Les réveils douloureux et inconfortables, Astrid en avait connu. Après tout, des bagarres dans des tavernes et dormir à même le sol dans une petite ruelle parce que trop épuisée et ivre pour rentrer chez elle, c'était en somme assez fréquent pour la citoyenne alcoolique. De même, se réveiller avec une odeur de vomi et de pourriture vous agressant le nez de si bon matin ? Pas si étrange non plus, elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait dormi dans une flaque de son propre vomi et, ou, à côté de poubelles.
Entre autre, c'était pour l'instant une situation parfaitement normale pour la femme à tout faire qui ne s'en inquiéta pas plus que ça. Elle avait probablement dû passer une soirée plus arrosée que d'habitude hier, et voilà le résultat. Ça expliquerait aussi pourquoi elle avait un trou de mémoire concernant la soirée d'hier. Qu'est-ce qu'elle avait fait déjà…. ? Plus aucune idée.
Mais bon, encore une fois, rien d'inhabituel. Ça finirait par lui revenir, ou non.
Encore épuisée et souffrant de ce qu'elle apparenta à une sacrée gueule de bois, elle comptait bien continuer à dormir – il faisait encore nuit, alors pourquoi s'en priver ? -, mais une tentative pour se gratter l'entrejambe l'alarma. Elle...ne pouvait pas bouger ses mains ? Et ça continuait à démanger. Putain de merde. Forçant un peu plus, elle se rendit bel et bien compte qu'elle ne pouvait pas bouger ses bras qui étaient attachés dans le dos à….une poutre ?
Merde. Mais encore une fois rien d'inhabituel pour la citoyenne qui avait l'habitude de se retrouver dans ce genre de si…
Non attendez une minute. Elle avait l'habitude d'avoir les mains menottées...mais dans une cellule chez les gardes. Par contre les mains attachées autour d'une poutre dans ce qui semblait être une cave insalubre avec des rats et des mouches partout ? Hmmmm, c'était bien la première fois. Ou la deuxième.
Son esprit embrumé s’éclaircit à mesure que son envie de se gratter se fit plus présente et elle réalisa alors peu à peu la situation et l'état dans laquelle elle était. Ces tremblements et cette sueur ce n'était pas normal, contrairement à la soif et à la migraine qu'elle connaissait bien.
En silence, elle observa le lieu et aperçut grâce aux quelques rayons de lumière qui indiquaient qu'il faisait jour deux autres personnes qu'elle reconnut immédiatement. Yuduar Al machin chose, capitaine de la garde au Grand-Port et Zilith, sa colocataire et collègue, qui étaient tous deux dans la même position qu'elle. Le choc et l'inquiétude s'empara d'Astrid l'espace d'un instant, mais en voyant leur poitrine se soulever et redescendre, elle se calma rapidement. Encore vivants. Petit soupir de soulagement.
Des ennemis et des personnes voulant se venger d'elle, il y en avait plein et ils auraient rêvé de mettre la main sur Astrid pour l'enfermer et lui apprendre les bonnes manières. Aussi, ce n'était pas si étrange qu'elle se retrouve ici. Mais Zilith et Yuduar ? C'était….plus étrange.
Et d'ailleurs, où est-ce qu'ils étaient ? Hier encore elle souvenait avoir rempli un contrat à la capitale, donc sûrement là. Mais comment expliquer la présence de Yuduar ? Hmm...Tant de questions sans réponses.
Bah, ce n'était pas le plus important. Ce qui était primordial, c'était de sortir de là et de rentrer pour prendre une bonne douche et de dormir dans un bon lit douillet, et de se gratter un coup aussi parce que ça la démangeait toujours et ça en devenait insupportable.
Malgré la migraine et la soif, elle réussit à croasser :

-Zilith ? Yuduar ?

….hmmm ? La surprise se lut sur le visage de la citoyenne. Est-ce que la soif avait rendu sa voix inaudible ? Elle se racla la gorge et força un peu plus :

-Zilith ? Yuduar ? Je savais pas que vous fréquentiez le même club sadomasochiste que moi, HAHA !

Toujours prête à sortir des blagues nazes à n'importe quel moment, grave ou non. Néanmoins, la femme aux cheveux blancs haussa un sourcil lorsqu'elle se rendit compte qu'elle n'entendait toujours rien.

-ZILITH ? YUDUAR ?! Hé ho ?! Vous m'entendez ?! UN DEUX, UN DEUX, TEST, TEST!

Eeeeeeh...ça commençait à devenir inquiétant.

Hmm, pourquoi le fait de ne rien entendre et cette situation des plus incongrues lui rappelait ce qu'il s'était passé à de multiples reprises durant la saison chaude ? Non non, sûrement juste une impression. Puis de toute façon, là c'était largement pire.
Par contre, son instinct lui disait qu'il était préférable de se casser de cet endroit qui lui donnait la chair de poule le plus vite possible, bizarrement.
Bien décidée à partager sa merveilleuse idée de faire quelque chose, quoi que ce soit, pour fuir d'ici au plus vite, elle remarqua alors que Zilith avait un bandeau aux yeux et Yuduar un bout de tissu dans la bouche dont ils se débarrassèrent rapidement. Hmmm ? Pourquoi elle n'en avait pas ? Elle en était presque jalouse, tiens, heh.
Par contre, les craintes de la citoyenne bavarde s’avérèrent fondées lorsqu'elle vit la noble et le garde ouvrir la bouche sans émettre aucun son.
Non, ce n'était pas qu'ils n’émettaient aucun son, c'était qu'elle n'entendait juste absolument rien. Ni leurs voix, ni la sienne, ni les mouches, ni les rats, rien. Elle tapa des pieds le sol mais aucun bruit non plus.

-OOOOOOOOOOOOOOOOOH. JE CROIS QUE JE SUIS SOURDE. S'exclama-t-elle soudainement. VOUS L’ÊTES AUSSI ? AH BAH MÊME SI VOUS L’ÊTES VOUS POUVEZ PAS M'ENTENDRE DU COUP, HAHAHA. ENFIN, PEUT-ÊTRE ?

Le bon sens aurait voulu qu'elle la ferme – ou qu'elle parle un peu, juste un peu, moins fort - pour ne pas attirer le ou les ravisseurs, mais malheureusement, le bon sens ne s'appliquait pas vraiment à la citoyenne même si elle en était parfaitement consciente.
En penchant légèrement la tête, elle lança un regard interrogateur au capitaine qui cracha au sol sans raison apparente. L'énervement ? Puis, lorsque ce dernier indiqua Zilith de la tête comme s'il s'attendait à une réponse, la citoyenne tenta de moduler sa voix qui commençait à lui faire mal à force de crier.

-Eeeh, c'est vrai que vous vous connaissez pas. Je vous présente, Zilith, ma colocataire et collègue, et Yuduar, capitaine de la garde du sud.

Sans surprise, le capitaine et l'ex-commandante restèrent (plus ou moins) calme, habitués aux scénarios stressants et catastrophiques. Ce qui n'était de toute évidence pas le cas de la femme aux cheveux roses qui semblait paniquer, vivant pour la première fois ce genre d'enfer. Elle n'avait décidément pas tiré le gros lot depuis qu'elle avait décidé de s'associer à la citoyenne et enchaînait les emmerdes après les emmerdes. Ouep, après ça, Astrid allait sans doute se retrouver avec un lit de libre dans sa piaule.

-Zilith, du calme ! Tout va bien se passer et on va se sortir de là sans souci, j'te le promets ! En plus on a un garde avec nous, il va nous sortir de là, hein ? Des mots qui se voulaient réconfortants pour tenter d'apaiser la détresse de la jeune noble, jusqu'à ce qu'elle rajoute : C'pas le meilleur, mais c'pas le pire non plus !

Forcément qu'elle n'hésiterait pas à le tacler un temps soit peu, même si ce dit garde était tout aussi attaché que les deux autres. Poussant un petit soupir exaspéré, Astrid tenta d'utiliser sa télékinésie pour fouiller le vrac d'affaires dans un coin pour y ramener son épée. Mais, surprise (pas vraiment), rien ne se passa.  Les ravisseurs avaient donc eu la présence d'esprit de leur enlever tout outil magique. Était-ce pour les revendre ?
Elle claqua la langue de mécontentement et se décida à user de son pouvoir de vitesse pour se défaire de ses liens en un clin d’œil mais...encore rien ?
Difficilement, la citoyenne déglutit, se rendant enfin compte de la gravité de la situation. Là, elle rigolait un peu moins et son sourire narquois était clairement moins étincellent.
Sans rien pour couper la corde, il ne restait plus qu'une chose à faire donc. Serrant les dents et étouffants ses jurons – sans grand succès, on pouvait clairement les entendre -, elle ignora autant que possible les cris de souffrance de son corps et tourna les poignets avant de les remuer dans tous les sens pour avoir assez de mou.

-Putain de bordel de merde de Fenrir de mes deux…. ! Z'allez voir que me défaire d'une corde c'est dans mes cordes, hahahaha !

Un moyen comme un autre pour extérioriser la sensation de brûlure qu'elle ressentait au niveau de ses poignets qui lui faisaient souffrir de martyr à force de se frotter contre la corde. Se mutiler de la sorte, elle n'y voyait pas d'inconvénient, sachant pertinemment qu'elle pourrait se guérir à tout moment avec de la magie ou une potion de soin.
Quelques minutes, qui parurent comme une éternité, passèrent ainsi durant lesquelles Astrid grogna et lâcha des insultes à tout va tout en se débattant pour se défaire de ses liens, et, enfin, épuisée et haletante, elle retrouva sa liberté.

-OUAIS ! Hurla-t-elle.

Sans prendre la peine de se masser ses poignets en sang, elle alla rapidement chercher son épée dans le tas d'affaires et prit également une lame qu'elle lança à Yuduar afin qu'il puisse se libérer. Nul besoin d'échanger des mots, un simple hochement de tête était suffisant pour faire passer le message.
De ses mains encore tremblantes à cause de la douleur, Astrid alla ensuite s'accroupir auprès de Zilith pour lui caresser la tête. Dans un murmure – qu'elle pensait un volume normal et respectable -, elle lui dit :

-Ça va ? T'as mal quelque part ? Bouge pas le temps que je te coupe ça.

Tranchant délicatement la corde, Astrid se demanda alors : Une fois qu'ils seraient libre, que faire ensuite ? Combien de ravisseurs ? Étaient-ils en état de se battre et de fuir avec cette migraine, cette fatigue, et cette douleur ?
...
Chaque chose en son temps.

Sans surprise, Astrid n'entendit pas les réponses de Zilith mais constata sans peine qu'elle avait ouvert la bouche après que la citoyenne ait posé ses questions. Elle n'était donc pas muette, ni sourde, ce qui la réconforta grandement.
Mais malheureusement, ce soulagement ne fut que temporaire et le grand sourire confiant qu'elle arborait autant par habitude que pour donner une pointe d'espoir à la noble disparut lentement. Son regard, bien que s'étant tourné vers Astrid, semblait la traverser pour ne fixer que le néant. Et ses yeux d'un bleu vert étaient devenus livides. Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre que son amie était piégée dans le noir infini. Qu'en était-il de Yuduar alors, qui n'avait plus ouvert une seule fois la bouche depuis son crachat par terre ? Muet ? Une magie qui rendait sourd, aveugle ou muet, ce n'était pas le genre de chose qu'on trouvait tous les jours. Cela dit, ça n'inquiéta pas plus la citoyenne qui savait que ce qui était fait avec de la magie pouvait être défait ou combattu avec une autre magie de guérison. Enfin, elle l'espérait.
Une fois les liens de Zilith coupés, la femme à tout faire s'apprêta à se relever pour passer à l'étape suivante qui était de trouver un moyen de sortir d'ici mais fut surprise par la noble qui se jeta sur elle avant de fondre en larmes. Du moins, les sanglots le lui indiquait.
Sans hésitation aucune, Astrid lâcha son épée et serra la noble contre elle, caressant ses cheveux d'une main et tapotant son dos de l'autre.

-Euh...Ça va aller, ça va aller. Lui marmonna-t-elle.   On va te sortir de là et tout redeviendra normal. Ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir !

C'est alors que Yuduar attira son attention pour confirmer ses suppositions. Il était bel et bien muet.
Voir le garde dans cet état et son amie dans cette détresse emplissait de peine la citoyenne qui se sentait responsable pour tout ça, même si en aucun cas il n'était confirmé qu'elle était la cause de tout ceci. Et, serrant les dents, elle sentit aussi de la rage. Elle avait beau être je-m'en-foutiste, une clown qu'on pouvait difficilement prendre au sérieux, mais lorsqu’on touchait à ses proches...Elle ferait payer le ou les responsables, chèrement. Même si elle n'était pas au meilleur de sa forme et qu'elle n'avait pas de pouvoir, elle était amplement confiante en ses capacités à se battre au corps à corps sans. Edmond le sans pouvoir avait après tout passé sa vie à se battre sans et avait dédié sa vie à l'art du combat. Quant à Astrid, elle avait agrémenté tout ça avec l'art des rixes dans les tavernes. Elle savait également qu'elle pouvait compter sur la présence du capitaine qui saurait se défendre.

L'étreinte entre les deux jeunes femmes dura une bonne dizaine de minute, durant lesquelles la femme aux cheveux blancs s'était abstenue de faire toute blague ou commentaire idiot, attendant patiemment que Zilith se calme.
Lorsque ce fut chose faite (plus ou moins), la femme à tout faire afficha de nouveau son sourire en sentant les doigts de la noble caresser son visage. Afficher un air confiant.

-Allez, lève-toi, on va quitter cet endroit !

Elle l'aida alors à se relever et c'est à ce même moment que Yuduar revint vers elles après avoir fouillé les caisses, se mettant à faire des signes étranges. Il fallut d'abord à la citoyenne quelques secondes, les sourcils froncés, pour comprendre de quoi il s'agissait :

-Ooooooooooh, le langage des signes militaires ! S'exclama-t-elle.

Hmm hmm, elle hocha la tête. C'était une bonne idée quand on ne pouvait pas parler, en effet. D'ailleurs, Astrid avait même appris durant son temps libre le langage des signes normal pour troller les gens dans l'éventualité où justement elle aurait été bâillonnée, ou muette.
Par contre, les signes militaires eeeeeh...ça faisait quand même sacrément longtemps.

-Eeeeuh, tu veux qu'on monte en haut et qu'on dégomme tout ? Hasarda la citoyenne. Mais en observant les réactions du garde, elle comprit très bien que ce n'était pas ça.   Oh, si y'a du monde en haut et si on s'est attiré des merdes alors ? Heh, j'suis un peu rouillée pardon. Eeeh, tu demandes ça à une sourde et une aveugle hein. Puis, si y'avait quelqu'un, je pense qu'il serait descendu avec tout le grabuge que j'ai causé. Pour les emmerdes, tu devrais bien savoir que….

Sourde mais pas aveugle, elle remarqua très vite que quelque chose clochait et se tut en voyant des têtes se lever vers le plafond. Haussant de nouveau un sourcil interrogateur, elle leva les yeux aussi et vit que les quelques rayons de lumière s'infiltrant à travers les lattes en bois disparaissaient et réapparaissaient, comme bloqués...par quelqu'un. Une personne marchait au dessus d'eux.
Avant que quiconque puisse dire quoi que ce soit, Astrid sentit ses ses poils se hérisser, réagissant à une magie qu'elle avait déjà expérimenté….juste avant de finir ici. À l'unisson, tous ses sens lui hurlèrent de sortir de cette cave au plus vite pour fuir au loin et la migraine sembla même s'intensifier, lui arrachant un « Putain ».
C'est alors que sous ses yeux ébahis, 3 tentacules noirs apparurent du plafond.
L'instinct premier de la femme à tout faire fut de se baisser pour ramasser son épée, même si elle doutait fortement de pouvoir découper ces membres spectrales à moins de faire une réussite critique, ce qui aurait bien une ou deux heures. Mais ce fut une grossière erreur, car l'un des tentacules en profita alors pour traverser l'abdomen de sa camarade :

-Zilith !

Un coup d'épée sectionna alors rageusement le tentacule qui reculait...ou aurait dû la sectionner.

-Merde !

Même pas le temps de vérifier que son amie allait bien que l'autre tentacule fonça cette fois vers elle. Astrid était toujours mal en point et souffrait de toute part, sa tête pulsait encore et en prime la cave était mal éclairée, mais cela ne l’empêcha pas d'esquiver en se jetant sur le côté en tentant d'entailler le membre fantomatique qui, encore une fois, ressortit sans aucune blessure.
Combattre ces choses semblait de toute évidence être la pire des idées….mais il y avait peut-être une autre solution ?

-Yuduar ! Monte et défonce le connard qui est en haut, je m'occupe des tentacules !

Elle espérait que la trappe était ouverte ou qu'elle céderait sous les coups du capitaine qui avait beaucoup plus de force qu'Astrid. Et parce qu'il n'avait pas trouvé d'arme digne de ce nom, elle lui lança cette fois son épée qui lui serait inutile contre les tentacules.

-HE HO JE SUIS LA ! Je suis une jeune femme en pleine santé et sacrément canon ! C'est pas censé être plus intéressant pour des tentacules qu'un vieux connard dans la trentaine?

Et pour toute réponse….deux des tentacules se jetèrent sur elle.

-Va te faire enculer, va bien te faire enculer salaud! Dès qu'on s'en sort je te cracherai mes glaires connard !

Toujours dans la politesse et la classe, Astrid ne chercha pas seulement à attirer l'attention des tentacules, mais également celle de la personne qui les avait fait apparaître. Et cela sembla bien marcher, car les tentacules foncèrent droit vers elle, ignorant Yuduar et Zilith qui était déjà à terre et tremblante. Pas de sang ? Pas de blessure ? Cela soulagea la femme à tout faire qui se reconcentra immédiatement sur les tentacules. Tout cela aurait pu être facile avec son pouvoir et ses objets : Elle les aurait esquivé, aurait pu sortir de cette cave insalubre en un clin d’œil et neutraliser leur kidnappeur. Le tout en moins d'une seconde. Mais malheureusement pour elle, ce n'était pas le cas et elle devrait faire sans. Ce qui n'était pas si différent de ses bagarres dans les tavernes où elle se battait, ne se reposant que rarement sur son don. Mais plus que ça, la technique ancestrale transmise de génération en génération dans la famille Dalgaard partait du principe que les membres n'auraient pas forcément un pouvoir adapté pour. La technique en question ? Yuduar et Zilith la connaissaient déjà bien….
…
LA FUITE.
Aussi vite qu'elle le put avec son corps meurtri, Astrid fit volte face et couru loin des tentacules, autant pour les éloigner de ses amis que par peur de se faire toucher et de finir comme sa colocataire qui était clairement en train de souffrir depuis qu'elle s'était faite transpercer par l'une de ces...choses. Enfin, « loin » était quelque peu exagéré car la cave n'était pas bien grande non plus. Elle atteignit d'ailleurs très rapidement le mur et plongea sur le côté au dernier moment pour éviter de se faire avoir. Sans surprise, elle vit la masse noir traverser le mur comme si de rien n'était avant de se rétracter un instant, se tournant lentement vers la femme à tout faire qui fit une petite grimace.

-GROUILLE YUDUUUU ! Hurla-t-elle en se remettant à courir, sautant sur les caisses sur son chemin que les tentacules ignorèrent, bien décidés à lui rentrer dedans.

…
Ahem.
Pas de côté, tournant sur elle-même, demi-tour de dernière seconde, se jetant sur le sol et s’égratignant au passage, tournant autour des poteaux, feintant lorsque c'était possible, elle utilisa tout ce qui était utilisable et sa chance des 5 prochaines années pour esquiver ces satanées tentacules, tout en s’époumonant pour attirer l'attention de tous, notamment de celui qui leur en voulait :

-J'irai pisser et chier dans ton jardin espèce d'enculé ! Fils de catin ! Pisse-froid ! Demeuré ! T'utilises ces groooooosses tentacules pour compenser quelque chose de plus petit et de ridicule ? Hein ?! Hahahahahahaha ! Enfin cette blague est un peu nulle et non avenue si t'es une nana ! Mais dans ce cas là ça doit être pire, tu dois bien t'amuser avec quand t'es seule, 3 tentacules pour 3 orifices, grosse salo…. !

Et peut-être parce qu'elle avait vu juste, ou parce que l'autre voulait la faire taire elle et ses inepties une bonne fois pour toute, les attaques de tentacules se firent bien plus frénétiques et violentes alors qu'Astrid elle trouvait de plus en plus difficile de respirer et de réfléchir convenablement. Cette fatigue couplée avec le manque de lumière dans la cave fit qu'elle ne vit pas ce qui se trouva sur le sol et dérapa magistralement sur...un gros tas de merde de rat. L'espace d'un instant, sa vie défila devant ses yeux tandis qu'elle tombait en arrière au ralenti : Son enfance, son adolescence, sa vie en tant qu'adulte, la vieillesse, sa mort, puis de nouveau son enfance, son adolescence, puis sa vie en tant qu'adulte.
Ah oui, c'est vrai, ses vies plutôt.
BAM.
L'arrière de sa tête rencontra directement le sol.

-AAAAIIIEEEEE PUTAAAAIIIIIINNN ! T'ES MORT ! ENCULE ! ET TU FOUS QUOI YUDU BORDEL !

Ce qu'elle ne savait pas, c'était que grâce à cette chute, elle venait d'éviter une nouvelle fois l'attaque des tentacules. Mais elle n'était pas au bout de ses peines et n'eut même pas le temps de se masser sa nouvelle bosse qu'elle fut de nouveau sous les assauts incessants de ces membres noirs. Et pour les esquiver...elle se mit à rouler sur le sol. De toute évidence, elle ne pourrait plus tenir très longtemps.

Elle roula roula roula roula et BIM, Astrid se retrouva finalement nez à nez avec un mur, incapable de rouler plus loin et finalement prise au piège, aucune fuite ne lui étant permise. Mais loin d'être une personne baissant les bras, n'abandonnant jamais devant l'adversité quelle qu'elle soit, Astrid fit vaillamment face aux multiples tentacules qui se jetèrent vers elle, avide de la transpercer pour la mettre hors d'état de nuire. Après tout, qu'est-ce que c'était quelques tentacules comparé à un Fenrir faisant la taille d'une montagne ? Une simple bricole ! Cela dit, c'était quand même pas mal de tentacules…..
Soudainement peu sereine, la femme à tout faire tenta d'utiliser son pouvoir, son ultime recours pour se sortir de cette situation plus que délicate qui risquait de la mettre dans le même état que Zilith, voire pire. Et miracle ! En un clin d’œil, Astrid….ne bougea absolument pas.
Son pouvoir lui était encore inaccessible.

-Meeeeeeeeeeeeee….Commença-t-elle à hurler en fermant les yeux par réflexe, comme si elle ferait disparaître ces foutus tentacules magiques. eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee…..Elle s'arrêta, reprit son souffle, et continua : eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee….eeeee….eee….Hmm ? Quelque chose clochait. Ça faisait quand même plusieurs secondes qu'elle se faisait chier à crier sans jamais pouvoir finir son injure. Qu'est-ce qui prenait autant de temps…. ? Lentement, elle ouvrit une paupière et...constata que les tentacules avaient disparus….eeeeeerde ? J'suis encore en vie ? Un simple coup d’œil vers la trappe suffit pour qu'elle arrive à la conclusion que Yuduar avait réussi à appréhender le connard qui s'était joué d'eux. Pas trop tôt !

Palpant son corps dans les moindres détails pour vérifier qu'elle n'avait de trou nul part, elle se releva sans aucune difficulté et sans l'impression d'avoir été frappée du même mal qui rongeait Zilith. Pfiou….elle l'avait échappé belle encore une fois. Lucy ne l'avait donc pas totalement abandonné ! Même s'il était en réalité trop tôt pour crier victoire car à tout moment, leur ravisseur n'était pas seul et avait des complices. Se casser d'ici au plus vite et prendre la fuite était donc une nouvelle fois la meilleure option. Sans perdre une seconde supplémentaire, Astrid rejoignit Zilith à grandes enjambées et s'accroupit auprès d'elle avant de lui poser une main sur sa joue, la caressant avec affection.

-Zilith ? Zilith ? Tout va bien maintenant !

Rien qu'à sa mine, la femme à tout faire sut que sa collègue était mal au point même si aucune blessure physique n’était visible. Tremblotante, en sueur, mais toujours consciente. C'était le principal. Plaçant son front contre celle de la rose, la blanche jaugea sa température. Hmm....

-On a attrapé le connard ! On va pouvoir sortir et rentrer à la maison ! Imagine donc le bain chaud qui va t'attendre ! Allez, lève-toi, je vais t'aider à marcher...ou tu préfères que je te porte comme la dernière fois ? Rassure-toi, pas de pouvoir cette fois, héhé.

Serrant les dents, la femme à tout faire n'avait envie que d'une chose : monter pour casser la gueule du kidnappeur et découvrir son identité. Mais en ce moment même Yuduar devait le faire à sa place et il fallait donc le rejoindre avant qu'il ne le tue, parce qu'Astrid aussi, avait une folle envie de le tuer. Le capitaine pouvait être assez égoïste parfois il fallait dire, heh.
Rassurant la noble comme elle put, la femme à tout faire l'aida à se relever délicatement comme si elle pouvait se briser à tout moment, et lentement mais sûrement, passant son bras fermement autour des hanches de son amie, elles montèrent toutes deux pour rejoindre le capitaine qui était déjà en train de martyriser leur ravisseur encapuchonné. Pour la première fois depuis bien des années, le regard de la blanche se fit meurtrier. Prenant une grande inspiration, elle s'exclama :

-ALORS COMME CA C'EST TOI LE FILS DE….

Elle s'arrêta d'un coup, se souvenant que la noble était là. Hmm.

-Assis-toi Zilith. Et euh, tu devrais pas écouter ce que je vais dire par la suite.

L'assistant, Astrid boucha ensuite les oreilles de sa colocataire avec ses mains et reprit :

-….DE PUTE ! VA BIEN TE FAIRE ENCULER CONNARD DE MES DEUX COUILLES NON EXISTANTES ! Si tu nous dis pas pourquoi t'as fait ça, si t'as des putains de complices ou pour qui tu travailles, je te jure que ton rectum va servir d'étable à tous les clodos de la capitale ! Et sans les dents que mon pote aux gros bras va t'enlever avec toute la joie du monde, ce sera plus facile de suc…

Elle enleva ses mains, libérant ainsi la noble et continua plus calmement :

-….de sucer des bonbons, ahem. Donc euh, tu nous dis pourquoi tu nous a fait ça ? S'il te plaît ?

Et sachant la rose aveugle, la blanche en profita pour passer son pouce le long de son cou à l'attention du malfrat pour le menacer davantage.
Bien sûr, elle n'allait pas entendre de réponse étant encore sourde. Mais au moins, les deux autres pourraient et Yuduar serait même éventuellement capable de traduire avec le langage des signes les informations importantes!
Éventuellement.
Mais en attendant, histoire de s'occuper et d'aider sa camarade, la citoyenne entreprit de lui masser les épaules comme si de rien n'était.

Pour ne pas changer et à son grand désarroi, Astrid n'entendit absooooolument rien de ce qui se racontait. Mais il ne fallait toutefois pas être une génie non plus pour comprendre que la rose demandait si la situation dans laquelle ils se retrouvaient tous les trois était bien la faute de la chieuse professionnelle aux milles et un ennemis.
Poussant un petit soupir, elle roula des yeux mais ne dit rien car, elle le savait, cette possibilité était très très très très très probable. Même si elle ne voyait pas du tout ce que le capitaine – qui prenait un malin plaisir à tabasser le kidnappeur - faisait dans cette histoire.
Et pour toute réponse, l'autre continua à rire (du moins c'était l'impression que la citoyenne avait) et cela eut le don de l'agacer encore plus. Prenant une grande bouffée d'air, elle s'apprêta à boucher de nouveau les oreilles de son amie pour déverser sur l'autre enflure un autre torrent d'insulte, mais fut subitement arrêtée par un bout de tissu dans sa bouche. Qu'est-ce que ? Yuduar venait sérieusement de lui mettre cette merde ?
Outrée et indignée, elle recracha le bâillon et la cible de ses injures ne fut plus exactement l'homme drapé mais le capitaine de la garde. Sauf que, terminé la rigolade, le connard arrêta de rire pour former des mots avec sa bouche, avant de refendre la poire. Le problème, c'était qu'Astrid n'entendait toujours rien.

-Qu'est-ce qu'il a dit ?

Une question posée à l'attention du capitaine qui était le seul à maîtriser le langage des signes. Malheureusement, ses mains étaient plus occupées à frapper le troufion qu'à lui répondre, et la blanche fut soulagée que Zilith soit toujours aveugle pour ne pas avoir à assister à ça, même si le bruit d'un visage se faisant fracasser par un poing était assez reconnaissable.
Bah.
Haussant les épaules, poussant un petit soupir las, la femme à tout faire se releva en aidant sa collègue à faire de même et dit :

-On ferait mieux de dégager d'ici au plus vite, avant que ses copains ne rappliquent, sauf s'il a dit qu'il en avait pas ?

Elle aurait bien aimé se défouler un peu sur l'autre aussi, mais la place était déjà prise par un capitaine bien égotiste qui ne voulait pas laisser les autres s'amuser. Dommage, car ses poings la démangeaient vachement.
Quelle salle histoire de merde n’empêche. Pas de pouvoir et ayant perdu un de leur sens, kidnappés par un fou à lier inconnu et se retrouvant au beau milieu de nul part, la citoyenne ferait en sorte de trouver le fin mot de cette sordide histoire qui avait impliqué deux de ses amis. Mais pour l'instant, la priorité était de retourner dans un lieu sûr et connu pour se reposer mais également annuler les effets néfastes de la magie dont ils étaient tous victimes. Mais surtout pour se reposer et...

-J'ai faim et soif…

...manger et boire, bien évidemment.
Toutefois, ce n'était là pas sa seule préoccupation. Même si elle allait se sortir de cet accident sans séquelles physiques ou psychologiques, il n'en serait sûrement pas de même pour la jeune noble qu'elle soutenait à cet instant. Et ça, ça l'inquiétait...

HRP - Réflexion de fin de RP: