaissez plus rien. Il n'y a que des ruines... quelques morceaux de murs par ci par là... la nature semble avoir repris ses droits et la végétation a commencé à envahir la ville... Oui, parce que vous reconnaissez l'enseigne abimée qui se trouve à vos pieds : il s'agit bien du petit café où vous étiez tout à l'heure... Vous reconnaissez le bois maintenant moisi de la terrasse et au loin sur la colline, vous apercevez un bâtiment délabré a l'emplacement du palais royal d'Aryon...

    Vous êtes seulement tous les deux dans ce nouvel environnement... La ville n'est plus, l'humanité non plus mais vous sentez quelques yeux se poser sur vous, il s'agit des animaux des plaines qui se sont approché pour voir ce qu'il a bien pu se passer...

    Est-ce une illusion ? Un rêve ? Ou une nouvelle réalité ?

    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Lun 10 Aoû 2020 - 15:43 #

    Capitale en ruines





    Le réveil fut léger, comme la brise, comme l'odeur boisée d'un mélange de sève et d'herbe dans l'air. Ils étaient bien inconscients, les aventuriers se ruant vers la première auberge pour profiter d'un lit parfois trop peu douillet pour l'état des chambres les moins chères, lorsque la nature prodiguait des cures de bien-être aussi agréables. A moins d'une heure de marche de la Capitale, le chasseur ayant privilégié la tranquillité au confort se leva de son nid de feuilles mortes et trouva un embranchement de la rivière non-loin pour y entreprendre une toilette rapide. En une vingtaine de minutes, il avait l'air tout de suite plus apprêté et le campement plié, enfourné dans son sac de voyage, il prit la route vers la grande ville. Dans quel but ? Il avait reçu une missive de Luz Weiss, pour un nouvel ordre de sa part. La relation de confiance étant primordiale, il avait terminé aussi rapidement que possible ses affaires – ne relevant que de broutilles inintéressantes – dans un village non-loin dans les plaines pour rejoindre le point de rendez-vous.


    ---


    Le voici, un petit café en terrasse. Au détour de l'axe principal dans une ruelle non pas des moindres, se détaillait un endroit plutôt distingué, certes pas le plus somptueux, mais déjà un endroit que le jeune homme n'aurait jamais fréquenté de lui-même. Que vit-il, ils servaient même les repas ! Son estomac lança une petite supplique que de tâter de leur carte comportant une variété de noms alléchants, mais cela serait pour une prochaine fois, dans un cadre plus détendu car – en étant parfaitement franc avec lui-même, l'aventurier ressentait toujours une légère anxiété lorsqu'il devait assister à un rendez-vous. Attendant patiemment son amie, habillé de son habituelle grande cape grise recouvrant la majorité de sa tenue – pantalon souple en lin, chemise et bottes de randonnée – le garçon s'installa contre un pan de mur d'un bâtiment voisin, sortit son mortier et pilon pour écraser des feuilles d'orties et quelques graines grasse pour créer un onguent. Dans une de ses multiples tentatives pour parfaire son remède de fortune, l'aventurier s'attelait à détailler minutieusement chaque étape de sa préparation : il s'avérait bien utile lorsqu'à plusieurs kilomètres de la ville, on se retrouvait avec une plaie ouverte ou une cheville foulée.


    Bientôt, une silhouette familière se dessina en s'extirpant du commun des passants, une femme dont les traits ravissants n'avaient pas quitté la tête du jeune homme, aujourd'hui ayant rendez-vous avec elle. Dame Weiss, qu'il salua avec autant de distinction que ses manières peu élaborées lui permettaient de présenter.

    - "Bonjour, Dame Weiss. J'espère que votre trajet s'est déroulé sans contrainte."

    Se redressant du mur auquel il était adossé, il inclina la tête en étendant ses bras le long du corps en guise de révérence. En observant la tenue et le visage de la rousse, il afficha un fin sourire en constatant sa nouvelle aisance. Il l'avait déjà fréquenté plusieurs fois par le passé et aujourd'hui, il y avait plus de sérénité que d'appréhension, à son grand bonheur. Il se permit donc de l'inviter avec cette nouvelle facilité.

    - "Était-ce bien ce café que vous aviez choisi ? Devrions nous entrer ?"

    L'inviter, certes, il y avait des manières bien plus démonstratives de le faire, comme la prendre par la main et l'accompagner, lui tenir la porte et passons-en ... Mais pour autant qu'il était plus à l'aise, l'aventurier n'en restait pas moins quelqu'un de réservé et faire plus n'aurait eu pour effet que de remplir sa tête d'idées farfelues quant à la manière de Luz d'interpréter son geste. La pensée de paraître irrespectueux froissa quelque peu le jeune homme qui se contenta d'une simple proposition, tout ce qu'il y a de plus classique.



    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Ven 14 Aoû 2020 - 18:11 #


    Les lèvres de Luz s’ourlèrent d’un sourire chaleureux lorsqu’elle l’aperçut au bout de la ruelle. Le soleil
    pavait la Capitale d’une myriade de gouttelettes de lumière dont les paresseux rayons étaient filtrés par les ramures des arbres et les tuiles étincelantes des masures. Il fallait plisser les yeux pour y voir et ces ombres diaprées dessinaient sur la peau des nuées tachetées qui donnaient des allures de fauves exotiques aux badauds. Luz avait revêtu une bien légère tunique blanche dont le tissu en lin mettait en valeur le hâle de sa peau gagné ces derniers jours par des baignades intempestives. La chaleur était parfois étouffante, et elle ne pouvait nier qu’un plongeon régulier dans l’eau fraiche de la Luisante avait tous les bienfaits d’une boisson glacée. L’avantage de disposer d’une masure en bord de rivière, certainement, l’intimité de son corps nu à la nuit tombée protégé par la façade de la demeure. En l’occurrence, elle s’était fait violence pour quitter l’obscurité agréable de son jardin pour prendre le chemin du centre-ville : un invité important l’y attendait. Un rendez-vous qu’elle ne pouvait décemment manquer au prétexte d’une languissante apathie. Elle avait donc recouvert ses longs cheveux flammes d’un ample chapeau de pailles et enfilé une paire de sandales dont les lanières étaient enroulées haut sur ses chevilles.

    Elle en était là de ses pensées lorsque ses prunelles avaient croisé le regard gris vert de Nora. Le jeune homme avait beau faire preuve d’un comportement d’ordinaire discret, il ne pouvait aisément cacher sa taille impressionnante dont la tignasse brune était gage de son identité. Luz parvint jusqu’à sa hauteur et ne put masquer son amusement : ses prunelles pétillèrent d’une malice difficilement contenue tandis qu’elle le saluait avec chaleur. Ses doigts effleurèrent brièvement son bras, tout à fait tactile et d’autant plus taquine lorsqu’il s’agissait de tourmenter les garçons serviables et timides. Heh, chacun son péché mignon n’est-ce pas ?

    « Oh, appelez-moi Luz, je crois que vous en avez fait bien plus pour moi ces dernières semaines que mes propres parents. Puis-je vous appeler Nora en retour ? »

    Le jeune aventurier s’était en effet montré d’une exquise serviabilité ces derniers temps. Accompagné d’autres compagnons, il l’avait notamment sortie à deux reprises de sacrés pétrins bien épineux…

    « Je vous remercie d’ailleurs d’avoir répondu si vite à ma demande, aborda-t-elle le sujet qui les réunissait aujourd’hui tout en s’avançant dans le café. J’espère ne pas avoir perturbé votre emploi du temps professionnel ou familial. »

    L’un des serveurs de l’endroit les remarqua et leur fit signe de s’installer directement en terrasse. Après tout, pourquoi ne pas profiter d’un brin de fraicheur apportée par la brise et du spectacle du soleil qui inondait la Capitale à cette heure de vastes lacs de lumière ? La rue était paisible, peu fréquentée. Le tout leur renvoyait une sensation de plénitude calme et étrangement reposante en cette matinée. Ils s’installèrent à une table dont le fer forgé avait été soigneusement travaillé et Luz commanda pour eux deux boissons. Il était tout bonnement hors de question de ne pas l’inviter lorsqu’il consentait à travailler pour elle !

    « Voyez-vous, un troupeau de rapidodo s’est approché d’un peu trop près de ma demeure. Je vous en ai brièvement parlé dans la missive envoyée plus tôt, mais ils s’éclipsent chaque fois avant que nous puissions mettre la main sur eux. Juste le temps pour eux de détruire nos parterres de fleurs. »

    Elle soupira, reposa son verre en un geste élégant du poignet. Un fin sourire naquit sur ses lèvres tandis qu’elle penchait légèrement la tête de côté à la manière d’un félin contemplant une possibilité alléchante. Le vert de ses prunelles se fit plus suave, plus caressant.

    « Vous avez su montrer de grands talents dans votre domaine et la guilde des Aventuriers ne tarie pas non plus d’éloges à votre sujet. Oserais-je vous demander un maigre service contre rémunération ? J’aimerais employer vos compétences pour pister mes indésirables visiteurs. Il vous suffirait de trouver leur lieu de résidence, et nous nous chargerons de les déplacer plus loin dans les plaines pour qu’ils ne nous importunent plus. Votre… Prix sera le mien. »

    Son sourire devint plus vif, l’intonation de sa voix s’amusant justement de l’ambivalence de sa dernière proposition qu’elle fit rouler sur sa langue à la façon d’un bonbon fruitée. Ah, Luz, peut-être trop mutine pour son propre bien… Etait-ce si mal d’aimer asticoter les hommes candides ? Toute à ses pensées, elle ne perçut pas immédiatement que le vent avait sensiblement forcit. Elle remit une mèche flamme derrière l’une de ses oreilles de deux doigts habiles, gênée par la brise qui commençait à emporter sa crinière rebelle un peu trop au-devant de son visage. Oh, cette légère vague de vent finirait bien par passer, ce n’était là qu'un remous d’air chaud… Non ?

    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Ven 14 Aoû 2020 - 23:50 #

    Capitale en ruine





    L'harmonie, conférée par son choix vestimentaire et l'intonation de chacun de ses mots, son regard perçant, Nora aurait presque oublié cette ambiance si unique se décrivant sitôt aux cotés de la rousse, elle tout au loisir de cacher son regard sous son chapeau de paille. Elle l'accosta agréablement avec une grâce féline faisant frémir le garçon, un peu trop perturbé pour réellement y répondre sans avoir l'air totalement à coté de ses bottes. Il était question d'être respectueux envers la demoiselle qui n'avait pas hésité à se fondre dans la plèbe sans perdre un carat de son éclat, sa prestance la suivait où qu'elle aille sans pour le moins s'entacher de son environnement. Était-elle une opale de feu ou un grenat mandarine ? L'instinct le dirigea plutôt vers l'œil de tigre, un quartz aux couleurs plus discrètes mais ne dénotant pas moins de qualité, tant par sa beauté que sa réputation à éloigner les ondes négatives. Chassées comme d'un coup de main las au possible, les inquiétudes du chasseur périrent dans le sillage de Luz lui demandant d'employer son prénom en sa présence, en échange de pouvoir employer le sien. Il aurait probablement refusé cette proposition par soucis de respect si ça ne tenait qu'à lui, mais visiblement, il n'était pas en plein contrôle de sa tête, les formalités se virent donc placées au second plan.

    - "Excusez-moi, Luz. Appelez-moi Nora, donc."

    Il se mordit la lèvre, s'étant préparé à lui demander de le tutoyer, mais lui-même l'ayant vouvoyé, il aurait sûrement eu l'air bien idiot. Elle ne semblait pas être le genre de femme qui accepte ce genre d'invitation à moins que son partenaire n'ait ouvert le bal en premier lieu : une valse se dance à deux. Son regard était d'ailleurs empli de vie, c'était une bien agréable sensation que de converser – même s'ils n'avaient fait qu'entamer les salutations – avec une personne aussi interactive. Le contraste parfait avec ses fréquentations habituelles, soit d'hommes trop bruyants, voir de femmes trop discrètes. Elle semblait équilibrer le meilleur des deux mondes avec une éloquence naturelle qui perça les défenses d'un aventurier trop timide pour son propre bien, établissant la seconde partie de son redoutable siège qui acheva l'introverti dissimulé derrière ses remparts bien trop maigres, face à l'artillerie de charisme qui tombait sans peine les murs de son fort intérieur. Oui, un fort et non pas un for, avec des défenses comme celles du chasseur, le seul débat tenu dans sa pensée était celui de de comment affronter l'ennemi, mais la guerre touchait presque à sa fin : un échec critique, le 20 fatidique, game over pour la timidité. Pourtant il se devait de résister avec la moindre pierre de son propre édifice.

    - "Ne vous en faites pas à ce propos, vous ne dérangez en rien mon emploi du temps."

    Bien, il était resté digne. Pas qu'il ait mentit, d'ailleurs, simplement qu'il avait accéléré quelques processus et limité ses pauses pour arriver plus rapidement en ville, mais c'était un bien maigre effort pour un aventurier habitué à arpenter Aryon en étant son propre destrier. Puis, son emploi du temps familial n'était pas bien chargé non plus, les circonstances faisaient que le jeune homme n'avait plus aucune famille à pleurer depuis quelques années, restant un doute concernant son père ; la question n'était pas au goût du jour.

    Un homme travaillant au café remarqua ses deux clients et lorsqu'ils approchèrent, il leur proposa une table à l'avant du bâtiment, permettant de profiter de ce courant d'air contrastant à merveille avec les rayons du soleil, pour le moment doux – plus tard bien plus agressifs. Nora invita Luz à s'installer la première et lui, prit place du coté le plus ombragé. Un réflexe acquis lors de ses nombreuses expéditions, permettant au corps de récupérer sans être embêté par la lumière attirée par son cuir chevelu d'ébène. La noble prit également la consommation du jeune homme qui s'apprêtait à protester, mais le regard de la rousse était bien assez éloquent pour elle-même, elle ne semblait pas envisager la négociation à ce propos, il se contenta d'un hochement de tête et d'un "Merci pour la consommation" distingué. S'en suivit alors l'explication de la demoiselle concernant sa requête, elle abordait le travail avec beaucoup de sérieux. Si peu que le sérieux impliquait aussi son regard bien trop perçant pour le garçon, lorsqu'elle entama la seconde moitié de sa demande. Votre "Prix" sera le mien ? Non, le jeune homme n'était pas naïf à ce point, éméché, il aurait juste ri gaiement en lui proposant une partie de carte ou un Tête et Queue – le jeu de pile ou face, pas une quelconque autre activité innommable pour un homme aussi chaste – cependant, il avait les idées bien assez claires et piqué d'intérêt, il plissa les yeux et laissa durer le silence quelques secondes. D'un œil extérieur, on aurait pu croire qu'il mijotait avec son sourire en coin et son sourcil arqué, l'air de défi et coudes plantés dans la table, doigts croisés. En réalité, il cherchait surtout une manière convenable de lui répondre, ne souhaitant en rien abuser des bonnes faveurs de sa drôle d'amie.

    - "C'est une offre intéressante, cependant, je ne penserais au paiement qu'une fois ma tâche accomplie."

    Se redressant pour adopter une pose disons moins provocante, il savoura de plus belle la brise, gagnant en intensité au cours de leurs discussion. Ce n'était probablement qu'une fluctuation sans intérêt, alors il termina sa tirade en levant son verre et invita Luz à trinquer, déclarant sans une once d'hésitation.

    - "Je veillerais donc à trouver ce lieu de résidence, vous n'aurez plus à vous soucier pour vos parterres et nous trouverons un nouveau territoire pour nos amis à plume."

    Bien, traquer et déplacer des groupes d'animaux n'avait rien de bien compliqué, ce sera aussi l'occasion pour le jeune homme de plus en apprendre sur ces créatures et potentiellement, s'intéresser un peu plus aux plantations de la demoiselle, ne sait-on jamais ce qu'on peut apprendre en jardinant, puis le coup de main serait offert de bon cœur. Sur le tintement du verre entrechoqué fut signé ce nouveau contrat et l'aventurier porta la boisson à ses lèvres, se délectant de la fraîcheur prodiguée par les glaçons flottant à la surface du liquide.

    Une brise un peu plus forte que la précédente fit lever le nez de son verre à l'aventurier qui observa dans la direction d'où elle venait. Ce café aurait probablement mieux opté pour une terrasse reculée, si seulement elle protégeait ses clients du vent il aurait pu penser à autre chose que chasser ses mèches rebelles venant s'affairer à son grand mécontentement, juste devant ses yeux. Un tel souffle n'était pas connu dans la Capitale pour être fréquent, les grands murs faisaient office de coupe-vent et pour cause, c'est comme s'ils étaient en plein milieu des plaines en termes de sensation.

    - "Quelle brise, c'est plutôt rare d'en avoir d'aussi fortes, dans le coin", s'excusa l'aventurier en plaquant ses cheveux en arrière à défaut de pouvoir dompter sa propre crinière.

    Le vent s'intensifia, lentement, jusqu'à ce que la cape du jeune homme devienne à son tour un obstacle pour lui-même. Fronçant les sourcils, il se leva de sa chaise et voulut offrir sa main à la rousse.

    - "Nous devrions entrer à l'intérieur, j'ai un étrange préssenti-"

    Ce n'était plus la même brise, mais une bourrasque soudaine qui le fit tituber aussitôt levé. Se rattrapant à une chaise derrière lui, le brun dû affronter de face la turbulence pour revenir auprès de son amie, cette fois-ci un peu plus direct, car il s'invita à son bras pour la soutenir jusqu'à l'intérieur. Hors de question de la laisser tomber dans de pareilles circonstances, aurait-il aimer penser, mais alors qu'ils touchaient presque au but, le service à table et même ces dernières avec leurs chaises furent déplacer par la force extraordinaire du vent. Manque de chance, ce fut le mobilier qui fit lâcher prise au chasseur alors que sa vision se couvrait d'un filtre opaque, noircissant son regard et rougissant son front. L'équipement de la terrasse l'aura frappé à l'arrière de la tête et lui fit perdre l'équilibre, il se sentit alors glisser dans l'inconscience avec la même appréhension que lorsque la pièce de théâtre touche à sa fin et que le rideau est tombé sur les acteurs. Pourvu que Luz n'ait rien. Pourvu qu'elle soit à l'abri.



    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Sam 15 Aoû 2020 - 0:58 #


    L’obscurité. Le silence. Un raidillon de souffrance qui perçait contre son avant-bras gauche. A genoux au sol, elle haletait. Le souffle peinait à lui revenir, et il s’en était fallu d’un maigre cheveu qu’elle ne perde conscience – ou peut-être avait-elle bien perdu conscience ? Sa vision était trouble et ses prunelles peinaient à faire l’appoint : elle ne voyait pas même les arrêtes effilées des rochers qu’elle sentait buter contre ses mains. Ses longs doigts fins fouillaient la terre meuble avec peine, la boue fraiche roulant contre ses paumes tandis qu’elle resserrait compulsivement les poings. Elle sentait la fange glisser sous ses ongles et cette simple sensation constituait une ancre dans l’étendue de sa perdition. Elle calma sa respiration, ferma ses paupières en un liserai de longs cils sombres. Respirer, calmement, diminuer les débordements de son rythme cardiaque, soulager son oreille interne… Elle rouvrit les yeux. Le monde avait repris des couleurs.

    Egarée, elle laissa glisser ses prunelles sur les contreforts qui maculaient l’horizon autour de sa position. Que s’était-il passé… ? Un vent soudain les avait soulevés de terre, ils avaient tenté de se réfugier à l’abri du café et… L’univers s’était transformé en un brouillon chaotique dessiné par la main d’un enfant. Il l’avait attrapé par le bras. De cela, elle se souvenait. L’empreinte chaude de ses doigts était restée sur sa peau sous la forme de quatre fers rouges rassurants. Cependant… Cependant quelque chose était venu les heurter dans cette débandade. Le heurter lui. Elle se souvenait du déséquilibre, de la sensation brusque d’être emportée et des doigts qui disparaissaient subitement de son bras. Bien entendu, elle aurait dû être la victime initiale de cette table, mais le geste immédiat de Nora l’avait de toute évidence suffisamment décalée sur le côté… Juste assez pour qu’il écope à sa place de cet accident. Elle grimaça, ne remarqua qu’alors la longue estafilade qui lui maculait le bras gauche qu’avait tenu Nora. Probablement due au métal sculpté d’une table qui aurait aisément pu la transpercer à quelques centimètres d’écart…

    Nora. Nora n’était pas là. L’effroi la saisit toute entière, coula ses anneaux dans le creux de ses reins. Elle bondit presque sur ses pieds, ignora les protestations de sa cheville et passa sa langue sur ses lèvres asséchées. Sa bouche avait un goût de sel métallique. Elle essuya du revers de la main le sang qui marquait sa lippe malmenée durant sa chute et fouilla les environs avec une précipitation confinant à l’angoisse. Nora. Nora n’était pas là.

    « Nora ? »

    Sa voix était enrouée, et elle ne le devint que plus lorsqu’elle réalisa pleinement ce qui l’entourait. Les bâtiments avoisinants étaient dévastés. Des vestiges d’arrêtes rocheuses à l’ossature désaxée, des masures éventrées dont les entrailles se déversaient sur des pavés déchaussés, élimés par le temps. Incrédule, abasourdie, Luz baissa les yeux sur son pied droit qui était désormais dénué de sandale. Elle sentait la fraicheur de la mousse sous la plante de son pied. Une mousse qui n’avait vraisemblablement pas poussée en seulement dix minutes, mais qui avait gangrené la zone et tout endroit visible. Des lianes se faufilaient entre les briques disjointes des bâtiments, véritable maillage de verdure spongieux qui s’était lié au ciment et au mortier dans une étreinte implacable. A ses pieds, le café s’étendait tel le cadavre d’un grand pachyderme oublié dans le désert. Des poutres apparentes crevaient la surface effondrée de l’ancienne construction comme quelques côtes tendues vainement vers le ciel. Il n’y avait plus signe de vie. Nulle part. Plus de badauds, plus de feuillages, plus de tâches de lumière sur le sol. Rien qu’une dévastation en maraude, bravache et indifférente. Une ruine oubliée par le temps, mordue par les intempéries. La Capitale n’était plus qu’une cité oubliée et abandonnée. Et Nora n’était plus là.

    « Nora ! »

    Les dents serrées, Luz s’incita au calme. Ne pas réfléchir. D’abord trouver Nora, rien d’autre n’importait. Le reste n’était que superflu. Elle fouilla une nouvelle fois les environs des yeux, plus attentivement cette fois-ci, ses prunelles aiguisées plissées par le petit jour. Là… Peut-être que… Sous ce parasol… Elle sursauta presque lorsqu’elle décela ce qui s’apparentait à une jambe. La table l’avait entièrement recouvert, abandonnée sur lui et le masquant à sa vue. Peut-être l’avait-elle protégée d’autres débris, agissant comme un bouclier contre les gravats qui s’étaient amoncelés de part et d’autre, vestiges de poussières qui s’évaporaient dans l’air en tourbillons turbulents. Elle s’élança, le souffle au bord des lèvres, dérapa sur le sol et finit sa course à genou, sans prendre le temps d’esquisser les étapes nécessaires à ce mouvement. Elle ôta avec grand soin l’obstacle qui l’avait cloué au sol à la manière d’une phalène et découvrit avec une once de soulagement qu’il semblait vivant. Son torse se soulevait au rythme de sa respiration et même s’il semblait abîmé et doté de contusions semblables aux siennes, le coup reçu ne l’avait pas immédiatement tué.

    Puisqu’elle n’avait guère le luxe de chercher des plantes ou tout autre organisme vivant, elle déposa les paumes de ses mains sur son torse et invoqua le pouvoir de Vol Vie. Elle ferma à demi les paupières, ses prunelles félines ne laissant plus passer qu’une étincelle contemplative et soucieuse, à demie pensive, tandis qu’elle s’absorbait dans sa tâche. Ses mains s’entourèrent d’un halo ambré et elle sentit l’énergie la tirailler puis s’extraire de ses doigts avec un picotement passager. Elle s’évasait par la suite sous la peau de Nora en fourmillements brûlants. Il ouvrit les yeux. Vivant. Elle lui sourit, presque comme si rien n’avait changé, presque comme s’ils se retrouvaient là, au café, autour d’un croissant et d’une boisson chaude au cœur de la belle saison. Un sourire doux qui étira ses lèvres rouges comme un fruit, laissa dévoiler la blancheur de ses dents en un semi rire qui put s’apparenter à un gazouillement d’hirondelle :

    « Un mauvais pressentiment, hein ? Rappelle-moi de te demander plus tôt la prochaine fois si tu penses que le monde est prêt de s’écrouler. »

    Dans l’incongruité de cette situation, le tutoiement lui était venu naturellement. Il lui semblait assez bigrement inutile de tutoyer quelqu’un qui venait de lui sauver la vie et qui était probablement le dernier autre être vivant sur Aryon excepté elle, du peu qu’elle avait pu observer de la Capitale. Les chocs contribuaient fortement aux rapprochements, et Luz n’était pas femme à refuser la familiarité d’un corps proche du sien. Le vouvoiement convenait davantage à la civilisation : présentement, la civilisation s’était évaporée dans un merveilleux tourbillon magique de fin du monde.

    « Prends garde en te relevant, tu risques d’avoir des vertiges. Tu souffres quelque part ? »

    Elle avait tâché de son mieux de le soigner, mais sa propre énergie était bigrement basse… Peut-être pas suffisante pour lui en déverser suffisamment s’il avait écopé d’une blessure grave qu’elle ne pouvait voir au premier coup d’œil. Elle s’inquiétait également fortement de sa réaction lorsqu’il découvrirait le champ de ruines qui les entourait…

    « Tu as une idée de ce qu’il s’est passé… ? »


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    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Sam 15 Aoû 2020 - 2:26 #

    Capitale en ruines





    Le choc résonna dans son crâne et se répandit dans sa nuque, dans sa colonne, ses os et ses nerfs. L'anesthésie fut propre et sans bavure, ses derniers souvenirs étaient le contact rompu contre son gré alors qu'il enserrait le bras de Luz, agrippant pour ne pas la laisser aller, non il désirait maintenant plus que tout au monde la protéger.

    Mais ce fut un échec.

    La torpeur, le vertige incessant, dans une chute libre, pressé au milieu du dos par une force désirant l'engloutir en le noyant dans ses propres ténèbres. La noyade, oui, il n'arrivait plus à respirer. Ce sont des vagues de froids qui irradiait dans chacun de ses muscles, ne laissant que cette amère sensation, lorsque le corps endors la douleur des nerfs tant elle briserait mentalement un homme. Par impulsion, désynchronisé des battements fébriles de son cœur, le gel se voulut tantôt tendre, l'instant d'après insupportable. La chute ne s'arrêtait pas, le monde était noir, combien de temps cela faisait-il qu'il tombait ? Quelques secondes, devenues quelques années, il n'en savait trop rien, juste qu'il n'avait plus peur, incapable de planer, de battre de ses ailes, il était comme un insecte privé du don de naviguer dans les cieux, il tombait de l'arbre en ayant défié la nature.

    Mais pouvait-il vraiment partir ainsi ? Le poids dans son dos s'amoindrit, son souffle, comme libéré par la providence s'éveilla. Une voix familière avait fait écho, mais elle n'était là que pour le bercer dans son propre déclin, non ? Cette voix s'était pourtant répétée, d'autant plus insistante.

    *Laissez-moi, je ne souhaite pas me réveiller.*

    Un rêve ? Bien étrange songe qu'il avait là. La lucidité lentement le regagnait alors que la lumière se dessina sous ses pieds. Que voyait-il ? La Ruine, avec son "R" majuscule, la fin de tout, l'extinction de la vie animale comme il la connaissait, les bâtiments tombés, éventrés, plus aucun homme pour l'entretenir, ce monde se portant à merveille sans lui. La végétation, luxuriante et reine avait détrôné l'ancienne monarchie pour établir son règne de silence et de paix. Heurtant la dureté du sol, un phénix lui vint en aide, un oiseau majestueux dont la volonté seule avait ramené la vie dans ce corps meurtri. Était-il vraiment mort cependant ? Plutôt profondément assoupi, oui, cela ressemblait à un rêve et vint l'en tirer un ange au sourire salvateur. Nora rouvrit les yeux avec une certaine difficulté et constata le décor entourant notre duo au milieu des décombres. Le monde était bel et bien en ruine, mais pas démuni d'espoir, c'est le sentiment qu'eut l'aventurier qui, comme par réflexe, aussi en guise d'excuse, de soulagement et dans un souffle apaisé, attrapa avant toute autre chose le bras de la demoiselle qu'il avait lâché avant de s'évanouir. Elle le railla gentiment et fronçant les sourcils, le garçon mit un instant à comprendre le sens de ses mots, ou plutôt à pleinement reconstituer ses derniers souvenirs. Elle faisait ainsi plus de sens lorsqu'il retrouva le contexte précédant sa torpeur.

    - "Je ferais de mon mieux pour te prévenir, Luz."

    Un sourire apparut malgré la douleur encore présente dans son corps, néanmoins bien moindre comparée à ce qu'il aurait pu imaginer subir après un tel réveil. Il avait suivi le mouvement, tutoyer la noble était venu aussi rapidement que ça et il n'avait plus aucun filtre devant les lèvres pour taire ses manières un peu trop roturières, quoique dans l'état, la noblesse et la plèbe n'avait plus aucun sens. Ils étaient un homme et une femme, tout ce qu'il existe de plus simple au cœur d'une grande ville abandonnée. Le phénix, car il décida d'assimiler la splendide créature à sa sauveuse, l'avertit des potentiels risques à ce qu'il se relève trop vite, elle s'enquit également de son état, ce qui le laissa un instant pantois. Accepter la fin du monde tel qu'on le connait relevait tout de même d'un sacré challenge.

    Une douleur assez prononcée dans le milieu du dos, mais rien de bien gênant, juste désagréable, au pire des cas. Il y avait aussi un faible étourdissement et quelques vertiges, même assis, ainsi que les muscles de ses membres raidis par le choc encore soudain.

    - "Rien de bien inquiétant, juste un léger malaise ... et toi ? Tu m'as ... soigné, d'ailleurs, non ? Merci, du fond du cœur."

    Il laissait finalement aller son étreinte, sans regret cette fois-ci. Sa peau chaude avait eu l'effet d'une cure psychologique soignant les maux de l'aventurier, issus de la solitude dans son propre néant. Sentir une autre vie dans de telles conditions était évidemment la meilleure des sensations, même pour un asocial comme lui. Il se redressa donc et avec un peu plus de précautions, prit appui sur une surface verticale – un arbre ayant trouvé sa place au sein de ce qui était autre fois une ruelle qu'il avait emprunté pour rejoindre leur point de rendez-vous. Le monde n'était plus ce qu'il était auparavant, le bruit de la foule et des discussions des habitants s'y donnant à cœur-joie s'étaient tus, au profit du vent sifflant entre les bâtiments et périodiquement, le bruit lointain d'une pierre qui s'écrase au sol, faisant gage de l'état du reste de la ville. Luz lui posait l'exact même question qu'il allait lui demander, bien que lui aurait été peut-être un peu plus paniqué en la posant. Le calme à toute épreuve de la femme permit au chasseur de préserver au mieux son sang froid et de se centrer sur la véritable mission : se sortir, lui et Luz de ce guêpier. Enfin, ce n'était pas sans dire qu'il n'avait fichtrement aucune idée de comment procéder, le voyage entre les époques et les dimensions, ce n'était pas des masses son fort.

    - "Aucune idée, non. Mais ces reliefs ... Ce sont les même que ceux de la Capitale. J'aurais même peur de dire que ce sont bel et bien eux ..."

    Il jeta un œil vers la table retournée dont l'avait débarrassé Luz et en frottant sa surface et ses contours, il n'y avait nul doute : c'était bien une des tables sur laquelle il avait bu avec son amie il y a de ça quelques instants à peine. Alors comment ? Sans prendre une ride, ni souffrir de la faim ou de la soif, comment étaient-ils arrivés ici, alors que le monde semblait avoir été laissé à l'abandon pendant peut-être des dizaines d'années ? D'un pas prudent dans les décombres, l'aventurier dût s'enquérir d'une information. Si seulement, par miracle, sur le relief au cœur de la ville ne se trouvait pas le Palais, alors peut-être n'était-ce qu'une simple coïncidence. Oui ! Un simple malentendu, un rêve aussi tangible n'existait nulle part alors il n'y avait qu'à vérifier que la demeure des souverains soit là. Ou pas ! Qu'elle n'y soit pas serait encore mieux, cela ne ferait que confirmer son hypothèse ! Oui, un malentendu, rien de plus. Le regard sérieux et concentré, trahissant une certaine appréhension, l'aventurier s'éloigna de l'ancien café vers l'allée principale, de laquelle ils pourraient voir l'imposant bâtiment s'élever au-dessus des toits. Bien entendu, ce qui déçu le cœur du jeune homme fut d'apercevoir les décombres et le lierre, envahissant ce que fut autrefois le Palais Royal. Ses espoirs en prenaient un coup, mais il devait rester fort. C'était absolument nécessaire ! Le jeune homme rebroussa chemin pour retrouver la jeune femme et le regard déterminé, lui annonça.

    - "Je trouverais une solution ... C'est une promesse, on va y arriver, nous ... nous ne mourrons pas ici !"

    Le bout des doigts tremblant, comme le jour où il avait constaté le feu ayant dévoré sa mère et sa demeure, il ne laissa aucune émotion parvenir à son visage. Son regard lui, le trahissait, mais il avait juré devant Luz et maintenant, il ferait tout ce qu'il est possible pour la protéger. Pourquoi ? C'était une question qu'il ne s'était même pas posé, mais aussitôt la bourrasque s'était-elle levé que la rousse était devenue quelqu'un qu'il voudrait protéger au péril de sa vie. Elle représentait aussi sa lueur d'espoir, le seul être humain, lui mis à part, la protéger était devenu capital. Prenant une grande inspiration, il avança jusqu'à sa partenaire de misère et prit sa main pour la guider. Préférant s'assurer de ne plus perdre son contact plutôt que de subir les méfaits d'une seconde bourrasque. Ainsi où les amenait-il ? Sans grande conviction, en direction des hauteurs. D'ici ils verraient peut-être un peu plus loin dans les terres, voir s'ils pouvaient trouver de la vie ailleurs. Dans son sac reposait sa longue-vue, alors voici d'autant plus d'instruments pour les dépanner dans cette situation désastreuse. C'est en s'assurant régulièrement de l'état de la jeune femme que l'aventurier poursuivit sa route. Tout ce dont ils avaient besoin, c'était d'un peu de chance. Lucy était sûrement toujours là, à les regarder, alors qui sait, en gardant la foi, guiderait-elle probablement leurs pas.

    Peut-être devraient-ils aussi jeter un œil aux portails de téléportation, plutôt que de voyager à pied jusqu'aux autres grandes villes sans garantie d'y trouver de la vie, ils auraient plus vite réuni les informations nécessaires ainsi. Si donné que ces portails fonctionnent encore, évidemment. Mais cette excursion était nécessaire. Pour Aryon, pour l'humanité et pour Luz.




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    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Mar 18 Aoû 2020 - 10:05 #
    Capitale en ruinesDéfi RP de l'été
    Nora EosLuz Weiss


    Ruines et dévastations, comme vous l'avez constatés, il ne reste que peu de choses, sinon des blocs de maçonneries qui se disputent avec quelques poutrelles jonchant le sol, leur bois brisé et brûlé par quelque mystérieuse force.
    Et si la vie humaine ne peut vraiment vous rassurer, le bruit n'a pas pour autant disparut. Tout autour de vous, vous pouvez entendre le bruit des pierres déplacées, mais aussi des échos de pas.

    Rapidement, vous apercevez un petit gloot courir, plein de poussière, mais ses yeux toujours aussi vide, l'animal ne semblant pas avoir conscience qu'il à survécu à l'apocalypse.
    Son petit "Bwaaa" passe rapidement devant vous avant de disparaître à nouveau dans un tas de décombres.
    Mais si un gloot à su vous trouver, il en vas de même pour bien des créatures, et les bruits de pas que vous avez entendus laissent bien vite place à des silhouettes humaines qui se révèlent bien vite trop bestiale pour appartenir à des êtres conscient.

    Face vous s'avancent un groupe d'une douzaine de goule, menées par une créature dont l'étincelle d'intelligence dans les yeux laissent présager du pire.
    Que faire ?


    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Lun 24 Aoû 2020 - 16:24 #


    Luz souriait dans la pâleur timide du jour. Un sourire félin, les yeux rivés sur les épaules de Nora qui dégageait le chemin devant eux, son regard inquiet volant sur les décombres au fur et à mesure de leur avancée. Luz n’avait jamais été logique. Une flamme vivace, qui ne trouvait réconfort que dans l’état de santé de sa meute, aussi bien physique que mentale. Pour l’heure, Zahria, Naëry, Calixte, Louise, tous avaient disparu par un tour de passe-passe qu’elle ne parvenait pas à s’expliquer. Elle ne les avait toutefois pas vus mourir, ni n’avait la conviction qu’ils étaient blessés : elle les retrouverait indéniablement. Dans cette dimension ou dans une autre, dans cette temporalité ou dans un nouveau siècle. Si quelqu’un était suffisamment entêté pour aller retrouver l’âme et le corps de sa famille à la force de ses propres poignets, c’était bien Luz. Elle plongerait ses bras jusqu’à l’épaule, jusqu’au visage, jusqu’à s’y engloutir s’il le fallait dans les eaux noirâtres de l’impossibilité pour les ramener au monde si cela s’avérait nécessaire. Lucy seule savait que la mort elle-même ne l’effrayait guère, car il devait bien exister une magie suffisamment obscure pour réussir une telle prouesse non ? Nora, du moins, était bien vivant. En chair et en os devant elle, la ligne noueuse de ses épaules aux aguets. Elle le devinait dans ses mouvements prudents, l’arrête fine de son visage qui balayait l’endroit avec une lenteur consommée qui trahissait tout à la fois de la fébrilité et de l’expérience. Oui. Elle n’avait besoin que de lui pour l’heure. Pour ignorer l’horreur des décombres à ses pieds. Qu’importait des bâtiments si elle n’était pas seule ?

    Ces décombres piquaient pour autant sa curiosité, faute de la terrifier. L’une de ses questions centrales eut néanmoins très vite une réponse : un gloot les dépassa à quelques mètres tandis qu’ils entamaient la montée d’une ancienne ruelle. L’animal n’avait pas évolué du spécimen qu’elle connaissait. Semblait indifférent à leur présence, au spectacle qui l’environnait. De toute évidence, le continent avait évolué en se passant de leur présence durant un grand nombre d’années… Mais la vie n’avait pas été éteinte, peut-être simplement diminuée ? Elle n’entendait pas le moindre pépiement d’oiseau à la ronde… En revanche, un bruit de pas leur parvint à tous deux. Et leurs espoirs de rencontrer d’autres survivants eurent tôt fait de mourir dans l’œuf.

    « Des goules, constata Luz dans un souffle presque inaudible. »

    Des goules. Et un marchand de sable. Ses iris luisaient d’une lueur plus avisée, plus crue dans ses orbites enfoncées. Il se tenait en retrait, bien protégé derrière les rangs de ses comparses, ses longs bras parcheminés pendus comme deux balanciers le long de ses côtes… Silencieux, hormis le crissement de ses crocs les uns contre les autres. Un mouvement de dents en avant, un mouvement de dents en arrière. Un raclement de mâchoire d’où naissait un fin filet de salive presque noire. Et au rythme de ce son, ses goules se répartissaient de part et d’autre du duo, un mouvement d’encerclement immuable comme la marée montante… Nora fit un pas de côté, se plaça entre elle et la masse spongieuse de leurs indésirables visiteurs. Un bras protecteur, prêt à agir. Il ne pourrait bientôt plus la protéger du cercle complet de leurs envahisseurs. Ou le pourrait-il ? Luz pencha sensiblement la tête de côté, quelques mèches flammes glissant de son épaule. Elle le couvrit de son regard curieux, un calme obscur de lac de montagne. Quel était son pouvoir ? Elle l’ignorait. Un Aventurier avait-il une spécialité ? Elle l’ignorait.

    Elle n’aimait pas ne pas savoir.

    Lentement, ses prunelles glissèrent de ce bras protecteur à ses doigts, ces mains d’homme au travers desquelles son regard vint s’arrimer au marchand de sable. Elle le fixa en retour, paisiblement, et ses lèvres vinrent s’incurver en un fin trait carmin. Un sourire rouge comme une ligne de sang. Une onde ombrageuse passa dans ses prunelles, fragment métallique qui glissa comme une lame de silex dans le vert de son regard. Une douzaine de goules, pour deux. Elle en avait abattu bien plus que cela aux côtés de son escouade dans les tréfonds de la Cité Enfouie. Seul le marchand de sable demeurait une donnée inconnue : ils devaient le tuer en priorité. Ils ne pourraient fuir si celui-ci s’avisait d’appeler à lui davantage de chair à sacrifier. Désorientées et libérées du joug de cette présence nuisible, les autres goules ne seraient alors plus guère difficiles à massacrer qu’un troupeau d’herbivores.

    « Je te libère un passage jusqu'à lui. »

    Elle ne se soucia pas de savoir s’il avait compris son propos. Il était Aventurier, compétent de surcroît. Elle lui prêtait une confiance aveugle. Elle poussa sur son talon. Et il y eut un bruit de détonation semblable à la fulgurance du tonnerre. L’électricité explosa sous sa semelle tandis qu'elle se projetait brusquement d’une détente incurvée vers l’avant, frôlait le flanc de Nora et passait sous son bras à une vitesse décuplée. Elle bondit juste avant d’atteindre les premiers rangs de leurs ennemis, pivota sur ses hanches et invoqua le pouvoir de Métrique, ses doigts tendus au-dessus du vide qui la séparait encore du sol. Les mâchoires d’une goule se refermèrent sur son ombre en un claquement sec. Elle frôla son crâne, ramassa ses jambes contre elle pour se préparer à l’impact de sa redescente… La plante de ses pieds entra soudainement en contact avec l’immense plaque bleutée qui venait de se matérialiser sous elle. Entraînée par son poids, lui-même accentué par la vitesse, le champ de force s’écrasa brutalement au sol, clouant dans la terre dure deux goules malencontreuses dont les cris stridents furent instantanément fauchés. Il y eut un effroyable bruit d’os brisé. Un dernier gazouillement qui s’acheva lorsque la matière conductrice de la plaque délivra une décharge d’électricité sur ses victimes.

    Accroupie sur son champ de force, la silhouette de Luz s’était irisée d’un courant chatoyant. L’air moite frémissait en langues de fumée sur le velours de sa peau. Plus que dix. Et le marchand de sable. La surprise était passée, les goules s’agitaient d’une hargne renouvelée, grattant l’espace de leurs griffes acérées à la manière d’une foule en colère. Elle roula sur le côté pour éviter l’étreinte mortelle de sa proche voisine. Redressa dans un même mouvement la plaque à la verticale pour s'en servir de bouclier, se rétablit sur ses jambes, tendit la main en avant… Une deuxième plaque bleutée apparue à côté d’elle. L’une à sa gauche, l’autre à sa droite. Manipulatrice de fils invisibles, chef d’un orchestre inexistant, Luz ouvrit vivement ses deux bras, paumes vers l’extérieur. Ces deux murs de deux mètres sur deux mètres s’écartèrent brusquement d’elle, balayant sur leur passage toute goule indésirable, le visage écrasée contre leur surface pour les projeter plus loin. Cela traça tout autour d’elle un large couloir vide. Une salve de grognements douloureux accueillit son intervention. Nul doute qu’elles ne tarderaient guère à se relever…

    Plus que quatre plaques à matérialiser. Les sourcils froncés par la concentration, luisante d’électricité, Luz profita de l’accalmie pour extraire de son sac sans fond son troisième atout. La lame de son épée de souplesse étincela au soleil tandis qu’elle fléchissait les jambes, se préparait à faucher de nouveaux rangs au milieu de la danse saisissante de ses champs de force. Oui, Luz n’avait de Noble que le titre. Elle qui avait écumé les routes aux côtés de la Garde et de la Guilde des Aventuriers, était revenue parmi les rares survivants de la Cité Enfouie. Elle qui s’entraînait chaque jour avec Zahria, le Maître Espion, avec Naëry et Carciphona, Saphir de la Guilde. Plutôt laisser le monde s’effondrer que d’échouer à soutenir Nora !

    Pourvu qu’il profite de l’ouverture. Pourvu qu’il puisse abattre le marchand de sable !


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    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Lun 24 Aoû 2020 - 22:47 #

    Capitale en ruines





    Une main ressentait la chaleur de celle de Luz qu'il ne voulait pas lâcher, l'autre, celle de ses paumes, rouges à force d'y planter ses ongles à l'usure de sa propre anxiété. Un rythme de marche soutenu fit défiler les bâtisses et débris comme dans un panorama horrifique à en défriser n'importe quel citadin. Il n'en était pas un, mais même lui se trouvait effrayé par ce spectacle. Qu'était-il, sinon un jeune adulte, tout juste sortit de l'adolescence ? Qu'avait-il connu ces dernières années, sinon principalement ce gouffre de désespoir qui avait engloutit plusieurs années de sa vie dans une dépression sans comble, aujourd'hui matérialisée devant ses yeux ? Il avait remonté la pente, fait le deuil de sa mère, avait aussi trouvé un but, mais mit face à la dureté de cette réalité qu'ils affrontaient ne lui procura que plus de mal encore. Son père n'existait probablement plus ici, ni-même pourrait-il espérer le croiser par hasard : Aryon est vaste et, si elle n'est plus que ruine en ce funeste jour, alors il n'aura plus aucun repère pour savoir où appuyer ses recherches. A cet instant, il eut l'impression d'être dans un premier temps seul au monde, mais également aux cotés de son espoir. Tiré par la main, un phénix qu'il s'était mit à aimer compulsivement dans une tentative de retrouver l'humanité, le feu battant ses émotions au rythme d'un tambour effréné, pulsant l'hémoglobine dans ses veines et le faisant serrer le poing, elle vivrait quoi qu'il en coûte, plus aucun sacrifice ne sera à déplorer, exactement comme il se l'était promis le jour où il devint aventurier.

    Tiré de ses pensées par une forme croisant leur route, le chasseur baissa les yeux du décor affligeant pour y voir tout ce qu'il y avait de plus innocent au monde. Un gloot, roulant d'un tas de briques et titubant avant de reprendre sa marche sur ses quatre minuscules pattes. Si ce n'était pas un air totalement incrédule sur le visage du brun, il ne s'appelait définitivement pas Nora. Arquant un sourcil en suivant sa route du regard, le jeune homme eut de nouveau pied avec la réalité, comme s'il s'était égaré trop loin dans ses pensées, comme si ce gloot était envoyé par Lucy pour l'inciter à croire en la vie. Le second signe ne tarda pas à suivre, au détour d'une ruelle ascendant en direction du Palais, des pas résonnaient, un petit groupe marchant de manière désordonnée à n'en juger que par l'oreille, l'œil annonça quant à lui une sinistre nouvelle. Des goules, dont une au regard vif. Ils avaient manqué de prudence, munies d'audition, les créatures bien que lentes bientôt les encerclaient, dictées par des grincements et plaintes s'échappant du marchand de sable. Instinctivement, Nora se plaça entre ce probable leader et sa protégée. Un bras tendu à l'horizontal eut bien assez rapidement traduit ses intentions alors qu'il tirait son épée de sa main libre, la dressant face à lui dans une posture défensive. Qu'attendaient-ils ? Bientôt la boucle se fermait et tenus en respect par le nombre, l'aventurier serra les dents. Saurat-il protéger son amie ? Il avait bien un plan de secours qui impliquait la fuite, mais Luz n'était au courant de rien et obtenir son accord aurait été consciencieux de la part du jeune homme, s'il l'avait fait plus tôt. Mais il n'avait plus le temps de lui expliquer sa parade, il allait devoir se battre de son mieux.

    - "Je te libère un passage jusqu'à lui."

    Il eut un moment d'égarement. Luz s'était manifestée et son timbre était confiant, sa voix, comme toujours rassurante. Si elle lui assurait de lui ouvrir la voie, alors il irait les yeux bandés, ruant l'épée pointée vers la gorge de la goule savante. Une terrible déflagration, du moins, c'est ce qu'il crut entendre, comme lorsque la foudre bat le sol avec sa puissance inouïe, dans ce même éclair était partit Luz au corps à corps, démontrant une aptitude au combat parfaitement étourdissante, écartant, broyant ses ennemis en évoluant dans l'arène comme une danseuse captivant l'attention de son publique. Elle était stupéfiante, l'aventurier, stupéfait, au moins autant que sa cible qui prise au dépourvu par la vitesse des évènements, n'intimait plus la moindre directive à ses larbins. Nora se rua et bientôt, l'attention de l'ennemi se reportait sur lui, tout à son avantage. Elle grinça des dents une deuxième fois et les goules restantes changèrent de cible pour viser l'aventurier. Ce dernier ne baissa pas les bras, bien au contraire. Tenant sa lame à deux mains, il libéra provisoirement la droite en levant la voix.

    - "Couvre tes yeux !"

    Sa main se dressa vers le ciel, son pouce rejoint son majeur et dans un frottement audible lorsque le temps sembla s'arrêter, le son du claquement de doigt accompagna une lumière éblouissante pendant une longue seconde pendant que, les yeux clos, le chasseur fusait. Achromat, la bague attachée à sa dextre avait eu sa première entrée en scène digne d'un prodige, rayonnant pour laisser vulnérable les créatures ayant posé les yeux sur le brun. Le marchand de sable avait placé ses mains, paumes vers l'extérieur devant ses yeux pour se protéger de l'étincelle aveuglante, forçant une ouverture dans sa défense.

    La lame pénétra, tirant la peau à l'intérieur et sectionnant muscles et tendons. Une incision en estoc, ouvrant une faille béante dans la gorge de sa cible en emportant avec elle un avant-bras lorsque le garçon trancha à l'horizontale pour achever sa proie. Dans un gémissement et une pluie de sang, le marchand de sable gargouilla et s'effondra pour finir sa convulsion au sol, le reste du groupe semblait visiblement désemparé, si bien qu'ils se tenaient là, bêtement à mugir dans leur propre langage bestial. Le visage couvert de la substance noirâtre aux reflets rouges, l'aventurier se tourna pour se hâter aux cotés de Luz. Les charognards n'avaient plus de repères et après avoir perdu plusieurs de leurs alliés, certains visaient la fuite. Le coup porté à son ennemi avait laissé Nora non pas épuisé physiquement, mais blessé en son fort intérieur. Tuer n'était en rien quelque chose qu'il aimait faire, l'exaltation du combat n'était présente que lorsque le combat s'avouait risqué, dangereux, mais aussi à force égale. Il n'avait fait qu'abattre une horrible créature, certes, mais sans défense, dépourvue d'issue, la panique était probablement sa dernière émotion et l'aventurier ne pu y trouver une quelconque gloire, sinon le fait d'avoir pu servir Luz. Il se rassura dans ce dernier constat et d'un mouvement sec du poignet débarrassa sa lame des fluides qui la tâchait. Du revers de la manche, il frotta son visage et ne fit qu'étaler le sang coagulé sur celui-ci, au moins il ne ressentait plus ce dernier s'écouler sur ses joues.

    - "Ils ne feront plus rien dans leur état ... les chasser ne sera qu'une perte de temps et d'énergie. Tu as été incroyable, je n'ai jamais vu un médecin aussi redoutable."

    Sa dernière remarque était empreinte d'un ton railleur et admiratif, agrémenté de son meilleur sourire. Elle était d'autant plus attirante avec cette expression guerrière ... Attend, venait-il vraiment de penser ça ? Son regard planté dans le sien, il se mit à rougir subitement – pas que ça se voit vraiment avec son maquillage improvisé – et son ton se mit à défaillir.

    - "Enfin, je ... ne voulais pas prendre les devants ou quoi que ce soit ... Hum, désolé Miss Wei ... Luz !"

    S'il pouvait se frapper lui-même sans avoir l'air d'un idiot, il l'aurait sûrement fait, adieu l'heure de gloire, adieu la crédibilité, bien que ce n'était que des formalités : sa véritable victoire était de pouvoir encore sourire à Luz, cette fois-ci, il avait vraiment le sentiment d'avoir pu la protéger.



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    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Mar 25 Aoû 2020 - 0:04 #


    Son estafilade la lançait. Elle pouvait sentir l’haleine des goules longer sa peau, effleurer avec envie le sang qui maculait son bras. Elle gronda lorsque l’une d’entre elles daigna s’approcher de trop près, ses griffes brassant l’air pour ne saisir que l’once d’une mèche flamme lorsque Luz amorça une esquive. Sa lame remonta en un vif mouvement circulaire, tranchant le poignet coupable. Ses sourcils étaient tout à fait plissés par l’effort à présent, et la plante de son pied nu était marbré de coupures tandis qu’elle tâchait de virevolter sur les arrêtes rocheuses du chemin. Ce n’était néanmoins que des blessures mineures et parfaitement partielles : pour des rescapés de la fin du monde, ils s’en tiraient outrageusement bien. Et tant pis pour sa pauvre tunique blanche qui était à présent maculée d’hémoglobine, de terre et de poussière ! Ah, comme elle regrettait de ne pas avoir été prévenue à l’avance… Cette expédition en terrain hostile aurait été bien plus aisée vêtue de cuir et de bottes décentes.

    Le souffle ramassé dans sa gorge se stoppa lorsque des bras se saisirent soudainement d’elle. Malin et cruel, leur marchand de sable s’adonnait à une savante stratégie qui reposait essentiellement sur leur nombre… Anticipant la dérobade arrière de Luz, l’une des goules la tenait ainsi fermement à la disposition de n’importe laquelle de ses tendres partenaires. Retenant une grimace de dégoût – belle fin du monde romantique, que d’être tenue amoureusement par une goule -, Luz puisa cette fois-ci dans sa propre énergie magique. Les bras de son adversaire se refermèrent soudainement sur du vide, une onde électrique fusant au travers de son torse en un zigzag hiératique. Luz réapparut en un instant en suspension dans son dos, retombant lourdement sur les épaules de la bête, lame droit vers l’avant. L’acier mordit les chaires et pénétra aisément sous la peau, sensiblement ralenti par les vertèbres qui se fendirent à son contact. La goule bascula vers le sol et son fardeau rétablit sa chute d’une courte roulade. Haletante, elle se releva d’un bond et se prépara à invoquer son troisième champ de force.

    Mais plus personne ne bougeait.

    Figées dans un simulacre de comédie, les goules paraissaient saisies d’une hésitation totalement inattendue. L’une d’elle manqua même glisser sur l’un des décombres, ayant stoppé trop vite son mouvement. Car prise par l’agitation du combat, Luz n’avait pas entendu le bref grognement de souffrance du marchand de sable. Un grognement qu’aucune des autres goules n’avaient entendu jusqu’à présent, et qui les terrifiait désormais : que faire lorsque sa propre tête pensante était tranchée ? Quelle décision prendre ? Où aller ? Elles qui n’étaient qu’une espèce charognarde, peureuse face au danger, plus habituée à l’obscurité des souterrains et des marées qu’aux esplanades ouvertes au grand soleil. L’espace d’un interminable moment, elles jaugèrent prudemment les deux irascibles voyageurs qu’elles avaient abordés. Luz crut voir l’une d’entre elles opter pour le combat lorsqu’une autre à l’arrière fit le choix immédiat de la fuite. Son geste, plus rapide, acheva de décider le reste de la masse qui s’égaya en tous sens tels des perdreaux effrayés.

    Luz laissa filer un long, très long soupir. Le souffle soigneusement relâché calma les élancements de son cœur, agacé par l’adrénaline. Elle secoua la tête pour chasser la poussière qui maculait ses joues et planta sa lame dans le sol. Nul ne savait quand ils seraient de nouveau agressés par des prédateurs affamés. Ils devaient trouver une solution pour se sortir d’ici, et rapidement… Si la vie sur Aryon avait diminué de moitié, les quelques carnivores de la zone devaient être prêts à bien des prouesses pour un morceau de viande juteuse.

    « Heureusement qu’ils ont fui… »

    Nora s’était rapproché d’elle. Il arborait les mêmes traits fatigués qu’elle, ce qu’elle jugea foutrement drôle. Allons, lui qui n’avait que la jeunesse pour lui-même… ! Sa remarque suivante acheva de lui tirer un rire. Lui qui venait de découper le tronc d’une goule sans faiblir se retrouvait soudainement tout démuni devant une femme plus âgée. Ou était-ce simplement le genre féminin qui lui faisait cet effet… ? Il n’en fallut pas plus pour que Luz retrouve son expression renarde :

    « Ah, tu préférais prendre les arrières ? Je comprends… »

    Ses prunelles pétillèrent. Son ton ambigu, ronronné d’une voix taquine, ne laissait aucune place au doute. Ah grand dieu, ce qu’elle faisait était mal… Embêter si ardemment les jeunes hommes prometteurs ! Elle se jura de cesser un jour d’asticoter d'innocentes victimes. Un jour. Peut-être. Pour l’heure, elle attrapa le poignet de Nora et le tira doucement à elle. Elle l’étreignit avec sa spontanéité tactile coutumière, tout aussi honnête que malicieuse : elle n’ignorait pas qu’elle pressait sa poitrine contre son torse à travers le fin tissu de sa tunique et que la courbure de ses reins lui faisait épouser sa silhouette. Elle était toutefois parfaitement sincère lorsqu’elle lui exprima son soulagement :

    « Je suis contente que tu n’aies rien. »

    Elle le relâcha, non sans un sourire mutin.

    « Enfin, pour le moment. Si nous continuons à tomber sur toute la foutue faune du continent, il n’est pas dit que nous survivions au reste de la journée… Nous ferions mieux d’avancer jusqu’aux hauteurs. Et de trouver à manger et à boire. »

    Pour sa part, elle n’avait pas la moindre envie de tester la goule cuite ou crue. Ils ignoraient s’il leur serait possible de retourner à leur époque… Autant commencer à préparer l’inévitable. Elle sortit un catogan de son sac sans fond et attacha ses cheveux d’un mouvement expert. Une queue de cheval serait moins bien pénible en combat ! Après l’avoir débarrassée d’une grande partie du sang qui s’y était déposé, Luz rangea sa lame au fourreau à présent accroché à sa taille. Elle se sentait déjà un tantinet plus équipée qu’auparavant. Ils reprirent ainsi le chemin des hauteurs, bien plus prudemment…

    « Donc, tu peux faire des flashs avec tes mains ? s’enquit-elle, curieuse, tandis qu’ils enjambaient de nouveaux décombres, quarante minutes plus tard. »

    Elle s’était exprimée à voix basse pour être certaine qu’ils ne seraient pas entendus.

    « Tu es chasseur de créatures en tout genre ? »

    Ils avaient fait une pause, divergés de leur chemin le temps de vérifier de plus près l’éclat cristallin qui s’était dévoilé à leur vue. Un toit effondré s’était transformé en cuvette, et ils tentaient présentement de rejoindre cette eau douce accumulée par la pluie dans le but de remplir leurs gourdes et de s’assurer de généreuses rasades d’eau… Luz, qui n’était pas du genre à dédaigner sa curiosité, avait soigneusement attendue son moment pour obtenir de plus amples renseignements sur lui. Elle mit sa main en visière pour observer le chemin qui s’étendait derrière eux. Vingt minutes encore et ils devraient atteindre les hauteurs. A l’horizon, le soleil décroissait lentement. Leur téléportation subite avait-elle également altérée l’heure… ? N’était-ce pas le matin, avant que la tornade ne les emporte ailleurs… ?

    « On dirait qu’il va bientôt faire nuit… constata-t-elle, à demie incrédule. »

    Après tout, ils avaient à première vue traversé les siècles. Pourquoi pas aussi à un autre moment de la journée ?

    « Que veux-tu faire ? »

    Fallait-il chercher un endroit où camper ? Se préparer à l'obscurité qui s’annonçait rude, avec une multitude de dangers invisibles à proximité ? Rester en hauteur ? Chercher le réconfort d’une bâtisse encore à peu près debout... ?

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    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Jeu 27 Aoû 2020 - 16:19 #

    Capitale en ruines





    Le souffle lui manquait, cruellement, la quantité d'air qu'il arrivait à respirer était limitée et son visage affichait une expression légèrement déconfite – cette même expression qui se ravisa aussi vite lorsque Luz glissa à l'oreille du chasseur des mots de trop, qui eurent raison de sa chasteté naturelle et firent cette fois-ci chauffer pour de bon ses joues. Le dessin était clair, même pour quelqu'un avec très peu d'expérience et un esprit naïf, il n'avait que trop peu de mal à saisir la boutade. Il bégaya quelques mots incompréhensibles et fit un pas en arrière par réflexe, la rousse en décida autrement et tira le poignet du garçon pour l'enlacer.

    Si elle avait des doutes sur la fébrilité du jeune homme, ainsi l'un à l'autre collés elle n'aurait aucun mal à trouver une réponse claire quant à son état actuel. Le cœur du chasseur battait la chamade, le rythme cardiaque bien plus élevé que pendant l'affrontement avec le marchand de sable, il sentit toutes les courbes de la demoiselle épouser les siennes, suscitant une excitation mal dissimulée ... par le tremblement de ses mains qu'il posait sur ses hanches, présentement mal à l'aise dans cette situation. Les mots qu'elle prononçait, cette fois-ci, firent s'arrêter son cœur pendant une fraction de seconde. A tant malmener son corps, il finirait certainement par réellement en pâtir, cette femme est définitivement dangereuse, tant au combat que dans l'art de la taquinerie. Conquis par cette douceur bienvenue après tant de panique, il rendit sincèrement son étreinte en enlaçant ses épaules, puis il la laissa aller et répondit avec tout autant de bienveillance.

    - "Je suis également heureux que tu t'en sortes sans grosse blessure. Je n'aurais su que faire sans toi ..."

    Son regard se perdit dans le vide un instant et Luz le tira de ses rêveries aussitôt, pour le mieux.

    - "C'est une bonne idée oui, allons vers les hauteurs. J'espère que les ponts ont tenus ..."

    C'était probablement le cas, les grandes arches de pierre enjambant les fleuves étaient assez robustes pour permettre aux véhicules de les traverser, certaines charrettes étaient même assez grosses pour un instant faire douter l'aventurier, celui d'après, totalement le rassurer sur ce point. Rassemblant ses affaires après avoir jeté un dernier coup d'œil dépité aux créatures broyées et tranchées par le précédent massacre, il s'éloigna avec hâte de la scène macabre pour trouver une route praticable et si possible, peu exposée, histoire d'éviter d'autres malencontreuses rencontres. Arrivés à proximité d'un des ponts qui attira l'attention du jeune homme, il observa avec un soulagement visible la structure massive qui n'avait pas failli - certes, elle n'était pas aussi étincelante qu'à son habitude et le lierre s'enroulait autour de ses piliers imposants, mais l'ensemble avait l'air assez robuste pour porter bien plus qu'un duo de jeunes adultes en pleine forme physique. En entreprenant sa traversée, Luz raccorda la conversation sur un sujet qui interpella le garçon et le tira aussi net de ses pensées, concernant son pouvoir et son loisir principal.

    - "Grâce à cette bague, oui."

    Il tira le bijou de sa main pour le lui prêter, un cercle blanc large de quelques millimètres dont l'ornement était composé d'une écharde noire aux reflets cristallins ainsi que d'une sphère translucide, l'une au-dessus de l'autre.

    - "Elle me permet de créer des flashs lumineux, c'est extrêmement pratique pour aveugler un ennemi et lui faire baisser sa garde. Mon pouvoir me permet de vivre les souvenirs d'autrui, ce n'est pas vraiment pratique pour l'offense, alors il a fallu que je trouve une alternative ... et toi ? Ton pouvoir c'était ces ... grosses plaques ?"

    N'ayant pas vraiment idée de ce qu'elle avait utilisé, il tenta de corriger la manière dont il avait nommé le phénomène, malheureusement sans grand succès. Il enchaîna donc avec la seconde question.

    - "Pour ce qui est de la chasse, je n'ai jamais vraiment abattu plus gros qu'un cerf ... Si, il y avait bien des sangliers des montagnes, mais c'est avant tout pour me nourrir, j'évites les auberges et je passe mes nuits dehors, alors ... disons que c'est sûrement mon plus précieux atout !"

    Perdu dans ses pensées, il se remémora un souvenir peu agréable impliquant un sanglier dans la montagne, lors d'une de ses précédentes quêtes. Il eut bien assez vite fait de se débarrasser de sa moue et suivit Luz lorsqu'elle lui indiqua un bâtiment attirant son attention, là où ils purent remplir leurs gourdes – l'aventurier se trouvant idiot, ne se remémora qu'à cet instant de sa possession de la gourde fontaine, il s'excusa alors à la rousse pour ce détour pour finalement acquiescer d'un hochement de la tête lorsqu'elle constata la nuit qui allait bientôt montrer le bout de son nez. La journée, même forte en émotion n'avait pas fatigué le brun comme une journée complète, le sommeil lui manquait, mais il était également plus sage de trouver un abri tant qu'il faisait encore assez jour. Qui sait ce qui rôderait dans le coin aussitôt que la pénombre aura enveloppé la Capitale pourtant si rassurante en temps normal, même de nuit.

    - "J'ai peut-être une idée. Le Palais Royal n'est plus très loin, en pressant le pas, on pourra s'y infiltrer, même si on n'y trouve personne, c'était probablement l'endroit le mieux gardé de la Capitale. On devrait y être en sécurité."

    Parler au passé d'un endroit qui représentait tant pour le peuple, bien que lui-même n'y soit pas directement rattaché, créait une légère angoisse dans le cœur du jeune homme. Il ne s'y était jamais rendu de lui-même, n'y ayant rien à y faire de toute façon, mais le contexte actuel laissait y voir une nuance d'espoir, quoi qu'ils puissent y trouver serait déjà une réponse de plus quant à leur interrogation initiale : que vit au centre de la ville et si ce n'est que la ruine, où est le reste de l'humanité ? La marche en hâte qui définissait le rythme actuel du chasseur permit aux naufragés d'atteindre les portes de leur objectif avant qu'il ne fasse trop sombre pour risquer la nuit en extérieur.

    - "Nous y voici, il n'y a plus qu'à trouver un accès, je doute que les grilles soient déverrouillées."

    Bien évidemment fermées, il fallut trouver un chemin dérivé pour accéder aux jardins, ce que fit l'aventurier en balayant du regard le rempart trop haut pour être escaladé. Juste là, à quelques mètres à peine de l'entrée principale pouvant accueillir même les voitures, une entrée réservée au personnel, une grille ayant rouillé avec l'usure du temps. Le mécanisme de serrure ainsi que la poignée trop abîmée ne laissèrent au jeune homme qu'un choix dénué de délicatesse, c'est-à-dire enfoncer le verrou à grand coup de talons. La tâche ayant généré un certain boucan, il se hâta de terminer le travail et à raison d'efforts et de persévérance, la poignée céda pour laisser pénétrer ses invités indésirables alors que l'aventurier invita Luz à franchir la première le pas.

    Les jardins, autrefois resplendissants et affichant une variété de fleurs toutes plus belles les unes que les autres n'était maintenant qu'un amas de ronces et de plantes envahissantes, la palette des couleurs étaient également bien moins variées. Sans entretien, certaines fleurs d'apparat se mourraient très vite, c'était aussi probablement le cas de celles-ci qui n'avaient même pas laissé de progéniture à leurs pieds.

    - "C'est ... plus lugubre que dans mes souvenirs."

    Qui n'avait pas au moins une fois salué la composition naturelle de l'endroit, maintenant fait d'herbes folles et de pans de murs sales, certaines fenêtres étaient brisées et rafistolées, quelques tours ne tenaient plus alors que la végétation enlaçait les derniers édifices luttant encore contre l'œuvre du temps. Nora accompagna Luz au travers des jardins en tirant sa lame, il restait le doute – en constatant l'apparence barricadée de certaines fenêtres – qu'il existe un groupe de survivant peu avenant et certainement alertés par le vacarme produit lorsque le chasseur enfonçait l'entrée. Il fit donc signe à Luz de l'attendre à quelques mètres pendant qu'il irait s'annoncer. Face aux finitions malmenées d'une grande porte étant autrefois l'entrée principale, Nora prit une grande inspiration et frappa contre le bois, poing fermé, à trois reprises, puis à haute voix – heureusement assez loin de la voie publique pour ne pas alerter d'autres goules – il se présenta.

    - "Excusez-moi, je me nomme Nora Eos, aventurier. Je me suis perdu avec mon amie dans la ville, est-il possible d'entrer ? Nous sommes pacifiques."

    Le silence total l'accueillit. Aucune voix, aucun bruit de pas, aucune respiration de l'autre coté de la porte et surtout, aucune réaction de son pouvoir lorsqu'il avait frappé. Il fit un pas en arrière et jeta un regard incertain à Luz. Sa voix avait porté et s'il existait bien une âme vivante ici, elle ne souhaitait pas se manifester. Sa lame toujours en main, il avança vers une des fenêtres barricadées et escalada son rebord pour jeter un œil entre deux planches de bois décollées. L'obscurité était omniprésente, l'absence d'alerte dans l'instinct du jeune homme le chagrina. Peut-être aurait-il été mieux de rencontrer des survivants, quitte à se faire dépouiller, que d'affronter une fois de plus le silence affligeant d'une ville déserte. En faisant pression avec son pied contre le bois, il s'avéra bien moins résistant que ce qu'il aurait pensé, partant en poussière plutôt que de casser nettement, répétant l'opération plusieurs fois, il ouvrit un accès vers l'intérieur du Palais au travers duquel il invita la belle rousse. En temps normal, il aurait demandé à sa partenaire de rester à l'extérieur pour explorer seul l'endroit et s'assurer de la sûreté des lieux, en l'occurrence, la demoiselle avait démontré une aptitude hors normes au combat, ainsi elle serait certainement bien plus capable que lui, puis ça éviterait de les séparer, il lui tendit donc la main pour pénétrer dans une grande salle à banquet.

    L'atmosphère changeait aussitôt à l'intérieur, le peu de lumière filtrant par l'entrée improvisée et les trous dans les autres barricades plongeaient la pièce dans une pénombre oscillant entre l'ambre et l'azur, le soleil couchant força le jeune homme à sortir sa pierre de feu et à l'activer pour créer une flammèche qui permettrait un peu mieux de voir où il mettait les pieds. Les tables renversées, chaises éparpillées, la vaisselle brisée au sol, rien n'allait plus dans cet endroit et ce que montrait déjà les pièces voisines ne rassurait en rien le jeune homme quant au reste de l'état de la demeure royale. Il n'y avait aucun signe de présence quelconque, aussi si quelqu'un habitait le lieu, il devait probablement ne pas beaucoup bouger lors de ses journées car le simple mouvement du duo suffisait à lever la poussière de chaque meuble. Le hall d'entrée voyait ses tapis ternis, son mobilier légèrement dérangé, mais encore une fois, rien qui n'indiquait que quelqu'un s'était établit ici à long terme, pour ce qui concerne les barricades, au vu de leur facture, elles avaient certainement été faites à la hâte. Explorant une à une les pièces, l'aventurier ne remarqua aucun détail indiquant la présence de vie ici. Au final, tout semblait plutôt vide, concernant le bâtiment principal, il n'avait été que peu affecté par la végétation, ce n'était pas aussi évident pour le reste de l'endroit.

    - "Il n'y a eu aucune vie depuis un long moment, ici. Le point positif, c'est que nous avons certainement trouvé notre abri pour la nuit."

    Il frotta l'arrière de sa tignasse, l'air visiblement embêté. Offrir ce genre de confort à une dame telle que Luz n'était pas dans les manières du jeune homme, un endroit aussi poussiéreux et délabré, même une auberge sur un sentier peu fréquenté serait certainement plus luxueuse, puis ils n'étaient clairement pas venus ici pour faire du ménage, auquel cas l'endroit aurait certainement été bien plus accueillant et aurait pu servir de camp. Malheureusement, leur séjour ici n'était pas vu pour s'étendre dans le temps, ils avaient bien trop à faire pour découvrir la vérité. Un sortilège ? Un voyage dans le temps ? Juste un rêve ? Bien trop de possibilités qui laissèrent l'aventurier à la dérive. Après une première nuit, peut-être trouveraient-ils une piste, ou au contraire seraient-ils encore plus perdus ? Nul ne le savait. Gardant ses interrogations pour lui, le jeune homme termina son exploration sur une porte à proximité des appartements luxueux ayant attiré son attention. Le bois vieillit grinça alors que le brun poussait son entrée pour découvrir un endroit ayant préservé ses charmes malgré l'usure du temps.

    Une salle de bain, non pas comme l'on peut en trouver à peu près n'importe où, mais bien des thermes, décorées de piliers, de statues et bancs en marbre, avec tout un coté réservé à la détente. Les fontaines équipées de cristaux de pluie étaient éteintes et l'eau, bien moins limpide que ce qu'elle aurait dû être réellement. Le toit, en partie effondré, laissait passer la lueur du ciel étoilé, octroyant cette ambiance bleutée et paisible à cet endroit qui d'entre tout les autres, eut le don d'émouvoir le jeune homme qui osa quelques pas de plus dans la pièce. Arrivé face au bassin principal, il effleura l'eau du bout des doigts en produisant une onde qui dérangea les feuilles mortes flottant à sa surface. Fraiche, mais pas froide, le bruit des gouttes perlant de l'index et du majeur droit résonnait dans la pièce et rendait d'autant plus de vie à cette ambiance atypique. Le bruit lointain du vent, se levant dans les arbres à l'extérieur eut bien vite enchanté le garçon qui commença à s'imaginer plonger pour une brasse dans ce bassin. Couvert de sang, il n'aurait pas dit non à un bain, mais trouver un appartement convenable faisait aussi partie de ses priorités et il jeta un coup d'œil à Luz.

    - "Malgré la situation, cet endroit est vraiment magnifique. Si ce n'étais pas pour les circonstances actuelles, j'aurais certainement piqué une tête dans l'eau."

    Il offrit un sourire insouciant à la demoiselle en terminant de se tourner vers elle. Si l'occasion se présentait, il n'hésiterait pas un instant pour se jeter à l'eau. Mais la pudeur et l'angoisse le rattrapaient bien assez vite, il devait se concentrer sur sa mission avant de penser à s'amuser.



    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: [défi RP] Capitale en ruines
    Lun 31 Aoû 2020 - 19:01 #


    Luz l’avait suivi dans les contreforts du palais. La bâtisse, autrefois spectaculaire, n’arborait plus qu’une structure trouée par le temps et les intempéries. Elle peinait à prendre garde où elle mettait les pieds : ses yeux n’avaient de cesse que de s’égarer sur les environs, une moue indescriptible sur le visage. Une légère tristesse s’était emparée de ses épaules, incurvait la pointe de ses lèvres vers le bas et se traduisait dans le pli de ses sourcils. Une vexation ? Peut-être. Elle avait posé la paume de sa main contre le mur, et la pierre lui parut froide et humide sur sa peau, presque comme le corps éprouvé et agonisant d’un ancien ami. Elle avait vécu en ces lieux, les avait parcourus maintes et maintes fois afférée à ses soins royaux pas plus tard qu’hier. Elle y lisait la rumeur des chuchotements, le claquement des talons de la Garde royale, le bruit affairé des courtisans et des domestiques… Le rire de la Reine, son regard doux, cette manière qu’elle avait d’évoluer dans ses quartiers avec une grâce innée soulignée par sa royale couronne.

    Oh, comme il était étrange à présent de contempler ces lieux... De toutes ces salles éventrées, fantomatiques présences oubliées par le temps, le pire restait le silence. Un silence saugrenu, surnaturel, qui n’aurait jamais dû prendre ses aises en un tel lieu. Qu’étaient-ils tous devenus ? Ces êtres dont elle était si proches, qu’elle avait connus, et qui n’existaient plus dans ce siècle-ci ? Etait-ce une illusion ou avaient-ils tous péris horriblement, sans elle, tandis qu’elle arpentait le futur sans pouvoir assister au présent ? L’avaient-ils cherchée, l’avaient-ils attendue… ? Elle ôta sa main comme si elle se fut brûlée. Le grand palais royal, chamarré d’ombres, trônait sur l’endroit dans un silence sépulcral, terriblement seul… Chaque fissure dans ces pierres était un rappel criant que sa famille était peut-être morte. Envolée. Sans elle. Zahria s’était-elle défendue ? Avait-elle lutté longuement avant que la mort ne survienne ? Naëry avait-il trouvé refuge avec elle ? Avait-il tenté d’aider et de sauver les âmes innocentes autour de lui, vers le plus proche abri ? Et Calixte ? Il n’aurait assurément pas abandonné Zahria. Enlacé, peut-être, avec elle, dans un sommeil qui ne verrait plus d’aurore.

    Ses prunelles fouillèrent l’obscurité des couloirs. Aucun cadavre n’était visible. Pas même la trace d’os humains. Quoi qu’il se fût passé, cela s’était saisi de la Capitale à la manière d’un vent d’hiver qui n’avait plus laissé sur le sol que le lointain souvenir d’une vie passée. Toute matière organique avait été réduite à l’état de poussière dans les abysses, hormis les créatures qui peuplaient de toute évidence encore ce monde. Les sourcils de Luz se froncèrent un peu plus tandis qu’elle versait dans une réflexion plus profonde et se détachait de ses propres émois. La curiosité était une tendre amie qu’elle ne pouvait dédaigner en cet instant : elle lui permettait de tenir bon et de s’adonner à d’autres considérations que la perte probable de ses êtres chers. Qu’avait-il bien pu se produire ? S’agissait-il de la réalité à laquelle ils appartenaient ? Depuis combien de temps la Capitale était-elle dans cet état ? Cela touchait-il tout le continent ou demeurait-il des villages peuplés ? Les os mettaient jusqu’à trois ans pour retourner à la poussière. Bien plus de temps devait s’être écoulé… Et au juger de l’état environnant des bâtiments, la fin du monde ne s’était pas avéré paisible.

    Luz s’ébroua comme au sortir d’un songe, juste à temps pour voir la botte de Nora disparaître au coin d’un couloir. Elle se remit en route, peu inquiète de l’obscurité susceptible de rôder dans les anciennes ailes du palais. Malgré les circonstances, elle ne pouvait lutter contre cette impression de familiarité discordante – elle était en partie chez elle, et rien ne pourrait attenter à leur vie en ces lieux. Pour le moment. Lorsque l’on ignore quel adversaire nous traque, le mieux était encore de rester mobiles. Ils avaient appliqué cette consigne à la lettre et se trouvaient à présent bien loin de leur lieu d’apparition et du raffut que leur combat avait engendré. Elle releva des prunelles curieuses vers Nora lorsqu’elle l’entendit s’exclamer et le vit s’arrêter à l’aune de deux portes ouvertes. Elle se glissa derrière lui et jeta un coup d’œil à la pièce ainsi dévoilée, un sifflement bientôt admiratif sur les lèvres.

    « Heh bien, je prends note de suggérer cet aménagement à la Reine. Un plafond à ciel ouvert serait du plus bel effet. »

    Elle observa Nora s’accroupir pour goûter l’eau du bout des doigts et un sourire effleura ses lèvres. Elle ne pouvait qu’abonder dans son sens. Ils étaient recouverts d’ecchymoses, de poussière et de sang séché. Le soleil avait collé sur leur corps une fine pellicule de sueur que la route entre les décombres n’avait pas arrangée. Qui était-elle pour refuser les attraits d’un bain royal, lorsque leur Souveraine n’aurait pas l’heur de s’en offusquer ? De deux doigts habiles, elle détacha la lanière de sa sandale restante. Ses mains longèrent ses flancs et se saisirent du rebord élimé de sa tunique, qu’elle retroussa sur ses cuisses puis sur la blancheur de sa poitrine. Elle s’en débarrassa sans une once de cérémonie sur le sol, sa longue chevelure échevelée de replis noueux sur ses épaules désormais nues. Ses sous-vêtements eurent tôt faits de rejoindre un destin similaire, tandis qu’elle s’avançait vers la margelle en marbre avec un frémissement d’anticipation ravie. La pudeur ne s’était jamais appliquée dans son domaine et Luz ne pouvait se targuer de timidité lorsque sa réputation de croqueuse d’âmes parlait pour elle… Qu’importait donc la proximité chaleureuse de Nora : il n’était guère un ennemi et elle n’avait pas besoin de se garnir de lames en sa présence. S’il y avait de l’eau, s’ils étaient sales, nul ne pourrait leur reprocher de vouloir se délasser convenablement les muscles !

    L’eau fraiche mordit sa cheville puis ses hanches tandis qu’elle se frayait un passage dans l’onde, écartant les feuilles rousses qui venaient épouser son ventre au moindre remous. Un soupir d’aise la saisit, nue et offerte dans un spectacle singulier. La voûte céleste inondait l’eau d’un miroir mouvant de lumière, se réverbérait sur sa peau en zébrures d’azur et reflets ouatés. Ses mèches de flammes dessinaient sur son dos un réseau complexe de cheveux mouillés puis s’évasaient en une large tache d’encre dans l’obscurité du bassin. Elle se sentait paisible, enfin.

    « J’imagine que tu ne souhaites pas me rejoindre ? »

    Un rire pétillant était perceptible dans sa voix. Il s’était vivement retourné, lui opposant la ligne de ses épaules et de son dos, une rougeur apparente sur le très léger morceau de mâchoire qu’elle pouvait apercevoir de sa position. Elle eut un soupir défaitiste, volontairement théâtral et audible.

    « Les Dames du royaume ne peuvent donc plus se montrer taquines… Il aura suffi d’une simple fin du monde. »

    Elle effectua quelques brassées bienfaitrices, se coulant dans l’eau à la manière d’un reptile chatoyant et fluide.

    « Si tu n’as pas cœur à accompagner la fougue d’une croupe féminine à la nage, peut-être pourrais-tu aller nous chasser de quoi satisfaire notre estomac pour ce soir ? J’ai cru comprendre que tu disposais d’un très grand doigté pour le gibier… »

    Elle se mordit la lèvre inférieure, refreinant difficilement son amusement. Il bredouilla une réponse qu’elle ne parvint pas à entendre et s’éclipsa presque immédiatement par la porte, non sans une excuse embarrassée. Laissée seule à ses ablutions, Luz put enfin redevenir sérieuse. Qu’aurait-elle fait sans lui… ? Elle ne cessait de s’étonner de sa présence, heureuse que le tourbillon ne l’ait pas emportée seule. Comment un jeune homme si adorable vivait-il sa vie dans la Capitale… ? Avait-il de la famille ? Une compagne ? Des enfants ? A quoi consacrait-il son temps avant que la fin du monde ne survienne, outre les quêtes que la Guilde ou les Nobles lui attribuaient ? Elle songea aux pouvoirs qu’il lui avait décrits. Elle lui avait elle-même fait part de ses compétences, un peu plus tôt dans la journée, afin que leur duo s’harmonise mieux à l’avenir en cas de danger. La connaissance des compétences de son compagnon d’aventure était une étape essentielle dans un combat de groupe. Mais, les souvenirs d’autrui… ? Sa magie la rendait curieuse. Affamée. Etait-ce douloureux ? Pouvait-il choisir à loisir les souvenirs à consulter ? Ressentir les émotions passées de ses interlocuteurs ? Par apposition des mains, regard prolongé ? Luz se hissa souplement sur le bord du bassin, songeant à toutes les questions qu’elle devrait prendre le temps de lui poser.

    Ôter la crasse de ses vêtements se révéla un brin plus difficile que son corps. Sa tunique retrouva néanmoins un aspect un peu moins délabré grâce à ses efforts. Elle reposa la pierre avec laquelle elle avait frotté ses fripes sur le côté et se rhabilla rapidement malgré l’humidité du tissu. La chaleur de son corps aurait tôt fait de la réchauffer… Les nuits ne semblaient pas froides, du moins, à cette heure. Elle parvint à trouver une pièce de cuir dans son grand sac sans fond qu’elle tâcha d’enrouler autour de son pied nu : voilà qui la protégerait un tant soit peu des déboires de la route, le temps qu’ils trouvent une solution pour rentrer chez eux.

    Nora revint quelques instants plus tard, un coq de Léral dans une main. Ces bestioles avaient apparemment colonisé les contreforts de la cité. Tant mieux pour elles ! Ce coq serait du plus bel effet dans leur estomac… Grâce à leurs équipements, ils n’eurent que peu de peine à préparer un feu. Luz laissa le jeune aventurier profiter à son tour des bienfaits du bassin tandis qu’elle préparait la viande à l’aide des quelques épices qui garnissaient encore le fond de son sac. Elle regrettait toutefois de ne pas emporter davantage de couvertures et de vêtements de rechange lorsqu’elle était supposée en repos… Cela lui aurait été bien profitable en cet instant ! Ils achevèrent pour autant leur repas sans interférence apparente, la viande chaude et juteuse délicieusement passée sur la langue. Ce dîner révéla cependant la fatigue accumulée de la journée. En partie rassasiée par ce repas inespéré, Luz sentait elle-même que l’utilisation successive de ses compétences magiques appelait un repos régénérateur… Il était qui plus est impératif qu’ils se reposent s’ils souhaitaient reprendre la suite de leur expédition le lendemain, de sorte à pouvoir faire face à n’importe quelle embuscade.

    Elle suivit donc Nora dans un appartement non loin des bains, une suite de toute évidence occupée autrefois par l’une des Nobles courtisanes de la cour. Il s’agissait de l’une des rares pièces qui n’avaient pas entièrement été dévastées et dont le plafond tenait bon. Une pièce close, susceptible d’être fermée s’ils basculaient un important morceau de bois au travers de ce qui était autrefois une porte. Le lit, crevé de débris et fourbus d’insectes nuisibles ne valait pas que l’on s’y attarde, mais un reste de tapis de fourrure accepta de se laisser dégarnir de sa poussière pour servir de matelas de secours. Puisqu’il n’était pas question de dormir à poing fermé dans un monde dont ils ignoraient de toute évidence les règles, ils convinrent de se partager la nuit en tour de garde successif. Epuisée, Luz se sentit fort reconnaissante lorsque Nora proposa de prendre le premier tour afin qu’elle puisse rejoindre dès à présent l’aspect diablement confortable de leur tapis...

    Allongée sur le flanc sous l’une des couvertures issues de leur sac, Luz tâcha de se remémorer tous les indices de la journée. Il faudrait qu’ils s’en sortent. Impérativement. Dans la fraicheur de la nuit, des stridulations se firent entendre, très vite suivis de grognements et de raclements qui rôdaient dans les quartiers de la Capitale… Débarrassée de présence humaine, la citée avait ouvert ses portes au peuple nocturne des prédateurs et de créatures mystérieuses dont elle ne reconnaissait pas les geignements… Elle se retourna dans l’obscurité latente, confiante en la surveillance de Nora. Rien ne les trouverait vraisemblablement cette nuit. Elle l’espérait.

    Et demain… ? Ils le découvriraient bien assez tôt…

    Pour l’heure, il fallait dormir.

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