De retour à la Capitale, Nora, désireux d'en apprendre plus sur Ivara et Inaros, le raccompagne jusqu'à l'atelier d'Ivara. Mais la, malheur, quelqu'un à saccager l'atelier… Peut-être une vengeance pour avoir su empêcher le vol de la sculpture, qui sait ?
Saccage
Inaros
Dans ses pensées, il en fut sorti par l’aventurier qui lui proposa de le raccompagner à l’atelier. Exactement le genre de situation qu’il voulait éviter et que Lucy avait décidé de placer sur son chemin. Il aurait pu choisir de décliner l’offre, mais il devait s’assurer de ce que Nora croyait avoir compris et son regard était très insistant. Ils prirent donc le chemin de l’atelier, toujours dans la charrette et y arrivèrent au bout d’une dizaine de minutes. Inaros était resté silencieux, il essayait de savoir quelle serait la meilleure façon de questionner Nora sans être encore plus suspicieux que ce qu’il était. Il semblait tenir Ivara en assez bonne estime, cela pouvait être utilisé en faveur de Inaros.
A pas feutrés, il s’approcha de la porte arrière, puisqu’ils étaient dans la cour, et la poussa doucement. Elle avait été forcé, le cadenas n’y tenait plus. Quelqu’un avait donc… Il réprima de justesse un grognement de colère en remarquant que l’atelier était entièrement saccagé. S’ils étaient arrivés par-devant, ils l’auraient certainement constaté plus tôt. Le sol était jonché de milliers d’éclats de verre. Il n’y avait plus une seule sculpture intacte. Le grand tapis, qui menait le client directement de l’entrée au lieu de la prestation, n’était plus à sa place. Les fauteuils et les chaises étaient renversés sur le sol. Tous les tiroirs étaient ouverts, de l’encre tâchait certains bons de commandes. Fort heureusement, ce n’était pas Ivara qui assistait à ce spectacle. Elle aurait fait une crise cardiaque et se serait effondrée sur place. Cet acte avait-il un rapport avec les événements du jour ? Il allait falloir enquêter. Inaros se tourna vers Nora. Il était un peu résigné à demander son aide, mais puisqu’il avait insisté pour le raccompagner jusqu’ici.
C’est bien parce que l’autre homme était derrière lui depuis le début qu’il n’avait pas foncé dans la chambre de Ivara, à l’étage. Une seule idée le préoccupait : le Bifröst. Il espérait qu’il soit toujours à sa place. Sans attendre confirmation de la part de Nora, il fonça vers l’escalier et gravit les marches à toute allure. Il fallait qu’il soit toujours là. Il se précipita vers une planche du sol et la souleva. Elle possédait un “double-fond”, avec une petite clé dissimulée dans sa poche, il activa un petit mécanisme qui lui permit de constater que le carnet était toujours en sécurité. Lâchant un soupir de soulagement, il remit tout en place et se prépara à rejoindre l’aventurier pour en savoir plus sur cette affaire.
Saccage
Le retour fut plutôt tranquille, bien plus que l'aller. La discussion était compromise pour ne rien laisser fuiter à l'oreille du voleur transporté dans la charrette et l'usurpateur d'Ivara tenait les rênes, le trajet fut plongé dans le silence, rythmé par le bruit de sabot au sol et des quelques crevasses dans la route. La manière de conduire était également différente, jusqu'au regard que la femme portait sur la route, froid, stérile, définitivement différent de la splendide Ivara de ce matin. En y repensant, l'aventurier se questionna sur l'origine de cette attraction, évanouie aussitôt après s'être assoupi, n'était-elle donc qu'une illusion ? Retrouver la véritable Ivara rétablirait probablement la vérité, ainsi il devrait, pour percer à jour ce mystère, accompagner cette personne visiblement bien au courant de l'existence de la demoiselle ayant chamboulé ses sens.
La route fut longue et sans grand intérêt, après plus d'une heure de voyage, les migraines s'étaient estompées, ne laissant qu'un sentiment d'irritation et une sensibilité aux sons trop soudains ou aigus. Il y eut l'épisode de la caserne où l'aventurier décrivait la situation à un homme assis derrière son bureau et prenant des notes, sans évoquer son soupçon concernant le très cher Auguste – il attendrait de retrouver la véritable Ivara pour avoir son avis. Le voleur fut remis entre leurs mains et bientôt, l'affaire était réglée, il ne manquait plus que la discussion avec la blonde au comportement étrange. Retournant à ses cotés dans la charrette, Nora insista pour la raccompagner et ainsi en apprendre plus sur sa relation avec la demoiselle.
A l'instant présent, ils débarquaient dans la cour arrière de la boutique d'Ivara, sautant avec une aisance plutôt surprenante, Nora suivit la demoiselle lorsqu'elle évoqua une inquiétude. Quelqu'un serait passé ? L'aventurier confirma les doutes en constatant non pas seulement les empreintes mais aussi le renfoncement au niveau de la serrure, déboitant presque la porte arrière du magasin. Vigilant et sans un bruit, le jeune homme sortit sa dague, plus courte et propice dans les environnements fermés, en comparaison à son épée. Le désordre était au rendez-vous, ce qui était supposément des sculptures se retrouvaient toutes fracassés sans la moindre exception. L'aventurier ne connaissait pas l'art de la demoiselle mais ne s'attendait pas à ce qu'elle fasse dans l'abstrait, ils étaient bel et bien face à une scène de saccage, volontaire qui plus est. Peu friand d'art, le jeune homme ne comprenait probablement pas assez l'ampleur du désastre, cependant voir son foyer dans un tel état n'était pas chose simple, lui rappelait même un évènement tragique qui emporta sa mère cinq ans plus tôt. Tiré de sa torpeur par sa partenaire montant à l'étage, Nora avança dans la pièce en évitant soigneusement les plus gros bouts de verre. Un coup de ménage ne ferait aucun mal à l'endroit, mais devra attendre la fin de l'enquête. Tâtonnant avec prudence les quelques parties intactes des sculptures défigurées, le chasseur reçut sans faillir un signal à chacune d'entre elles, mais n'activa pas son pouvoir. A en juger par le reflux magique, l'acte de vandalisme s'était déroulé il y a moins d'une heure, pendant que le duo arpentait encore les routes sur le retour. Mais qui aurait pu en vouloir à la demoiselle ? Un concurrent jaloux ? Un client en colère ? Il ne connaissait que trop peu le métier et la principale intéressée pour se faire une idée lui-même, il attendit donc le retour de l'Ivara factice pour avoir son avis, aussitôt était-elle au même étage que lui, il demanda.
- "Un détail important à relever, à l'étage ? A en juger les pistes, le fautif avait une petite heure d'avance sur nous. Je n'ai pas l'impression qu'il ait volé quoi que ce soit, non plus, mais ça, seule Ivara pourra nous le dire."
Il évita de mentionner son pouvoir, après tout, un traqueur digne de ce nom n'en avait pas besoin pour relever des empreintes au sol et la manière dont l'encre avait séché sur les documents et faire un constat avec ces éléments, il aidait cependant à confirmer ces théories de manière infaillible. Il reprit l'instant d'après avec un regard plus sérieux.
- "Comment était-ce déjà ... Ina ... Inamos ? Inavos ? Le voleur t'a appelé comme ça, tout à l'heure, je suppose que c'est ton nom. Si ton but est bel et bien de protéger Ivara, alors nous sommes dans le même camp, j'ai bien quelques questions à te poser, mais ce n'est pas vraiment le problème, actuellement. Notre ami est peut-être encore dans les parages."
Pour illustrer son mouvement, il désigna une porte dans le fond de la boutique, était-ce une remise ? Une chambre ? Un placard à balais ? Aucune idée, cependant, elle ne semblait pas malmenée comme tous les autres éléments de la boutique, alors elle valait bien le coup d'être inspectée aussi. Qui sait ce qu'ils y trouveraient ?
Saccage
Inaros
Avant que le mercenaire ne rejoigne Nora, il est nécessaire de faire une rapide description des lieux pour mieux comprendre l’environnement dans lequel ils évoluent.
La devanture de l’atelier respire l’élégance et est composée de deux grandes baies vitrées qui permettent de voir ce qui se déroule à l’intérieur de la boutique. En effet, ce n’est pas qu’un lieu de commerce, c’est aussi un lieu de spectacle. L’entrée est bordée d’un tapis moelleux qui court en angle jusqu’à l’autre bout de la pièce. C’est là que sont disposés plusieurs chaises et fauteuils, qui font face à une petite estrade. Ivara use de son pouvoir pour impressionner les visiteurs - et potentiels acheteurs - en sculptant devant eux. L’autre partie de la pièce est réservée au comptoir, elle y range les petits gâteaux et les boissons qu’elle sert aux invités. Bons de commandes et autres papiers y sont également rangés. C’est derrière ce comptoir qu’est dissimulé une petite arche qui mène sur un étroit couloir. D’un côté, une porte qui descend vers ce qui semble être une remise. De l’autre, une porte qui monte vers la pièce de vie de Ivara ainsi que le véritable atelier où elle s’entraîne. Il y a d’ailleurs un système de monte-charge qui permet de descendre ses sculptures au rez-de-chaussée sans casse.
Ce petit descriptif réalisé, Inaros a désormais rejoint Nora. Il secoua la tête à la première question de l’aventurier.
En temps normal, Inaros aurait bondi suite aux propos tenus par Nora. Mais, cette fois, son cercle proche était en danger et il n’avait plus le temps pour les faux-semblants. Il ressentait des choses étrangement trop positives envers Nora pour simplement l’éliminer… Ou juste lui tourner le dos. Lui-même ne savait pas décrire cette sensation. Ce n’était pas un sentiment de sympathie envers Nora qui lui était propre. Ce ressenti provenait des souvenirs qu’il partageait avec Ivara. Il avait l’impression d’avoir déjà parlé longuement avec lui, d’avoir mentionné la pluie et le beau temps. Inaros en était persuadé, les moments que Ivara passait se transformait en souvenirs flous dans son esprit à lui, comme si il rêvait ce que vivait Ivara et inversement. Las, il poussa un soupir et se dirigea vers la porte qu’il désignait.
Saccage
La blonde redescendait, l'air pensive, en assurant que rien n'avait été dérobé. Son air certain rassura le jeune homme mais probablement que l'étage avait aussi été passé à sac. Des représailles, ou un cambriolage avec un but précis ? Nora resta pensif lorsque l'usurpatrice lui intima connaître aussi bien la boutique elle-même que sa véritable tenancière, elles avaient donc l'occasion d'avoir un contact régulier, mais cette similitude parfaite, tant par le corps que les habits et le lieu de résidence, elles ne pouvaient pas être juste sœurs jumelles, par exemple. Non, il y avait quelque chose de bien plus gros, un pouvoir à l'œuvre peut-être, permettant d'imiter à la perfection les détails de la voix d'une autre, cela n'expliquait cependant pas le jeu d'acteur auquel la fausse avait visiblement du mal à se prêter. Mais en partant de ce principe, était-elle vraiment la fausse ? La question prenait trop d'ampleur et la situation n'y prêtait absolument pas, il devrait y penser une autre fois, car la possibilité de toujours avoir un visiteur n'était pas à écarter. Lorsque Nora demanda son nom à sa partenaire d'enquête, elle répondit en confirmant les soupçons de l'aventurier, malgré qu'il s'y soit préparé, entendre la dénommée Inaros éclaircir ce sujet obscur laissa le jeune homme pensif. Elle semblait également intriguée concernant sa relation avec Ivara, relevant qu'elle avait une certaine estime pour le chasseur. S'ils ne se trouvaient pas dans cette situation, il aurait sûrement plus apprécié cette information, les gens témoignant de leur appréciation envers notre aventurier étaient rares, alors après si peu de temps, il aurait pu se trouver flatter. Cependant il répondit par la simple vérité, aussi courte et efficace puisse-t-elle être.
- "Un aventurier, engagé pour la protéger sur le trajet. Nous avons discuté sur la route, le courant passait bien."
Nul besoin d'évoquer le fait qu'il était tombé raide dingue de la demoiselle, bien que l'amour ne soit pas une notion familière au jeune homme qui n'avait eu jusque là que des aventures frivoles n'impliquant qu'une simple amitié entre ses deux protagonistes. Et un peu d'alcool aussi. Ainsi que de l'aphrodisiaque. Mais encore une fois, le sujet principal s'éloignait, peut-être autant que leur suspect pour chaque seconde qu'il passait à rêvasser.
Nora suivit Inaros et se fit arrêter avant d'atteindre la porte, par précaution de la blonde. Elle désamorça un piège et lui indiqua la présence de sang, l'aventurier hésita un instant avant de s'en approcher, si la demoiselle avait installé un piège, rien n'empêchait qu'il y en ait plus ailleurs, il devint alors très prudent quant à où il posait les pieds et ce à quoi il touchait, bien loin de lui l'envie de se faire trouer par simple curiosité. Les traces de sang étaient maigres, les chercher à vu de nez aurait pu prendre plus de temps que nécessaire s'ils ne réfléchissaient pas aux agissements du malfrat. S'il avait décidé de prendre la fuite suite à sa blessure, alors il y avait bien plus de chances qu'il prenne la sortie arrière, déjà enfoncée, puis blessé, il ne serait pas passé inaperçu dans la foule. Un carreau d'arbalète n'est pas une blessure anodine non plus, il faut la soigner rapidement, dépendant d'où elle touche, d'autant plus à bout portant, leur fuyard devait actuellement se balader avec un trou béant ou avec une pointe dans le corps. A moins qu'il ne soit allé plus loin dans la pièce, un choix stupide ou audacieux, au choix, qui sait quel autre piège l'attendait plus bas. A défaut de voir plus de sang en contrebas, Nora prit les devants, après tout, en bon traqueur, il se trouvait sur la première ligne, le nez au-dessus du sol.
- "Ca me va, comme marché. Trouvons ce fauteur de trouble, lui aussi devra répondre de ses actes."
A l'idée que quelqu'un puisse en vouloir à Ivara, le jeune homme s'était raidit. Ils avaient bel et bien un but commun, avec ce Inaros, ses actes parlaient pour lui, c'est ainsi qu'il gagne un semblant de confiance. Ça, puis le fait qu'il n'avait pas tuer le voleur, il ne pouvait pas en dire autant de ses collègues cependant ... le chasseur nota mentalement de mieux spécifier ses demandes la prochaine fois, histoire d'éviter les dommages collatéraux. Il était fiché avec un partenaire bien impulsif, mais pas mauvais pour autant, son but lui semblait noble : survivre et ce faisant, protéger Ivara. Le schéma prenait une meilleure forme, bien qu'un détail échappait toujours au jeune homme trop curieux pour son propre bien, qui se concentra à présent sur la traque en partant de l'extérieur de la boutique. Tâtant les pans de murs à la recherche de signaux magiques et examinant les traces de sang, éparses, au sol, la traque mena le duo à un endroit qu'il ne valait mieux pas fréquenter pour les mauvaises raisons. Une bordure de la Capitale où se trouvait quelques maisons en piteux état, abandonnées et repère à toute sorte de crapules tout juste légales aux yeux de la loi. L'équivalent d'un bidonville ou d'un village de gens à la réputation douteuses en pleins murs de la grande ville, ce pour finir face à une bicoque peu accueillante, marqué par des traces de doigts ensanglantés sur l'encadrement de la porte. Ils avaient probablement trouvé la planque de leur criminel.
La boutique bien que retournée ne présente pas de traces de vol. En effet, tout est encore dans le bâtiment malgré le désordre. La trace de sang sur le sol ne laisse présager rien de bon quand à la suite et un bléssé est peut être encore dans les parages ou du moins, dans la ville.
Et alors que vous commencer à remettre les pièces du puzzle en place suivant les traces de sang jusqu'à un quartier que bien des gens auraient appelés mal famés, un grand bruit retentit et la porte d'un magasin s'ouvre à la volée, des bruits de courses se faisant entendre dans la rue.
Une femme sort du magasin, un carreau dans le flanc, se traînant comme elle le peut en hurlant
Mais votre poursuite est arrêtées par une petite bande de malfrat locaux qui vous barrent le passage.
-Hola, mes amis, pas de précipitations, qu'est ce que vous venez faire dans notre beau quartier ?
Saccage
Inaros
Nora lui montra alors ses talents cachés : la traque. Inaros le nota dans un coin de sa tête, ce talent pourrait s’avérer très utile. Lui-même n’était pas aussi doué. Lorsqu’il avait été un homme, la traque avait toujours été un de ses points faibles. Il était bien plus doué pour dissimuler ses propres traces. Prévenant Nora qu’il ne serait pas très long, Inaros rentra dans sa pièce mais la laissa entrebâiller. Il ne voulait pas que Nora porte de quelconques soupçons sur sa personne. Son but était tout autre : changer de vêtement. Il n’en pouvait plus de cette robe ! De plus en plus habitué à cette manoeuvre, il attrapa plusieurs bandelettes qu’il noua autour de sa poitrine pour la comprimer, puis attrapa sa tunique courte et son pantalon. Il enfila également ses propres bottes et se débarassa de l’attirail que portait constamment Ivara : colliers, boucles d’oreilles, bracelets. Il déposa tout sur la table, l’un des rares meubles de la pièce. Il n’avait cependant pas le temps de tresser correctement ses cheveux. Il les noua avec rapidité, les rassemblant juste au-dessus de sa nuque. Enfin, il se sentait bien plus libre de ses mouvements. Pour finir, il attrapa sa petite pochette de sable et la dissimula dans son accoutrement, à portée de main. Il décida de mettre sa capuche ainsi que l’habituel tissu qui couvrait le bas de son visage. C’était une simple mesure de précaution. Si leurs aventures les menaient dans des endroits peu fréquentables, il était préférable que le physique de Ivara ne soit pas reconnu. Quelques minutes plus tard, il rejoignit Nora en étant bien plus à l’aise. Par précaution, il jeta un regard dissuasif au brun, pour qu’il ne pose pas la moindre question. Fort heureusement, il était assez professionnel pour être concentré sur la traînée de sang au sol. Il l’avait même attendu et, sans rien ajouter, Inaros lui emboîta le pas.
Leur escapade les mena dans un des quartiers les plus malfamés de la Capitale. Il était amusant de constater que la criminalité se regroupait au même endroit, juste sous le nez de la royauté et des gardes. Ces derniers s’aventuraient rarement là-bas. Inaros, lui, avait eu maintes fois l’occasion d’y mettre les pieds bien qu’il ait été suffisamment chanceux dans son enfance pour ne pas avoir à y vivre. Enfin, ils arrivèrent devant une maison qui aurait pu être à l’abandon. Pourtant, il était certain que des gens y vivaient. Inaros allait demander à Nora quel plan il voulait adopter, lorsqu’un cri féminin se fit entendre dans toute la rue. C’était une femme, d’apparence assez juvénile, qui sortait d’un autre bâtiment en hurlant à l’aide et en se tenant le flanc. La blessure avait été causée par un carreau d’arbalète. Croyant fermement tenir la fautive, Inaros n’attendit pas l’aval de Nora pour courir à sa poursuite. Au vu de la blessure, elle n’irait pas bien loin. C’était d’ailleurs un miracle qu’elle ait réussi à venir jusqu’ici. Nora avait intérêt à arriver avant lui car ce n’est pas elle mais son cadavre qui allait répondre de ses actes.
Seulement, avant même de pouvoir la rattraper, quatre gaillards se placèrent devant eux en les empêchant d’avancer. Inaros retint un juron tandis que l’un d’eux prenait la parole.
Saccage
Inaros avait changé sa tenue pour quelque chose de plus confortable pour la course. Elle n'avait définitivement rien d'autre que l'apparence de la sculptrice qu'il connaissait. Ainsi que le même don, probablement. Elle avait échangé la robe avec un pantalon et une tunique, maintenant le moindre lacet de travers par des bandages, dissimulant le bas de son visage pour ne laisser transparaître que son regard perçant. L'aventurier ne lui posa aucune question, au contraire, elle était bien libre de faire ce qui lui chante, ce serait d'autant plus facile que de poursuivre leur piste dans cette tenue. Donnant le départ, le chasseur pista sans peine, si la forêt pouvait parfois s'avérer compliquée en zone de végétation dense, il n'avait aucun mal à retrouver quelqu'un souffrant d'une blessure ouverte dans un milieu urbain, encore mieux dans les endroits moins fréquentés. Arrivés face à la façade marquée d'une empreinte sanglante, le duo tourna la tête au cri d'une demoiselle cherchant à s'éloigner de cette bicoque s'apparentant à une échoppe de quartier, de laquelle sortit également un autre homme venant joindre les 3 autres faisant obstacles plus loin. Ils prenaient un air et un ton sûr d'eux, laissant transparaître des intentions bien moins nobles au vu de leurs agissements : ils avaient très certainement une idée de la raison qu'ils invoqueraient si les deux traqueurs se décidaient à être honnêtes. Bien loin de ça, Inaros passa en vitesse, dans un mouvement souple en terrassant deux hommes sur quatre, le troisième était simplement blessé. A quoi jouait-elle, elle voulait vraiment faire rappliquer la garde ? Bien heureusement, elle n'était pas vraiment active dans cette partie de la ville et laissait même passer des affaires de trafique malgré de nombreux signalement. Un meurtre sera vite étouffé, mais ce n'était toujours pas une raison de tuer le moindre criminel ! Pestant entre ses dents, Nora passa le second et vit le survivant tenter malgré tout d'arrêter l'aventurier, il plaqua sa main sur son visage et n'eut aucun mal à le projeter en arrière pour poursuivre la blonde, cette dernière ayant attrapé l'origine du cri fichée d'un carreau dans le flanc. Elle marmonna des suppliques et implora la pitié du duo. Peu de personnes s'étaient faites touchées dans la journée par une arbalète armée en piège, alors il n'y avait que très peu de doute possible sur le fait que cette femme était bel et bien entrée dans la boutique d'Ivara.
- "C’pas elle. Elle a juste dû vouloir voler des trucs après qu’la boutiqu’ ai été mise en sale état. T’aurais pas un pouvoir de guérison ? Elle va crever dans m’bras, là. J’suppose que m’sieur l’chevalier a pas envie d’la laisser mourir sans rien faire."
Très amusant, Inaros. Les principes du jeune homme ne le laisserait pas abandonner quelqu'un s'il a l'occasion de la sauver, mais à défaut d'avoir une potion ou un pouvoir, il ne pourrait malheureusement pas grand-chose pour elle. Du moins dans l'immédiat. Récupérant la femme dans ses bras pour l'examiner rapidement, le chasseur demanda sans même lever les yeux.
- "J'ai besoin de dix secondes, protège-moi."
Il activa son pouvoir au contact de la femme blessée et explora ses dernières pensées. Il marchait, en boîtant, épandant son hémoglobine qui constitua la piste qu'avait traqué le chasseur plus tôt. Tenu fermement par deux hommes, le pas forcé, Nora grinça des dents – le souvenir de la douleur était encore récent, il pu en sentir une partie juste en se remémorant la scène. Une voix masculine s'élevait et les mots, ayant marqués la demoiselle, étaient restés clairs et distincts malgré son état comateux.
- "Foutue sculptrice, elle doit avoir planqué quelque chose dans cette pièce. Un paquet d'pognon je parie."
- "Le boulot consistait seulement à briser les sculptures ! Le pingouin a été clair pourtant !"
- "Eh, si on peux pas profiter des occasions comme celle-ci pour piller un peu, j'vois pas comment on gagnerait notre pomme."
- "Tout ce qu'on récolte c'est une civile blessée, regarde la se vider de son sang, s'ils sont pas la moitié d'un troufion ils vont pas galérer longtemps à nous trouver ... J't'ai dis qu'on devrait la j'ter dans un coin de rue !"
- "Elle en sait trop et on est pas des assassins, alors ferme la et avance."
S'en suivit plusieurs minutes de marche, de douleur, d'information inutiles et finalement, l'arrivée dans le magasin. En levant la tête, l'aventurier vit les visages des deux hommes tués par Inaros, celui blessé et le dernier, installé derrière un bureau, clope au bec. Il haussa un sourcil ainsi que la voix.
- "C'est quoi c'foutoir, c'est qui elle ? Pourquoi vous ramenez une femme blessée ? Z'avez cru qu'on est les toubibs d'la charité ?!"
- "C'est l'idée de Rhork, il voulait pas qu'on la laisse crever dans un caniveau. J'ai pris mes précautions dans la boutique et j'lui ai fait ouvrir toutes les portes, si comme l'a dis le lèche-botte un des deux est dangereux, j'voulais pas manger un piège gratuitement."
Un silence s'installa, la moralité de ces actions créa un flot de rage au sein du jeune homme qui, malgré tout, continua de visualiser le souvenir. Ils avaient besoin de plus d'information.
- "Et imaginez qu'ce soit une chienne de noble ou une pote à la garde ?! Vous y avez pensé à ça ?! j'espère pour vous qu'vous avez pas été suivis, c'est un gros contrat pour nous. On saccage la boutique le jour, pour créer la panique et on installe des réserves d'huiles à l'intérieur pour faire sauter le bâtiment quand les deux idiots reviennent ! D'ailleurs, vous les avez eus ?"
- "Non, on a dû battre en retraite, cette truie beuglait comme si elle mettait bas, ça aurait alerté l'aventurier. Puis le commanditaire a dit de se méfier de son pouvoir, il a trouvé son comportement louche."
- "Tss ... ils vont sûrement rappliqués, on fait comme d'habitude, une diversion simple et dès qu'ils tournent le dos, un surin dans la gorge chacun ..."
- "Ils arrivent !"
- "Déjà ? Putain ... attachez ou butez cette femme, j'veux pas de bruit, on se prépare à accueillir nos amis."
Le groupe partit et seul le plus conciliant des tortionnaires resta pour accomplir les derniers ordres. Visiblement peu enclin à tuer son otage, il tourna autour du jeune homme blessé pour chercher de la corde. Dans un élan d'adrénaline, ce dernier attrapa un rebord d'étagère pour se dresser et tenter la fuite, en vain, car interrompu dans son mouvement par la main du brigand, il fut tiré en arrière, lançant d'autant plus la blessure et lui soutirant un cri de douleur – le cri qu'ils avaient entendu plus tôt. Sous la surprise, l'homme lâcha et la porte s'ouvrit en fracas pour offrir la fuite à la demoiselle.
Nora retrouva ses esprits, ce qui lui semblait être une quinzaine de minutes était en fait les dix secondes demandées à son alliée. Sans perdre le nord, il porta la demoiselle en se préparant à prendre la fuite avec elle, trop embourbé par la migraine pour se battre.
- "C'est le quatrième loubard ! Le chef des opérations, le dernier indemne ! Choppe le sans le buter, notre amie a des problèmes."
Et par amie, il entendait bien évidemment Ivara. L'instigateur de toute cette histoire avait déjà entamé sa fuite, aussi Inaros devra être rapide pour le rattraper. Nora quant à lui lança un regard peiné à la victime et se hâta loin des bâtiments sales du quartier répugnant pour s'éloigner de potentiellement plus d'ennuis. Dans l'immédiat, il devait trouver un endroit pour soigner la demoiselle, mais où ? Dans une taverne ou une auberge, il aurait le plus de chance de trouver quelqu'un avec un don adapté, mais ne voulant jouer sur sa chance, il tenta le tout pour le tout : un cabinet médical. Dans ce quartier, il y en avait probablement peu voir pas, celui de Dame Weiss était également bien trop loin pour courir jusque-là, il faudra donc y aller au feeling et les traces de sang feront office de piste pour Inaros, si elle n'est pas partie torturer le malfrat après l'avoir attrapé.
Saccage
Inaros
Une fois que l’aventurier la prit dans ses bras, Inaros recula d’un pas et essuya rapidement ses paumes ensanglantées sur ses vêtements. Le fait que ce soit par la suite compliqué à faire partir au lavage n’effleura même pas son esprit, il était bien trop stressé par la situation actuelle. Ce n’était pas que lui qui était touché, bien eux deux. L’aventurier, finalement aussi intéressé que lui par la survie de Ivara et sa sécurité, ayant demander à être protégé le temps d’utiliser son pouvoir, Inaros s’exécuta et matérialisa une nouvelle fois dans ses mains une petite lame en verre. Il avait bien deviné que Nora n’était pas capable de guérir les blessures. Il l’avait taclé pour signifier qu’il avait réellement besoin de son aide. Si Inaros était capable de mettre à terre quelques loubards sur leur chemin, il n’était pas aussi bon traqueur que son partenaire de fortune. Il était si concentré sur sa tâche qu’il ne vit pas que Nora venait déjà d’utiliser son pouvoir. Dix secondes, il avait tenu parole.
Inaros gardait dans un coin de sa tête qu’il l’avait effleuré, assez rapidement, à l’épaule - ainsi que le fameux Auguste - et que l’utilisation de son pouvoir pouvait lui causer de terribles maux de tête. Il devait être très puissant pour durer aussi peu de temps et causer de tels maux.
Il était désormais sur la grande rue dans laquelle gisait le corps des deux autres voleurs qu’il avait abattu un peu plus tôt. Sachant très bien qu’ils seraient impliqués dans quelque chose qu’ils ne voulaient pas s’ils s’y intéressaient d’un peu trop près, les rares badauds qui passaient par là ne s’y attardaient pas. Inaros ne mit pas longtemps à repérer sa cible. Le chef des brigands soutenait son homme de main qui avait été blessé par celui qu’on pouvait prendre pour une femme. Quoique, dans cet accoutrement, les gens pouvaient aussi bien penser qu’il était un jeune homme n’ayant pas eu la chance de muer. Sa cible était un homme d’âge mûr, avec une petite bedaine et une barbe non entretenue. L’autre homme était un peu plus jeune mais avait aussi une sale dégaine. Inaros s’approcha d’eux et surprit une conversation des plus intéressantes entre le duo.
Inaros put ainsi s’éloigner de ce quartier malfamé, sans avoir réussi à appréhender les deux voleurs. Il espérait que Nora avait réussi à trouver ce qu’il voulait et, même, qu’il était en sécurité. Il allait devoir écrire beaucoup de choses en rentrant. Et se reposer. Oh ça oui, il allait se reposer. Il allait également devoir préparer Ivara à ce qu’elle allait découvrir. Ainsi, il marcha jusqu’à la boutique, empruntant de nombreux passages secrets pour éviter la foule. Peut-être que Nora passerait par là un autre jour. Il était certain qu’il le reverrait.
Saccage
- "J’vais y’aller. Toi, t’as intérêt d’rester en vie. J’m’en fous d’la gamine. Toi, tu vis."
Inaros dans tout son art. Expéditif mais le poids de ses mots semblait calculé. Était-ce parce que l'aventurier possédait des informations ou bien par estime après cette journée plus que mouvementée ? Le jeune homme n'y pensa pas trop, simplement lui fit la promesse dans sa tête de revenir bien assez tôt, après tout, ils avaient quelques problématiques à aborder. La demoiselle dans les bras du brun gémissait à chaque foulée, malgré quoi, au vu de la quantité de sang qu'elle perdait, il ne pouvait se permettre de réduire l'allure au risque de la perdre avant d'avoir trouvé de l'aide. C'est ainsi que de rues en ruelles, de quartiers en bâtiment, l'annonce d'un cabinet médical mit fin à la course du jeune homme qui une fois précipité à l'intérieur, fit tonner sa voix.
- "J'ai besoin d'aide immédiate pour cette femme, elle est grièvement blessée !"
Interrompant un entretien de routine, un homme sur la table d'examen qui semblait en avoir terminé avec sa visite céda en vitesse la place pour y faire allonger la demoiselle. Le médecin, un homme dans la cinquantaine visiblement surprit de voir un carreau dans le flanc de la jeune femme, interrogea le garçon tout en s'appliquant à stopper au mieux l'hémorragie.
- "Par tous les diables que s'est-il passé ?!"
- "Je n'en ai aucune idée, je l'ai croisée dans les quartiers mal famés, blessée, elle s'est faite trainer par un groupe de criminels, probablement."
Mentant partiellement, il voulait s'assurer de pouvoir couvrir sa partenaire au maximum. Cette demoiselle n'était pas responsable de sa condition et il en avait eu la confirmation grâce à son pouvoir, ainsi faudrait-il l'épargner de toute formalité inutile. Restant présent dans la pièce et offrant son aide au médecin qui termina les soins par l'utilisation de son pouvoir, Nora laissa s'échapper un soupire de soulagement lorsqu'il confirma que les jours de la victime n'étaient plus en danger.
- "Bien jeune homme, je ne sais pas qui est cette femme pour vous, mais mes services ne sont pas gratuits. Je n'œuvre pas dans ce métier par simple plaisir voyez-vous, j'ai aussi une famille à nourrir. Avec une notice de la garde qui justifierait l'implication des criminels dans cet incident, je pourrais vous faire une réduction, autrement il faudra payer plein pot."
Ah, le sujet que l'on aime le moins. Nora jeta un regard à sa bourse de cristaux, souvent bien trop légère mais aujourd'hui quelque peu plus remplie – enfin, ceci aurait été le cas s'il avait récupéré sa récompense pour l'escorte d'Ivara. Il expliqua donc la situation au curieux personnage qui accepta de laisser le jeune homme faire l'aller-retour à la Guilde pour donner aussitôt la quasi intégralité de sa paie. La demoiselle regagnant conscience peu après, l'aventurier proposa de l'accompagner en ville, en sa qualité d'aventurier, ce qu'elle accepta après accord du médecin en posant des questions sur ce qu'il était arrivé.
- "Comment ... ai-je été blessé ? Je me rappelle d'avoir ouvert une porte, il y avait ces hommes et ..."
- "Vous avez été embarquée dans une histoire louche, visiblement. Mon amie et moi étions de passage et vous étiez en train de vous faire embarquer par des types suspects, nous avons pensé à une agression, voir un kidnapping. Vous devriez vraiment éviter ce genre de quartiers par le futur, il semblerait que les gens ici n'hésitent pas à tirer sur les inconnus ..."
- "Vous êtes intervenus ... ?"
- "Ne faites pas attention à ça, c'est mon devoir d'aventurier."
Une fausse modestie cachant le fait que mentir lui déplaisait. Encore fébrile, il serait facile de manipuler ses pensées en modifiant légèrement la vérité. Si elle oubliait la boutique d'Ivara pour remplacer cette mémoire par le repère de malfrats, il pourrait préserver son amie qui finalement, se trouvait aussi innocente dans cette histoire. Les vrais fautifs étant les brigands, leur commanditaire et en partie Inaros pour avoir piégé la boutique. Après tout, même si l'intention n'était pas mauvaise, la mesure sonnait toujours comme extrême dans la tête du brun.
- "Vous avez été blessée dans le repère des criminels, je pense. Ils parlaient de se débarrasser de quelqu'un, aussi, il serait mieux que vous preniez un peu de repos à présent. Ce genre de blessure peut laisser des séquelles, je vous escorterais donc à l'auberge la plus proche."
Elle acquiesça, visiblement troublée. Grâce aux connaissances acquises à l'aide de son pouvoir, l'aventurier pu manier le tissu de mensonge avec plus d'aise que prévu en priant qu'elle ne soit pas plus impliquée que ça dans cette histoire, il serait embêtant qu'elle découvre la vérité et compromette les affaires ainsi que la sécurité d'Ivara. En parlant de celle-ci, il n'avait aucune nouvelle et souhaitait rapidement la retrouver, mais ses économies ne lui permettraient pas de rester en ville plus longtemps, il faudrait donc trouver une mission rapidement en logeant à la moins bonne enseigne pour le minimum de temps. Après avoir quitté la victime de l'incident, le chasseur se mit en quête de travail, pour rencontrer quelque temps plus tard une curieuse blonde en quête d'escorte. Le voici donc partit pour s'absenter quelques jours après tant d'action en si peu de temps.