Cela faisait maintenant deux mois à quelques jours prêts que je vivais à la capitale et je dois dire que cela me prit un gros mois pour m’adapter bien qu’encore aujourd’hui j’ai du mal avec certaines coutumes. Imaginez quelqu’un vivant dans la forêt depuis son plus jeune âge déménageant finalement dans une grande ville comme la capitale et qui normalement en a horreur. Et bien c’est moi! Et tout ça pour rejoindre un homme! Certains diront que c’est une énorme bêtise, mais je ne regrette toujours pas mon choix jusqu’à présent. Nous avons réussi à passer par-dessus mes bêtises ensemble et nous avons pu fêter la réouverture de son établissement suite à notre arrivée. Bref, nous avons tous les deux travaillé sans relâche pour construire notre cocon. D’ailleurs, Nephalie avait bien grandi depuis ayant maintenant la taille d’un chien moyen et avait réussi aussi à s’adapter à la vie en ville bien plus rapidement que moi.

Enfin, malgré mes nombreuses lettres envoyées signalant mon arrivés à la capitale, les contrats n’étaient pas aussi affluant que je ne l’aurais espéré. Peut-être n’était-ce tout simplement pas la saison. Après tout, à ce temps-ci de l’année je suis normalement dans le nord du pays. Enfin, tout ça pour dire que mis à part mes quelques sorties en semaine pour aller chasser une bête de temps en temps à ramener à la maison, je n’ai pas réellement bougé et je dois dire que j’ai la désagréable sensation d’être rouiller.  Dans la nature, je n’arrêtais pas une seule fois, je faisais des rondes, inspectait mon territoire. Je m’assurais que tout était en place que mes toiles étaient en bon état, mais là, je fais du ménage, j’aide Devon à la taverne lors des soirs les plus achalandés, mais ce n’est pas assez. Et je dois dire que j’ai pris du poids ce qui ne me rend pas trop fière de moi-même. J’ai essayé l’une de mes armures et j’ai dû l’ajuster pour qu’elle puisse se fermer convenablement. C’est honteux!

Alors je vous avoue que dès que j’ai vu la demande concernant d’éliminer un Iguanar siffleur sur le babillard de la taverne, je me suis vite jeté dessus. Il semblerait que l’une de ses bêtes causait des problèmes non loin de la forêt où il prenait la fuite dès qu’il avait commis son délit. Je rends donc visite à la source de cette requête et me renseigne auprès de l’homme en question qui se trouvait à la capitale.  Le père du demandeur possèderait une ferme où il élèverait des poules et depuis quelque temps, un Iguanar aurait été aperçu et utiliserait l’élevage comme garde-manger durant la nuit là où personne ne pourrait le prendre sur les faits jusqu’à ce que les fermiers décident d’y prostré un employé pour témoigné de ce qu’il verrait.  Ça me semblait parfaitement faisable seule il me fallait simplement me préparer.

Du coup, le soir même je prépare mon départ alors que Devon cherche à savoir ce que je compte faire et je lui explique le contrat que j’avais trouvé. Il fronce les sourcils, bien sûr il n’aime pas que je parte seule, mais il connait les risques de mon métier! Dès l’aurore j’ouvre les yeux  et j’offre qu’un simple baiser à mon aimé pour signaler mon départ dans la forêt et j’amène bien évidemment mon drarbuste avec moi à qui j’avais fourni un parchemin de téléportation. Parfois cela pouvait être très utile pour faire un élément de surprise. Je vérifie mon équipement, dague, arc, ma bague de pouvoir, mon carquois ainsi que mes flèches de foudre. Mon armure est bien en place bien qu’il fait pression sur mon ventre un peu trop rond à mon goût. Je vérifie mes rations bien évidemment et nous voilà parties vers la demeure du père selon les indications sur une carte qu’on m’avait fournies. De là, je pourrais commencer ma véritable quête.  

Une fois sur les lieux, je discute tranquillement avec le propriétaire et prends une légère pause. Ce n’est pas tout ça, mais j’avais oublié à quel point marcher était essoufflant? Ou est-ce mon inactivité qui avait fait cela? Enfin, je bois un peu de mon eau, puis je retourne finalement travailler. Je fais le tour du terrain, essaie de pister une odeur intéressante avec mon petit Nephalie et ce dernier semble trouver quelque chose. Il lève la tête vers la forêt et se met aussitôt en chasse. Je le suis donc de près pendant un moment, mais dès que les obstacles se font plus nombreux, je dois dire que j’ai le souffle qui commence à se faire court.

« Ne…Nephalie, ralentis!  Ça ne sert à rien de te précipiter et moi…je n’arrive pas à te suivre! Ce n’est pas une simple chasse, mon petit. Que je dis en m’appuyant doucement les mains contre mes genoux. Puis, on va se perdre ainsi! Laisse-moi marquer notre chemin et prenons notre temps! Comme avant… »

Si mon père me voyait ainsi, il serait tellement peu fier de moi! Je souffle un dernier coup et reprends finalement ma marche. Mon dragon semble avoir compris et marche doucement devant moi reniflant le sol cherchant l’odeur qu’il avait capté plus tôt. Pour ma part, je sors ma dague, marquant les arbres comme on me l’avait si bien appris.

« Après deux mois loin de cette forêt, je me demande sur quoi nous allons tomber hormis cet iguanar siffleur. Reste prudent, Nephalie! »




Skaemp

Nephalie zigzague entre les arbres, saute par-dessus les racines alors que je le suis bougeant les branches qui me barrent la route. Celui-ci renifle, suit une piste dont je n’ai aucune idée, mais j’observe et écoute autour de nuit. Je ne dois en aucun cas baisser ma garde. Une bestiole de deux mètres de haut et sept mètres de long ne se manquent pas et ne doivent pas être des plus silencieux. Si elle rôde dans les parages, elle doit s’être trouvé un endroit tranquille où se reposer pendant la journée.  Dans tous les cas, il me faudra le faire sortir de sa cachette et lui tendre une embuscade. Je connais assez bien les créatures de la forêt et ceux-ci sont des créatures chapardeuses qui n’hésitent pas à leurrer et se jouer des chasseurs. Il se peut même qu’il nous guette en ce moment même.

Enfin, le dragonnet lève soudainement la tête, ses feuilles bougeant rapidement dans tous les sens et fonce alors à toute vitesse comme s’il venait de trouver quelque chose d’intéressant. Il s’arrêta net et au détour de grand arbre un jeune homme – enfin je ne saurais pas dire – se tenait debout devant nous surpris par notre arrivée. Il leva aussitôt les mains dans les airs comme pour nous signaler qu’il n’était pas armé. Enfin, dans tous les cas, je ne comptais pas l’abattre à sa simple vue. Je me suis adoucie tout de même avec le temps, puis il me semble que sa tête me dit quelque chose. Je plisse les yeux et peut-être qu’il prend mon geste pour une suspicion, mais il tente de m’expliquai la raison de sa présence. Je pousse un soupir lui faisant signe qu’il pouvait baisser les bras.

Ainsi donc, Leif était aventurier et n’était pas friand de la capitale. En plus de nos oreilles anormales, bien que les miennes étaient bien plus grandes, ce dernier ne semblait pas adepte de la capitale. Cela nous faisait donc deux points communs, enfin, trois puisqu’il semble être un archer tout comme moi.

« Bonjour Leif, dis-je en parlant tout bas. Après tout, si nous sommes trop bruyants, l’Iguanar peut nous tomber dessus à tout moment. Pour ma part c’est Saryna, lui c’est Nephalie, mon drarbustre. Il  n’est pas méchant, juste un peu con. »

Comme s’il avait compris, il tourna sa petite tête vers moi le regard courroucé et je ne peux m’empêcher de lui sourire de mes dents pointues. Je tends ma main gantée dont les extrémités étaient ouvertes sur mes griffes et je caresse doucement le dessus de son crâne. Je reporte finalement mon attention sur l’aventurier et range finalement la dague courbée que je tenais de mon autre main.

« Tu ne devrais pas traîner ici. Je ne doute pas de tes compétences puisqu’en étant aventurier tu sais très certainement te battre, mais je ne pense pas que tu te sois préparé à affronter l’Iguanar siffleur qui traîne dans les parages. D’ailleurs, si tu as vu la moindre chose d’anormal dans les parages, des nids saccagés, des carcasses de bêtes ou de poulet, je suis preneuse de tout renseignement. »

Je parle beaucoup, je l’avoue, mais rien d’inutile pour le moment. S’il peut m’aider à trouver l’endroit où se cache la bête pour le moment, ce sera déjà un bon atout. Il me faudra seulement préparer mon plan. Déjà, l’attirer jusqu’à moi sera plus facile que de le trouver. Pour cela, il me faudra tous les aliments dont il aime bien manger; œufs, viandes et petits fruits. De là, je pourrai tenter de lui tendre une embuscade.  C’est une grande bête et je ne peux pas manquer mon coup.


Skaemp

Ah? C’est la seule réponse qu’il me donne alors que je lui signale la présence d’une créature qui pourrait potentiellement s’en prendre à lui. Je ne sais pas s’il est simplement inconscient du danger ou s’il a si confiance en lui qu’il se rit du danger, mais je ne lui offre que comme seule réponse un sourcil arqué. Enfin, je ne suis pas là pour lui faire la morale, alors je lui demande tout simplement s’il n’avait pas vu quelque chose qui pourrait me mener sur une piste et toujours dans le même cas que son « Ah », il n’a rien vu et ne savait même pas qu’un Iguanar avait été aperçu dans les parages. Bon, je ne peux pas réellement lui en vouloir sur ce point, après tout s’il a la simple habitude de venir en ballade dans le coin c’est compréhensible. Sur le coup, j’allais lui souhaiter une agréable journée, mais contre toute attente, il se proposa pour m’offrir un coup de main. Puisqu’il était armé et qu’il était un habitué de la forêt, cela pourrait peut-être me venir en aide? Je me frotte le menton, le regarde un moment de mes yeux rougeoyant alors que ma pupille verticale se dilate pour mieux l’observer. J’ai le jugement facile, je dois l’avouer, mais il m’a l’air bien trop doux et fragile pour ce genre de boulot. On dirait plutôt le genre à aller cueillir des fleurs. Heureusement qu’il ne peut pas m’entendre passer parce qu’il rebrousserait aussitôt le chemin.

Devon serait en colère contre moi s’il apprenait que j’avais refusé l’aide d’un aventurier qui, normalement, devrait être habitué à terrasser ce genre de créature. Et si je me mets inutilement en danger, il va encore plus m’en vouloir surtout qu’il me sait quelque peu intrépide.

« Très bien, Leif, deux archers valent mieux qu’un. »

Je m’accroupis alors devant lui déposant mon grand sac sans fond sur le sol dans lequel je me mets aussitôt à fouiller pour sortir le piège immobilisant que j’avais amené avec moi. Je l’invite à se pencher aussi afin de discuter d’un plan, mais avant tout, je dois lui dire tout ce que je sais de cette créature et vérifier notre inventaire commun.

« Tout d’abord, j’ai été engagée pour abattre l’Iguanard qui s’en prend depuis un petit moment à l’élevage de poulet non loin de l’orée de la forêt. La bête fait environ deux mètres de haut et sept de long. Je sais qu’elle est très friande des œufs et aussi de fruit. Enfin, elle est omnivore bien évidemment, mais je compte, une fois avoir trouvé une piste fraîche, essayer de l’attirer jusqu’à nous. » Je ne fais que parler bien évidemment et ne dessine rien sur le sol puisque ce n’est pas nécessaire. « Nous allons tenter de récolter le plus d’aliments possible pour l’attirer avec l’odeur. Nous allons placer le piège immobilisant au centre du buffet pour le ralentir. Mes toiles ne seront d’aucune utilité puisque la créature est bien trop grande pour celle-ci. Alors, il nous faudra frapper avec tout ce que nous avons. Pour ma part, il me reste 9 flèches de foudre. Je suis aussi en possession d’un arc bien spécial. » Dis-je en bougeant ma tête vers les ossements qui dépassait de mon dos. « Et j’ai aussi des poisons qui pourront le ralentir ainsi qu’une bague avec un pouvoir bien spécial aussi qui permettra d’affaiblir la bête. Mon but c’est de le tuer, ça te va comme plan? » Je lève les yeux en sa direction attendant de voir ce qu’il pensait de tout cela.  



Skaemp

Il me semble tendu au premier abord, mais à partir du moment que j’ai accepté son aide, ce dernier semble se relâcher et j’ai même le droit à un petit sourire. Il est plutôt chanceux que nous nous soyons croisés maintenant, car si cela avait été par le passé, notre rencontre aurait coupé court. Je ne me serais même pas présentée à ce dernier et je l’aurais envoyé promené grandes oreilles ou pas. Aujourd’hui, je me suis tout de même adoucie et je réalise que les gens ne sont pas tous des enfoirés. Il y a de bonnes personnes et ceux qui sont prêts à vous offrir leur aide en font généralement partie. Je ne lui fais pas spécialement confiance au point de vouloir le côtoyer, mais j’attends de voir ce qu’il a  dans le ventre avant tout.

Je parle de mon plan, qui semble lui convenir, rapidement en lui présentant par la même occasion mon équipement sans pour autant tout décrire. Après tout, il faut garder un effet de surprise et alors que c’est à son tour de parler, je le vois se frotter la nuque un peu mal à l’aise. Après tout, il n’était pas venu ici pour se frotter à une bête. Son équipement était simple; un arc et une épée. C’était tout de même suffisant. Bien sûr, il s’empresse de remédier à la situation parlant de ses compétences. Je remets dans mon sac le piège et remets mon arc dans mon dos avant de lui répondre.

« Et bien, étant donné les circonstances, je préfère que nous ne nous séparions pas. Prendre le risque de tomber sur la bête n’est pas nécessairement une bonne idée. Puis, à deux, ce sera plus aisé de la repousser. »

Je me relève finalement d’un coup, mais je ne sais pas ce qu’il se passe, comme si le sang se dirigeait d’un seul coup à ma tête, la voilà qu’elle tourne et que je titube doucement sur le côté. Je me retiens de justesse à l’arbre à mes côtés et lui fait signe de patienter avec ma main. Par la même occasion j’ai un haut-le-cœur passager et je fronce doucement les sourcils. Entre mon essoufflement et ça, sans compter mes envies d’aller à la toilette à toutes les secondes, je commence sérieusement à me poser des questions! Dans tous les cas, j’espère simplement ne pas avoir de soucis le moment venu. Il manquerait plus que je vomisse mes tripes et j’aurai la totale…

« Pardon, petits soucis d’estomac, il semblerait. Mais ça va mieux, là. Du coup, allons-y. On reste à porter de vue de chacun et on reste prudent. Si tu trouves quelques choses d’intéressantes de ton côté, fais-le-moi savoir. On va partir de là pour tenter de s’en approcher. »

Je m’assure de ne rien avoir laissé sur le sol et prends en main mon arc, car on ne sait jamais sur quoi nous pouvons tomber. Du coup, je m’approche d’un buisson non loin d’où je me trouvais et dès que je suis assez près, j’ai l’impression de voir une ombre filer à toute vitesse de celui-ci qui doit avoir pris peur en me voyant arrivé. Je passe les mains à l’intérieur bougeant ainsi les branchages et soit je suis réellement chanceuse, soit le hasard fait bien les choses, mais il s’avère qu’un nid s’y trouve. À l’intérieur deux œufs attendent très certainement le couvert de son parent. Malheureusement pour eux, il n’allait très certainement pas voir le jour. Je les attrape et les mets dans mon sac. Ce n’est clairement pas suffisant pour attirer la créature de sept mètres de long.
Skaemp

Bien évidemment que mon état inquiète le jeune homme face à moi. Je le vois à sa posture prête à me soutenir en cas de chute, mais je me retiens fermement à l’arbre qui se trouve à mes côtés. Tels des crochets, j’y ai enfoncé mes griffes dans l’écorce pour m’aider et m’excuse auprès de ce dernier lorsque le tout passe. Je ne veux pas lui montrer que mon état m’inquiète moi-même, après tout cela fait plusieurs semaines que cela dure et que je n’ai pas encore consulté de médecin. Peut-être que je devrai en fait, mais je ne veux pas inquiéter Devon qui travaille fort pour remonter la pente. Enfin, j’essaie de rassurer ce dernier prétextant un simple haut-le-cœur sans parler de mes étourdissements. Bref, la décision de faire route commune est donc prise et nous commençons une avancée prudente au travers de la forêt cherchant avant tout des aliments qui pourront attirer la bête. Pour ma part, je trouve quelques œufs dans un buisson alors que Leif, de son côté, décide de se montrer plus intrépide grimpant ainsi dans un arbre.

D’une part, j’hésite à m’éloigner afin de surveiller son ascension et sa descente. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive quelque chose, mais s’il m’a dit avoir fait la sieste dans les branches d’un arbre un peu plus tôt, cela veut dire qu’il est habitué à ce genre de chose. D’ailleurs, pourquoi est-ce que j’ai ce sentiment de vouloir le protéger? Ce n’est pas un enfant et encore moins un proche… Je secoue la tête ce qui fini par me convaincre de passer à autre chose, bien que je lui jette un dernier petit coup d’œil du coin de l’œil et une drôle d’odeur finie par me frapper de plein fouet, mais je ne la suis pas. Par contre, Nephalie semble l’avoir sentie aussi et je lui fais un signe de la tête rapide et il me quitte aussitôt pour partir de son côté. Bien évidemment, il n’y a pas moyen que nous puissions rester en contact entre temps puisque son seul pouvoir consiste à se téléporter sur une certaine distance.

Leif revient et je me tourne pour lui faire face. Il me signale ses trouvailles par la même occasion et me demande les miennes. « Et bien, j’ai trouvé deux œufs tout comme toi, mais je ne pense que cela suffise. Après tout, on parle d’une bête de sept mètres. Il n’en fera qu’une bouchée, mais en même temps, il ne faudrait pas prendre plus d’œufs pour une créature qui ne verra pas le lendemain.  Il faudrait trouver autre chose d’un peu plus gros. »

Nephalie décide de revenir à ce moment passant sa tête entre deux plantes ce qui me fait légèrement sursauter. Je ne l’avais pas entendu venir et je ne m’attendais pas du tout au bruissement des feuilles. Je regarde aussitôt en sa direction posant une main contre ma poitrine pour calmer mon cœur et la créature tourne doucement la tête sur le côté comme s’il se demandait ce qu’il m’arrivait. Je prends une grande inspiration avant d’expirer.

« Tu as trouvé quelque chose? » La petite bête glapit et attrape le bas de ma cape pour me forcer à le suivre.  « Suivons-le, j’ai eu le relent de quelque chose pendant que tu étais dans l’arbre. Je l’ai envoyé en éclaireur. »

Je suis donc le jeune dragon au travers des arbres et plus nous avancions et plus une odeur dérangeante venait me chercher. Je reconnaissais l’odeur, c’était celle d’un cadavre. Certainement une proie laissée là, mais normalement je n’avais pas de problème à m’en approcher, mais pour une raison que j’ignore, mon odorat faisait des caprices. Une cinquantaine de mètres plus loin, nous tombons sur la carcasse d’un grand cerf. En m’approchant, je sens mon estomac faire de nouveau des siennes et je dois placer ma main devant ma bouche pour éviter le pire. Les insectes volent autour du corps et au vu de son état, celui-ci n’est pas frais. Il est peut-être là depuis quelques jours, mais son prédateur semble l’avoir abandonné. Était-ce volontaire ou un simple accident? Dans tous les cas, cela m’étonne que le cerf soit toujours ici.

« Je pense qu’on ne trouvera pas l’Iguanard par ici. » Dis-je la main toujours contre mon nez et ma bouche. « Sinon, il ne resterait rien du cadavre. Cherchons à l’opposé d’ici, peut-être trouverons-nous une piste?»

Skaemp

Bon et bien au moins nous sommes d’accord sur le fait de bouger à l’opposé du cadavre que nous venions de trouver. S’il est toujours là, c’est qu’aucun grand prédateur ne s’y trouve. De toute façon, peut-être que l’Igunard préfère la viande fraîche puisqu’ils sont du genre à voler les proies fraîchement tuer par les chasseurs. Personnellement, bien que je puisse manger de n’importe quoi, jamais je ne prendrai de cette viande en décomposition même s’il restait que cela. Même cuite je n’y toucherai pas et j’en ai mangé des choses dégueulasses dans ma vie à vous faire faire des têtes de dégoûts, mais ça, JAMAIS! Puis l’odeur qui me monte toujours au nez commence à se faire de plus en plus ressentir sur mon organisme et mes nausées sont de plus en plus présentes. J’ai l’impression que mon nez brûle et que l’estomac fait de même.
Nous mettons donc les voiles. L’idée qu’a Leif par la suite n’est pas une mauvaise idée. Chasser une bête était une très bonne idée, mais je ne veux pas gaspiller la viande de la créature pour autant.

« Bonne idée, Leif. Faisons cela et regroupons tous au même endroit! »

Après tout, nous ne devions pas perdre du temps puisque la bête pourrait nous filer entre les doigts. D’ailleurs, je ne sais pas comment ce dernier fait pour entendre, mais il se dernier me prévient de la présence de bruit ressemblant à des mouvements inhabituels comme de grands bonds et cela s’éloigneraient de nous. Cela pourrait très bien être l’iguanard comme il le pense puisqu’ils sont connus pour faire de grands bonds, mais il pourrait y avoir d’autre créature correspondant à cela. Le seul moyen de vérifier était de retrouver les traces de son passage sur le sol.

« Si c’est bien ce que nous cherchons, ne tardons pas. Je ne sais pas comment tu as fait pour entendre jusque-là, mais si tu es capable de me tenir au courant de ses mouvements ou de ses arrêts, dis-le-moi. » Je vérifie que tous mes biens sont bien attachés à moi et je me mets aussitôt à courir sur un rythme correct afin de ne pas trop nous épuiser rapidement puis je dois tout de même vérifier les environs. C’est un aventurier, il doit être capable de me suivre aussi.

« D’ailleurs, les Iguanards ont des ventouses sous leurs pattes. Ils peuvent s’accrocher à peu près à n’importe quoi. Alors il faut être prudent et regarder partout. » dis-je entre deux respirations.

On garde le rythme de longues minutes et cette fois-ci, c’est moi qui ne suis plus capable de suivre et je n’ai pas trop le choix de m’arrêter afin de reprendre mon souffle. J’ai des points aux cotes et j’ai surtout l’impression que mon pouls est anormalement rapide.

« Alors, du nouveau? » que je demande en marchant doucement pour tenter de garder un rythme correct et chercher par la même occasion des empreintes. D’ailleurs j’ai l’impression de voir au loin, une profondeur dans la terre et en m’approchant de quelques pas, je découvre finalement la forme d’une patte incrustée dans le sol et quelques endroits semblent plus creuser que d’autres. Il doit s’agir des ventouses!

« Regarde… je pense fortement qu’il s’agit de l’Iguanard. Soyons prudents et surtout vigilants. »


Skaemp

Bien évidemment lorsque je lui demande indirectement ce qui lui avait permis t’entendre la créature aussi loin, celui-ci me fait un léger signe de sa main afin de pointer ses oreilles. Si ma logique ne me joue pas de tour, ces longues oreilles ne sont donc pas décoratives et celui-ci possède une ouïe fortement développée. J’imagine qu’il doit s’agir de son pouvoir. Enfin, mon questionnement ne va pas plus loin. Connaître les pouvoirs des uns ou des autres ne m’intéresse pas, bien que le sien s’avère très utile dans notre recherche à l’Iguanard.   Enfin, on accélère le pas, bien que je sois celle qui s’arrête la première et ma condition physique commence réellement à m’agacer. Deux mois sans réellement être activent et me voilà essouffler aussi rapidement. Ce n’est pas possible! Il va vraiment falloir que je m’entraîne durement à la maison.

Enfin, bien évidemment pour ne pas perdre mon rythme, je continue d’avancer et tombe finalement sur une empreinte et vu celle-ci, il s’agit très certainement de notre cible. Leif semble mentionner que nous sommes toujours dans la bonne direction, parce qu’il n’a pas perdu cette dernière d’ouïe. C’est plutôt étrange à dire de cette façon, puisque normalement on a plus tendance à dire que l’on perd ou pas quelqu’un de vue. Mais l’idée de trouver une zone dégagée pour établir notre piège était une très bonne idée. Non seulement cela allait éviter à notre créature de fuir par les arbres, mais nous serons moins gênés pour tirer nos flèches. Le seul hic, c’est que nous serons aussi faciles à viser par ce dernier qu’il le sera. Je fais un mètre soixante-quinze, Leif ne semble pas bien grand non plus, alors un simple coup de queue et nous voilà faucher. « Faisons cela, je te suis. » Ajoutai-je.

Ce fut à son tour de me guider et je le suivis sans hésitation. Si le garçon avait voulu me mettre des bâtons dans les roues, il l’aurait fait depuis le début et je ne pense pas qu’il soit là pour me nuire volontairement. Puis, au vu de ma condition actuelle, je suis bien contente d’avoir croisé de cet homme aux oreilles pointues. Je ne le quitte pas des yeux et notre avance est prudente et nous tentons de faire le moins de bruit possible histoire de ne pas devenir les proies. Leif, après quelques minutes s’arrêtent et je me mets aussitôt à ses côtés restant silencieux. Il ferme les yeux, histoire de se concentrer, j’imagine, et me fait le topo. La bête est à quelques mètres de nous puisqu’il entend sa respiration. J’hoche la tête à sa déduction et j’observe afin de trouver le meilleur endroit où mettre mon piège. Elle doit être assez près de la nourriture, mais pas trop, puisqu’il devra mettre le pied dessus.

« Donne-moi ce que tu as trouvé et je m’occupe de tout mettre en place. Fais le guet et prépare-toi au moindre mouvement suspect de sa part, avise-moi. Si on part chasser, on prend le risque de le perdre de nouveau. » Je me tourne vers mon drarbustre et lui demande de grimper dans les branches d’un arbre histoire d’observer de là-haut. Ce n’est pas un combattant, mais il peut se montrer utile au besoin. Enfin, la seule chose qu’il me manque c’est Theraphosa que je n’ai pas pensé à amener avec moi parce que je ne le pensais pas prêt. Il aurait pu me guider de par les airs. Non à la place, il est resté pour tenir compagnie à Devon. Enfin, je dépose mon sac au sol et fouille dans ce dernier pour trouver mon piège ralentisseur pour grande proie. Je prends les œufs que j’avais trouvés ainsi que ce que Leif me donne et reste accroupie afin de me déplacer jusqu’à l’endroit dégagé qui se trouvait non loin. Bien évidemment, je suis une cible facile à ce moment-là. Je dépose la nourriture au centre bien visible et mets le piège de sorte qu’il n’aille pas le choix de mettre une patte dessus et je cache un peu le cube dans les feuilles. Pour la suite, je retourne me cacher, prenant mon arc tout en tendant la corde sans qu’aucune flèche ne soit encochée et j’attends. La chasse impliquait beaucoup de patience et de contrôle de soi.



Skaemp

Voilà! Tout était maintenant en place, il ne manquait plus que notre invité spécial se présente à nous et veuille bien poser ses grosses pattes ventousées sur mon joli petit piège pour le ralentir dans ses mouvements afin de nouveau donner la chance de terrasser la créature dans le but d’accomplir notre mission. Bien évidemment, je vais partager la récompense avec Leif, parce qu’il m’est d’une très grande aide pour le moment et que bien qu’il fut un temps où je n’aurais jamais pensé cela, je me dis que j’ai tout de même changé depuis cette époque pas très lointaine en réalité. Mais si je me mettais à la place de mon moi du passé, jamais je n’aurais jamais penser faire équipe avec qui que ce soit et pensé à partager une récompense. Ne plus avoir le poids de ma dette sur les épaules m’avait bien aidée. Mais on le sait bien que ce qui m’a surtout changée c’est la présence de Devon. Je souhaite devenir une meilleure personne pour lui et il m’a fait comprendre que je ne dois pas généralisé les gens. Les humains ne sont pas tous des connards.

Enfin, cacher derrière les arbres, mais tout en ayant une vue sur notre piège, je ne peux pas voir ce que fait Leif puisqu’il disparait de mon champ de vision. À vrai dire, ce qui me fait comprendre ce qu’il était en train de faire c’était la présence de bruits assez soudains et qui n’appartenait pas à une petite créature. Le garçon était très silencieux, alors il n’allait très certainement pas hurler pour m’aviser de son plan, mais je crois comprendre que la créature l'a donc pris en chasse. Était-ce volontaire de sa part ou était-ce une simple coïncidence? Quand Leif pointe le bout de son nez, la créature n’est pas longue avant de faire son apparition.

Malheureusement, ayant été remarquée, la créature n’allait très certainement pas s’arrêter pour prendre le temps de manger. Il fallait donc l’inciter à s’y diriger. Mon compagnon n’allait très certainement pas courir en ligne droite et foncer directement sur le piège alors qu’il risque de se prendre dans ce dernier aussi. C’est donc à moi de jouer pour lui faire dévier de sa trajectoire afin qu’il ne suive pas mon partenaire de chasse dans une ligne droite parfaite. Je me déplace donc restant à couvert sauf que je ne sais pas si c’est le fait de me promener accroupi et rapidement qui me fait sentir ainsi, mais j’ai soudainement un haut le cœur qui me fait légèrement perdre l’équilibre. Je me rattrape de justesse à une branche sèche qui craque et casse au contact de ma main. Quand je lève la tête, la créature semble regarder dans me direction et comprend aussitôt que l’humain n’est pas seul. Il se détourne alors complètement et se met à courir en ma direction.

Je prends sur moi, inspire profondément, avant de prendre une flèche de foudre dans mon carquois. Il s’est que je suis là, ça ne sert plus à rien de me cacher, mais j’ai besoin d’une diversion pour m’assurer que cette flèche touche.

« Nephalie! J’ai besoin de toi! »

Je sais qu’il ne s’agit pas d’un combattant, mais d’où il est, la créature ne l’a certainement pas vue surtout qu’il se fond bien dans le décor grâce à son feuillage cuivré qui le couvre à certains endroits. Le petit dragon profite de ce moment, attend le parfait moment et bondit de sa branche pour tomber sur le dessus de sa tête. La créature s’arrête, secoue la tête pour déloger mon familier, mais c’est pile à ce moment que je décoche ma flèche de foudre dans l’une de ses épaules. L’iguanar pousse un grognement plaintif et ses membres avant semblent pris de quelques spasmes le faisant presque tomber, mais il tient bon. Mon drarbustre a profité de ce moment pour sauter à terre et trouver une cachette.  

« Leif! Récupère le piège et lance-lui dessus! »


Malheureusement, ce dernier ne semble pas assez réactif et cela ne prend que cet instant d'hésitation à la créature pour retrouver amplement ses esprits, cela m'aurait pris plus d'une flèche pour l’assommer de façon efficace. La bête n'étant pas réellement. Ce dernier profite de ce moment pour projeter de ses écailles qui explosent aussitôt dans un flash lumineux. Nous nous cachons tous les deux d'un bras et tout ce que je peux entendre c'est la créature prendre la fuite. Elle est blessée à cause de ma flèche et j'espère qu'elle ne reviendra jamais. Je sais que mon but premier était de l'éliminer, mais étant donné l'état dans lequel je me trouve, je préfère retourner sur mes pas. Je récupère mon piège qui n'avait jamais été activé au final et le range dans mon sac. Je vérifie mes flèches voyant qu'il me restait plus que 8 flèches de foudre. Bon! Je regarde vers Leif et lui mentionne que je dois retourner auprès de l'éleveur de poule pour lui raconter ce qui vient de se passer. Par la même occasion je pourrai en profiter pour l'aider à protéger davantage son poulailler afin qu'aucun autre accident ne se reproduise.

Je dis donc adieu au jeune homme à l'orée de la forêt et retourne en direction de la ferme. L'homme semble plutôt satisfait tout de même que j'aie pu avoir un contact avec la créature. Peut-être aura-t-elle peur de s'aventurer jusqu'ici? Enfin, dans tous les cas, et dans le doute, j'ai campé les environs afin de m'assurer que la créature ne reviendrait pas. Mon état ne semble pas réellement s'être stabilisé ce qui me pousse à croire qu'il me faudrait peut-être consulter un médecin... Enfin! Il y a plus important pour le moment n'est-ce pas?

D'ailleurs, mon retour à la capitale se fait quelques jours plus tard après avoir reçu une petite paie du fermier. La créature ne s'était pas repointé le bout du nez et aucune trace de son passage n'avait été signalée pendant ces mêmes jours. Puis, si jamais il avait de nouveaux soucis, il savait maintenant où m'écrire.


Skaemp