Le voyage jusqu’au grand port ne fut pas de tout repos pour la demoiselle. Elle s’était empressée de répondre à cette demande d’escorte pour la simple et bonne raison qu’elle ne se savait pas seule avec la jeune noble et surtout parce qu’elle devait se diriger vers la ville portuaire dans le but de rejoindre l’enchanteresse dont elle avait entendu parler. Qui de mieux pour étudier sa main qu’une femme ayant de grandes connaissances envers la magie.
Jaina avait donc échangé de simples lettres avec la dame afin de planifier une rencontre avec cette dernière dans un but premier; étudier sa main de pierre qui avait remplacé la sienne d’une façon dont elle se souvenait vaguement puisqu’elle n’était pas complètement maîtresse de ses actions. L’enchanteresse pourrait être intéressée face à cette magie nouvelle. Après tout, une matière première qui remplaçait la chair tout en conservant sa dextérité et qui avait la capacité de se régénérer en touchant une même matière, ça ne se voyait pas tous les jours. Si cette main ne lui avait pas été offerte par des créatures plus qu’étranges, elle ne serait pas inquiétée de cette dernière et encore moins si ça main n’avait pas par moment des instants de volonté qui lui était propre. D’ailleurs, elle avait avisé mademoiselle Gher qu’elle serait accompagnée de ses familiers sans pour autant spécifier qu’elle n’avait plus de demeure où les laisser séjourner.
Ce n’était pas la première fois que Jaina se rendait au grand-port. La première fois, elle était accompagnée de Red, un ami qu’elle n’avait pas revu depuis leur rencontre à trois. La seconde fois était tout simplement pour embarquer sur le navire qui les mènerait jusqu’à leur perte. Malheureusement, Jaina n’était plus très friande de cette belle étendue d’eau dont elle avait tant rêvé de visiter. Elle se serait très certainement contenté de marcher tranquillement, vagabondant dans les allées de la grande ville à la recherche de met intéressant ou bien de babiole ou de breloque à acheter, mais l’ancienne garde avait perdu tout appétit depuis son retour et avait bien vite perdu en chair. Même le sommeil semblait lui refuser ce plaisir et lorsqu’elle sentait enfin la fatigue la frapper, elle trouvait le moyen de se garder éveiller quitte à consommer des potions d’insomnies. Si cela devenait trop insupportable, elle avait d’autres moyens bien que peu recommandables et légaux.
Lorsque la demoiselle prit la navette pour la première fois, elle sentit la panique la saisir. Déjà, l’engin était bondé et il y avait très peu d’espace entre les individus. Jaina ne se sentait pas en sécurité et son lugnipus le pressentait. Alors il fit ce que tout bon chien d’assistance se devait de faire. Il bloqua sa maîtresse contre une paroi et empêcha toute personne de pénétrer la zone de confort de la rescapée. Il usa montra les dents pour ceux qui se fichaient complètement de la demoiselle, mais ne mordit jamais. Jaina tant qu’elle restait emmitouflée sous sa cape ne cherchant pas à se montrer à ses gens. Elle ne profitait même pas de l’expérience et ni de la beauté que l’océan pourrait lui offrir se contentant simplement de penser à autre chose qu’elle était en train de s’enfoncer dans les profondeurs de l’océan là où des créatures encore inconnues devaient y vivre. Elle se dirigeait vers la prison aquatique.
Une fois arrivé, Jaina prit alors la direction qu’une femme lui avait mentionnée lorsqu’elle avait demandé son chemin et elle fut vite sur place, parce qu’elle ne voulait pas perdre de temps. Peut-être qu’elle était un peu à l’avance pour son rendez-vous, mais elle avait préféré cela que d’arriver en retard. Cette fois-ci Jaina avait pris le temps d’étudier l’architecture du quartier d’étude de l’enchantement simplement par curiosité. Elle trouvait l’endroit joli, mais sans plus, pas au point de l’époustoufler. À vrai dire, la demoiselle avait perdu le goût à bien des choses depuis son retour et elle ne savait pas elle-même lorsqu’elle allait retrouver une vie normale. Peut-être que ça n’arrivera plus jamais, d’ailleurs. Dans tous les cas, c’est qu’elle ne pourrait pas retourner chez la garde. Déjà, elle espérait trouver une solution à sa main quitte à apprendre ce qu’elle était réellement et s’il y avait moyen de la contrôler.
Jaina prit un certain moment avant de se décider à ouvrir la porte prenant avant tout une grande inspiration. Sa main bandée ouvrit cette dernière et Jaina pénétra l’endroit en lançant un bonjour rauque et timide. Elle observa autour d’elle, histoire de se repérer puis retira sa capuche afin de révéler un visage creux au teint blafard.
- Je suis Jaina, dit-elle sans oser aller plus loin. Nous devions nous rencontrer aujourd’hui.
Jaina se pencha légèrement sur sa gauche, pour caresser la tête de son petit Cobalt qui prenait toujours en hauteur au fut et à mesure que le temps avançait. C’était un geste qui la réconfortait et l’animal avait pris l’habitude de se prostré du côté de sa sénestre puisqu’il refusait toujours contact avec la dextre de la demoiselle surtout pas depuis leurs retrouvailles.
Après quelques semaines de vacances, il est temps de reprendre le travail… Cette petite pause de repos auprès de Carciphona m’a fait beaucoup de bien après les derniers événements. Ma maison commence à peine à sortir de terre suite à la destruction de la précédente donc je reste un peu sans domicile. Cela faisait bien longtemps que je n’avait pas dû vivre dans une auberge, et cela ne m’avait pas manqué… Avec mon absence, la pile de courrier n’a fait que s’agrandir me donnant pas mal de travail. J’ai réussi à absorber une grande partie des travaux en attentes en enchaînant les longues journées et ainsi de pouvoir retrouver du temps pour mes propres recherches sur le dôme de la Ville Aquatique. Même si le gouverneur est partie, mon contrat avec la ville reste. Et même si la ville décidait finalement d’annuler le projet, rien ne m’empêchera de continuer ces travaux qui me propulseront à une position importante parmi les enchanteurs.
L’un des rares courriers qui n’a pas encore trouvé de véritable réponse est celui d’une jeune femme de la Capitale. Elle est resté relativement évasive concernant son besoin mais j’ai compris qu’elle souhaite que j’étudie un objet magique. C’est une chose très largement dans mes cordes bien qu’il m’aurait certainement été plus simple de me préparer avec quelques informations supplémentaires. Après quelques courriers, nous avons finalement réussi à convenir d’un rendez-vous pour étudier son objet.
Ne sachant pas trop à quoi m’attendre de cette étude, j’ai réservé ma journée complète pour ce travail. Bien souvent, l’étude est assez rapide mais, quelques fois, on tombe sur des petites pépites. Installée sur ma reproduction du monument magique du dôme de la ville, j’essaie encore et toujours de comprendre le langage de ces runes. Je relève la tête lorsque j’entend la porte d’entrée s’ouvrir. Laissant mes notes sur places, je descend de là et vais à la rencontre de mon visiteur. La personne entre avec son familier compagnon et ôte sa capuche. Le temps que je descende et la rejoigne la jeune femme, elle se présente confirmant être ma cliente du jour. Me dépêchant de traverser le laboratoire, je la rejoint à l’entrée.
Bonjour Mademoiselle Stonebridge. J’espère que vous avez trouvé facilement le laboratoire. Bienvenue dans mon humble laboratoire, venez vous installer.
Je tend un bras en direction des fauteuils entourant une table destinée uniquement à la discussion avec les clients tout en étant confortablement installé. Perché sur la rambarde de la mezzanine, Misuto se fait entendre, certainement pour faire part de son inquiétude suite à l’entrée d’un lugnipus.
Vos courriers étaient plutôt évasifs concernant l’objet que vous souhaitez faire étudier. Puis-je avoir plus de détail maintenant que nous sommes réunies ?
Etudier un objet, c’est une chose, le faire à l’aveugle, c’est une bien autre chose…
Cobalt est le premier à sentir la présence de l'enchanteresse qui s'approche d'eux. Il dressa les oreilles tournant doucement sa petite bouille de chiot d'un sens à l'autre. Ses oreilles dressées étaient encore trop grosses pour son crâne et il semblait avoir du mal à les tenir. D'ailleurs, l'une d'elle avait la mauvaise manie de rester plier lui donnant un air plutôt mignon. C'est ce qu'elle aimait chez lui avec son petit visage innocent, bien que doté d'une grande intelligence. Durant les trois semaines qu'elle ne l'avait pas vu, celui-ci avait pris un peu en taille et en poids. Enfin, Jaina se dressa à l'arrivée de la demoiselle qui semblait plus petite qu'elle. Avertis par le comportant de son lugnipus, Jaina avait pu se redresser et ne pas être surprise par l'arrivé de cette dernière. Ses sens n'étaient plus ce qu'ils étaient depuis son retour.
- Ce ne fut pas difficile, à vrai dire, j'ai demandé à quelques personnes, mais une fois ici, on remarque bien le bâtiment.
Elle observe autour d'elle, regardant un moment le plafond cathédrale qui surplombait leur tête, mais remarqua du coin de l'oeil la main qui l'invitait à prendre place sur l'un des fauteuils qui entourait une table. Jaina ne se fit pas prier. Marcher jusqu'ici, dans son état actuel, demandait beaucoup de ses forces. Elle tapa sur sa cuisse incitant ainsi le canidé à l'accompagner et l'incita à s'allonger à ses côtés. Le louveteau leva la tête un moment essayant de trouver la provenance du son qui s'était fait entendre plus haut, mais ne voyant pas, il coucha sa tête contre ses pattes qu'il avait croisée. Jaina avait assez confiance en son familier et savait qu'il n'irait pas s'aventurer ou bon lui semble. Leur lien s'était approfondi ces derniers temps et il ressentait la détresse de sa maîtresse qu'il ne quittait plus.
Lin fait remarqué à Jaina qu'elle était resté assez discrète sur l'objet dont elle voulait faire étudier, mais c'était assez compliqué à expliquer même pour elle. Comment lui expliquer par lettre ce qui lui était arrivé et l'origine de son apparition. Elle se racla la gorge, légèrement mal à l'aise, car il s'agirait là de la première personne a qui elle allait montrer sa main qui faisait parfois des siennes.
- Oui, je suis désolée pour cela, mais je ne pouvais pas me permettre d'entrer dans les détails sans prendre de risque. Enfin, je ne l'ai pas volé, ne vous inquiétez pas à ce sujet et si ce n'était que de moi, je m'en serais débarrassée depuis longtemps.
Jaina leva finalement son bras qu'elle gardait contre elle depuis son entrée et releva la manche de sa veste afin de montrer sa main et une partie de son avant-bras qui étaient complètement bander. Déroulant doucement le tissu qui couvrait la mutation, elle fit apparaître aux yeux de l'enchanteresse sa main faite de pierre.
- Voilà ce pour quoi je suis ici. J'ai essayé de m'en débarrasser en la brisant, mais dès que je touche de la pierre, elle se reforme. Je la sens comme s'il s'agissait vraiment de ma main, mais par moment j'ai l'impression qu'elle ne m'appartient plus...
Elle a trouvé assez facilement, cela me rassure un peu. Les habitants de la ville commencent enfin à avoir intégrer le déménagement du laboratoire ce qui n’était pas gagné au départ… Les habitudes ont du mal à changer. Peut-être que la destruction de l’ancien laboratoire lors de la tentative de cambriolage à assez marqué les esprits pour que cela rentre dans la tête des habitants. Invitant la jeune femme à s’installer à la table pour discuter tout en étant bien assis, je l’interroge sur les raisons de sa présence. En marchant, je lève la tête vers la mezzanine pour jeter un coup d’oeil au ribec qui a décidé de se faire entendre. Il est encore jeune et il aime bien rappeler sa présence au monde entier… Je souris à Jaina lorsqu’elle s’excuse d’avoir fait un peu de rétention d’information dans ces lettres allant jusqu’à essayer de me rassurer sur le fait qu’elle n’a pas volé l’objet.
Loin de moi l’idée de penser cela, c’est assez courant que les personnes ne souhaitent pas évoquer les propriétés de leurs objets magiques par courrier. Je comprend tout à fait qu’en cas de disparition du courrier, cela pourrait être embêtant s’il tombait entre de mauvaises mains.
Et tout le monde ne peut pas se targuer d’avoir des sécurités magiques comme les miennes pour dissuader les voleurs. J’observe avec attention ma cliente qui vient à poser son avant-bras sur la table. Un avant-bras complètement bandés… Lorsqu’elle commence à ôter le bandage, je comprend tout à fait l’expression “si ce n'était que de moi, je m'en serais débarrassée depuis longtemps.”. Je pressent qu’elle a fait les frais d’un objet magique mal conçus… Cela arrive quand l’enchanteur n’est pas à ce qu’il fait et rate son travail. L’enchantement semble avoir réussi mais lorsqu’on l’essaye, il réagit bien différemment… Dans les meilleurs des cas, il tombe juste en poussière. Dans les pires, il fusionne avec le porteur… Lorsqu’enfin se dévoile une main de pierre, je me pince la lèvre. C’est bien pire que ce que je pensais… J’écoute attentivement les explications de Jaina. En un sens, c’est une sacré création magique dans le sens où elle est capable de se régénérer tout en ayant les mêmes propriétés qu’une main standard. Je suis plus intriguée par cette impression de ne plus en avoir le contrôle par moment.
Je peux ?
Je tend les mains par-dessus la table pour qu’elle me prête sa main pour que j’essaye de l’examiner en premier lieu. Prenant celle-ci, je la palpe et la fait tourner pour la regarder sous toutes les coutures. Sous mes doigts, on dirait vraiment de la pierre mais les articulations restent vraiment souples… Si cela avait été voulu, j’aurai bien voulu qu’on me présente le génie capable de cette prouesse.
Vous pouvez m’expliquer comment c’est arrivé ? Le plus précisément possible…
Avant de vouloir faire quoi que ce soit, il me faut le plus d’informations possible. En travaillant à l’aveugle, je risquerai de la blesser inutilement… Pour le moment, je ne vois rien qui puisse indiquer des dégâts liés à un objet magique, cela laisse toujours une trace là où l’objet touchait la peau.
Jaina observa un moment la demoiselle cherchant une quelconque réaction chez cette dernière. Est-ce la première fois qu’elle voit quelque chose comme cela? Enfin, son sérieux rassura en partie la demoiselle qui ne sentait pas à l’aise de montrer son bras de cette façon. Lin était donc la première a qui elle le montrait. D’ailleurs, elle eut un léger mouvement de recul quand cette dernière lui demanda si elle pouvait examiner sa main. À vrai dire, elle n’avait pas peur d’elle, c’était surtout parce qu’elle avait peur que sa main décide de faire des siennes sans qu’elle ne puisse la contrôler. Elle ne voulait pas blesser la femme alors qu’elle était là que pour l’aider.
Enfin, Jaina poussa un léger soupir et tendit alors sa main alors qu’elle commença l’examen de cette dernière. Sauf que bien sûr, Jaina le sentait au plus profond d’elle qu’elle devrait expliquer à l’enchanteresse comment elle s’était retrouvée avec ça. Jaina s’installa donc confortablement sur son siège et observa sa dextre un petit moment avant de plonger son regard bleuté dans celui qui lui faisait face.
« J’ai…enfin, je ne sais pas comment expliquer. Je ne sais même pas si vous allez croire ce que je vais dire. Vous allez me prendre pour une folle. J’ai été appelée par un rêve. L’appel était si fort que je me suis dirigée au port afin de monter sur le navire qui nous attendait. Nous étions douze au début et nous avons réalisé que nous avions tous été appelés là de la même façon… »
Jaina doit fermer les yeux pour se concentrer. Tout semble flou bien qu’un marteau semble marteler son crâne à chacun de ses mots prononcés. Elle voulait oublier cette expédition qui avait mal tourné, oublié ce qu’elle y avait vu et vécu.
« Enfin, il y a eu un naufrage, nous nous sommes retrouvés à trois sur une île étrange. Il y avait des choses étranges, des statues qui s’animent… » Sa main gauche se place sur son biceps opposé comme si elle cherchait à s’étreindre afin de se concentrer. « Nos pouvoirs et nos objets magiques ont arrêté de fonctionner. Il y avait des murmures des voix, une langue qu’on ne comprenait pas. Nous avons découvert une salle qui ressemblait à une école ou un genre de secte. Je ne sais pas trop dire… enfin, il y avait plusieurs écrits parlant de la chair et de la pierre… »
La main de la demoiselle se mit alors à trembler contre la table alors qu’elle semblait fortement concentrer sur ce qu’elle racontait.
« Tu sers la Pierre. Tes restes feront de même.
La peau est la prison des sanctifiés et la forteresse des hérétiques. »
Sa voix avait changé lorsqu’elle avait récité ces deux phrases qui avaient été gravées dans son esprit. Elle se souvenait de ces étranges créatures qui la fixaient de haut. Elle se souvient de l’épée qu’elle avait accepté de prendre et après tout avait été si flou.
« J’ai perdu conscience un moment de ce que je faisais et me suis réveillée alors que ma main s’était enfoncée dans une geôle de pierre. Quand j’ai pu la ressortir, il n’y avait qu’un moignon, mais la pierre s’est liée à mon bras pour former ceci… »
Elle déposa finalement sa senestre sur sa main tremblante pour l’empêcher de bouger davantage. Elle ferma les yeux et prit une grande inspiration.
« Je suis désolée si ce n’est pas très clair…Je ne peux même pas expliquer moi-même ce qui nous est arrivé… »
La jeune femme n’est clairement pas à l’aise avec sa main de roche, ce qui est compréhensible. Personne n’est heureux d’une telle transformation physique. La question principale pour commencer à travailler est la façon dont elle s’est retrouvée comme cela. Elle commence à m’expliquer l’aventure qui lui a causé ce souci raillant le fait que je puisse trouver son histoire impossible à croire. Je me retient de lui dire qu’elle serait sûrement surprise de ce que j’ai pu voir à force de travailler sur la magie. Je hoche la tête silencieuse en continuant d’observer la main et ses caractéristiques. Lorsqu’elle évoque une pierre avec des écrits, je hausse un sourcil. L’inscription qu’elle me donne me fait penser à une sorte de magie ancienne mais normalement, on ne retrouve les vieilles runes de cette magie que dans des livres. A ce moment, sa main semble se décider à montrer la fameuse volontée propre qu’elle a évoquée. Toute cette explication me laisse plutôt perplexe… Là, je dirai qu’elle a subi un enchantement mal calibré où volontairement fait pour modifier l’humain. Une forme d’enchantement tabou et proscrit depuis très longtemps.
Ne vous excusez pas, je ne suis guère étonné ce genre de chose n’est pas anodine.
Je me lève pour aller chercher un carnet et un crayon.
A première vue, je dirais que vous avez eu la malchance de tomber sur une très vieille magie, du genre interdite depuis très longtemps parmi les enchanteurs.
Revenue à la table, je commence à griffonner sur une feuille pour schématiser mon explication.
La salle que vous avez découvert, cela me fait penser aux vieilles runes géantes. La plupart des écrits sont mis sous scellés dans les archives du Conservatoire mais quelques informations sont disponibles afin que les enchanteurs puissent se prémunir de tels magies s’ils font de l’exploration.
Je dessine un cube pour représenter la pièce puis un bonhomme à l’intérieur.
En entrant dans la pièce, vous avez dû activer une magie de modification du corps… Et cette magie, pour une raison inconnues s’est fixée sur votre main, peut-être un dysfonctionnement lié à l’âge et l’érosion.
Avec de petites flèches, j’essaye de mettre en évidence l’action de la magie.
Cette magie ne doit pas être anodine pour le corps d’où votre perte de conscience…
Finalement, je pose mon crayon pour croiser les bras en plongeant mon regard dans le sien. L’annonce que je vais lui faire n’est pas une chose heureuse.
Si c’est bien ce qu’il s’est passé, je dois vous informer qu’il y a peu de chance, voir même aucune, que l’on arrive à vous en débarrasser… Si cela peut vous rassurer, nous pouvons réaliser quelques tests pour aller plus loin dans l’étude mais cela ne sera pas agréable voir même douloureux pour vous. La décision vous revient de droit.
J’espère me tromper car cela voudrait dire que nous pouvons essayer de l’en débarrasser.
Le petit loup, Cobalte, poussa un léger gémissement lorsqu’il sentit la détresse de sa maîtresse. On dit que les canidés ont ce don pour communiquer silencieusement. Tout est une question d’aura et d’émotion transmise. Ils ressentiront notre colère tout comme notre joie. Ces animaux sont faits pour vivre au sein d’un groupe. La petite bête se leva donc et déposa ses grosses pattes sur les cuisses de Jaina et frotta sa grande oreille sur son bras cherchant à y glisser sa tête. Ses retrouvailles avec ce dernier c’était peut-être mal tourné, mais leur lien ne s’était qu’amplifié surtout depuis qu’ils voyageaient tous les deux ensemble et qu’ils ne de quittaient plus.
Lin avait écouter ce que la demoiselle avait à raconter. Elle n’avait pas précisé qu’elle avait croisé des créatures humanoïdes qui n’avaient jamais été répertoriées dans aucun livre et n’avait pas plus parlé des créatures de son rêve. Elle écoutait alors la demoiselle qui semblait émettre une hypothèse sur son bras et quand elle entendit qu’elle ne pourrait peut-être jamais s’en défaire, elle sentit l’angoisse dans ses tripes et remonter jusqu’à sa gorge comme si elle était prise dans un étau. Elle chercha son souffle pendant un instant et observa sa main de pierre quelque peu paniqué. À ce moment même, elle n’avait envie que d’une chose et s’était de la voir disparaitre à tout jamais! Si elle la brisait, mais qu’elle ne touchait plus de pierre ou de roche, celle-ci ne reviendrait pas, mais cela vaudrait aussi dire qu’elle ne pourrait plus se servir de son pouvoir sous risque de la voir se reformer. L’angoisse se transforma en colère puis elle serra fortement son poing muté et se retint de justesse pour ne pas la voir fracasser la table devant elle.
« Vous avez sans doute raison sur l’origine de celle-ci. Cet endroit était unique au point que quelque chose d’omniprésent réussisse à prendre le contrôle de mon corps. Ce n’était pas un endroit banal. J’y ai même vu des textes concernant la science… Enfin, ces créatures ne ressemblaient à rien, elle n’avait pas de visage, mais ne semblait pas hostile envers moi. »
Elle eut un petit sourire amer, parce qu’elle se souvient de l’apparition de l’être difforme qui l’avait complètement ignoré et qui avait poursuivi son chemin afin de s’en prendre à ses deux compagnons avant d’en oublier la suite puis de se réveiller au moment de l’apparition de sa main.
« J’imagine que la volonté particulière de ma main pourrait être liée à cet endroit? Savez-vous s’il y aurait au moins un moyen de l’enlever? Je ne veux plus perdre le contrôle. Je ne veux pas blesser personne même s’il s’agit de quelque chose d’au-delà de ma volonté. Je considère cette main dangereuse et j’aimerais pouvoir retrouver une vie normale… »
Plus facile à dire qu’à faire, puisqu’il n’y avait pas réellement que sa main de problématique, mais il s’agissait bien d’un tout. Les souvenirs de ces jours hanteront son esprit encore et encore, jour après jour, nuit après nuit. Seulement, il était plutôt facile de mettre ses problèmes actuels sur la faute de cette mutation.
La frustration et le désespoir de la jeune femme est bien visible mais je crains qu'il ne me soit guère possible de faire plus. Mais je compte bien tenter de l'aider, ma fierté d'enchanteresse en prendrait un coup si je ne mettais pas tout en œuvre pour résoudre ce soucis d'ordre magique. Je me demande si elle saurait retrouver cette île, cela pourrait être d'une grande aide mais je doute qu'elle accepte d'y retourner vu son état. Mais la curiosité concernant les écrits évoqués est trop grande, cela pourrait permettre de révolutionner notre magie actuelle. Au pire, cela pourrait permettre de mettre sous clef des écritures très dangereuses.
Vous sauriez retrouver cette île ? Non pas que les créatures m'intéresse mais il serait bon de veiller à ce que personne ne retombe dans ce genre de pièges.
Cela ne serait peut-être pas une mauvaise chose même si le danger sera omniprésent pour ceux qui s'y atteleront. En attendant, Jaina m'interroge concernant la possibilité de restreindre la volonté propre de sa main de pierre à défaut de pouvoir s'en débarrasser pour de bon…
Cela pourrait être possible… Enfin, je pense, cela va demander du travail mais je ne perd pas espoir de vous débarrasser de cette main de pierre.
Je quitte la table pour passer vers mes espaces de travail. Tout en commençant à sortir mes pylônes et le support pour l'analyse de la magie, je l'interroge sur le temps que j'ai pour étudier son cas.
Combien de temps avez-vous pour que vous puissions travailler sur votre cas ? Venez quand même par ici.
Je commence mon assemblage. Avec ça, on devrait pouvoir avoir une représentation de la magie qui l'affecte et peut-être pouvoir comprendre des choses… Mais je craint que cela ne soit pas aussi serein qu'avec le Capitaine Al Rakija, elle pourrait en souffrir d'une façon ou d'une autre. D'un geste, je l'incite à poser sa main au milieu du pentagramme.
Retrouver l’île ne serait pas chose facile. Les douze membres de cette expédition ne se connaissaient pas du moins pour quelques-uns. L’appel ne s’est fait que par rêve et aucune signature ou promesse de récompense ne furent donnée. Alors peut-être avaient-ils tous été pris d’une certaine folie? Dans tous les cas, Jaina n’étant pas une navigatrice ne pourrait pas donner la direction que le navire avait prise après avoir été au large. Puis, combien de temps avaient-ils flotté sur l’eau avant de n’échouer sur la berge suite au naufrage. L’ancienne garde royale secoua légèrement la tête de droite à gauche pour lui signaler qu’elle ne pouvait pas répondre à cette demande.
« Malheureusement, non, surtout après le naufrage, nous ne savions vraiment pas où nous nous trouvions, puis nous avons eu des difficultés à retrouver une sortie et un moyen de nous enfuir de cet endroit. Et pour tout avouer, je ne pense pas remettre les pieds sur un navire avant bien longtemps. »
Enfin, Jaina prend tout de même la chance de la questionner sur la volonté de sa main qui lui est parfois incontrôlable. Après tout, elle a poussé des membres de la garde royale alors qu’elle se frayait un chemin jusqu’à sa chambre et elle avait même attrapé un homme par le collet alors qu’ils s’étaient tous les deux bousculés par accident. La demoiselle s’était même excusée, mais sa main en avait décidé autrement il semblerait. Puis le fait d’avoir bousculé son lugnipus contre la base de son lit fut la goutte de trop.
« J’ai tout le temps qu’il vous faudra. J’étais garde royale, mais suite à ma disparition et à tout ce qui s’est passé, je me suis retirée de la garde tout simplement. Je considère que mon état actuel ne me permettra pas d’accomplir mon devoir. Ne vous inquiétez pas, j’ai de quoi vous payer puisque je n’ai pas qu’accumulé mes paies durant toutes ces années de service. »
La demoiselle l’observa alors qu’elle s’était levée pour entreprendre le montage d’une structure dont l’ancienne garde ne pouvait pas en deviner l’utilité. Après tout, elle n’y connaissait rien en magie et enchantement. Alors elle suit les instructions de l’enchanteresse et se lève pour déposer sa main de pierre au centre du pentagramme. Qu’allait-il se passer maintenant? Comment sa main allait-elle réagir à tout cela? C’était l’angoisse du moment et elle avait peur de briser quelque chose ou de blesser la flemme qui ne cherchait qu’à étudier sa dextre afin de l’aider.
« Juste par mesure de sécurité, ne vous mettez pas à ma droite. J’ai peur qu’un accident arrive si jamais cela venait à déraper. »
Je comprend tout à fait son envie de rester loin de cette île qui lui cause tant de tourment. Compte tenu qu’elle était garde royale, je suppose qu’elle a déjà dû informer les autorités compétentes de l'existence de cet endroit donc je n’ai pas besoin de m’en préoccuper. Il ne reste donc que le sujet de cette main un peu turbulente et rocheuse… Et pour commencer, j’ai le test idéal ! Idéal pour moi mais certainement très désagréable pour elle… Tout en préparant ma rune en trois dimensions, je l’invite à venir jusqu’à l’espace de travail et à poser sa main au centre de la rune. Je lui sourit lorsqu’elle me met en garde sur les dangers de sa mains.
Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais faire attention. Cela risque d’être douloureux, je ne saurais dire comment votre main de pierre va supporter la magie…
Dans le pire des cas, je suppose que la part de pierre explosera mais, selon ses dires, elle pourra la reformer aisément. J’espère juste que cela n’est pas trop douloureux quand cela se produit. Je n’aime pas faire souffrir mes clients inutilement. Une fois sa main en place, je pose le dernier pylône à sa place pour terminer la rune et l’activer. Rapidement, le tracé de la rune se met à briller tandis que la magie s’accumule. Il faut toujours un peu de temps avant que la magie n’agisse sur le réceptacle mais après quelques secondes, elle devrait commencer à sentir des picotements dans sa main… Au fur et à mesure que la magie s’infuse dans la main de pierre, une image rémanente lumineuse se forme dans l’air au-dessus de la rune (l'image rémanente).
Comment vous sentez-vous ? Cela ne vous brûle pas ?
Je n’ai jamais utilisé cette magie sur un cas comme le sien… Généralement, les objets passant au stade de rupture commence à rougeoyer avant de tomber en poussière ou d’exploser mais là, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. On ne peut se reposer que sur ses sensations. Je reporte mon attention sur l’image qui commence à devenir plus nette et me pince la lèvre inférieure. C’est un véritable sac de noeud… Généralement, les images sont certes incompréhensible au premier abord mais elles ont une structure visible. Pas comme celle-ci où l’on peut éventuellement distinguer un cube au milieu d’un charnier de lignes emmêlées… Je n’ai jamais observer l’image rémanente d’une magie de modification des corps vivants alors il est délicat d’affirmer quoi que ce soit mais je ne vois même pas par où je pourrais commencer mon travail d’analyse. N’est-ce pas le propre d’une magie irréversible ?
Lin semble sûr d’elle alors que Jaina lui mentionne de ne pas se positionner sur sa droite pour des raisons qui lui paraissait évidentes. Elle eut d’ailleurs raison d’en faire la demande puisque cette dernière ajouta que le processus pouvait être douloureux pour la garde. Elle non plus ne savait pas comment sa main allait réagir et c’était bien ça le pire. Elle déglutit péniblement alors que Lin termina l’assemblage de son montage et actionna le tout.
Tout semblait allait bien, pour l’instant alors que Jaina observe avec curiosité les runes s’illuminer. C’était bien la première fois qu’elle observait un pareil spectacle. Enfin, si elle ne compte pas le puits de lumière étrange qui avait, on ne sait trop comment, réussi à pénétrer l’esprit de la demoiselle qui s’était scarifié le visage gravant ainsi des runes dont elle avait déjà vu à de nombreuses reprises en cet endroit. Heureusement que son ami avait réagi rapidement tentant de bander les plaies tout en les nettoyants d’eau. Il lui avait fait boire l’une de ses potions et le visage de la demoiselle n’avait, par bonheur, rien eu par la suite. Enfin, après quelques secondes d’observation, Jaina ressent les tremblements de sa main. Normalement et de ce qu’elle avait remarqué, elle ne ressentait plus la douleur chez cette dernière. Elle l’avait remarqué lorsqu’elle avait tenté de se la couper à l’aide de son épée et lorsqu’elle l’avait fracassé une première fois contre un rocher. Bon, malheureusement, la deuxième fois elle s’était reformée presque aussitôt. Mais là c’était différent. La chose qui semblait se trouver dans sa main ne semblait pas du tout apprécier l’infusion de magie et fut parcourue de spasmes.
« Je …je vais bien, mais le problème c’est elle… »
Jaina luttait pour garder le contrôle de sa main. Elle la sentait essayer de s’éloigner et du agrippé son biceps de sa main gauche pour maintenir le tout en place. Des perles de sueurs apparurent alors sur son front et ce n’était pas tant les rougeurs qui apparaissaient sur sa main qui lui faisait mal, mais sa main en tant que telle. Comme si un courant électrique parcourait son bras tout entier jusqu’à son cerveau. Comme si elle essayait de lui envoyer un message. Elle serra les dents et poussa finalement un gémissement alors qu’une seconde vague de douleur parcourut son bras. Son souffle était devenu saccadé et rauque alors que les doigts de sa main bougeaient dans tous les sens et quand le point de rupture semblait être atteint et que sa main fût semblait rouge vive, celle-ci fut soufflée vers l’arrière alors que sa main sembla exploser envoyant des débris de pierre de tous les côtés. Jaina se protégeait de justesse le visage et tomba à la renverse poussant un souffle court. « Humpfh! » Sonnée, cette dernière resta allongée sur le dos alors que son familier arriva vers elle en courant. L’ex-garde tenta de retrouver son souffle et retira finalement sa main de son visage pour constater qu’il ne restait qu’une surface rocailleuse.
Elle tenta de s’asseoir et ne put faire bien plus, puisqu’elle fut prise de vertige et dû déposer sa main contre son front pour tenter de reprendre son calme. Son état lui importait peu, car tout ce qui comptait pour elle c’était ce que l’enchanteresse pourrait lui dire.
« Vous …vous avez vu quelque chose? »
Jusque là, je pourrais dire que tout va bien… La main de pierre est un peu agité, beaucoup en fait, mais sa propriétaire arrive à la tenir en place pour le moment. Le plus inquiétant est l’image lumineuse en elle-même. Cette image est censée être une représentation magique plus ou moins ordonnée de la magie. Mais ici, on s’approche plus d’une pelote de laine emmêlée qu’autre chose. Peut-être que chaque fil représente quelque chose mais comment suivre un fil dans cette pelote immatérielle ? Quand je vois cela,je ne suis guère étonnée que personne n’ai jamais réussi à inverser ces magies de transmutation physique.
Absorbée à mes réflexions, je ne réagit que trop tard lorsque Jaina gémit de douleur. Certaine que tout se passé bien, j’ai négligé la jeune femme pour me concentrer sur l’image… La main déjà zebrée d’un rouge lumineux est en surcharge magique… Le meilleur moyen d’arréter la réaction étant de rompre la rune, je tend précipitement une main vers l’un des pylônes pour le retirer du plateau. Trop tard, la main de pierre explose avec un grand “crac” projetant son souffle et des débris tout autour. Habitée aux explosions en tout genre, je me protège machinalement le visage en reculant. Quelques bouts de pierres déchirent ma tunique et m’entaille un peu la peau mais cela reste peu problématique. Dès que les choses semblent plus calme, je me précipite vers ma cliente pour vérifier qu’elle va bien. Elle semble un peu sonnée et fatiguée mais pas gravement blessée, ce qui est presque un miracle quand on considère que l’explosion était à portée de main dans son cas. Tandis qu’elle essaye de reprendre un peu ses esprits et me questionne sur mes découvertes, j’inspecte ma rune tridimensionnelle.
Malheureusement, assez peu de choses…
Les pylônes ont été soufflés et quelques-uns portent des marques d’impacts les rendant inutilisables. Je vais devoir en fabriquer de nouveaux pour les remplacer, un moindre mal.
Mais suffisante pour en tirer des conclusions. Conclusions assez peu réjouissante, je le crains.
Je fais le chemin jusqu’à la réserve où je récupère mon livre mémoire. Quoi qu’il arrive, il est important que je garde une trace de cette image et l’étudie. Elle pourrait être une clef pour comprendre le lien entre vie et magie vu son effet sur le corps vivant. Tout en marchant, je fixe l’image dans le livre puis m'assois face à Jaina à même le sol.
Cette rune vise à créer une image de la magie contenue dans un corps ou objet, une image ordonnée selon un schéma complexe mais déchiffrable. Avec du temps, il est possible d’en comprendre la signification. Mais dans le cas de votre main, cela représente plus une pelote de laine emmêlée…
Je lui tend le livre pour qu’elle puisse regarder l’image.
Cela fait qu’elle indéchiffrable, je doute même qu’en une vie entière cela soit possible… J’ai bien peur de devoir vous annoncer qu’il ne me semble pas possible de vous rendre une main normale. Pour la conscience, on ne pourra pas non-plus la détruire seulement l’enfermer, la museler avec une création magique complexe…
Et cette création risque d’être couteuse vu la complexité de la magie à l’origine de cette conscience…
Elle n’avait pratiquement rien vu, mais semblait ne pas avoir de très bonnes nouvelles. Elle n’en dit pas plus et semble s’éloigner afin de se rendre dans un endroit que Jaina ne suivit pas. Non, elle observa sa main disparue avec aversion. Elle le sentait toujours présent et avait l’impression de pouvoir la mouvoir, mais rien ne se produit. En même temps, il n’y avait pas de pierre ni rocher autour afin qu’elle ne se reforme. Cobalt s’allongea sur les jambes de sa maîtresse et léchouilla doucement sa véritable main. Elle le caressa doucement glissant sa main contre son pelage et la demoiselle revint aussitôt s’asseoir devant elle armée d’un livre.
La demoiselle était bien silencieuse et c’était normal. Après tout, l’accueil d’une mauvaise nouvelle différait d’une personne à l’autre et Jaina ne savait tout simplement pas quoi dire. Enfin, elle écoutait tout de même ce que l’enchanteresse avait à dire. Elle comprenait plus ou moins ce qu’elle tentait de lui expliquer bien qu’il ne s’agissait absolument pas de son domaine et observa l’image qui se trouvait dans le livre qu’elle lui avait remis. Pour être emmêlée, elle n’avait pas du tout menti. C’était complexe et la demoiselle sentit une boule dans son estomac. Qu’allait-elle pouvoir faire maintenant que sa seule chance de retrouver une main normale venait de lamentablement échouer et elle ne pouvait pas faire grand-chose contre la conscience mis à part peut-être l’enfermer comme un animal en cage. Mais cela nécessitait une création magique complexe…
Jaina leva ses yeux ternes en direction de cette dernière. Elle n’avait même pas la force de se rebeller contre sa situation ni même de pleurer de rage pour les révélations. Elle poussa simplement un énorme soupir lassé et à la fois vaincu. Si c’est ce que la vie voulait pour elle, elle allait donc continuer sur cette voie alors. Qu’allait-elle pouvoir dire à Valeera à son retour? Voulait-elle simplement se présenter devant elle. Elle allait certainement se lasser d’elle, puisqu’elle se trouvait dans un état lamentable…
« Si vous me dites que la création magique peut l’empêcher de réagir par elle-même lorsque je l’aurai avec moi, alors je veux bien payer rubis sur ongle s’il le faut. Les cristaux ne me manquent pas de toute façon. »
L’ex-garde avait retrouvé un semblant de constance et s’aida de sa seule main pour se relever en poussant sur cette dernière pour se redresser.
« Où est-ce qu’on pourrait bien vouloir d’une ex-garde royale dans un état lamentable comme le mien… » Soupira-t-elle en parlant à voix basse plus pour elle que pour la jeune femme qui se tenait à ses côtés.
« Qu’est-ce que vous avez à me proposer? »
Moi qui m’attendait à une sorte de crise de larmes ou une explosion de colère face à cette nouvelle pour le moins horrible pour la jeune femme, il n’en est rien. J’ai plutôt l’impression d’avoir broyé sa volonté… Je n’ai jamais aimé annoncer de mauvaises nouvelles mais certaines sont plus gênantes que d’autres. Il lui faut quelques secondes pour assimiler l’information que je lui laisse en restant silencieuse. Je ne suis pas pressée et elle a besoin de temps pour se faire à l’idée qu’elle va devoir vivre avec cette main de pierre. Sa première réaction ne me surprend guère vu qu’elle a évoquée sa volonté de supprimer la volonté de la main.
Cela me semble faisable mais cela ne sera pas définitif, juste temporaire grâce à un enchantement supporté par un objet… Si vous retirez l’objet, la conscience de la main se manifestera de nouveau.
Je me lève pour commencer à faire du rangement après l’explosion, histoire qu’on ne discute pas au milieu des débris.
Prenez du temps pour y réfléchir, cela ne sera pas un acte magique anodin ni indolore pour vous… Je crains que la douleur ressentie aujourd’hui ne soit qu’une infime fraction de ce qui pourrait intervenir à cette occasion…
Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Elle seule peut le décider mais si elle souhaite en arriver là, je mettrai un point d’honneur à tout faire pour que cela se passe pour le mieux et avec le moins de douleur possible. Me saisissant d’un balais, je commence à rassembler le plus gros des débris dispersé autour de l’espace de travail. Je prend soin de mettre un morceau de roche de côté pour l’analyser plus tard, il pourrait être utile d’étudier l’impact de la magie de la main sur la pierre qui la constituait. Je m’immobilise et m’appuie sur le manche lorsqu’elle lance une interrogation sur ce qu’elle pourrait devenir maintenant que son état ne lui permet plus d’être garde royale. Cette interrogation était certainement plus destinée à elle-même qu’à moi mais je reste attentive, elle a vraisemblablement besoin qu’on lui accorde un peu d’attention. Chose confirmé par sa demande de conseils… Conseils que je ne saurais trop lui donner.
A vrai dire, je ne saurais vous dire, je n’ai jamais envisagé d’autres vies que celle d’enchanteresse… Je quitte parfois mon laboratoire pour aller chercher quelques ingrédients, ce sont mes petites aventures à moi.
Puis, je pense à Carciphona. Personne ne semble vraiment se soucier du passé des autres dans la Guilde des Aventuriers, cela pourrait lui convenir le temps de se trouver un nouveau but et se refaire une santé morale.
Vous avez envisagé la Guilde des Aventuriers ? Ils cherchent toujours de nouveaux membres et seront certainement heureux d’accueillir une ex-garde royale.
Il n’y a pas que du travail d’extermination de monstres, elle trouvera certainement une activité qui lui convienne.
Dans tous les cas, si la demoiselle acceptait de procéder à cet enchantement, la douleur qu’elle avait ressentie aujourd’hui aurait été douce comparé à celle qui l’attendait. Ce qui se cachait dans son bras lui faisait plus que peur. Elle craignait pour l’intégrité des gens qui la côtoyaient. Elle ignorait comment elle pouvait réagir dans certaines situations et pires, comment réagirait-elle si elle se trouvait oppressé de la sorte? Si ce n’était que provisoire, si jamais elle se libérait de son joug, qu’est-ce la conscience fera? Sera-t-elle complètement hors de contrôle? Jaina ne savait même pas si elle serait capable de la contrôler totalement un jour.
« Oui…je vais y réfléchir. Je ne sais même pas si mon corps en lui-même pourra tenir le coup… »
Jaina avait remarqué les changements de son corps et Lin ne la connaissait pas d’autrefois, donc elle ne pouvait pas en faire la différence, mais voilà. Est-ce qu’elle pourra toujours tenir le rythme de cette façon? Si ça trouve d’ici quelques semaines, on va la retrouver morte dans une ruelle. Elle secoua légèrement la tête chassant cette pensée de son esprit et Jaina finit par se remettre sur pied aider de son unique main valide. Quant à elle, Lin se mit à ramasser les dégâts occasionnés par l’explosion de sa main. La blonde se mit à observer autour d’elle et trouva pour constater d’elle-même ce qu’elle avait causé. Bon ça ne semblait pas bien grave et espérait ne rien avoir endommagé par la même occasion. Enfin, elle ne put s’empêcher de se dire à elle-même à voix haute ce qu’elle pourrait faire dorénavant qu’elle n’était de la garde et Lin arrêta son geste pour prendre appuie sur le manche de son balai parlant un peu d’elle.
« Hmm, j’étais pareille. Je ne quittais rarement la caserne si ce n’était que pour une assignation. Je ne connais que ça… »
Lorsqu’on demande à Jaina de parler d’elle, elle parle de son passé au temple de Lucy où elle y a grandi jusqu’à ses douze ans où elle abandonna la voie des initiés pour rejoindre la garde. Le côté militaire avait toujours plus attirant pour la demoiselle, surtout lorsqu’elle avait été sauvée dans sa jeunesse par l’un d’eux. Elle s’était mise dans la tête de faire comme eux et s’était donnée corps et âme lors de ses études. Mais Lin sembla donner une option qui pourrait peut-être intéresser la jeune femme. La guilde des aventuriers? Elle avait toujours rêvé de partir en aventure et de visiter le pays en entier, sortir d’entre les murs de la capitale et maintenant qu’elle le pouvait, elle sentait la peur la tenailler. Ce n’était plus par envie qu’elle devrait le faire, mais bien pour survivre.
« En effet, dit-elle avec un petit sourire en coin, j’ai toujours rêvé d’aventure et peut-être que mes compétences pourront être utiles. En quelque sorte, il aide et protège les citoyens à leur façon eu aussi. »
Mais où pourra-t-elle revenir entre deux missions. Avait-elle vraiment envie de vivre le restant de ses jours dans un emport’tout sans rien qui ne lui appartienne vraiment. Toujours se baigner dans la nature alors qu’elle n’y était vraiment pas habituée. Ce qu’il lui faudrait pour ce genre de situation c’est quelque chose qui pourrait l’aider à se sentir chez elle, peu importe où elle allait. Elle regarde son lugnipus à ses pieds et se pencha pour le caresser.
« Dites, cela pourrait vous paraître un peu loufoque, mais penseriez-vous qu’il serait possible d’améliorer un emport’tout. Le meubler par exemple et faire en sorte qu’il reste ainsi lorsqu’on le plie et déplie? Comme un petit logement? Je n’ai plus nulle part où loger et vivre dans une auberge ne m’intéresse pas et je ne veux pas m’imposer à ma sœur alors que nous venons de nous retrouver. »
La Guilde est peut-être une bonne solution de replis. Ce n’est pas si différent de la Garde, il y a des missions à remplir et toujours du travail pour qui le souhaite. Certe, il ne doit pas être simple de trouver des partenaires vraiment fiables mais avec un peu de “patience”, tout est possible. Je préviendrai Carciphona, elle pourra l’accueillir et la guider, c’est son rôle maintenant qu’elle est devenue Saphir.
C’est certain, la contribution d’un aventurier est différent de celle d’un Garde mais ce sont eux qui élimine les monstres qui menacent les habitants du royaume, pas la Garde.
Est-ce que cela se sent que j’ai une dent contre la Garde et plus de respect pour la Guilde ? Surement, mais avec mon passé, il est difficile de faire autrement. Toujours appuyée sur mon balai, je hausse un sourcil à la mention d’une demande loufoque. Plus rien ne me surprend personnellement, j’en ai tellement vu depuis mes débuts qu’aucune demande ne me semble étrange. J’écoute attentivement sa demande en souriant, cela ne me semble pas bien compliqué ni trop excentrique. Ce n’est qu’un de simples enchantements de fixation et sans-fond à rajouter sur un emport’tout.
Ce n’est pas impossible, c’est même une chose réalisable assez simplement. Je peux m’en charger aujourd’hui si cela vous convient.
J’abandonne mon balai contre un plan de travail pour me diriger vers la réserve tout en interrogeant Jaina.
Vous possédez déjà un emport’tout ? Des meubles que vous souhaitez mettre dedans ? L’enchantement en lui-même ne vous coutera pas grand chose, un ou deux cristaux gris. Si besoin, je vend des emport’tout pour cinq cristaux gris. Et il vous faut fournir les quelques meubles que vous souhaitez… S’il y a besoin de menus enchantements pour ajouter quelques fonctions comme pour la cuisson sans risque de tout enflammer, je fais un prix à un cristal gris.
De conseillère, me voilà de retour à l’un des aspects de mon travail, vendre des enchantements. La demande est simple, ce que cela implique comme réflexion, un peu moins. Il faut penser à diverses choses pour de telles créations. Elle veut un petit logement, cela implique la nourriture donc la cuisson. Surement aussi un petit espace de toilette, donc peut-être un moyen de chauffer l’eau… Quelques petites créations toutes simples mais qui mise bout à bout prennent du temps.
Jaina n’avait pas relevé la façon de s’exprimer lorsque Lin avait fait la différence entre la garde et les aventuriers. Elle avait été habituée pendant un certain moment à se faire cracher dessus par d’ancien collègue alors qu’elle était passée à la royale. C’était une façon de parler bien sûr, mais disons que depuis son retour les querelles qu’il pouvait y avoir entre chaque partie l’indifféraient. Elle avait d’autres soucis à régler puis à quoi bon cela servait? Dans tous les cas, si elle rejoignait la guilde, ses compétences pourraient être utilisées efficacement. Seulement, elle devait avant tout se remettre de ces épreuves. Tant qu’elle ne pourrait réellement manger et reprendre des forces, elle ne servirait à rien.
Non, plutôt, elle préféra demander à cette dernière si elle serait capable d’améliorer son emport’tout de sorte qu’il soit équipé comme un logement. Heureusement, Lin semble en être capable et pourrait même s’en occuper le jour même. Jaina la regarde, une lueur d’espoir dans les yeux, alors que cette dernière s’éloigne vers sa réserve tout en la questionnant.
- Oui, j’ai déjà un emport’tout. Malheureusement, je n’ai aucun meuble. J’ai vécu longuement à la caserne. Rien ne m’appartenait vraiment alors, peut-être que je pourrais vite fait aller me procurer des biens à mettre à l’intérieur. Tant que je suis équipée du nécessaire pour y vivre confortablement. Un lit séparé par de longs rideaux, une petite table basse où manger, voir mêmes des coussins en guise de confort déposer sur un tapis. Ça m’évitera l’achat de chaise. L’enchantement pour la cuisine que vous me proposez pourrait être bien pratique en effet. Une salle de bain ne vous causera pas de soucis non plus?
Jaina ne connaissait pas vraiment les valeurs des enchantements, mais au vu des prix en cristaux gris qu’elle lui proposait, cela ne semblait pas cher payer versus le salaire qu’elle avait pu toucher en tant que garde royale. Sans compter, les salaires de la civile juste avant. Enfin, Jaina avait toujours été une jeune femme réservée et dépensait que très peu alors elle était prête à mettre le prix qu’il faudrait pour avoir ce qu’elle désirait.
- Il y a un endroit où je pourrais me procurer tout cela et rapidement dans la ville aquatique? Je pourrais vous laisser mon emport’tout et m’occuper de ces détails alors que vous vous occuperez ce pour quoi je ne peux vous aider.
Bon, c'est vrai qu'il y avait le détail de sa main! Bon, elle n'avait qu'à la bander de nouveau et la cacher en attendant de toucher de la pierre de nouveau. Elle pouvait transporter des objets d'une dimension de deux mètre maximum dans son grand sac sans fond, mais pour les plus gros meubles, il lui faudrait de l'aider. Il y aura certainement quelqu'un qui pourra l'aider surtout si c'était pour faire livrer chez l’enchanteresse du village aquatique. Ça ne faisait pas très loin.
A l’entrée de ma réserve, je prend un panier prévu spécialement pour transporter facilement mes ingrédients sans les mélanger n’importe comment tout en interrogeant la jeune femme sur ce qu’elle possède déjà pour cet enchantement. Je note qu’elle possède déjà la base, l’emporte-tout ce qui va déjà être un bon gain de temps. Pendant l’échange, je prend plusieurs bocals d’ingrédients, reposant certains sans m’attarder plus dessus, chaque chose en son temps.
Aucun soucis pour vous créer un petit espace de toilette, c’est largement dans mes cordes. Par contre, il vous faudra fournir de l’eau au système, je ne peux pas en créer magiquement. Cela ne prendra que quelques heures pour tout mettre en place donc cela devrait être fini ce soir si vous arrivez à trouver votre bonheur en terme de meubles.
Comme je n’ai pas à fabriquer l’emporte-tout, je vais pouvoir commencer par me concentrer sur la zone de toilette et le petit espace de cuisson, surtout la pierre chauffante. Rien que ces deux points m'occuperont largement assez longtemps pour qu’elle ait le temps de trouver ses meubles. Finissant de remplir mon panier, je reviens près de Jaina qui m’interroge sur les lieux où elle pourrait trouver son bonheur en ville. Je prend un peu de temps pour réfléchir. Trouver son bonheur est largement aisé lorsque l’on a le temps mais dès lors qu’il faut que les choses soient disponibles immédiatement, les choses peuvent se compliquer un peu. Prenant un papier, je commence à dessiner un plan tout en lui expliquant.
Bien sûr que vous allez pouvoir trouver votre bonheur, il va certainement falloir faire quelques boutiques cependant. Du laboratoire, prenez cette rue pour aller chez Albert & Co, ils ont souvent de nombreux meubles en attente d’un nouveau propriétaire et ils sont généralement assez jolis. Vous pouvez ensuite suivre cette route et voir les boutiques que je vous indiques. Normalement, vous devriez y trouver tout ce qu’il vous faut. Prenez votre temps pour choisir ce qui vous plait, j’ai quelques heures de travail sur l’emporte-tout pour le reste.
Je lui tend le plan griffonné tout en récupérant l’objet magique sur lequel je vais devoir travailler. Par chance, j’ai encore quelques pièces d’une commande de système de chauffe et transport d’eau, je n’aurai pas à courir à la recherche du nécessaire, il n’y aura que l’enchantement à faire puis à réaliser le lien magique entre l’emporte-tout et les objets afin qu’ils soient comme faisant partie de l’objet initial. J’accompagne Jaina vers l’entrée, elle a des achats à faire et moi un objet magique à étendre pour travailler à l’intérieur. Pour une fois, j’ouvre l’une des grande porte au grand plaisir de Misuto qui s’envole immédiatement sur le toit pour piouler et observer une bonne partie de la ville.
Prenez votre temps et faites-vous plaisir.
La jeune femme a bien l’air d’en avoir besoin, de ce que j’ai compris, elle n’a jamais l’air de s’être vraiment préoccuper de son propre plaisir de vivre. Laissant la jeune femme partir, je me met au travail en activant l’objet sur la place faisant face au laboratoire.
Jaina se sentit emballer par le projet qu’elle avait en tête. Bien sûr, elle n’y serait pour rien. Tout le travail sera fait pas l’enchanteresse, mais le fait que cette dernière puisse répondre à ses besoins sans aucun souci fit l’effet d’un baume sur son cœur. Évidemment, ça ne réglera pas la source de ses problèmes, mais si elle avait un toit où dormir et vivre, cela faisait déjà une chose en moins. Peut-être qu’un jour, trouvera-t-elle une véritable demeure, mais elle allait se contenter de cela pour le moment. Puis si elle devenait aventurière comme lui avait suggéré l’enchanteresse, avec cet emport’tout, elle n’aura pas à se soucier de l’entretien d’une maison sans occupant. De toute façon, mis à part sa sœur qu’elle venait tout juste de retrouver, Jaina n’avait pas d’endroit où retourner.
« Tu as entendu, Cobalt, on ne dormira plus sur le sol. On aura du confort! »
Le louveteau de cinq mois tourna sur lui-même bien heureux que sa maîtresse montre un peu de son sourire. D’ailleurs, la demoiselle ne possède aucun bien alors elle n’a pas d’autre choix que d’acheter tout ce qui lui était nécessaire pour meubler l’endroit. Lin, ayant terminé de remplir son panier d’ingrédients, revint alors vers une Jaina qui se questionnait grandement sur l’emplacement d’une boutique qui pourrait faire son bonheur. Lin prend une feuille et un crayon, puis gribouille un plan afin de permettre à la demoiselle de se retrouver. Jaina écouta attentivement et hocha la tête retrouvant un semblant de pétillant dans ses yeux.
« Très bien, j’y vais de se pas alors, dit-elle en fouillant d’une seule main dans son sac pour y ressortir la petite boîte rouge qui était en sa possession. Voilà pour vous. »
Elle prend la plan et l’observe un moment avant que Lin la raccompagne jusqu’à l’entrée de sa boutique. Jaina ne comprenait pas pourquoi elle lui disait de se faire plaisir. Enfin, elle hocha la tête, la remercia de nouveau et partie donc à la recherche de la première boutique; Albert & Co. Le louveteau marchait fièrement la tête haute au côté de sa maîtresse alors que celle-ci tentait de ne pas se perdre. Ça lui rappela ses premières rondes à la régulière, quand elle devait trainer avec elle les cartes de la section qu’elle devait surveiller. Elle s’était perdue un nombre incalculable de fois! Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres. Cela fait un bon moment déjà. Et dire que cela lui prit que trois quelques jours pour voir sa vie s’effriter en morceau devant elle.
- Regarde maman! La madame, elle a un bras bizarre.
- Voyons mon chéri! On ne dit pas ça!
- Mais, regarde…
Jaina savait qu’il parlait d’elle et fut tenter de cacher son bras dans sa manche, mais malheureusement, celle-ci était complètement en lambeau. Elle accéléra alors le pas pour se retrouver plus vite à sa destination. Quand elle entra dans la boutique, elle fut frappée par l’odeur du bois et fut aussitôt accueillie par un homme.
- Bonjour, mademoiselle!
- Bonjour…
- Je vois que vous êtes accompagnées, dit-il en regardant sur sa droite.
- Peut-il me suivre? Il est très gentil et obéissant et j’ai vraiment besoin de sa présence à mes côtés…
- Bon, très bien!
- Merci!
- Je vous laisse faire le tour? Si vous avez besoin de quoi que ce soit, dites-le-moi, je suis là!
Jaina le remercia rapidement d’un léger hochement de tête et se mis alors à faire la tour de la boutique. Bien sûr, elle avait une idée en tête pour son petit salon, elle voulait quelque chose de simple. Une table basse qui pourrait lui permettre de recevoir quelques personnes pour manger. Puis il lui faudra aussi une base de lit. Les meubles de la cuisinette ainsi que de la salle de bain. N’étant pas la plus expérimentée dans ce domaine, elle fit donc appel à l’homme qui l’avait aidé. Elle prit le temps de lui expliquer son projet et celui-ci fut ravi de lui fournir ce dont elle avait besoin. Ils choisirent même les meubles qui pourraient le mieux convenir pour la dimension de l’emport’tout. Après tout, lorsqu’elle entrait à l’intérieur, celui-ci était en effet un trompe-l’œil de l’extérieur. Jaina termina la transaction et leur donna l’adresse de livraison puisqu’elle n’avait pas terminé ses achats.
Quand elle sortit de là, Jaina était déjà exténué. C’était à la fois amusant de décider pour soi avec les conseils d’un professionnel, mais tout de même épuisant! Tant de décision à prendre et c’est la qu’elle remarque qu’elle avait toujours agis avec la facilité. Quelques minutes de marches et la voilà donc à la seconde boutique.
Cette fois-ci, Jaina choisit tous les accessoires qui lui manquaient pour compléter la décoration de son chez elle. Coussin pour le confort lorsqu’elle mangera, tapis colorés à mettre sous la table, grands rideaux rouges qui ferait le contour de son matelas, un matelas et des draps, quelques morceaux de vaisselles et de casseroles soit le minimum requis pour cuisiner et pour la salle de bain, elle choisit même un joli miroir. Sans oublier qu’il lui faudrait des cristaux de lumière pour l’éclairage. Elle ne s’embêta pas et ne pris pas de babioles inutiles. Elle n’avait besoin que du nécessaire pour le moment. Le reste viendra avec le temps. Elle chercha à voir qu’il ne lui manquait rien et procéda au paiement. Faisant ainsi livré le tout chez l’enchanteresse.
Bien sûr sur le chemin du retour, elle accompagna les employés du second magasin. Normalement le premier devait déjà être arrivé. Elle ne sait pas combien de temps qu’elle avait passé, mais il est sûr qu’elle ira boire un verre à la fin de ce rendez-vous. Déjà, elle devait réfléchir au choix qui s’offrait à elle concernant sa main et avait besoin de temps et ne pourra donc pas répondre ce soir.
Jaina entra donc dans la boutique cherchant du regard l’enchanteresse.
« Nous sommes de retour! Où devons-nous laisser les boîtes? »
Le travail dans l’emport-tout de ma cliente est assez simple en quelque sorte. Ce ne sont que des enchantements que je fais régulièrement pour les artisans de la ville, le plus complexe est seulement de les intégrer magiquement à l’enchantement initial de la tente. A peine le temps mettre en place le système d’eau et le point “cuisson” que les premiers meubles arrivent directement livré par Albert. En attendant le retour de Jaina pour positionner ses meubles à sa guise, je me lance dans la préparation de l’encre nécessaire pour assurer la fusion des enchantements. Je vais faire ça avec une rune tracé à l’encre de tatouage, elle pénétrera bien et restera définitivement. Pour certains objets, je pense qu’une inclusion sera nécessaire pour garder un peu de mobilité du mobilier.
Le temps que Jaina revienne accompagnant un nouveau convoi de meuble et autres joyeusetés. Cela augure pas mal de travail mais c’est une bonne chose, l’emporte-tout sera à son image. Interrogée sur l’endroit où il faut déposer le matériel, j’invite les artisans à déposer leur marchandise à l’intérieur du laboratoire, juste devant la grande porte. Sait-on jamais, avec le dôme magique, tout peut arriver dont une pluie…
Prête à vous mettre au travail Jaina ? Il faut maintenant aménager votre chez vous.
Bien entendu, je vais l’aider pour déplacer tous les gros meubles avec mon pendentif plume. Puis pendant qu’elle installe les petites choses, je m’occuperai de commencer les enchantements. Et il y a pas mal de travail mais cela ne devrait pas être trop long, cela sera fini d’ici la fin d’après-midi.