▬ Non, non, non ! Ca sonne horrible !
▬ Mais non. T'as juste le trac.
Emportée par ses nerfs, Java met une droite à son clone. Cette dernière encaisse le coup et recule de quelques pas, avec un sourire amusé. Ce qui énerve encore plus Java. Elle lève la main pour la frapper de nouveau, mais se retient. Ca l'amuse, cette saleté ?! Bon, oui, si elle était à sa place, ça l'amuserait aussi, de se voir comme ça. Et on a déjà couvert le sujet de la violence de Java sur Java. Elle finit par pousser un cri de frustration dirigé vers le ciel, noyé sous les branches millénaires des arbres qui portent le village.
Quelques heures plus tard, c'est l'heure du discours officiel.
Tout le programme est mélangé dans sa tête. Est-ce qu'elle doit parler en premier ou est-ce que c'est le capitaine Gadoue qui fera les honneurs ? Le crieur de la ville est censé avoir prévenu les habitants et les voyageurs qu'il y aurait une annonce des Belluaires devant la caserne. Java inspire un grand coup. Quand faut y aller, faut y aller. La plupart des visages sous ses yeux l'avaient déjà vue, elle ou un autre exemplaire, dans toutes sortes de situations, cocasses ou sérieuses.
Elle entame son discours d'un ton solennel.
▬ Heu... Salut ?
Un ton solennel, on a dit. Elle s'éclaircit la gorge et reprend.
▬ Civils, Belluaires. Certains d'entre vous me connaissent déjà, et d'autres – bah, d'autres non, du coup. Je suis Java Anggun, à votre service dans la garde du royaume depuis 988. Nous vous avons réuni aujourd'hui pour.
Pour ?
▬ Pooouur...
Oh non. Elle a oublié la suite. On ne panique pas, on passe au plan de secours, c'est pas grave. Allez Java, tu peux le faire.
▬ Ahem. M'en voulez pas, j'suis pas douée pour les blabla tout soignés, mais j'y travaille. J'vais la faire court, efficace, et comme ça je perdrai personne en chemin, compris ? C'est la merde dans la forêt, et l'capitaine m'a invité à rejoindre les rangs des Belluaires pour aider à vous protéger. Il s'passe des trucs pas terribles, mais je ferai tout ce que je peux pour sauver vos culottes... Façon de parler. Maintenant, vous m'avez moi, et j'vous jure que ça va secouer les cocotiers ! Y a des cocotiers ici ? Non, c'est plutôt des feuillus dans ce coin...
C'est... pas vraiment ce qu'elle avait écrit, mais ça fait l'affaire, disons. Elle reprend sa tirade en se montrant du pouce et en clamant haut et fort :
▬ Retenez bien Java Anggun, la nouvelle lieutenant du Village Perché ! Je vais diriger la division des Tsi'lys, et pis on va retourner tous les arbres jusqu'à ce qu'on aie dégagé tous les vils félons qui nous cherchent des noises ! Et pis même qu'on mettra le reste en prison ! Parce que les Belluaires se battent pour vous ! ET PIS VOILA !
Fière de son discours, les poings sur les hanches, elle bombe le torse. De son point de vue, tout est dit. Reste à voir comment les autres accueilleront ce nouveau personnage haut en couleur dans leurs rangs... Vous remarquerez qu'elle avait quand même eu la miséricorde de faire son discours toute seule. Dans son plan initial, elle voulait parler en chœur avec tous ses clones.
Finalement, c'est pas plus mal qu'elle ait dérivé du brouillon qu'elle avait préparé, non ?
HRP • Java fait son petit discours pour se présenter au Village Perché, que Magnus viendra compléter à son tour plus tard. Ils ont fait en sorte de réunir en priorité les gardes (normal) mais les civils ont aussi été conviés, donc le rp est libre pour laisser les habitants et autres gugusses de passage réagir, peu importe leur groupe !
Mais heureusement, ce jour-là, Java le rejoignait. Enfin, après tant de temps à l’attendre, elle acceptait son poste de Lieutenant.
La foule s’était massée là, et lui, droit comme un piquet à proximité d’elle sur l’estrade, s’efforça de rester silencieux tout du long de son discours qui semblait partir dans tous les sens. Le colosse se retint de rire, car de toute évidence Java n’était pas faite pour s’exprimer en public. Elle était clairement faite du même bois que lui : incapable de respecter l’étiquette et avec une diction digne des plus gros pécores du coin. Un combo que l’on ne s’attendait pas à voir chez un Capitaine ou une Lieutenant.
Une fois qu’elle eut fini, il décida de prendre la parole pour clarifier quelques sujets, et surtout pour rattraper les quelques bourdes qu’elle avait fait :
« Bonjour à toutes et tous ! Je m’permets de prendre la suite à Java, qui sera, comme vous l’avez compris, Lieutenant parmi nous dès aujourd’hui. Elle sera en charge de la division des Tsi’Lys, et s’occupera donc assez peu du Village en lui-même. Ses attributions, ça sera principalement la sécurité dans les terres, quoi. Vous l’avez compris, elle me ressemble beaucoup : bourrue, pas douée pour les discours – même si j’dois dire que j’me suis bien amélioré avec le temps – mais surtout très efficace. Si Java nous rejoint directement en tant que Lieutenant, c’est que je sais qu’elle est ce dont on a besoin ici. »
Il s’éclaircit la gorge et tourna la tête vers Java, histoire de lui faire un petit signe de tête amical, avant de tourner son attention à nouveau vers la foule.
« J’tiens à vous rassurer : contrairement à c’qu’a affirmé Java, il n’y a pas tant de grabuge que ça, ok ? Vous l’savez bien évidemment, nous faisons face à plusieurs meurtres et attaques qui semblent être liés, car les modes opératoires se ressemblent beaucoup. Mais ce n’est pas pour autant que vous n’êtes pas en sécurité. On a bientôt mis l’grappin sur ces chenapans, et la présence de Java est justement un renfort de taille pour appréhender les personnes derrière tout ça. Donc pas d’inquiétude, tout ça sera bientôt terminé ! »
Des murmures parcoururent la foule, et Magnus leva les mains pour demander le silence. Il reprit.
« De même, on ne va PAS retourner tous les arbres. Java exagérait juste un peu sur le sujet, pour faire bien comprendre qu’on va tout donner pour la sécurité de toutes et tous ! Merci pour votre attention ! »
Il fit un pas en arrière et chuchota, suffisamment bas pour que seule Java puisse l’entendre :
« La prochaine fois évite de dire en place publique que c’est la merde au Village, notre rôle c’est aussi d’pas créer la panique, l’amie. Mais t’en fais pas, on en rediscutera tranquillement. »
C’est fou, tu la voyais autrement et même temps ce n’est pas une surprise. Enfin si. Un peu. Beaucoup. C’est étrange. Est-ce qu’Ombre t’a mise ici en sachant que ça serait elle qui viendrait ici ? Est-ce que c’était une récompense ou au contraire une punition ? Est-ce que c’était un coup des Astres ? Tu n’en sais rien, tout ce qui est clair c’est qu’elle ressemble à ses descriptions à lui.
C’est autant physique que mental, il n’y a que le prénom qui n’ai pas exactement identique. Seulement ça aussi ce n’est pas une preuve que ce n’est pas la bonne personne. Peut-être que le nom qu’utilisait ton frère était un nom de code entre eux, une façon de se faire des sobriquets de camaraderie. Tu n’en sais rien, parce que cela il n’a pas pris le temps de te le raconter.
Pourtant il t’en a raconté des choses Polycaon. Beaucoup, mais pas exactement qui elle était pour lui ou pas avec des mots clairs. Est-ce qu’elle était une amante pour lui ? Ou autre chose ? Pourquoi est-ce qu’on doit te renvoyer ton deuil en plein dans la face ainsi ? Voilà une raison de plus qui fait que tu aurais préféré être à la royale qu’ici. Tu aurais vraiment préféré ? Tu n’aimes pas tes moments avec les Belluaires ? Ils ne sont pas bien ?
Même pour cela tu n’as pas vraiment de réponse claire, parce qu’au final, ici, ce n’est pas si mal. Ça te manquera certainement quand tu partiras. Parce que même si tu ne finis pas à la royale tu ne resteras pas ici pour toujours. Il y a un moment ou un autre où le reste de tes obligations te poussera ailleurs. Il est plus simple de ne pas s’attacher trop ici, cela fera moins mal plus tard.
Alors tu ricanes face aux mots maladroits de Java, secoue la tête un peu dépitée en voyant de comment Magnus tente de remettre de l’ordre dans le discours fait et prépare un rapport, pour plus tard. Pas sur que cela servent beaucoup les espions de savoir que la nouveau Lieutenant a un peu trop de motivation pour ses futures fonctions, mais bon, visiblement il y a des gens qui souhaitent vraiment faire quelque chose pour les histoires de meurtre dans le coin.
Au final, tu as peut-être un bon capitaine pour choisir des personnes franches pour l’épauler. Surement même, mais tu préfères prendre un verre et fixer le duo comique, te dire qu’ils ne sont que cela, c’est mieux. C’est plus simple. Pourtant, tu le sais que tu voudras tes réponses.
Est-ce que c’est vraiment mal de t’attacher au Village perché au final ?
▬ J'vais rattraper le truc, chef. J'voulais juste qu'ils voient que j'suis pas une menteuse.
Elle lui fait un pouce en l'air, puis agite les bras pour attirer à nouveau l'attention sur elle.
▬ Hé, les amis ! C'est re-moi. J'ai pas tout dit !
Les gens se regardent, pas sûrs de vouloir entendre la suite. Est-ce qu'elle va leur faire un topo sur les monstres en bas de leurs maisons, maintenant ? Non, elle fait la roue. Est-ce que c'est vraiment mieux ? Et maintenant, elle s'incline pour poser la main sur le sol avec cérémonie. Trois Java apparaissent, et font des pirouettes pour disparaître dans la caserne derrière elle. La première reprend la parole.
▬ Pas mal, hein ? Et elles reviendront pas les mains vides. Je me suis dit qu'il fallait marquer le coup, et comme j'ai l'habitude de cuisiner en grande quantité pour toutes les nourrir...
Elle pointe derrière elle du pouce, pour indiquer qu'elle parle de ses clones.
▬ J'ai fait du gâteau pour tout le régiment ! Et pour les autres aussi, bien sûr. Y en a qui sont au miel, d'autres avec des fruits confits, au chocolat aussi.. bref, j'ai essayé d'en faire pour tous les goûts.
Et effectivement, une clone arrive en portant une table au dessus de la tête, qu'elle fait sortir comme elle peut du bâtiment pour la poser au sol. En revoyant la taille de la table, Java se dit qu'elle avait peut-être vu les choses un peu trop en grand, mais elle change vite d'avis en voyant les gâteaux arriver et être disposés un à uns. Elle rejoindra ensuite ses trois clones pour les aider à porter deux tonneaux d'hydromel, histoire d'être sûre que le précieux liquide ne se perde pas, puis les chargera ensuite de faire un feu (oui, là, tout de suite, dans la cour) pour pouvoir servir du thé tout frais aux curieux.
▬ Bon appétit tout le monde ! Vous inquiétez pas pour la vaisselle, ce sera pas un problème. La magie des clones, tout ça.
Toute contente de son plan secret « gâteaux pour tous », elle revient joyeusement auprès de Magnus en lui offrant une chope d'hydromel et une moitié de cake aux fruits.
▬ Tiens chef, tu m'en diras des nouvelles !
Au moins, il ne pourra pas lui dire qu'elle n'aura pas adouci l'ambiance, avec tout ce sucre.
C’était jour de festivités chez les Belluaires, un nouveau Lieutenant était nommé. La Garde Mavrocordato m’en avait parlé lors de notre dernière mission. Quand j’ai vu l’annonce et que finalement la présence d’un officier de la Capitale était préférable, j’ai décidé d’y aller. De toute façon, je ne vois pas Swan y aller car je cite “ Allez chez les fous, non merci “. Je pense que les Belluaires méritent d’être connu surtout que j’ai trouvé de nombreuses fois avec eux quand j’étais au Blizzard mis aussi avec le Myrmidon.
J’avais pris ma tenue habituelle de combat, une armure qui me correspondait bien ainsi que mes deux familiers. Pas besoin d’Hamlet pour nous balader, j’allais prendre le téléporteur puis marcher au sein du Village. Une fois sur place, je trouve très facilement où se trouve les festivités. Me présentant devant le portail, je finis par entrer et arrive un peu avant le discours du nouveau officier. Me calant dans un coin, je note mentalement ses mots et je vois que cette femme avait un bon dynamisme. Son franc-parler va sûrement lui faire défaut quelques fois mais le Colosse arrangera les choses comme toujours. Il a toujours ainsi avec ses hommes. Le patriarche qui veille au grain. Ils connaissaient ses troupes et il savait les calmer. Bien différent du commandant ou autre Capitaine du Royaume. Je n’avais jamais travaillé avec lui mais j'ai entendu de nombreux bruits, comme toujours.
C’est alors qu’une voix familière m’interpelle. Le Sergent Elmex, le supérieur de Xylia.
- Oh, lieutenant. Vous ici.
- Je n’allais pas rater ça. Comment allez-vous ?
- Bien, juste j’ai un mauvais pressentiment. Autant de Belluaires dans le coin, ça va finir en catastrophe. Regardez Anggun.
- Je dirais qu’elle a beaucoup d’énergie.
- Elle a failli créer la panique.
- Je pense qu’elle disait ce qu’elle avait sur le corps. C’est la dure vérité, ils se passent des choses étranges en forêt et un lieutenant qui n’a pas peur de le dire tout haut, c’est bien aussi.
- Vous êtes toujours aussi optimiste ?
- Lucy me montre la voie. Non, il faut profiter de l’instant présent puis elle n’a rien fait de mal. J’aimerai bien faire équipe avec elle, un jour. Un petit combat amical !
- Lieutenant, vous ne connaissez pas son pouvoir… sinon vous ne diriez pas ça.
- Il est si terrible que ça ?
- Non mais vous verrez bien un jour. Vos routes finiront par se croiser. Vous avez croisé la petite ?
- Non pas encore. Je venais surtout pour montrer que la garde de la Capitale était présente. Elle est dans les parages ?
- Bien sûr, toujours là pour les bons coups. Non enfin je rigole mais mon unité était revenue pour l’occasion.
- Je vois. Je vais voir si je la trouve mais avant racontez moi ses derniers exploits !
- Ahahaha, vous avez un peu de temps ? Ca risque d’être long, avec elle, on ne s’ennuie jamais !
Nous rigolons tous les deux et le sergent s’amuse à me raconter ses dernières missions. Effectivement, elle était restée comme telle, il note tout de fois ses efforts mais c’était qu’une question de temps. Elle progresse de jour en jour et tant mieux !
Intrigué, Calixte suivit le mouvement de foule qui se rapprochait avec curiosité des mets présentés par les clones – et n’était-ce pas là un pouvoir intrigant ? – de la jeune femme. Pas tout à fait certain des talents culinaires de celle qui venait de proposer un effort de déforestation au cœur de la Grande Forêt, le coursier se contenta d’accepter contre un sourire une tasse de thé au parfum fleuri. Avant de se remettre en quête de sa jeune amie. A côté de lui, Kaname avait choisi de conserver sa taille usuelle pour éviter de se faire écraser par les jambes distraites des gardes et civils alentours, mais semblait être gênée par l’animation pour se mouvoir tout à fait confortablement. Se dressant sur ses pattes arrières, elle lui dressa un topo des têtes remarquables ainsi visibles à ses yeux.
Grand bonhomme tout carré avec nuage blanc autours tête.
Ça te parait ressembler à Xylia ?
Non. Mais a l’air gentil. Lui gentil avec dame qui veut couper arbres. Et gentil avec gens qui ont peur que dame coupe tous les arbres.
Oui, mais on va le laisser tranquille. Quoi d’autre ?
Dame qui veut couper arbres est à plusieurs endroits. Elle trop mangé ?
Certainement. Tu trouves Xylia ?
Soldats bizarres mi Cal mi Kana.
Heu… quoi ?
Mi comme Cal, mi comme Kana.
Des hybrides ? Oui, il y en a quelques-uns ici. Je crois même qu’il y a un gradé hybride glouton pourpre.
Quoi glouton pourpre ?
Une créature qu’il vaut mieux ne pas croiser. Trouves-tu Xylia ?
Pas trouver Lia. Trouver Apolline avec dame qui aime pas arbres.
- Comment ça Apolline ? s’écria Calixte en cherchant désespérément autour de lui.
Tâtant automatiquement les poches de ses vêtements comme de son sac, il chercha en vain la forme arrondie de la trousse de cuir. Dérangé dans son sommeil, Vreneli lui envoya une décharge bien sentie et l’espion sursauta. Grimaçant, il se haussa sur la pointe des pieds et avisa l’endroit que Kaname regardait avait insistance. Où, effectivement, entre les corps déambulant des curieux, les gâteaux rapidement engloutis et les boites de thé, l’âme artificielle s’adressait de sa voix enthousiaste aux Java Anggun présentes. D’où il était, l’espion n’arrivait pas à saisir les propos d’Apolline, mais nul doute qu’elle cherchait, une nouvelle fois, quelques anecdotes croustillantes pour ses romans. Ou qu’elle draguait la lieutenante. Et ses clones. Ou les deux.
Kana trouver Lia ! lui indiqua la loutre géante alors qu’il allait amorcer un mouvement pour aller récupérer sa trousse irrévérencieuse.
Partagé, le coursier jeta un coup d’œil au lieu indiqué par son familier. Et, effectivement, son regard ambré tomba sur la silhouette de sa jeune amie. Hésitant entre la décence et l’appel des sentiments filiaux, Calixte finit par trancher en faveur de ces derniers. Apolline ne l’avait jamais écouté, et ça n’était certainement pas à cette occasion qu’elle commencerait à le faire. Au pire, l’étonnante lieutenante ne ferait probablement que l’enterrer à l’emplacement de l’un des arbres qu’elle avait déracinés, non ?
Fendant l’attroupement en compagnie de Kaname, l’espion se dirigea vers la nouvelle Belluaire avec un sourire.
- Xyliaaaaa ! appela-t-il d’un ton joyeux.
Pourtant est-ce que cela est un mal d’avoir parlé franchement aux gens du village ? Tu hausses les épaules et vas prendre une part de gâteaux avant de t’éloigner du plat avant que d’autres vautours se jettent dessus, cela ne manque pas, mais tu as été tout de même la première à tes servir, même si tu ne manges pas tout de suite.
Il y a une chevelure un peu trop bien connue de ton regard qui passe dans ta vision. Calixte ? Non ? Qu’est-ce qu’il ferait là ? Est-ce qu’il y a un souci ou bien juste un coup des Astres pour vous réunir ? Ton cœur a un sursaut si familier de l’amourette d’adolescente qui voit son coup de cœur et s’en réjouit. Ce n’est pas une surprise pour toi, cela passera, tu le sais bien. Il est ton grand-frère dans ta nouvelle famille et l’inceste c’est mal. Puis, est-ce qu’une histoire peut vraiment durer entre deux espions sans finir forcément mal ? Tu en doutes et préfères laisser le temps effacer cette passion adolescente.
Pourtant, sans aucune hésitation et un sourire franc au visage tu finis dans ces bras pour un câlin sauvage quand il arrive vers toi. Toute ton affection et joie de la revoir est réel et c’est une des autres raisons que cela va te manquer de ne plus être dans la civile comme couverture pour aller voir d’un bout à l’autre du pays pour voir ta famille, presque quand cela te chante. Presque parce que le devoir passe avant tout.
— Calixte, ça fait tellement plaisir de te voir ! Pourquoi tu n’as pas prévenu que tu venais ? C’est pour la livraison des livres que m’a promis Apollinaire ? Elle m’a promis des lectures croustillantes la dernière fois, mais je n’ai encore rien eu.
C’est vrai en plus, tu n’as encore rien eu de ce qu’elle t’a promis, comme si on avait mis du temps pour cette livraison. Pourtant tu aimerais bien avoir des exemplaires et savoir de pourquoi Calixte ne souhaitait pas que tu en entendes parler la dernière fois et de comment les magasines de la dernière fois aidait pour la rédaction, même si tu t’en doutes plus que bien.
Te tournant vers Kaname ensuite, tu relâches l’étreinte sur l’homme pour prendre la loutre géante dans un simili de câline aussi. Lui prenant le cou et gratouillant doucement derrière ces oreilles avec attention.
— Tu es si belle Kaname et si douce. Tu m’as manqué, en plus je n’ai pas eu ma revanche pour la bataille d’eau de la dernière fois. Il faut s’en refaire une !
Elle se tourne à nouveau la tête vers Calixte, cette fois sans lâcher Kaname.
— Tu aurais le temps aujourd’hui ? Genre maintenant ? Les gens stresse un peu un peu de jeu les aiderait à détendre leurs sous-vêtements, je pense. Encore plus après le souci de trafic qu’il y a eu avec.
- Jusqu’à il y a quelques minutes je ne pensais pas assister au discours de la nouvelle lieutenante des Belluaires, avoua-t-il en rigolant. Mon passage aurait dû n’être qu’épisodique, et avoir eu lieu il y a quelques jours. Sauf que…
Il indiqua d’un geste vague sa cheville se remettant doucement mais sûrement suite aux soins bienveillants de Lyra.
- Un petit accident m’a laissé pensionnaire chez une adorable herboriste, avec des congés improvisés. Peut-être as-tu entendu parler d’elle, bien qu’elle soit discrète, sa boutique est un bon point pour refaire ses stocks : Lyra Whelan. Elle passe aussi de temps à autres sur la Capitale ; à l’occasion je pense qu’elle ira rencontrer Luz. Encore une soigneuse en devenir, ajouta-t-il à titre d’explication.
Son regard effectua un aller-retour vers la table où les victuailles avaient été disposées, cherchant instinctivement la silhouette d’Apolline. Il ne la trouva pas, mais par-dessus les conversations alentours il lui sembla percevoir le timbre enthousiasme de la trousse qui demandait à la nouvelle lieutenante à quel point elle avait exploré l’étendu des possibles avec ses clones.
- Oui, heu. On verra pour les livres d’Apolline. Ça a dû lui échapper. Ou m’échapper. Tu es vraiment sûre de vouloir de ce type de lecture ? poursuivit-il d’un ton presqu’implorant.
S’il était tout à fait conscient du fait que Xylia n’était plus une enfant et avait appris, comme lui-même auparavant, à jouer de ses charmes pour des besoins personnels comme professionnels, l’espion ne pouvait s’empêcher de croire en la candeur de celle qu’il considérait comme sa petite sœur sur ce sujet. Assurément les écrits de son âme artificielle ne lui étaient pas appropriés. Surtout alors que la trousse se targuait de puiser son inspiration dans l’entourage direct du coursier.
- Ils sont à la Volière des Dragons, si tu veux absolument mettre la main dessus, poursuivit-il dans un soupir.
Bien qu’il eût développé un sens de la protection tout à fait inadapté pour la jeune fille, il était surtout incapable de lui résister bien longtemps. Si elle lui avait demandé de l’aider à saupoudrer toute la literie des Belluaires de poil à gratter, sans doute l’aurait-il fait sans une once d’hésitation.
Lia manquer aussi ! s’exclama Kaname toute heureuse de l’attention qu’on lui prêtait, se coulant avec joie sous les doigts de l’espionne.
- Maintenant ? Oui, répondit Calixte un peu perplexe.
A la vérité il commençait à presser qu’il reprît le chemin du Bastion, mais comme mentionné plus tôt il avait tendance à céder facilement aux désirs de Xylia. Et encore plus rapidement à sa propre curiosité.
- Un trafic de sous-vêtements ? releva-t-il en rigolant. Moi qui pensais que le sud avait touché le fond avec notre assignation pour retrouver le peigne du Capitaine Al Rakija, mais visiblement chacun sa dose de missions improbables. Qu’est-ce que tu oh… grimaça-t-il alors que la loutre géante se déplaçait pour mieux profiter des caresses de la jeune fille, dévoilant un peu plus loin la silhouette de la lieutenante Alnilnam.
Si le coursier gardait un bon souvenir de leur dernière rencontre, il n’était pas certain que celui-ci fut partagé. Et ne tenait pas forcément à tenter Lucy. Le temps de quelques secondes, il essaya de trouver une position soustrayant leur supérieure hiérarchique à sa vue – et donc inversement – puis, lorsqu’il fut évident qu’il lui aurait fallu demander à toute la petite foule présente entre eux de se décaler pour parvenir à ses fins, il abandonna cette stratégie.
- Peut-être pourrais-tu m’expliquer ce que tu as en tête en… marchant ? proposa-t-il à Xylia qui observait son maladroit manège. Je ne suis pas certain que la lieutenante Alnilnam ait très envie de me revoir, expliqua-t-il d’un ton embarrassé. Il n’est pas improbable que je me sois un peu loupé lors de notre dernière mission conjointe. Et que je l’ai assommée. Avant de lui tomber dessus. Dans une position un tout petit peu compromettante. Où as-tu eu ta part de gâteau ? Il y en a peut-être pour les loutres, poursuivit-il en passant son bras autours de celui de son amie pour la tirer un peu plus loin.
- En tout cas, si vous pouvez lui dire quelques mots, ça m’arrangerait !
On avait parlé un peu de temps. Les difficultés d’être officier, comment étaient nos jeunes recrues et surtout on a parlé de Xylia. Ce nom venait souvent et lui comme moi, nous aimions bien cette petite. C’est alors que j’aperçois la silhouette de la jeune femme ainsi qu’une loutre géante. Curieuse plus que nécessaire, je finis par dire le fond de mes pensées.
- Elle s’est acheté une loutre géante ?
- Non, du tout. C’est celle de son ami. C’est un coursier du Grand-Port, on le voit quelquefois. Vous le connaissez ?
- Euh oui...
Je me rappelle alors de cette mission totalement ridicule pour cette ministre mais je crois que ce n’était pas ça le pire. C’était ce moment, dans l’herbe où cet homme avait fini contre moi. Le plus marrant enfin pour les autres pas pour moi, ses rumeurs. Cette aventurière avait crié tout haut que je batifolais avec un garde dans les hautes herbes proches des remparts. Mais le pire n’était pas là c’est qu’il m’avait assommé ou que sais-je, m'avait aidé à me soulever ce que les yeux aguerris de mes hommes n’ont pas su manqué. Alors soit il était atrocement maladroit soit il m’en voulait. Je n’ai jamais su le pourquoi du comment mais quand je vois proche de la belluaire, je pense sur la première solution. Je voulais connaître leur lien, si il n’essayait pas de la manipuler, la mettre dans sa poche en la séduisant avec son petit sourire et son air de blondinet.
- Lieutenant ?
Je sors de mes songes lorsque le sergent m’interpelle. Je fabule, je ne vois que ça mais Elmex en décide autrement quand il voit la loutre s’agiter un peu trop.
- Hey, faites attention avec cette monture. Elle va tout nous casser !
Je sentis le regard de Xylia sur son supérieur. Je pense que d’ici, je pouvais deviner ses paroles et pour éviter une énième dispute entre les deux personnages. Je m’approche derrière l’homme et pose ma main sur son épaule.
- Elle m’a l’air très bien élevé cette loutre.
Je place ma main sur le sommet de son crâne et lui donne quelques caresses. Je me tourne vers le couple improbable. Lançant un regard à l’un et l’autre.
- Garde Mavrocordato et Garde… Alkh’Heir, je crois.
Je sais que c’était quelque chose qui ressemblait à ça mais j’avoue que je me rappelle surtout de son visage proche de mien et rien d’autre. Il faut dire qu’il a été mon contact physique le plus intime depuis plus d’un an et même plus encore… alors oui, je fais au moins l’effort de m’en souvenir…
- Comment s’appelle ce petit monstre ?
Je sentis mes familiers s’approcher. Ils étaient dans un coin depuis le début, ne voulant pas déranger mais la perspective de se faire un nouvel ami était plus fort. Je donne un ordre télépathique à Lucy de ne pas faire la brute mais elle se montre calme et s’assoit près de moi avec Loki de l’autre côté. Tous deux m’entouraient, tels mes gardiens.
- Voici Loki et elle Lucy !
Trop contente de retrouver Xylia, elle finit par s’approcher d’elle pour quelques caresses pour ensuite renifler la loutre. Les deux familiers avait la même taille sauf que le catosorus était plus massif, plus robuste. Une digne monture des montagnes.
- Elle n’est pas méchante, juste un peu jeune.
Loki regardait le spectacle, désintéressé. Il était là car Lucy voulait certainement jouer à son plus grand désespoir.
- Sergent ! Venez vite. On a besoin de vous au poste Platane.
- Je ne peux pas prendre ma soirée sans que vous ayez besoin de moi. Bande d’incapables.
- Mais…
- J’arrive, j’arrive. Bonne soirée, les jeunes, Lieutenant.
Je vois Elmex s’enfuir à toute vitesse en jurant. Le pauvre, lui qui souhaitait être tranquille me voilà avec ses deux-là. J’avais le sentiment de gêner plus qu’autre chose. Ne sachant pas quoi dire, je sors la première phrase bateau qui me sort par la tête.
- Comment allez-vous depuis la dernière fois ?
Au moins, c’est valable pour les deux...
Mais du coup... Elle tient précieusement la trousse ronde dans ses mains, et la regarde attentivement. Ca ne règle pas son problème. C'est à dire : qu'est-ce qu'elle est censée répondre à une âme artificielle qui lui pose des questions salaces ? Une part d'elle a envie de lui faire la morale, et de lui rappeler qu'elle est lieutenant, donc qu'elle a une image à maintenir, même auprès d'une trousse !
L'autre part d'elle, en revanche...
▬ Le maximum ? Oh, on devait bien être douze. Sept moi, trois bonnes femmes et deux bonhommes. Bon, l'inconvénient, quand on est tout plein, c'est qu'on existe pas bien longtemps. Mais j'peux t'assurer qu'on donne tout c'qu'on a quand même, héhé !
… Quoi ? C'est difficile, de résister à la tentation de la vantardise, surtout quand on tient un interlocuteur compréhensif. Et puis, c'était une façon comme une autre de parler de ses talents, non ? Ses talents d'acrobate, son endurance, sa force brute... La vraie Java n'allait pas lui en vouloir pour si peu, quand même ! Si ?
▬ Aussi souvent qu'on me le demande, tant que j'ai assez d'énergie. Rien qu'une seule Java, c'est déjà un plat de luxe, eh ! T'as vu mes biscottos ? Ca m'sert pour taper les méchants, mais aussi pour m'taper les bonnasses ! Hein ? Ouais, carrément, les beaux mecs aussi !
Nooon, elle n'était pas du tout en train de se laisser aller. Son comportement était tout à fait approprié et personne n'aurait honte en récupérant ses souvenirs. Finalement, cette Java semblait bien s'entendre avec sa nouvelle interlocutrice – laissons-les à leur discussion grivoise pour nous concentrer sur une autre un peu plus raisonnable, oui ?
De l'autre côté de la cour, il y avait la Java qui s'occupait du thé. Enfin, c'était plutôt une occupation multitâche : elle surveillait son feu, et faisait infuser différents types de thés, de fleurs et de fruits séchés sous les yeux du public, pour les charmer avec les vapeurs gourmandes qui l'entouraient comme pour leur montrer qu'elle ne comptait empoisonner personne. Ce qu'elle n'avait pas prévu, en revanche, c'est qu'en plus de surveiller le feu pour que l'eau reste bouillante, elle allait devoir le protéger.
▬ Vous voulez pas aller dans la cuisine, plutôt ? On voit bien que c'est pas vous qui allez nettoyer après...
▬ Ben si. Je l'ai dit au tout début. T'as pas écouté ?
▬ Ranger le désordre que vous avez semé vous-même, c'est une chose, lieutenant. Mais le feu va laisser une trace de brûlé sur le sol de la cour !
▬ C'est pas grave, ça ! Ca fera une histoire à raconter aux jeunes recrues et ça partira avec le temps. On s'en fout, non ?
C'était bien le troisième ou le quatrième gugusse qui venait l'embêter avec des histoires de trace de brûlé. Si c'était un sol d'intérieur, elle aurait compris le souci esthétique ; et si c'était le sol de la forêt, le problème de sécurité. Mais là ? C'était juste chipoter pour du vide, alors qu'il y avait du délicieux thé à savourer !
▬ Encore un qui vient m'emmerder, et je leur foutrai juste un seau d'eau et ils se serviront tout seuls. C'est bien la peine de vouloir faire plaisir...
Grogne-t-elle pour elle-même en regardant son œuvre. Il faut croire que quand le sage montre le thé vert aux agrumes, l'imbécile regarde le feu en dessous. Hm... Pas fameux, comme aphorisme. C'est pas la trace de brûlé qui fait le moine ? Toujours pas. Pierre qui roule n'amasse pas de thé ? Non... Bon, au moins, ça lui faisait un sujet à méditer tout en servant les gens.
— Donne-moi une bonne raison de ne pas être venu me voir pour ta cheville et faire un soin aussi grossier ?
Tout soin, même bien fait sera toujours trop grossier à tes yeux. Surtout quand tu peux soigner la blessure par toi-même en beaucoup moins de temps et risque de complication. Tu le relâches et soupires faussement agacé par tout cela, croisant les bras sur ta poitrine comme pour montrer ton désaccord.
— Kaname, il ne faut pas suivre son exemple. Quand tu te blesses et que je suis dans le coin, il faut venir me voir. Si c’est lui aussi est blessé tu l’amènes me voir.
Si Calixte refuse de prendre soin de lui seul, son familier le fera peut-être pour lui. Tu as un doute sur cela, mais ça ne coute rien de tenter. Cessant la comédie un peu trop forte que tu reprends ton air plus enfantin et joueur.
— Bien entendu que je souhaite, c’est hilarant de le faire lire à d’autre ou même quelque plaisanterie, regarde une fois…
La voix de Bridget te coupe dans ton élan et tu te dis que ce n’est pas plus mal. Expliquer que tu as fait croire à un vieux pervers qu’une demoiselle souhaitait un rendez-vous avec lui, tout cela pour arriver à le faire sortir de sa petite zone de confort et récupéré les cadres magiques remplis d’image dévêtue de femme prise sans leur consentement n’étaient peut-être pas ce qu’elle souhaitait que sa nouveau mentor entende pour le coup. Même si l’intention était louable, la forme l’était beaucoup moins.
— Oh ! Bonjour lieutenant Alnilam, vous tombez bien, j’allais parler d’un merveilleux trafic interrompu, enfin deux, mais ça sera pour une prochaine fois du coup. On allait chercher une part de gâteaux pour Kaname, il en faudrait aussi pour Loki et Lucy non ? Il est bien bon, même si je suis tombé sur un morceau de coquille.
C’est faux, tu n’es pas tombé sur un morceau de coquille, mais tu tentes de noyer le poisson de manière un peu minable surtout. Puis, vraiment, même si c’était vrai un tout petit bout de coquille n’est pas bien important. Gratouillant toujours Kaname tu profites de son pelage pour signer à Calixte en même temps.
Concours t-shirt mouillé poireau bataille d’eau poireau faire partir peur poireau poireau poireau OK hameçon
Les gens avaient besoin de souffler un coup et il y avait une tension assez constante dans le village depuis le début des meurtres et recrudescent des crimes dans le coin. Comme si cela ne suffisait pas le discours de la nouvelle lieutenant a laisser un certain froid qui semblait avoir du mal à partir rapidement.
— Cela va bien, encore plus quand je revois des amis, même s’ils ne savent pas prendre soin d’eux même ou venir me voir pour cela. Et vous ? Je ne pensais pas vous voir aujourd’hui ! Est-ce que c’est Elmex qui vous fait du charme pour revenir ainsi ? Il est encore célibataire vous savez, vous avez toutes vos chances, je pense. C’est un pratiquant du culte de Lucy en plus.
Maintenant hameçon
Parce que parler c’est bien, jouer c’est tout de même mieux. Quoi que, peut-être attendre d’avoir nourris Kaname avant. Qu’est-ce que tu as hâte d’avoir ton propre familier pour le pomponner de ton côté !
Elle n’avait pas pris sa scribouilleuse avec elle, restée dans les sacoches transportées par Kaname, mais assurément se souviendrait-elle aisément de toutes ces précieuses informations livrées par la lieutenante « coupe-tronc » – et n’y avait-il pas là quelque chose de l’ordre du désir d’émasculation qui transparaissait en filigrane ? – pour les retranscrire dans son roman à venir. Puisqu’après tout, c’était bien cela l’objectif final. Et si les données obtenues étaient un peu modifiées ou extrapolées par sa mémoire déficiente… ou enthousiaste, qui comptait ?
- J’ai vu tes biscottos mais j’palperai bien tes plaquettes de chocolat aussi ! D’ailleurs z’ont pas l’air dégueu non plus celles du grand chef là-bas. Magnum. Il doit avoir un sacré bâtonnet choco-vanille entre les pattes ! T’es allée vérifier la marchandise ? Si on reste un p’tit moment avec Cal-bute j’irai lui rendre visite et j’te ferai un dessin du matos. C’est mieux de savoir de quoi les troupes sont composées. D’ailleurs c’est un peu la base du recrutement des Valkyries ; j’t’ai parlé de l’Etalon des Guerrières ? Un véritable documentaire !
Qui tenait certainement plus de la fiction, mais le contenu n’avait pas semblé choquer Solveig, donc à partir de là… Elle pouvait bien tenter une approche similaire auprès des Belluaires, non ?
- Je sais ! Je vais faire de toi l’héroïne – ou les héroïnes – de mon prochain bouquin ! Je vais déjà mettre Ly-bellule – ma promise – dedans, mais j’suis certaine que le peuple d’Aryon s’languit de tes exploits. Et ça, c’est moche. La langueur. Mais rien ne vaut un bon récit érotique pour remonter le moral des gens. Plus que d’arracher les arbres, crois-moi. Pour les plus petits – en âge pas en taille uhuhuh – j’ai aussi un livre d’éducation sexuelle… Tu pense quoi d’une section jeunesse ? Y a un marché à prendre non ? Genre éveil aux parties intimes… Un imagier du kamasutra…
Mais elle s’éloignait de son sujet principal, et pouvait voir l’attention de la lieutenante décliner – ou explorer quelques songes perturbants – au fil du déroulement de ses objectifs infantiles.
- Pour revenir à notre affaire, qu’est-ce que tu penses du titre « Belles lueurs au Village Perché » ? Ça manque un peu de peps non ? « Au naturel » ? Peut-être un peu court. « Où l’on fend le bois » ? « Débroussaillage aux Belles Lueurs » ? « Ce soir on mange Javanais » ?
Un jet d’eau coupa leur conversation, traversant vaillamment l’espace pour venir chatouiller la gorge de la lieutenante.
- Tu vois ça commence tôt ! s’exclama en riant Apolline, contemplant l’enfant d’une dizaine d’années, sourire aux lèvres, qui venait de verser le contenu de son verre sur la jeune femme.
- Lieutenante ! couina-t-il presque, avant d’adresser automatiquement un sourire à la catosorus qui avait bien grandi depuis la dernière fois où il l’avait vue. Bonjour Lucy ! Et… ?
Son regard s’arrêta sur le magnifique kitsune, visiblement plus impassible que les deux autres familiers présents. Kaname, jamais contre des caresses gratuites, oscillait sa tête de contentement sous les doigts de la soldate du Myrmidon – tout en profitant toujours de celles de Xylia – alors que son regard curieux passait de personne en personne. La légère trépignation de ses pattes indiquant son envie d’aller à la rencontre de tout le monde. Autres créatures incluses.
- Oui, Alkh’eir. Vous vous souvenez bien, grimaça presque l’espion. Et voici Kaname.
Apparemment Xylia, elle, avait bien moins de scrupules à franchir les limites comme profiter de l’occasion pour semer la zizanie. Pour tenter de raviver l’âme d’enfant, plus taquine et insouciante, des personnes présentes. Un temps, le coursier avisa la petite foule qui les entourait, les visages encore marqués par le doute et l’appréhension malgré les mains remplies de boissons et de victuailles. Au pire, que pouvait-il bien se passer ? Il n’était plus à cela près avec le lieutenant Calyx. Ni avec la lieutenante Alnilnam. Et, finalement, même si cela devait faire jaser, n’était-ce pas mieux que les commérages les prissent pour cible plutôt que de rester focalisés sur la lieutenante Anggun ?
De toute façon, il y avait bien peu de choses qu’il pouvait refuser à sa cadette. Surtout si c’était pour s’amuser.
OK stop bonne idée stop revanche manoir forteresse hameçon deux fois plus point si enfant adolescent stop trois si soldat stop cinq si lieutenante âne goût N ou myrmidon stop sept si moi pour toi et toi pour moi stop.
Tirant distraitement la langue à Xylia qui évoquait encore sa maladresse physique comme relationnelle, il se tourna vers Kaname tout en cherchant sans son sac sa gourde fontaine.
Kana tu vas pouvoir réutiliser ton manta pist’, indiqua-t-il à la loutre tout en cherchant du regard les potentielles sources d’eau à proximité.
Jouer ?
Oui. Quand je te dirais, tu pourras arroser Lia. Et la lieutenante Alnilnam. Tu fais attention à ne pas faire mal, et si la catosorus et le kitsune montrent les dents tu arrêtes. Ne laisse pas Vreneli s’impliquer.
Tandis que la loutre sortait son manta pist’ de ses sacoches, l’attention du coursier se reporta pleinement sur sa cadette et… elle était sérieusement en train d’essayer de caser la soldate Alnilnam ? Il y avait certainement là quelques histoires qu’il allait lui falloir récupérer de la jeune espionne pour comprendre tout le tableau. Un autre jour. Une bataille d’eau prochaine.
Maintenant !
Un jet d’eau partit de Kaname jusqu’à Xylia, et Calixte choisit de laisser temporairement la jeune espionne tranquille. Ils auraient largement le temps de se pourchasser l’un l’autre un peu plus tard. Une rasade de sa gourde atteignit cependant le torse de la lieutenante Alnilnam, et il prit la fuite vers le point d’eau qu’il avait repéré plus tôt. Arrosant au passage de manière presqu’aléatoire les personnes sur son chemin, il ne prêta qu’une attention distraite aux cris de surprise, amusés ou outrés, et hurla par-dessus la clameur :
- Bataille d’eau !
Sa gourde presque vide, il attrapa d’un geste décidé la barrique généreusement remplie qui servait visiblement de réservoir pour l’un des clones de la lieutenante Anggun, préposé au thé. Son objectif n’avait pas été celui-ci, mais sa maladresse se chargea pour lui d’engager les hostilités. Le mouvement brusque du récipient engendra une vague à la surface de l’eau, qui passa franchement par-dessus le rebord pour doucher la jeune femme et tout son service d’infusion. L’ambre croisa l’azure, et l’espion décida qu’il n’était plus à quelques impairs près :
- Plus de points pour ceux qui arrosent la nouvelle lieutenante !
Et sinon, il était à nouveau temps de fuir, non ?
C’est la jeune femme qui m’accueille avec joie lors de mon arrivée. Comme toujours, elle avait des centaines de péripéties à me raconter et elle serait capable certainement de me raconter toutes ses patrouilles de routine si on ne l’arrête pas. Je vois qu’elle a l’air heureuse dans ce régiment et ça fait quelque temps que je n’ai pas eu d’opération conjointe avec les Belluaires. Plus le temps passe et plus je m’en rends compte de la sympathie qui émane de ce régiment. On a qu’à voir cette fête et le caractère du nouveau lieutenant.
- Pourquoi pas pour le gâteau. Évitez juste de leur donner trop de bêtises de ce genre sinon ils vont finir par avoir le ventre qui touche par terre !
Les sucreries, c’est comme pour les humains, il ne fallait pas en abuser. D’ailleurs, ce n’était pas dans leur régime habituel donc je préférais éviter de pareils écarts mais pour une fois, je pouvais peut-être faire une exception. Quoi qu’il en soit, il y avait un certain malaise entre notre connaissance commune. Il faut dire que notre dernière rencontre n’avait pas fini sur les chapeaux de roues, bien au contraire, mais je me dis que si il était aussi proche qu’avec la Belluaire, c’est qu’il doit être un type bien. D’ailleurs, je ne comprenais pas vraiment ce qu’il faisait avec leurs mains mais je finis par jeter un coup d'œil à Lucy qui voulait absolument jouer avec la loutre. A prime abord, elles avaient l’air d’avoir le même gabarit ou le même âge. Je n’étais pas une spécialiste des loutres géantes mais leur impatience commune montrait une certaine jeunesse. Loki, quant à lui, était sérieux, beaucoup trop…
C’était Xylia qui me sort de ma rêverie en évoquant Elmex. Je lève un sourcil, essayant de comprendre comment d’une simple part de gâteau, on finit par parler de rendez-vous arrangé. La première réflexion aurait été de dire que ça ne la regarde pas mais ce n’était pas une manière de répondre. Je préfère choisir une solution plus diplomate.
- Non, je ne viens pas ici pour ça. Et même si cet homme est très sympathique, ce n’est pas forcément mon type...
Quel était mon type de toute façon ? Je n’ai jamais eu de relation sérieuse enfin si moi je le voulais mais elle n’a jamais duré guère longtemps. Puis mes fonctions ne me permettent pas tant que ça de temps libre. Il y avait cette sœur d’armes, cette noble de naissance qui avait réussi à faire chavirer un peu mon cœur. Malheureusement, sa famille lui a demandé de quitter l’armée pour retrouver les affaires familiales suite aux décès de ses parents. Nous étions d’un monde totalement différent, même encore je me demandais pourquoi elle s’était engagée. Elle m’avait répondu qu’elle souhaitait connaître le peuple, ses guerriers avant de finir derrière un bureau pour prendre la place de politicienne de sa mère. Puis il avait cet amour adolescent, vous savez quand vous avez quinze ans et vous avez votre première émotion… Ce garçon était un ami de longue date, un voisin qui a fini par partir loin dans le Sud pour une soi-disante bonne affaire avec la Guilde dans l’archipel. Je ne l’ai jamais revu, j’ai fini par croire que je lui avais fait peur… Non Elmex n’était pas mon type, je ne savais pas du tout si je voulais m’engager sentimentalement avec quelqu’un. Lucy finira, peut-être, à me mettre quelqu’un sur ma route mais pour l’instant, rien à l’horizon !
J’aurai plus épiloguer plus longtemps mais le mot “ Bataille d’eau “ arrive à mes oreilles. Le haut de mon armure est mouillée et j’essaye de trouver aussitôt le coupable. Je vois aussitôt la gourde du blondinet vide et je compris alors que c’était lui le fautif avant qu’il ne prenne la fuite. Je restais là, sans savoir quoi faire pendant que le coursier semble trouver une bonne source pour arroser tous ceux qui étaient à sa portée. La loutre s’amusait avec son Manta Pist’ pour arroser Lucy et Loki. J’entendis aussitôt un message de ma catosorus qui me demandait pourquoi elle n’avait pas un jouet pareil. Il faudrait que je lui achète une petite bêtise du genre alors tout à l’heure si elle reste sage… Mais là, c’était totalement autre chose car je la vois courir partout pour attraper une bassine dans les cuisines pour lancer l’eau ainsi que le contenant sur la pauvre petite loutre. Je pars aussitôt dans la direction de la loutre pour voir si ça va mais elle avait finit par lâcher le Manta Pist et Lucy l’avait attrapé à son tour. Je lui finis par l’arracher de sa gueule et la redonne à sa propriétaire.
- Lucy ! Ce n’est pas comme ça qu’on fait ! Puis on n’assome pas les gens avec les bassines. C’est l’eau qu’on jette d’accord !
Ces pupilles se dilatent, comme si elle avait compris ce que j’ai dis quand soudain, je me prends de nouveau un jet d’eau dans le cou. Je me tourne vivement pour voir la loutre, fière d’elle.
- Toi !
Mais Kaname finit par s’échapper pour retrouver son maître alors que Lucy arrive de nouveau dans ma direction avec un sceau qu’elle finit par me jeter dessus encore une fois.
- Lucy ! Va viser l’autre lieutenante !
Je pointe la femme et mon familier décide de tenter sa chance de nouveau. A voir si elle arrive mais quand à moi, j’ai une revanche à prendre et ça… je dois trouver l’arme idéale !
Du coin des yeux, tu vois très bien les personnes qui ne perdent pas le nord et qui tentent de sauver la nourriture en premier dans toute cette histoire de flotte. C’est pas forcément l’élément des locaux, mais visiblement, tout le monde sait parfaitement comment agir, plus ou moins, pour faire une bataille d’eau efficace. Il faudra, tout de même, faire attention aux articulations des personnes âgées, il serait dommage qu’elles finissent toutes à l’hôpital dans ce genre de situation. Tout comme la sortie des lieux ne devra pas se faire en bas d’un arbre suite à une chute à la suite d’une glissade non maitrise ou d’une tentative d’esquive mal réalisée. Une fois rentré chez eux avec les chaussures mouillées, hein, pas là tout de suite. Il faut réfléchir à ce genre de chose sur du long terme.
Lucy, le familier de Bridget, non la déesse, semblait vivre sa première bataille d’eau et avait encore des rudiments plus que basiques à apprendre. Cela te fit rire alors que tu arrosais une petite vielle qui semblait n’en avoir rien à faire de pouvoir chuter ou non dans tout cette histoire et s’amusait comme une enfant. Vraiment, pour détendre l’atmosphère c’était plus qu’efficace, même si, on ne va pas se le cacher, le discours de Magnus pour calmer tout le monde après les propos de Java avait été particulièrement efficaces. Un coup de pouce supplémentaire n’est jamais un mal. Du moment que tout le monde restait en bonne santé à la suite de cela. Et que tu nettoies les lieux ensuite. Parce que tu as bien vu le regard qu’Elmex t’a fait quand tu lui as mis de l’eau dans la tronche, tu n’échapperas pas au nettoyage, même si lui-même s’est joint à l’amusement général.
Tout le monde a visiblement besoin de souffler et rien de mieux qu’une ne fête dans ce genre pour le faire. Tu comptes soigneusement les points mentalement alors que sans un mot et avec le sourire tu touches Java avec une gicler d’eau, l’un des clones certainement, ainsi que Apoline dans le mouvement avant de t’attaquer à Lucy qui est juste à côté. Ta dernière cible en date avant de te réfugier avec un rire tonitruant derrière Calixte à la suite de cette action, c’est le capitaine en personne. Il aurait été bien de le mettre dans la liste des points peut-être ou est-ce que c’est un peu trop ? Tu t’en fiches un peu sur le moment.
Capitaine dans la partie poireau combien de points hameçon
▬ Que des humains, yep ! J'te fais confiance pour le titre, c'est pas trop mon fort ces trucs là. Sinon, le Cap'taine, euh... J'sais pas, j'le vois pas comme ça ? Il a l'âge de mon daron, ce serait bizarre. Mais t'as l'air de bien aimer les trucs bizarres, toi, hein ? J'suis sûre que si tu fouilles un peu, tu retrouveras son amoureuse ! Bon par contre, tu m'en veux pas, va falloir que je te dépose et que j'trouve un truc pour protéger ce qui reste de gâteaux. Sinon j'vais me faire engueuler.
Elle dépose la trousse sur la table et la tapote deux fois, comme elle aurait fait pour saluer un humain. C'est marrant, les âmes artificielles, quand même. Hélas, pas le temps de s'attarder en réflexions métamagiques : elle se retrouve déjà à faire la roue pour empêcher un jet d'eau de toucher le cake au citron. Bon, il va falloir que les Java s'organisent !
La Java-source siffle bruyamment pour attirer l'attention – les petits farceurs n'y prêtent attention que quelques minutes, mais les Java dans le lot ont reçu le signal. L'une d'entre elles court à l'intérieur pour trouver une bâche, ou des couvercles, ou quelque chose ! Pour éviter du vilain gâchis de bons gâteaux.
Pendant ce temps, une deuxième Java campe devant la table en utilisant une assiette comme bouclier – non seulement ça lui permet de refléter le soleil pour aveugler quelques secondes ses cibles, mais en plus, ça prend les jets d'eaux. A condition de sauter dans tous les sens, bien sûr. Rien de trop difficile. C'est même assez marrant, en fait !
Une troisième Java s'énerve en voyant qu'il sera vraiment impossible de continuer à servir du thé tranquillement avec tous ces gamins. Ou plutôt : de défendre le feu qu'elle essaie de défendre depuis le début. Alors elle quitte son poste en grognant, et commence à ranger son bazar. Non sans compliquer la tâche aux joueurs, puisqu'apparemment, elle fait gagner plus de points ? Au moins, les jets ratés la visant auront éteint son feu et créé suffisamment de fumée pour qu'elle disparaisse dans la cuisine. Ben oui, si elle sert plus de thé, faut bien qu'elle fasse la vaisselle.
A peu près au même moment, une bâche vivante sort de la caserne. Plus exactement, une tente à moitié montée qui avance à tâtons dans la cour jusqu'à la table, qu'elle engloutit sous elle. Le clone à l'origine de ce plan de toute beauté en profite pour faire un coucou à sa nouvelle amie Apolline, avant de sortir de sa cachette en rampant.
▬ Hep, par ici !
▬ Non non, je suis là !
▬ Vous cherchez Java ?
▬ Alors ? Faudra être un vrai vainqueur pour toucher la vraie !
Profitant du nuage de fumée qui s'estompe, justement, la vraie Java se sent farceuse. Et puisqu'elle a bien mangé, pourquoi s'en priver ? Il lui reste deux clones en réserve, qu'elle disperse en quelques secondes – il y a maintenant six Java à cibler. Six Java qui bondissent dans tous les sens, qui tournoient dans les airs, qui jouent avec les petits et les grands.
Quelque part, c'était une bonne chose que tout le monde ait l'occasion de s'amuser. Sa venue était un mauvais présage au sens le plus littéral du terme, ce qu'elle avait essayé de présenter à sa façon. Mais si les villageois et les curieux n'en retenaient qu'un joyeux festin et une belle bataille d'eau, n'était-ce pas une bonne chose ? Même les plus grandes tragédies d'Aryon ont besoin de légèreté !
Dix fois plus pour capitaine poireau.
Il ne rentrerait jamais au Bastion, il allait passer le restant de ses jours à récurer les latrines de la Caserne du Village Perché. Mais à entendre les rires et voir les visages enjoués autour de lui, ça en aurait valu la peine. Après le tragique d’un discours maladroit, rien n’était plus agréable que la simplicité candide d’une activité aussi basique. Elle ne réglerait assurément pas le trouble ayant saisi la Grande Forêt et à laquelle les Belluaires continueraient de s’affairer – éventuellement en déracinant chaque arbre – mais au moins allègerait-elle peut-être, le temps de quelques heures, les épaules de sa population, et de ses gardiens.
Kana mouillée ! lui indiqua joyeusement sa loutre comme si cela avait le but de la manœuvre.
As-tu marqué quelques points quand même ?
Un peu ! Lucy marrante. Forte aussi, utiliser grosse bassine ! Kana peut utiliser bassine aussi ?
Heu non, reste au manta pist’ s’il-te-plait.
D’accord. Apo là-bas ! Avec lieutenante plus de points !
Repartant avec enthousiasme vers l’âme artificielle qui riait franchement à l’étrange ballet humide se déroulant autour d’elle, Kaname arrosa de son arme toutes les personnes sur son passage. Calixte inclus qui se détourna au dernier moment, surpris, et accusa un moment de vacillement en raison de sa cheville toujours fragile et des flaques d’eau ayant commencé à envahir le sol. Il se rattrapa instinctivement à la silhouette la plus proche, dans un désordre de bras et de jambes. Un parfum fleuri, étonnamment familier eu égard à leur passé aux impairs similaires, lui fit lâcher dans un sursaut le corps qu’il avait enlacé pour se retenir de chuter, et il leva les mains bien haut, en signe de reddition.
- Promis je ne le fais pas exprès ! s’exclama-t-il auprès de la lieutenante Alnilnam, le regard arrondit et les joues rosies d’embarras.
Plus points si câlins ? lui demanda Kaname d’un peu plus loin qui, pour tout son empressement à jouer, ne semblait rien avoir manqué de la scène.
Et comme Apolline en profitait pour clamer quelques nouvelles règles tendancieuses, la loutre se fendit d’une première embrassade pour la lieutenante Anggun rampant au sol. Distraitement, Calixte espéra qu’elle ne l’avait pas écrasée. Entre la bataille d’eau, le câlin involontaire à sa supérieure du Myrmidon et peut-être l’aplatissement de celle des Belluaires par Kaname, pas sûr que l’influence – et la patience – de Zahria serait suffisante pour le libérer des années de récurage de latrines à venir. Peut-être était-il temps d’essayer de se faire oublier.
Profitant de la distraction d’un groupe d’enfant les prenant pour cible, l’espion s’éclipsa d’un pas chancelant, et se glissa sous la tente déployée par les lieutenantes Anggun. Rejoignant ceux qui avaient décidé de ne pas se mouiller, mais avait été trop lents pour s’enfuir. Et dont l’appétit pour les gourmandises n’avait pas diminué. Saisissant une part de cake au citron, Calixte décida d’attendre que la tempête ne passât avant de se réaventurer hors de la maigre protection de toile.
Alors que Lucy s’amuse avec la loutre géante, je me contente de me retirer pour éviter toute offensive contre moi. Je n’avais aucune arme idéale face à ses attaques sournoises et je ne comptais pas rentrer tremper au Bastion. Au loin, je constate que ça s’affole sur le buffet. Le lieutenant ou du moins sa copie, car je compris alors que son pouvoir est de se dupliquer, essaye de sauver le reste de nourriture. Xylia devient une farouche guerrière en aspergeant son supérieur. Je crois qu’elle va écoper d’une terrible punition pour cet affront. D’ailleurs, voilà qu’ils s’attaquent au Capitaine. Je fus contente qu’on m’ait oublié sur ce coup là et rebrousse chemin, Loki dans le dos. Je laissais la catosorus jouer. Il était rare pour elle d’avoir de tels amusements, autant la laisser faire pour une fois.
Néanmoins, je pensais être tranquille quand je me reçois dans l’eau dans le dos. Je me tourne aussitôt et voit le petit garçon avec sa bassine, fier de lui. Cela dure malheureusement qu’un temps quand il croise enfin mon regard. Il repartit aussitôt en pleurant dans les bras de sa mère. Je demande à Loki par télépathie si je fais tant peur que ça mais il se contente de tourner la tête et surveiller la fouille. Il n’a jamais été bavard comme Kitsune mais nous avions encore pas mal de choses à apprendre. Je décide de m’approcher de la tente du buffet pour aider les cantinières mais je fus arrêtée par une tête blonde bien connue. Il s’était agrippé à ce qu’il pouvait, ses bras autour de ma taille.
Je le toise avant qu’il ne quitte mon corps à une vitesse insoupçonnée.
- J’ai du mal à vous croire, Alkh’eir.
Mais de l’eau finit par nous tomber dessus. Détournant ainsi mon attention sur le calineur impulsif qui finit par fuir.
- ALKH’EIR !
Trop tard, il était déjà loin. La loutre s’amusait à faire des câlins à la nouvelle lieutenant. Est-ce qu’elle était comme son maître ? J’ai bien l’impression… J’appelle télépathiquement Lucy pour qu’elle vienne à ma rescousse. Elle bougera devant moi pour faire fuir les enfants plus téméraires. Elle n’avait pas atteint sa taille adulte mais était déjà très grande pour impressionner.
- Lucy, on va rentrer. Je crois que notre présence n’est plus nécessaire.
Loki quitte aussitôt son poste après mon ordre télépathique. On finit par rejoindre la sortie de la caserne pour rejoindre le bâtiment du téléporteur. Il serait plus favorable de la féliciter un autre jour. Je jette un dernier coup d’oeil dans le chaos, essayant d’apercevoir la tête de Xylia ou du Sergent, mais rien.
- Bon, nous n’éternisons pas trop ,sinon on va finir tremper jusqu’au os.
C’est ainsi qu’on quitte cette fête digne des Belluaires.