Un soupir sonore s’échappa des lèvres de Violette. Chaque jour qui passait, elle avait toujours en tête de nouveaux achats, du nouveau matériel, plus léger ou plus performant. Que ce soit pour camper, ou simplement voyager alors que chaque kilomètre usait ses bottes un peu plus, ou encore entretenir ses armes. Et aussi avec le fait qu’en général, elle était assez faible mentalement pour s’empêcher d’acheter quelque chose qu’elle souhaitait. Aussi, lorsqu’elle avait ouvert sa bourse de cristaux ce matin, elle constata que son contenu était bien sombre.

Elle s’était donc tout naturellement dirigée vers le tableau des quêtes aux aurores - un rythme de vie qu’elle se devait de reprendre avec l’arrivée de la saison froide et de ses jours bien plus courts. Cela lui éviterait de passer un bon nombre de nuits dehors par les températures qui allaient être glaciales. Le confort d’un bon feu de cheminée allait être pour le moins inestimable pour la jeune aventurière vagabonde.

Pas des plus attentives, et pas encore tout à fait réveillée, ses yeux parcouraient les diverses quêtes disponibles. Elle devait avouer qu’il n’y avait pas grand chose de fameux à son goût. Rien d’extrêmement hors du commun - ce qu’elle cherchait d’habitude. Mais quand ses économies étaient autant dans le noir, elle ne pouvait pas faire sa fine bouche. Alors elle s’était décidée pour une simple escorte marchande, jusqu’au Grand Port. Une tâche en général assez facile tant que le convoi restait sur les grandes routes des plaines… Du moins elle n’avait encore jamais eu trop de problèmes sur ce genre de missions par le passé.

Alors qu’elle avait approché sa main, un autre aventurier semblait avoir soudainement fait le même choix. Elle tourna son regard vers lui, et fut légèrement surprise - et curieuse, comme souvent. Lui semblait avoir commencé un face à face assez sévère pour la suprématie sur la dite quête… Mais la jeune femme n’avait rien contre la lui laisser, à vrai dire.

Sans un mot, il sembla d’ailleurs changer d’avis et au final lui proposer de réaliser cette escorte à deux. Après tout, oui, seule, elle ne risquait pas de pouvoir escorter grand-chose. Il suffirait d’une embuscade ou d’un smilodon pour la mettre en difficulté. Et en général, ces opérations là se réalisaient à plusieurs. Aussi avait-elle compté demander à la tenancière de la branche de la guilde si d’autres étaient intéressés ou non. Mais cette alternative là était encore plus rapide.

« Hm… Pourquoi pas oui. Mais d’abord, j’ai déjà un petit déjeuner à prendre! » répondit-elle avec un léger sourire très habituel. Elle en profita donc pour détacher la demande du tableau.

« Et… Tu es? Je ne crois pas t’avoir déjà croisé. » demanda-t-elle alors. A vrai dire elle était même certaine de ne jamais l’avoir croisé - sa brûlure était difficilement manquable…

Quelques temps plus tard, une fois ses affaires rassemblées, elle s’était dirigée au point de rendez-vous avec le marchand qu’ils se devaient d’escorter. Elle avait eu l’occasion d’un petit peu discuter avec Loki sur le chemin. Le marchand lui, semblait peut-être un peu mal préparé… Mais au moins de bonne humeur.

« Moi c’est Violette, enchantée. » se contenta-t-elle de répondre tout aussi enjouée, se contentant de ces quelques mots puisque son camarade avait déjà tout dit. Tout en se présentant, elle s’était avancée vers les deux chariots, afin de rapidement flatter l’encolure des bêtes de trait. Les pauvres semblaient avoir affaire à un poids qui dépassait leurs capacités et cela attristait la jeune aventurière. Ce qui était certain, c’était qu’avec un tel poids, ils ne pourraient pas fuir en cas de pépin. Enfin, elle pourrait, mais pas les marchandises, qui étaient l’objet de la quête autant que le marchand lui-même.

Elle se retint néanmoins de tout commentaire pour ne pas spécialement frustrer le client. Elle ferait en sorte de ménager les bêtes et demanderait de calmer un peu l’allure s’ils pouvaient s’épargner ce luxe. Tant que les denrées n’étaient pas périssables, ils avaient bien le droit de prendre un jour ou deux de retard. De plus, elle connaissait assez bien la route entre le port et la capitale, pour l’avoir beaucoup empruntée par le passé.

L’aventurière prit ensuite le temps d’inspecter les attaches des bêtes des marchandises, l’état des chariots, afin de pouvoir éventuellement prévenir tout problème technique qui pourrait survenir. Si un cheval effrayé s’enfuyait en laissant le chariot derrière et qu’ils perdaient la bête, cela allait faire mauvaise impression. De même si la moitié du contenu de ces chariots dégoulinants de marchandise s’effondraient sur la route, ça serait ennuyant à remettre en place. Et ne parlons même pas d’une roue qui casse. Violette n’était pas au courant des réglementations sur le poids des chariots, mais pouvait juste constater avec son bon sens que bêtes et matériel seront mis à rude épreuve.

« Vous avez de quoi réparer les chariots en cas de pépin? Quelques pièces de rechange? Notamment les roues et essieux. Ou au moins des outils pour réparer? » demanda-t-elle alors en se retournant vers le marchand. Elle n’était pas menuisière, mais s’ils pouvaient bricoler une réparation, c’était mieux que de rester bloqués au bord de la route comme des idiots.

Sinon, après cette confirmation, ils pourront sûrement se mettre en route. Et après elle pourra toujours engager des sujets de conversation moins sérieux pour passer le temps sur la route. Après tout, le voyage ne sera pas instantané.

Spoiler:

Cette quête avait tout pour être assez tranquille. La route de la capitale au Grand Port était fréquentée, et tant qu’ils restaient sur les grands chemins et ne passaient pas par d’obscurs raccourcis, cela n’avait aucune raison de mal se passer. Elle n’était tout de même pas du genre à faire son travail à moitié, et certainement que dans les endroits les plus risqués, elle partira en éclaireuse, histoire de pouvoir déjouer d’éventuelles embuscades. Mais si proche de la capitale, elle n’en avait pour le moment aucun intérêt. Aucun fou ne tenterait d’attaquer de convois si proches du cœur du Royaume.

Elle fut assez soulagée de voir que Sarran, le marchand, était plutôt prévoyant. Elle avait déjà eu affaire à des escortes de convois au rabais où de grands marchands avaient lésés sur la qualité du cocher et du chariot uniquement pour économiser quelques cristaux et cela avait rendu le voyage bien plus difficile qu’il n’aurait dû. Heureusement, il semblait être un petit marchand indépendant avec des rêves pleins la tête et visant le succès de sa petite entreprise dans un déménagement. Cela n’excusait pas entièrement les pauvres bêtes surmenées - mais rendait déjà la chose plus acceptable aux yeux de l’aventurière. Et au final, c’était bien plus gratifiant d’être traité comme un être humain et pas juste une escorte coûtant un certain nombre de cristaux. Peut-être Sarran était-il un maître du mensonge et de l’embrouille, aussi, elle n’en savait rien, mais elle avait envie de lui faire confiance.

« J’ai l’habitude des longs trajets à pied aussi, je devrais réussir à suivre le rythme de la charrette sans trop de mal. » déclara également l’aventurière une fois ses petits contrôles de routine terminés. Là encore, elle n’était pas du métier, donc même si elle n’avait vu aucun danger évident dans son inspection, elle pouvait très bien en avoir loupé un. Mais au pire, ils avaient de quoi effectuer quelques réparations sur le tas. En espérant que les animaux se comportent bien également. Dans les plaines, les chevaux auront largement de quoi profiter d’un véritable banquet avec toute l’herbe qu’ils pourraient y trouver.

Quant au rythme à suivre, vu la charge de la charrette, les chevaux n’allaient clairement pas pouvoir trotter et encore moins galoper. Ou bien pas bien longtemps. Et un tel animal marchant au pas était parfaitement capable d’être suivi par un humain à pieds. Et au pire, elle passera un peu de temps dans le chariot si elle ne s’en sent plus capable. Le premier jour serait sûrement assez calme, elle aurait tout le temps de s’ajuster au rythme pendant ce temps.

« Après, au Grand Port, le climat est peut-être meilleur, mais il pleut aussi plus souvent. Mais les saisons froides sont clairement moins rudes, oui. Je vais sûrement aller chercher plus de travail du côté du Port ou de l’Archipel pour la saison. » répondit-elle alors simplement simplement pour lancer la discussion. Pour elle qui voyageait énormément, Violette avait énormément de connaissances approximatives et générales sur tous les lieux et biomes du Royaume - ou presque.

Loki, quant à lui, semblait aussi être du genre avenant, même si Violette était déjà au courant vu leur petite discussion d’avant la quête. Mais en tout cas, tout était réuni pour la mettre de bonne humeur. Non pas que son humeur ne change réellement sa façon de se comporter de tout de façon, qui était quasi tout le temps joviale. A part peut-être dans des situations de crises qui l’exigeaient ou s’il ne fallait pas froisser un employeur ou un grand noble.

D’ailleurs, il engagea la discussion sur son arbalète. Violette s’en empara rapidement, puisqu’elle était accrochée sur le côté de son sac et assez facile à récupérer en cas d’urgence. Avec sa dague à sa ceinture, c’était ses meilleurs moyens de se défendre. Ou d’attaquer selon les cas. Mais elle ne jouait jamais vraiment sur la force brute ou une défense imparable, puisque son pouvoir lui offrait une bonne mobilité si bien utilisé, elle en profitait pour esquiver et attaquer d’angles improbables pour son adversaire.

« Oh tu sais, ce n’est qu’une arbalète de poing. C’est bien moins difficile à utiliser qu’un arc, il suffit juste de viser et d’appuyer sur la détente une fois le mécanisme chargé. C’est vraiment rapide à apprendre, contrairement au tir à l’arc. » déclara-t-elle alors. Les petites arbalètes de ce genre étaient parfaites pour elle. Simples à utiliser, rapides et faciles à recharger, et une visée aisée… Elle était assez loin des monstrueuses arbalètes lourdes qu’elle avait déjà pu voir. Des appareils capables d'abattre des bêtes trois fois plus grosses qu’eux en un carreau. Mais qui prenaient aussi de longues secondes à être rechargées sans vraiment pouvoir se déplacer en même temps.

« Bon c’est aussi plus cher qu’un arc, mais je regrette pas. » avoua-t-elle après un léger silence. Forcément, une telle arme nécessitait bien plus de travail qu’un arc de chasse basique. Mais elle avait aussi le mérite d’être plus facile à utiliser et de renfermer la même puissance en étant bien plus compact. Après tout, son arme ne dépassait pas une vingtaine de centimètres dans toutes les dimensions.

« Par contre, si on reste sur la grande route entre la capitale et le port, on ne risque pas de croiser beaucoup de viande fraîche… Les animaux évitent la zone en général, principalement parce-que ceux ne l’ayant pas évitée ont fini en ragoût, à mon avis. » expliqua-t-elle ensuite. C’était parfois une des raisons pour lesquelles elle préférait les petits chemins. Des plantes utiles, parfois un peu de viandes, et en général des rencontres plus intéressantes avec des gens moins pressés. Mais dans ce cas, ils n’avaient pas le temps de vagabonder, puisqu’ils avaient une mission.

« Et puis, je ne suis pas vraiment plus douée que ça pour la chasse à vrai dire. Mais si on a la chance de trouver un lièvre, je verrai ce que je peux faire. Au pire, on devrait croiser la route de quelques auberges et petits villages sur la grande route normalement… Si on doit se ravitailler. » proposa-t-elle tout de suite. Ce genre d’axes commerciaux offraient, après tout, de bonnes opportunités de faire tourner un petit commerce. Et clairement, elle ne se sentait pas capable de chasser pour trois personnes…

Après, s’ils pouvaient profiter du voyage pour mettre quelques herbes aromatiques et viandes fraîches pour complémenter leurs rations de survie…

Avançant un peu plus vite pour pouvoir voir tant le marchand que son camarade d’aventure, elle se saisit d’un petit contenant et en sortit une petite confiserie au miel et aux plantes qu’elle lança à moitié dans sa bouche.

« Vous en voulez un? Je pense que je partirais un peu en éclaireuse quand la zone sera moins sécurisée. Alors autant en profiter avant ça. » proposa-t-elle alors en relevant un peu la bourse qui contenait les sucreries. Elles aussi n’étaient pas données mais Violette adorait ça - et n’était pas du genre radine. Elle n’allait pas non plus leur offrir tout le paquet, mais un ou deux, elle n’avait aucun problème avec ça.

Le petit mélange de miel et de plantes était l’un de ses préférés de la capitale. Elle l’avait découvert un peu par hasard et ne regrettait en général jamais ses passages. Du moins, ses papilles ne le regrettaient jamais, mais sa bourse en général vivait assez mal l’expérience. Elle ne connaissait pas la recette exacte de la préparation - le vendeur la gardait bien évidemment en bonne partie secrète pour des raisons évidentes. Le marchand, lui, refusa sa proposition poliment, argumentant que ce n’était pas spécialement son genre. Violette ne s’en frustra aucunement. Après tout, ça en fera plus pour elle.

« Et bien tu as bien de la chance, je n’ai que découvert ça il y a quelques années. » rétorqua-t-elle à l’aventurier. Elle avait découvert beaucoup de choses durant ses premières années à l’aventure, à vrai dire. Bien assez pour savoir à quel point elle avait été coupée du monde pendant toute son enfance et à quel point sa mère avait pu être une personne dangereuse. Cela n’avait pas empêché Violette de tout de même suivre son rêve et de partir à l’aventure, donc elle n’était pas tant rancunière que cela à son égard. Et de tout de façon le temps des rancœurs n’avaient plus lieu d’être car Violette était la dernière Lehnsherr à fouler cette terre.

Loki suggéra de se relayer d’ailleurs pour effectuer l’avant-garde. Violette restait assez tentée par l’idée parce-que cela lui permettrait de discuter tranquillement avec le marchand pendant quelques temps. Mais est-ce-que Loki avait les capacités comme elle de pouvoir revenir immédiatement prêter main forte au convoi? Après tout la jeune femme semblait surtout vouloir idéaliser sa capacité à se trouver à deux endroits à la fois pour détecter les menaces à l’avance ou pouvoir immédiatement revenir prêter main forte si besoin. Même si elle était embusquée, elle pouvait se retrouver quasi-immédiatement au convoi.

« Après de mon côté, tant que je reste à portée de voix, en cas de souci je peux immédiatement revenir vous prêter main forte dans la seconde. Donc sauf si tu peux également revenir immédiatement à la charrette… C’est plus sûr que ce soit moi qui fasse l’avant-garde. Et puis, rester proche de la charrette ne t’empêche pas d’ouvrir l'œil. Je ne suis pas infaillible non plus et en général les brigands ne restent pas plantés au milieu de la route mais restent dissimulés pour des embuscades. Et si c’est une créature sauvage et bien je pourrais toujours revenir facilement avec vous. » déclara-t-elle alors. En général, leur tactique était rarement de s’en prendre à des voyageurs isolés et pauvres mais plutôt des convois bien chargés comme celui qu’ils escortaient. Et en général toujours, ils cherchaient d’abord à provoquer une reddition des propriétaires et de l’escorte sans combat en profitant de leurs positions avantageuses. En se battant, il pouvait y avoir des morts des deux côtés, et des meurtres sur les routes attiraient invariablement la Garde. Donc si Violette les loupait, elle aurait normalement un peu de temps pour intervenir. Quand à la faune, elle n’était pas particulièrement inquiète non plus.

Quant à l'itinéraire, c’était, après tout, le marchand qui le connaissait sûrement le mieux. Mais bon, il n’était à priori pas trop compliqué à suivre. Violette ne voyait pas vraiment pourquoi ils auraient besoin de rejoindre un affluent obscur du lac qui était à une sacré distance de leur route en plus.

« T’es sûr? Le lac est vachement loin et je ne crois pas qu’il est relié au Grand Port par d’autres chemins que la mer ou la capitale… Puisqu’il provient d’un défluent du Grand Fleuve qui se sépare justement à la capitale si ma mémoire est bonne. » répondit Violette en doutant un peu de l’idée de Loki. Outre ses cours particulièrement chiants de géographie du royaume, surtout utilisés pour cette magnifique manière qu’était les routes commerciales et autres moyens de transport dans le royaume, c’était un endroit où elle avait tout de même passé un certain nombre d’aventures et de quêtes par le passé.

« Et, de tout de façon, la route jusqu’au Grand Port longe le Grand Fleuve quasiment tout du long. L’eau douce ne devrait pas être un souci. » compléta alors le marchand. Ce dernier avait sûrement songé initialement à embarquer sur un navire avec ses affaires et simplement descendre le fleuve. Mais il avait sûrement manqué de moyens pour cela, ce qui l’avait fait passer par la route, supposait Violette.

« Bon, de mon côté, je pars devant, si tu veux on pourra toujours échanger plus tard Loki. » proposa-t-elle avec un petit clin d'œil à l’aventurier alors qu’ils commençaient à s’éloigner des faubourgs de la capitale vers des milieux plus sauvages. Cette première journée n’avait que peu de raisons de mal se passer vu la proximité du cœur du Royaume, mais autant rester un minimum prudents. Terminant sa petite sucrerie qui avait quasiment finie de fondre d’un petit coup de dents, elle enchaîna assez rapidement.

« On fera une petite halte dans deux heures histoire de laisser le temps aux bêtes de se reposer, et aussi pour qu’on puisse rester attentifs. Je m’arrêterai quand j’aurai trouvé un coin sympa pour ça. S’il y a un souci, criez. » déclara-t-elle alors, tout en commençant un petit peu à poser ses affaires sur le côté du chariot : Son pouvoir sera moins éreintant à utiliser si elle était peu chargée. Elle avait emprunté cette méthode de voyage de son mentor, d’à l’époque où elle apprenait encore les ficelles du métier. Et elle ne lui avait jamais faite défaut, surtout dans ce genre de cas où ils n’étaient clairement pas à une journée près et pouvaient prendre le temps qu’il leur fallait.

Le plan était après tout assez simple. Violette prendrait de l’avance tout en restant en vue et à portée de voix du convoi, tout en laissant son ombre marcher du côté opposé du chariot par rapport à Loki. Elle pourrait donc toujours échanger de place avec elle pour venir prêter main forte. Elle était donc partie uniquement avec son petit sac de friandise, sa dague, son arbalète qu’elle avait accroché rapidement à sa ceinture, ainsi que sa gourde d’eau fraîche. Le reste de ses affaires qu’elle avait rajouté au chariot ne devrait pas tant plus gêner les bêtes que cela de tout de façon, elles n’étaient sûrement pas à dix kilos près…

« Et comme ça j’ai en plus l’avantage de pouvoir voyager léger. » se vanta-t-elle alors qu’elle avait terminé de poser ses affaires à l’avant du chariot, et qu’elle commençait doucement à prendre de la distance avec le petit groupe.

« Et sur les routes, à travers plaines et champs
Sous le soleil, la pluie ou saisis par le froid
Les braves voyageurs, les coeurs hauts, avançant
Ne connaissent ni doutes, ni peurs, ni effrois. » commença-t-elle alors à chantonner tout en s’éloignant, répétant simplement les paroles d’un hymne bien assez connu qu’elle avait entendu à la taverne la veille et qui lui trottait dans la tête depuis ce moment. Alors qu’elle avançait d’un pas tout aussi guilleret que sa voix, les notes et les vers commencèrent à s’atténuer pour les deux comparses restés près de la charrette…

Environ deux heures plus tard, sans le moindre incident, Violette s’était arrêtée sur le bord de la route qui avait rejoint les rives du fleuve comme prévu, dont les pentes douces offraient à tous l’occasion de s’abreuver et de se désaltérer. Violette s’était installée sur un petit rocher, assise, et fit signe au convoi qui venait de la rattraper de venir la rejoindre. Elle venait à peine de replacer sa gourde à sa ceinture après avoir profité de l’eau fraîche.

« Alors, vous avez fait bon voyage jusqu’ici? Comme prévu, le coin est encore assez sûr et sans risques. Mais autant d’habituer à voyager de cette façon parce-que c’est sûrement celle qui va rester… » déclara-t-elle alors une fois qu’ils furent assez proches pour l’entendre.

La première partie du voyage s’était bien passée, en effet. Enfin, première partie… Les deux premières heures d’un voyage qui en durerait à priori six s’ils avançaient à un bon rythme. Et la partie la plus proche de la capitale. Clairement, il n’y avait pas vraiment de quoi se vanter, même si Violette n’était jamais contre de telles manifestations de bonne humeur. Perchée sur son rocher, les pieds battant paisiblement, Violette profitait aussi de l’endroit alors que la charrette les rejoignait paisiblement pour laisser aussi aux bêtes le temps de se reposer.

« En espérant qu’il continue à bien se passer de la sorte. » déclara simplement Violette. Ce n’était pas impossible que tout leur trajet se passe après tout sans la moindre encombre, et c’était de tout de façon certainement ce que tout le monde espérait ici.

« Profites-en, il sera sûrement pas toujours aussi bien. Celui-là je le connaissais déjà. » ajouta-t-elle ensuite à propos de leur lieu de repos. Même si le Grand Fleuve allait certainement les gracier de sa présence pendant une grande partie du voyage, ses berges n’étaient effectivement pas toujours aussi accueillantes. Elle s’était juste effectivement dit que l’endroit était particulièrement agréable pour une pause et avait donc décidé de s’arrêter, et, en voyant les autres traces dans la terre et l’herbe piétinée, savait très bien qu’ils n’étaient pas les seuls à s’être arrêtés ici.

Alors que Loki venait de prendre un petit panier de pommes pour les chevaux, Violette s’étira avant de bondir de son rocher, s’approchant de la charrette et de ses affaires pour en sortir un petit jeu de cartes qu’elle trimballait avec elle. L’aventurière n’était pas particulièrement douée à cela, et pariait rarement ses maigres cristaux puisqu’elle perdait à chaque fois face aux aventuriers vétérans des tavernes où elle passait ses soirées. Mais en tant que simple petit jeu pour passer le temps, celui qu’elle connaissait était parfait.

« Je te laisse t’en occuper, je vais distribuer les cartes pour trois. Si ça vous va bien sûr. » annonça-t-elle en agitant légèrement le paquet de cartes et en regardant son camarade aventurier ainsi que le marchand qu’ils escortaient. Se poser dans l’herbe, rapidement, faire une petite partie d’une dizaine de minutes, puis ils pourraient repartir. Et puis, peut-être aurait-elle enfin une chance de gagner contre des gens moins expérimentés… Même si le jeu était classique, il était aussi assez stratégique.

Une fois la récompense donnée aux bêtes, les cartes distribuées, et une petite partie faite entre les trois compagnons, que remporta d’ailleurs Loki non sans une certaine difficulté, ils étaient prêts à repartir. La pause n’avait pas été exceptionnellement longue non plus, et tant mieux, ils n’avaient pas tant de temps à perdre que cela. L’aventurière rassembla son jeu, rangea ses affaires, et le groupe pouvait se remettre en marche de la même façon que précédemment.

Le soir finissant par approcher après une journée tranquille sous une météo clémente, et Violette décida d’utiliser son pouvoir pour apparaître à côté de la charrette dans une petite volute d’ombres. Elle se voulait rassurante, avec un geste signifiant directement que tout allait bien.

« Tout va bien, je voulais juste vous demander si vous préférez essayer de trouver une auberge en bord de chemin pour passer la nuit ou si on optait plutôt pour du camping sauvage? Dans ce dernier cas, faudra monter les tentes et rassembler du bois pour allumer un feu pour la nuit, ainsi que de mettre en place un tour de garde. J’vous laisse réfléchir à ça, je reviens après! » expliqua-t-elle alors avant de disparaître de la même façon qu’elle était apparue, retournant à l’avant-garde en chantonnant en avance.

Le crépuscule n’était pas encore arrivé, mais les préparatifs d’un bon campement n’était pas forcément à sous-estimer. Surtout selon le niveau de sécurité qu’ils voulaient y instaurer. Comme par exemple mettre en place quelques alarmes autour du lieu choisi. Des considérations caduques dans une auberge de voyageurs tant l’endroit était normalement censé être sécurisé. Même si garder un oeil sur la charrette ne serait pas forcément une mauvaise idée non plus...

En revenant quelques temps plus tard au niveau de la charrette, un choix avait été fait. Effectivement, mieux valait profiter des auberges sur le bords de route pour passer des meilleures nuits. Le camping ne posait pas vraiment de soucis à Violette pour autant mais avec les températures se rafraichissant, pouvoir passer la récolte de bois et la cuisine leur ferait gagner du temps ou du sommeil, voir les deux.

L’endroit était assez calme, pour l’instant, même si le soir approchait à grands pas. Un endroit semblait prévu pour les charrettes et les bêtes, entouré par quelques sapins, mais même s’il était gardé, Violette n’était pas certaine de pouvoir entièrement leur faire confiance. Enfin, elle ne connaissait pas la réputation de l’endroit, donc à moins que celui-ci ne soit réputé irréprochable…

Loki lui ouvrit d’ailleurs la porte pour la laisser passer, et Violette tiqua un petit peu face à sa gentillesse. Après tout, ces petites manœuvres princières et autres courtoisies dataient un peu de son passé. Un passé qui ne lui avait clairement pas fait le moindre cadeau. Elle passa donc la porte avec un sourire plutôt amusé.

« Tant d’honneurs... » plaisanta-t-elle alors tout en allant se rendre à l’aubergiste pour lui prendre deux chambres. Si une personne restait à monter la garde, ils n’auraient pas besoin de bien plus. A deux, des petites nuits allaient peut-être se retrouver difficiles à supporter tout le long de voyage mais peut-être que le marchand pourrait aussi les aider à garder. Après tout, en cas de soucis, il suffisait de crier fort et de réveiller tout le monde. Violette avait d’ailleurs laissée son ombre avec le marchand - au cas où - même si les chances qu’il se fasse prendre à parti aux étables était assez faible.

Une fois les chambres prises, Violette se retourna vers le bicolore.

« Faisons comme ça, on est jamais trop prudents et cela nous rodera pour les nuits suivantes. Mais d’abord, allons manger un petit morceau, et après j’irai dormir en première, du coup. » proposa-t-elle alors, le principe même d’un tour de garde en soi. Cela leur permettait d’ailleurs de n’utiliser qu’une chambre pour deux puisqu’ils n’y seraient jamais en même temps. Et si rien de louche ne se passait avant cela, elle irait dormir tôt, histoire de rester un minimum en forme pour son tour de garde et le voyage le lendemain.

La nuit fut calme, rien à signaler pendant l’ensemble de la nuit, même à un jour de marche de la capitale. Le voyage était, néanmoins, encore assez long et plus il sera long, plus il leur faudra être vigilants. Violette avait déjà profité de la première journée pour mettre en place leur méthode de voyage, celle qu’ils allaient sûrement garder tout du long.

« Bonjour ! Toujours prête à reprendre la route. On verra jusqu’où on pourra aller, et sinon on campera! » répondit-elle donc tout en se mettant en route une fois que Loki avait pu examiner la charrette. Le marchand avait proposé encore une petite halte. Il n’avait pas tord, même si elle se sentait parfaitement capable de dormir cinq heures par nuit pendant toute la quête et de rester en forme, autant être au maximum de ses capacités en cas de pépin.

« Je pense que je vais en profiter pour un petit peu me reposer ce matin, histoire d’être complètement en forme. Et dès cette après-midi je reprendrais la formation initiale, jusqu’à la fin du voyage! » proposa-t-elle alors, avec sérieux dans un premier temps, avant de se retourner vers Loki. Elle comprenait parfaitement l’ironie dans son ton et dans le fait qu’il l’avait appelé Madame Lehnsherr mais ce nom ne lui plaisait pas vraiment. Surtout parce-qu’il lui rappelait sa mère, de façon bien trop directe.

« Madame Lehnsherr, j’ai l’impression d’avoir quarante ans… Tu pourrais trouver autre chose, quand même? » demanda-t-elle alors vers l’aventurier, tout en acceptant tout de même gentiment le fruit qu’il lui tendait. Cela fera un bon complément à son petit déjeuner. Mais maintenant, les routes les attendaient! Une pause en milieu de matinée pour les bêtes et vérifier le chariot, une pause à midi plus longue pour manger, et la même chose pendant l’après-midi. Et s’ils campaient, ils allaient devoir s’arrêter un peu avant pour préparer les tentes, le feu, et la réserve de bois. C’était son plan.

Depuis mon retour à la capitale je souffrais de l’absence de Dagar qui, contrairement à moi, c’était toujours délecté d’évoluer parmi la foule. Alors que moi… Je n’avais jamais vraiment su comment me comporter avec mes semblables. Lors de mes voyages il mettait arriver à quelque occasion de faire la rencontre d’individus impressionner par mes capacités martiales, des hommes et des femmes qui ne se doutait pas de l’admiration que moi je pouvais leur portée pour leurs facilités à se mélangé les uns aux autres. Des talents sociaux que je ne semblais toujours pas avoir acquis, la journée précédente semblant penchés de cet avis.

La veille j’était arrivée en ville et je n’avais eu de cesse de froisser ou de dérangeait chaque personne à qui j’avais adressé la parole. Tout d’abord il y avait eu cette femme qui m’avait hurlé dessus pour avoir demandé ma route à son fils. A son âge on m’avait mis une épée dans les mains, lui il était bien capable de répondre à une question, non ? Et cet aubergiste ? C’était en pensant l’aider que je lui avais fait remarquer que l’un de ses tonneaux à la cave était percés.  Pourquoi devenir aussi sec ? Comme si j’avais que ça à faire de ma vie que de m’introduire dans sa cave pour casser ses affaires ? Et j’ai juste voulut m’essayait à une blague lorsque j’avais dit à ce restaurateur qu’il avait le rythme cardiaque bien élevé pour un vendeur « honnête » … Résultat j’ai fini par aller me coucher le ventre vide et songeant que sur certain point c’était quand même bien plus facile dans la fosse, lorsque tout ce que j’avais à faire était de frapper sur ceux qu’on me présenter.

La nuit portant conseil je mettais réveiller en pensant à Dargas qui aurait insisté pour que je tache à m’intégrer. Bien décider à faire un effort de compréhension de mes semblables, je mettais lever plutôt de bonne humeur quoique le ventre vide. Alors que je réfléchissais à mes prochaines destinations possibles je mettais donc mit en quête de quoi me sustentais. Mon sac étant vide j’en profita pour faire l’acquisition de vivre pour mes futurs voyage et choisie pour destination final une boulangerie dont l’odeur m’attira jusqu’à elle, impatiente que j’était de calmer mon estomac avec un croissant bien mériter. Prenant mon mal en patience je fis la queue quelque minute avant que vienne mon tour de m’avancer vers l’hôtesse.

-Bonjour, dit-je avec l’intonation de quelqu’un utilisant un mot dans une langue qu’il n’aurait pas connu, un croissant… s’il vous plait ?

La femme me fit un sourire, s’éloignant quelque instant pour attraper la pâtisserie que j’avais déjà repérer, cependant mon attention ne semblait pas vouloir lâcher l’individus derrière moi. Mes facultés ne me demandant pas de me tourner pour l’observer, j’avais aperçu l’homme, qui semblait tout posséder de l’aventurier, entrée dans la boutique, mais ce qui m’intriguait le plus rester sans nul doute le bruit cristallin qui semblait emmenait de lui. Un bruit que je semblais la seul à entendre, comme souvent… Mais alors que la boulangère revenait à moi, le son gagna en intensité jusqu’à ce qu’il soit audible par tous, chaque individu dans la boutique s’étant tourner d’un bloc vers l’aventurier à ma suite qui, gêné, se mit à fouiller sous sa cape.

Quand on me tendit mon croissant presque je salivais, c’est sans attendre que j’approcha ma main à mon tour, cherchant ma bourse de l’autre, quand soudainement l’humanité sembla vouloir me faire comprendre que je n’avais rien à faire dans ses pattes. L’homme derrière moi avait entre-temps sortie un drôle d’engin plat et rond de ses vêtements, la source du bruit, et le faisant tourner dans ses mains comme s’il le voyait pour la première fois. Je songeai furtivement à lui dire de ne pas pointé ça vers moi, mais à cet instant je n’avais qu’un but… J’aurais peut-être dus en fait.

-Qu’est qu’elle me fait cette mer… S’exclama-t-il avant que tout mon univers semble disparaitre.

L’espace d’une seconde je n’entendis plus rien, mon radar ne me renvoyant plus rien. Seul l’odeur enivrante de ma regretter pâtisserie s’agrippant encore à mes narines alors que ma main se refermer dans le vide. Aussi vite qu’il était parti mon univers revint aussitôt, mais s’agissait-il vraiment de MON univers ? Plus de boulangerie, plus de son strident, pas plus de trace de mon croissant… Dans mon esprit se dessinait alors une grande étendue d’herbe s’étendant à perte de radar alors que mes pieds semblaient s’être posé sur la seul route des environs, une route déjà emprunter manifestement. Dépassant du paysage « plat » comme pour en pervertir l’uniformité, je distinguais sept individus, sans compter les chevaux, qui semblaient avoir fait de moi leur centre d’attention. MAIS QU’EST QUE JE POUVAIS BIEN FAIRE ICI, MOI ? Je ne comprenais absolument rien ! Si j’avais eu des yeux, sans doute aurais-je été en train de les agités dans tous les sens à cet instant, enfin je crois.  

Le responsable eut au moins le mérite de me désarçonnés, une fois n’étant pas coutume, je ne réalisa pas tout de suite que quelqu’un parler. Me parlait-il à moi ?

- …nous tout ce que vous avez et on vous laissera vivre sans vous toucher

Cela dit j’eut pas besoin d’en écouter plus pour comprendre la situation. Aussi vite que j’était arrivée mon radar m’avait déjà peint le tableau, de la charrette bourrée à craquer tirer par les chevaux aux cinq individus louche qui semblait leurs bloquer le chemin. Mais que ce soit un camp ou l’autre, tous semblaient garder un regard abasourdi dans la direction, était-ce mon entrée en scène qui les avait étonnés ? Si cela était le cas, je voulais intégrer le club ! Le temps que les voleurs laissèrent au groupe marchand pour donner leurs réponse me laissa l’occasion de me ressaisir : Mon katana surgit dans mes mains, se qui eut pour l’effet de faire resserrait l’emprise que les cinq brigands avaient sur leurs armes.

Mon instinct me hurlait de me dresser du côté de la charrette mais je ne comprenais absolument rien à cette situation. Et mon croissant ? Il était où mon croissant ?! Ne comprenant pas les forces en actions je me tourna tout de même vers le groupe le plus éloigné, montrant mon appartenance (enfin je le supposais) à l’autre. Jaugeant ce qui devait êtres mes adversaire, les souvenir de la fosse me faisant presque entendre les acclamations de la foule, j’en vint tout de même à me tempérer en l’absence de plus d’information sur mes éventuels renforts. Bien plus habituer à faire parler les armes, je tonna haut et fort :

-Bonjour !

C’est bien comme ça qu’il fallait faire, non ?

HRP:

Violette profitait encore calmement de la journée, en étant arrivée à la moitié de son fruit, continuant tranquillement de discuter ici ou là dans une atmosphère encore assez tranquille. Ils avaient clairement été plus prudents le premier jour que le second, mais elle jugeait effectivement qu’elle pouvait se le permettre, même si le Destin en avait bien rapidement décidé différemment.

Une bulle de magie aussi soudaine qu’imprévue, suivie d’un détonation qui fit hénir les bêtes et qui fit dégainer sa dague à l’aventurière, qui sauta immédiatement au sol, brassant l’air d’une main comme si cela servirait à écarter le nuage de fumée qui venait d’être généré, même si un tel effet était très limité.

« À couvert, mettez-vous à couvert! » ordonna-t-elle au marchand en lui faisant signe de se baisser et se cacher quelque part. Elle entendait du bruit proche, des hommes qui se chamaillaient, et la présence de ce qu’elle avait rapidement identifié comme un piège se retrouvait rapidement comme évidente à ses yeux. L’attaque ne tarderait certainement pas, et l’aventurière avait déjà détaché son ombre prête à vendre chèrement sa peau.

« Loki? Tu m’entends Loki? Ca va? » demanda-t-elle sans avoir de réponse alors qu’elle se retrouvait assez inquiète. Pourtant, une autre silhouette avait fait son apparition dans la fumée, assez différente de celle de l’aventurier et armée d’un katana… Bref, ce n’était clairement pas du tout Loki. Un ennemi? L’aventurière avait dégainé sa dague et se tenait prête à se défendre alors que son regard jonglait rapidement entre les alentours.

Cinq hommes s’étaient avancés et vu leur équipement, leur rengaine, et leur ton, ils semblaient clairement débutant dans ce genre d’opérations. Personne de sensé n’allait attaquer de convoi si proche de la capitale, de tout de façon. Et surtout, avec aussi peu d’avantage stratégique. La végétation était assez peu dense, aucun archer ne semblait embusqué… Au point où la brune se demandait presque si c’était un piège ou non. Celle qui venait d’arriver ne lui semblait pas très hostile d’ailleurs, puisqu’elle s’était retournée vers les brigands, jusqu’à leur offrir un bonjour bien étrange qui tira un petit sourire à l’aventurière.

Son ombre était partie en sprintant discrètement sur le côté de la route, et s’était faufilée derrière le brigand ayant fait l’annonce puisqu’il avait du coup l’air d’être le chef. Violette leva doucement la main, dague en main. Elle n’avait aucune intention de se rendre face à ce genre de brigands tout à fait pathétique. Auraient-ils été plus professionnels qu’elle aurait peut-être considéré l’option…

« Vous voyez, elle au moins on lui a appris la politesse. » déclara-t-elle en désignant la nouvelle arrivante dont elle ne savait toujours pas trop quoi penser. Pas le temps de s’inquiéter de Loki dans l’immédiat, la quête passait avant. A la fin de ses quelques mots, Violette disparut en quelques dixièmes de secondes, se dissipant dans un voile d’ombres, et le chef présumé laissa échapper un hoquet de surprise en sentant le fil froid d’une dague sous sa gorge.

« Bonjour toi, pas de mouvements brusques, lâches ton arme, et laisse-toi guider. » susurra-t-elle à son oreille d’une voix bien trop joyeuse vu la situation, ce qui ne faisait que renforcer le petit côté effrayant qu’elle pouvait alors avoir alors même qu’elle semblait parfaitement inoffensive. Même dans un affrontement direct avec ces malfrats, elles auraient une chance de se faire blesser, alors Violette essayait de résoudre ça diplomatiquement. Enfin, prendre en otage un braqueur était une bien douce ironie, qui la faisait rire intérieurement, mais c’était aussi leur meilleure chance de s’en tirer sans trop de blessures.

Son otage s’exécuta, lâchant sa lame à moitié rouillée et mal aiguisée, contrairement à la dague de l’aventurière dont le fil aiguisé traçait déjà une discrète ligne ensanglantée sans qu’elle n’ait particulièrement à appuyer bien fort. Au mouvement un peu brusque d’un des compagnons de son tout nouvel otage qu’elle rammenait vers le chariot, elle appuya un peu plus fort sa dague ce qui laissa un cri pathétique plus proche du miaulement qu’autre chose s’échapper des lèvres du chef de la petite bande.

« Chef! » s’écria d’ailleurs un des sbires alors que Violette maintenait son contrôle sur sa cible. Elle était certes moins forte qu’elle, mais d’un geste, elle pouvait lui trancher la gorge. Un acte qu’elle préférerait éviter, mais s’ils ne lui laissaient pas le choix, elle le ferait. Pour le moment, sous l’étonnement, la petite troupe était paralysée, et n’osait pas vraiment intervenir, même si cela semblait en démanger certains. Arrivée proche de la charrette, Violette était prête à négocier, mais il lui restait une inconnue à éclaircir.

« Et donc… Tu es…? Un de mes camarades se trouvait ici il y a quelques secondes... » demanda-t-elle à la blanche alors que du mouvement du coin de l'œil la fit directement réitérer une menace.

« Hep! On ne bouge pas! J’en viendrai à croire que vous avez envie de revoir votre boss en morceaux! » déclara-t-elle, même si sa voix autoritaire n’était pas très impressionnante, la scène, et la blessure qu’elle avait déjà infligée sans trop s’en rendre compte avec sa dague. Elle espérait que cela suffirait à les convaincre de se disperser en lâchant leurs armes, et elle se méfiait d’un potentiel pouvoir problématique que l’un ou l’autre pourrait avoir, sans oublier, bien entendu, son otage. Mais avant de passer aux négociations, elle avait besoin de savoir qui était cette nouvelle personne non identifiée.

Spoiler:

Il n’était pas censé répondre à mon Bonjour ? Qui m’avait fait venir alors ? Mon attention se tourna vers le groupe pour lequel je mettais (peut-être) rallier, privilégiant l’individue qui ne se cacher pas. Était-ce cette fille qui m’avait… Invoqué ? C’est quoi ça ? Un pouvoir d’invocation aléatoire ? Mais je n’avais rien demandé moi… Mettant cela de côtés, je songea furtivement à lui faire remarquer qu’elle non plus de m’avais pas salué lorsque le sujet fut aborder, mais j’eus nullement le temps de formulés des mots. Elle disparut ! Pour réapparaitre presque instantanément derrière celui qui semblait être le chef de la bande.
Je me crispa un instant, elle avait parcourut dix bon mètre à une vitesse phénoménal, et ce retrouvais soudainement loin de moi. L’idée que les cinq individus puissent se retourner de concert sur elle faillit me faire charger, mais je réalisa bientôt qu’il s’agissait d’une impression floué par ma propre perception ; son poignard trouvant la gorge de l’un d’eux bien avant que n’importe lequel puisse vraiment la remarquer. Une prise d’otage donc… Ce n’était pas juger mal ça, normalement ? Enfin je crois, je n’en sais rien. Il faut dire que cela me sembla bien pratique alors que ma partenaire du destin avait entamer son retour à la caravane, alourdi par un fardeau des plus paniqués. Pas qu’il le montrait particulièrement, conscient qu’un mouvement de trop le condamnerais, mais pour moi qui percevais son rythme cardiaque et son cœur battant, ça ne faisait aucun doute. D’ailleurs celui de ses quatre comparses n’avaient rien à envier au siens, restant simplement immobile, figée sur la marche à suivre. Elle avait du cran en tout cas. Mon visage dessina un sourire.

Un sourire qui ne daigna pas rester longtemps quand, revenu à mes côtés, la jeune fille me dit ses mots :

- Et donc… Tu es…? Un de mes camarades se trouvait ici il y a quelques secondes...

Je pense que les mots dépassèrent quelque peu ma pensée…

-Qui je suis, moi ? Mais bordel, TOI, tu es qui ?! Tes pas la boulangère à ce que je sache ?! Et SURTOUT, on est où ?!

Je m’en voulus à l’instant où ses paroles eurent quitter ma bouche, mais bon… Je pense que ça avait besoin de sortir. Je n’avais pas la moindre idée de la distance qui me séparer de mon point d’origine, pas que j’avais eu une destination spéciale en tête avant tout ça, mais il faut dire que le fait que je n’entendais quasiment aucun son, exceptés le piaillement des oiseaux, sur des kilomètres, n’arranger pas vraiment les choses. Soufflant une seconde je tacha de ne pas reporter ma colère sur mon interlocutrice.

-Tu veux dire, que tu n’y es pour rien ? Mais si ce n’est pas toi…?

Un peu plus jovial, mais pouvais mieux faire pour le ton de ma question.
Sans avoir besoin de me déplacer, juste à tourner le poignet, l’extrémité de mon katana vint piquer le bout du nez de l’improvisé « otage ». Son cœur loupa quelque battement, celui de ses quatre amis en firent de même d’ailleurs.

-Toi là, vous avez fait quoi ?

Le ton était beaucoup moins jovial pour lui, mais il ne se fit pas prier.

-Je… On à pas voulut… L’autre abruti qui s’est tromper de mine…

L’image de l’individue derrière moi à la boulangerie me revint en mémoire, ainsi que celle de son étrange dispositif. Il ne me fallut pas longtemps pour que mon esprit parvienne à relier les diffèrent éléments et que je réalise une terrible pensée :

-Ton camarade est train de bouffée MON croissant.

Ma voix avait gagné en intensité au fil de ma phrase, retranscrivant parfaitement bien mes émotions. Faut dire que cette pensée me mit la rage un instant. J’aurais bien frappé sur quelqu’un, mais les quatre brigands ne se daignait pas à avancer. Bien que je perçoive les murmures qu’ils pensaient à l’abri d’oreille indiscrète : « On est quatre et ils sont trois. », « C’est seul ’ment deux filles. », « Mais t’es fou, et le chef alors ? ». Je n’en perdais pas une miette, mais je pus réprimer mon envie de les provoquer. Pas que ce soit une habitude mais… Mon putain de croissant !

-Alors vous voulez faire quoi ? Leurs criais-je, vous allez vraiment rester là, à vous pisser dessus devant deux femmes ?!  Allez ramenez-vous !

Je savais que je n’aurais pas due dire ça, mais l’habitude avait la vie dure. Après des années dans l’arène, il me rester cette partie de moi qui ne chercher qu’a faire hurlée la foule, même si dans le cas présent, elle n’était qu’imaginaire. Cependant, à par accéléré leurs rythme cardiaque, ma provocation n’eut pas plus d’impact. Une part de moi voulais foncés, mais je n’étais pas totalement taré ni dénuer de sens d’équipe, et puis je comprenais ce que mon acolyte du jour chercher à faire. Mais honnêtement là, je voulais juste me poser pour faire le point deux minute et cette situation ne m’y aidé pas.

BON, ON FAIT QUOI ? On attaque ou on se fait un barbecue ? Cependant je parvins à formuler ma question avec soupçons de diplomatie supplémentaire :

-Tu veux en faire quoi de celui-là ?

Ah enfin ! Un ton jovial.

La situation avait dégénéré, mais aurait pu, fort heureusement, être bien pire. De ce qu’elle avait pu comprendre de tous les côtés, Loki avait simplement été téléporté ailleurs, ce qui la rassurait. Ces crétins ne se seraient pas trompés de piège que la situation aurait sûrement été bien différente, et Violette aurait certainement dû se battre seule contre cinq… Mais l’arrivée impromptue de cette femme pour le moins étrange avait tétanisé les deux camps ce qui lui avait laissé le temps d’agir.

Après tout, quel mal y avait-il à prendre en otage des braqueurs si cela permettait d’éviter la moindre effusion de sang? Un combat direct aurait été bien pire pour tout le monde, et Violette ne pouvait pas se permettre de vendre la cargaison de ce pauvre marchand face aux premiers brigands de pacotille venus. Elle avait été payée pour la protéger, alors elle la protégerait. La fuite ne servirait qu’à sauver sa vie, car elle n’avait clairement pas assez d’honneur pour la vendre à un prix aussi bas.

Néanmoins la blanche semblait pour le moins confuse, ce qui était compréhensible d’un côté, même si s’énervait n’allait pas les mener très loin.

« Violette. Aventurière. Ça rime avec boulangère mais c’est un métier assez différent, tu en conviendras. » répondit-elle calmement, même si les réactions de la blanche semblaient plutôt hostiles envers les braqueurs qu’envers elle et le marchand qu’elle se devait d’escorter, ce qui était plutôt bon signe.

« Et non, j’y suis pour rien. » confirma-t-elle rapidement, alors que la blanche passait dans son interrogatoire à son tour. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, et même si elle passait pour quelqu’un d’assez agressif ce n’était pas plus mal : L’objectif était de les intimider assez pour les faire partir loin d’ici afin que personne ne se retrouve blessé. Même si c’était beaucoup de bruit pour un simple croissant, elle n’allait pas s’en plaindre. Cela n’était peut-être qu’un simple coup de bluff après tout…

Coup de bluff qui tomba complètement à l’eau alors qu’elle se mit soudainement à les provoquer. Certes, elle gardait son apparence agressive mais les inciter à passer à l’action n’était pas une bonne idée selon elle. Elles n’étaient pas assez effrayantes pour vraiment réussir efficacement à jouer sur ce point et cela contrastait un peu avec le côté vicieux qu’avait essayé de se donner Violette.

Sa question suivante à voix haute suivante la laissa un petit peu plus désarçonnée. La véritable réponse était bien évidemment “rien du tout” et le plan était de le désarmer et de le laisser partir dans la cambrousse ou bien au mieux de réussir à tous les attacher et d’en faire une chaîne humaine derrière le chariot qu’ils livreraient à la première patrouille de gardes qu’ils croiseraient…

Elle n’eut pas réellement le temps de répondre, deux des quatres hommes libres avaient resserré leur poigne sur leur arme et s’étaient élancés de manière très désordonnée vers le petit groupe alors que deux autres étaient restés pantois derrière. Même s’ils ne tarderaient pas à les rejoindre. Violette serra les dents, hésita une courte seconde puis décolla sa lame avant de la planter dans l’épaule droite de son otage. Il laissa échapper un grand cri de douleur alors que Violette retirait sa lame, et l’aventurière enchaîna avec un coup de pied droit dans ses fesses pour le propulser vers les deux assaillants. Un coup non mortel, mais qui l’empêcherait de se battre.

Gênés par leur chef blessé et désarmé envoyé droit sur eux, ils perdirent un peu de l’élan de leur charge, et, déstabilisés, Violette put en profiter. Elle s’était avancée derrière son ancien otage et, une fois à portée, d’un petit coup de garde dans la main du brigand pour écarter sa lame, avait enchaîné avec un coup de genou dans le ventre qui le plia en deux et lui coupa le souffle. L’autre se jeta alors sur elle, et Violette se désagrégea une fois de plus dans un petit voile d’ombre pour réapparaître derrière son assaillant. Un nouveau coup de dague dans son bras droit lui fit lâcher son arme qu’elle ramassa de sa main libre afin de l’empêcher de ramasser son arme.

Le petit groupe de trois était bien mal en point, mais les deux autres étaient aussi en mouvement, et droit vers le marchand alors qu’ils espéraient sûrement le prendre en otage à leur tour, voyant très bien qu’il s’était caché derrière la charrette et ne savait pas se battre.

« Merde, ils en ont après Sarran! » jura l’aventurière, légèrement perturbée et énervée par la situation. Elle s’élança donc vers l’un des deux qui faisaient le tour du chariot, envoyant son ombre de l’autre côté. Elle préférait ne pas avoir à les tuer, mais s’ils ne lui laissaient pas le choix… Elle protégerait le marchand comme elle le pourrait.

Spoiler: