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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    L'étau de la délivrance
    InvitéInvité
    Anonymous
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    L'étau de la délivrance
    Dim 1 Nov 2020 - 15:39 #
    Voilà plusieurs années, à présent, que Vesper offrait ses services de psychologue, et que ces derniers se trouvaient unanimement appréciés, de par leur caractère quelque peu unique. Une peine insondable suite à une rupture, une colère qui couve de son feu destructeur engendrée par un véhément conflit, ou encore une rémanence de peur qui envahit quelque peu le quotidien ? La noble était capable de les extraire, de façon pérenne et indolore, comme on ôte une tique. Et en cas de rechute – car Lucy savait que la vie se trouvait émaillée d'évènements déplorables, terreau d'émotions délétères – elle restait bien entendu à disposition pour toute séance complémentaire.

    Toutefois, Vesper n'aurait jamais imaginé que ses talents finiraient par être requis par... une sommité royale. Et pourtant, une missive, frappée du cachet de la famille régnante, lui était parvenue, lui faisant part du souhait de recourir à son suivi, pour le Prince Aeron. Dans l'intimité de ses appartements, la lecture de cette requête avait étiré ses lèvres en un sourire extatique, et fait pétiller ses prunelles d'une lueur carnassière.

    « Tu vas accepter ? »

    Lui avait alors demandé son garde du corps, Main d'Argent, dont l'inquiétude emplissait le regard.

    « Une demande estampillée du sceau royal... Comment pourrais-je la refuser ? Et pourquoi le voudrais-je seulement, au regard de l'immense opportunité que cela représente pour nous ? »

    En effet, Vesper n'était pas seulement invitée à apporter son aide psychologique au Prince, elle y était plutôt exhortée, au vu de la qualité de l'émetteur de la demande. Bien sûr, elle aurait toujours pu trouver une excuse quelconque pour la décliner, mais l'avait-elle seulement envisagé ? Elle pourrait, en honorant la demande royale, en profiter pour requérir des faveurs auprès du Prince, qui pourraient servir les desseins et intérêts de la Cabale. Le bénéfice à en tirer était considérable.

    « J'en vois surtout le danger, Vesper. Essayer de manipuler et tirer profit de ces gens, c'est aussi inconsidéré que de chercher à caresser un warg affamé en plein hiver. Ils sont au moins aussi retors que toi, et à la moindre erreur commise... »

    Vesper l'interrompit aussitôt, écartant ses craintes d'un revers de main, sa voix ne laissant transparaître qu'une assurance mâtinée de vanité.

    « Qui parle de commettre une erreur ? Le louveteau royal a besoin de mes services, et je compte bien profiter de cette aubaine, en prenant toutes les précautions nécessaires. Tu jugeras par toi-même du résultat. »

    N'en déplaise à Main d'Argent, elle comptait bien s'aventurer dans la gueule du loup.

    ►◄

    Les tours effilées du palais s'élançaient vers les cieux, ruisselantes d'éclats mordorés dans la lumière apaisée du matin, lorsque la calèche déposa Vesper devant la résidence royale. Passant son visage coiffé d'un magnifique chapeau évasé par la porte du carrosse, elle en sortit avec grâce, rejoignant l'entrée de sa démarche au chaloupé élégant, ses talons martelant le pavage dans un tintement quelque peu empressé. Vêtue d'une robe pourpre à col haut et aux manches longues aux revers brodés, elle atteignit le portail splendidement ouvragé, et franchit la barrière des gardes royaux en leur adressant sa convocation qui lui servait de passe-droit.

    Un domestique l'accompagna alors dans le dédale des couloirs palatiaux. Son regard à la curiosité acérée en profita pour sonder subrepticement les lieux, mais il se heurtait bien souvent à des portes fermées, préservant la discrétion des salles qu'elles maintenaient confinées et inatteignables. Ils s'arrêtèrent finalement dans un petit salon cossu, où on lui demanda de patienter, en attendant l'arrivée du Prince. Ses yeux se portèrent, un instant, sur les grandes fenêtres à meneaux qui perçaient la pièce. L'agitation citadine paraissait si lointaine, depuis celles-ci. La rumeur de la ville bourdonnait en sourdine, atténuée, comme si cet écho distant de la vie populaire n'était qu'une préoccupation bien moindre.

    Lorsque le Prince fit son entrée, elle rassembla les plis de sa robe en hâte et se leva, inclinant son buste de façon révérencieuse à son encontre.

    « Bonjour, Votre Majesté. » Tout en se fendant de ce salut respectueux, elle l'évalua une première fois, rapidement et sobrement, avant de poursuivre : « Je me présente, Vesper Devern, psychologue. Je me ferai un honneur d'assurer votre suivi, conformément à la prérogative qui m'incombe. »

    Après qu'ils se soient installés dans les fauteuils prévus à cet effet, en vis-à-vis, elle lui servit alors le préambule de circonstance.

    « Pour cette première séance, je désire avant tout vous écouter. Cela me permettra d'évaluer la meilleure méthode à mettre en œuvre, et de planifier le plus justement le programme des futures séances. »

    Et parce qu'elle ne perdait pas de vue son objectif, elle ne manqua de mentionner :

    « Il nous faudra également convenir de ma rétribution. Mais cela ne presse pas, bien entendu. Nous aurons tout le loisir de la définir ensemble ultérieurement. »

    Il lui semblait en effet préférable d'attendre les premiers résultats de sa thérapie sur le Prince, avant de lui demander son paiement, qui devrait bien entendu être à la hauteur de la satisfaction apportée.
    Aeron RenmyrthLe Prince
    Aeron Renmyrth
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    Re: L'étau de la délivrance
    Ven 13 Nov 2020 - 11:43 #

    Les jours se suivaient et se ressemblaient diablement. Aeron se réveillait, ou émergeait plutôt d’un sommeil agité, quand ce n’était pas simplement les insomnies qui lui faisaient accueillir le lever du soleil avec soulagement. Il petit-déjeunait et était lavé et vêtu par les serviteurs, puis Vlora faisait son entrée avec les dossiers du jour, sans compter les demandes urgentes qui étaient susceptibles de s’inviter dans son agenda. Ensuite, il déjeunait, soit devant ses parchemins, soit pour un rendez-vous spécifique avec des nobles ou des marchands, généralement les deux et les deux en même temps, avant de retourner à son bureau.

    Avec un peu de chance, il finissait avant de devoir allumer les cristaux magiques, qu’il activait dans tous les cas pour se prémunir de l’obscurité. En tout cas, songea-t-il, ce rythme de vie expliquait assez bien son teint blafard et les cernes noires qu’il avait sous les yeux. Mais il n’avait pas l’air particulièrement malade, trouvait-il, juste un peu fatigué. C’était ça, juste un peu de sommeil en retard, vraiment.

    Aujourd’hui, c’était un peu particulier. Une fois de plus, sa royale génitrice avait trouvé une nouvelle experte pour le guérir du mal qui l’affligeait. Il se demanda distraitement d’où elle venait, cette fois. Peut-être d’un village perdu au fin fond des montagnes, ce qui expliquerait pourquoi elle n’était pas venue plus tôt, quand les spécialistes en tout et n’importe quoi, les expertes du rien et de son contraire, avaient défilé les uns après les autres aux portes du Palais, sans qu’aucun d’entre eux ne se révèle apte à l’aider.

    Le rendez-vous avait été prévu dans le salon rouge est, dont le nom était suffisamment explicite. L’aile est était plutôt réservée à des petites pièces plus intimistes, et le salon n’y dérogeait pas, ne comportant suffisament de places assises que pour cinq ou six personnes, pour peur qu’elles se serrent sur le canapé. Tout avait été fait dans un bel ensemble, et les têtes de lions sculptés sur les pieds des fauteuils allaient à merveille avec le velour rouge des assises et des coussins.

    La spécialiste se trouvait déjà à l’intérieur, et s’inclina respectueusement, laissant tout loisir à Aeron de l’examiner. Au moins, ce n’était pas une sorcière pouilleuse sortie du fin fond des bois, à voir les vêtements très élaborés qu’elle portait. Elle n’aurait assurément pas déparé à un bal royal, aussi bien au niveau de la coupe que de la richesse des tissus choisis. Il garda tout jugement de goût à distance, comme d’habitude, bien incapable de décider si le choix était judicieux ou non. Il supposait que cela formait un bel ensemble avec la peau pâle et les cheveux d’un blond presque blanc.

    D’un hochement de tête, le jeune homme lui signala de se redresser.

    « Comme vous le savez, je suis Aeron Renmyrth, Prince héritier du Royaume d’Aryon. Je crois savoir que c’est ma mère la Reine qui vous a fait mander. »

    Maintenant qu’elle le regardait, il constata qu’elle avait des yeux d’un bleu beaucoup plus clair que les siens. Et, évidemment, que de nombreux points noirs parsemaient sa peau, comme des grains de beauté, et navraient la blancheur de la peau. Le Prince fit signe de s’asseoir dans deux bergères situés de part et d’autres d’une table basse, sur laquelle étaient déjà posés quelques rafraîchissements. Dans un geste d’accueil, il servit d’abord deux verres d’eau, Devern en première, et l’invita à se servir si elle souhaitait quoi que ce soit.

    « M’écouter. Bien sûr. »

    Comme tous les autres. Cela ne coûtait décidément rien, et permettait de ne pas avoir à dévoiler ses connaissances, ou leur absence. Il eut un soupir mental qu’il cacha sous un sourire avenant, et se demanda combien de temps seraient nécessaire avant qu’elle ne prenne ses affaires et ne retourne d’où elle venait. Enfin, une de plus ou de moins, cela ne coûterait que quelques cristaux à Mère…

    « Et sur quel sujet souhaitez-vous m’écouter, au juste ? Cependant, je me vois dans l’obligation de vous arrêter là. »

    Il se pencha en avant, coudes appuyés sur les genoux et doigts croisés.

    « Que voulez-vous dire exactement par une rétribution à définir ? Il me semble que les consultations sont couvertes par les paiements de la Reine. Il m’apparaît justement qu’il vaut mieux définir au préalable ces éléments, pour éviter tout conflit. »

    Il était toujours ennuyeux de voir les commerçants se plaindre d’avoir été volés par la famille royale alors même qu’ils étaient ceux qui gonflaient les prix honteusement à la vue d’un de ses membres. Qui plus est, il ne fallait jamais s’engager à l’aveugle, au risque de devoir en payer les conséquences. Aeron l’avait appris très tôt, à la cour, où chacun s’attachait à extorquer, par le mensonge ou le dol, toutes les promessses qu’il pouvait.

    « Pourriez-vous définir plus précisément ce que vous entendez par ce point, Docteur Devern ? »

    Peut-être même l’était-elle véritablement, docteur.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: L'étau de la délivrance
    Sam 21 Nov 2020 - 16:15 #
    « C'est bien cela, Votre Grâce. Votre prise en charge par mes soins a été souhaitée par Sa Majesté la Reine. J'ai voyagé depuis ma résidence, basée à Grand-Port, pour accéder à cette demande de la plus haute importance. »

    Bien que neutre et presque désintéressé - afin de ne point incommoder d'emblée le Prince par l'impolitesse et l'indélicatesse d'une œillade un peu trop inquisitrice - le premier regard que Vesper avait adressé à son interlocuteur royal lui avait permis de commencer à établir une esquisse de diagnostic à son encontre. Encore sommaire, la psychologue avait pour mission de dégrossir et affiner autant que faire se peut cette évaluation lors de leurs échanges futurs.

    Ce qu'elle avait déjà pu déduire, en apercevant les prunelles cerclées de cernes noirâtres de l'héritier, ainsi que son teint anémié dont la lactescence transparaissait crument sur le grenat des fauteuils, était que le sommeil devait résolument le fuir. Le grand échalas qui lui faisait face n'était guère plus qu'un décombre d'homme, à n'en point douter. Et si Vesper détenait déjà des indices sur les causes l'ayant ainsi mis à mal, pour en avoir été en partie informée dans la missive qui l'avait mandée en ces lieux, elle souhaitait avant tout les entendre de son patient. À travers le prisme du ressenti propre de ce dernier.

    Toutefois, l'attitude dont se fendit le Prince laissa présager le pire, en l'annonçant assez peu enclin à être coopératif. À vrai dire, ce dernier ne démontrait pas une franche hostilité, conservant une cordialité de mise, mais ses phrases, et la tonalité sous-jacente de sa voix, semblèrent dénoter une forme de désapprobation subtile. Assurément, au plus profond d'elle-même, Vesper pressentait que ce dernier ne se laisserait point sonder aisément. Elle rebondit à sa question :

    « Sur quel sujet ? Eh bien, tous les sujets qui ont fait de vous ce que vous êtes aujourd'hui. Et ce que vous ne souhaitez plus être, je présume. »

    La voix de Vesper avait pris un ton plus incisif, presque provoquant, et ce de façon tout à fait délibérée. La réaction du Prince face à cette saillie serait, en effet, riche en enseignements pour elle. Toutefois, ce dernier voulut approfondir un autre sujet : celui de la rétribution qu'elle allait requérir. Un point qui semblait avoir interpellé l'héritier, ce que la psychologue n'avait, hélas, pas vraiment anticipé. Afin de masquer son léger désemparement, elle entreprit de boire une gorgée du verre qui lui avait été gracieusement servi. Puis, reposant ce dernier avec nonchalance, elle lui offrit un sourire qui se voulait radieux et rassurant.

    « Mes consultations sont en effet, en partie, couvertes par le trésor royal. Toutefois, les services que je peux vous apporter ne sont point... ordinaires. Et, de fait, il va de soi que leur rémunération ne doit pas l'être également. »

    De l'avis de Vesper, il valait mieux opter pour une première once de franchise, face à cette méfiance ouverte qu'affichait le Prince. La noble ne pouvait que déceler, à l'acuité de cet éclat implacable brillant dans le regard de ce dernier, qu'il n'allait pas s'engager les yeux fermés dans un accord dont il ne connaissait pas toutes les composantes. Le Prince se révélait doté d'une intelligence vive, à l'affût du moindre traquenard. Et si Vesper n'en espérait pas moins de l'héritier royal, elle en était tout de même assez ébranlée, car cela menaçait ses plans.

    « Pour être plus directe, les cristaux déjà convenus avec Son Excellence la Reine ne suffiront pas. Il faudra leur adjoindre un autre tye de paiement, si vous voulez que je déploie mon plein potentiel, pour vous aider. Et par là, j'entends... mon pouvoir. »

    Autant l'aborder, à présent. Car c'était bien celui-ci qui lui permettrait de soutirer la ou les contreparties souhaitées.

    « Celui-ci me permet de retirer une émotion, de façon permanente et indolore. Sous couvert du consentement de mon patient, et uniquement si je possède tous les éléments sur l'origine qui l'a engendrée, me rendant à même de la comprendre. Sans quoi, il serait malheureusement inopérant. »

    La deuxième partie de son affirmation n'était pas tout à fait vraie, mais Vesper s'octroyait bien sûr la liberté de mentir.

    « Vous êtes bien sûr libre de refuser cette opportunité. » ajouta-t-elle dans une feinte indifférence. « Mais, si d'aventure elle vous intéresse, je vous propose de continuer notre séance. Notamment en... me détaillant la première émotion dont vous souhaiteriez vous défaire, présentement, ainsi que les causes qui l'ont provoquée. »

    Confiante dans l'attrait que sa proposition pouvait avoir, chez le Prince, Vesper attrapa son calepin, qu'elle posa sur ses genoux, un stylo glissé entre ses doigts graciles.

    « N'oubliez jamais que mon unique mission est de parvenir à vous aider, Votre Altesse. »
    Aeron RenmyrthLe Prince
    Aeron Renmyrth
    Informations
    Re: L'étau de la délivrance
    Dim 6 Déc 2020 - 11:35 #

    Au moins, songea Aeron, cette fois, le docteur dégoté par Mère était bien élevée. Cela allait de ses vêtements, d’une richesse digne de la cour et qu’elle portait avec l’aisance de l’habitude, à sa posture, qui ne déparerait pas lors d’un thé organisé par la Reine, à sa façon de s’exprimer, précise, pointue, et aux intonations millimétrées. Il se souvenait encore de ce pauvre homme sorti d’une hutte de la Grande Forêt, à peine lavé et qui avait l’apparence d’un chien mouillé, flottant dans ses oripeaux, manifestement dépassé aussi bien par la situation que par les soucis du Prince. Au moins avait-il gagné un bain au Palais.

    Ce qui était toujours ennuyeux, à la vérité, quand il devait évoquer les troubles qui l’affectaient, c’était la nécessité de contourner adroitement les causes et origines, de sorte à ne pas dévoiler des informations confidentielles à des inconnus qui s’avéraient généralement indignes de confiance. Mais il commençait, hélas, à bien trop savoir comment procéder.

    « Bien sûr. Vous aurez sans doute entendu parler de ma disparition pendant plusieurs mois, suite aux investigations ayant eu lieu dans la Tour en Ruine, puis mon sauvetage juste avant les événements dits de la Cité Enfouie. Les éléments sous-jacents sont naturellement classés secret défense. Mais là se situe le cœur du problème. »

    Il souleva machinalement sa soucoupe, huma le thé avec appréciation, savourant les notes poivrées qui lui permettraient de rester aux aguets. Une gorgée lui permit de temporiser élégamment. Il rassembla également ses pensées pour savoir comment organiser la suite.

    « Depuis, je connais d’importants troubles du sommeil, notamment. Mais je suppose que c’est assez visible. »

    En tout cas, lui ne voyait que cela en se regardant dans le miroir. Mais peut-être avait-il réellement bonne mine, comme certains et certaines s’échinaient inlassablement à lui rappeler à chaque occasion mondaine vide de sens et d’intérêt. Peut-être qu’un Prince épuisé servait davantage leurs intérêts qu’un Roi à l’acuité intellectuelle sans pareille.

    Evidemment, elle demandait autre chose que des cristaux sonnants et trébuchants. Il ne se départit pas de sa méfiance alors que la psychologue faisait le choix de l’honnêteté. Au moins, s’il refusait de se plier à ce paiement… subsidiaire, cela permettrait de faire en sorte qu’ils ne perdent pas trop de temps, elle y compris, même si elle n’en retirerait pas tous les bénéfices souhaités. A tout le moins, elle aurait les cristaux, et le bonheur d’avoir pénétré à l’intérieur du Palais. Tout le monde ne pouvait pas en dire autant.

    Il laissa Devern enchaîner, y compris lorsque la jeune femme détailla les tenants et aboutissants de son pouvoir. Inconsciemment, il se redressa, se pencha en avant pour mieux entendre chaque mot et leurs implications, son regard ardent pointé sur elle. Les oreilles tendues pour saisir les intonations, il observait également sa façon de se tenir, de le regarder, de se mouvoir, à la recherche d’un chausse-trappe ou d’une information cachée. Mais son cœur battait déjà la chamade.

    « Donc, mettons, par exemple, que… Oui, par exemple, que je souhaite ne plus ressentir de colère. Il vous suffirait d’utiliser votre pouvoir pour que je devienne… Placide ? Creux ? Vide ? Sous cet angle uniquement, ou cela affecterait-il d’autres pans émotionels ? »

    Ce n’était bien sûr pas à la colère qu’il souhaitait se soustraire, mais à la peur, la peur omniprésente à chaque fois qu’il faisait un pas hors du Palais, qu’il se retrouvait dans le noir ou dans une pièce exigüe, ou qu’il fermait l’œil, la nuit, pour tenter de prendre un repos bien mérité avant d’être réveillé en sursaut par une volée de cauchemars. Il en était au point où il ne parvenait qu’à peine à se rappeler de la manière dont étaient les choses auparavant.

    « Ce serait la peur que je souhaiterais oublier. »

    Il reposa sa soucoupe, et le son que fit la porcelaine contre la table l’arracha au fil de ses pensées. Quelque chose tournait autour, comme une mouche du coche, et qui avait été subtilement éludé par le courant de la conversation, comme un bras mort d’une rivière qu’un batelier adroit s’empresserait d’éviter, de crainte d’y échouer son embarcation.

    « Pouvez-vous élaborer sur cette notion de paiement subsidiaire ? Mère est-elle au courant que les cristaux ne suffiront pas ? »

    Nombreux étaient les escrocs pensant pouvoir soustraire des avantages à l’un puis à l’autre, se disant qu’avec la profusion de richesses, il ne serait pas nécessaire de vérifier les informations. Mais Aeron était méticuleux, donc il s’assurerait de croiser les informations.

    « Au risque de paraître entêté… »

    Ce n’était pas le cas, mais il n’y avait pas de raison d’être incorrect et malpoli.

    « … Je souhaiterais que vous élaboriez d’abord sur ce complément qui semble si nécessaire. »
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    Re: L'étau de la délivrance
    Mar 29 Déc 2020 - 12:36 #
    Lorsque le Prince vint effleurer les causes de ses présents problèmes, en évoquant sa disparition lors des évènements de la Tour en Ruine, puis sa résurgence à l'entrée de la Cité Enfouie, Vesper acquiesça d'un hochement délicat du chef. Si la noble était en effet au fait de ces éléments de nature publique, elle n'en maîtrisait pas les détails confidentiels, qui l'intéressaient - autant le dire - grandement. D'une part, pour en informer la Cabale, et les amender en nouvelles données éventuelles – elle-même n'appréhendant pas le niveau des connaissances dont jouissait déjà son organisation sur le sujet – et d'autre part, pour son information propre. Arriverait-elle à trouver le moyen de lever le sceau de confidentialité qui les maintenait secrètes ? Cela faisait partie de ses gageures, assurément.

    Elle opina derechef quand Aeron lui fit part du lien de causalité entre cet incident et les insomnies dont il pâtissait, qu'elle avait en effet pu deviner aisément dès les prémices de leur échange, à la vue de ces poches violacées qui creusaient son regard d'azur.

    « Les insomnies occasionnent en effet des témoignages physiques pour le moins… ostensibles. Mais leur amélioration le sera tout autant, à n'en point douter. » Lui confirma-t-elle en décidant de conserver le parti pris de la sincérité, tout en veillant à conclure sur une note positive, qui anticipait ainsi les futurs effets - indéniablement positifs - de sa thérapie.

    L'intérêt du Prince fut aisément décelable, à la vive lueur qui s'alluma dans ses yeux caves, après qu'elle lui eût permis d'entrevoir son pouvoir et ses potentialités. Un sourire s'ébaucha, en son for intérieur uniquement – car il aurait été malavisé de laisser transparaître sa délectation -, en constatant qu'elle était parvenue à ferrer l'attention du Prince. Vesper n'avait plus qu'à espérer qu'il serait prêt à en payer la rétribution afférente.

    « Dans ce cas précis pris pour exemple, il me faudrait connaître ce qui a attisé cette colère, ainsi que sa cible. Je ne peux en effet ôter qu'une émotion expressément caractérisée et circonscrite, dans sa nature comme dans ses tenants et aboutissants. Du reste, après mon traitement, le feu de celle-ci sera définitivement éteint. » S'efforça-t-elle de l'éclairer, tout en s'interrogeant sur les questionnements sous-jacents du Prince. Craignait-il de devenir une marionnette apathique, suite à l'action de son pouvoir ?

    Aussi, une autre précision lui parut également utile à mentionner, pour estomper toute défiance qui pourrait émerger à ce propos chez Aeron :

    « Toutefois, cela ne vous immunisera pas contre un nouvel embrasement. Si vous revivez des évènements propices à faire ressurgir cette colère, vous serez tout aussi enclin à la ressentir de nouveau. Il sera donc essentiel de veiller à rester éloigné des causes de celle-ci. D'où l'importance de bien les préciser en amont également. »

    Les limites de son pouvoir à présent dûment connues du Prince, Vesper espérait que sa thérapie garderait un maximum de son potentiel d'attrait. Mais, d'une certaine façon, la Tour en Ruine et la Cité Enfouie étant des évènements passés et clos, les chances demeuraient faibles que l'héritier fût à nouveau exposé aux tourments délétères à l'origine de son présent état de délabrement. Finalement, il lui fit part de l'émotion dont il souhaitait se délester, et cela fut une nouvelle victoire à savourer pour Vesper.

    « La peur, dites-vous… » Elle marqua une pause, tandis que son regard de givre se voilait d'une fugace réflexion intérieure. « Est-elle singulière, ou plurielle ? Je présage en effet qu'elle doit revêtir diverses formes ? » Et, si tel était le cas, la noble ne pourrait certainement pas l'extraire en une seule séance. « Le cas échéant, il me faudra procéder en plusieurs temps. Mais cela vous permettra de vous réaccoutumer progressivement à son absence. Ce qui n'est pas un mal, au demeurant, car le choc provoqué par un changement abrupt n'est pas sans amener son lot de complications afférentes. »

    Et, du point de vue de Vesper, cela lui permettrait de maintenir plus longuement son emprise sur le Prince, en lui restant utile et précieuse sur un plus long cours. Le temps de gagner si ce n'est sa confiance, au moins son crédit, voire peut-être même sa sympathie. Sa confiance demeurait d'ailleurs encore loin de lui être acquise, comme elle put le constater lorsqu'il revint sur la teneur du paiement complémentaire requis. Vesper soupira intérieurement. Elle avait soigneusement évité de s'appesantir sur ce sujet, mais se retrouvait acculée par la finesse d'esprit du Prince… Et ne pouvait guère plus que jouer cartes sur table.

    « Il est en effet légitime que vous me demandiez d'élaborer sur ce point, Votre Altesse… » Sa voix prit l'intonation d'une concession, tandis qu'elle se parait d'une fausse mine compréhensive, qui ne cherchait qu'à mieux dissimuler son agacement intérieur. « Sa Majesté la Reine n'est pas au fait de cette rétribution connexe, car je n'ai hélas pas eu l'honneur de m'entretenir avec elle à ce propos. Mais je présume que je peux directement en référer avec vous, en tant que premier héritier royal ? » Il n'avait plus l'âge que tout passe par sa mère, après tout, espérait-elle. « Celle-ci relèverait… d'un service, dont les composantes seraient définies entre nous au préalable. Et, bien sûr, je ne vous demanderai jamais rien qui puisse vous mettre en danger, ou qui desserve l'intérêt du Royaume. Cela va de soi, mais il est toujours bon de le préciser, n'est-il pas ? »

    Un sourire teinté d'une chaleur apparente, et d'une ombre imperceptible de duplicité, vint étirer ses fines lèvres carmines. Elle laissa le temps au Prince de prendre en considération ces nouveaux éléments, avant de conclure :

    « Nous pourrions nous revoir à Grand-Port pour notre prochaine séance, qu'en pensez-vous, Votre Grâce ? Je ne peux, en effet, malheureusement pas utiliser ma magie dans l'enceinte du Palais… Par ailleurs, il pourrait être profitable pour vous de vous extraire de votre quotidien palatial, dans votre processus de rétablissement. »
    Aeron RenmyrthLe Prince
    Aeron Renmyrth
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    Re: L'étau de la délivrance
    Sam 30 Jan 2021 - 10:31 #

    Aeron ne parvenait plus réellement à lire sur le visage de la psychologue. Elle maintenant un contrôle soigneux des expressions de son visage, mais les mouvements de ses yeux d’un bleu plus pur que les siens semblaient indiquer qu’elle ne se départait pas de sa méfiance. C’était compréhensible, seule au milieu du palais, avec le Prince héritier. Jusque-là, il n’y avait rien qui ne sorte de l’ordinaire pour le jeune homme. C’était davantage ce que cela recouvrait, qui restait mystérieux. Simple méfiance, appréhension ? Sentiment de victoire ? De fait, il n’en savait pas assez pour comprendre ses motivations, et donc la comprendre.

    Evidemment, personne n’était jamais à son contact bénévolement, pour le plaisir de sa compagnie. L’amertume qui aurait dû venir à cette pensée était déjà morte et enterrée depuis bien longtemps, donc il se contenta de la pousser de côté. Il ne parvenait pas à lire les courants sous-marins de la conversation parce que son propre esprit était déjà ailleurs. Et le jeu n’en valait-il pas la chandelle ? Le retour du repos, l’absence de nécessité de craindre le moindre recoin sombre, pour pouvoir à nouveau se consacrer, comme auparavant, aux affaires du Royaume et à l’apprentissage qui lui permettrait d’être un bon roi, peut-être même l’égal de Mère…

    Quand Devern détailla son pouvoir, il hocha la tête pour signifier qu’il était satisfait. Il aurait bien entendu été de fort mauvais goût de perdre toute notion de peur, que ce soit pour les lois à passer, ou tout simplement pour mettre sa main dans les flammes. Certes, son pouvoir faisait que la blessure ne serait rapidement qu’un vague souvenir, pas même apte à navrer sa peau, mais devoir réapprendre de toutes les erreurs que font les enfants aurait pu lui être fatal.

    « Donc, pour reformuler, si je suis en colère contre… vous, mettons, il vous est possible de me faire oublier cette ire, si vous connaissez les raisons qui y sont liées ? Et, toujours dans l’exercice d’imagination, n’est-ce pas, cela doit être bien pratique si vous vous avérez être vous-même la source desdits sentiments, je présume. »

    Un pouvoir n’était jamais qu’une potentialité, après tout, et son utilisation dépendait de l’inventivité du possesseur. Nombre de pouvoirs étaient utilisés pour un bénéfice personnel, et il serait de bon ton de ne pas oublier que ce n’était pas parce que Devern le soignait de ses maux qu’elle ne pourrait pas s’en servir différemment.

    Dans les faits, s’il oubliait sa peur de l’Umbra et de ce qui était lié, il ne comptait pas non plus se jeter dans la gueule du loup, y retourner, et risquer à nouveau de développer le même mal.

    « En cas de nouvel embrasement, cela dit, il est, je suppose, à nouveau possible de l’oublier ? Pour peu que les causes soient suffisamment précisées en préambule. »

    Echapper à la peur débilitante qui l’affligeait, et qui risquait de revenir si l’Umbra attaquait le Royaume alors qu’il était roi à l’avenir, semblait bien être un prérequis pour être capable de prendre les bonnes décisions et assurer la prospérité et pérennité du pays, après tout.

    « Oui, la peur que j’éprouve prend différentes formes, mais la cause me semble assez bien identifiée. Les autres sentiments liés ne sont que des échos, dommageables, certes, mais qui, je pense, devraient s’estomper pour peu que la source soit absente. Enfin, à moins qu’il ne faille commencer par les branches avant d’attaquer le tronc, évidemment. »

    Il était certain qu’Aeron n’avait pas peur du noir ou de sortir de la bulle d’anti-magie du Palais quand il n’avait pas encore croisé l’Umbra, après tout. Donc il était logique de penser qu’une fois la peur de l’Umbra oubliée, l’obscurité et le danger potentiel de chaque coin de rue ne seraient plus que des lointains souvenirs.

    Puis le sujet du paiement annexe revint sur la table. Sans faire de manières, Aeron servit à nouveau du thé, vidant ce faisant la théière. La boisson était désormais tiède, mais il fit tourner délicatement la petite cuillère avant de la poser sur le rebord de la soucoupe, pour se donner une contenance. Il était déjà quasiment certain d’accepter le marché, il fallait simplement négocier des conditions acceptables. C’était bien la seule façon qu’il voyait de s’en sortir, à moins qu’un chevalier héroïque ne parvienne à tuer l’Umbra avec son épée magique dans les prochains jours.

    « Oui, oui, évidemment, nous pouvons voir directement ensemble. Un service, donc, qui ne mettrait en risque ni le Royaume, ni ses habitants ? »

    Automatiquement, ses doigts se mirent à tapoter le plateau de la table basse, alors qu’il était en pleine réflexion.

    « C’est possible. Cependant, je serai seul juge pour savoir si le service est acceptable ou non. De plus, si je le souhaite, je peux évidemment en parler avec mes parents, ou toute autre personne de mon choix. »

    Ce n’était pas qu’il l’estimait nécessaire, mais que la réaction de la psychologue lui permettrait probablement d’évaluer si elle cherchait à le piéger d’une façon ou d’un autre. Dans tous les cas, la valeur de l’appât était telle qu’il lui suffirait de sortir de la gueule du loup, si loup il y avait, avant que ses mâchoires ne se referment. Aeron n’était pas inquiet outre-mesure pour cela. Il avait toujours été plus malin, après tout.

    A sa dernière remarque, il se sentit obligé de hausser les sourcils.

    « Je sors régulièrement du Palais, ou ponctuellement, en tout cas. »

    Certaines occasions auxquelles il ne pouvait se soustraire, après tout, l’exigeaient.

    « Toutefois, nous pourrons effectivement reprendre au Grand-Port, effectivement. Je viendrai accompagné de Gardes Royaux, et potentiellement de conseillers. »

    Il fit une pause.

    « Tâchez de communiquer le service que vous souhaitez en amont, dans l’éventualité où il nécessiterait réflexion. Je ne souhaite pas me déplacer à l’autre bout du Royaume pour que nous ne tombions pas d’accord. »

    Plus régal, subitement. C’était qu’il était, véritablement, occupé. Il parcourut mentalement son emploi du temps.

    « Dans neuf jours, en matinée, cela vous conviendra-t-il, Docteur Devern ? »
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    Re: L'étau de la délivrance
    Sam 20 Fév 2021 - 21:31 #
    Vesper n'eut guère à fournir de grands efforts pour achever de rallier le Prince à sa proposition. Il ne lui fallut apporter que quelques éclaircissements additionnels quant au fonctionnement de son pouvoir, avec entre autres la confirmation de la possibilité d'y recourir à nouveau, si cela s'avérait nécessaire. La noble s'était demandée, l'once d'un instant, si l'héritier aurait l'audace de se confronter à nouveau aux causes de son mal, mais cela lui importait peu, au demeurant. Plus elle pourrait lui être utile, et plus cela lui offrirait d'opportunités de gagner d'éventuels privilèges en retour. Elle dut également le rassurer quant à fait qu'il restait libre de consulter ses parents ou toute personne avisée de son entourage, au sujet de ce service qu'elle lui demanderait. Et si la psychologue craignait quelque peu cette éventualité, elle s'appliqua à ne rien en laisser paraître, dans son jeu de faux-semblant habituel.

    Lorsqu'elle quitta les dorures chatoyantes et le marbre implacable du Palais, au terme de leur entretien, sa poitrine fut autant emplie de satisfaction que d'espoir. Le Prince semblait se trouver disposé à écouter sa demande, en vue de recourir à son pouvoir. Il n'y avait plus qu'à enrober sa requête dans une chape d'insignifiance et de bénignité, pour qu'il lui livre son accord.

    Et cela ne s'avéra pas non plus insurmontable. L'objectif, pour Vesper, était de parvenir à rencontrer Whiskeyjack Callahan, l'initiateur et le régisseur d'un vaste réseau d'informations constitué de patrons de taverne, qui représentait un attrait manifeste pour la Cabale. Or, du fait de sa récente promotion au poste de haut conseiller de la Guilde, il était de plus en plus ardu d'approcher ce dernier. Il y avait bien certaines opportunités de le côtoyer, notamment dans ces soirées mondaines où il était convié aux côtés d'autres invités de marque, mais celles-ci se trouvaient hors de portée de la psychologue, du fait de sa qualité insuffisante.

    Le Prince, en revanche, avait bien accès à ces réceptions… Elle lui demanda ainsi, par correspondance, si elle pouvait l'accompagner à l'une d'entre elle – où le Conseiller serait présent, de source sûre – en guise de rétribution. Et sa requête semblant raisonnable, elle parvint à obtenir son assentiment. Aeron devait certainement supposer qu'elle cherchait simplement à étendre son réseau de relations et à gagner en influence. Un objectif somme toute louable, pour une noble, et qui ne présentait pas de danger le royaume. Apparent, en tout cas, mais comment le Prince aurait-il pu se douter des autres implications sous-jacentes ?

    Les neuf jours de délai convenus avant leur revoyure s'écoulèrent avec une interminable lenteur, eût égard à l'impatience difficilement contenue de la psychologue. La matinée de leur rendez-vous, avant l'arrivée du Prince, elle entreprit d'effectuer une courte balade à Grand-Port, arpentant le centre-ville afin d'y acheter quelques pâtisseries pour leur entrevue. Il n'était pas sûr qu'il y goûte, mais elles témoigneraient au moins de son sens de l'hospitalité. Une fois sa commission effectuée, Vesper longea les quais pour profiter de la vue de l'océan. Les mâts des navires mouillant au port formaient une dense canopée, gonflée par le vent marin qui tendait les voiles envahissant la rade. Vesper connaissait ce paysage depuis son enfance, et il faisait partie des éléments immuables auxquels elle aimait se raccrocher, lorsqu'elle subissait un certain stress.

    Ce fut ainsi l'esprit apaisé qu'elle rejoignit son cabinet de psychologue, et y attendit la venue du Prince. Ce dernier arriva, comme elle s'y était attendue, accompagné d'un cortège de circonstance. Une fois installé dans son bureau cossu, dans lequel trônait son bureau, ainsi qu'un luxueux fauteuil en cuir dédié à ses patients, elle n'oublia pas d'égrener les premières politesses.

    « Ravie de vous revoir, Votre Altesse. J'espère que vous vous portez bien, et que votre voyage jusqu'à Grand Port s'est déroulé sans encombre. » Sans doute avait-il employé un portail de téléportation, pour ne pas perdre de temps, ou avait-il profité de sa venue pour régler d'autres affaires en chemin. Ce sujet ne la concernait pas, à vrai dire, et Vesper ne s'en inquiétait que par politesse. « Nous allons pouvoir débuter notre séance, je ne souhaite point vous faire attendre davantage. Sachez, en préambule et à nouveau, que vous avez toute ma gratitude pour le privilège que vous avez consenti à m'offrir en échange de mes services. » N'oublia-t-elle pas de mentionner, en référence à leurs précédents échanges et à l'accord convenu.

    Après lui avoir proposé de prendre un thé et de goûter aux douceurs spécialement présentées pour l'occasion, elle en vint au cœur du sujet.

    « Je vous écoute donc. Je vous prie de me détailler le fondement principal de la peur qui vous tourmente. » Le Prince avait informé Vesper, lors de leur entrevue au Palais, que celle-ci était bien identifiée. Par conséquent, elle allait pouvoir l'absorber sans peine. Il n'était même pas certain que d'autres séances s'avèrent nécessaires, en complément, mais ils aviseraient de cela par la suite. « Je vous prie de me tenir la main, pendant que vous l'évoquerez, mon pouvoir requérant un contact physique pour opérer. » Vesper espérait que cette connexion tactile, inhérente au fonctionnement de son pouvoir, ne poserait pas de souci à son patient.

    « Enfin, une précision importante : votre peur va peu à peu s'estomper, à mesure que vous me la décrirez… Il faudra attendre qu'elle ait totalement disparue, avant de rompre notre contact, sans quoi cela interrompra mon absorption, qui ne sera que partielle. Cela ne devrait pas prendre plus d'une minute, toutefois. Vous serez très vite libéré. »

    Ce faisant, elle tendit sa main aux doigts graciles vers lui, qui prolongeait son bras fuselé et drapé de velours. Il n'avait qu'à la prendre et suivre ses directives, pour sceller leur accord.
    Aeron RenmyrthLe Prince
    Aeron Renmyrth
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    Re: L'étau de la délivrance
    Mar 23 Mar 2021 - 10:35 #

    Le premier entretien toucha naturellement à sa fin et, après s’être levé pour accepter la prise de congé de Vesper Devern, Aeron se rassit pensivement. Contrairement aux autres rendez-vous médicaux qu’il avait pu avoir, au point de pouvoir constituer une liste officielle des plus grands charlatans du Royaume, la dame avait su faire miroiter les avantages de son don de Lucy. De fait, il lui semblait justement que le salut viendrait par là : les thérapies classiques n’étaient jusqu’ici pas parvenues à porter leurs fruits, et peut-être qu’un raccourci –ou plutôt une manière différente de procéder – constituerait le chemin qu’il aurait dû suivre depuis le début.

    Le Prince tempéra de lui-même son enthousiasme : Devern avait peut-être, probablement même, survendu son pouvoir, dans l’espoir d’avoir l’avantage qu’elle souhaitait manifestement depuis le début, quelque chose qu’elle ne souhaitait visiblement pas évoquer directement avec la Reine. Au début, il suspecta qu’il s’agirait d’une demande en mariage, ou tout autre exigence abracadabrante, d’où la condition qu’il avait imposée de devoir échanger dessus à l’avance, et la possibilité pour lui de consulter les personnes qu’il souhaitait pour comprendre les tenants et aboutissants de l’affaire.

    Il avait été agréablement surpris en se rendant compte qu’il ne s’agissait que d’une invitation à une soirée à laquelle il était déjà convié. Force était d’admettre qu’il était invité à nombre d’occasions, cela dit. Au moins, la psychologue n’avait pas tenté d’obtenir quelque chose au-delà de sa portée. C’était tout à son honneur et à son intelligence : dans le cas contraire, elle aurait essuyé un refus aussi sec que concis.

    Cependant, Aeron avait quand même pris le temps d’examiner en détail la liste des autres invités, pour regarder si des liens négatifs ou inquiétants pouvaient être tirés. En l’espèce, il n’avait rien vu, et transmis à Vlora afin qu’elle effectue quelques vérifications additionnelles si l’occasion s’y prêtait. Il se nota également de surveiller ce qui se produirait lors de ladite soirée, au cas où, mais le plus probable était que Devern souhaitait étendre son carnet de relations, et peut-être vendre son pouvoir aux invités plus ou moins prestigieux qui seraient présents.

    Les jeux de pouvoirs de la petite noblesse ne pouvaient de toute façon l’affecter, trop en deça de son attention. Seules la curiosité et l’habitude d’être consciencieux lui faisaient tenir compte de ce point et le maintiendraient attentifs durant la soirée, s’il n’était en tout cas pas submergé d’attentions et de demandes, comme c’était trop souvent le cas.

    Les neuf jours passèrent vite, dans un mélange d’anticipation impatiente et de travail acharné, afin de se ménager le temps nécessaire à la ou les consultations. Le Prince arriva finalement à Grand-Port, accompagné d’une escorte de la Garde Royale, et de son personnel, afin de régler les affaires qu’il avait sur place. Ce fut l’œuvre de quelques heures, ce qui le libéra à temps pour la consultation avec le Docteur Devern.

    Aeron accepta le salut de la noble, et hocha poliment la tête en retour.

    « Je suis également ravi de vous revoir, Docteur Devern. Tout s’est effectivement bien passé, et je devrais être dans de bonnes conditions, je suppose, pour recevoir votre aide. Concernant le service, il n’a à mes yeux bien évidemment pas posé problème. Si nous devions à nouveau procéder à un échange à l’avenir, j’ose espérer que ce sera dans la même veine. »

    Le jeune homme croqua du bout des lèvres dans une viennoiserie, par politesse, et prit une gorgée de thé, savoureux, et tâcha de se placer dans un état compatible avec ce qui était demandé de lui. Puis il plaça sa main dans celle de Vesper, et prit une grande inspiration, les yeux dans le vague.

    « Lors de l’exploration de la Tour Sombre, mon équipe et moi-même avons été téléporté à l’intérieur, comme tout le monde. Mais j’ai été séparé des autres. J’ai passé plusieurs mois dans la nature, seul, dans un état second. »

    Le souvenir de cette période était plutôt flou, il devait bien l’avouer. Le Prince avait probablement ajouté des éléments, des fragments de rêves, d’imagination. Ou peut-être tout avait-il réellement eu lieu.

    « Il m’était impossible de me rapprocher de toute habitation humaine, et j’étais épuisé. A chaque fois que je sombrais dans le sommeil, je me réveillais ailleurs. Sans mon pouvoir, je n’aurais probablement jamais survécu. Mais l’épuisement s’est peu à peu dissipé, et j’ai pu revenir au Palais. »

    La malédiction avait été dure, cruelle. Il avait été esseulé en pleine nature pendant des semaines et des mois, incapable de ne serait-ce que parler à un autre être humain.

    « J’ai cru que toute cette mésaventure était derrière moi, à mon retour à la maison. »

    Perceptiblement, ses avant-bras se couvrirent de chair de poule, et il ferma les yeux, sans parvenir à cacher le léger trémolo dans sa voix.

    « Une nuit, suite à un cauchemar étrange, dans lequel des habitants d’Aryon se faisaient emporter par des tentacules d’ombres, j’ai disparu à nouveau. Mais cette fois, j’étais dans une grotte, dans l’obscurité. Seul, à nouveau, évidemment. »

    Il frissonna visiblement, ouvrit les yeux pour s’échapper du souvenir, et attrapa d’une main sa tasse maintenant tiédie pour s’humecter la gorge et faire passer la boule qui y avait élu domicile. Il n’y avait plus que lui, ses pensées, et le contact froid des mains de la psychologue, qu’il serre doucement, voulant se débarrasser de ce qui le hantait si terriblement depuis son retour.

    « J’ai finalement été… exhumé et rappatrié au palais. »

    Aeron évoqua davantage ses terreurs nocturnes, le danger qui semblait le guetter en permanence, les mauvais rêves qui hantaient ses trop rares heures de sommeil. Et, comme les nuages après un orage d’été, la chape de plomb qui le surplombait sembla s’effilocher, pour laisser passer les rayons du soleil. Au bout de quelques minutes, il prit une profonde inspiration, qui lui sembla bien plus profonde que toutes celles qu’il avait prises ces derniers mois. Comme s’il avait retenu son souffle tout ce temps, pour ne pas attirer l’attention sur lui, que l’ombre ne revienne pas le traquer et le torturer.

    Il examina son corps, plus faible mais également plus léger, sa peau dans laquelle il lui avait semblé flotter si longtemps mais qui lui allait maintenant comme un gant. Il retourna à son travail, et les points qui le bloquaient lui semblaient enfin plus clairs.

    Finalement, il tourna prudemment le fil de pensées vers l’écheveau de sa terreur, et n’y trouva que la connaissance froide de ce qui lui était arrivé, et, sous la cendre de ses peurs perdues, les braises de la colère, de l’envie de savoir, de comprendre, sans la panique reptilienne et débilitante du danger.

    Il se sentit un peu creux, et un peu vide. Mais la nature n’avait pas pour habitude de ne pas combler les trous. Il adressa un sourire radieux à la psychologue, le premier véritable depuis son retour.

    « Docteur Devern. Vous n’avez pas idée… ou peut-être que si, justement, du poids que vous venez de m’ôter. »
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    Re: L'étau de la délivrance
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