Après notre enquête avec la Garde Mavrocordato sur le culte du Gloot Sacrée, les différents officiers supérieurs ont décidé que nous allons plutôt préparé un assaut sur l’emplacement de l’arbre sacré. Nous n’allons pas attendre qu’ils retrouvent leurs homologues du Village Perché pour qu’on se fasse dépasser par les évènements. C’est pourquoi nous allons faire, encore une fois, affaire ensemble la Capitale et le Village Perché. Je choisis de partir avec quatre de mes hommes pour cette mission et les Belluaires comptent m’envoyer quelques hommes également. Je serai en charge de la supervision de cette mission en tant qu’officier le plus gradé.

Avec moi, j’ai pris des gardes expérimentés mais aussi anciens adeptes de ce genre de terrain. Mon bastion s’occupe beaucoup de la gestion fluviale et les débordements urbains. J’ai malheureusement beaucoup de jeunes recrues mais peu habitués au terrain. C’est pourquoi le Sergent Dumas, la quarantaine passée , voir la cinquantaine, m’accompagne en tant que bras droit dans l’affaire. Nous avons travaillé jadis à Forteresse et je connais ses capacités à gérer le moindre problème si le commandement venait à tomber. Le teint hâlé, homme bien bâti, barbe légèrement grisonnante depuis le temps, il m’a vu limite grimper les échelons. J’avais avec moi Caporal Picard, une jeune femme qui vient de finir ses classes de sous-officiers mais très agile dans les arbres. Elle aurait fait une très bonne Belluaire mais elle a été affecté à mon service pour une année pour voir autre chose. J’avais également également sous-Caporal Rios et Forzaz, deux hommes de la trentaine, anciens gardes du Grand-Port. Habitués aux longues distances, ils sont endurants et leurs peaux hâlés font une petite touche d’exotisme à la Caserne. Quoi qu’il en soit, nous sommes partis tôt ce matin pour retrouver nos compagnons des Belluaires le lendemain.

Loki et Lucy avaient chacun de nouveau équipement. J’avais investi pour des sacs sans fond magiques sur-mesure, ainsi que des harnais adaptés. Tous les deux devenaient de plus en plus aptes aux missions et cette fois-ci, c’était leur première mission militaire. J’espère que tout ira pour eux mais vu les entraînements de ces derniers jours, il n’y aura pas de soucis. Pendant la route, nous prenons le temps de discuter tous les cinq. Avec mes hommes, j’avais total confiance, ils me connaissaient et inversement. Quelques familiarités et blagues entre nous mais ça restait bonne enfant. Le lendemain, nous arrivons enfin au camp que les Belluaires avaient déjà préparé. Quelques signaux à leur encontre nous permet de nous signaler et d’arriver en toute tranquillité. On pose pieds à terre avec mes hommes, nous présentant tel un escadron. Habillés avec nos armures du Myrmidon et toutes nos armes, nous avons certainement plus d’expérience que nos amis du nord mais je reconnais aussitôt la jeune recrue… Mavrocordato.

Toute de suite, elle se présente et entame la discussion avec nous, au grand désarroi de son supérieur. Je laisse faire, ne laissant rien paraître, surtout pas sourire car la situation s’y prêtait. Je l’avais prévenu et notre petite aventure est arrivé aux oreilles de son chef. Je vois alors la jeune recrue partir s’occuper de nos bêtes et parle quelques secondes avec l’officier.

- Merci de votre accueil, pouvons nous décaler notre réunion à toute à l’heure, devant un thé bien chaud ? Je vais me dégourdir les jambes, la moindre question demandé au Sergent Dumas. J’ai une jeune recrue à recadrer encore une fois.
-Mavrocordato ? Ne lui tenez pas rigueur, c’est une bonne petite, juste un problème de discipline.
-  J’ai pu constaté cela. Non, j’ai envie de l’embêter encore un peu, peut-être finira-t-elle par écouter.
-Bon courage alors Lieutenant, des semaines que j’essaye. Peut-être que vous y arriverez. N’hésitez pas à la prendre comme apprentie, les sales besognes, elle adore ça.
- J’ai cru comprendre. On se dit dans une heure, officier ?
-Pas de soucis !
-Dumas, peux-tu t’occuper des derniers préparatifs. J’ai ma première mission qui commence.  
-La p’tiote ? Toujours les causes désespérées Lieutenant.
- Toujours mais cette petite me rappelle quelqu’un.
-Allez-y, je m’en occupe.
- Merci Dumas.

La main sur la garde de mon épée, je m’approche de nos affaires avec la Garde qui était en train de détacher l’ensemble de ses sacoches, certainement en grognant pendant sa tâche. Je finis par m’approcher tout doucement et l’interpelle.

-Bonjour Garde Mavrocordato. A ce que je vois, vous faites toujours autant votre tête de mule.

Elle me rappelait sur certains points, un peu Elina. Mais ce sale caractère pourrait lui jouer des tours alors je préfère la prévenir avant qu’elle ne fasse n’importe quoi et le regrette.

- J’espère que vous êtes motivée pour cette mission. Si vous souhaitez faire partie de l’assaut, je veux que vous écoutez parfaitement mes ordres. Pas de rébellion dans mon équipe et je suis sûre que vous êtes plein de talent, j’aimerai bien voir ça !

Je finis par un petit sourire discret avant d’attraper ma sacoche qui était au sol.

-  Vous me montrez mes quartiers, recrue ?

- Je suis ravie d’apprendre que je peux donc compter sur vous.  

Je m’amuse alors à sourire à la jeune Garde. Elle avait du tempérament, c’était sûr et je me plaisais à la taquiner. Comme elle n’hésite pas de faire de même avec moi.

- Je ne sais pas si ma recommandation pourra y faire quelque chose. Le Capitaine Hekmatyar ne veut que les meilleurs ! La preuve, je suis encore ici mais vous je vais vous avouer quelque chose.

Je m’abaisse un peu pour dévoiler mon terrible secret à Xylia.

- Je n’aime pas trop leur armure. Vous avez vu celles des prétoriens, on fait comment pour courir avec ça ?

Je me redresse et rigole discrètement. Oui, leurs armures en jettent mais j’ai l’impression que c’est plus des armures d’apparat. Je les vois mal gravir les montagnes du Grand Nord avec tout ça, je les vois d’ailleurs pas du tout à grimper… il ne faudrait pas les casser non ?

- Alors je vous suis !  

Les mains dans le dos, je suis avec attention la présentation des diverses personnes qui va intégrer mon escouade. Il y avait un peu de tout mais la Garde s’amuse à ajouter ses petits commentaires en plus. C’était une coqueluche celle-là mais je suis contente de l’avoir pour m’expliquer tout ça. Ca va me permettre de mieux comprendre ses soldats et le fameux Elmex arrive pour passer un savon à sa recrue. Je ne dis rien mais ça me fait sourire. Le pauvre, il fait ce qu’il peut avec qu’il a. Il voulait bien présenter et j’aimais ce rapport paternaliste, il n’y a pas de mauvais fond et il fait ça pour elle même si elle ne le voit pas forcément comme ça.

Je fis un signe de main à son supérieur pour dire que je m’en occupe.

- Je vois qu’on essaye de retenir les leçons. Oui vous pouvez apprendre de moi, c’est comme ça que fonctionne la Garde non ?

Je l’amène alors vers ma tente qui servira certainement de poste de commande.

- Vous avez un chef qui vous apprécie beaucoup vous savez. Ce n’est pas tout le temps comme ça. Imaginez si vous aviez ce fameux Pastis ?
Bon même moi, je n’aurai jamais apprécié un goujat pareil mais on ne choisit pas toujours sauf quand on commence à être officier supérieur. On a le privilège de choisir ses hommes et surtout donner des ordres.

- Donc, j’ai pu attraper une carte des environs. Avec ce que vous m’avez dit, Granola et Dequidt pourront s’assurer de notre retraite en cas de pépin. Choisir un cap à piéger si on est poursuivi, il faudra ensuite un plan pour qu’on évite de se les prendre. Ensuite.

Je me concentre un peu et essaye de visualiser la zone. L’accès de la fameuse grotte où ils sont terrés. Enfin grotte, ce n’est pas le terme exacte, je ne sais pas comment on pourrait expliquer cela. Une Cavité ? Renforcement ? Grotte, c’était plus facile et elle se trouvait non loin de l’arbre sacré. Ils avaient le culot de faire ça à cet endroit alors qu’ils dénigrent le culte de Lucy. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils finissent au cachot de la Capitale pour répondre à cette série d’enlèvement.

- L’entrée se trouverait dans cette zone d’après vos rapports. Il n’a pas d’accès visible dans un rayon cinq mètres mais on n’est jamais trop prudent. La topographie des lieux montrent l’impossibilité de s’échapper par le Nord et L’Est. Notre campement se trouve au Sud d’ici. Nous pouvons facilement les encercler. Le problème est notre nombre, on ne pourra faire un assaut et la surveillance des fuyards. Ca sera un peu à la chance. Bien entendu, nous souhaitons aucun massacre mais délivrer certains fidèles qu’ont été manipulés, capturer les responsables. Ce ne sont pas les chevaliers noirs dont leur capacité militaire est faible. On va devoir bien faire attention…

J’explique quelques points détails supplémentaires et je finis par m’arrêter. Le Sergent Dumas finit par arriver.

- Lieutenant, tout est prêt ! Oh, il y a la petite nouvelle de votre première mission ? Vous apprenez des plus grands ?

Il finit par s’approcher et vient auprès de la table.

- Donc au premier coup d’oeil. Nous avons une bonne équipe avec chacun sa spécialité. Il faut just espérer qu’on arrive au bon moment. Nous ne sommes pas assez pour surveiller toute la zone mais les Belluaires ont bien travaillé, il n’y pas de raison.
- Oui le plan de repérage est bien complet.  
- Et toi petite. Tu es quel poste lors de l’assaut ?
- Avec moi.  
- Oh alors tu ne crains rien ! Tu verras, en combat c’est une autre femme !
- Ne raconte pas tous mes secrets. Bon, tu essayes de rassembler tout le monde. On va faire notre premier briefing.
- Pas de problème, Lieutenant.

Il quitte la tente, nous laissant de nouveau toute seule.

- Alors, vous voulez ajouter quelque chose ? Dois-je faire mention d’un point avec vos collègues. Qu’est-ce que je devrais faire à votre humble avis ?    

J’écoutais la jeune garde faire son analyse sans l’interrompre. Ne montrant pour l’instant, aucune émotion ou autre signe sur mon visage, je pose ma main ganté devant ma bouche. Elle avait de l’idée mais malheureusement comme elle le dit nous ne sommes pas des espions. Une équipe formée à la va-vite comme là, nous ne permettaient de faire une infiltration. De toute façon, cette secte n’était pas si méchante, ce n’était pas les chevaliers noirs qui avaient une milice armée. Non, pour eux, nous devons leur faire peur et trouver leur chef ou un bras droit. Rien que cela.

Elle passe ensuite sur un autre sujet, sur l’assaut que nous préparons. Oui, les prises d’otages étaient un moyen pour les faibles. Nous ne savons jamais si ils iront jusqu’au bout et c’était bien le problème. Des hommes désespérés, actes désespérés. Pour l’instant, ils ne faisaient de mal à personne mais si nous les acculons que se passera-t-il… Là était mon travail. Comprendre la situation, réagir et donner les ordres en conséquence et ce n’était jamais facile.

- Tout d’abord, parlons de ton premier projet.  

Je me détendis un peu et commence alors mes cours en tant que professeur.

- Effectivement, le Sergent peut très bien gérer ça mais il faut qu’on coordonne nos deux équipes. En si peu de temps, je ne peux pas me faire vraiment à l’idée de vos capacités et vous des nôtres. Ca fait beaucoup de variable qui pourraient faire capoter une infiltration. Les espions sont entrainés pour ça et ils s’occupent d’affaires plus nuisibles, plus dangereuses. Ici, cette secte ne semble pas avoir les critères adéquats donc c’est nous la Garde Civile qui va s’en occuper.    

Je dis ça en bombant légèrement le torse. Je ne connaissais pas l’unité des espions. Combien étaient-ils, leur chef, etc. Seul l’Etat Major était au courant…

- Donc pour une infiltration, il faut rien laisser au hasard et sur le coup, c’est un peu rapé, vous ne trouvez pas ?  

Je fis un léger sourire avant de continuer.

- Donc on va partir pour l’histoire l’assaut qui est plus dans nos cordes mais votre idée n’était pas mauvaise. Mais effectivement, je vais m’entretenir longuement avec le Sergent Elmex pour qu’on étudie toutes les possibilités. Maintenant passons à l’autre question.  

La plus délicate et extrêmement difficile à expliquer.

- Dans le meilleur des mondes, je dirais qu’il n’y arrivera rien mais l’homme est imprévisible ce qui fait le plus dangereux prédateur pour l’homme. Dans notre situation, nous avons des hommes faibles, sans compétence aux combats. Donc oui, prendre les gens en otage et la solution de facilité. Vont-ils aller jusqu’au bout ? Certains oui, certains non. Il faut donc trouver celui qui est capable. Trancher la gorge de quelqu’un demande du courage, poignarder aussi. Je ne sais pas si vous avez déjà tué un homme mais ce n’est pas une chose aisée et le souhaite à personne.  

Quand j’étais à Forteresse, nos ennemis étaient essentiellement les bêtes mais lors d’une patrouille de routine vers le col de Java. Des brigands avaient mis le feu à un village pour voler alcool et grains. Le mauvais temps leur avait fait croire que le Blizzard ne viendra jamais les importuner mais malheureusement pour eux, une patrouille descendait à ce moment là. J’y étais, simple garde de rang. J’ai vu mon premier sang. Une femme hurlait pendant qu’un homme voulait gouter à sa chair, mon supérieur avait vu la situation. Partant à vive allure, épée hors du fourreau, il part sauver l’honneur de cette femme. L’homme tira son épée mais elle était enchantée. Le sergent est mis en difficulté pendant que mes autres collègues étaient occupés ailleurs. Je pris alors mon épée et part aider mon camarade. A deux, nous arrivons rapidement à bout et je mis alors le coup final. Je me rappelle encore de la sensation, les bruits, le sang coulant de sa bouche, ses dernières paroles. “ Je t’aurai dans l’au delà “. Effayée, je tombais les fesses sur le sol, mon sergent essayant de me réconforter. Des nuits durant, cette voix me hantait puis j’ai fini par m’y faire. Je me suis confessée auprès de Lucy, cherchant son pardon, essayant de comprendre pourquoi elle m’a donné cette mission ? Comment je dois sauver l’humanité si je dois tuer à mon tour. La réponse a toujours été flou mais j’ai compris que je n’avais pas le choix. Il était mieux de sauver une belle âme que de laisser cette mauvaise âme continuer à sévir. Voilà ce que je me dis…

- J’ose espérer que cette situation n’arrive pas. Il faut donc user de fléchettes ou autres fléchettes pour l’immobiliser. Vous êtes des bons archers chez les Belluaires, je ne doute pas de vos capacités. Je pense que le meilleur moment de savoir, ça sera quand la situation se présentera et voir le regard de l’assaillant. C’est à ce moment que vous comprendrez…  

On ne peut pas sauver tout le monde, je l’ai appris très tôt. Nous ne sommes pas des héros, nous faisons notre maximum, nous faisons en sorte que tout se passe bien. Oui il y a des erreurs mais Lucy nous a façonné comme ça. Nous ne sommes pas des êtres parfaits et cette imperfection nous rends unique et intéressant.

-  D’autres questions avant de faire ma réunion auprès de tout le monde ? L’assaut sera certainement demain, profitons de cette fin de journée pour présenter nos talents et de festoyer calment et surtout raisonnablement !  


Avec le peu de réserve d’alcool que nous avons sur place, il ne risque théoriquement rien…

-  Allez, filez d’ici !

La jeune garde sortit de la chambre et part quérir le fameux sergent des Belluaires. Celui-ci arriva très rapidement. Plus âgé que moi certes, on sent que ça fait des années qui travaillent au sein du Village Perché. Peut-être que Mavrocordato ne le voit pas mais il jette toujours un coup d’oeil à chacun de ses hommes. Peut-être un réflexe d’officier qui a des hommes sous lui.

- Sergent Elmex, asseyez-vous.  

J’étais certes la plus gradée ici mais nous allons devoir travailler ensemble ses prochains jours. Il est le responsable de l’autre partie de mon équipe, il sera mon adjoint lors de l’assaut surtout sur la partie support.

- Votre jeune recrue m’a déjà fait un beau tableau de votre équipe.  
-Elle a fait quoi encore !!!

Il se frappe le front et secoue énergiquement la tête.

-Je ne sais pas ce qu’elle vous a dit mais veuillez l’excuser. Elle est…
- Oui, c’est une tête brûlée. Je connais bien ça mais ce n’est pas du tout un mauvais élément.  
-Oh que non mais peut-être que si un jour, elle apprends à écouter sans broncher. On pourra faire quelque chose d’elle.
- Oh, je n’en doute pas Sergent ! Mais n’ayez crainte, elle m’a dit tous les talents de vos hommes. Non, elle n’a rien fait de mal, je pense qu’un peu de responsabilité l’a fait assagir. Dès que nous sommes responsables d’autres camarades, le comportement change. Mais bon, quoi qu’il en soit, je vais faire part de mon plan.    

Il détends aussitôt ses épaules et je l’entends souffler. Il avait tout bonnement peur de devoir rattraper les bêtises de tout le monde. Il n’y a pas de doute qu’il tenait à son équipe et tant mieux. Je n’avais pas un fanfaron qui allait au devant du danger pour récupérer les lauriers.

- Nous attaquerons en fin de soirée demain. Laissons nos équipes apprendre à se connaître. Ce que j’ai compris, vous avez une équipe spécialisée dans les pièges, ça sera parfait. Il faut qu’on détermine le couloir de fuite. La topographie du terrain est favorable, nous pouvons aisément bloqué plusieurs issues possible. Juste espérer qu’il n’y pas pas de passages secrets.  
-Oui j’ai plusieurs hommes qui peuvent faire ça. Nous pouvons aisément faire le travail de surveillance et vous transmettre les informations.
- C’est ça, je ne prévois pas que vos équipes soient dans l’assaut a proprement parlé. Ils se chargeront de faire le tri chez les fuyards. On va éviter les blessures, nos cibles ne sont pas dangereuses, il faudra extraire enfants et autres personnes faibles. Faut juste attraper les têtes pensantes, ça sera le travail de mon équipe. Les encercler et évacuer le reste. Bien entendu, ils devront être interrogés.  
-Bien entendu. Sur le papier, ça paraît simple. Pour la petite ?
- Je la prends avec moi. Je pense que la surveillance, ce n’est pas son fort et un peu d’action lui fera du bien. Ne vous faites pas, à mes côtés, elle ne risque rien. Je la protégerais si nécessaire.  
-J’en doute pas Lieutenant !
- Des questions ?  
-Non, je ne pense pas. Mavrocordato était en train de voir tout le monde. On fait le briefing ce soir ?
-  Oui devant un petit festin ! Rien de mieux pour l’esprit de cohésion.
-Ce n’est pas tous les jours que les Belluaires croisent les gens de la Capitale. Vous allez presque me faire changer d’avis sur ce que je pense d’eux.
- Ahaha, je suis de Forteresse de base mais bon, on s’y fait finalement ! c’est l’officier qui fait tout non ?  

Je fis un petit clin d’oeil et nous nous mettons à rire.

- Bon, je prépare le festin.
- Merci Sergent.  

Le voilà qui sort de la tente. Je passe un coup de cristal à Swan pour avoir informations de la Capitale, rien d’alarmant. Je ressors au bout d’une heure après avoir étudier plusieurs fois la carte et revu mon plan. Tout semble bien fonctionné. Dumas m’interpelle et m’invite à le rejoindre autour du feu. Nous étions tous là, tout le monde attendait que je prenne la parole. Mes hommes me connaissaient mais les autres ? Beaucoup étaient curieux mais je ne sens aucune hostilité. Elmex a certainement fait passer le mot et je lui fis un signe de tête en sa direction. La jeune garde finit par s’assoir à côté de moi. Je vois Dumas sourire à cette initiative, la petite avait compris qu’elle devrait me suivre partout. Elle me donne quelque chose à manger. Nous mangeons tous un bout et quand je pense chacun avait suffisamment le ventre plein, je finis par me lever pour rejoindre l’estrade improvisée.

Le silence se fait assez rapidement et je sens tous les regards vers moi.

- Je me présente, Lieutenant Alnilnam. Comme vous avez pu l’entendre par le Sergent Elmex pour les Belluaires. Je supervise cet assaut que nous mènerons demain.  Le mot d’ordre de celui-ci sera aucun mort, que ce soit pour les deux camps. Comme vous le savez, nous n’avons pas affaire à des brigands. La mission sera plus difficile car une équipe se chargera d’aller dans le repère pendant que d’autres sécurisent la zone. Prenons le maximum de prisonniers. Si des enfants s’échappent, laissons les faire, ils n’apporteront pas d’informations. Essayons d’attraper ceux qui sont à la tête de tout ça ! Mais avant, prenons un repas tous ensemble car demain, entraînement avec les divers binômes qui vont être crées.  

Certains lèvent des choppes, d’autres souriaient.

- Bien entendu, n’abusez pas !  

Certains belluaires poussent des cris de consternations mais quelques myrmidons leur rappellent discrètement qu’avec moi, pas d’excès. Je souhaite des hommes prêt au combat en tout temps, pas des cadavres soiffards.

- Je vous laisse tranquille pour aujourd’hui. Demain au lever de soleil, on fera un échauffement commun et on prépara tout ça !  

Je finis par m'asseoir près de la jeune brune. Certains hommes venaient discuter, certains me posaient des questions sur mon affectation sur Forteresse et j’avais connu le feu Capitaine Von Andrasil. La soirée se passa très bien et je décide de ne pas me coucher trop tard. Je finis par quitter mes hommes. Je laissais le choix à Xylia de rester avec ses camarades ou me suivre si elle le souhaite. J’avais encore quelques rapports à faire et appelez de nouveau Swan pour notre rapport quotidien.

C’était bientôt l’heure. Le coeur frappe ma cage thoracique. Certains parlent de cette adrénaline avant le combat qui secoue chaque homme. Oui je la ressens mais ce que je ressens moi, c’est que je peux mener ses hommes à leurs pertes si je prends de mauvaises décisions. Malgré toutes ces années, je ne m'y suis pas habituée. Preuve que je ne fonce pas tête baissée, une manière de me rassurer. Un signal retentit, nous étions prêts, il manquait plus que mes ordres. La petite était près de moi, attendant sagement mes ordres. J’avais maintenant une autre femme, je sais qu’elle écoutera chacun de mes ordres et même si je lui disais de se replier, elle le devrait !

Je jette un dernier coup d'œil, à gauche, à droite. Aucun signe d’éclaireur des adversaires et nous allons pouvoir lancer l’offensive. Je lance le signal et les différentes troupes partent. Il y avait deux équipes de récupérations et nous partions avec trois équipes de trois dans le repère. Sergent Dumas s’occupe du premier assaut avec un belluaire et un myrmidon. Le Caporal Picard est avec deux autres belluaires avec qui elle a tout de suite accroché. Dumas et moi partons devant avec Picard qui couvre nos arrières. De front, nous menons l’assaut. Je vérifie que Xylia soit toujours derrière moi au cas où. J’avais laissé Loki derrière pour m’informer des avancés par message télépathique. Lucy était à mes côtés, elle va servir d’éclaireur si nécessaire avec le partage de sens. Nous faisions le moins de bruit possible dans cette longue galerie. Au fur et à mesure, nous apercevons de la lumière, des voix et une certaine chaleur. Je lève le poing pour leur signifier aux équipes de s’arrêter.

-  Garde Mavrocordato, restez à mes côtés. Je vais rester sans défense quelques instants.

Posant le genou à terre, j’envoi mon catosorus devant. Je prends aussitôt possession de ses yeux et lui envoie des messages télépathiques pour les directions. En peu de temps, le félin arrive dans une grande salle et longe les murs. Elle part aussitôt se cacher derrière un pillier et me laisse un beau panoramique. La galerie souterraine avec un peu d’hauteur sous le plafond, nous avions peu ressenti l’effet de la descente dans le couloir mais il y avait une trentaine d’adeptes. Je demande qu’elle avance un peu plus pour voir si certains hommes étaient armés mais rien. Elle se cache encore une fois derrière un banc puis s’allonge pour me laisser le temps de m'accommoder à sa vision. J’ai mis du temps à m’y faire mais à force d’entraînement quotidien, nous formions un bon tandem. Je ne sais pas si nous étions dans une messe mais tout le monde avait la tête tournée vers l’homme sur l’estrade centrale. Il était habillé d’une longue cape bleu, capuche sur la tête. Deux autres personnes se trouvaient à ses côtés avec le même accoutrement. Des initiés certainement, il n’y a pas de doutes. Je demande maintenant à ma future monture de faire le tour de l’autre côté pour voir le nombre de femmes et d’enfants. Cinq enfants, sept femmes âgées, trois hommes âgés, deux femmes avec des nourrissons dans les bras. Bon dix-sept personnes inoffensives, il nous reste les autres maintenant. Je coupe la communication et mon familier arrive aussitôt.

Je secoue la tête légèrement et essaye de retrouver mes moyens. Ce n’était pas une expérience agréable surtout cette différence de vision et d’instinct. Lucy était courte sur pattes encore et la différence d’hauteur joue beaucoup sur mon équilibre ensuite. Je fais signe à Dumas et Picard de s’approcher.

- Dix-sept personnes qui nous feront rien. Je propose qu’une première équipe rentre et fasse du bruit. Instinctivement, ils vont s’allonger au sol. La salle est comme un temple. Je me charge d’aller vers l’estrade, nous barrons la route des plus vaillants. Dumas, tu fais l’autre partie, Picard, tu évacues les plus sensibles. L’un de ton équipe prendra la tête du cortège pour indiquer qu’on ne doit pas faire du mal comme le plan prévu.  

Si un seul garde sort, c’est qu’il n’y a pas de soucis, si un second pointe le bout de son nez, l’équipe de récupération devra mettre en place la seconde offensive. D’ailleurs, je demande à Loki si tout se passe bien là-bas et il m’indique qu’il n’y avait rien à signaler. C’était tout bon.

- Nous arrivons au fond d’une salle qui doit faire une trentaine de mètres de long. Il y a deux colonnes de six rangs. Nous prenons le côté gauche, Dumas, le droit. Tout le monde est prêt ?  

Ca en avait tout l’air et nous partons aussitôt, épée en main. Lucy part devant et rentre dans la salle la première. Elle pousse un rugissement digne d’elle. Une bonne partie des gens placent leur main sur la tête et s’accroupit. Je prends aussitôt le côté gauche du mur avec Xylia et un belluaire. L’homme à la cape commence à s’affoler, je le vois partir de l’autre côté mais Dumas arrive sous peu. Plusieurs jeunes adultes attrapent de longs bouts de bois et attaquent son équipe. Picard faisaient des grands gestes, les enfants couraient à toute vitesse dehors suivi par certains.

Nous avions maintenant deux groupes distincts. Ceux qui vont essayer de lutter et les autres. On se retrouve très rapidement avec treize hommes et six gardes. Le combat est facile en soi sauf que nous ne sommes pas là pour les blesser.

- On y va !  

Epée en main, je pars attraper le chef de la bande avec Xylia. Je fais quelques enjambées et fait tomber deux hommes qui essayaient de m’arrêter.

- Ne touchez pas à notre grand prêtre !
- Poussez vous, incultes !

Mais après deux coups avec le flanc de l’épée, les voilà au sol en train de se tenir le ventre après avoir le souffle coupé. Nous étions maintenant toutes les deux sur l’estrade, le chef et ses deux bras droits avec chacun une épée. L’homme à la barbe blanche se met en retrait, laissant ses gardes du corps s’occuper de sa protection. Le premier se lance sur moi, épée en l’air. J’arrête son coup mais l’autre décide d’attaquer la jeune garde….

La petite se battait d’une manière digne d’elle. Viser les points sensibles des hommes est une technique comme une autre. Vu ma taille et mon allonge avec mon arme, je n’avais pas forcément besoin d’aller à ses extrêmes. J’étais à distance d’épée et maintenant que j’avais mon épée double à combustion, ma chère Cortana. Je mets hors d’état de nuire quelques gros bras et nous voilà enfin à la portée du chef. Xylia prend les devants pendant que je m’occupe de deux autres mais quand je tourne la tête, je comprends. Quand nous étions trop prêt de lui, il utilisait sa magie, il allait nous échapper. Je demande alors à Lucy, mon catosorus de prendre sa trace. Son intangibilité ne le rendait pas invisible mais il pouvait avancer plus aisément.

Ma monture se mit tout de suite en route, la foule des “ gentils “ me ralentissait mais j’aboyais de nombreux ordres pour qu’on essaye d’attraper le fugitif. J’envoie un message télépathique à Loki pour qu’il réceptionne le fugitif que son ami à quatre pattes pourchasse. Avec ses deux là, je ne me faisais moins de soucis, on ne le perdra pas !

- Mavrocordato, avec moi !  

Mais quand je tourne la tête, quelqu’un avait attrapé la jeune garde. Un coup bien placé fait voir les étoiles à l’individu et nous partons toutes les deux à la poursuite de l’homme à la barbe blanche. Un rapide coup d'œil me fait comprendre que Dumas prend la supervision de l’assaut dans cette caverne. Il reste cinq récalcitrant mais je ne me fais pas de soucis, seul l’homme âgé m’intéresse. Nous courons dans, la lumière du jour se fait presque voir au bout du tunnel. Je ressens la présence de Loki, canines en évidence. Il l'attend de pied ferme. Lucy était entre nous et le tyran, pousse un cri pour prévenir son arrivée et signifier qui était le vilain à attraper. Habitués tous les deux à officier ensemble, les deux familiers se mettent en posture de combat. Le Kitsune était plus apte à se battre mais le catosorus part son poids imposant pouvait immobiliser n’importe quel homme malgré ses griffes peu offensives.

- Son pouvoir ne peut pas fonctionner tout le temps. Il faut l’immobiliser et lui mettre des menottes.  

Les miennes étaient encore à ma ceinture, Xylia avait les siennes dans sa main. Nous étions presque, je le sens. Les Belluaires étaient ahuris de nous voir sortir en trombe mais la présence de Loki ont dû les alerter.

- Occupez vous du reste !  

Les ordres étaient donnés, ils s'occupaient du reste de la mission de récupération. Loki avait essayé d’arrêter l’homme mais une fois encore, il n’avait pas réussi à l’arrêter, s’étant dématérialisé. Il nous restait de l’amener dans une piège qu’on avait installé un peu partout dans la zone pour essayer d’attraper le maximum de fuyards. Je donne un message télépathique à mes deux poilus, leur indiquant le chemin à l’ouest où un trou l’attendrait sagement. Le matin même, nous avions balayé les environs pour qu’il mémorise les lieux. Je reçois un ok imagé de leur part. L’homme s'essoufflait au fur et à mesure mais à chaque fois que l’un de mes familiers s'approchait trop près, il utilisait son pouvoir mais nous étions à quelques mètres du dernier piège. Je leur dis de calmer l’allure pour qu’il soit dans sa forme normale et puis pouf...

- Les pièges, il y a rien de mieux pour traquer le gibier.  

Dis-je en rigolant en reprenant mon souffle.

L’opération fut un succès enfin pour l’instant quand nous arrivons de nouveau au camp avec notre prisonnier. Les différents chefs d’équipe me rendent leur rapport. Pas de soucis majeures, quelques rebelles qui ont levé la voix mais rien de bien méchant. Nous portons assistance aux personnes les plus démunies, embobinés certainement par ce vieux barbu. Nous ferons le nécessaire pour les ramener dans leur foyer. La route a été calme avec la jeune garde. J’ai pu voir son petit sourire triomphant lors de la capture du fameux méchant. Si son comportement reste ainsi, il n’y a aucune raison qu’elle ne grimpe pas dans les échelons, il lui faut un bon mentor. Je devrais voir avec le lieutenant Anggun, nouvellement promue d’ailleurs, j’ai cru lire une note sur ce point, sinon voir directement avec le Colosse mais je ne me vois déranger un capitaine. Quoi qu’il en soit, je la remercie pour ses petits commentaires sur mes familiers et je lui rappelle qu’un bon dressage et beaucoup d’affection font les familiers qu’on mérite. Lucy n’était pas encore adulte mais elle sera ma plus précieuse alliée avec Loki.

Au camp, tout va très vite. On doit ranger les affaires, préparer le chargement, détacher un cortège pour ceux qui rentre au Village Perché. Certains citoyens n’ont pas besoin de venir à la Capitale, ça correspondait à la moitié des capturés. Le choix est rapide, les Belluaires rentrent d’un côté, les Myrmidons de l’autre. Dans toute cette cohue, j’attrape la garde Mavrocordato.

- Merci d’avoir protéger mes arrières, magnifique coup de pied bien placé !    

Ce n’était pas la méthode la plus fair-play dans un combat à la loyale mais ça avait le mérite d’être efficace.

- Mais oui, n’hésitez pas à passer à l'Île Rocheuse dans mon bataillon, ça serait un plaisir de vous accueillir. Ce n’est pas si mal aussi la Capitale mais j’avoue qu’au Village Perché, se trouve une clinique vétérinaire ainsi qu’un refuge, vous trouvez votre bonheur pour votre familier. Pensez à prendre un polyvalent, le royaume est essentiellement composé de forêt et plaine, autant en prendre un tout terrain avec une capacité d'adaptation flexible. Je ne dirais pas que les Catosorus sont les meilleurs mais les loutres géantes sont plutôt pas mal, ça dépend de votre style de combat et missions !  

Venant du Blizzard, mon choix c’est tout de suite porter sur les félins mais une loutre géante pour les Belluaires ne serait pas une mauvaise idée.

-  J’espère que la prochaine fois qu’on se verra, vous ne serez plus une recrue mais une jeune Sous-Caporal ! Passez les tests, c’est important, c’est comme ça qu’on change la garde, en prenant les choses en main par soi-même.  

Dans certaines unités, le ménage doit être fait et si nous pouvons faire disparaître ses vieux croûtons… Sergent Dumas s’approche à la hâte devant moi.

- Lieutenant ! C’est pour quand le départ ?
-  Un repas chaud et on y va. Il faut penser au civil, une longue marche nous attends. Nous avons assez pour tout le monde ?  
- Oui, les archers ont trouvé du petit gibier. On va pouvoir se faire un bon repas et quand je vois les couleurs du ciel, il ne faut pas qu’on traîne.
- Le temps a été clément, il ne faut pas abuser de la bonté de Lucy.    
- Départ dans deux heures alors ?
- Partons là-dessus.  
- Allez petite, profite de tes derniers instants. Ce n’est pas tous les jours que tu pourras l’embêter comme ça.

Il partit en lui faisant un clin d’oeil chaleureux.

- C’est vrai, l’assaut était simple. J’ai vécu des situations bien différentes, perdu des amis. Lucy était avec nous.  

Je partis vers ma tente, laissant la jeune femme. J’attrape mon cristal et rends compte à mes supérieurs que c’était fait et que nous arriverons bientôt à la Capitale. Cela me prit une petite demie-heure, surtout pour noter tout dans le rapport sans oublier la moindre info. Pour une fois que je pouvais le faire en amont et pas trois jours après… Je quitte de nouveau mes quartiers, l’ensemble etait rangé, deux de mes soldats arrivent et s'occupent de mes affaires. Je fais appel à Hamlet pour ranger certaines choses dans les sacoches. Le repas fut rapide, certains prisonniers étaient isolés, trop virulent. On finit par quitter les lieux, je salue les Belluaires et les remercie chaleureusement de leur collaboration. Je fis un petit clin d’oeil discret à l’encontre de Xylia. C’était sûr que j’allais la revoir, je compte bien sur le caractère de cochon de celle-ci pour obtenir ce qu’elle souhaite.

Le chemin du retour fut long et surtout mouillé. Un orage a éclaté à mi-parcours, nous avons dû sortir les tentes pour protéger tout le monde. Notre avancée était lente avec les civils mais on finit par arriver, enfin. Je demande aux gardes des murailles de la ville de nous aider. Désignant ceux qui doivent être incarcérés, les autres devaient faire un tour dans un dispensaire ou sinon dans un refuge le temps de les accompagner à leur domicile qui était dans les alentours. Je ferai les équipes plus tard, je trouverai des gardes qui les escortent.

-  J’amène ce trio avec moi, ils vont devoir être interrogés.  

Direction la caserne principale, accompagnée par trois autres gardes. Je dis à Lucy et Loki de rentrer directement au bastion. Ils l’ont mérité. Une fois au bâtiment d’Etat-Major, je laisse le vieux barbu et ses deux bras droits aux mains de collègues. Je rends compte à un officier qui passait par là, ils s’occuperont de la suite du dossier. Moi, je vais pouvoir rentrer et me reposer...