De repos dans l'une des caches des espions, les deux espions prennent un peu de bons temps pour faire vivre leur amitié fraternelle. Buvant peut-être plus que de raison, à leur réveil, leurs articulations sont raides… Les voilà vieux (~80 ans) et presque cénils...
C’était ainsi qu’il avait emprunté le portail de téléportation du Grand Port accompagné de Kaname pour gagner la Forteresse, puis qu’ils avaient parcouru les ruelles taquinées d’une brise fraiche malgré le soleil estival adoucissant les reliefs de l’imposante cité. Elle lui avait toujours paru austère et glaciale, et s’il était loin de rechigner à l’idée d’y passer un peu de temps, il ne s’y rendait jamais d’un grand enthousiasme. Kaname, curieuse de ce nouvel environnement, n’avait cependant pas paru plus refroidie que cela. Les pas du coursier avaient rejoint la Caserne avec l’aisance de l’habitude, et ils avaient livré leur paquetage sans trop de soucis. Trouver Wendy avait été une autre paire de manches. Le pôle médical n’était pas étranger à Calixte, mais la dynamique rousse avait semblé leur échapper de salle en salle, comme une puce fuyarde. Lorsqu’enfin ils avaient réussi à lui mettre le grapin dessus, la matinée était largement passée. Ils avaient ainsi profité de la pause déjeuner pour se tomber dans les bras, partager leur repas mais aussi les dernières anecdotes de leur vie respective. Entre rires et peines. Le décès de la Capitaine du Blizzard feu von Andrasil pesait encore sur les épaules de son régiment, et peut-être encore plus sur celles de Wendy pour laquelle elle avait été une supérieure compétence, une mentore et une amie. Âme contre âme, ils avaient enlacé leurs joies pour panser leurs plaies.
Le devoir les avait rappelés un peu trop vite à la réalité, mais c’était le cœur un peu allégé et un sourire sincère sur les lèvres qu’ils s’étaient séparés sur la promesse de se revoir. Calixte et Kaname étaient retournés à la logistique pour aider leurs collègues de la Forteresse puis, alors que le jour déclinait peu à peu, ils avaient quitté la Caserne pour trouver le chemin du Manoir des espions. Calixte aurait pu dormir dans le dortoir prévu pour les soldats de passage, mais quelque chose l’avait fait faire une croix dessus. Un appel viscéral. Une ombre dangereusement séductrice. Il y avait à l’imposante planque des espions un souvenir imparfait, douloureusement tentateur, qui l’invitait à y retourner. Puisqu’il n’en n’avait pas franchi le perron depuis son enquête avec Vrenn, des lunes plus tôt, suite au meurtre de Ruth. L’esprit ailleurs, le pas distrait, il avait guidé sa curieuse loutre à travers la Forteresse et rejoint la planque des espions dans cette impression de rêve éveillé, les bribes de souvenir à la lisière de sa conscience.
L’atmosphère pesante de l’auguste bâtisse l’avait accueilli comme un étau, avant qu’une exclamation amusée ne le tirât de ses oppressantes reviviscences. Son regard avait rapidement trouvé la silhouette vive de Xylia, et ses bras avaient instinctivement reçu la jeune espionne dans leur étreinte. L’énergie fougueuse de la jeune fille avait finalement chassé les ténèbres projetées par les hauts murs jusqu’au plus profond de sa chair, et il s’était senti se détendre sous le rayonnement de son amie. Ils avaient allumé les pièces principales et rassemblés leurs affaires dans la grande cuisine – l’immensité de la demeure rendait presque ridicule l’utilisation d’autres salles alors qu’ils n’étaient que trois – puis sorti de quoi grignoter. Ainsi que picoler. Et peut-être que, dans l’ambiance toute fraternelle de ces retrouvailles, Calixte avait eu la main un peu lourde sur l’alcool. Peut-être s’était-il laissé tenter plus que de raison par les excellentes bouteilles stockées sur place. Peut-être s’était-il laissé avoir par les jeux de boisson proposés par Xylia. Peut-être n’avait-il pas eu la force de répondre autrement à son regard un peu inquiet. Peut-être ses sourires rassurants pour Kaname avaient ainsi été un peu plus faciles. Peut-être avait-ce été le seul moyen de faire taire l’impression tenace qu’il avait oublié une partie de lui dans les sous-sols du manoir lorsqu’il était venu la fois dernière avec Vrenn. Peut-être.
Lorsqu’il rouvrit finalement les yeux le lendemain matin, les rayons insistants du soleil au dehors lui indiquaient que la nouvelle matinée était bien avancée, et que s’endormir à la table de la cuisine n’était décidément pas bon pour ses os. Courbaturé, Calixte s’étira dans bâillement, avant de grogner franchement à la douleur dans ses articulations. Dans ses muscles. Dans ses… partout, en fait ! Cela lui rappelait la fois où sa jeunesse lui avait été volée par une vieille-dame, et où Xylia lui avait alors proposé de le porter sur son dos. Alors qu’elle aussi avait fait un bond dans le temps. Autant dire que l’idée avait été amusante, mais pas très efficace. Attrapant un verre renversé sur la table, il chercha du regard une carafe d’eau. Mais ni ses yeux ni son cerveau encore embrumés ne paraissaient être prêts à l’aider dans sa tâche, et ses souvenirs imparfaits ne remettaient pas autre chose que de l’alcool dans les breuvages à leur disposition.
- Lia ? appela-t-il en tapotant doucement l’épaule de l’espionne endormie sur la chaise à côté de lui.
Cal et Lia bizarres… Comme vieux fruits.
Fronçant les sourcils, il observa quelques secondes sa main défraîchie. Avait-il bu de l’alcool au point de tant se déshydrater ? Ses doigts noueux dégagèrent une mèche du visage de Xylia et il grogna à nouveau.
- Il faut que je pisse…
Entre les litres se pressant dans sa vessie et sa nouvelle vieillesse – puisqu’il ne faisait plus trop de doute sur leur état physique actuel – relâchant certaines vannes, ça semblait être à nouveau un défi contre la montre.
- Ca me réussit vraiment pas le troisième âge…
Au moins Kaname ne semblait-elle pas avoir été impacté par le maléfice.
Cal va tomber.
Possible. Aide-moi à aller aux toilettes.
Tournant la tête vers les gémissements provenant de Xylia il lança :
- Je reviens. Probablement dans une heure le temps de faire l’aller-retour. Sans tomber.
La vieillesse, un mal complexe
Le lieu sans personne dedans à la base n’était pas forcément une bonne idée. L’impression de retourner chez toi et les pièces bien trop grandes et luxueuses d’une maison noble. Pourtant c’est un de chez toi et de ta nouvelle famille, donc même si ça ressemble à celle d’origine ce n’est pas le plus important.
Dans tous les cas, tu n’as pas eu le temps d’avoir plus de réflexion sur cela que la présence de Calixte dans les lieux efface le reste. Ton corps contre le sien en une étreinte chaleureuse et une soirée à enchainer boisson et jeu. Il y a du brouillard dans son regard que tu ne comprends pas, mais par pudeur ne demande pas non plus. Chacun à ses états d’âme, ses moments de doute, ses secrets et peurs. Même dans une famille.
Alors, tu repousses cela loin. Très loin. Comme ce sentiment d’inconfort et de méfiance qui te prend toujours un peu dans une des demeures des espions depuis la perte de Ruth. Mettre les soucis sous le tapis en forçant la main sur l’alcool ou en fermant les yeux sur la quantité trop forte est si simple. Cela brule la gorge, sera à payer le lendemain, mais sur le moment c’est une solution et de fuite qui parait être la moins lâche.
La soirée passe. Les yeux se ferment. Les songes glissent. Le réveil est étrange. Il y a une sensation de déjà vu dans le corps, mais aucun moyen d’arriver à mettre le doigt dessus. Le corps lourd, les paupières pas plus légères, des courbatures qui lancent dans tout les sens, la tête qui cogne sur quelque chose de sourd en continu et un grésillement constant dans les oreilles.
Ça n’a rien d’un réveil de soirée arrosée classique. Même la bouche pâteuse n’a pas le même gout. Il y a quelque chose de plus poisseux, plus quelque chose. Tu n’as pas le mot en tête et ça te frustre de ne pas le trouver. Plein de mots te manquent en fait d’un coup. Comme si tu savais qu’il était là, juste sur le coin de ta langue ou de ton esprit, de savoir qu’ils existent, mais ils ne veulent pas venir à toi. Fichus mots.
Doucement tu ouvres les yeux. Il y a une voix, masculine qui te parle, mais ce n’est pas vraiment celle de Calixte ou si ça y ressemble, mais il y a un truc pas pareil. Doucement, à pas de loup tu émerges, même si ça semble horriblement dur. L’alcool et l’autre truc que tu ne comprends pas font un duo des plus mauvais pour commencer une journée. Le seul truc que tu comprends c’est une histoire d’aller-retour aux toilettes qui va prendre une heure.
Pourquoi une heure ? Ils ne sont pas si loin ? Si ? Un doute te prend, tu frottes tes yeux de tes mains. Là aussi la sensation est étrange. Friper, rêche, vieux. Les lumières de ton esprit ont besoin encore d’un peu de temps pour s’allumer. La seule réflexion que tu arrives à faire en ouvrant la bouche c’est celle-là.
– Le pot moche, celui offert par je sais plus quel noble, il est plus proche que les toilettes au pire.
Là encore il y a cette sensation de déjà vu étrange. Tout comme ta voix te semble étrange à tes propres oreilles. La gueule de bois n’aide vraiment pas dans ce genre de cas et en clignant des yeux plusieurs fois tu cherches à faire le point, même si ta vue semble garder un constant flou sur la périphérie de ton regard et que les couleurs ont perdu de leur éclat d’origine.
– Qué ?
Là, c’est bon, tu commences à faire les allumages de lumière dans l’esprit et la vision de Calixte vieux, soutenu par Kaname semble profondément étrange. Pourtant ce n’est pas du tout la première fois. Oui, c’est comme cette fois, avec cette bague. D’ailleurs, tu as fait quoi de cette bague ? Plus aucune idée, ce n’est un blanc. Un peu comme ce même blanc que pour te souvenir de qui est Sbire vraiment. Le blanc frustrant, accentuer par les conséquences d’hier. D’ailleurs toi aussi ta vessie commence à hurler pour être soulagé.
– Ne pars pas sans moi, je dois y aller aussi.
Tu te redresses, un peu trop brusquement au vu de ce corps d’un âge avancer et le craquement sonore et la douleur vive qui te prends en bas du dos te rappelle, d’une manière un peu traitre, que ce n’est pas un corps de jeunet de 19 ans que tu as, mais celui d’une mamie qui a besoin d’étirement avant de courir un cinq mètres poule dépassée une autre mamie dans la queue de la boulangerie. Même si ce n’est pas la situation présente, il est bien de donner des exemples précis.
Il te faut un petit temps pour te redresser, et avancer aussi à ton rythme vers la direction des toilettes aussi. Kaname à continuer sa route avec son propriétaire pendant tout ce temps là, heureusement, il aurait certain été gênant de se retrouver avec une fuite à cause de ta propre lenteur. Quand tu rentreras dans les archipels la prochaine fois, tu donneras une médaille à ta grand-mère pour être autant en forme. Pourtant il y a un horrible doute qui te prend d’un coup.
– Cal, est-ce que ça veut dire qu’il y a quelqu’un d’autre que nous ici ?
Est-ce que ça veut dire qu’on a été mis en état de faiblesse pour être attaqué et finir comme Ruth ? Est-ce que ce moment d’oubli hier était une erreur ? Est-ce que nos derniers moments seront aussi pitoyables qu’une course vers les toilettes beaucoup trop loin ?
- Quoi ?
Pot moche proche. Pour pipi.
- Ah. Pas bête.
Pot pipi ?
On le prendra au passage. En cas d’urgence.
Le vieil homme et la bête se lancèrent à l’assaut des couloirs de la noble demeure, et Calixte se dit qu’évidemment cela n’aurait pas pu leur arriver dans l’appartement du Grand Port. Petit. Fonctionnel. Avec tout le matériel nécessaire aux besoins primaires à portée de main. La légende voulait même qu’il y fût possible d’y prendre sa douche sur les toilettes en se brossant les dents. Pas nécessairement le plus hygiénique mais fort pratique lorsqu’on manquait un peu de temps entre deux missions.
Xylia grommela à nouveau quelque chose dans son dos, et il tourna la tête en fronçant les sourcils. Ses cervicales lui rappelèrent alors qu’elles étaient très bien dans une position fixe et appréciaient moyennement ce pivot ambitieux, et il grimaça à leur rigidité obstinée.
- Quoi ?
Il comprenait soudain le caractère volontiers grincheux de certaines personnes âgées. Après seulement quelques minutes doté de quelques couples de décennies supplémentaires, il désespérait déjà de mener à bien la moindre activité. Il était sourd comme un pot, ses autres sens ne semblaient pas particulièrement plus vifs, ses articulations avaient la souplesse du bois mort, ce qu’il restait de ses muscles le lançait comme ça n’aurait pas dû être permis, et il doutait de plus en plus en sa capacité de retenir les grandes eaux. Mais peut-être y avait-il là aussi une part imputable à la surconsommation d’alcool la veille au soir.
Attendre Lia. Lia pipi aussi.
- Oh.
Ils marquèrent une halte sous le cadre de la porte de la cuisine. Et vraiment, tous ces efforts et toutes ces minutes ne les avaient pas menés plus loin !? Calixte posa son regard sur la silhouette courbée et flétrie de Xylia alors qu’elle les rejoignait.
- Je t’ai connue plus rapide, fit-il avec un sourire mi-amusé mi-inquiet sur les lèvres. Elle est belle la jeunesse !
Le temps passant, son esprit embrumé par le sommeil – et les années imposées – retrouvait quelques bribes de lucidité, et commençait à vraiment s’interroger sur leur situation malheureuse. Lorsqu’ils avaient déjà fait un aller-retour à des âges vénérables dans les rues de la Capitale, il avait été assez évident que ça avait été là l’action de l’anneau de la vieille dame qui avait été la cause du maléfice. Mais à présent ? Qu’est-ce qui avait bien pu les faire ainsi changer ? Avaient-ils malencontreusement avalé un breuvage, ou un met, enchanté qui les avait fait ainsi vieillir ? Y avait-il à l’œuvre le pouvoir de quelque chose, ou de quelqu’un ? Avaient-ils vraiment changé d’apparence, ou tout ceci n’était qu’un rêve ? Portant instinctivement ses doigts noueux à son talisman d’indépendance, Calixte eut un soupir soulagé en le sentant froid sous ses phalanges.
Xylia arriva – enfin – à leur hauteur, et Kaname se plaça entre eux deux pour leur servir de guide comme de soutien. Reprenant leurs déambulations après une petite pause pour la jeune-vieille fille, le coursier balaya la pièce d’un regard prudent. Enfin, tenta de balayer la pièce d’un regard prudent. Il n’y voyait plus très clair après quelques mètres.
- Hum. Peut-être. Mais probablement pas. Sauf si le délire de ce quelqu’un est de voir des gens galérer sous la forme d’octogénaires.
Kana a monté la garde comme Cal a appris. A même fait vérification comme K’awill fait, et Kana voir personne !
- En tous cas, Kana a l’air confiante sur le fait qu’on soit que tous les trois.
Mais des fois même quand Kana faire attention, Soly arriver à surprendre Kana.
- Oublie ça. On n’est peut-être pas seuls. M’enfin de toute façon… Partons du principe qu’au moindre truc suspect, je nous fais fusionner dans le baudrier de Kana. Pas sûr de ce que ça vaut, mais honnêtement si quelqu’un vient nous bloquer la route des wc pour une raison quelconque, je serai bien en peine que te proposer une autre option.
Il sentait son esprit lui souffler de plus lugubres possibilités, de plus morbides hypothèses, mais il n’avait aucune envie d’écouter ces bribes déprimantes s’aventurant à la lisière de son jugement, et préférait se concentrer sur des préoccupations plus immédiates. A savoir : arriver jusqu’aux toilettes sans se casser quoi que ce fût.
- D’ailleurs en parlant de fusion… réalisa-t-il en clignant des yeux. Ça serait pas plus simple… ?
Il attrapa les doigts de Xylia et les fit fusionner dans le baudrier de Kana qui se mit à trotter beaucoup plus rapidement.
- Quand je serai vieux, je passerai mon temps à me déplacer comme ça, indiqua-t-il à sa cadette dans un rire. En plus j’suis pas sûr de pouvoir perdre un quelconque fluide corporel sous cette forme, réfléchit-il à haute voix.
La loutre finit par atteindre les sanitaires les plus proches, et Calixte voulut laisser Xylia profiter de ceux-ci avant lui, lorsqu’elle argua pertinemment que c’était lui qui, la fois dernière, avec perdu les eaux en premier. Ainsi, assis sur le trône de faïence, il récupéra une revue et s’intéressa au sondage concernant le port de porte-jarretelle en laine de boucton à la Forteresse.
- D’ailleurs tu en as fait quoi finalement de l’anneau de la vieille femme ? demanda-t-il sur le ton de la conversation à sa cadette à travers l’épaisseur de la porte de bois.
La vieillesse, un mal complexe
Est-ce que c’est le fait vieillir ou de manière naturelle que cette envie d’avoir son pouvoir a fait son chemin dans ton esprit, mais ça semble totalement logique là tout de suite ? Tout semble logique dans ton esprit, mais en même temps tellement embrouiller. Une de tes mains va se perdre dans le pelage de Kaname pour te faire oublier ta vessie. Même si le pot est juste devant la porte si vraiment l’envie est trop grande. La pudeur là tout de suite, pour si jamais c’est trop urgent, sera le dernier de tes soucis.
Il y a une pensée un peu sordide qui te passe en tête quand Calixte te parle de faire cela une fois qu’il sera vieux. Une pensée que tu te gardes bien de dire alors qu’elle te brûle les lèvres quelque part. Il faudrait déjà vraiment devenir vieux, avant de réfléchir à quoi faire à ce moment-là. Est-ce qu’on devient vieux alors qu’on a été espion au moins ? La pensée coule en toi et tes doigts se font plus brusques contre la peau de Kaname avant qu’à nouveau la voix de ton ami te sorte de cette chute.
– L’anneau ? Il y avait un anneau ? AH ! Oui ! Il est…
Et c’est à nouveau le blanc. L’immense blanc total. Qu’est-ce que tu as fait de cet anneau ? Il y avait un truc à faire avec en plus. Enfin, il te semble. Il y avait une raison pour laquelle garder.
– Il est…
Il y a comme l’espoir que répété cette phrase allait faire que ton cerveau retrouve l’information plus rapidement. Plus efficacement. Mais c’est le néant. Le vent d’une puissance rare entre tes deux oreilles, c’est presque si tu n’entends pas une tornade. Enfin, il y a ta migraine qui ressemble un peu à une tornade, mais tout de même là c’est le vent qui est le problème.
– Je ne sais plus… Enfin, je crois…
Même ne plus savoir semble ne pas être certain. Ce point est un mélange de l’alcool et l’âge. Enfin tu crois, il y a aussi qu’il c’est passer pas mal de choses dernièrement, puis aussi Sbire. Ce dernier n’a rien fait, mais c’est écrit mémoire pour son pouvoir, peut-être qu’il a trifouillé dans la tienne avec une cuillère en plomb ou un truc dans le genre.
– Non, attends, ça me revient ! Je devais le donner à Zah, mais il y a eu le mariage de… bidule pervers et biquette niaise… C’était peut-être le contraire en fait… Elle n’était pas invitée au mariage et ça a flop… Puis j’ai du aller au trou du cul paumé avec le papy gadoue… Ensuite suite il a eu ses gloot adorateur de la Lucy étoilée… La course pour la boite à repas de chair humaine au coin de l’arbre sacré est arrivée après, mais j’ai oublié… Il y a eu la mission avec… avec qui ? Mince… ça aussi je l’ai oublié… portant il y avait une histoire de boucton rose et loupain qui parle patois dedans…
Tu ne sais plus de pourquoi tu as commencé le début de ton histoire. Il y avait un sens à tout cela pourtant. Un tenant et un aboutissant. Une logique autre que ta vessie qui te presse de plus en plus. Ton esprit cherche, ton regard cherche en Kaname si la loutre à la réponse, mais bien entendu qu’elle ne l’a pas et la frustration se forme en boule.
Comme la boule qui se forme sous ta main en les pressant contre ta hanche. Cette boule qui appuie désagréablement entre les os sans que tu ne puisses rien y faire. Glissant la main dans la poche tu sors l’anneau en question et la boule disparait de ta hanche.
– Ha ! En fait, il est là et il… Brille ?
Oui, il brille sans aucune raison apparente. Peut-être la nuit dernière tu as insufflé un bout d’énergie magique dedans ? Sans trop y croire, tu tentes d’y mettre une nouvelle impulsion pour voir. Cela ne brille plus, ton corps reprend ses formes, mais en même temps quelque chose de chaud et liquide se fait sentir dans tes bas. Chacun son tour.
– Heu… Je te laisse la gérer avec Kaname.
Et sur ses mots tu la donnes au familier avant de t’enfuir à la salle de bain pour prendre une douche chaude et changer tes vêtements. Plus que l’âge, c’est le changement d’état qui avait de mauvais effets sur la vessie visiblement. Une fois laver et cet objet en sureté ailleurs que sur vous, vous pourrez profiter vraiment des lieux en laissant vos démons bien loin, jouer comme des enfants au cheval ou à quoi se soit d’autre. Du moment que cela n’avait plus une odeur de pisse ou de vieux en arrière-gout.
- Lia ?
- Il est…
Ah. C’étaient peut-être simplement les affres de la vieillesse qui pesaient sur le cerveau de la jeune-vieille fille. Lui-même avait du mal à aligner quelques pensées cohérentes comme de se souvenir rapidement de certaines choses. Mais, encore une fois, peut-être était-ce simplement un relent de la beuverie de la veille. Cela comptait-il comme la veille si celle-ci s’était avancée jusqu’à tard/tôt dans la nuit ? La suite des réflexions à haute voix de Xylia le tira de ses propres interrogations, et il finit par se lever péniblement des toilettes. Le temps de s’emmêler les pinceaux à rattraper et rajuster ses vêtements, il perdit le fil des paroles de l’espionne et actionna le cristal évacuateur au moment où celle-ci évoquait des bouctons roses.
- Sympa, commenta-t-il en manœuvrant avec prudence ses membres dans l’espace exigu.
Peut-être était-ce là une espèce rare ou bien une invention pour obtenir de la laine déjà colorée ? Avait-il lu un passage à ce sujet à côté du sondage du magazine ? Ses doigts actionnèrent la poignée de la porte et lorsqu’il en franchit le seuil, il avait retrouvé l’aisance de sa vingtaine d’années. Oh. Suffisait-il de faire la vidange pour annuler la magie qui avait modifié leur apparence ? Son regard se posa sur Xylia, et l’anneau qu’elle tenait en main. Peut-être pas. Levant des yeux interrogateurs sur la jeune fille à nouveau jeune, il l’observa incrédule s’éloigner d’un pas brusque vers l’une des salles de bain plus loin.
Anneau brille plus ! lui indiqua Kaname.
Et donc c’était bien celui-ci qui avait dû être à l’origine de leurs déboires.
Anneau pour Kana ?
Heu pour le moment. Xylia… ?
A fait pipi aussi !
Le regard de l’espion se baissa instinctivement et… oui. Décidemment, le troisième âge ne réussissait ni à l’un ni à l’autre. Contournant la petite flaque, il avisa le placard contenant le matériel de nettoyage et se mit à la tâche. Il avait déjà effectué bien plus basse besogne, et n’avait pas le cœur à laisser son amie devoir s’en occuper après s’être débarbouillée. Laissant la serpillière à Kaname après s’être occupé de la flaque, il regarda avec amusement la loutre poursuivre son travail en passant celle-ci jusqu’à la salle de bains où Xylia s’était réfugiée.
Passe encore un peu sur ta gauche, je vois quelques gouttes là aussi.
Avec entrain, la loutre balaya un bon mètre carré de surface de sa serpillière avant de la ramener au coursier qui prit la suite des choses.
Bravo ! Tu as bien travaillé.
Kana travaille bien ! Comme K’awill grand frère un jour !
Oui, oui. Par contre si on pouvait ne pas avoir la même attraction pour les papillons.
Papillons ?
Tu n’te souviens pas ? C’est pas grave. Viens, on va voir si Lia a aussi fini.
Toquant à la porte de la salle de bains, Calixte tendit l’oreille. Le bruit de l’eau lui apprit que la jeune fille avait apparemment décidé de prendre une vraie douche, et qu’elle n’avait visiblement – ou audiblement – pas terminé celle-ci.
- Je vais te chercher des affaires propres, annonça-t-il d’un ton fort par-dessus le bruit de l’eau tapant contre la faïence. Ca t’évitera de traverser tout le manoir en serviette.
Cal aussi devrait prendre douche.
Oui, je sens un peu le porosia. Ça n’était pas une brillante idée de passer la nuit à dormir dans la cuisine dans les vêtements de la veille.
Sinon vivre comme Kana ! Sans vêtements !
Heu… Je soumettrai l’idée à Zahria. Mais pas sûr qu’elle autorise ses espions à se balader à poil.
Zahria à poil chez Luz.
Eeeeet on va arrêter là.
En parlant d’arrêter là, le regard de l’espion accrocha les reliefs du couloir sombre partant vers l’accès dissimulé à l’arrière du manoir. Du haut des escaliers, les bras chargés d’affaires propres à l’attention de Xylia, il marqua un temps d’hésitation avant de redescendre les marches. Avec le changement d’apparence, ses pensées avaient retrouvé la quasi-totalité de leur lucidité et il y avait de nouveau, à la frontière de sa conscience, une idée, un souvenir, qui agaçait celle-ci. Ses pas le menèrent au-delà de la salle de bains où Xylia s’était enfermée, et il ne nota que distraitement l’absence du bruit reconnaissable de la douche. Son attention était ailleurs. Mû par une pulsion plus viscérale, il s’éloigna de son objectif premier pour s’avancer vers les pièces à l’arrière de la demeure.
A l’orée du couloir, il passa sa main sur le cristal de lumière. En dépit de la journée étirant ses bras ensoleillés au dehors, les rayons lumineux ne s’aventuraient guère que rarement dans cette partie moins utilisée, sciemment occultée. Les lueurs artificielles chassèrent contre les murs l’ombre de souvenirs innocents, et Calixte marqua une nouvelle pause. Malgré l’atmosphère estivale, il régnait là un froid le saisissant jusqu’à l’os. Peut-être plus mémoriel que véritablement réel. Il avait neigé, la fois dernière.
Pas vêtements Lia ?
Si, si. Juste… quelques minutes, Kana.
Il s’avança dans le couloir. Les traces de son – leur – dernier passage avaient été savamment dissimulées. Presque suffisamment pour leurrer l’œil pourtant avisé de l’espion. Mais il était difficile de tromper quelqu’un sur sa demeure. Sur les habitudes de son chez lui. Après un rapide coup d’œil à la pièce où trois de leurs prisonniers étaient décédés – et ça avait dû faire un peu tâche sur leur rapport… il ne savait toujours pas comment Zahria avait réussi à faire passer tout cela – il s’aventura à la lisière du passage menant à la salle où Laseliane Orcystus avait été interrogée.
Cal bizarre. Retourner voir Lia.
Juste…
Non, Cal bizarre ! Kana pas aimer ici…
Indécis, il s’arrêta pour s’astreindre à la réflexion. Qu’avait-il à gagner en ressassant le passé ? Était-il sûr de vouloir remettre en lumière ce qu’il s’était passé là-bas, et qui lui échappait inéluctablement comme l’eau file entre les doigts ? Était-ce seulement de son ressort ? Après tout, il y avait certainement là le pouvoir du Sbire en action.
La vieillesse, un mal complexe
La voix de Calixte, à travers l’eau et la porte, stoppe tes mouvements pour l’écouter. Il va simplement te chercher des vêtements, c’est vraiment le grand frère parfait. Polycaon aussi faisait cela quand tu filais prendre la salle de bain avant tout le monde en oubliant tes affaires au passage. C’est doux de t’en souvenir dans ce genre de situation. Le cœur beaucoup plus tranquille tu prends fini ta douche sans te presser.
Sans te presser certes, mais cela commence à faire longtemps que ton camarade est parti sans être revenu et même si la confiance en Kaname sur le fait de n’avoir pas d’ennemie est totale, il y a tout de même cette montée d’angoisse qui se fait dans ton ventre. Une serviette nouer à la hanche, une à la poitrine et une dernière dans les cheveux, tu sors de la salle de bain. Tu vois bien qu’il n’y a plus les traces de ton accident de parcours, mais là tout de suite tu as plus important à t’occuper.
Comme un enfant perdu, tu commences à chercher ton parent de cœur, en faisant de tout petits pas discrets au cas où il y aurait un intrus et qu’il ne faut pas se faire repérer. Dans cette tenue le combat sera certainement vain, mais une attaque furtive ou une distraction sont encore des solutions viables. Retomber sur Kaname qui semblait venir dans sa direction, mais seule te fit avoir une montée d’angoisse dans la gorge.
La loutre fait demi-tour comme pour t’indiquer le chemin et tu la suis, toujours en magnifique tenue de serviette et pied nue, dans les couloirs. C’est dans un couloir que tu arrives avec Calixte dedans, tes affaires visiblement en mains, mais ce n’est ni la direction des chambres ni celle de la salle de bain.
— Heu… Cal… Est-ce que ça va ?
Il a toujours dans le regard cette lueur que tu ne comprends pas. Ce même truc étrange que dont tu as été bien heureuse de fuir dans l’alcool, mais tu ne te vois pas lui reproposer une escapade plein de spiritueux pour l’effacer provisoirement, encore. La gueule de bois d’hier n’a même pas encore fini de faire son effet et tu es contre la méthode d’en refaire une tout de suite dernière pour effacer l’ancienne.
— Enfin, je veux dire, est-ce que ça va vraiment ? Je ne peux pas forcément tout comprendre ou tu peux ou ne veux pas forcément en parler, mais… Si tu as besoin tu sais qu’on est là, n’est-ce pas ?
Tu t’approches tout doucement de lui et mets une main sur son bras pour prendre doucement de ses mains les affaires.
— Je te prends juste ça et tu fixes le mur s’il te plait, juste le temps que je me change.
Parce que tu voudrais bien le prendre dans tes bars là tout de suite, mais par expérience tu sais très bien que les nœuds de serviette résistent mal à ce genre d’effort et une flaque de pipi, qu’il a visiblement nettoyé, te suffit comme atteinte à ton intimité pour aujourd’hui.
— Au fait, pourquoi Kaname est venue me chercher ? Il y a un souci avec ici ?
Tout en disant cela et sans plus attendre tu commenças à te changer, là, en plein milieu du couloir. Le regarde de Kaname ne te dérange pas. Celui de Calixte un peu plus, mais plus parce que tu n’as jamais aimé que ton frère entre pendant que tu te changes, comme tout enfant.
Il acquiesça légèrement aux propos de Xylia, et c’était déjà un soulagement de la sentir à ses côtés. Physiquement, mais aussi comme soutien mental dans les ténèbres qui se rappelaient à lui. Elle récupéra les affaires entre ses bras – qui pouvaient aussi bien être la grenouillère smilodon que Zahria avait gardé du Festival du Solstice comme un sérieux tailleur cintré, il n’avait pas vraiment fait attention aux habits qu’il avait embarqués, s’assurant juste de la présence de sous-vêtements – et il se tourna avec obéissance vers le mur. Une petite écaille de peinture arrachée retint son regard, et il fronça automatiquement les sourcils au souvenir du trajet mouvementé qu’il avait fait là avec Vrenn. Et Laseliane Orcystus.
- Je… ne suis pas sûr, répondit-il honnêtement à Xylia qui se changeait dans son dos.
Kana inquiète. Alors chercher Lia. Retourner salon maintenant ?
- La dernière fois que je suis venu ici, c’était avec Sbire. Pour l’enquête… pour Ruth, lâcha-t-il un peu abruptement.
Ruth gentille. Ruth jouer avec petite Kana. Ruth manquer.
Je sais Kana…
- Nous n’avons rien trouvé d’utile, en dehors du nom de la Cabale, comme tu le sais. Mais cela n’empêche qu’il s’est passé ici…
Il hésita. Que s’était-il vraiment passé ici ? Quatre prisonniers, quatre morts. Laseliane Orcystus. Un camaïeu de vermeil, un corps tendu par l’agonie. L’impression d’un voyage. D’une étrange communion. Et d’une horreur indescriptible.
- Je n’sais plus, conclut-il en fronçant les sourcils. Mais Sbire était là, alors…
Lui avait-il fait oublier ce qu’il s’était passé ? Pourquoi ? Versé dans l’émotion, il se souvenait presque parfaitement des évènements encadrant leur passage au manoir. Ruth. Ferisen. Fledric. Lichael. Zahria. Vrenn. Luz. Naëry. Les chuchoteurs. Apolline. Les thermes. L’arrivée au manoir, et puis ? Sa mutation pour le Grand Port. Sa curiosité le poussait à lever le voile qui s’était installé sur ses souvenirs et pourtant, à l’orée de sa conscience, agaçant ses songes comme le mettant en garde, un sentiment d’interdit, d’incitation à la prudence.
- C’est là-bas qu’on l’a interrogée, indiqua-t-il d’un mouvement de tête le passage qui poursuivait dans l’obscurité.
Vers la pièce qui ne servait presque jamais, mais que tout espion savait utiliser. Celle que l’on n’utilisait qu’en dernier recours, et qui avait de quoi faire grincer les dents de la Commission plus fort que toutes les bavures de la Garde. Celle au mobilier rustique, uniquement fonctionnel. Celle qui abritait une collection d’ustensiles défiant l’imagination et déliant les langues les moins bavardes. Celle qui avilissait les mains, mais aussi l’esprit.
Il sentit la chaleur de Xylia se rapprocher de son corps engourdi, et il tendit instinctivement ses doigts pour les entremêler à ceux de sa jeune amie. Fort de cette amarre, il s’avança doucement dans le passage en jetant un regard d’excuse à celle-ci.
- J’ai juste besoin… de voir. Si je ne me souviendrai pas…
Cal sûr ? demanda la loutre en écho de Xylia qui semblait à la fois intriguée et inquiète.
- Ça ira.
Avec Lia et Kana, ça ira.
Ils s’avancèrent vers la salle d’interrogation.
Étonnamment sobre dans l’apparence comme dans les émotions provoquées. D’une impersonnalité presque accueillante. Passant la pulpe de sa phalange contre le dossier de la chaise centrale fixée au sol, Calixte balaya du regard la vacuité de la pièce. Rien de plus ne se rappelait à lui, ses souvenirs restaient fermement ancrés à la lisière de ses pensées. Un sentiment de soulagement, tout de même, diffusait peu à peu du creux de son cœur à celui de son âme. Ses yeux revinrent finalement à la silhouette de Xylia, et il l’observa de longues minutes promener ses prunelles azurées à la recherche des fantômes habitant les lieux, avant de recroiser l’ambre des siennes. Il ne put alors s’empêcher de sourire à l’énorme motif de Glooby ornant son t-shirt et de se pencher pour glisser un baiser dans ses mèches humides.
- Merci, murmura-t-il d’un ton retrouvant ses couleurs usuelles. Mais je crois que cet épisode restera un mystère pour moi, finit-il en haussant les épaules. Retournons au salon.
Soleil ! Sortir jardin. Jouer !
- … ou dans le jardin. Kana a l’air partante pour profiter du beau temps.
Lia déjà mouillée, aller étang ? Faire course dans herbe ? Arroser plantes sous bassine ?
Plantes sous bassine ? Sous la serre, tu veux dire ?
Ils repassèrent dans le salon où Calixte lâcha enfin la main de Xylia qui ramassa les serviettes usagées contre elle. Lorsqu’il tourna la tête vers sa loutre qui lui débitait encore tout un tas d’idées d’occupations, il la trouva armée de son manta’pist et il haussa les sourcils, amusé.
- Le dernier à trente points essuiera les flaques d’eau ! indiqua-t-il à la volée à Xylia avant de s’enfuir à toutes jambes vers le jardin tandis que Kaname visait celle-ci de son jet d’eau pour essayer d’obtenir d'emblée un maximum de points.
Bon, où pouvait-il se trouver un équivalent de manta’pist dans le jardin ?
La vieillesse, un mal complexe
N’ayant aucun mot pour soulager plus que cela, tu te contentes simplement d’être là. De ne pas avoir une boule qui remonte trop haut quand le nom de Ruth sort de sa bouche. Il faudra encore un peu de temps pour entendre son nom sans avoir cette sensation amère en bouche, celle qui donne l’impression de vouloir et vomir et pleurer en même temps, mais sans jamais arriver à le faire, juste avoir cela qui reste là.
Ne plus avoir des questions stupides en tête serait aussi long. Est-ce qu’elle serait encore en vie si j’avais été là ? Est-ce que ça aurait été mieux que ça soit moi à sa place ? Est-ce que c’est la faute d’un d’entre nous si la planque a été découverte ? Comment on aurait pu éviter cela ? Et la liste est encore longue. Il faudrait du temps pour mettre tout cela sous le tapis ou dans le placard, bien cacher, mais toujours présent encore un peu.
La simple phrase, ça ira, que sort Calixte est un joli pansement pour une plaie de l’âme bien grande. Des pas en plus pour aller mieux au milieu de tous les pansements de fortune mis avec plus ou moins de soin avant. Ça cicatrisera à force, plus qu’à savoir comment. Pour le moment se soutenir les uns et les autres semble être la solution la plus viable dans toute cette histoire.
Même si c’est un peu égoïste, il y a un sentiment de soulagement qui se fait ressentir quand Calixte propose de retourner dans le salon. Dehors au final. Qu’importe du moment que c’est loin de ce biote sombre dans l’âme. Un sourire se fait sur ton visage et tes pas suivent ceux de ton ainé. Il y a un bout de pincement quand il lâche ta main, mais c’est fuguasse et bien vite remplacer par l’amusement d’une bataille d’eau.
– Tricheur !
C’est les premiers mots qui te viennent en bouche quand il part en prenant de l’avance et que tu te fais toucher de base par Kaname. C’est certainement cette brave loutre qui gagnera la partie vue de comment cela commence. La joie est grande et tu reprends une serviette pour t’en servir d’arme de fortune le temps de trouver mieux. Comme bouclier un conducteur d’eau ça pouvait avoir un effet des plus intéressant.
Une course, toujours pied nue, avec cet ensemble avec un magnifique glooby sur la poitrine, une glissade plus ou moins contrôlée finissant sur ton collègue-espion et au final se fut un plongeon pour vous deux dans l’étang au final. Une maladresse que tu affirmeras comme parfaitement voulue ensuite.
– Dix points d’un coup !
C’est ce que tu arrives à dire une fois la surprise passe et la tête hors de l’eau alors que tu te prends un nouveau jet d’eau par Kaname en pleine tête. Définitivement c’est elle qui gagnera cette partie. Le tout maintenant était de déterminer qui ne perdrait pas et aurait la tache de nettoyage à la fin. Un rire, un jeu, tout le noir semble bien loin. Au final c’est toi qui perdras, mais qu’importes, le jeu était plus amusant que de savoir qui gagne ou perds et le sourire et rire de Calixte est bien plus important.