Vesper Devern

• Effet
Vesper peut absorber une émotion ressentie par une personne. Cela recouvre les sentiments positifs (joie, amour, compassion, ...), comme négatifs (peur, tristesse, ressentiment, colère, ...).

• Durée de l'effet
Vesper absorbe une émotion spécifiquement présente chez la personne ciblée (par exemple, un sentiment de colère envers X). Elle l'absorbe de façon permanente, mais ponctuelle : cela n'immunise pas la personne contre une rechute (dans l'exemple : le sentiment de colère contre X peut revenir chez la personne, si un évènement vient le provoquer à nouveau).

• Activation
Vesper doit avoir un contact physique avec la cible (le plus souvent, elle lui tient la main).
L'absorption n'est pas instantanée : selon l'intensité de l'émotion à dissiper, cela peut mettre plusieurs secondes à une minute. La cible ne doit pas se rétracter au cours de l'activation du pouvoir, sinon son émotion ne sera qu'atténuée, proportionnellement à la durée de contact écoulée.
Pour la cible, pendant l'activation du pouvoir, l'émotion s'atténue, jusqu'à disparaître. Pour Vesper, à l'inverse, celle-ci est reçue de plus en de plus en plus intensément. Vesper reçoit en elle l'émotion aspirée, mais sans déceler vers qui celle-ci était dirigée (dans l'exemple : elle ressent uniquement de la colère, et non de la colère contre X).

• Contre-coups
Pour une émotion négative absorbée : plus son intensité est forte, et plus l'émotion mettra du temps à s'éteindre en Vesper (quelques minutes à quelques heures).
Par ailleurs, chaque absorption fait apparaître des tâches noires sur son corps, de la taille de grains de beauté, qui s'estompent au bout de plusieurs semaines ou mois selon l'intensité du sentiment absorbé, et se cumulent.
Pour une émotion positive absorbée : c'est l'inverse, plus son intensité est forte et moins elle restera en Vesper (quelques secondes à quelques minutes).  

• Limites d'utilisation
Ne fonctionne que si la personne est consentante et souhaite se défaire de l'émotion visée (PNJ, ou PJ – accord du personnage et du joueur nécessaire).
Une cible à la fois, maximum 10 cibles par 24h (au-delà, Vesper ne supporte plus les émotions emmagasinées et risque de frôler la folie). Temps de recharge de 1 heure entre chaque utilisation.

Observée avec un certain recul, la physionomie de Vesper pourrait être attrayante : sa silhouette est relativement grande et élancée, et ses membres délicats et fuselés se meuvent avec une grâce affectée. Bien proportionnée, ses atouts féminins sont habilement mis en valeur par les toilettes luxueuses dont elle se pare. En dentelle, velours ou autre mousseline de soie, la noble dispose d'un large éventail de robes, dans un nuancier toujours sombre, allant du noir au grenat, en passant par le bleu marine.

Toutefois, malgré cette élégance apprêtée, Vesper inspire le plus souvent un sentiment bien plus ambivalent, dès lors qu'on la détaille de plus près. Cela en raison, notamment, des multiples tâches noires, de la taille de grains de beauté, qui constellent son corps entier et se distinguent sur chaque parcelle de sa peau à découvert, y compris son visage. Celles-ci sont des reliquats de son pouvoir, et sont toujours présentes en nombre sur elle.

Le plus inquiétant, toutefois, reste le regard que dardent ses prunelles en amande : d'un cyan très pur, il laisse transparaître un éventail d'émotions fluctuantes, et souvent dérangeantes car rarement positives, malheureusement.

Enfin, il est impossible de ne pas remarquer la chevelure de la noble : d'un blond aussi froid qu'un soleil d'hiver, elle forme une tignasse épaisse et volumineuse, toute en boucles, qu'elle coiffe fréquemment en chignon pour plus de commodité.  

L'attitude de Vesper peut paraître, de prime abord, opaque et incompréhensible, car elle est fréquemment brouillée par les émotions externes dont elle décide, chaque jour, de délester ses clients. Celles-ci étant le plus souvent négatives, elles impactent immanquablement son comportement, le rendant particulièrement instable et ombrageux.  

Mais pourquoi employer autant ce don, allant jusqu'à le proposer contre rémunération (en informations ou en services, préférentiellement) ? Pas vraiment par sollicitude pour les tourments d'autrui, en réalité. Vesper l'utilise avant tout en tant que levier pour engranger davantage de pouvoir, d'influence et de connaissances. Tout ceci concourant à une quête personnelle, l'obtention d'un savoir qu'elle recherche éperdument : le remède à même de guérir son garde du corps, surnommé Main d'Argent, atteint d'un mal mystérieux et magique qui affecte sa senestre, et le ronge peu à peu.  

Dans la poursuite de cet objectif, Vesper est prête véritablement à toutes les manœuvres, et peut délibérément être amenée à nuire à autrui, et à faire fi des lois morales. Cela ne lui procurera en revanche aucun plaisir, seulement une indifférence teintée d'égoïsme. La noble n'éprouve pas de remords à faire primer son intérêt propre au détriment de celui d'autrui.

Lorsqu'elle n'est pas en proie aux émotions qu'elle absorbe, Vesper démontre une attitude avenante. Elle s'exprime dans un langage poli et châtié, et déploie des manières affables. Attention, toutefois, car cela n'est pas sans calcul : la noble est bien trop habituée à évoluer dans les milieux faisandés par l'hypocrisie. Ce qu'elle pense et ressent réellement, elle n'a que peu coutume de le dévoiler, et elle verse habilement dans la manipulation.

Seconde progéniture de la famille Devern, Vesper naquit au sein d'une lignée noble basée à Grand Port, dont la fortune provenait historiquement du commerce d'étoffes, et dont les affaires continuaient d'être florissantes.

La famille Devern faisait en effet partie des plus puissants marchands de tissus du Grand Port, allant jusqu'à rayonner au-delà de la ville côtière, et à investir tous les grands marchés drapiers du royaume d'Aryon. Elle détenait plusieurs entrepôts sur le port, ainsi que de nombreux ateliers textiles éparpillés dans la ville. Faisant affaire avec le corps des tisserands, en amont, et avec celui des teinturiers, en aval, elle bénéficiait d'un réseau conséquent, et d'une place influente au sein la corporation des drapiers de la Guilde marchande.

Enfant, Vesper passa beaucoup de temps à baguenauder dans la principale boutique familiale, à Grand Port. Historiquement fondée par leur ancêtre puis agrandie, celle-ci faisait office de devanture du succès familial. Il s'agissait d'une échoppe luxueuse, haute de quatre étages, où les rouleaux et les monceaux d'étoffes s'étalaient à profusion. Un vaste terrain de jeu pour la fillette qu'était Vesper, qui, tel un feu follet, y égrena bien des étourderies et effronteries.  

Vesper reçut toutefois rapidement une exigeante éducation, par le précepteur familial. Il lui enseigna les lettres, l'histoire, les rudiments du commerce, mais aussi à se conduire en société, ainsi que différentes formes d'art, comme le chant ou la danse. Vesper se voua à chaque discipline de façon plutôt appliquée, car aiguillonnée par une motivation : recueillir l'estime, et par là-même l'attention, de ses parents. Ces derniers demeuraient en effet très peu présents pour leurs enfants, car fortement accaparés par les affaires commerciales.

Dans sa jeunesse, Vesper noua bien des liens, mais il en fut un qui se démarqua des autres : l'amitié qu'elle entretint avec un certain Joran, fils de très bons amis à ses parents, et qu'elle était donc amenée à souvent côtoyer. Cependant, celui-ci se destinait à une carrière de garde royal, et il quitta Grand Port à ses douze ans pour rejoindre l'Académie militaire, à la Capitale, ce qui rompit le contact entre eux.

En entrant dans l'adolescence, Vesper s'alanguit. La noble perdit sa malice enfantine, son allégresse impertinente s'émoussa et elle devint plus songeuse et distante, aimant s'abîmer dans les rêveries contemplatives. Ce fut à cette période qu'elle découvrit son pouvoir, en voulant réconforter une amie affligée par une peine de cœur. Lorsqu'elle l'avait pris par la main avec sollicitude, la noble avait littéralement aspiré sa tristesse. Le chagrin de son amie l'avait emplie avec force, tout en quittant cette dernière.

Dès lors, Vesper n'eut de cesse d'employer son pouvoir. Au départ par empathie pour autrui, puis, rapidement, pour expérimenter  l'ample et terrible faisceau des émotions humaines. Toutefois, elle manqua de parcimonie, et son intériorité finit par être affectée par ces multiples usages. Les sentiments négatifs mettant davantage à s'étioler en elle, Vesper était souvent en mauvaises dispositions, ce qui eut un impact délétère sur son développement personnel.  

Le temps passant, ses parents voulurent enjoindre le frère de Vesper, de deux ans son aîné, à les aider dans leurs affaires commerciales, souhaitant à terme les lui léguer, lorsqu'ils prendraient leur retraite. Or ce dernier refusa, aspirant à une vie d'aventurier. Ils se reportèrent donc sur Vesper, qui accepta quant à elle. Elle commença donc à effectuer pour eux des transactions marchandes, en tentant de maîtriser l'art de la négoce, et à nouer des partenariats profitables.

Toutefois, la concurrence âpre régnant dans le milieu des affaires n'était pas sans impliquer des risques, et elle décida de s'attacher un garde du corps personnel. Parmi les postulants, elle eut l'étonnement de revoir Joran, qui était revenu de la Capitale, désabusé par son expérience de Garde, et ayant démissionné. Elle l'embaucha, et ils nouèrent un lien plus que professionnel : ils devinrent amants. Toutefois, leur relation finit par tourner au vinaigre, et Vesper absorba finalement l'amour de Joran, afin de l'en libérer, et que leur rupture soit indolore pour lui.

Ce dernier décida de demeurer à son service, mais il finit par être affecté par une étrange maladie : sa main gauche commença à se flétrir, gagnée par une sorte de gangrène magique qu'aucun médecin ne parvenait à guérir, et qui s'étendait progressivement, menaçant sa vie. Depuis, Vesper tente désespérément de trouver une solution pour le sauver, en s'appuyant sur son réseau, et sur son pouvoir pour recueillir des informations.

Les agissements de la noble finirent par attirer l'attention d'une organisation secrète, la Cabale, qui l'approcha subrepticement. Ses ambitions de recherche de savoir concordant avec celles de cette société de l'ombre, Vesper accepta de les rejoindre, et rallia le cercle du Verbe. Au bout de quelques mois, elle parvint même à être promue Collectionneuse, en parvenant à intégrer au cercle un partenaire marchand à l'influence notable.