Une arrestation rondement menée mais le temps n'est pas encore au repos, le Grand Maître de la secte court toujours… Votre poursuite vous mène jusqu'au cœur de la Grande Forêt, non-loin de l'Arbre Sacré… Mais la trace s'arrête là, presque aux pieds de ce lieu sacré.
Sacrilège
L'autre point qui te met profondément mal à l'aise c'est que depuis dix minutes, alors que vous êtes deux en suivis d'une piste qui vous fait venir ici, il n'y a plus aucun bruit mise à part vos actions et des bruit très lointain de vie dans la forêt, mais comme dit, c'est lointain. Tu n'as rien dit, même si tu l'as remarqué, parce que tu as bien vue à son attitude aussi que Zahria aussi à remarquer ce détail.
Puis soudain un grand bruit fend l'air, un râle humain, celui très caractéristique d'une personne qui tente de hurler et à qui on tranche la gorge. Cela semble venir de partout et nulle part en même temps. Cela semble aussi être le signal de tambour. Toujours caché vous avez un regard l'une vers l'autre alors que la musique s'élève dans les airs avant que le silence retombe aussi sec et qu'un groupe de Floki s'enfuis d'une clairière un peu plus loin.
Vous avancez, prudemment vers la dites clairière. Là, en plein milieu, une casserole pleine de quelque chose qui a la même odeur que la nourriture si attractive et un corps sans vie devant, mais aucune trace de vie de qui que se soit. Il y avait de la vie ici, c'est visible et ça c'est entendue, mais ce n'est plus le cas. Là tout de suite tu as l'impression d'être une souris dans le jeu d'un chat retord, déjà dans ses griffe sans même le savoir.
Tu tournes la tête pour parler avec Zahria de ce qui se passe, mais elle n'est plus là et les tambours se remette à se faire entendre. Clairement c'est une illusion dans laquelle vous êtes plus ou moins rentré. Une de tes pensée vas pour les renforts qui attendent un peu plus en retrait que vous donniez le signal pour agir si besoin. Est-ce que eux aussi sont pris dans ce mirage des plus étrange.
- On attendais plus que vous pour que le souper soit servis.
Si ce n'étais pas assez clair que vous avez été repéré ça l'ai encore plus. Pourtant rien ne viens. Comme si malgré le fait de savoir que votre présence est là, votre position est un mystère et qu'ils attendaient un mouvement indiscret de votre par agir. Fermant les yeux tu cherches à oublier ce que ton regard t'offre comme réalité. Doucement, peu à peu, les bruit reviennent.
Les deux femmes marchent en silence dans la forêt. Le silence, oui, c'est bien cet élément qui est le plus troublant. La forêt est bien trop silencieuse, et les deux espionnes sont aux aguets, bien consciente que ça les emmène certainement au point de non-retour sur leur course-poursuite du Maître du culte de Sheitan, le responsable des repas exquis qu'elles ont mangé. A-t-il donc un pouvoir en rapport avec l'addiction, la nourriture, les aliments ? Ou une formule pour une potion donnant cet effet-là ? Ce sont des hypothèses à prendre en compte, et surtout, vu la direction qu'il a pris, il semble très bien savoir ce qu'il fait. Espère-t-il se réfugier auprès de l'Arbre Sacré, espérant que les espionnes n'oseraient pas s'y battre ? Ou plutôt, rejoint-il des renforts ?
La deuxième hypothèse semble être la plus probable, quand un râle d'agonie s'élève entre les arbres, suivi du son d'un tambour. Une nouvelle cérémonie, alors qu'ils savent qu'elles sont sur leurs trousses ? Zahria fait signe à Xylia de rester prudente, s'ils montrent autant de confiance c'est qu'ils ont de bonnes raisons. Alors qu'elles continuent à avancer, la lumière d'un feu puissant les guidant vers la clairière d'où semble venir le bruit, le Maître-Espion veut donner des directives à sa jeune camarade quand un bras puissant la saisit, une main s'écrasant sur sa bouche pour l'empêcher de parler.
Se débattant, elle est malgré tout embarquée dans l'obscurité de la forêt par son agresseur invisible, s'éloignant sans pouvoir la prévenir de Xylia, qui s'apprête à pénétrer dans la dite clairière. La métisse la voit tourner la tête vers son ancienne position, sans pouvoir lui dire qu'elle est là, toute proche et en même temps de plus en plus loin. Se forçant à cesser de paniquer, Zahria met alors un puissant coup de coude dans le ventre de son agresseur, qui la lâche, suffoquant. Cette voix ? Elle la connaît ! Elle se retourne, prête à dégainer son épée Wardän de sa bague Tsépi, quand ses yeux tombent nez à nez avec un visage familier. Vêtu de peaux d'animaux et ornés de décorations tribales, c'est un jeune homme rencontré quelques semaines plus tôt...
« Naraon !
- Chut, Zahria, plus bas, on ne doit pas se faire remarquer.
- Pourquoi m'as-tu éloignée de ma camarade ? Que fais-tu là ?
- Désolée pour elle, un de mes hommes va la ramener.
- Attends, explique moi, d'abord !
- Les cultistes que tu recherches, Zahria, ils se sont installés sur les terres de mon père, et ont chassé le reste des Nabtees... On a été obligés de se cacher... Ils... Ils dévorent notre chair...
- Je sais, Naraon, je suis là pour les arrêter, justement.
- C'est trop dangereux ! Ils ont eu mon père !
- Ecoute, calme toi. Je dois rejoindre Xylia, elle est en danger, seule. Je vais les arrêter. Tu es accompagné ?
- Il y a quelques hommes de la tribus avec moi, dans les fourrés.
- Bien. Je vais peut-être avoir besoin de votre aide. On va récupérer les terres des Nabtees. Mais d'abord, Xylia.
- Zahria, tu ne comprends pas, ils ont une barrière... »
Un autre Nabtee sort alors de l'obscurité, et baisse la tête devant le jeune homme interrompu, que Zahria a connu plus calme et apaisé lors de son assignation avec Vrenn.
« Naraon, l'autre femme a disparue.
- Quoi ?!
- Elle est dans le mirage ?
- Quel mirage ?
- C'est ce que je voulais t'expliquer. Les cultistes ont érigé une sorte de barrière autour de leur lieu de "sacrifice", un mirage où les sensations sont complètement bouleversées. On ne voit pas tout ce qu'il y a de vivant à l'intérieur de la bulle depuis l'extérieur, et vice versa.
- Merde. Elle fait quelle taille, la bulle ?
- On ne sait pas exactement, elle doit avoir au moins cent ou deux cent mètres de diamètre... Personne n'a réussi à en sortir.
- Je dois y aller. Retrouver Xylia, et arrêter les cultistes.
- D'accord. Je viens avec toi.
- Reste ici, Naraon, ta tribu a déjà perdu ton père, tu dois les guider. Nous allons supprimer la bulle magique, vous pourrez agir à ce moment-là.
- Je... bon. Tu dois avoir raison.
- C'est souvent le cas. »
Elle cligne un oeil complice, avant de s'équiper et foncer à nouveau en direction de là où elle a vu Xylia pour la dernière fois. Et même en étant prévenue, Zahria ne se sent pas entrer dans la bulle. Quand elle se retourne pour voir si les Nabtees sont toujours là, elle constate qu'il n'y a plus rien autour d'elle, et commence à entre des sons distordus de tambour et de chants gutturaux. Cachée dans les fourrés, elle tente d'apercevoir quelque chose dans la clairière, mais les couleurs sont floues, la luminosité changeante. Elle ferme alors les yeux, pour se concentrer. Vaincre l'illusion. Retrouver Xylia. Arrêter les cultistes. Gros programme pour la soirée.
Sacrilège
Il a des mouvements sur la droite, réguliers, comme si on fouillait les branchages en tentant de faire le moins de bruit possible. Comme si on cherchait quelque chose, certainement vous pour le coup. Un pas sur la droite et un la jambe qui but contre un obstacle. Appréhension sur l’instant avant de se rendre rapidement compte que c’est un arbre à la texture. Soulagement soudain et ouverture des yeux à nouveau.
L’illusion est toujours là, le silence se refait au fur et à mesure. De nouveau, fermez les yeux et la vie reprend son cours. Il faillait donc bien rester les yeux fermés pour avancer. Le savoir n’aide en rien à ce que ça soit plus simple, mais au moins ça rappelle de ne pas ouvrir les mirettes pour rien.
– Il n’y a rien sur la droite.
– Ni sur la gauche.
– Arrêter de dire n’importe quoi, personne ne peut sortir sans que je ne le ressente pas et là on a des gens qui sont entrés et vous ne les trouvez pas ?
Donc des personnes sont rentrées en plus dans l’illusion, mais personne n’a été trouvé. Cela est des plus intrigant. La voix de la personne qui génère ou en tout cas gère l’illusion est sur la gauche de là où tu te trouves.
Prenant une inspiration, une grande impulsion et tu sautes en plein dans la direction de la voix de ta cible, le vigile de l’illusion. Tu percutes un corps, avec le plus d’agilité et rapidité possible tu évalues rapidement le devant, du derrière, puis surtout la place de la tête et du cou. La surprise l’a figé assez de temps pour le faire, tout comme assez de temps pour l’assommer d’un bon coup de genou en dans le visage.
Ce n’est pas agréable comme sensation sur ton genou, mais c’est efficace. Pour lui seulement, malheureusement, parce que tu le sens plus que bien la main sur ton propre cou pour retirer de là. Ça te fait rouvrir les yeux et il y a bien deux personnes en face de toi. Aucune idée si avoir eu cette personne a permis de faire s’effondrer l’illusion, mais au moins là elle n’est plus là et c’est tout ce qui importe.
Deux flèches finissent directement dans le corps des deux hommes qui finissent à hurler à terre, celui te tenant te lâchant sous le coup de la douleur. Le pourquoi du comment des flèches ne s’explique pas là tout de suite et ton premier réflexe là tout de suite est de fuir dans une nouvelle cachette, en grimpant dans un arbre et tenter de comprendre la situation en hauteur. Là tu as un faux sentiment de sécurité. Les tambours retentissent à nouveau et Zahria est toujours invisible sous ton regard. Des personnes en plus arrivent là où sont les trois ennemis à terre et même si l’arbre est une cachette pratique pour tout de suite c’est aussi tout sauf l’endroit le plus en sécurité pour agir efficacement. La prochaine fois, pense à ton arc.
Les yeux fermés, ça semble aider. Les sons semblent avoir un écho mais semblent maintenant déchiffrables, les autres sens sont encore flous, mais un peu plus précis. Avancer à l'aveugle est un exercice souvent pratiqué par les espions, que Zahria n'a jamais vraiment apprécié. A quoi bon s'embêter à avancer dans l'obscurité quand on peut chausser une paire de lunettes de jour ? Mais là, malheureusement, ce n'est pas la luminosité ambiante qui empêche ses yeux de marcher correctement, et il va falloir réussir à retrouver Xylia et arrêter le pouvoir de celui créant la bulle comme ça.
Calant le rythme de sa respiration sur le son des tambours, Zahria prend le temps d'écouter autour d'elle. Un oiseau sur une branche. Un écureuil qui grimpe le long d'un tronc. Des pas crissant sur les feuilles mortes, non loin de là. Les tambours. Des cris. Deux, non trois respirations devant. Bien trop bruyantes pour qu'aucune n'appartienne à une espionne entraînée. La brise sur les feuilles... Un arbre, là. Parfaite cachette. Les individus passent non loin, sans mot dire, clairement à la recherche de quelque chose. Ou quelqu'un. D'un pas souple, Zahria fait le tour de l'arbre pour éviter de se faire repérer, et les mets dans son dos.
Elle est en train de se demander si elle doit les neutraliser, quand tout à coup, ses sens semblent s'éveiller. L'écho disparaît, l'odorat et le toucher de Zahria sont complètement rétablis. Elle se risque à ouvrir un oeil, juste à temps pour voir et entendre une, non, deux flèches filer devant elle. Suivant leur trajectoire, elle aperçoit un groupe de trois hommes - certainement un autre, au vu de la localisation - à terre, deux embrochés par les flèches Nabtees, et une Xylia grimpant à un arbre. La métisse s'apprête à la rejoindre, quand elle entend à nouveau l'autre groupe qu'elle a réussi à éviter, ayant aussi compris que la bulle était tombée et que leurs compagnons étaient blessés. Peut-être même ont-ils vu les flèches, eux aussi. Ils reviennent dans cette direction, et si Zahria ne s'occupe pas d'eux, vont forcément tomber sur Xylia, ou donner l'alerte en voyant leurs camarades à terre.
Ni une, ni deux, Zahria dégaine épée et Teïzeur, et en les entendant approcher, toujours plaquée contre son arbre protecteur, enfonce la première dans un corps et le deuxième dans un autre. Celui blessé par l'épée Wardän laisse échapper un cri de douleur, tandis que l'autre, sonné, s'effondre. Zahria en profite pour l'assommer d'un coup de la garde sur la tête, avant de chercher le troisième des yeux. Mais celui-ci, ou plutôt celle-ci, s'éloigne déjà en courant. Il faut quelques sauts de Marchombre entre les ombres des arbres à Zahria pour la rattraper et la saisir, la forçant à se taire alors qu'elle l'éloigne de la clairière où déjà, attirés par les différents cris, une demi-douzaine de cultistes en soutanes jaunes s'approchent prudemment de l'orée des arbres pour essayer de comprendre ce qu'il se passe.
Zahria parvient à tirer son otage un peu plus loin, et la bâillonne avec un morceau de tissu qu'elle arrache à sa manche. Il faudrait l'interroger, pour comprendre ce qui se passe dans la clairière, mais sa position est compromise. C'est alors qu'un Nabtee sort de l'obscurité, et lui désigne la cultiste. Zahria hoche la tête, et la lui confie alors qu'il l'extirpe de la forêt pour la ramener vers ses camarades. Elle aperçoit dans les ombres deux autres Nabtees en train de sortir les deux hommes qu'elle a attaqué, pour qu'elles ne soient pas repérées. Bien. Une bonne chose de faite. La bulle est tombée, une partie des cultistes encore en liberté, aussi. Il ne reste plus qu'à finir le travail.
Levant les yeux vers les branches où elle a vu Xylia se réfugier, Zahria ne parvient pas à la retrouver. Elle a certainement dû avancer, et le maître-espion consent enfin à lui faire confiance, après tout, c'est elle qui a fait tomber la bulle. Il faut qu'elles avancent vers leur mission, désormais, sans se préoccuper de la sécurité de l'une ou de l'autre. Qui plus est, Xylia a démontré qu'elle était capable de s'en sortir, alors elle peut s'enlever cette inquiétude de la tête, pour se concentrer sur l'objectif...
Sacrilège
À nouveau rempli de cette confiance nouvelle, tu attrapas des bouts de branches à couper facilement avec ta lame avant de te risque de sauter d’arbres en arbre en suivant de Floki encore présent sur les lieux. Les acrobaties dans cette sorte de végétation étaient une sorte de rappel au fait que ce n’était pas une si mauvaise chose que tu es fini au village perché au final. Quand tu pouvais avoir des pommes de pin ou autre fruit des arbres, tu ne te gênais pas pour les prendre, avoir des projectiles en plus des branches était une bonne chose.
Tu repéras une personne elle aussi armé, mais non portante d’une de ses hideuse et trop voyante soutane jaune. Un bout de méfiance se fit, mais la voir attaquer l’ennemie en commun te rassura. Un soutien, qu’importe la raison, c’était un allier pour le moment. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Tout ami est bon à prendre dans ce genre de situation.
Les différents groupes de cultiste que tu croises en haut de tes arbres semblent tous venir d’une clairière un peu plus loin, là où les sons de tambour semblaient se remettre à résonner. Par réflexe tu fermas les yeux, mais rien ne changea, ils étaient toujours là, de plus en plus fort, comme si on cherchait à donner une force à ses derniers, comme pour encourager les fidèles dans leur traque ou leur culte ayant lien en même temps.
Chercher à comprendre maintenant était une perte de temps notoire. Avec une vingtaine de fruits dans ta besace et des années d’entrainement de lancer de nourriture en pleins réfectoires sans être prise tu approchas des lieux. Le saut d’arbre en arbre n’était pas des plus reposant, mais la hauteur et les branches te donnaient une protection assez rassurante mine de rien.
Dans la clairière cinq personnes étaient présentes pour continuer à frapper sur des tambours et deux grands feux étaient allumés malgré le jour toujours bien présent. Une cage avec huit personnes ficelées et visiblement en mauvais état était aussi visible. De loin il te semblait que tous respiraient, mais la fatiguée et la résignation se voyaient sur leurs visages. Les sortir de là est la priorité là tout de suite.
Avant attention tu descends jusqu’à la cage. Il y a un mouvement et exclamation surprise d’un des occupants en te voyant, qu’il simule en une douleur, ça ne devait pas être des plus dur de simuler la douleur quand on a vraiment mal. Les tambours ne se stoppent à aucun moment, surement bien trop confiant de leur protection du moment assurer par une divinité des plus déplacés pour son appétit. Ou alors ils n’étaient capables que de faire cela à en boucle. Aucune idée, ce qui importe c’est que tu crochètes la serrure et coupe les liens de ta lame avant de leur faire signe d’attendre.
Il y a un risque que les joueurs de tambour ne soient pas de simples joueurs de tambour et mettre en jeu la vie de personne qu’on peut tenter de sauver n’est pas dans tes options viables du moment. Créer une diversion qui sera utilisable pour ses hommes là pour s’enfuir, pour possiblement Zahria et aussi les types qui semblent aussi être contre la secte aussi, n’est pas une mauvaise idée.
Un fruit après l’autre, avec force et rapidité, après être partie vers une zone où tu pourras courir plus facilement, tu les lances en pleine tête des cinq joueurs de tambours. Qui arrête leur tambourinement, redonnant un silence relatif aux lieux. Une gerbe de feu vient en plein dans ta direction et te fait commencer à courir sans te retourner, alors que tu entends les pas de course dans ta direction. Visiblement il y a au moins une personne créant des boules de feu parmi eux. Qu’importe, le plus important là tout de suite est de courir le plus loin possible de la clairière pour laisser une chance de fuite aux prisonniers.
Un à un, avec l'aide des Nabtees, les petits groupes d'éclaireurs partis les trouver ou retrouver leurs camarades disparus tombent et sont évacués, emprisonnés par la tribu indigène dont ils ont souillé le territoire. Zahria est méthodique, et laissant Xylia s'occuper du campement dans la clairière, elle fait en sorte de lui faciliter la tâche en la débarrassant des autres ennemis potentiels. Les hommes de Naraon sont aussi diablement efficaces, leurs flèches faisant en général toujours mouche, sans tuer. Elle devine qu'ils utilisent un poison paralysant pour les mettre hors d'état de nuire. Il fallait s'y attendre, venant d'une tribu d'herboriste chevronnés.
S'approchant de la clairière en cercles concentriques, Zahria a l'occasion d'apercevoir des bribes de ce qui s'y passent. Huit membres de la tribu sont emprisonnés dans des cages, tandis que cinq cultistes continuent à battre la mesure pour encourager leurs camarades. Ils semblent exaltés, vidés de tout autre intention que celle de frapper ces tambours. Il serait intéressant de se pencher un peu plus en profondeur sur le lavage de cerveau que ces gens ont subis pour en arriver là, car il semble redoutablement efficace...
Ce qui inquiète le plus la métisse, dans l'histoire, c'est qu'aucun des hommes qu'ils n'ont vus ou croisés ne semble être le fameux "Maître", le nouveau chef charismatique ayant pris la place du Prophète auprès du culte de Sheitan. Aucun qui semblerait être un cuistot aguerri capable de mener des fanatiques à tuer d'autres gens pour les manger. Ça veut dire qu'il doit encore être caché, ou qu'il mène sa propre chasse, et ce n'est pas très rassurant. Ou alors, il a fui, et la course-poursuite risque de continuer encore un peu. Mais il y a peu de chances, les Nabtees encerclent la clairière, il doit encore être là, tapi dans l'ombre. Zahria le débusquera.
Alors que les tambours s'arrêtent, le maître-espion tourne instinctivement la tête vers la clairière. Deux des joueurs de tambour sont à terre, des fruits éclatés autour d'eux, alors que trois autres, dont un pyromancien, ont pris en chasse une Xylia qui a choisi stratégiquement un point de fuite à l'opposé de la cage aux prisonniers, ouverte, et dont ils sont en train de s'enfuir. La métisse fait signe aux deux Nabtees les plus proches d'elle d'aller récupérer leurs camarades, tandis qu'à l'aide d'une accélération éclair du Flash, elle se rapproche du conflit.
Les deux hommes à terre sont en train de se relever quand elle leur assène un violent coup sur la tête qui les met hors course le temps que les renforts viennent les récupérer, et Zahria se met ensuite à courir derrière les autres. Evidemment, après un Flash, ses muscles sont engourdis et les premiers pas sont difficiles, douloureux. Elle décide d'opter alors pour une autre technique, et absorbant une nouvelle lumière de sa lampe, elle focalise un Rayon qui vient s'écraser sur un tronc juste devant les poursuivants de Xylia. Tir dissuasif, il remplit sa tâche l'espace d'une seconde, donnant un répit à sa camarade alors que les trois cultistes prennent le temps d'analyser la menace, puis se remettent à traquer la jeune espionne.
Pestant contre leur lavage de cerveau à nouveau, Zahria s'apprête à les reprendre en course quand un mouvement sur sa droite l'interpelle. Un soutane jaune, bardée d'une main blanche à la façon de celle du Prophète, avance lentement vers elle. L'homme est calme, averti, il n'a pas le même regard vide que les autres. Le voilà.
« C'est vous, le Maître ?
- A qui ai-je l'honneur ?
- Je suis Maître, moi aussi.
- Je saurais vous rendre hommage dans mon prochain plat, dans ce cas. »
Et sans plus attendre, il fonce vers elle pour la plaquer au sol. Dans sa chute, la lampe aux mille feux se décroche de sa ceinture et roule un peu plus loin, complètement éteinte. Privée de son pouvoir, Zahria réagit tout de même suffisamment rapidement pour enfoncer son coude dans le ventre de son agresseur, qui sort alors une sorte de dague cérémonielle qu'il cherche à enfoncer dans la gorge de Zahria. Elle arrête son geste, et ils luttent pendant quelques longues secondes jusqu'à ce qu'elle parvienne à envoyer valdinguer la dague, et à retourner le Maître sur le dos pour lui mettre une série de coups de poings rageux.
Elle s'apprête à l'achever d'un coup sur la nuque quand deux bras fermes la saisissent par derrière, la séparant de son adversaire, alors qu'un poing s'enfonce dans son ventre, lui coupant la respiration. Le Maître ensanglanté se relève pour féliciter les deux joueurs de tambour qu'elle pensait hors d'état de nuire et qui la tiennent maintenant en joue, alors que la dague cérémonielle est ramassée, et s'approche un peu trop près de son cou...
Sacrilège
Combien de fois depuis la mort de Ruth tu as eu cette vision avec n’importe quel membre de ta famille de cœur, voir famille de sang ? D’une exécution, pure et simple sans qu’aucun de tes membres ne réagissent ? Chaque jour tu remercies les astres pour ne pas avoir été celle qui a dû prendre sur soi pour s’occuper du corps et du nettoyage des lieux.
Ton corps réagit par pure pulsion, avant même de te rendre compte de ce que tu fais vraiment. Un pur instinct quelque part ou en tout cas ça y ressemble. C’est une rage au ventre des plus forte en tout cas qui se faire entendre. Tes beaux discours pacifiques là tout de suite semblent bien loin de ton esprit. Ayant en main les fuit restant de ce que tu as pris plus tôt c’est des lancers puissants et sans rater sa cible, le porteur de la dague, qui se font.
L’entrainement pour ça est quelque chose dont tu tires en temps normal une certaine fierté, là il n’y a que l’objectif en tête. Ils ont voulu s’en prendre à trois contre un en oubliant que tu cours vite. Ils ne pouvaient pas savoir, tant mieux dans cette histoire. Les tirs déconcentrent assez la cible pour que tu approches assez prêt pour lui sauter dans le dos et faire un étranglement par l’arrière.
Il dévie sa lame qui semble tout de même toucher la peau de Zahria, mais dans le mouvement, alors que tu restes en place, accrocher de toutes tes forces alors qu’il se débat pour te retirer et approche sa lame de tes hanches pour te faire lâcher, ce n’est pour le moment pas le détail le plus important qui semble se faire dans ton champ de vision. Il se manque, se plante lui-même la hanche et peu à peu il s’effondre inconscient, avec une belle plaie non mortelle, au sol, après un temps qui t’a semblé beaucoup trop long.
Quand, enfin, tu le relâches et tournes les yeux vers ta supérieure, elle a immobilisé les deux cultistes qui la tenaient de son côté. Il y a un soulagement et une certaine fierté au fond du ventre. L’intervention n’a pas été trop tardive, au final il n’y a même pas de trace de sang vers le cou. La forêt n’a plus de bruit de course ou de flèches autour et un des hommes que tu as pu observer plus tôt sort des bosquets pour approcher.
Reprenant doucement pied tu vérifies le pouls de ta victime. Régulier. La plaie superficielle ne l’empêchera pas de parler plus tard, une foi de nouveau conscient. Sans un mot tu lui mets les menottes magiques par précaution alors que la discussion entre Zahria et le Nabtee se termine. Tu t’approches avec une certaine précaution tout de même, encore sur tes gardes alors que tout danger est maintenant loin.
— Merci pour votre aide.
— Merci à vous.
Tu hoches la tête et tournes la tête vers Zahria, comme un chiot attendant un sucre ou un enfant un mot de ses parents pour savoir quoi faire ensuite. Est-ce que l’interrogatoire serait la prochaine étape de la mission que Zahria lui montrerait ou est-ce quelque chose qu’elle t’épargnera ? Est-ce que tu as su faire tes preuves ? Dans tous les cas, tu colles un grand sourire aux lèvres fières que tout se soit passé sans blesser pour vous deux, ta première vraie mission en duo avec Zahria à quelque chose de rassurant d’y être parvenue.
Ça va tellement vite, que Zahria n'a même pas le temps d'agir avant que les cultistes ne soient à terre, des fruits écrasés sur leur crâne, et Xylia accrochée au Maître. Elle est sur le point d'intervenir quand dans un faux mouvement, il se plante lui-même, mettant un point final à l'affrontement. Des fourrés sortent des Nabtees avec les trois poursuivants de la plus jeune des deux espionnes, et rapidement l'ensemble des cultistes est regroupé dans la clairière, alors que Zahria échange quelques mots avec Naraon pour sceller cette victoire.
Faraon, son père, fait même partie des prisonniers sauvés par Xylia, et au milieu du tumulte, les Nabtees se retrouvent dans de grandes embrassades. De son côté, Zahria se retourne aussi vers sa famille, l'efficace Xylia qui a été exemplaire sur cette mission. D'un geste affectueux, elle lui passe la main sur le haut du crâne pour la décoiffer, puis la prend sincèrement dans ses bras.
« Bien joué. Je n'avais pas eu l'occasion de constater à quel point tu as grandi. Tu m'as même sauvé la vie, je ne pensais pas que ça arriverait si tôt ! »
Elle rit doucement, puis reprenant un air plus sérieux, lui montre l'ensemble des gens autour d'elles.
« On a pas tout à fait fini. Va faire un tour pour voir s'il y a des gens à soigner, je vais attendre l'escouade de la Garde qui doit venir récupérer les prisonniers. Ensuite tu retourneras à ta caserne. Je t'aurais bien ramenée avec moi à la Capitale pour fêter ça, et que tu assistes aux interrogatoires, mais tes supérieurs du Village Perché vont finir par se douter de quelque chose si on fait ça. »
Les heures suivantes sont occupées à rafistoler les blessés, cultistes comme indigènes, et une fois l'escouade sur place et un rapport sommaire monté, ils embarquent les premiers vers la Capitale, tandis que les seconds sont remerciés. Zahria et Naraon se serrent les bras, leurs yeux s'accrochant l'un à l'autre, en signe d'une amitié tissée qu'ils seront prêts à remettre à l'épreuve. La petite soeur du jeune homme glousse en montrant son frère du doigt, qui esquisse un début de rougissement sous sa peau mâte, mais Zahria se détourne déjà pour aller dire au revoir à Xylia.
« On se revoit bientôt. D'ici là, ouvre l'oeil, et ne fais pas trop de vagues.
- Un peu, quand même ?
- Ouais, un peu, sinon ils vont se douter de quelque chose. »
Elles rient franchement, puis leurs routes se séparent, enfin. Avec un pincement au coeur, Zahria la regarde partir vers le Village Perché, avant de se diriger vers son chez soi. Voilà qui va intéresser Luz, en tout cas, de savoir que ses amis les Nabtees ont été mêlés une nouvelle fois aux affaires du Maître-Espion... Une bonne histoire à lui raconter pour leur prochain thé.