Une fois la lettre partie, il sentait son devoir de frère accompli... comme si le plus dur venait d'être passé. Il avait demandé de l'aide à nouveau... comme à la taverne... comme à la caserne quand il y était passé... Finalement, il réalisait à quel point son frère avait été comme une ancre à ses yeux... Devant Faolan, il n'éprouva rien d'autre que son habituel envie de bien faire... sa joie de vivre et de grogner dès qu'un client essayait de les rouler. La journée finie, il remettait sa cape de tristesse en attendant ce courrier de malheur, en se disant qu'il aurait dû plus y mettre les formes... mais il se sentait déjà suppliant juste par cette demande. Le coeur lourd, il monta les trois marches du petit escalier menant à la roulotte. Rien de nouveau encore. Il envoya un autre courrier comme pris d'un doute naissant ainsi que d'une certaine impatience " Bonjour, c'est toujours Zoran Heydell, c'est pour mon frère, répondez-moi, je sais que c'est en votre pouvoir, s'il vous plaît répondez moi" Cette fois, l'écriture était nette, sans bavure comme s'il n'avait jamais été aussi sincère. Des larmes timides avaient été aussitôt essuyées tant il était énervé, même prêt à se rendre sur le lieu au besoin. Le lendemain alors que sa seconde lettre était partie, il eut une réponse... Il se sentit idiot, piteux. Zoran laissa une lettre pour Faolan en l'informant d'une importante mission l'envoyant dans les plaines du royaume tout en lui disant de modérer la production de tel plat au profit de tel autre, de façon à ce que les stocks s'écoulent plus facilement.
L'aventurier fit son paquetage en prenant juste le nécessaire avec de la viande séchée, de l'alcool et un peu de pain... De toute façon, il trouverait bien une auberge en chemin... Le sommeil fit tant défaut à Zoran qu'il préférait avancer plutôt que se reposer. Son cheval de location l'avait bien dépanné, à présent il devait trouver le village Manillam... C'était fou ces petites bourgades qui germaient comme des champignons... Après quelques recherches, il trouva une auberge non loin pour l'accueillir... Ses réserves avaient à peine diminuer. A l'auberge, on lui dit qu'il avait l'air d'un fantôme. Il se mit à rire jaune... Ses mains se posèrent sur un casque porté par son frère, ce n'était pas vraiment personnel.. mais il avait fait de son mieux. En cherchant, il avait même réalisé... qu'il n'avait pas grand chose de lui. Son frère avait comme disparu en emportant tout. Tout ou presque... Il avait bien ce stupide médaillon qu'il lui avait offert... Zoran se souvint lui avoir dit : " C'est bon, garde de l'argent pour ta copine". Son frère lui avait tendu en souriant... il souriait toujours... toujours pour rien. Pff... pauvre idiot. La nuit fut à nouveau courte, il arriva dès l'ouverture de la boutique. Tant pis s'il était en avance, au stade où il en était, ce n'était pas un détail important.
Le détail important, c'était ce foutu piaf à l'entrée... Franchement, la décoration ... le corbeau... Toute la boutique avait des parois en bois, elle faisait vraiment cabane oubliée en plein milieu de ce village dont il ignorait le nom avant d'y pénétrer. Cela correspondait tellement à la demeure d'une sorcière... Il imaginait à quoi elle ressemblait.. Quelque part si elle n'était pas laide avec plein de verrues, cela casserait l'image de tout ce bazar... Des fioles emplissaient les étagères qui... Alors qu'il observait, il entendit le corbeau croassait fortement. C'était une alarme ce truc ? Pour une fois, il n'avait touché à rien même s'il se penchait pour lire les étiquettes. C'était fou le nombre d'objets que l'on pouvait faire tenir sur une seule étagère. Comme il stationnait depuis un moment devant les objets sans entrer, il eut droit à un regard insistant... Si c'était elle la sorcière, elle était bien jeune... et ce regard insistant... C'était limite trop intrusif...
" Bonjour, j'ai rien pris, je regardais simplement. Je suis Zoran, je vous écris... Ne faites pas attention à la deuxième lettre..."
De toute évidence, ce n'était pas elle... elle n'avait pas l'air d'avoir la réaction typique d'une personne qui l'aurait attendu.. après en ce moment il était beaucoup à côté de la plaque...
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Ce fut une bien étrange lettre dont elle fit la lecture en l’espace d’un simple battement de cil. Dans tous les cas, il allait droit au but et bien qu’elle aurait préféré un peu plus de formalités, Nemue ne ferait pas sa difficile sur un potentiel client. De plus, elle venait de faire l’acquisition de son magnifique miroir enchanté qu’elle pourra essayer pour la toute première fois. Elle était assise à son bureau, dans sa petite boutique qui se trouvait dans le village se trouvant au centre de tous les chemins. Son dos était droit et sa posture impeccable alors que d’une main agile elle prit son parchemin ainsi que sa plume et son encre et entreprit de lui répondre.
« Mon cher ami,
Sachez qu’il me fera plaisir de vous recevoir dans mon humble boutique au village de Manillam dans XX jours afin de répondre à vos questions. Sachez qu’il vous faudra avec vous un objet ayant appartenu au défunt pour que nous puissions communiquer avec ce dernier. Nous parlerons du tarif de notre rendez-vous en vis-à-vis. Sur ce, je vous souhaite bonne route et à bientôt.
Dame
Lynella Nemue »
Elle se relit quelques fois avant de plier le papier et de la glisser dans une enveloppe qu’elle a déjà affranchie avant de ne faire couler quelques gouttes de cire qu’elle écrasa de son tampon représentant ainsi l’enseigne de sa boutique. Elle fit porter la lettre par son protégé et du s’assurer avec sa jeune sœur de ne pas prendre d’autre rendez-vous dans les jours suivant celui qu’elle venait de prendre. Bien évidemment, elle avait cédulé ce dernier de façon à lui donner de la marge, puisqu’elle ignorait d’où il venait, puis cela lui laissait le temps de se préparer de son côté.
Le jour tant attendu, Nemue s’était empressée de remplacer les bougies par de nouvelles et bien qu’il s’agissait de son pouvoir, elle était toujours stressée de l’utiliser surtout lorsque le client ignorait si la personne qu’il recherchait était toujours en vie. Dans tous les cas, elle n’appréciait jamais de voir la tristesse dans le visage de ces derniers et cela déchirait son cœur de devoir leur annoncer la mauvaise nouvelle lorsque c’était le cas. Mais voilà, au moins, elle pouvait leur apporter des réponses et ainsi, tourner la page et faire le deuil de cet être aimé. Nemue était donc resté dans l’arrière-boutique se préparant ainsi mentalement à accueillir son invité. Bien sûr, elle s’occupa de présigner les petits formulaires qu’elle faisait toujours signer à ces derniers parce qu’il y avait des règles à respecter avant tout!
Pendant ce temps, Irhu et Lith s’empressaient de remettre la boutique en ordre et alors que la demoiselle n’était pas présente pour accueillir dès l’entrée le jeune homme, le corbeau croassa à quelques reprises signalant ainsi sa présence. La cadette se dépêcha donc de retrouver Zoran qui semblait inspecter le contenue des étagères. Elle toussota afin d’attirer l’attention de ce dernier accompagné de l’un de ses fameux regards puis elle leva les sourcils insistants bien. Il se présenta aussitôt se défendant avant tout pour mentionner qu’il n’avait rien pris. Déjà, c’était plutôt suspect comme façon de commencer, mais elle ne dit rien préférant chercher dans sa mémoire ce fameux nom qui lui disait quelque chose. Enfin, elle lui fit signe d’un mouvement de main de la suivre.
- Venez, dame Lynella vous attends!
Ils passèrent devant des bocaux remplis de formol ou baignait de drôle de petite créature sans vie ainsi que des parties de corps animalier bien évidemment qui servait à la conception de remèdes. Une fois à l’arrière, la jeune femme toqua à la porte et une douce voix lui indiqua d’entrer.
La porte s’ouvrit laissant échapper une volute de fumée couplée à une odeur de muscade et Irhu lui signala d’entrer avant de fermer la porte derrière lui. Nemue s’empressa donc d’éteindre sa pipe et se leva afin de s’approcher du jeune homme. Elle paraissait sans âges alors que son apparence était toujours aussi soignée. Des épaules exposées sur une naissance de poitrine qui se veut généreuse suivies d’une ceinture de tissu qui retient le reste de sa robe qui s’ouvre sur ses longues jambes. Elle tend sa main manucurée vers ce dernier pour la lui serrer, alors qu’elle l’observe de ses yeux émeraude dans la pénombre de la pièce. L’aura quel dégageait était à la fois mystérieuse, mais féroce comme une belle panthère noire.
- Enchanté, Zoran. Je vous attendais. Prenez donc place ici, je vous pris. Est-ce que je vous offre à boire; scotch, rhum, whisky, cognac ou bien un petit brandy? Elle commençait toujours en force offrant ainsi une petite boisson histoire de détendre l’atmosphère. – Enfin, dans tous les cas, expliquez-moi un peu plus ce que vous êtes venu chercher ici?
Elle se tourna alors vers son petit bar préparant deux verres, mais ne versant qu’un doigt de cognac dans son verre attendant ainsi une réponse de ce dernier.
- Contenue de la lettre si non lisible:
- « Mon cher ami,
Sachez qu’il me fera plaisir de vous recevoir dans mon humble boutique au village de Manillam dans XX jours afin de répondre à vos questions. Sachez qu’il vous faudra avec vous un objet ayant appartenu au défunt pour que nous puissions communiquer avec ce dernier. Nous parlerons du tarif de notre rendez-vous en vis-à-vis. Sur ce, je vous souhaite bonne route et à bientôt.
Dame
Lynella Nemue »
Le jeune homme se retrouvait seul. La jeune femme qui l'avait guidé s'était entre temps éclipsé et l'idée de rester avec cette charmante sorcière lui aurait bien fait perdre la tête quelques instants. On était bien loin à nouveau de la sorcière laide, décidément ces dernières avaient le don pour être enchanteresse. Sa réponse ne serait pas donnée par une personne dénuée de toute beauté, même si cela ne changeait rien à la donne. Il lui aurait bien offert un verre dans d'autres circonstances et même plus d'un si le coeur lui en avait dit. Le jeune homme n'avait pas une tenue exceptionnelle : rien d'autre qu'un pantalon classique, une veste ainsi que son écharpe en laine. Zoran aurait pu débarquer d'une mission que cela n'aurait pas le moins du monde choqué. Son visage reflétait bien cette fatigue qui l'avait creusé ces derniers temps alors que la femme en face de lui respirait la fraîcheur. Alors qu'elle lui tendit la main, les circonstances actuelles le poussèrent à douter sur son attitude... Zoran se vit s'agenouiller face à elle, lui embrasser la main respectueusement... Il était là stupide à regarder sa main sans agir, emmuré qu'il était dans son indécision. Son sac avait entre temps glissé, c'était bien la seule chose qui avait changé. La petite taille de l'aventurier rendait la posture de la femme d'autant plus imposante. Le jeune homme n'avait pas lâché ce regard en tendant sa main pour serrer la sienne tout en pliant finalement le genou à terre.
" Enchantée Dame Nemue.. merci de me recevoir."
Zoran en venait à parler comme tous ces gens qui l'horripilaient. Sa fonction de comédien lui rendait vraiment plus d'un service sans compter ses jeux de séduction qui l'emmenaient souvent à fréquenter ce milieu. Le jeune homme se serait plus apprêté dans d'autres circonstances. La jeune femme avait son âge quasiment, il l'aurait dit du moins. S'il n'y avait pas eu cette histoire, oui il aurait tenté sa chance sans remords ni appréhension. Son cerveau marquait un arrêt en voyant les alcools disponibles. En bon charmeur dans d'autres circonstances, il aurait pris un verre de cognac pour la suivre... Il était même étonné que l'on commence ainsi. Son visage marquait bien ses moments d'absence et d'étonnement. La sorcière s'était déjà versé un verre que lui n'avait pas bougé. S'il s'approchait, il allait devoir parler.. tout déballer... Et sur le moment, il aurait voulu que quelqu'un de sa famille proche soit là à le soutenir... La tête baissée, il rassemblait ses jambes en proie au doute... Il était avec une compagnie très séduisante avec la déclaration la plus déchirante qui soit à ses yeux...
" Un instant. "
Zoran sentait que s'il avait avancé directement, il se serait mis à pleurer. Il s'en refusait. S'il avait quitté la maison, ce n'était pas pour pleurnicher parce qu'une situation était plus difficile que la moyenne. Un souffle pesant sortit de ses lèvres, il se mit en marche jusqu'au bar pour s'y accouder sans réponse.
"Un rhum bien corsé, si vous avez."
Quitte à tout déballer autant qu'il soit bien dans les circonstances. C'était si lâche de se réfugier dans l'alcool... Il se détestait mais la vue d'alcools l'avait un peu rassurée. L'odeur de l'encens lui montait un peu à la tête, il se retenait de s'affaisser sur le comptoir juste parce qu'il ne voulait pas s'afficher ainsi. Combien de temps parviendrait-il à maintenir son rôle à peu près correctement? Même lui pour une fois ne le savait pas ? Cette scène était interminable à se syeux. Il se tourna vers Dame Nemue pour lui raconter tranquillement. A la différence de sa lettre, il voulut commencer par le début... comme s'il avait besoin de se faire pleinement comprendre non dans ses sentiments, mais dans sa position.
" Mon frère a toujours été plus droit que moi, il était garde, avait une forte idée du devoir. Mes parents avaient de grands espoirs en lui. Moi, je voulais juste l'embarquer dans des aventures qui faisaient rire que moi... Finalement, on a pris chacun un chemin différent. Je suis un aventurier, j'aime la liberté et sentir que je ne dois rien à personne. De son côté, il... est garde, aime se sentir utile et sentir que des personnes comptent sur lui. C'est son truc."
Le jeune homme s'était mordu la langue quand il avait employé le passé, c'était comme s'il admettait déjà. S'il était ici, c'était qu'il ignorait tout de son sort, non qu'il voulait discuter avec un mort directement... Il priait qu'il soit en vie, c'était sa seule famille.
" Et bref... y a eu cette exploration dans les cavernes. Le con, il y était aussi... car oui, c'est un garde." Dans sa voix montait une espèce de colère, de l'incompréhension sans le vouloir Zoran en disait bien plus qu'il ne le pensait. "... Moi, j'y participais aussi. J'ai l'habitude, vous voyez, on confie pas à des jeunots une telle mission. A la garde, ils les protègent pas, fin mon frère était pas prêt..."
Zoran ne mentionnait jamais son nom, une façon de déguiser la personne dont il parlait, de la rendre moins proche aussi.
" Il m'avait promis un coup à boire à son retour... depuis la saison fraiche.. des mois que je l'attends... j'en ai bu des coups en l'attendant... On brise pas une promesse comme ça... non vous trouvez pas ? "
A force de gratter le souvenir, la rancune faisait naturellement surface. Zoran lui en voulait de le mettre dans un tel état... Comble de tout, il avait fini son verre... Evoquer la mort sur un papier et en vrai était une autre paire de manches, il préférait laisser la possibilité qu'il soit en vie.
" Vous en auriez un autre...? Au sujet du paiement... vous en faites pas, j'ai ce qu'il faut... "
Le rusé petit voleur s'était entre temps autorisé une virée chez ses chers parents, il s'était fait mal recevoir, mais ce n'était pas pour eux... Plus le temps avait passé, plus il avait conscience que tout cette histoire ne devait pas être sur ses seules épaules. Ses parents avaient simplement dit qu'il fallait qu'il le laisse tranquille.... Zoran s'était dit que prendre une cassette d'argent ne les alourdirait pas pour la peine. C'était bien l'unique raison de sa venue.
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Nemue attendait silencieusement que le jeune homme lui prenne la main pour la serrer, mais ce dernier semblait perdu dans ses pensées alors que ses yeux étaient rivés sur sa main. À quoi pouvait-il penser, se demandait-elle tout simplement. Ce n’était qu’une simple poignée de main. Elle se savait impressionnante, mais de là à troubler ce pauvre garçon? Son visage resta stoïque alors que son regard émeraude ne le quittait pas d’un seul centimètre. C’est à peine si elle donnait l’impression de battre des paupières pour humidifier son œil. Ce dernier se décida finalement à bouger et vint à déposer un genou au sol ce qui arracha un léger sourire à la demoiselle alors qu’il serrait sa main. Lorsque leurs doigts se quittèrent, Nemua se retourna dès lors vers le bar afin de lui offrir à boire se préparant par la même occasion un petit verre de cognac.
Bien évidemment, la réponse ne fut pas immédiate. Nemue semblait vouloir rentrer dans le vif de sujet alors que ce dernier, s’il était présent, était très certainement ici pour vérifier l’état d’un de ses proches ou bien parler avec l’un de ses proches malheureusement plus dans ce monde. Peut-être était-ce parce qu’elle en avait maintenant l’habitude, mais la femme savait qu’elle pouvait manquer d’empathie à certains moments. Lorsque la mort est sujet constant dans une vie, on finit par s’y habituer. Après tout, ils allaient tous mourir l’un de ces jours, seulement, elle était la porte qui leur permettait de communiquer une dernière fois avec l’au-delà. Elle porta donc son verre à ses lèvres rouges alors que le jeune homme se décida finalement à l’approcher s’accoudant ainsi à son petit bar personnel.
- Un choix judicieux, déclara-t-elle, alors qu’elle déposa son propre verre pour choisir la meilleure bouteille de rhum qu’elle possédait. Un rhum brun épicé qui lui avait été offert par l’un de ses amis en guise de cadeau. Elle se surprit à sourire en observant ladite bouteille puis l’ouvrir rapidement afin d’en offrir à son invité. Elle lui tendit alors le verre frôlant ainsi son index sur le dessus de sa main tout en lui offrant un sourire chaleureux et elle plongeant son regard sur ce dernier sans pour autant démontrer une quelconque faille. Elle attendant qu’il s’ouvre à elle et savait pertinemment que ce ne serait pas facile. Il finit donc par se tourner vers elle, bien que son visage lui indique qu’il ne souhaitait pas être ici. C’était tout à compréhensible, mais il prit alors la parole, parlant ainsi de son frère tout en le décrivant toujours en se comparant à lui. Il était aventurier et son frère garde, l’un représentait la découverte et l’exploration, la jouissance d’une forme de liberté alors que le frère représentait la droiture, la loi et le devoir. Ils se sont retrouvés dans une expédition commune, l’un seul semble être revenu alors qu’une promesse avait été faite à leur départ. Promesse qui n’a pas été tenue bien évidemment et elle ne pouvait pas réellement répondre à sa question, bien qu’elle le fit tout de même.
- Les promesses, il y a longtemps que je n’en fais plus pour la simple et bonne raison que nous ne pouvons pas tous les tenir. Les contretemps, les imprévues, l’impossibilité de nous revoir sans compter tous les facteurs externes. Mais je pense savoir que votre frère ne vous aurait pas fait faux bond volontairement.
Elle remplit à sa demande son verre de ce doux breuvage ambré alors qu’il avisa qu’il n’aurait aucun souci à la payer alors qu’elle n’avait pas encore évoqué ce sujet. Enfin, bien évidemment, c’était l’un des derniers sujets dont elle parlerait avant de procéder à l’appel. – Prenons place au bureau, si vous le voulez bien. Elle fit un geste élégant de la main afin de lui montrer la chaise sur laquelle il pouvait s’asseoir et pour sa part elle prit place devant ce dernier.
- Je crois comprendre que nous sommes ici aujourd’hui pour votre frère afin de vérifier s’il est bien vivant. Bien évidemment, la sorcière préférait rester positive aussi. – Pour le paiement, nous en parlerons un peu plus loin avant j’aimerais discuter de certain point avec vous.
Elle fit glisser le document de quelques feuilles devant ce dernier laissant ses doigts posés sur celui-ci, approchant ainsi l’encrier à ses côtés de son autre main dans lequel reposait une belle plume.
- Ceci est le contrat qui nous liera à tout jamais, bien évidemment, rien à voir avec le mariage et cela ne vous affectera à rien. Enfin, nous allons passer à travers ensemble et je vous expliquerai tout en détail.
Elle retira enfin sa main où déjà on pouvait y lire le nom du jeune homme écrit à la main d’une écriture soignée. D’ailleurs, tout avait été fait à la main et nul doute que cela prenait du temps pour la sorcière à chaque fois, mais c’était important de garder des traces et des preuves de ce genre de visites.
- Premièrement, voici comment cela fonctionnera. Je vous ai demandé d’amener avec vous un objet qui appartenait à la personne dont vous vouliez faire l’appel. Lorsque vous me le remettrez, il me faudra le nom complet de ce dernier pour que je puisse entrer en communication avec lui. Si j’y arrive, il sera lié à l’objet en question pendant trois jours maximum où si vous décidez de mettre fin à cela bien avant. Pour cela, il faudra détruire l’objet pour le libérer sinon, au bout des 72h, l’objet le fera de lui-même libérant l’esprit. Dans le cas contraire, s’il ne se passe rien, c’est que votre frère est toujours en vie.
Elle leva les yeux observant ce dernier et se permit une petite gorgée de son propre breuvage histoire de se désaltérer. Sa main libre se déposa sur une belle boîte en bois fermée d’un petit crochet et elle l’approcha d’eux alors qu’elle remit sur la table son verre.
- Autrefois, les gens devaient se fier qu’à ma parole, puisqu’il leur était impossible de voir ou sentir l’esprit. Maintenant, j’ai fait l’acquisition d’un miroir lié à mon pouvoir pour permettre la communication avec ce dernier. Vous pourrez le voir et lui parler directement. Ce qui m’amène à un second point de ce contrat. Elle tourna la page suivant les explications. – Vous vous engagez à ne jamais revenir ici dans le but de faire appel à ce dernier à moins que l’appel échoue et qu’il est toujours en vie. J’ignore moi-même les conséquences que cela peut avoir sur le fait d’appeler plusieurs fois la même personne, mais nous les dérangeons dans leur repos. Certain son plus coopératif que d’autres, alors je ne préfère pas prendre de chance. Si vous êtes en accord avec ce point, signez de vos initiales à la fin de la page. Elle prend une petite pause, l’observe puis reprend. – Avant de passer à la suite, avez-vous des questions?
" Les promesses sont faites pour être brisées. Oui. "
Ni plus ni moins de toute façon, ce n'était pas pour rien qu'il ne voulait se figer nulle part, que même l'idée du commerce avec Faolan l'avait autant intrigué qu'effrayer. Promettre quelque chose revenait à s'engager dans l'avenir dans lequel personne n'avait le contrôle. Zoran ignorait s'il avait oui ou non déformer ses propos, mais c'était aussi le reflet de ses pensées les plus personnelles et anciennes. Le jeune homme s'était plu à passer du bon moment en oubliant que le temps faisait son chemin, en le défiant même parfois. Il voyait les gens quand ça le prenait, les quitter de la même façon comme pour montrer un contrôle factice. Le jeune aventurier observait les ondulations de son breuvage, il était comme fasciné par son reflet. A travers son miroir, il semblait avoir comme un film. Leurs disputes semblaient si lointaines à présent, que lui resterait-il sinon le silence pesant de cette liberté dont il avait tant voulu ? Dame Lynella l'invita à le rejoindre près du bureau pour procéder à la suite de sa présence en ce lieu. Sans rien dire, il prit place en face d'elle les jambes repliées sous sa chaises, ses mains serrées sur son sac. Il avait quelques regrets à transmettre ainsi des souvenirs de son frère. Son pessimisme gagnait de plus en plus de terrain, il les considérait déjà comme des reliques.... De toute façon, il ne souhaitait rien conserver de ce passé déjà trop pesant. Il avait l'impression que même si l'ambiance de cette pièce était confortable tout cet air l'asphyxiait. Le rhum réveillait son esprit pour le moment, il était une sorte d'arôme nécessaire pour que sa langue se délie. Il était bien loin d'avoir son lot au bout de deux verres mais c'était une substance qu'il connaissait tant qu'il se laissait complétement faire. Bien sûr qu'il espérait son frère en vie, il lui témoigna un rapide regard presque honteux... Il ne fallait pas qu'il se range derrière un avis, mais c'était si difficile d'attendre... Dès qu'il vit l'encrier, entendit les consignes... S'il n'était plus parmi eux, il aurait trois jours complets avec lui avant qu'il ne disparaisse... Très bien. Il hochait la tête lentement à chaque précision que Dame Lynella ajoutait puis signa le contrat en ajoutant le nom de son frère : Sunarrow Heydell. Les lettres s'étaient alignées d'elles même sans aucun tremblement. Un instant, il les regarda comme s'il devait se passer quelque chose dès maintenant. Ce n'était pas un contrat de mariage, mais c'était impressionnant car il engageait aussi son frère sans son accord... Il n'avait qu'à ne pas faire de stupides promesses... Il poussa la feuille vers Nemue puis ôta de son cou ce stupide médaillon...
"... Pouvons-nous commencer si vous le voulez bien, Madame... Dites moi tout, je suis prêt..."
Rien n'était moins sûr, mais au moins il se trouvait là en face d'elle. Ses jambes battaient nerveusement, ses mains s'enfonçaient dans l'assise. S'il avait été frileux, il aurait même pu sentir des frissons le pétrifier tant il était tendu. De toute évidence, il n'était pas si certain d'être prêt à entendre ce qui suivrait...
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Le jeune écoute les dires de la sorcière en buvant doucement le verre qu’elle lui avait donné. Bien évidemment, elle savait qu’il s’agissait de la partie ennuyante du rendez-vous, mais c’était quelque chose qu’elle se devait de faire. C’était très important si elle ne voulait pas risquer les problèmes par la suite. Après tout, si le contrat fut instauré, c’était justement pour se protéger elle et garder des preuves des allées et venues de tout un chacun. Quand ce dernier l’avait contacté, elle avait de suite vérifié dans la liste des gens qu’elle avait déjà rencontrés afin de vérifier qu’il ne s’y trouvait pas. Quand elle eut enfin terminé de parler de la première partie, elle s’arrêta prenant une bonne gorgée de son verre puis lui avait demandé s’il avait des questions. Zoran devait être impatient de connaître la vérité, puisqu’il signa de suite son nom ainsi que celui dont il souhaitait faire l’appel. La demoiselle sourit doucement et leva les yeux en sa direction quand il lui demanda s’il pouvait commencer. Elle déposa une main délicate et remplie de compassion sur le haut de la sienne et dit d’une voix douce et calme.
- Patience, mon ami. Il nous reste deux points à aborder et après nous commencerons. Je connais la peine que vous ressentez, l’angoisse de ne pas savoir, mais chaque chose en son temps.
Elle tourna finalement la page montrant ainsi la dernière. Il n’y avait pas temps d’écriture signifiant ainsi que le sujet serait rapidement abordé. – Petite close de confidentialité. Vous avez certainement entendu de moi de par les rumeurs ou autre ragots de ce genre, mais je ne veux pas que vous parliez directement de moi à qui que ce soit en ce qui concerne mon pouvoir. Je me suis présentée à vous comme Nemue, mais si vous parlez de ce rendez-vous, contenter de vous de parler de la sorcière. Je ne souhaite pas voir se rameuter n’importe qui à mon magasin surtout que je ne suis certainement pas l’amie de certaines personnes si vous voyez ce que je veux dire. Communiquer avec les morts pourrait compromettre certaines personnes.
Mourir dans son sommeil ou par surprise dans une ruelle ne faisait pas partie de sa liste à souhait. Elle avait déjà travaillé avec la garde pour ce genre de chose, mais elle préférait le faire discrètement afin d’éviter que tout le monde sache qu’il s’agissait d’elle.
- Et pour finir, le prix de vingt cristaux clair est exigé, peu importe le résultat de cette rencontre.
Parfois elle avait droit à de drôle de réaction, mais ce dernier avait dit avoir de quoi la payer. S’il était aventurier, il devait certainement se faire quelques cristaux en bonus de ses quêtes non? Enfin, elle chargeait le même pris qu’un enchantement de pouvoir alors elle ne se sentait pas coupable alors qu’elle réveillait déjà l’esprit des morts pour communiquer avec eux. Ce n’était normalement pas un service offert au moins offrant. Seuls ceux qui pouvaient se le permettre faisaient affaire avec elle. Nemue prit donc la plume pour signer de sa belle plume son nom complet et tendit la plume à Zoran.
- Signez et nous débuterons. D’ailleurs, donnez-moi l’objet qui appartient à votre frère, pour ne pas parler au passé, et je commencerai après avoir préparé la pièce.
Nemue se leva donc de son siège et s’assura que seules les chandelles soient allumées et quand cela fut fait. Elle invita ce dernier à prendre place sur une chaise de son choix, bien évidemment pas la chaise longue, puisqu’elle devra s’y allonger, puis elle prit le casque que lui avait tendu l’aventurier avant de prendre sa propre place. S’allongeant sur la chaise longue, elle avait l’air d’une princesse comme dans les contes de fée. Sa longue chevelure noire encadrait son visage et entourant ses épaules. L’objet avait été déposé sur son ventre qu’elle tenait de ses deux mains paumes collées contre celui-ci et elle avait fermé les yeux pour se concentrer. Bien évidemment, l’attente devait être insupportable. Les deux avaient été plongés dans une pénombre éclairée que par quelques chandelles. L’odeur épicée planait toujours autour d’eux et le silence devait être insupportable pour le jeune homme. Il devait très certainement se dire qu’elle avait le don de faire attendre les gens, mais c’était fait exprès. Certaines personnes ne finissaient pas rebrousser chemin ne préférant pas connaître la vérité afin de garder espoir qu’un jour la personne reviendra.
Enfin, Nemue avait vidé son esprit se concentra sur l’objet ainsi que le nom de l’homme qu’elle devait appeler. Concentra son énergie magique au niveau de ses mains, cherchant à savoir si le casque était relié au fil argenté. Si l’ont voulait imager cela, c’était comme si la demoiselle s’était retrouvée devant la fameuse porte réserver aux esprits des morts et qu’elle s’aventurait au-delà de ces dernières. Si l’objet qu’elle avait avec dans ses mains était relié à un fil argenté, cela voulait donc dire que la personne n’était plus de ce monde. Lorsqu’elle baissa les yeux, Nemue vit l’objet qu’elle tenait entouré d’un halo argenté tout comme le fil qui le reliait. Elle murmura son nom à la fois pour le fantôme afin de l’appeler, mais cette partie-là Zoran put l’entendre. D’une vue externe, un léger courant d’air vint faire vaciller les flammes des chandelles alors que la demoiselle ouvrit soudainement les yeux tout en reprenant son souffle comme si elle avait cessé de respirer. Cela pouvait apeurer certains d’entre eux, mais elle savait qu’elle devait annoncer la mauvaise nouvelle au jeune homme. Elle s’assied donc et se mit face à ce dernier.
- J’ai le regret de vous dire que j’ai ramené votre frère auprès de nous, Zoran. Je peux vous donner un moment si vous le voulez avant que nous passions au miroir. Il vous entend et vous écoute. Si vous voulez lui dire quelque chose avant de le voir c’est le moment. Malheureusement, je dois rester ici avec vous, mais tout ce qui se passe ici restera ici. Je suis liée par le secret professionnel.
Zoran aurait tout accepté, cette condition lui paraissait si mince à remplir, insignifiante presque. Il inspira puis hocha la tête avant de conclure ce contrat par ses initiales. Ses bras se croisaient, ses jambes se serraient ; sa nervosité avait atteint une hauteur inégalée. Nemue prit sa plume d'une souplesse frisant l'élégance. Chacun de ses gestes semblait avoir été dicté par une puissance supérieure. A ses yeux plus les heures s'écoulaient, plus elle gagnait de la puissance. Son sort était scellé par une seule réponse... Zoran déglutissait. Sa gorge était de plus en plus sèche... que même le rhum ne parvenait pas à adoucir. Le silence était vraiment la pire des tortures, cette pièce devenait si étroites seulement éclairée par ces chandelles. Nemue s'était avancée sans lui expliquer ce qui allait maintenant se dérouler. Elle partit se coucher sur une chaise longue avec le casque sur son ventre. Zoran avait quant à lui gardé le médaillon dans sa main. Il avait l'impression de retenir son frère de partir trop loin... L'attente serait sans doute plus simple si tout comme Nemue, il fermait les yeux... mais il en était incapable. Aucun nouvel élément ne troubla le calme obsédant des lieux... Un souffle fit trembler la lumière des bougies comme si une fenêtre s'était ouverte... Rien n'avait changé. Il eut le réflexe idiot de regarder derrière eux... mais il finit par comprendre... A mesure que la ravissante dame se redressait, Zoran se murait de plus en plus dans une expression effacée n'ayant rien à voir avec l'indifférence. C'était pourtant bien l'impression qu'il donnait.
"... Comment on peut partager une bière seul ? As-tu imaginé comment c'est possible... abruti."
Des mots secs sans doute non adaptés lorsqu'un proche décède, mais Zoran n'avait pas cheché à censurer. Il croyait Nemue, il s'imaginait son frère non loin... Une chose l'obsédait... il tenterait de garder son âme ensuite. S'il n'avait pas réussi à lui revenir en vie, s'il était possible de le faire revenir temporairement, il devait y avoir un moyen... pour lui accorder une seconde chance. Zoran avait plus d'une idée en tête... il avait bien entendu le règlement, mais il comptait bien tenter d'arranger pour tenter d'arranger la situation. Le jeune aventurier ne pouvait décemment pas lui dire qu'il allait faire ce qu'il pouvait pour défaire ce qui avait été fait... Toutes ces pensées irrationnelles s'allumaient aussi vite qu'elles se fanaient. Rien ne serait possible. Ce lien n'était créé que parce que cette femme usait d'un objet magique... et pourtant il voulait y croire.
"... Y a t-il un moyen de le ramener définitivement? ... je sais que j'ai signé un contrat... si vous êtes parvenu à le ramener ? .. Tss ridicule."
Son pincement au coeur s'affirma davantage. Il avait l'impression d'étouffer. Zoran ne savait pas quoi dire face à cette terrible qui ne pouvait de toute manière pas lui être annoncée de la bouche de son frère pour des raisons évidentes. Sa poitrine le brûlait un peu comme si une véritable tempête grondait... Une nouvelle fois, il la réfréna en se disant qu'il trouverait un endroit pour vider toute cette colère. Il n'avait pas su le protéger, il espérait au moins qu'il n'avait pas souffert...
" Où est-il... à présent ? Dans ce casque ? "
Zoran avait besoin de fixer son regard, or pour le moment, il ne faisait que fixer les plancher. Il aurait pu en détailler les contours tant il s'était crispé à cette annonce. Sa reprise de souffle lui faisait un peu penser à celle de Nemue, bien que la sienne l'avait fait sursauter. En se redressant, il pressait toujours son torse au niveau de son coeur. Dommage qu'une clause du contrat ne stipule pas une ligne pour ne pas déclencher de tempête à l'intérieur de la boutique. C'était bien ce qui risquait de se produire s'il ne faisait pas attention.
Accabler les autres de reproches n'était pas vraiment dans ses habitudes, mais le deuil pouvait donner aux personnes un reflet nouveau d'eux-mêmes. S'il partait souvent sans donner de date, il savait qu'il reviendrait, or ici ce n'était sans doute plus le cas. Sa voix se faisait vibrante. La force qu'il lui fallait pour ne pas libérer sa force destructrice lui demandait trop de concentration pour qu'il conserve un timbre moins fébrile. Tant qu'il ne faisait aucun geste, il pouvait minimiser les dégâts. C'était du moins ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'il baisse le bras. Une bourrasque forte les entoura. Une voix lui disait de se lâcher, que plus rien comptait, que même ce lieu n'était pas important. Le jeune homme avait besoin de s'attacher à quelque chose alors il prit cette main qu'il avait senti au moment de la signature de cette dernière page. Cette main avait su dans un premier temps le faire attendre quelque temps. Zoran posa sa main sur celle de Nemue le plus doucement possible.
" Non... mais... Restez."
Encore heureux qu'il soit toujours en présence de quelqu'un.. comme il se sentait glisser, il voulait se raccrocher à quelqu'un, sentir qu'il n'était pas seul au moins pendant quelques minutes.
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Nemue s’était assise lors de son retour après avoir usé de son pouvoir pour appeler le frère de son client. Malheureusement, ce n’était pas de bonnes nouvelles qu’elle avait ramené avec elle, mais bien une mauvaise nouvelle. Déjà que ce dernier était très impatient de connaître la réponse à sa question, la sorcière savait que cela n’allait pas réellement lui plaire. Bien évidemment, c’est avec un ton plutôt peiné qu’elle lui annonça la présence de son frère parmi eux et lui donna la possibilité de s’exprimer avant de poursuivre. Il s’agissait toujours d’un moment déchirant et elle n’avait pas le chois d’y assister puisqu’elle ne pouvait pas s’en éloigner. Son pouvoir fonctionnait ainsi.
Ses grands yeux verts observèrent un moment l’interaction unilatérale alors que ce dernier avait débuté par cette fameuse promesse qu’il lui avait faite. Celle qu’il ne pourra jamais tenir étant donné les circonstances actuelles. Un fantôme ne peut pas boire ni manger et même si ce dernier tentait de le toucher, Zoran ne sentirait pas son contact. Seul Nemue pouvait les voir et les toucher. Assurément, ce dernier semblait dénier légèrement la mort de ce dernier et quand il parla de le ramener d’entre les morts, Nemue sentit son cœur se crisper.
- Malheureusement, ce qui a été fait ne peut pas être défait. Je ne peux pas ramener les morts à la vie, je peux seulement entrer en communication avec eux et vous permettre de communiquer avec lui à votre tour.
Après le dénie, celui-ci chercha à comprendre où se tenait la forme immatérielle de son frère et la demoiselle leva doucement les yeux pour observer ce frère aîné qui se tenait toujours à côté de lui flottant de son corps immatériel. Elle lui montra doucement du doigt l’endroit où il se tenait et jeta alors un regard sur le casque.
- Il est relié au casque, mais il peut se mouvoir librement tant qu’il reste auprès de ce dernier. En ce moment, il se trouve à vos côtés, mais vous ne pourrez ni le voir ni le toucher.
Elle le voyait luter contre la douleur, contre la peine de connaître cette vérité que certains refusaient de croire. C’est dans ces moments que de nombreuses personnes s’étaient levées en claquant la porte sans omettre de la traiter de menteuse et de charlatan. Sauf qu’il était toujours présent, bien que ses traits démontraient son état actuel ainsi que ses mains qui empoignaient sa poitrine. Le pauvre ne sut pas comment gérer cela et son pouvoir sembla lui échapper l’espace d’un instant puisque le vent se mit à souffler autour d’eux. Sauf que la demoiselle n’eut pas à interférer alors que ce dernier se saisit de sa main pour lui mentionner de rester.
- Je ne vais pas partir, ne vous inquiétez pas.
Elle voyait bien que ce dernier avait besoin de support. Venir seul pour apprendre une telle vérité demandait beaucoup de courage alors elle ne pouvait pas quitter ce dernier si elle était la seule personne sur qui il pouvait se raccrocher. La demoiselle fit même quelque chose qu’elle ne se serait jamais permis de faire, mais elle se sentait peiner de voir ce garçon ainsi. Elle avait l’impression de se revoir lorsqu’elle avait vu sa sœur se noyer devant elle. Elle n’avait pu rien faire et c’est d’ailleurs comme ça qu’elle avait découvert son pouvoir. Du coup, Nemue s’était levé de son siège et s’était rapproché de Zoran, prenant appuie sur un genou au sol et attrapa ses deux mains entre les siennes.
- Je suis là Zoran, tout va bien aller. Je connais votre peine, mais il faut que vous trouviez le moyen de vous calmer. Regardez-moi et inspirer profondément et expirer par la suite sur un rythme régulier.
Elle ne voulait pas prendre de risque et voulait s’assurer que ce dernier se soit calmé avant de poursuivre avec le miroir. Son bureau sens dessus dessous était une chose, mais risquer de briser son miroir alors qu’elle vient tout juste de l’avoir ne lui plaisait pas du tout comme idée.
- Quand vous vous sentirez prêt, nous pourrons passer au miroir.
"Oui.... oui.... oui"
La réponse affirmative était de mise, même si tout en lui hurlait une réponse négative. Il se sentait prêt à se dresser contre tout ce qui pouvait le séparer de lui... Il n'y avait que les montagnes qui ne se rencontraient pas, que les morts qui s'éloignaient trop qu'on ne puisse plus les atteindre. Après de longues minutes, les objets autour d'eux avaient arrêtés de léviter, ils s'étaient retombés inertes dans leurs positions d'origine. Tout était retrouvé dans son état d'origine. Le bureau si joliment orné avait à nouveau retrouvé tout son charme. Certaines feuilles avaient été légèrement décalés, mais la magie semblait s'être calmée. Pire, elle s'était éteinte. Zoran avait toujours senti quelque chose vibrer en lui. Les conséquences de son pouvoir lui donnaient une bonne énergie même trop grande parfois. Le jeune homme ne laissait pas partir son frère... pas encore de toute façon il aurait au moins la chance de partager un moment avant son grand départ..." Sunarrow... attends moi, reste dans cette pièce. Nous avons des choses à nous dire" pensait-il fortement alors qu'il reprenait une posture plus droite. Il avait repoussé sa chaise légèrement tout en ayant ce voile devant les yeux. Sunarrow se tenait-il devant lui ? Cette brume devant ses yeux ne pouvaient pas être ses larmes. Zoran ne savait plus où il en était... mais une chose était sûre. Il n'était pas pour éponger ses joues... Cette nouvelle étape marquerait.. une page qui se tourne. Zoran se devait de l'initier sans la fermer totalement, il aurait tout le temps pour cela.
" Nous pouvons poursuivre."
Ce câlin restait gravé en lui même s'il avait été de courte durée, même s'il ne signifiait aucun partage plutôt un épanchement. Il s'était autorisé à une démonstration de tendresse pour éponger un deuil qui promettait d'être difficile à traverser.
"... Est ce que je dois ... participer à quelque chose.. ? Je vous suis."
Suivre, se laisser guider voilà la voie qu'il allait sans doute tracer pendant ces derniers jours avant qu'une nouvelle vague l'emporte.
"... Pardon... pour votre bureau"
Zoran se moquait bien des excuses dans la plupart des cas, mais cette dame avait été près de lui jusqu'à ce qu'il se calme. Cela ne faisait pas partie du contrat, ce n'était pas obligé... c'était humain et par Lucy cela lui avait fait un bien fou. C'était le minimum de lui renvoyer un tant soit peu son geste, bien qu'il ne le pensait qu'à moitié.
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Nemue s’était rapprochée du jeune homme afin de l’aider à reprendre un peu de ses sens. Agenouillée devant lui, elle avait pris délicatement ses mains entre les siennes de sorte qu’il puisse se concentrer sur ce contact et qu’il reprenne sa respiration. La lutte et le déni étaient des phases que le deuil amenait chez certaines personne. Personne ne réagissait de la même façon et ce dernier semblait avoir bien du mal depuis qu’il avait appris la vérité. La sorcière ne pouvait pas élever le ton afin de lui mentionner de se calmer, elle ne pouvait pas lui ordonner ainsi même si cela impliquait que son bureau serait sens dessus dessous. Elle devait se montrer patiente et montrer qu’elle était présente pour lui en cas de problème. Nemue, bien qu’elle fasse cela pour les cristaux derrière, n’était pas sans cœur. Au contraire, lorsque sa sœur était décédée, elle aurait bien aimé que quelqu’un puisse l’aider afin d’avoir une dernière conversation avec elle. Malheureusement, pour Nemue, ce ne fut pas pareil. Elle avait invoqué sa sœur, mais sans le savoir et quand elle avait réalisé qu’il s’agissait d’elle, il était trop tard. Celle-ci était déjà retournée d’où elle était venue. Enfin, elle était trop jeune et même si aujourd’hui la tentation de ramener sa jumelle ici était bien grande, celle-ci n’aurait pas vieilli et aurait toujours gardé sa candeur d’autrefois. Elles n’auraient pu échanger quoi que ce soit. Enfin, c’était mieux ainsi.
La demoiselle attendait patiemment que son compagnon reprenne de sa constance, mais ce dernier délogea ses mains de sorte à venir l’emprisonner dans une étreinte qui l'a surpris. Elle figea un moment sans savoir ce qu’elle devait faire. Après tout, lorsqu’elle avait commencé ce métier, elle se sentait bien trop investie dans la peine que ressentaient ces personnes. Mais les temps passent et la sorcière y a trouvé une certaine paix avec elle-même se permettant ainsi de créer un mur entre eux et elle. La vie et la mort touchaient aux portes de tous à un moment ou l’autre de leur vie. Côtoyer la mort était devenu son quotidien et à force, on y découvre une certaine lassitude voir une banalité. Cela devient normal et on ne se pose plus de question. Peut-être est-ce pour cela qu’elle vit sa vie pleinement comme elle le souhaite sans se soucier des méfaits que cela pourrait lui apporter. Après tout, nous avons tous qu’une seule vie à vivre.
Enfin, la demoiselle n’avait pas non plus un cœur de pierre et referma ses bras dans son dos, caressant avec douceur ses omoplates formant ainsi un cercle dans ses mouvements. Le menton relevé et appuyé contre son épaule, Nemue avait fermé les yeux. – Tout va bien, Zoran. Le vent avait commencé à se calmer ce qui signifiait que le garçon reprenait le contrôle de lui-même et cela lui permit doucement de se déloger de son étreinte. Elle gardait son doux sourire compatissant en sa direction. Lorsqu’elle leva les yeux à leur côté, le visage du frère de ce dernier l’observait avec bienveillance. Après tout, lui aussi voyait ce qu’il se passait dans cette salle. Nemue se redressa sans démontrer aucune gêne face à la situation qu’ils venaient de vivre et elle se mit face à son bureau de sorte à récupérer la boîte qui contenait son miroir.
- Non, mon cher, vous, vous restez assis tranquillement en vous préparant à ce que vous voulez dire à votre frère. Une fois que ce dernier sera dans le miroir, vous pourrez avoir une conversation avec ce dernier et le voir par la même occasion. Vous avez un maximum de quatre heures pour avoir la possibilité de discuter avec ce dernier, après cela, il sera éjecté du miroir.
Ses doigts se glissèrent avec délicatesse sur le manche de son miroir de bonne facture, celui-ci était joliment gravé et assez grand pour qu’on puisse y voir une tête entière. Comme s’il s’agissait d’une chose bien trop précieuse, Nemue prit le miroir contre elle tout en se retournant vers son client. – Ne vous en faites pas pour le bureau. Un peu de ménage et tout reviendra dans l’ordre, bien que je n’aille pas grand-chose à y faire. Vous pourrez prendre le miroir lorsque votre frère s’y trouvera, mais vous ne pourrez pas quitter la pièce sans rompre le contact. Le casque, le miroir et moi-même devons rester au même endroit pour conserver le lien.
Sur ces paroles, Nemue se tourna alors vers le fantôme que seuls ses yeux pouvaient voir et plongea son regard dans celui du spectre. – Vous êtes prêt? Demanda-t-elle à l’homme immatériel qui ne pouvait que lui répondre par un simple mouvement de tête. Elle ferma les yeux un moment et se concentra sur l’objet magique qu’elle tenait en main et elle sentit ce dernier se refroidir légèrement précédant un mouvement d’air. Quand elle ouvrit les yeux, le visage de l’homme se trouvait dans le miroir et semblait lui sourire. Impressionné par cela, Nemue dut prendre quelques instants de silence pour observer l’exploit qu’elle venait de faire. Zoran serait le premier à pouvoir user de son pouvoir de cette façon. Son regard émeraude dépassa finalement d’au-dessus du miroir pour observer le jeune homme puis, elle tourna la glace en sa direction avant de lui tendre avec prudence.
- Je vous laisse discuter avec votre frère. Tenez fermement le miroir à deux mains… Si vous le désirez, vous pouvez vous installer plus confortablement sur la chaise longue. Je serai à vos côtés.
Après tout, maintenant qu’elle n’était plus autant sollicitée qu’autrefois, elle pouvait poursuivre la paperasse qui attendait sur son bureau depuis un moment. Elle avait des comptes à vérifier et surtout un inventaire à calculer.
Quand il se recula presque au même instant qu'elle, son regard chercha légèrement son regard. Ses yeux avaient perdu leur éclat azuré, ils étaient rougis par la douleur. Si elle dormait sous ses paupières, elle serrait son coeur en le rendant sensible à son seul appel. Il encourageait lady Lynella à poursuivre sans se soucier de ce serpent sifflant mille airs à son esprit. Sa tête montrait qu'il suivait chacun des mots prononcés par lady Lynella. Il n'avait jamais été aussi attentif depuis longtemps... Il aurait quatre heures... quatre heures pour le voir face à lui... Croire encore à l'impossible retour. Ce retour, il le devrait au secours de cette femme et à ce miroir de si petite taille.... Zoran baissait les yeux en détaillant sa surface vitrée, son manche comme autant d'éléments atypiques appartenant à une réalité éloignée... Voir un trépassé... il n'aurait pas cru que cela lui soit possible de vivre cette expérience, non qu'il l'ait un jour souhaité pour un proche... Spontanément, il se rapprocha en tendant la main afin qu'elle puisse déposer le miroir une fois qu'elle aurait réalisé toutes les procédures nécessaires.
" Oui... plus que jamais, je suis prêt"
Zoran avait le visage résigné du frère réalisant son dernier devoir, de ce dernier au revoir qu'il lui devait... Il se sentait agité, mais aussi brave devant cette réalité oppressante. Jamais encore, il n'aurait senti autant de frissons, ni autant de crispations. Lady Lynella observa le prodige qu'elle venait d'accomplir. Le reflet avait bien les traits de son frère... Même dans la mort, il trouvait encore la force de lui sourire, c'était bien lui... Il n'avait pas changé, il était si soulagé de le voir sourire étrangement. Les larmes vinrent à ses yeux. Zoran tendit les deux bras comme on lui avait suggéré. Ensuite, il s'installa sur la chaise longue. Tout durant qu'il marchait, il entendait son frère l'appeler sans trop comprendre ce qu'il se passait.
"... Sunarrow... mon vieux... c'est moi. Tu vois, tu t'y attendais pas."
" Zoran.... "
" J'ai pas de bière à te donner... t'as vu... je suis un mauvais frère. Mais de là où t'es, tu verras, tu seras plus seul.. "
Zoran ne criait pas, il n'était pas en colère. Tout ce qu'il disait à son frère relevait d'une douceur inégalable, d'une véritable volonté de partager ce moment sous une bonne note. Il voulait faire comme s'il partait pour un long voyage dont il ne reviendrait pas... Ils échangèrent rapidement sur tout et rien tel qu'ils l'auraient fait à la caserne ou autour d'un feu de camp. Le temps est hélas bien rapide, deux heures s'écoulèrent alors. C'était souvent le moment où ils partaient ensuite se promener... Son coeur se serrait en songeant que cette réalité n'était que temporaire... qu'il était urgent qu'il y mette une séparation sans quoi jamais il ne se redresserait.
"... Sunny, tu es sans doute la personne qui m'a permis de tenir. Sans doute la seule qui m'a... "un peu" comprise aussi... " fit-il en marquant un maigre espace de ses doigts en riant. " Je t'en ai fait voir de toutes les couleurs, mais par Lucy... tu vas me manquer. J'aurais dû... faire autrement."
" Ne dis pas cela Zoran, tu n'étais pas le meilleur des frères, mais à mes yeux tu étais une personne unique."
Il était certain d'entendre ces mots. Zoran passa ses doigts sur la surface vitrée comme pour faire un lien minuscule comme si leurs mains pouvaient à nouveau se toucher. Comme une poignée de main ordinaire.
" Dis pas de connerie... "
Lui dire qu'il était unique n'épongerait pas ce qu'il ressentait. Le visage de son frère était soucieux, il se faisait du soucis pour son frère. Zoran semblait presque ... aller bien au vue de ses réponses, mais l'éclat de ses yeux se ternissaient de plus en plus au fur et à mesure qu'elle s'éternisait. C'était comme s'il voulait s'endormir avec lui et ne plus se réveiller. Le jeune aventurier se releva de sa position allongée pour marcher jusqu'au bureau pour déposer le miroir... il voulait quitter la pièce quelques temps... Son sac était toujours sur la chaise quand il voulut se rapprocher de la porte. Il ne tenait pas à fuir le règlement, mais il se sentait étouffé.. Son pouvoir allait encore se détraquer. Franchement, il ne tenait pas même si elle lui avait dit que cela n'avait aucune importance, c'était une bonne personne.
"Permettez.. je reviens...ne... le faites pas... partir "
Comme une envie de se rendre à l'extérieur... se sentir vivant éloigné de cette réalité. Il usa de son pouvoir juste pour accentuer légèrement sa vitesse, traverser la boutique pour aller dehors. Le jeune aventurier fit même attention à ne rien briser sur son chemin, chose qu'il ne se serait pas donné la peine s'il n'avait eu aucun respect pour cette femme. Il s'assit dans le chemin devant la boutique en ramenant ses jambes à lui. Ses larmes furent plus fertiles que jamais. Une espèce de bourrasque l'entourait comme une sorte de barrière. Ses cheveux de jais se soulevaient et restaient en suspension comme si des fils les retenaient. La tête dans ses bras, il n'arriverait plus à revenir... à faire semblant. C'était trop pour lui... à faire semblant d'être ce bon frère qu'il n'avait jamais été. La vérité lui éclatait en plein visage : toutes ces fois où il était parti sans donner de nouvelle, où il oubliait son frère pour partir à l'aventure en disant " je te ramène un souvenir". De l'attente... de l'attente pour un retour non préparé selon son bon vouloir. A présent, c'était à son frère de se montrer absent de façon prolongée... Alors oui, il voulait fuir... à présent qu'il savait qu'il ne pouvait plus décider de le voir... Et pourtant son frère avait tenu à toi, espèce de saleté... Ses larmes rendaient ses yeux secs, presque impossibles à ouvrir... Le jeune homme se laissa retomber au sol pour sentir l'herbe sur son visage. Après avoir hoqueté suite aux sanglots, il réussit à se convaincre de revenir dans cette salle. Son pas dans la boutique était pressé, presque automatique comme s'il marchait sans avoir de volonté propre. Le jeune aventurier ouvrit à nouveau cette porte.
" Maintenant, je connais le chemin" entra t-il en souriant à cette femme à qui il devait ce moment particulièrement difficile pour lui, mais aussi tellement libérateur. Comme s'il n'avait jamais quitté la pièce, il reprit le miroir pour se réinstaller à nouveau à la même place qu'il avait quitté et finir cette conversation du mieux qu'il pouvait. Zoran insista pour connaître l'histoire de sa disparition, mais son frère n'était pas né de la dernière pluie. Le jeune aventurier trempait dans des affaires pas forcément toutes des plus honorables... et Sunarrow refusait de lui donner le nom de son agresseur. Suite à ses questions répétées, Zoran devina bien qu'il avait été tué durant son retour à la Capitale... Il était tout aussi têtu que lui c'était désagréable. Finalement, il dut plier pour le remercier d'être venu à eux... Zoran ne savait aucunement le procédé pour que les morts répondent à cet appel, mais il imaginait qu'il en allait également de leur bon vouloir. Lady Lynella semblait toujours penchée sur ses papiers sans que rien n'interfère dans sa gestion. Les quatre heures arrivaient peu à peu sans qu'il s'en aperçoive vraiment, Zoran fut le premier surpris quand le reflet s'effaça. Comme un réflexe, il le gardait contre lui douloureusement sans vouloir le lâcher, sans dire un mot...
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Voilà, elle avait remis le miroir dans les mains de son client avec une certaine nervosité, elle ne pouvait se le cacher. Cet objet lui avait coûté quelques cristaux et l’idée de le perdre après une première utilisation la prenait aux tripes. C’était viscéral et elle ne put s’empêcher de le surveiller des yeux jusqu’à ce que ce dernier s’installe confortablement. Elle poussa un soupir de soulagement puisqu’aucun accident ne fut causé. Maintenant que ce dernier avait la possibilité de discuter avec son défunt frère sans l’aide direct de Nemue, cette dernière se sentait quelque peu inutile. Première séance et le fait de ne pas être sollicité ainsi avait quelque chose d’étrange. Normalement, c’est elle qui prenait place sur son long siège. C’est elle qui conservait les objets en main et qui se concentrait sur ces derniers pour communiquer avec ces derniers. Maintenant, elle était libre de marcher dans la pièce ou bien même d’aller dans sa boutique si elle restait près de la pièce.
Enfin, elle préféra plutôt sortir des documents concernant l’inventaire de son magasin afin de s’assurer que les comptes allaient avec les ventes. Bien qu’elle faisait une confiance aveugle envers ses protégés, elle ne vérifiait pas s’il lui avait manqué des cristaux. Dans tous les cas, ça s’était fait au fur et à mesure. Actuellement c’était surtout plus dans l’ordre de vérifier la popularité de certains produit. Qu’est-ce qui se vendait le plus, qu’est-ce qui se vendait le moins versus le prix des ingrédients utiliser de certaines potions pour la préparation de ces dernières. Est-ce qu’elle vendait trop cher un produit, pouvait-elle se permettre de baisser quelques prix? Dans tous les cas, lorsque les saisons changent, Nemue n’a pas le choix d’augmenter certains tarifs dus à la rareté de certains ingrédients. Elle ne le faisait pas par bonne volonté, mais si elle ne voulait pas y perdre, la sorcière n’avait pas le choix.
Bien évidemment, la demoiselle était concentrée sur sa lecture, sa plume prête à prendre des notes. Elle tentait de fermer ses oreilles à ce qui se passait autour d’elle, pour laisser l’intimité que Zoran méritait. Bien évidemment, quelques bribes lui parvenaient lorsqu’elle sortait de sa concentration, mais jamais elle ne se mêla à eux. D’ailleurs, quand Zoran décida de sortir de la pièce, Nemue leva la tête cherchant rapidement le miroir. *Ne pas le faire partir? Quelle heure peut-il bien être?* Elle regarda son tempus et ouvrit grand les yeux. *Déjà cette heure?* Cela expliquait pourquoi elle avait un peu plus de mal à se concentrer. Bien évidemment le fantôme pouvait rester avec elle un total de six heures avant de retourner pour un total de quatre heures dans l’objet auquel il était lié, mais ajouté le miroir à cela n’aidait pas. Elle avait l’impression que son énergie était drainée tout doucement hors de son corps afin de maintenir le fantôme en ce lieu.
C’est d’ailleurs à ce moment qu’elle en profita pour faire quelques pas histoire de se dégourdir les jambes. Cela lui faisait bien étrange que le fantôme attende ainsi alors que la seule chose qu’il pouvait voir c’était le plafond de la pièce comme s’il avait été mis en attente. Que dire dans ce genre de situation.
- J’imagine que votre frère reviendra rapidement. Il a laissé son sac ici. Enfin, je vais en profiter pour boire quelque chose.
Bien évidemment, elle laisse de côté l’alcool pour ne se prendre qu’à boire et discute calmement avec le fantôme. Après tout, autant en profité. La discussion était très basique et c’était normal pour ce dernier de savoir ce qu’il adviendrait de lui après cet appel. Il retournerait d’où il était venu et pourra profiter de son repos puisqu’elle ne comptait plus jamais faire appel à ce dernier. Enfin, le retour de l’aventurier annonça donc à l’apothicaire qu’elle devait retourner prendre place. Le temps passa de nouveau et au bout des quatre heures, elle sentit comme si quelque chose s’était rompu entre elle et l’objet que tenait Zoran. Comme de fait, elle tomba nez à nez avec la silhouette du fantôme et un Zoran désemparé par la fin de cette discussion.
Nemue se leva, pas pour récupérer son précieux objet, mais simplement pour vérifier que tout allait bien pour ce dernier et elle s’agenouilla près de lui. – Tout va bien, Zoran? Vous tenez le coup? Demanda-t-elle en déposant une main délicate contre son bras. – Malheureusement, nous ne pourrons pas utiliser de nouveau le miroir avant six heures, dit-elle avec un sourire attristé, alors qu’elle lui retirait avec délicatesse l’objet entre les mains pour avoir la possibilité de le ranger, bien qu’elle ne le fasse pas de suite. – Votre frère est encore ici, mais il ne pourra pas vous répondre. Communiquer avec ce dernier sera bien plus difficile. Que voulez-vous faire? Je peux vous donner la possibilité de lui dire vos adieux.
La demoiselle se leva et se mit face à son bureau pour y ranger le miroir dans le coffret de bois pour prendre le casque dans lequel reposait son frère pour le lui tendre.
- Dans tous les cas, lorsque vous serez prêt, vous pourrez lui permettre de retrouver le repos en détruisant son casque…
" Ah... vous savez... vous faites bien de me le dire."
Des bruits de papier se faisaient entendre, visiblement la personne travaillait à sa paperasse alors que s'écoulait le temps. Que faisait donc son frère ? La personne présente dans la pièce partit se chercher à boire sans qu'aucun nouveau bruit ne retentisse comme annonçant le retour de son frère disparu. Sunnarrow soupira en hésitant à demander l'appui de la personne qui était restée dans cette pièce. Son frère revint avec son ton effronté qu'il lui connaissait tant. Il évita bien des sujets pour ne pas le pousser à nouveau dans ses retranchements au point de lui faire quitter la pièce. Sauf que son frère était bien plus persistant, mais la persistance eut une fin... Le reflet de son frère s'effaça bientôt dans le miroir au point de n'en devenir qu'un souvenir. Zoran était immobile, prostré sans savoir exactement ce qu'il devait faire ou dire.. Ses bras se crispait sur ce précieux vecteur ne diffusant plus cette image agréable d'un être qui creusait en lui un terrible sillon. Dame Lynella s'approcha jusqu'à venir à sa hauteur, elle était à sa façon... compatissante. Zoran s'était bien dit que garder ce miroir serait une bonne chose, mais de toute façon sans le pouvoir de cette femme; il n'était d'aucune utilité. N'allons pas se voiler la face... c'était grâce à elle qu'il pouvait avancer.. avancer pour aller où. Ses yeux azurés l'observaient sans oser rien dire, ses lèvres tremblaient... Ses bras se relâchaient pour qu'elle puisse reprendre son bien. Quand il le fit, il sentit comme une boule se faire.. une boule d'émotion.
" Oui... je vais bien... vous avez dit 6 heures... ah oui d'accord"
Se lever de son siège était très périlleux, ses jambes avaient décidé de se raidir pour ne pas s'affaisser. Il avait l'impression d'avoir son pouvoir au plus bas niveau et ne tenir que parce qu'un fil le maintenait ainsi.
"Ah merci... Non... merci. "
Des adieux... pourquoi faire... Pourquoi... se sentait-il si vide... ? Il s'était levé pour s'asseoir face au bureau, bureau qui lui paraissait vide, vide... Un document attira son attention : de la comptabilté... Toute son attention semblait s'être volatilisé au profit de tous ces chiffres. C'était avec le regard vide qu'il tentait de décrypter l'écriture de son interlocutrice. La tête tournée sur el côté, il semblait avoir quitté totalement la conversation comme si plus rien n'existait.
"... Vous faisiez vos recettes...? "
Sa voix avait certes gardé une certaine fragilité, mais elle tentait de se faire entendre d'une certaine façon. Il s'imaginait bien rester.. à aider... Même si ce n'était pas la Farandole des saveurs, mais c'était idiot en quoi on aurait besoin de lui de toute manière ? Le jeune homme s'inclina montrant de ce fait son désir de partir... C'était fou d'être indécis à ce point et bien malgré lui, il en avait oublié le paiement... Cet argent était tellement important à ses yeux qu'il n'y pensait qu'en cas de grande nécessité.. à présent rien ne lui semblait important. S'il avait été plus lucide, il se serait chargé peut-être de partir sans payer ou de tenter une entourloupe...
"Enfin merci à vous... "
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Nemue observait d’un regard attristé ce pauvre garçon. Que pouvait-elle bien faire pour soulager son mal? Après tout, elle devait rester dans la limite du professionnel. Elle devait rester compatissante, et non souffrir de sa peine avec lui. Jetant un coup d’œil sur le côté alors que seuls ses yeux pouvaient voir la présence à leur côté, elle observa le frère parti trop tôt avec un regard désolé. Normalement, les gens ne venaient pas à elle seule, ou du moins lorsqu’il le faisait n’était pas réellement parce qu’ils avaient un lien précis avec ladite personne.
Enfin, elle lui avait remis le casque après avoir rangé son miroir dans son boîtier et ne restait plus qu’à ce dernier de détruire le casque. Tant qu’il ne le ferait pas, son frère resterait prisonnier de ce monde et Zoran, malgré sa présence en ce lieu, ne l’était plus du tout mentalement. Répondant avec des réponses courtes et comme s’il était, sa souffrance était plus que palpable. Nemue poussa alors un soupir lorsqu’elle le vit s’asseoir devant son bureau et elle se rendit jusqu’à son petit bar. Ce dernier aurait très certainement besoin d’un petit coup bien que normalement elle ne l’encourageait pas. Peut-être qu’elle pourrait faire un effort et épauler ce garçon. Dans tous les cas, elle ne voulait pas le laisser partir dans cet état. Elle devait s’assurer que le casque soit détruit et surtout finaliser le paiement. – Oui, je faisais mes recettes et vérifiait mon inventaire.
Prenant les verres en main, elle versa un alcool fort dans les deux et les remplis jusqu’à la moitié ajoutant quelques glaçons dans chacun d’eux. Puis elle déposa le verre de ce dernier devant lui tout en s’appuyant les fesses contre la table de son bureau. – Mais ne me remercie pas, je n’ai fait que ce que vous m’avez demandé, dit-elle plus sur un ton désolé qu’heureux. – J’aurais préféré apporté de bonnes nouvelles, mais bon…, souffla-t-elle en dernier. *Je ne suis qu’un oiseau de malheur après tout. Une sorcière même!* pensa-t-elle les yeux rivés vers le liquide ambré. Elle porta ses lèvres à ce dernier et but une gorgée bien plus grande qu’elle en avait l’habitude. – Qu’allez-vous faire maintenant? Vous avez un endroit où aller? De la famille ou des amis avec qui vivre votre deuil? Elle déposa une main compatissante contre son épaule et la tapota avec douceur. – Enfin, sachez que vous pouvez rester ici tant que vous en aurez besoin pour vous remettre. Je ne suis pas là pour vous jeter dehors. Se donnant un petit élan, elle s’assied complètement sur le bureau, ses longues jambes pendant maintenant dans le vide. Elle déposa sa main sur le meuble pour s’y appuyer et se pencha doucement sur le côté pour observer son visage. – Sachez seulement que votre frère est toujours présent bien qu’il ne puisse plus vous répondre. Je crois qu’il attend pour retrouver le repos.
" Les nouvelles sont ce qu'elles sont... si je les avais ignorées... j'aurais continué d'attendre" reconnut-il en ayant un regard vers ce casque. Que lui avait-il même imposé à ce frère qu'il aimait tant ? A présent, il était prisonnier dans un fort silence sans que rien ne puisse l'en sortir hormi s'il le décidait. ".. Je n'ai pas d'endroit précis où me rendre... mais qu'est ce que j'ai à faire pour lui...? Je n'ai pas à lui imposer de rester... " Cette main compatissante sur son épaule lui avait au moins donné la force nécessaire de saisir le casque. Ce casque entre ses mains n'avaient rien d'exceptionnel, il avait l'impression pourtant de sentir une certaine chaleur, peut-être qu'il revivait cette dernière discussion pour toujours s'en rappeler. "Adieu .... mon frère puisses tu m'oublier... et trouver le repos" Son frère avait toujours été à ses côtés, chose qui ne serait plus jamais le cas à présent. Zoran ne savait comment le libérer, mais il espérait que cet adieu suffirait. L'objet se fissura, se brisa entre ses mains comme s'il n'avait jamais existé. Zoran fixa Nemue en face de lui : sa bouche se tordait dans une forte douleur comme si c'était bien la chose la plus difficile qu'il ait pu faire... Oui, il voulait bien de sa compagnie ... Oui, il ne voulait pas être seul... oui il voulait une présence rassurante. Comme elle lui était si gentiment proposé, il n'avait pas l'habitude de rejeter les ...? opportunités. Et cette opportunité.. non il n'arrivait pas à réfléchir davantage que déjà il souriait vers Nemue... dans un sourire figé, comme s'il cristallisé tout son chagrin dans un sourire sans âme. Il se sentait brisé comme une coquille vide.
"Je souhaite rester, comment refuser.. ahah."
Ce fut la décision la plus sage qu'il n'avait alors jamais pris. Pratiquement le jour même, il chercha plus à s'emmurer dans son mutisme et dans sa joie factice. Il aurait même pu effrayer toute personne à le voir aussi vide. Son hôte avait cette envie de bien faire, il le sentait bien. Etait-ce ce qui l'avait maintenu dans cette expression figée ? Non, il l'avait fait pour lui pour ne pas tomber... Quand ils buvaient ensemble, il lui faisait part des histoires les plus drôles qu'il connaissait. Quelques jours passèrent où lors de chaque matinée, elle voyait un petit sac en toile avec des cristaux près de sa caisse. Il lui était difficile de se défaire de son argent, mais l'avantage c'était que c'était devenu moins difficile à présent. Dire que partir sans payer ne lui avait pas traversé l'esprit aurait été mentir. Sauf que voilà il ne se voyait pas rouler la seule personne lui proposant la chose la plus essentielle : une porte ouverte. Après trois jours, il avait même.. suggéré une organisation pour la disposition d'un stock de façon à optimiser les déplacements et la praticité.. Rien que des détails... de toute façon, il n'était pas capable de faire des étincelles, il se sentait toujours comme une flamme vacillante, il ne parvenait pas à quitter cet endroit comme si une peur l'en empêcher. Quitter cet endroit c'était un peu comme affronter la nouvelle et même si le lendemain, il disait en être capable, il revenait sur sa décision en riant : " On dirait que je me suis dégonflé dame Lynella, n'y at-il rien à faire... transporter? " lançait-il avant qu'ils ne se rendent pour boire ensemble et l'éternel manège recommençait. Il n'avait plus conscience même des heures, des jours qui s'écoulaient...
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Ce dernier semblait perdu maintenant qu’il avait très certainement perdu la réponse à toutes ses questions. Combien de temps avait-il cherché son frère avant d’entendre parler de Nemue? Combien d’espoir s’était-il donné avant qu’elle ne lui annonce la mauvaise nouvelle? Comment pensé que son monde ne s’écroulerait pas alors que son frère n’était plus de ce monde, du moins physiquement pour le moment. Elle comprenait son désarroi et sa peine de perdre un être cher. Enfin, au vu des discussions qu’elle avait vaguement écoutées, ce dernier semblait apprécier son frère aîné malgré leur monde qui semblait plutôt différent. Un était garde et droit, l’autre aventurier et libre. Continuant d’appuyer gentiment sur son épaule, Nemue lui offrait un sourire compatissant. Elle pouvait l’aider pendant un certain temps, mais le gros du travail devait être fait par lui-même. On ne vivait pas un deuil de la même façon et si elle n’avait pas invoqué sa sœur par mégarde la première fois qu’elle avait usée de son pouvoir, Nemue ne se serait très certainement jamais pardonné et elle n’aurait pu voir sa sœur une dernière fois qui même dans la mort semblait lui faire la morale.
Bien évidemment les derniers adieux furent prononcés et le casque se brisa entre les mains de l’aventurier pour ne laisser rien derrière lui. Par la même occasion, le fantôme de son frère sembla être soufflé par le vent disparaissant à son tour.
- Tout va bien aller Zoran. Vous allez vous en remettre. Cela prendra du temps, vous aurez toujours ce pincement au cœur, mais vous allez passer au travers de cette épreuve vous en êtes capable.
Bien évidemment, il souhaitait rester auprès de Nemue qui lui avait très certainement tendu une main et comment pouvait-elle le lui refuser alors qu’elle lui avait proposé son aide. Ce dernier ne semblait avoir personne, du moins dans l’immédiat, pour l’aider. – Très bien, j’espère que vous savez boire, car nous allons à taverne du village! Laissant la boutique entre bonnes mains, Nemue amena donc le jeune homme boire. Ce n’était peut-être pas la meilleure des solutions, mais si cela pouvait l’aider à se vider l’esprit et à parler d’autre chose, elle n’y voyait pas le problème. Elle l’écoutait plus qu’elle ne parlait, mais elle partageait tout de même avec lui. Le jour suivant, ce dernier était toujours présent et ne semblait pas vouloir décoller tel l’oiseau ayant peur de prendre son envole. Elle lui trouva donc une utilité en boutique afin d’aider Lith et Irhu à déplacer des boîtes, remettre les stocks en étagère. Bien évidemment, elle se doutait bien que ce dernier resterait encore la journée suivante. L’oisillon n’était toujours pas prêt, mais bien qu’on l’appelait l’oiseau de malheur par occasion, elle se voyait plus comme une féline et à un certain âge, les femelles chassaient leur petit elle-même pour qu’il quitte et parte chercher leur propre territoire. Ce dont il avait besoin, c’était de ce petit coup de patte pour lui faire comprendre. C’est donc en début d’après-midi qu’elle l’appela auprès d’elle afin de lui proposer une marche dans le village et ainsi qu’autour de ce dernier sans trop s’éloigner dans les plaines.
- Zoran, cela ne te manque pas de parcourir les routes ou bien même de voyager? Il n’y a donc personne qui attend votre retour? Dit-elle alors qu’elle gardait son bras ancré sous le sien. – Je ne veux pas vous chasser, mais je pense qu’il vous faut avancer. Si vous vous terrez ici, vous ne vous en remettrez jamais et je ne pense pas que votre frère apprécierait de vous voir ainsi. Elle tapota avec délicatesse sur son bras de son autre main puis observa l’horizon. – Lorsque j’ai perdu ma sœur, j’étais petite et je me suis sentie terriblement coupable parce que je n’avais pu rien faire lorsque c’est arrivé. Le terrain était glissant à cause de la pluie qu’il y avait eu. Elle n’a pas écouté les consignes, j’aurais dû l’attraper et la tirer vers moi, mais sur le coup je ne savais pas, je ne pouvais pas savoir et elle est tombée dans l’eau. Je l’ai vu se débattre, lutter pour rester à la surface, mais ni elle ni moi ne savions nager et à bout de force, elle a coulé. J’ai vu la terreur et la douleur dans son visage. Je me souviendrai toujours de cela même si elle m’a fait comprendre que ce n’était pas ma faute… Elle est ma première âme rappelée et même dans la mort elle a trouvé le moyen de me faire la morale. Elle poussa alors un soupir tout en regardant vers ce dernier. – Nous ne sommes pas responsables de leur décès, Zoran et même si vous aviez été présent, peut-être que cela n’aurait rien changé, mais dans tous les cas vous ne pouviez pas savoir. Vous devez vous relever et vivre pour ceux qui nous ont quittés trop tôt. Vous avez très certainement des projets, des rêves à accomplir, non?
Lors d'un début d'après-midi, Dame Lynella le prit par le bras comme pour l'aider à faire cette marche en dehors de la maison. Zoran avait le regard légèrement baissé, même si son visage s'ouvrait un peu à chaque fois que sa bienfaitrice le regardait. C'était comme s'il ne cherchait à être un tant soit peu accueillant juste pour la remercier du toit qu'elle lui avait offert.
" ... Personne ne m'attend."
Pas ainsi du moins... personne ne pourrait le rattraper ainsi alors qu'il se sentait à des années lumières de ce qu'il était d'ordinaire. Quand elle lui dit un " je ne veux pas vous chasser", Zoran sut que c'était fini. Il avait déjà commencé à relâcher son bras.. presque comme une sorte de réflexe. Dame Lynella lui tapota le bras ce qui le fit à nouveau exercer une légère pression sur son bras.
" Elle ... vous a fait la morale... mais... c'est ignoble... comme si vous en êtiez responsable. Faut pas pousser quand même ! ... Elle s'imagine pas que vous c'était l'éclate.. "
Sa colère retentissait aussi bien pour elle que pour lui, elle venait de jeter un pont entre eux deux, un pont de compréhension et de compassion aussi. Zoran tourna la tête comme s'il n'assumait pas de s'emporter pour une situation qui n'était pas la sienne... et dont il n'avait aucun contrôle.
" Si j'avais été près de lui... j'aurais pu lutter contre le bâtard... qui l'a butté... j'aurais pu en crever... mais il aurait pu avoir le temps de fuir... En vérité.. c'est mon égoïste qui l'a tué... si j'avais été avec lui... enfin c'est idiot.. oui vous avez sans doute raison... Oui j'ai des projets... enfin non.. je n'en ai qu'un. Le reste ben ... je vis au jour le jour... alors vous savez... "
Son bras glissa de celui de Nemue comme pour la libérer de son emprise. Zoran avait arrêté sa marche en fixant le sol sans se décider ni à avancer ni à parler.
" Ouais ... non.. mais pour vous je suis désolé mais... enfin... je peux pas racheter mon attitude auprès de lui.. ça me rend.. dingue juste... vous voyez... Si c'était qu'un faux pas... Je suis sûre que vous êtiez une soeur digne de ce nom... ce qui s'est passé ... n'était qu'un accident. La preuve... vous aidez un client... qui a déjà réglé sa note... Quelle obligation avez vous envers moi...? ... Vous êtes une bonne personne... "
Il parlait trop... beaucoup trop... pour rien dire... du blabla inutile. Malgré tout une certaine proximité naissait un peu, légèrement mais un peu. Il aurait eu tord de le nier, mais ... il n'avait même pas bu...
" Allons boire... si c'est un au revoir. C'est ma dernière demande... je vous offre cette tournée."
Sans même attendre, il partit de son côté en se disant qu'il avait bien besoin de boire après avoir dire de telles bêtises... A choisir, il préférait qu'elle suive qu'y aller seul, mais il avait juste besoin d'un peu de force avant de quitter ce nid qu'il s'était construit sans s'en apercevoir véritablement.
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Ressentant la colère qui émanait de lui lorsqu’elle lui avait mentionné que sa jeune sœur lui avait fait la morale une fois qu’elle l’avait appelé à elle sans qu’elle ne s’en rendre compte. Il avait très certainement mal interprété ses paroles puis se mettre dans cet état et la demoiselle crut bon de le calmer. – Elle ne m’a pas tenue responsable, loin de là, mais elle voulait surtout me faire comprendre que ce n’était pas ma faute, mais la sienne. Elle m’envoyait des images de nourriture pour que je mange puisque j’avais perdu l’appétit. Enfin, je l’ai écouté, mais cela a quand même pris du temps avant que je m’en remette. Chacun a sa façon de gérer son deuil, mais vous ne pouvez pas vous tenir responsable, à moins de porter vous-même le coup.
Encore une fois Zoran semblait toujours se sentir coupable, mais c’était normal, c’était une phase de questionnement où l’on voit toutes les possibilités qu’il y aurait eu si jamais. Mais le si jamais ne veut rien dire. Peut-être les aurait-il tout de même quittés même s’il avait été à ses côtés. Enfin, dans tous les cas, le jeune homme perdu ou plutôt confus dans ces explications avait laissé le bras de Nemue pour regarder le sol restant silencieux avant de reprendre finalement. Elle l’écouta silencieusement et sans qu’elle n’ait le temps de répondre quoi que ce soit à ce dernier, il se détourna, l’invitant ainsi à boire pour une dernière. Il partit donc le premier laissant en plan la pauvre demoiselle qui ne poussa qu’un simple soupir.
Elle devait le rattraper, elle n’avait pas fini, elle avait tant de choses à lui dire pour tenter d’alléger sa conscience. Elle voulait l’aider, mais ne pouvait pas la materner éternellement. Ils avaient tous une vie, même si refusait de le croire. Elle voulait le secouer, le réveiller lui faire comprendre que même s’il n’avait pas de projet dans l’immédiat, cela ne voulait pas dire qu’il n’en aurait pas dans un futur proche. La perte d’un être cher ne signifiait pas la fin pour les autres aussi. Elle courut donc derrière lui, faisant ainsi claquer ses talons contre le sol, alors que le bas de sa robe se frittait contre le sol. Déposant une main contre son épaule, pour l’empêcher de continuer sa route, elle lui fit faire un petit tour sur lui-même afin de déposer ses deux mains contre ses épaules pour plonger son regard dans le sien. Un air sérieux sur le visage, bien que rempli de bonté, elle ouvrit doucement les lèvres afin de lui dire ce qu’elle pensait réellement. Fini le vouvoiement, si elle ne réussissait pas à lui faire comprendre ce message, elle ne pourrait plus rien pour lui.
- Écoute-moi, Zoran. Tu es une personne à part entière et ton frère l’était aussi. Tu dois vivre ta vie comme il t’enchante, t’épanouir et réussir dans ce que tu te sens le meilleur. Malheureusement, cela implique parfois de devoir s’éloigner de ces êtres qui nous sont chers. Mais vous ne pouvez pas baser vos agissements éternellement sur ceux des autres. Tu n’es plus un petit garçon, mais un homme, un adulte. Ton frère ne voudrait pas te voir ainsi et il ne t’en tient certainement pas rigueur. Il était garde, il connaissait les dangers qui venaient avec le métier. Le mieux que tu puisses faire maintenant, c’est de vivre pleinement ta vie pour toi et pour lui aussi et pour tous les gens que tu apprécies.
Sans s’en rendre compte, elle avait légèrement pressé ses doigts sur ses épaules, comme si elle cherchait à raffermir ses propos à son égard. Lorsqu’elle le remarqua, elle l’abandonna de son emprise laissant ses doigts se mouvoir pour les dégourdir un peu, puis elle croisa l’un de ses bras sous sa poitrine appuyant le coude du second dans la paume de main, pour venir appuyer son menton sur son poing fermé.
- Tu ne devrais pas juger un livre par sa couverture. Je n’ai pas toujours été ainsi, crois-moi. J’étais une véritable peste avec ma jumelle… et tu serais fort surpris de plonger en profondeur dans mon monde. Ce que nous ne ferons pas. Sur ce…dit-elle en l’agrippant par le poignet, allons boire ce verre.
L’entraînant à sa suite, elle passa par quelques ruelles afin de se rapprocher plus rapidement de leur destination. Passant les portes de la taverne, elle fit un signe de deux avec ses doigts au tavernier afin qu’il lui apporte ce qu’elle avait l’habitude de boire. Choisissant un endroit tranquille dans le fond de la taverne elle n’abandonnant son poignet qu’à côté de la table.
- Nous allons boire, mais pour la mémoire des gens que nous aimons, dit-elle sur d’elle.
Un tutoiement.. une situation inédite ... pour Zoran qui tutoyait les gens et s'était mis à la vouvoyer par pur respect pour elle. Quelque part elle avait permis l'impossible, le jeune aventurier doutait même que ce fut même possible. A présent elle était en face de lui, il ne savait plus quoi faire hormis écouter. Son attention était aussi fixe qu'un papillon volant au vent. Elle avait bien dû s'en rendre compte bien qu'il n'ait jamais cherché à n'en faire qu'à sa tête pour ses tâches. Quand elle lui parla d'être un homme, il avait l'impression que cela ne pouvait signifier qu'une chose : qu'elle trouvait sa réaction puéril. Toujours sous l'effet de la colère, il voulait protester, mais elle fit le choix de poursuivre en agrippant ses épaules comme pour maintenir son écoute jusqu'à la fin. Plonger dans son monde... Etre une peste... Après quelques verres peut-être lui dirait-elle quelques unes des étranges affaires dans lesquelles elle avait trainé.
" Ton monde est... "
C'était à son tour de prendre le contrôle des événements, comme Zoran avait tenté de lui fausser compagnie, elle l'accompagna jusqu'à une taverne sur le trot de la bergère. Zoran ne put s'empêcher de repousser sa brève interrogation. Sans même dire un mot, elle rentra comme une habituée en traçant jusqu'à une table en retrait. Boire en la mémoire des gens que nous aimons qu'elle disait... elle avait laissé de côté sa voix calme, sérieuse pour opter pour une plus directive. Elle voulait l'orienter, c'était visible... Quelque part ... il avait besoin d'être secoué...
" J'espère que t'as commandé un truc corsé... "
Si c'était sa boisson habituelle, Zoran allait s'y faire d'autant qu'il avait juste envie d'un truc pour lui faire tourner la tête. S'éloigner encore et toujours plus loin.
"Je savais que tu dirais pas non à un verre... ça j'avais anticipé... "
C'était fou de vouloir aider un client qui avait réglé... il n'en revenait toujours pas. Sans doute son charme naturel... bien qu'il tentait de tourner cette situation à un peu plus d'humour... Il voulait vivre avec cette illusion, mais qu'il heurta son verre contre le sien, il crut sentir une certaine étincelle même lointaine l'atteindre de plein fouet.
" Tu sais ... j'ai hésité à me barrer sans payer.... Tu devrais faire payer avant... pas après. Trop facile d'arnaquer et vu comment tu cours... Je ne suis pas convaincu que tu puisses distancer quelqu'un... " se moqua t-il doucement.
C'était sa manière de la remercier à sa sauce, il avait suivi ce tutoiement, mais c'était un tutoiement respectueux. Mine de rien en le tutoyant, elle avait rallumé cette envie de tutoyer et de se mettre à l'aise en dépit de ses yeux en manque de sommeil et de son sourire disparu. Faire des blagues tout en adoptant un visage plus réservé c'était comme chercher à mettre de l'eau dans le désert, mais il se sentait au moins bien pendant les quelques secondes que dirait la recherche de sa taquinerie avant que ça ne retombe un peu.
ft. @Zoran Heydell
Nemue reçoit une lettre bien étrange, mais accepte tout de même de recevoir le jeune homme dans sa boutique pour répondre à ses questions. Il semble en avoir besoin.
Maintenant dans l’auberge du village, Nemue n’avait lâché son protégé qu’au moment de s’asseoir abandonnant ainsi son poignet qu’elle avait gardé en main. Elle avait fait un signe au tavernier pour lui commander ce qu’elle avait pour habitude de boire et bien évidemment, Zoran sembla poser une question toute simple. Avait-elle commandé un truc corsé? Un large sourire se dessina sur les lèvres de la sorcière alors qu’elle sortit de son sac sa longue pipe noire dans laquelle elle y mit un peu de tabac avant de sortir de quoi allumer le tout. – Corsé? Ce le sera certainement pour toi, pour ma part il n’y a rien de plus doux qu’un bon petit rhum épicé sur glace. Ajouta-t-elle avec son sourire quelque peu moqueur sur les lèvres. – Mais bon! L’important c’est d’apprécier ce qu’on boit surtout quand il s’agit d’un spiritueux comme celui-ci. Ce serait vraiment du gâchis d’en boire pour s’en mettre plein la poire!
Cela ne prit pas grand temps au tavernier pour apporter les boissons au duo. Souriant derrière sa barbe, il devait certainement se dire que ces derniers jours furent plutôt payants grâce à leur présence bien qu’il jeta tout de même un regard en direction de Nemue qui hocha doucement la tête en prenant son verre. Il n’avait pas à s’inquiéter. Glissant le bac de sa pipe entre ses lèvres, elle inspira longuement avant de recracher la fumée en formant des cercles vers le plafond.
- Je ne dirai jamais non à un verre, tu le sais bien. Il y en a partout chez moi, dans mon bureau, la cuisine, ma chambre. Même dans le bureau de ma boutique je n’ai pu m’empêcher dans garder. Enfin, j’essaie de ne pas en abuser bien que je sois une consommatrice régulière de ce genre de spiritueux. Enfin, trinquons plutôt!
C’est ainsi que leurs deux verres se heurtèrent alors que Nemue le fixait droit dans les yeux. Était la dernière fois qu’ils se retrouveraient ici? Avait-il finalement compris ce qu’elle essayait de lui dire et de lui faire comprendre; qu’il ne pouvait continuer ainsi et qu’il devait vivre pleinement sa vie pour lui avant tout et aussi pour les gens qu’il aime et qu’ils l’aiment. Rien ne sert de laisser un mort entraver sa route alors qu’il faut se soucier de la vie. C’est triste, ce n’est jamais plaisant, mais il faut continuer. Puis, ils seront toujours présents dans leurs pensées ainsi que leur cœur.
Nemue but donc finalement à son verre alors que son compagnon semble lui avouer l’idée qui lui était passée par la tête ce qui fit doucement plisser les yeux de Nemue. En effet, il touchait un point très important. La question du paiement devrait être faite au tout début avant même de commencer l’appel de l’être perdu, mais elle n’avait jamais eu de problème jusque-là. C’est bien le premier à avoir eu ce genre de penser et en plus, il ose se moquer d’elle! Enfin, elle note bien qu’il semble plutôt maladroit et s’exprimer en disant vraiment ce qu’il pense était plutôt compliqué par occasion. C’était un petit rigolo qui aimait bien utiliser la plaisanterie pour faire passer ses messages et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Cachant son sourire derrière son verre qu’elle porta à ses lèvres, elle laissa glisser le liquide entre ses lèvres doucement tout en faisant mine de froncer ses sourcils.
- Heureusement que tu es resté pour payer, sinon j’aurais dû faire affaire avec la garde pour te retrouver, cela aurait été bien dommage n’est-ce pas? Finit-elle par dire dans un grand sérieux. Blaguait-elle ou pas? Enfin, c’était peut-être une simple mise en garde qu’elle n’aimait pas que l’on se joue d’elle lorsqu’il s’agissait du boulot, mais un sourire vint aussitôt alléger sa mine. – Puis, ne me sous-estime pas, j’ai des années d’expérience en talon. Tu serais surpris de ce que je peux faire avec.
Bien évidemment, la demoiselle se moquait aussi. Elle pouvait courir, mais ne se risquerait pas à faire une véritable course en talon haut simplement pour prouver son point. Elle n’avait pas envie de se tordre une cheville stupidement. Puis, elle n’avait qu’à mettre ses bottes qu’elle portait normalement pour s’aventurer en forêt et elle pouvait courir avec aisance.
– Tu sais, je ne suis pas de ces nobles qui ont peur de se salir les mains ou de se casser un ongle. On me reproche souvent d’être un peu trop téméraire par occasion, mais je ne peux pas toujours dépendre des autres. Je veux prouver à tous que mon statut n’est pas que décoratif et que je le mérite bien par mes faits et gestes et non parce que je le suis par défaut de naissance et que j’ai une certaine richesse.
Elle avait toujours aimé aider les autres de toute façon, même lorsqu’elle se faisait pointé du doigt elle cherchait à aider les citoyens de la capitale quand elle était plus jeune. Elle ne s’était jamais abattue et elle savait ce qu’elle voulait faire.
- Enfin, que vas-tu faire maintenant?