Ça y est, c’est le moment tant attendu que j’attendais depuis un moment déjà. Nous nous tenons tous les deux droitement devant la porte de la maison, mais pas n’importe laquelle, mais celle du premier homme de ma vie. Celui qui occupe toujours une très grande partie dans mon cœur et selon moi qui restera le meilleur de tous. Bien entendu, je parle de mon père et à mes côtés se tient un Devon plutôt tendu. Après tout, c’est la première rencontre entre mes deux hommes et je ne sais pas dire comment cela va se dérouler bien que mon père doit certainement savoir que si un homme a réussi à me faire sortir de ma forêt pour rejoindre la capitale, le pire endroit du pays, c’est que cette personne devait être quelqu’un de vraiment bien à mes yeux. Et si je venais enfin lui présenter un homme, ce n’était pas pour plaisanter et que c’était sérieux.
Je me retourne alors vers Devon avec un grand sourire et je secoue vite fait sa veste. Bien évidemment ce dernier a préféré garder sa tenue habituelle ce qui ne me dérange absolument pas. Après tout, si c’est dans cette tenue qu’il est le plus à l’aise, je n’y vois aucun inconvénient. Puis le trajet jusqu’ici a été fait en partie à pied bien que nous ayons pu monter avec une famille qui voyageait vers le nord. À la croisée des chemins, nous avons fait une halte rapide jusqu’à Manillam où nous nous sommes arrêtés à la boutique de Nemue avec qui nous avons discuté une partie de la soirée dans l’appartement qu’elle utilisait lorsqu’elle ne pouvait pas retourner à sa demeure. Bien évidemment, elle nous offrit à boire telle la parfaite hôtesse qu’elle était. Elle me demanda de mes nouvelles et me donna celles de mon père et je fus soulagée que tout semblât aller pour le mieux. Puis elle s’intéressa à Devon cherchant à connaître l’homme qui avait bien pu faire fondre mon cœur de pierre. Le moment venu, nous avions pris congé et nous étions dirigés vers l’auberge pour y passer la nuit afin de reprendre la route vers le village perché.
Le voyage d’allée nous pris quelques jours voir un de moins que si nous avions parcouru le tout à pied, mais cela nous a permis de passer du temps de qualité ensemble. Enfin, je regarde toujours vers Devon m’assurant que ce dernier soit prêt et mon regard semble le questionner, puis j’attends qu’il me fasse signe pour cogner à la porte d’entrée. J’entends des pas s’approcher de la porte et pendant ce temps, je me penche vers Nephalie enfin de le prévenir.
« Pas de bêtises, d’accord? » je touche le bout de son museau avec mon index et ce dernier éternue en se léchant rapidement là où mon doigt l’a touché.
Je n’ai le temps que de me redresser pour voir la porte s’ouvrir sur un nouveau géant à la carrure bien imposante. Il me regarde sévèrement avant de faire un pas vers l’extérieur pour m’attraper aussitôt dans ses bras pour me serrer contre lui.
« - Qu’est-ce que tu m’as manqué, ma petite fille!
- Pa! Tu m’étouffes…
- C’est mérité! Tu délaisses ton pauvre père esseulé! »
Il finit par me reposer après avoir embrassé mon front, puis comme s’il cherchait à me protéger d’une quelconque menace, il se met à moitié devant moi pour faire face à Devon. Il gonfle bien le torse en levant le menton pour l’observer de la tête au pied sans oublier de croiser ses bras devant lui. Sa posture pourrait en intimider plus d’un, mais il avait là devant lui, quelqu’un d’un peu plus grand.
« Pa’ voici Devon et Devon voici, mon père, Darius. » Que je dis finalement en me faufilant devant mon paternel. Je me dirige aussitôt au bras gauche de Devon afin de lui donner la possibilité de bouger son bras droit et je fixe mon père en plissant les yeux. Il pousse finalement un soupir et se détend avant de tendre sa main en direction de Devon pour profiter d’une bonne poigné de main bien virile.
« Enchanté, Devon. Bon rentrons avant d’attirer les curieux et qu’on pense que c’t’histoire va mal c’finir! »
Le voyage est assez long, assez pour que l'inquiétude me gagne une nouvelle fois! Vêtu de l'une de mes vestes traditionnelles ouverte sur mon torse et laissant voir ma musculature, mes tatouages et mes bijoux, je me demande si c'était réellement le bon choix, cela également à cause du regard que me jette les gens, que ce soit cette agréable famille qui nous permet de faire une partie du voyage avec eux ou l'apothicaire chez laquelle nous nous rendons et même si mon capitale sympathie me permet assez vite de changer ce regard venant de ces inconnus, je rappel que la première impression est importante! C'est donc stressé, doutant et légèrement mal à l'aise que nous arrivons devant la porte de la demeure du père de Saryna. Je sens le regard de Saryna sur moi, suis-je prêt? Sans doute pas autant que je l'aimerai mais impossible de faire marche arrière maintenant, je ne peux pas repousser ce moment éternellement et puis, je veux rencontrer son père juste que... Se sent-on réellement prêt à rencontrer un père célibataire lorsqu'on sait être la première véritable relation de sa fille? J'en doute! Dans tous les cas, un hochement de tête plus tard elle frappe à la porte et, elle a à peine le temps de rappeler à son drarbuste de se tenir tranquille que la porte s'ouvre sur un homme certes un peu plus petit que moi mais tout aussi impressionnant avouons-le.
L'étreinte - et le dialogue - qui s'en suit me fait doucement sourire et me rappel un autre début de conversation arrivé il n'y a pas si longtemps dans lequel ma mère me faisait cette même reproche de délaissement… Au moins sur ce point ils sont d'accord même si leur cible n'est forcément pas la même. L'homme se tourne soudain vers moi, me toisant de ce regard que je soutient bien malgré moi - habitude de mon travaille - en se mettant entre la jeune fille et moi comme pour nous séparer? Est-ce que cela signifie que de base je n'ai pas la bénédiction du père? Cela commence mal mais en même temps, je ne m'attendais pas spécialement à ce que cette rencontre soit si facile que cela! Je souris doucement malgré la situation, légèrement mal
à l'aise, j'ai pas ce genre de problème habituellement mais je ne suis pas le maître des lieux ici! Heureusement, ma belle vole à mon secours en se mettant à mon bras gauche et en faisant les présentations. Je sers donc cette main finalement tendue vers moi et j'hoche la tête en guise de salutation.
"Tous le plaisir est pour moi Darius, il me tardait d'enfin te rencontrer!" Et voilà sans aucun doute une première erreur dans cette rencontre! J'aurais sans doute dû le vouvoyer pour faire montre de respect, malheureusement c'est une habitude dû à mon emploi de tutoyer les gens! Cela brise immédiatement la barrière entre le client et le tavernier, instaure un sentiment de proximité et permet aux gens de se sentir plus à l'aise! Cependant ce n'est sans doute pas une bonne idée lorsqu'on rencontre le père de sa copine de directement lui parler aussi familièrement! La révérence ça a jamais été mon truc mais j'aurais sans doute dû faire un effort! Quoi qu'il en soit, nous le suivons à l'intérieur et je ne peux m'empêcher, malgré moi et la situation déjà périlleuse, de questionner sa dernière affirmation. "Mal finir?" Je jette un regard interrogateur à Saryna, certes je suis bien conscient de son passif mais pourquoi quelqu'un irait pensé que cette rencontre pourrait mal finir?
Je sens de la nervosité chez mon partenaire, mais c’est ce qu’il y a de plus normal. Contrairement à moi, la rencontre avec ses parents a été une rencontre imprévisible, ce qui veut dire que je n’ai pas eu le temps de me faire de m’imaginer de quelconques scénarios avant de les rencontrer. Je n’avais pas le temps de me questionner sur la façon de me présenter, si mes vêtements convenaient pour ce genre de rencontre. Je n’ai pas eu à imaginer des questions ou des réponses au cas où ils m’auraient questionnée sur mon physique ou ma famille. Le fait qu’il soit apparu ainsi, m’a permis d’être des plus naturels et de ne rien penser à d’autres que le moment présent. Ici, ce n’est pas du tout son cas. Il ne dit rien, mais je sais qu’il se fait du sang d’encre parce qu’il a eu le temps de douter de se questionner et de s’imaginer toute sorte de scénarios. Je ne peux que lui dire que tout ira bien pour tenter de le consoler. Mon père est surprotecteur, mais n’est pas un monstre. Il voudra tester ce dernier, mais jamais il ne l’abaissera. C’est un homme qui ne souhaite que le meilleur pour sa fille qui a vécu esseulée une bonne partie de sa vie jusqu’à présent.
Alors lorsque nous sommes devant la maison, je lui demande s’il est prêt, mais seulement pour l’aviser que c’est le moment. Il ne peut plus reculer et nous allons enfin être une véritable famille. De là, il ne manquera qu’à ce que les parents se rencontrent. Je me sens aussi nerveuse que lui, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons. Cela fait un moment que je n’ai pas revu mon père et cela date de quelques mois soit la fois que j’étais venue ici avec Jin pour notre mission. A-t-il changé, va-t-il bien? Vais-je faire une bourde et parler de sa maladie par accident? Enfin, je cogne puis me penche pour aviser mon drarbustre qu’il doit avoir une bonne conduite. Je ne veux pas avoir à revivre la même chose que dans la demeure de Devon lors de notre arrivée dans la maison.
La porte s’ouvre et comme de fait, j’ai le droit à l’étreinte de mon père qui se plaint de mon manque de visite et je peux le comprendre. Moi-même suis attristée par cela, mais je n’avais pas le choix pour sa sécurité. Mais maintenant que tout cela est réglé, je n’ai plus peur. Bien sûr, je dois rester prudente, après tout, on ne sait jamais s’il y aura des représailles, mais normalement ce n’était qu’une question d’argent. Je ne faisais pas partie d’un quelconque groupe et quand je n’avais pas les moyens de payer, c’était soit les poings soit, je devais faire un sale boulot pour eux dans la plus grande discrétion. Enfin, vous voyez le genre.
S’en suit alors le petit échange entre mon père et Devon qui semble tendu dans un premier temps, mais en vrai ça va. Je vole au secours de mon aimé et fais vite les présentations ce qui se termine sur une poignée de main et une invitation à entrer dans la demeure. Bien évidemment mon père n’hésite pas à ajouter un petit quelque chose qui fait réagir Devon, mais qui ne dit rien jusqu’à ce que le porte ce soit fermé derrière nous. Bien évidemment il se demande comment tout cela pourrait mal se finir et mon père me regarde un moment, puis regarde Devon et pousse un léger soupir.
« C’est qu’on a vécu des choses compliquées ici, tu vois. Et quand ça concerne Saryna, parfois les gens ont le jugement facile et voir deux hommes d’notre gabarit d’vant la maison qui se jauge, ça aurait attiré des curieux. J’voulais pas qu’on croie qu’on finirait par se battre, tu vois? »
Eh oui, mon père n’a aucun souci à tutoyer et n’a même pas relevé le tutoiement de mon aimée. C’est un homme simple.
« J’vous offre un truc à boire? Puis réalisant que nous avions tous nos sacs avec nous. D’ailleurs vous devez être épuisé de votre voyage. Vous allez rester ici quelques jours, je suppose? Je vais vous amener à votre chambre. Si vous voulez vous reposer, on discutera plus tard. »
Je m’approche de mon père avec un grand sourire et déposa ma main sur son bras et ce dernier se tourne vers moi en tournant vivement la tête, mais dès qu’il me voit ses traits s’adoucissent et il me sourit avant de jeter un regard vers l’arrière pour regarder en direction de Devon. Puis finalement un grand sourire espiègle fendit son visage et fit exprès de parler pour que le tavernier l’entende aussi.
« - Rien à voir avec le gringalet que t’as ramené ici la dernière fois. Jean, c’est ça?
- Pa’! Que je crie en lui donnant un coup.
- Quoi?! Au moins j’sais que tu seras bien protégé maintenant, puis il éclate de rire. »
Je soupire et me retourne vers mon aimé.
« Pardon, JIN et moi, en insistant bien sur le prénom, avons eu besoin des connaissances de mon père lors d’une chasse à l’homme. Ce dernier organisait des combats de catausorus et utilisait les hormones des femelles pour les rendre agressifs… Une sale histoire qui a bien fini pour nous. Bref... »
Je sais que je n’ai pas à me justifier auprès de Devon parce que nous avons tous les deux confiances en l’autre, mais c’était surtout pour mon père qui semblait être borné et s’imaginer de drôle d’histoire.
Nous suivons le père de la demoiselle alors qu'il nous propose un truc à boire, aie! Ça c'est la partie qui risque d'être déplaisant, un type de mon gabarie qui refuse toute possibilité d'alcool je sais pas exactement ce qu'il va en penser. Par contre, ça me fait penser que j'ai un truc dans mon sac sans fond que j'ai spécialement apporté pour ce grand homme! Je lui offrirai plus tard mais pour l'instant il semble vouloir nous guider vers notre chambre? J'dois avouer que j'suis un peu mal à l'aise à ce niveau... C'est con je sais, j'suis loin d'être un adolescent qui va dormir chez sa première copine mais faut avouer que partager un lit avec Saryna, peut-être faire plus que le partager, dans la demeure de son père? J'suis pas à l'aise! Je soupire doucement de mon côté lorsque les propos du maître de la demeure viennent siffler à mes oreilles : Jean? C'est qui ce Jean? Saryna ne m'a jamais parlé d'un homme de ce nom! Est-ce seulement un homme? Peut-être qu'il parle là d'une relation qui s'est passé il y a un long moment, peut-être justement une amourette d'adolescent? Non, ce ne serait pas logique! De un avec ce que Saryna m'a dit de son passé mais aussi parce que l'affirmation de "la dernière fois" ne serait sans doute pas employé pour un passé si lointain!
Sans compter que la réaction de la demoiselle est immédiate! De toute évidence c'est quelque chose de tout de même relativement récent! Je déglutis un peu j'vais pas mentir, j'ai une confiance aveugle en la jeune femme c'est un fait, j'sais bien qu'on devait sans doute pas être ensemble si elle a ramener un homme ici mais, j'recens une certaine jalousie à l'idée qu'elle soit venu ici avec un autre... C'est ridicule je sais! On n'était pas ensemble et elle n'est plus avec mais quand même... Je ris doucement, un peu jaune, le genre de rire mal à l'aise en fait cependant Saryna s'empresse d'expliquer la situation... Jin? L'aventurier flamboyant avec lequel j'ai fais naufrage? Quel étrange hasard! Enfin quoi qu'il en soit, je sais que j'ai aucune raison d'être jaloux vu l'explication de la demoiselle alors je me détend et je secoue doucement la tête en riant, plus sincèrement cette fois.
"Tu sais Darius, même si j'aimerai affirmer qu'elle sera très bien protégé... JE doute que Saryna ait besoin de ma protection! Elle est maligne, agile, forte et a eu un excellent professeur en ce qui concerne sa propre défense... Cependant, j'ai bien l'intention de prendre soin d'elle ça tu peux me croire!"
Et je jette un petit regard à ma belle avec un grand sourire sur le visage! Je pourrais pas spécialement protégé la chasseuse, elle est trop indépendante pour l'accepter de toute façon mais j'peux au moins m'assurer qu'elle ne manque d'absolument rien! Après quoi, nous suivons Darius jusque dans la chambre qui sera donc la notre et il nous laisse nous placer, affirmant qu'il nous attendra dans la cuisine pour ce fameux verre... J'attends que nous soyons seuls et je pousse un grand soupire de soulagement en me posant sur le lit. "J'me sors pas mal... Enfin je pense?" Ouai, visiblement j'suis vraiment pas sûre de moi mais j'ai un petit quelque chose qui pourrait changer la donne! On place nos affaires et je prends dans mon sac sans fond une bouteille au contenue couleur rhum que je regarde avec un petit sourire... Un alcool absolument unique que je compte bien offrir au père de ma conjointe : j'ai mis du temps à réussir à le reproduire, c'est un alcool a base des deux amphores que Zoran m'a offert et qu'il a ramené de la cité enfuie! Un alcool comme nul n'en a gouté depuis très longtemps!
Un petit regard en direction de mon aimé et malgré son petit sourire, je note quand même le malaise dans son rire. Même s’il ne souhaite pas le démontrer, j’ai appris à le connaître tout de même et je sais qu’il me fait confiance et j’ai toute confiance en lui, mais nous ne sommes jamais à l’abri de ce sentiment que nous appelons jalousie. Alors je m’empresse de corriger la situation en parlant de Jin et de notre mission avant que tout le monde croie le contraire. Bref, je viens d’éviter une possible catastrophe et je n’en veux pas à mon père. Selon, moi il essaie de nous tester Devon et moi afin de vérifier la solidité de notre couple, puis surtout afin de voir la réaction de ce dernier. Après tout, un homme jaloux peut parfois exprimer sa jalousie de bien des façons, et ce même si les membres de la famille sont présents. Alors savoir que ce dernier garde son sang-froid semble lui plaire et quand il se retourne, il a un petit sourire satisfait sur le visage. J’ai envie de lui pincer les joues ou de lui mordre le bras quand il agit ainsi! M’enfin, c’est Devon qui prend ensuite la parole en expliquant que même s’il affirmait qu’il pourrait me protéger, il y a moi dans l’équation. Déjà il affirme que je n’ai pas besoin de protection en énumérant les points. En effet, je ne suis pas une demoiselle en détresse, mais je ne suis pas infaillible non plus.
« J’espère bien que tu comptes prendre soin de ma petite fille, dit-il en se retournant vers lui en éclatant de rire. Mais je peux contredire ce que tu viens de dire. Un jour elle aura besoin de toi plus que tout, j’peux te le garantir. Saryna a le caractère et la force de sa mère, mais elle aussi elle a eu besoin de ma protection quand on a appris la meilleure des nouvelles. » Il ne rajoute rien et m’attrape par les épaules pour m’ébouriffer les cheveux dans tous les sens. Bien évidemment, son message était bien plus que clair. Il parlait du moment qu’ils avaient appris qu’ils allaient être parents et je ne sais pas si je dois être heureuse à ce moment. Et si je n’étais pas née à ce moment, ma mère serait toujours en vie, mon père toujours heureux et ce n’est peut-être pas un hybride monstrueux qu’elle aurait mis au monde, mais bien un enfant plus que normal. M’enfin il m’abandonne et finit par nous montrer notre chambre. Bien évidemment, il s’agit de ma chambre lorsque j’étais gamine bien que le lit ait été changé sinon Devon n’aurait pas pu y dormir. Mon père nous laisse finalement seuls et nous attend à la cuisine pour la suite.
Je dépose finalement mes sacs au sol et soupire un grand coup. Le pire était déjà fait au moins. D’ailleurs Devon soupire aussi et s’assied en se questionnant. Je m’approche de ce dernier tout en me glissant entre ses jambes afin de coller à lui tout en restant debout et je passe les bras autour de son cou. « Ne t’inquiète pas. Il ne le dira pas, mais je crois qu’il t’aime bien déjà. Il va trouver le moyen de nous tester, mais ne le prend pas mal. Il cherche juste à s’assurer que je suis entre de bonnes mains. » Je lui vole un baiser amoureux et aussi qui se voulait réconfortant pour lui, puis je m’éloigne parce que mon père nous attend toujours. Devon dépose ses sacs et sort une bouteille de l’un d’eux alors que pour ma part je retire mon armure et je me change pour être plus à l’aise. Un simple pantalon ainsi qu’une chemise lacée dans le dos que j’ai bien évidemment laissés ajustés depuis la première fois que je l’ai mise et nous retournons auprès de mon père.
« Asseyez-vous les enfants. Je ne sais pas si vous avez faim, mais pour ma part, le ragoût mijote depuis le début de la journée et ça sent tellement bon! Ça fait longtemps que je n’ai pas reçu de visite qui restait à manger. » Petit coup d’œil accusateur sur ma personne et j’essaie de disparaître et de me faire petite. « Mais bon, vaut mieux tard que jamais! Puis j’imagine qu’un jour y’aura des petites têtes qui courront partout et voudront jouer avec leur papy… » Petit clin d’œil dans notre direction.
« Je peux savoir ce que vous avez tous les parents à parler d’enfant dès qu’on vous présente quelqu’un?
- Ça, tu vois, c’est le désir de voir la descendance de ses propres enfants et de pouvoir partager ce moment avec eux… Mais bon, rien ne presse n’est-ce pas? Vous venez à peine de vous rencontrer et de vous établir ensemble. Vous avez certainement d’autres priorités pour le moment, j’imagine? »
Il va chercher trois verres dans l’une des armoires et revient s’asseoir avec une bouteille d’eau pour le moment.
« Sinon, Devon, parle-moi un peu plus de toi et d’où tu viens. T’as de la famille dans le coin? Et pi, dit-il en pointant son bras gauche du menton, qu’est-ce qu’il est arrivé à ton bras? » finit-il par demander en versant de l’eau dans chacun des verres. Bien évidemment je lui fais des yeux ronds pour cette dernière question, mais il n’a pas la langue dans sa poche. Quand quelque chose ne tourne pas rond, il n’hésite pas à mettre le doigt dessus, même si cela peut faire mal.
Arrivant dans la chambre qui sera la notre, je m'installe sur le lit, poussant un grand soupire et faisant part de mon inquiétude concernant la manière de laquelle je m'en sors... C'est toujours difficile de savoir si l'on plait aux parents de sa petite-amie, c'est encore plus difficile quand elle est fille unique et que le parent est un père monoparentale... Saryna vient immédiatement me rassurer, m'épauler et je ne peux que sourire alors qu'elle m'affirme qu'il doit bien m'aimer mais également qu'il va nous tester... Il fallait s'y attendre bien-entendu! Le baisser qui s'en suit est agréable, réconfortant, j'aimerai pouvoir le faire durer, peut-être même le transformer en autre chose? Cela fait un petit moment qu'on a plus eut d'intimité avec la taverne qui refonctionne complètement et ce voyage de six jours mais ce n'est sans aucun doute pas le bon moment! Après tout, le père de ma belle nous attends et ce ne serait sans doute pas une bonne idée de le faire attendre si longtemps! Ma belle hybride se change alors que moi je prends la bouteille que je veux offrir à mon beau-père et nous descendons ensuite.
Nous installant à table, Darius nous signale que le ragout mijote depuis le début de la journée avant de lancer une petite pique à sa fille concernant le manque de visite qui me fait sourire doucement! Décidemment Darius et ma mère peuvent se donner la main sur ce point! De même que sur le suivant! Une remarque sur les enfants à laquelle Saryna fait une remarque cette fois-ci! J'ai l'impression qu'ils attendent cet événements plus encore que moi! Au moins l'ambiance est agréable et je ne me sens pas comme le numéro vedette du spectacle! Pas que cela me dérangerait de discuter et répondre à toutes les questions du monde - c'est une chose dans laquelle j'excelle avec mon métier - mais voir la relation entre la jeune fille et son père me fait plaisir! J'ai l'impression d'en apprendre plus sur elle de cette manière... Sauf que naturellement, je ne pouvais pas éternellement éviter les questions! J'observe l'homme qui me parle en nous servant de l'eau et je dois dire qu'il y va fort directement, je ne pensais pas que l'inactivité de mon bras se voyait tant que cela...
"Et bien, je viens de la capitale tout simplement, j'ai toujours vécu là-bas. Niveau famille j'ai mes parents également installé à la capitale et c'est tout, je suis fils unique donc pas de frère ou de soeur malheureusement. Je suis tavernier, patron de mon propre établissement depuis une dizaine d'années maintenant, avant cela j'étais aventurier." Petite pause me permettant de boire de l'eau puis un léger sourire en coin. "En tout cas, tu as l'oeil! Je ne pensais pas que mon bras se voyait tant que cela... J'ai fais une livraison pour une commande spéciale au grand port, malheureusement le navire sur lequel j'étais à fait naufrage, des morceaux de la coque du navire ont "broyés" mon avant-bras, les bois est rentré dedans, touchant les nerfs, les muscles, brisant par endroit l'os... Bref, j'ai perdu l'usage de mon bras gauche ce jour là..." J'évite de parler des visions de cauchemar qui me font me réveiller parfois en sueur la nuit, ces inventions de mon esprit que je ne m'explique pas, hors de question qu'il pense que sa fille va vivre avec un fou! Je souris simplement en déposant mon verre, je n'ai pas a cacher mon accident après tout... Au contraire je ris même doucement suite à cela. 'Heureusement ce n'est qu'un bras! Je peux toujours travailler avec un, c'est plus long mais pas impossible et au moins, je suis toujours vivant!" Ma mine devient plus sombre malgré moi alors que je pousse un léger soupire. "Tous n'ont pas eu cette chance malheureusement... Mais parlons plutôt de choses plus heureuses! Je ne voudrais pas plomber l'ambiance de cette première rencontre! J'ai un petit cadeau pour toi!" Dis-je en déposant la bouteille devant le maître de maison. 'C'est un alcool unique! Spécialement "créer" pour cette occasion! Par contre, il est extrêmement fort je préviens."
Et voilà ce que ça fait quand un père décide de tester la solidité de l’homme que ramène sa fille à la maison afin de faire les présentations. Ce dernier ne se gêne absolument pas et même s’il sait que les sujets peuvent parfois être délicats, il n’hésite pas une seule seconde à en parler. Déjà, il parle d’un autre homme exprès devant Devon puis maintenant il lui parle de son bras comme si de rien était. Je soupire et lui fait de gros yeux et il me sourit comme s’il savait ce qu’il faisait et mon regard se change en suspicion. Bien évidemment, je dépose ma main dans le dos de mon aimé pour l’épauler en cas de soucis. S’il ne désire pas en parler, c’est son choix après tout. Les verres d’eau maintenant poussés devant nous, Devon prend la parole malgré tout commençant par ses origines ainsi que sa famille, puis il passe finalement à son emploi de tavernier. Cela ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd puisque cela fit sourire mon père. Est-ce le fait qu’il soit propriétaire ou bien le fait d’avoir accès à l’alcool qui plait à mon père? Enfin, dans tous les cas, il ne s’attend certainement pas à ce que Devon cache sous sa manche de toute façon.
Darius est attentif et observateur, il écoute silencieusement ce que son "gendre" lui raconte. Bien évidemment son visage reste sérieux et on ne peut pas réellement savoir ce à quoi il pense, mais il semble voir le tout d’un bon œil. D’ailleurs, il boit en même temps que ce dernier puis écoute la suite concernant cette fois-ci son bras. Un sujet délicat, dont il avait fait exprès de parler. Après tout, un homme avec des difficultés ou un membre en moins peut devenir un handicap à certain moment de la vie, mais ce n’est pas tant sur sa motricité ce que dernier voulait se renseigner, mais plutôt sur sa capacité mentale à passer au-delà de ça. Un homme a besoin de ses deux bras et certains abandonnent lorsqu’ils sont désemparés. Mais ce grand gaillard devant lui semble surpasser tout cela. La présence de Saryna doit aider dans l’équation, mais cela reste un bon signe. D’ailleurs, il aurait voulu répondre quelque chose, mais fut plutôt surpris par le cadeau que lui offrait ce que dernier. « Une création? C’est toi qui a fait cette cuvée? » dit-il surpris passant son regard de la bouteille au tavernier. « Et bien, j’apprécie, il se risqua un œil vers sa fille et eut un petit sourire espiègle. Extrêmement fort, hm? Serais-tu en train d’essayer de me bourrer pour m’amadouer plus rapidement? » Il éclata de rire avant de mettre la bouteille de côté. « M’enfin, avant que le sujet ne soit oublié sous ce cadeau, j’aimerais juste ajouter un truc. Déjà, je suis désolée pour tous ces gens et pour l’accident aussi, mais vois-tu je voulais m’assurer que tu ailles conserver ta tête sur les épaules malgré tout. Puis, je suis un chasseur, il faut être observateur pour noter le moindre détail utile dans une forêt. Un bras qui ne bouge pas, ça ne m’échappe pas. »
Mon père se leva finalement de son siège passant derrière nous. S’arrêtant entre Devon et moi-même, je dus tourner légèrement la tête pour le voir. Il dépose sa grosse main sur l’épaule de mon aimé, son épaule droite bien évidemment. « Bref, cela prend bien du courage pour se relever d’un tel accident, mon p’tit gars. Tu es tenace et sembles remplie de bonne volonté. Puis, je sais que si ma fille t’a choisi et qu’elle te présente à moi, c’est que tu ne dois pas être n’importe qui pour elle. » Il dépose finalement son autre main sur mon épaule cette fois-ci et nous secoue légèrement tous les deux. « Puis, quel père ingrat serais-je si je refusais à ma petite fille de vivre heureuse avec l’homme qu’elle aime, han?! » Il finit par quelques petites tapes sur nos épaules pour nous démontrer son acceptation? Enfin je ne suis pas trop sûre, mon père n’est normalement pas très tactile, mais voilà! « Bon, je passe à la salle de bain, Saryna, commence à servir les plats, d’accord? Et Devon, tu m’en diras plus sur ta fameuse bouteille! »
Mon père disparait et moi je me lève debout comme il l’avait demandé. Je place les couverts sur la table gardant les assiettes creuses à côté du chaudron et je jette un petit regard à Devon. « Ça va? Je suis désolée, enfin, voilà. C’est mon père. Je savais que ce genre de chose allait se produire. J’aurais dû t’aviser… » Je prépare donc les assiettes mettant ainsi les pommes de terre en purée ainsi que les légumes suivis d’une bonne louche de ragoût. À l’odeur, je crois qu’il y a du lapin dans le lot. Enfin, s’il a fait sa spécialité, cela inclus que des animaux sauvages se trouvant dans la forêt. Je mets une assiette à chaque place et je rajoute le pain ainsi qu’un peu de beurre. Manque plus que le retour de mon père.
Son visage est illisible durant toute mon explication, j'ignore si ce que je lui dis lui convient ou non mais, de toute manière, je ne peux rien faire de plus que dire la vérité! Au moins, le cadeau que j'ai ramené lui provoque une véritable réaction : la surprise se voir largement sur son visage ce qui me fait sourire en coin! Je ne suis pas certain mais j'ai l'impression d'avoir marqué des points avec cela alors que j'hoche simplement la tête, pas peu fier d'avoir réussi a tirer quelque chose des amphores offertes par mon ami. "Absolument! Bien-entendu c'est sur base d'un alcool déjà existent mais qu'il est maintenant impossible de retrouver!" Évitons les détails techniques ainsi que de parler du lieu duquel l'alcool original vient! D'après ce que m'a dit Zoran, la cité enfuie est loin d'être un lieu que l'on veut visiter! Je ris doucement suite à sa plaisanterie - en est-ce une d'ailleurs - alors que j'hausse doucement les épaules en le regardant avec un petit sourire en coin qui en dit long! Bien-sûr que non je n'espère pas l'enivrer cependant, j'ai effectivement espoir que ce cadeau me gagne ses faveurs plus rapidement! On peut toujours rêver non?
Il se déplace, se plaçant derrière nous entre mon aimée et moi et je tourne légèrement la tête pour le voir! Légèrement plus petit que moi certes mais, cela n'a aucune influence lorsque je suis assis! Heureusement, il dépose sa main sur mon épaule et je l'écoute simplement, je comprends ses raisons je suppose! Si j'avais une fille, je ne voudrais pas non plus qu'elle se retrouve avec n'importe quoi alors, je ne vais sans doute pas lui reprocher de me mettre à l'épreuve, c'était attendu de toute manière et soyons honnête : cela ne m'inquiétais pas plus que cela! Je suis un homme accompli avec la tête sur les épaules alors, je sais que j'ai des arguments pour moi et d'ailleurs, il semblerait qu'il le pense également puisque, même si il ne le dit pas directement, il semblerait que je viennes de gagner sa bénédiction! Après quoi, il s'excuse et se dirige vers la salle de bain mais non sans dire à Saryna de dresser la table...
Elle s'exécute et, je termine mon verre d'eau pendant ce temps! Le moins qu'on puisse dire c'est que ce fut "éprouvant"! Je ne pensais pas que les choses se passeraient ainsi je dois bien l'avouer mais au moins, c'est fait maintenant! La belle sauvageonne me demande si tout va bien et je souris en hochant la tête pour montrer que tout est correct. "Ne t'inquiètes pas! Au contraire... Il tient à toi cela se voit, je comprends parfaitement qu'il veuille s'assurer que l'homme avec qui tu es tient autant à toi qu'il le fait! Et si ce n'est que cela, je suis certain de m'en tirer parfaitement bien!" Dis-je en riant! Après tout, je n'ai aucun doute concernant ce que je ressens pour cette belle demoiselle! Elle est apparue dans mon monde par pur hasard mais je sais que je refuse qu'elle en sorte! Je me lève et m'approche d'elle, son père n'étant pas encore là je peux bien en profiter non? Passant mon bras valide autours de sa taille je l'attire à moi, après tout elle a finit de dresser la table et puis, je peux sans doute la rassurer par des actions plutôt que par des mots... Je l'embrasse tendrement, remontant ma main dans son dos par delà la chemise puis glissant dans sa nuque vers sa joue pour me reculer et la regarder droit dans les yeux. "Ton père est un homme bien qui s'inquiète pour sa fille! Je comptes bien lui montrer qu'il n'a pas à s'en faire!" Et je souris alors que j'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir... Il convient donc de remettre un peu de distance, je doute que cela plaise à mon beau-père de voir que je profite de son absence...
Bien évidemment que je m’excuse auprès de Devon parce que je sais que mon père ne le fera pas. En vrai, il ne pense pas à mal, seulement il est plutôt maladroit dans sa façon de faire et cela peut parfois créer des froids. Heureusement, Devon n’est pas du genre à se laisser abattre par ce genre de chose et ce serait le comble si c’était le contraire, car je ne suis pas toujours facile à vivre. Et comme mes capacités à maintenir une maison est quand même d’un piètre niveau, il pourrait être lassé de moi bien rapidement. Mais il voit l’aspect positif de ma présence plutôt que le côté négatif. Je ne suis peut-être pas une maîtresse de maison, mais tenir les clients tranquille en cas de problème ça je suis forte. Cette petite pensée me fait sourire et d’ailleurs, je ne réalise même pas, une fois la table mise, que ce dernier s’était levé pour s’approcher de moi afin de me saisir par la taille pour approcher nos deux corps l’un contre l’autre. Bien évidemment, je ne peux m’empêcher de glisser mes bras autour de son cou afin de partager se baiser que ce dernier emplie de quelque caresse qui me font frémir. Il peut très certainement sentir mon corps contre lui alors que je sens les poils sur ma peau se dressé. Lorsque nos lèvres se détachent pour que nos yeux se rencontre, je ne peux m’empêcher de sourire à ce qu’il dit, mais dès lors que nous entendons la porte de la salle de bain s’ouvrir, ce dernier s’éloigne de moi d’un pas, comme s’il avait peur de se faire prendre la main dans le sac.
Un petit rictus se dessine sur mes lèvres sombres me donnant ainsi un air espiègle et je lève doucement ma main frôlant ainsi son corps du bout de mon index partant du nombril et montant jusqu’à son plexus. « Je te trouve fort câlin depuis notre arrivé, serais-ce un quelconque message? » Bien évidemment, je ne peux m’empêcher de rire et c’est à ce moment que je vois la tête de mon père passer le couloir. « J’ai raté quelque chose de drôle? » J’arrête de rire mordant ainsi dans mes lèvres pour les tenir fermées et je secoue la tête de gauche à droite rapidement. Il me regarde les yeux plissés et lâche un simple « m’ouais » puis il frotte ces mains l’une contre l’autre avant de nous inviter à prendre place pour le repas. « Asseyez-vous, les enfants, avant que le repas ne devienne froid! »
On reprend nos places et mon paternel nous regarde tout souriant comme s’il attendait que l’on goûte tous les deux le plat et pour lui faire plaisir je suis la première à prendre une bonne bouchée. « Vous m’en direz des nouvelles c’est une recette spéciale que mon épouse et moi aimions particulièrement. » Bien évidemment, je me sens nostalgique quand les saveurs se font sentir sur ma langue et je ne peux m’empêcher de fermer les yeux tout en faisant un petit bruit de satisfaction. Y’a pas à dire, la cuisine de mon père m’avait manqué. Ça me rappel des souvenirs de jeunesses, des bons tout comme des plus durs. Ça n’a pas toujours été facile l’apprentissage en forêt et avant que je ne m’habitue réellement à survivre dans ce genre d’environnement il était toujours agréable de pouvoir manger un repas chaud comme celui-ci, surtout lorsqu’on utilisait les bêtes que nous venions de chasser. C’était satisfaisant.
« Ta mère aurait tellement aimé être ici, ce soir. J’suis sûr. » Je lève les yeux vers lui et je tends ma main pour attraper la sienne alors qu’il semble mélancolique comme s’il n’avait toujours pas fait le deuil depuis toutes ces années. Vingt-cinq ans bientôt vingt-six, ça fait beaucoup de solitude et de tristesse sur ses épaules. « Dis-toi qu’au moins elle l’a su avant toi. » Tentai-je de dire avec un peu d’humour pour qu’il sourie, bien que sur le coup, je ne suis pas trop sûr que je veuille qu’elle voie tout ce que je fais. Il y a des choses qui ne regardent que Devon et moi-même. *Merde! Ça y est, je vais m’imaginer que ma mère nous observe en tout temps maintenant* Je toussote un peu pour tenter de penser à autre chose puis je soupir doucement. « J’suis sûre qu’elle voudrait pas que tu sois dans cet état. Elle voudrait que tu sois heureux parce que toi aussi tu y as droit au bonheur et peut-être qu’au détour d’une rue, une future madame Delarosa te tombera dans les bras. »
Je jette un petit regard amusé vers Devon, parce que bon, si je n’étais pas tombée dans sa taverne nous n’en serions certainement pas là aujourd’hui. Par contre j’entends mon père soupirer en secouant la tête. « Toutes les mêmes » finit-il par dire avec un ton amusé.
« - Est-ce que je me mêle de ta vie amoureuse?
- Attends, tu veux vraiment qu’on parle de ça? »
Il lève les yeux de son assiette, nous regarde à tour de rôle puis hausse les épaules en levant doucement ses paumes vers le plafond.
« - Bon, j’suis pas l’mieux placé. Je l’avoue, mais bon, je suis un papa poule, il faut me pardonner.
- Pfff! »
Et oui, les repas entre mon père et moi sont toujours aussi animé, mais c’est ce qui est bien, non? D’un point de vue externe, nous pouvons être une très bonne source de divertissement.
« Bon ça suffit les bêtises jeune fille. Mangez votre assiette, sinon vous n’aurez pas de dessert!
- Oui m’sieur…
- Sinon, Devon, désolé de te faire subir cela. Ma fille a du mal à se tenir parfois. Même encore aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir une enfant de cinq ans quand je la vois. Parlons d’un sujet plus intéressant que ma vie de célibataire. Tiens! Tu fais toi-même tes cuvées dans ta taverne ou tu fais affaire avec des producteurs locaux? »
Même s'il est évident qu'il se doute de quelque chose - quoi je l'ignore - il se contente d'un petit son marquant sa suspicion et nous invite à prendre place ce que nous faisons bien-entendu sans nous faire prier. Je dois bien avouer que le repas sent divinement bon! Étant moi-même partisan de ce genre de plat traditionnel dont la recette se passe dans la famille - comme le sanglier à la bière fait pour Saryna lors de notre première rencontre - je ne me fais pas prier lorsque notre hôte nous invite à déguster, visiblement attentif à notre réaction et je dois avouer que c'est particulièrement satisfaisant! Le goût est parfait, la viande fond littéralement dans la bouche, je souris doucement, un vrai plaisir que de découvrir cette nourriture! Bien-évidemment, la conversation change doucement alors qu'on arrive sur un point bien plus sensible : la mère de la demoiselle! Je regarde Saryna du coin de l'oeil afin de voir comment elle réagit à cela mais elle semble tenir le coup! Je sais qu'elle se sent responsable pour ce qui est arrivé, elle ne l'a jamais caché même si, encore une fois, cela ne fait aucun sens pour moi! Cependant en cet instant, elle tente de soutenir son père et je dois dire que la scène qui suit est amusante... C'est agréable de voir la jeune femme et son père ainsi soyons honnête.
Je ne peux retenir un petit rire lorsqu'il y a la menace de la priver de dessert! Sérieusement? En plus, il me dit que la jeune femme se conduit parfois comme une enfant de cinq ans mais il faut bien avouer que toute cette scène fait un peu penser à cela : un père et son enfant qui doit se comporter correctement à table! Je dois bien avouer que je n'aurais jamais cru voir cela! Cependant, la conversation revient bien vite à un sujet bien plus adulte à savoir l'alcool. J'hoche la tête en l'écoutant me poser ses question et je finis d'avaler ma bouchée avant de prendre la parole.
"Un peu des deux en fait Darius... J'ai quelques fournisseurs et amis pour les alcools que je ne peux reproduire, pour le reste, j'ai mon pouvoir!" Et je souris doucement en regardant Saryna du coin de l'oeil, c'est sans doute le bon moment pour en parler vu que la conversation se tourne vers ce sujet. "Mon pouvoir me permet en effet de transformer l'eau en alcool... Pratique lorsqu'on est tavernier je vous le dis!"
ENFIN! Il se décide à détourner son attention de moi pour questionner Devon sur l’alcool qu’il lui a donné. Après tout on ne peut pas toujours parler de ma mère ou de moi. Mon but c’est que mon père puisse se faire une bonne idée sur Devon et apprenne aussi à la connaître par la même occasion. Bien évidemment, ce dernier s’est sûrement amusé lorsque Darius et moi-même avions échangé concernant ma mère et tout le reste puisqu’il n’a pas touché un seul mot. Bon, en même temps, je ne sais pas ce qu’il aurait pu dire. Je le vois mal parler de sa propre expérience tenter de lui faire savoir que cela est toujours possible, même si lui aussi n’y croyait pas au tout début. Peut-être que c’est ce que j’attendais de lui en vrai? Que l’amour peut arriver à tout moment même lorsqu’on s’y en attend le moins, mais bon, peut-être que comme ça lors du premier repas cela ne se fait pas? Enfin, je ne sais pas trop, je ne me suis jamais retrouvée dans le même genre de situation qu’eux deux et je ne l’espère pas.
Du coup, je reste silencieuse de mon côté, profitant de ce moment pour manger de mon côté et boire un peu d’eau. Devon lui répond donc qu’il a quelques amis fournisseurs pour les alcools qu’il ne peut pas reproduire, mais sinon, pour la grande majorité, il utilise son pouvoir pour servir ses clients. Mon père lève un regard intéressé dans sa direction tout en arquant un sourcil. La curiosité est présente et il a envie de le voir, en action ça se voit, à son regard. Il prend son verre d’eau qu’il finit d’un coup et le dépose non loin de Devon tout en poussant vers lui la bouteille d’eau.
« Tu peux transformer en n’importe quel alcool l’eau? Et tu gardes des bouteilles tout de même dans ta taverne ou bien tu n’utilises que ton pouvoir? »
Bien évidemment, il se questionne et regarde en ma direction un moment avant de retourner sa tête vers ce dernier.
« Parce que bon, si tes recettes dépendent de toi et que tu n’es pas à ta taverne, celle-ci doit être fermée non? J’imagine que tu y passes beaucoup de temps alors et vous ferez comment quand y’aura des petits pour en prendre soin? »
Parce que bon, pas de pouvoir pas d’alcool et s’il ne tient pas d’alcool à sa taverne cela veut donc dire qu’il est le seul à pouvoir y travailler. Même moi je ne peux pas tenir la taverne s’il n’est pas là ce qui n’est pas toujours pratique… Bien évidemment les enfants sont de nouveau évoqués, mais j’avoue qu’il n’a pas complètement tort. Je ne serai pas la seule à m’occuper de cette enfant… enfin, je l’espère. Mon regard c’est donc tourner vers Devon, après tout, moi aussi j’attends de voir ce qu’il dira de tout cela.
"N'importe lequel oui, certains demandent juste plus de recherche pour y parvenir et donc plus de temps."
J'suis sur le point de continuer ma réponse lorsqu'il m'interrompt après un regard vers Saryna et j'dois avouer que je ne m'attendais pas réellement à une telle question! J'dépose la bouteille que j'manque de lâcher sur le coup et je repousse le verre vers l'homme... Que puis-je bien répondre à cela? La question est légitime bien-entendu, j'peux pas réellement la lui reprocher après tout, il est vrai que ma taverne ferme lorsque je n'y suis pas et cela, pas uniquement à cause de mon pouvoir! Mon établissement c'est un peu une partie de moi! Que Saryna m'aide en y faisant le service c'est une chose mais, c'est moi l'aventurier téméraire à la base! C'est un surnom que j'ai acquis lors de mes jeunes années et qui allait donc parfaitement à ma taverne! J'imagine mal employer des gens pour faire tourner la boutique sans que j'y sois alors, c'est évident que même si je tenais des bouteilles, c'est pas pour autant que je laisserai quiconque derrière le comptoir sans être sur place. J'rebouche donc la bouteille d'eau et je soupire doucement avant de regarder l'homme me faisant face.
"Je pourrais tenir des bouteilles oui, il m'arrive d'en préparer pour livrer des clients donc c'est faisable bien-évidemment cependant, cela ne changerait pas grand chose pour être parfaitement honnête... J'ai pas réellement pour intention de laisser quelqu'un d'autre s'occuper de ma taverne... Cela ne veut pas dire que Saryna se retrouvera seule pour s'occuper d'un enfant si l'on en a un! Je vais simplement réduire les heures d'ouverture et faire ce qui sera nécessaire à ce moment là!"
Car après tout, ce sera notre enfant! Je veux être là pour lui et s'il faut que je change mes habitude alors, cela sera fait tout simplement! Le reste du repas se passe tranquillement en réalité, on discute en riant, il apprécie mon alcool visiblement - en même temps jamais personne n'en a dit du mal - et une fois que tout est terminé et que l'heure est venue... Nous allons nous coucher! Après tout, nous sommes là pour plusieurs jours alors forcément, nous avons le temps. Nous allons donc "dormir" ma belle et moi, même si la nuit est relativement courte en réalité, il faut dire que sa petite remarque précédente confirme qu'elle a bien comprit le message que je tentais de faire passer, je m'assure de le rendre plus évident encore et malheureusement, nous oublions la discrétion qui aurait pourtant été si bienvenue!
Le lendemain matin, lorsque nous nous levons pour rejoindre la cuisine, Darius est déjà installé à table, visiblement il est bien matinal. Il lève la tête vers nous avec un petit sourire en coin qui me rappel que nos ébats n'ont pas été les plus silencieux qu'il soit! Il nous invite à prendre place d'un geste de la main! J'ai l'espoir que son sourire soit le seul signe démontrant qu'il est bien conscient de notre activité nocturne cependant, cet espoir disparait bien vite alors qu'il ouvre les lèvres.
"Installez-vous pour le déjeuner! Vous avez sans aucun doute besoin de reprendre des forces ce matin non?"
Bien évidemment, je laisse mon père et Devon discuter tranquillement ensemble. Après tout, c’est lui la vedette de cette soirée et moi qui suit figurante et je dois avouer que mon père semble avoir de très bonne question à son sujet. Commencé par s’intéresser à son métier et son pouvoir pour finalement fouiner son nez là où il ne devrait pas bien que ce ne soit pas bête. Sans Devon, l’Aventurier téméraire reste fermé, ce qui veut dire que ses heures d’ouverture et de fermeture dépendent de sa présence. Même s’il engageait des gens, puisqu’il ne tient pas de tonneaux, cela ne serait certainement pas pareil. Il sert mon père grâce à son pouvoir et d’une bouteille d’eau qu’il lui a remise et répond donc à ce dernier. Il n’a pas réellement l’intention de laisser qui que ce soit d’autre tenir sa taverne s’il n’est pas là. Il explique donc qu’il changera simplement les heures d’ouverture pour convenir à nos besoins si enfant il y a. Mon père le regarde doucement et semble avoir un petit sourire comme s’il avait quelque chose en tête. Comme s’il savait quelque chose, mais qu’il le gardait pour lui.
Enfin, la soirée se déroule bien, mon père et moi-même buvons juste assez pour rester raisonnables et toujours avoir une tête sur les épaules. Puis lorsque nous terminons le repas, je dessers la table et lave la vaisselle laissant les deux hommes de ma vie discuter ensemble sans en dire plus. Lorsqu’il est temps d’aller nous coucher, je dois avouer que nous ne dormons pas beaucoup. Après tout, au vu de ses actions envers moi lors des absences de mon père, j’avais bien compris les signaux que ce dernier m’avait envoyés et je dois dire que je ne me suis pas laissé prier pour la suite. Je ne sais pas dire ce qu’il s’est passé cette nuit, mais je crois qu’il y avait eu un certain manque parce que la discrétion ne semble pas avoir frappé à notre porte à ce moment-là et nous n’avons pas du tout pensé à cela. Enfin, voilà ce qui est fait ne peut être défait.
Nous dormons les quelques heures qu’ils nous restent avant le lever du jour puis lorsque nous nous levons, mon père semble déjà présent un sourire aux lèvres. J’ai l’impression d’être une gamine de 17 ans qui vient de se faire prendre par son paternel après avoir fait une grosse connerie. Sauf que là j’en ai 25 ans et Devon 33 et que nous ne sommes pas dans notre maison, mais celle de mon père. Je n’ose pas trop l’observer, mais lorsqu’il nous mentionne de nous asseoir pour manger parce que nous avons très certainement besoin de reprendre des forces, j’échappe un petit rire nerveux en restant derrière Devon. Je ne sais pas dire si mon visage est complètement rouge, mais dans tous les cas, je prends place et nous prenons le temps de manger ensemble. Mon père éclate de rire face à cela et lorsqu’il se lève il me tapote doucement l’épaule.
« J’ai été jeune moi aussi, tu sais. Vous êtes ici encore quelques jours, j’imagine. Vous devriez en profiter pour visiter les alentours! Il y a le parc, la salle d’art ou bien la tour d’astronomie qui pourrait être bien. Un petit gars de la capitale, malgré son passif d’aventurier, ne doit pas avoir réellement pris le temps de visiter tout ça? »
Bon, faut bien en profiter? On a fait quelques jours de marche alors profitons des quelques jours de congé que nous avons pour passer du temps en amoureux? Pour cela, on termine notre petit déjeuner et on se prépare pour partir ensemble. Bien évidemment, je demande à mon père, mais ce dernier refuse prétextant que nous avons très certainement besoin d’intimité pour une certaine raison et qu’il aimerait bien récupérer un peu de sommeil… Je soupire à ces derniers mots et je lui tire la langue telle la gamine que je suis. J’attrape la main de mon aimé et nous nous mettons finalement en route.