Tu n’as même pas hésité plus de trois minutes quand un des hommes de la Guilde a dit qu’il cherchait quelqu’un pour aller délivrer un message. Ce n’est pas un boulot gratifiant, tu le sais et souvent tu râles quand on te demande de le faire. La différence, aujourd’hui, c’est que le message à délivrer va t’emmener dans une partie du Royaume que tu connais. Tu n’aurais pas l’assurance de dire “bien” hein, mais tu y es déjà allé, et il y a là-bas quelque chose qui te pousse à prendre l’enveloppe et à quitter la Capitale aussi sec.
L’avantage, quand on est un gamin plein d’énergie comme toi, c’est que tu ne vois que rarement le temps passer quand tu marches pour aller quelque part. Cette fois-ci ne se distingue pas des autres. Tu avances à un bon rythme. En chemin, un paysan sur sa carriole accepte de te prendre avec lui quelques kilomètres contre une présence pour papoter du beau temps et des dernières nouvelles du Royaume.
Midi a déjà sonné, 10 journées après ton départ, quand tu finis par arrivé à la Grande Forêt. Comme toujours, tu commences par délivrer ta lettre, en insistant probablement lourdement pour avoir une petite pierre comme pourboire, et quand tu ressors de là, c’est pour traîner du côté de la garde. Tu es connu là-bas. Pas pour être un jeune motivé à les rejoindre, mais parce que tu rôdes souvent dans le coin. Et cette fois-ci, c’est un homme qui quitte son tour de garde qui t’offre l’information que tu guettes. Elle va partir en patrouille, tu n’as pas de temps à perdre.
Tu cours, tu voles, et quand tu te faufiles entre des badauds, tu finis par la voir. Une jeune femme, toute jeune, toute mignonne, que tu ne vois absolument pas de cet œil-là Oh non, pour toi, Orphée, Xylia est l’aboutissement du chemin que tu suis. Elle est dotée d’un pouvoir semblable au tien, c’est une femme au milieu d’hommes, elle a un fort caractère, et elle, mon grand, elle a réussi sa vie !
« Ehhhhh ! Xylia ! Xylia, attends ! »
Tu cours, et en bousculant un homme, tu finis par la rattraper juste à temps avant qu’elle ne quitte le village. Ta main sur son épaule, tu te retrouves à souffler, plié en deux pendant quelques secondes, et quand tu te reprends, tu relèves tes yeux bleus sur elle, sans sourire.
« J’viens avec toi, j’ai ma journée ! Elle n’a même pas le choix. T’as bonne mine, j’suis content. Que tu rajoutes avec un sourire bref, finalement. »
Pas le temps, on y va !
Toujours les mêmes sujets repris dedans, mais arranger différemment. Toujours les mêmes demandent, simplement formulés d’une autre façon. Ignorer ses mots, les laisser sans jamais réponse, juste faire ton travail de garde et d’espionne, brûler cela aussi facilement que tu brûles des lettres d’information pour protéger les secrets d’espionnage serait si simple. Seulement, elle reste ta mère et ce cordon qui vous relie tout de même, même si son état est déplorable, est toujours présent. Malheureusement pour toi.
Un peu morose en prenant ton assignation de patrouille dans la forêt, près de la rivière, pour vérifié que tout est en ordre et que personne n’est en difficulté ou s’il n’y a pas des dangers pour le village. Rien de bien compliquer ou qui demande forcément un monde infini pour faire la portion qu’on t’a assignée. C’est fort de toutes ces idées-là que tu ajustes ton petit sac sans fond acheté dernièrement, ainsi que ton arc et épée pour que tout te gêne le moins possible. Une voix familière résonne dans tes oreilles et d’un seul coup plus besoin de te demander quel masque prendre, il est tout désigné d’office.
– Orphée.
Ta voix est mise blasé par jeux, mi-à moitié entrain de rire. Un sourire se forme sur tes lèvres et tout ton corps se redresse un peu plus pour avoir l’air plus majestueux. Comme une recherche d’avoir une prestance en plus. Quelque part tu l’envies un peu d’être autant libre, lui. Est-ce qu’aventurier aurait de l’être une voix plus libre pour tes mouvements ? Tu n’aurais pas ta nouvelle dans ce cas là et ça serait horrible.
— Tu sembles être en pleine forme aussi, tu es là depuis longtemps ? Il y avait une missive pour moi ?
C’est par son poste de messager que vous vous êtes connu, alors que tu étais dans la civile à courir dans tout Aryon entre ta couverture de garde et ton entraînement pour devenir celle que tu es aujourd’hui. Plus souvent croiser à la capitale qu’ailleurs, mais le voir de temps en temps depuis que tu es assigné au village perché fait du bien. Même si c’est rare, il a un enthousiasme avec toi qui est vraiment plaisant. Puis, d’une certaine façon, vous êtes assez semblable en bien des points.
— Comment est-ce que je pourrais refusé un aide à faire mon boulot si gentiment proposer, c’est bien ce que tu comptes faire, n’est-ce pas ?
Il y a toujours cette touche de rire dans ta voix pour indiquer que tout dans cette situation t’amuse plus qu’autre chose. Puis lui faire vivre l’expérience d’être un garde lambda qui fait une patrouille lambda semble amusant aussi. Cela donnera un peu de piment à cette journée.
— Tu veux peut-être boire et reprendre ton souffle avant d’y aller. Est-ce que tu as au moins mangé ? Je préviens, je ne me m’occupe pas des malaises à cause d’un ventre vide.
Tout en lui disant cela, tu lui tapotes doucement l’épaule.
Il y a un petit bout de piqûre quand il t’annonce ne pas avoir de courrier pour toi. Quelque part, même si c’est idiot et un peu simplet, tu es toujours dans l’attente d’une lettre, de n’importe qui. Chaque lettre prouve que tu as une importance quelque part, c’est stupide parce que même sans lettre tu peux faire beaucoup de chose, mais une part de toi a tout de même cela ancré dans ta peau.
— Ton énergie fait toujours tellement de bien.
Il n’y a aucune ironie dans tes paroles. Il y a une certaine innocence dans la manière d’agir d’Orphée qui te fait sentir mieux, plus grande, plus responsable, plus libre aussi quelque part. Pas besoin de se prendre la tête, comme si le poids de tes masques était un peu différent sur le moment. Ses talents d’aventurier te font parfois demander si ça n’aurait pas été une voix pour toi, plus libre, mais qui a moins de poids pour changer le monde. Parce que tu changes le monde ? Première nouvelle, mais continue de te bercer d’illusion.
— Je…
Il est déjà parti vous chercher à manger avant que tu es pu lui dire que tu avais de quoi faire dans ton petit sac sans fond. Beaucoup trop d’énergie d’un seul coup. Pourtant, ce n’est pas bien différent de toi quand tu te mets dans tout tes états pour quelque chose. Un rire te prend alors que tu vois des passants se plaindre autour de toi du trop-plein d’énergie du garçon. Dire qu’il est plus âgé, mais que cette attitude te fait croire que c’est l’inverse parfois. C’est plaisant, gratifiant aussi.
— Oui, on se met en route avant que ça soit toi ma patrouille du jour. Une arrestation pour trouble de l’ordre public en proposant son aide cela fait un peu tache.
Tu n’en penses pas un mot et tout dans ton attitude l’exprime. Du sourire en coin à l’ironie qui est clairement audible dans ta voix. Cette fois toi qui le prends par le bras pour l’entraîner à ta suite dans un rire. Il y a un bout de crainte qu’il retourne à courir de partout dans tous les coins et que c’est ce qu’on te demande de vraiment faire. Cela serait certes un peu amusant sur le moment, mais aussi beaucoup de paperasse à faire en même temps.
— On est déjà en route, c’est toi qui traînes pour prendre à manger. Franchement, que va-t-on faire de toi ?
Une petite tape sur son bras, puis tu te redresses plus sérieusement et salut quelque passants par habitude, plus par habitude qu’autre chose en soit.
— Il y a quelque jour on a trouvé plein de pièges à loup, neuf, poser pas loin du village. C’est un peu étrange, pour le moment il n’y a pas de piste, même celle du braconnage ne semble pas tenir la route pour le coup. Donc, en soi, mise à part les créatures habituelles, il faudra aussi faire attention à cela. Même si soigner cela n’était pas des plus compliqué il serait bon de ne pas avoir besoin pour le coup. Mais bon, même avec des capacités de combat épique, contre ce genre de piège tu perds. Dommage, imagine un piège avec une âme artificielle en lui qui se referme de lui-même sur le bon choix de proie. Là, ça commence à être un combat beaucoup plus épique.
Tout en continuer d’indiquer le chemin à suivre pour arriver à la place de la patrouille exactement tu continues de parler, c’est plaisant de pouvoir parler sans prise de tête ainsi.
— En soi, ce n’est pas une patrouille où l’on nous demande de forcément nous battre. Comme toutes les missions de la guilde ne sont pas de la chasse de créature légendaire, chez les gardes ont fait souvent juste de la vérification que tout va bien qu’autre chose… On n’a pas eu de signalement de bandit pour le moment, mais cette affaire de piège turlupine et on va si on a des indices dessus ça serait vraiment bien… Après il faut aussi faire attention qu’aucun animal dangereux ne s’approche trop près du village aussi… Au fait, tu as pu partir en mission dernièrement ? Tu as pu voir de nouvelle technique ? Je dois t’en montrer une avec du lancer de fruit pas mal du tout en distraction.
Parce que mine de rien, après ta dernière mission avec Zahria tu t’es entrainé encore plus pour arriver à viser de plus en plus loin et mieux avec une pierre ou n’importe quel fruit des zones très précises. Ça ne semble pas si exceptionnel que cela dans l’idée, mais tu en es tout de même vachement fière.
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