Mes pattes épousant le sol, mes griffes s'ancrant dans la terre, la sensation étant des plus agréables. Depuis quelque temps, j'avais acquis la capacité de pouvoir me transformer en panthère des neiges à part entière. Ce qui était le plus déstabilisant, était certainement le fait que sous cette forme, je pouvais sentir ma masse musculaire plus accrue en contradiction avec ma frêle apparence humaine. Mes capacités sont ainsi d'autant plus développées, et depuis me voilà adepte de cette métamorphose. Passant alors, beaucoup de mon temps à m'entraîner en prenant mon apparence animale. Si au départ, cela n'allait que de quelques minutes, je le peux bien plus à présent. Pour cette raison, j'apprécie devenir de temps à autre cette panthère, et arborée fièrement la forêt pour sentir pleinement la nature à moi. Mon sac et mes vêtements furent posés dans le creux d'un arbre afin d'éviter que l'on ne vienne me le dérober durant ma petite escapade, et à moi le grand air ! Mes quatre membres me permettent de courir plus rapidement, et avec bon train. Je sautais, roulais, au travers de la forêt, des buissons et des rochers. Venant alors à baisser ma garde, à outrepasser mes sens qui sont pourtant plus affinés par cette nouvelle peau. Je ne fis nullement attention de part le fait que je n'étais pas seule en ces lieux, et sentis soudainement une vive douleur percer mon flan dans le bruit d'un sifflement strident. Un grondement sortit de ma gueule animal, laissant percevoir ce mélange de douleur et de colère. Face à moi, se présentaient alors trois hommes, armés et portant sur leurs épaules quelques fruits de leur chasse. Je compris rapidement, que si je ne voulais en faire partie, je devrais défendre ma fourrure. Dans le feu de l'action, je parvins à sauter sur l'un d'eux pour le désarmer, mes crocs se plantant dans son bras pour le faire lâcher son arme qu'il avait pointé sur moi. Mais les deux autres venant à l'aide de leur camarade, ne me laissèrent nul choix de fuir... J'aurais peut-être pu en découdre seule contre eux, mais là n'était pas mon intention que de me laisser aller dans mon humeur bestiale et créer un carnage.      

Mon coeur battait dans ma poitrine, tel un tambour de guerre en pleins feu. J'eus cette peur que ce son ne vienne à me trahir, venant alors à dénoncer ma position auprès de mes bourreaux. Ainsi occulté derrière l'un des arbres de cette forêt, mon souffle se faisait entraver par la douleur et la crainte du moment. Mon flanc droit m'apporte toujours cette impression cryogène et désagréable, il faudrait tout de même que je porte un regard sur ma blessure pour me rendre compte de l'étendue des dégâts. Pour autant, je pense qu'il faut avant être certaine que ces chasseurs viennent à s'éloigner de ma position, après cela, je pourrais certainement prendre le temps pour moi. Très sincèrement, je n'avais nulle envie de terminer en manteau de fourrure, et bien encore moins en trophée avec ma tête plantée sur un cadre au milieu d'un foyer. Comme de nombreuses personnes, je suppose... Voilà donc en quoi je suis réduite pour mon entraînement... À tenter de m'éclipser du regard des autres. Je crois bien, être parvenue à troubler les traces de mon passage. Le bruit de leur pas m'indique qu'ils piétinent sans trop savoir dans quelle direction aller, cela indiquant des novices si ce n'est de lamentable débutant dans la traque. Si ça aurait été moi le chasseur, je serais aisément remontée jusqu'à ma proie en quelques secondes. Cela étant dit, c'est sûrement un coup de chance pour moi, je ne vais tout de même pas me plaindre de leur lamentable performance en furetage.  

Le bout de mon museau tremblait dans l'air, tentant de déceler leur pestilentielle odeur. Ni mon ouïe, ni mon odorat ne semblent m'indiquer qu'ils se trouvaient encore proches de ces lieux, je pouvais donc sortir sans craintes. La première chose à faire, serait de retrouver mon sac et mes affaires. Ainsi par la suite reprendre ma forme, et pouvoir me soigner convenablement. Je tente alors un mouvement de mes pattes gauches pour débuter ma marche, lorsque la douleur me ramenait dans une crise de frigidité. Mes pupilles félines descendirent tout du long de mon pelage, pour y découvrir avec effrois, cette flèche entravée dans ma chaire. L’adrénaline et l'angoisse du moment, ne m'avaient même pas fait remarquer ce qui avait réellement provoquer ma douleur. La maligne arborée mon flanc gauche, un peu au-dessus de mes hanches. Voilà qui était fâcheux, et allait compliquer la chose... Je ne pouvais décidément pas, reprendre ma forme humaine avec cette chose plantée en moi... Si lors de ma métamorphose, elle venait à se déplacer, les dégâts risquaient d'être plus conséquent. Non, il fallait qu'elle soit enlevée sous ma forme animale... Mais comment ? Dépourvue de main, cela risque d'être fort compliqué.  

L'animal que je suis, tentait toutefois une démarche incertaine pour avancer, ne serait-ce que de quelques mètres. Impossible, chaque mouvement me mettait aux supplices, et trémousse la pointe de cette flèche en moi. Venant alors à m'avachir du côté droit, ma tête sur le sol, essayant de penser à une manière de pouvoir me sortir de ce mauvais pas. Je ne pouvais pas rester ici à attendre, qu'un charognard ne vienne à dépouiller ma carcasse... Encore moins si je suis encore en vie. Le bout de ma queue vint à taper le sol de manière frénétique, démontrant un agacement de ma part, tandis que mes pupilles cherchent désespérément une solution. Une réflexion qui fut toutefois interrompue par l'approche d'une autre personne. Le bruit de ses pas ne fut pas la première chose à la trahir, il y eut aussi ce doux parfum. En somme, ce doux arôme ne venait pas à me faire présager une menace, bien que je sois sur mes gardes. Mes babines s'entrouvrant, un léger grondement animal fit écho entre ces dernières. Il ne sonnait nullement comme une menace, mais plutôt comme un avertissement, voulant prévenir cette personne que je ne me laisserais blesser plus que je ne le suis... Même si dans un premier regard, il n'est pas abstrus de voir que cela est compliqué pour moi.    

Mes babines retroussées, je previens l'arrivée de la jeune femme vers moi. Etait-elle avec ces hommes de toute à l'heure ? Malgré la douce odeur qu'elle dégage, je ne peux vraiment me fier à une première impression. Couchée sur le sol, ventre contre terre et mon buste relevé vers elle, mes deux pattes massives laissent entrevoir mes griffes. Mon regard se perdit un instant dans la direction d'où j'étais venu, mes affaires n'étaient pas loin, mais je ne pouvais avancer plus. De toute évidence... Que pourrais-je bien en faire dans ma situation ?

Le bout de ma queue vint à frapper le sol assez massivement pour démontrer un certain mécontentement de ma part, bien que ce comportement ait surtout pour but de lui apporter de la méfiance à mon égard. Je ne voulais pas qu'elle puisse croire que je sois aussi vulnérable que je semble le démontrer, car malgré la douleur, il me serait aisé de planter mes crocs dans sa chaire. Un léopard des neiges n'est certes pas, la créature la plus colossale du royaume, loin de là, en revanche elle possède toutefois une force largement plus ample qu'un humain lambda. D'autant plus de par sa mâchoire, qui pourrait vous arracher un bras en l'espace d'un instant... Oui, mais voilà, je suis avant tout moi aussi humaine, bien plus qu'animal, et je ne me vois décemment pas faire ce genre de choses. Et ce, même à un ennemi en était réaliste... Bien que cela dépend encore du contexte. Bref. Mon regard bestial se pose sur la jeune femme qui tente une approche envers moi, qui je dois dire, de manière plutôt sécurisante et conciliante. Mes iris descendent sur ses mains, veillant à ce qu'elle ne tienne aucune arme, ni ne montre un signe de nervosité. Pour moi lorsque l'on se sent en proie à ce sentiment, c'est que notre conscience n'est pas tout à fait tranquille. Si elle souhaite s'approcher de moi, c'est en connaissance de cause, il n'y a donc pas de raison qu'elle démontre un signe d'agitation.

Sa main vint à se tendre vers moi, rapprochant alors le doux arôme de sa peau. En soi, les odeurs que je capte ne viennent pas à m'alarmer. Bien au contraire, cette odeur douce et sucrée tend plutôt vers un état d'apaisement. Il faut parfois se méfier des choses les plus douces, j'en ai parfaitement conscience, mais dans l'état dans lequel je me trouve, je ne peut vraiment me montrer hostile et défiante. Cette blessure n'est en soi, pas mortelle, mais elle peut devenir aggravante si elle n'est pas soignée à temps. Qui plus est, je sais encore qu'il n'est pas possible de reprendre ma forme avec cette flèche plantée en moi... La situation devient compliquée. Les mains de cette jeune femme en revanche, pourrait aisément déloger la maligne. D'ailleurs, la rouquine me précise que sa vocation suscite de soigner des humains, ce n'était peut-être pas un hasard ? Il semblerait que je n'ai nul choix que de lui accorder un once de confiance, mon sens olfactif et ses mots tiennent plutôt à me dire que je peux la lui accorder... Mon regard se tourne de nouveau vers ma plaie ouverte, et émis en léger grondement en voyant l'état de ma fourrure ainsi immaculée de sang. Sur un pelage blanc et noir, ce n'était pas très joli à voir. Un long soupir s'échappa de mes narines dans un souffle, tandis que ma tête flancha sur le coté. Basculant sur mon coté droit, je m'étale sur la terre tapissée d'herbe qui m'offrait un confort minime.

Mes paupières se ferment lourdement sur mes iris, mais ma respiration était calme et contrôlée. Mon état ne s'aggravait nullement, je voulais simplement démontrer à la rouquine que j'acceptais son aide, et que je la laisserais s'approcher de moi sans danger. Bien qu'avec évidence, je garde une oreille attentive sur ses faits et gestes. J'espère simplement que ces petits surnoms plaisantins qu'elle m'accorde allaient cesser, ai-je l'air d'un chaton ? Ou cherchait-elle seulement à m'en donner l'air pour se faire croire à elle-même que je suis inoffensive ? Qu'importe, je souhaite simplement qu'elle m'enlève cette vicieuse de ma chaire, et que je puisse ainsi aller regagner mes affaires. Je ne peux hélas, lui parler sous cette forme, c'était certainement le plus gros inconvénient de cette mutation... Bien qu'en étant parfaitement honnête avec moi-même... l'on ne peut dire que je sois vraiment loquace non plus sous ma forme humaine. Mais au moins, je pourrais l'en remercier.

Je tente de rester impassible et évite de bouger mes pattes pour ne pas l'effrayer, si je crains un mouvement infortun de sa part, c'était probablement le cas pour elle aussi. Il serait dommage de partir sur un geste malencontreux alors que ni elle, ni moi ne semble désirer une altercation.

Couchée sur le flanc, me laissant ainsi en prise aux mains de la jeune femme qui venait m'apporter de l'aide, tout du moins je l'espérais. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça, d'apporter du crédit à une personne que je ne pouvais connaître. Pour autant, je n'avais nul choix... Impossible de reprendre mon humanité en ayant ainsi cette flèche plantée en moi, évitons plus de dégâts. Un changement physique avec un corps étrangé en moi, pourrait d'autant plus déchirer ma chaire, voire se domicilier dans l'un de mes organes. Rien que cette pensée, me fit grommeler doucement entre mes babines. Je n'aime pas avoir mal... Dans un sens, qui apprécie souffrir ? Toujours est-il que je la regarde s'approcher de moi, évitant alors tout mouvement brusque. Seul mon ventre se soulève avec une certaine léthargie provoquée par ma respiration, et le bout de ma queue battant doucement contre le sol. Si pour les canidés une queue remuante pouvait signifier un état de complaisance, pour les félins cela pouvait aussi trahir leur nervosité. Ce qui je dois l'avouer, était mon cas. En mon sens, la rousse devait parfaitement le ressentir, puisqu'elle s’approche de ma blessure à la même allure qu'un petit chaton anxieux et craintif. J'aurais bien aimé lui dire qu'elle n'avait rien à craindre, que je n'en viendrais pas à lui faire du mal tant qu'elle se tiendrait convenablement. Mais sous cette forme, impossible de m'exprimer... Je dois avouer, que c'est un des cotés frustrants de ma transformation. Il faudrait peut-être qu'à l'avenir, je m'épanche sur cette problématique, et trouve une manière de me prononcer même ainsi.

La paume de sa main venant à se poser sur moi, j'eus se réflexe benêt de redresser ma tête, mais dans un élan contrôlé. Un léger sursaut, qu'elle comprit innocent. Nous étions simplement toutes deux peu rassurées et méfiantes l'une de l'autre... Dans un sens, cela peut se comprendre. Voyant qu'il n'y avait aucun risque, ma tête se repose lourdement sur le sol, quant un souffle gonflant et dégonflant lourdement mon ventre s'extirpa de mes narines. De nouveau, mes paupières se fermèrent sur mes pupilles félines. Loin de moi l'idée de vouloir piquer un petit somme pendant mes soins, mais cela m'aide en quelques sortes à appréhender la douleur que j'allais ressentir en la sentant enlever la flèche. D'ailleurs, la rousse s'exprime sur ses agissements. Bien étrange de vouloir ainsi parler à un animal, sans savoir ce que je suis réellement. Mais outre ce fait, le son de sa voix m'apaise et engourdie mon anxiété. Bien que... Ce qu'elle débite pourrait pourtant en faire frémir plus d'un. J'ai tout de même une foutue flèche plantée dans ma chaire et dans mon muscle, cela expliquant la dureté de mes mouvements et l'amertume que me provoque la moindre avancée. Tout de même, je pouvais m'estimer heureuse... Cela aurait pu être bien plus grave. Heureusement, je ne semblais pas être tombée sur un bon tireur. Ou alors, ce dernier fut surpris par ma rapidité à m'extirper d'un mauvais pas. Je n'ai toutefois aucun remords quant aux faits de ne pas l'avoir blessé plus que ça... Malgré ce qu'ils m'ont fait, je ne suis pas une bête sauvage. Probablement suis-je bien trop ingénue, mais je ne leur souhaite pour autant pas de mal.  

Mes paupières vinrent à démontrer une douleur lorsque la jeune femme délogea la maligne de ma chaire, tandis que mes griffes s’enfoncèrent dans le sol. Mes appendices animales se tournèrent vers le son porté par la rousse, venant à fredonner un air qui m'était inconnu. Cela en venait presque à endormir mon angoisse, me faisant alors relâcher de nouveau mon corps. Mes griffes retournèrent à leur place, et je me concentre alors sur ses paroles. C'était une belle comptine, et me concentrer dessus me permettait d'oublier un minimum les soins qui me sont apportés. Cela n'avait rien d'agréable, toutefois, je ressentis cette libération appréciable quand la flèche fut enfin enlevée. Ma tête se redressa doucement vers mon flanc, émettant un léger grondement en voyant ma si belle fourrure ainsi immaculée de ce liquide chaud et rougeâtre. La jeune femme me proposa alors, deux manières de refermer ma plaie, chose qu'il serait peut-être préférable de faire une fois ma forme humaine reprise ? En réalité, c'était la première fois que je me faisais ainsi blesser sous cette forme... Dans un sens, je n'avais acquis ce pouvoir que depuis bien peu. Je ne sais donc trop comment faire... Par prudence, maintenant que la flèche est délogée, il valait peut-être mieux terminer les soins sous mon autre forme.

Ma tête se tourne en direction du chemin où j'avais ainsi laissé mes affaires, elles n'étaient pas bien loin, je pourrais aisément marcher jusque là-bas. Du moins, c'était sans compter la nouvelle approche des hommes qui étaient parvenus à retrouver ma trace. En même temps, le sang que j'avais laissé disperser autours de ma zone devait aisément me trahir. Il va de soi que des hommes chassant un léopard n'était en rien de simple chasseurs. C'était ma fourrure qu'ils souhaitaient, et venaient surement à traquer d'autres créatures dont la chasse pourrait être interdite. Je pourrais reprendre ma forme, mais il n'est en rien certains qu'ils laissent ainsi deux femmes en témoins de leurs agissements de contrebande. Mon regard se pose sur ma soigneuse, quelque peu désolée de l'avoir ainsi fourvoyer dans ce genre de problème. Au final, elle avait été des plus douces avec moi, et ainsi attentive à mes ressentis. Je ne pouvais la laisser en mauvaise posture, et devait ainsi lui rendre ce que je lui devais. De toute évidence, nous ne pouvions rester ici, et ce même pour prendre le temps de fermer ma plaie. Nous serions rapidement interrompue dans les secondes qui suivent, et je préfère ne pas me faire surprendre ainsi. Péniblement, je vins donc à redresser mon corps, de manière à me retrouver coucher sur le ventre et non plus sur le flanc. Un léger grondement sortant de mes babines, à la fois pour signaler une plainte douloureuse, mais aussi en guise d'alerte vers les hommes qui approchent.

Trop tard, mes sens devaient véritablement être engourdis pour ne pas les avoir perçus plus tôt, mais les voilà ainsi face à nous. Mes babines se retroussent pour laisser apparaitre mes canines de prédateurs, émettant un grognement menaçant à leur encontre. Rien ne sert de reprendre ma forme, féline ou humaine, aucunes traces ne devraient de toutes évidences rester derrière eux. La rousse n'était donc pas non plus en sécurité... Et si pour ma part je pourrais craindre pour ma fourrure, je pense qu'elle pouvait aussi trémuler pour sa peau.

« Et bien ma p'tite dame, cette bestiole vous appartient ? Belle créature, je ne parle pas seulement du félin... »

Leurs armes pointées en notre direction, voulaient ainsi leur apporter un caractère dominant. Ils voulaient nous faire peur, et surement mener les choses à leur guise. Il était toutefois distrayant de voir que celui que j'avais mordu l'heure passée, se tenait un peu plus à l'écart. Son bras avait bien pâtit de mes crocs, et il ne voulait certainement pas ressentir de nouveau la force de ma mâchoire.

« Peut-être que si vous soignez mon camarade, nous serions plus gentleman envers vous ? »

Un nouveau souffle s'échappe de mes narines, montrant une certaine exaspération de ma part. Cela suffit. Péniblement, je me redresse malgré cette désagréable sensation de sang coulant sur moi. Mes pattes accrochant le sol, mes griffes épousèrent de nouveau la terre démontrant alors que j'étais prête à bondir sur eux s'ils approchent de nouveau. Au vu de mon attitude, ces derniers levèrent de nouveaux leurs armes, prêt à en découdre.

Mes pupilles félines guéttèrent le moindre geste, le moindre mouvement du corps des hommes qui se trouvent à présent face à nous, mais aussi leur respiration. Nous pouvions beaucoup apprendre en se concentrant sur ce détail, chose que j'eus rapidement acquise durant mes quêtes. Une respiration calme et posée, le danger ne semble pas imminent, mais il suffisait d'une simple accélération de leur poux, pour démontrer un signe évidant d'une prochaine attaque. Pour le moment, ces hommes ne semblaient pas vouloir tirer leurs flèches, mais simplement s'amuser de la situation. Bien que je ne compris pas tellement cette première approche pour laquelle ils obtempèrent envers la jeune femme, venaient-ils aussi de l'acclamer en tant que créature ? Il se pourrait bien que mon coté ingénue ne vienne à me fourvoyer dans leurs propos, mais je me mis à penser simplement qu'ils devaient être assez idiots pour l'imaginer ainsi. Pour autant, je compris aisément la suite, lui demandant d'apporter des soins à celui que j'avais mordu un peu plus tôt de cela. Avec évidence, il allait lui en falloir... La mâchoire d'un léopard n'étant en rien celle d'un chaton, sa chaire se trouvait en bien mauvais état. Mais leur manière de réclamer la chose, ainsi menaçante, ne donne nullement envie de se mouvoir d'une certaine pitié pour eux. Semblerait-il que je partage cette même conviction avec la rousse.

Mes griffes plantées dans la terre, mon corps se redresse à demie dans une position d'attaque, prêt à les repousser de nouveau s'il le fallait. Bien que je confesse, je ne suis pas friande des attaques envers les humains. Pour cette raison, je me destine le plus souvent à des missions qui concernent de près ou de loin, à des créatures plutôt animales. Peut-être est-ce dû, à mon instinct de chasseuse et de prédatrice, mais l'humaine que je suis aussi, me freine lorsqu'il s'agit d’humanoïde. Pour autant je ne suis pas stupide au point de laisser ma considération me freiner, et les laisser ainsi nous faire du mal. Après tout, ils sont venus en premier chercher des ennuis, et il fallait leur démontrer que nous n'allions pas nous laisser faire aussi aisément. L'une de mes oreilles se tourne vers la rousse, qui, quant à elle, se redressa mollement en suppliant les chasseurs de ne pas approcher. Un petit jeu d'acteur que je remarquais rapidement, pouvant si près d'elle entendre les palpations de son cœur. La jeune femme mentait, et ne ressentait aucune peur à leur encontre. Lorsque l'on vous dis que les félins sont doués pour ressentir ce genre de chose, ce n'est en rien une légende. Curieuse de découvrir ce qu'elle avait dans sa caboche, je me contente de rester aux aguets, appréciant alors le spectacle qui s'offre à mes mirettes.

Il semblerait que ma soigneuse ait d'autres talents cachés, puisant ainsi dans ses ressources pour me faire apprécier cette petite danse qu'elle offre à nos amis. Ces derniers se cassèrent le nez -surement dans les deux sens du terme- en tentant ainsi de s'approcher de nous. Si j'avais sur moi mon visage humain, l'on aurait certainement remarquer ce petit sourire amusé sur le coin de mes lèvres. Seules mes oreilles bougèrent sur le haut de mon crâne, démontrant mon intéressement et mon amusement de la situation. Elle se débrouillait avec aisance cette demoiselle, l'on peut dire que j'avais à mes cotés, la partenaire idéale pour ce moment.

Vint mon tour, lorsque la rousse m'offrit en pâture l'un deux hommes qui semblait se montrer bien moins fugace que toute à l'heure. Et bien... Une fois seul face à sa proie, il semblait faire bien moins le fier... C'est plus facile n'est-ce pas, lorsque l'on se trouve être à plusieurs contre une minorité ? En une simple demie-seconde, mes pattes prirent appuie sur le sol, et mon corps se souleva d'un bond félin en sa direction. Mes pattes arrières s'affaissant et se tendant pour me donner de l'élan, pattes avant tendues, mon flanc se projetant sur lui. Mes griffes se rétractèrent pour ne pas lui arracher les épaules lorsque mes pattes se posèrent dessus, venant alors à le faire basculer lourdement en arrière. Ma queue tapant avec une certaine force dans sa main pour l'obliger à lâcher son arme, je me retrouve ainsi, en position dominante sur le chasseur qui devient à présent, le gibier apeuré. J'avoue, je pris un malin plaisir à retrousser mes babines en donnant cette impression que j'allais ainsi le croquer, voyant dans son regard cet air terrorisé. D'un souffle, je m'écarte alors de lui, lui offrant la possibilité de détaler comme un lapin.

Ce dernier se redresse, reculant en rampant sans me lâcher du regard. Puis, sans demander son reste, s'enfuit en oubliant ses compères derrières lui. Chose que le deuxième ne semblait guère apprécier, venant à héler son nom suivit d'une injure. Son arme tomba à terre lorsqu'il remarque que la rousse le mit ensuite à ma merci, bougeant alors doucement ses mains devant lui comme s'il cherchait à amadouer un animal de compagnie. Il était à présent seul contre nous deux, et voyait bien que la situation  lui échappe... Etant donné qu'il ne pouvait compter sur son autre partenaire à terre. L'homme recula au fur et à mesure que j'approche, venant à se poser près de son compère et le prenant par les épaules pour l'aider à se relever. Il semblait ne pas demander son reste, et vouloir ainsi partir. Chose que je lui accorde, me posant assise sur le sol, lui faisant comprendre du regard qu'il avait tout intérêt à se presser.

Autant vous dire que le champ fut rapidement libéré, nous retrouvant ainsi de nouveau seules toutes les deux. Mon intention se tourne de nouveau vers la rousse, je pense qu'à présent, elle avait assez mener pour que je puisse lui accorder ma confiance à part entière. Malgré ma blessure encore ouverte, je disparais d'arrière un buisson et allais ainsi chercher mon sac avec mes affaires dedans. Sans la vicieuse plantée en moi, j'avançais bien plus facilement toutefois la plaie encore à vif me fit grincer des dents. Une fois mes affaires rejoints, mon corps reprit forme humaine à la même allure que je me redresse dans un léger rale de douleur. Une transformation peut agréable lorsque l'on est blessé, car la plaie bouge aussi. Tout en remettant mes vêtements, l'une de mes oreilles animales se tend vers l'arrière, entendant la jeune femme arriver.

Je n'eus le temps de tourner mon regard vers elle, qu'un vertige s'emprit de moi. Mon esprit vascille, j'avais perdu beaucoup de sang et ces derniers efforts commençaient à me le faire payé. Ma dernière vision, fut cette chevelure rousse qui vint vers moi avant que mon corps ne vienne à s'avachir sur le sol, mes paupières closent. Ainsi partie dans mon demie sommeil, je plonge dans des rêves étranges. Mes mains ne touchèrent plus la terre sèche, mais une poudreuse des plus froides. Serais-ce à cause d'une certaine hypothermie ? Mes paupières s'ouvrent de nouveau, mais je ne suis plus dans cette forêt... A dire vrai, je ne sais nullement où je me trouve. Il y avait de la neige tout autours de moi, et un petit carillon chantonnant vint à me faire lever les mirettes vers le ciel. Effectivement, je perds un peu la tête... Suis-je réellement en train de voir des rennes en train de voler ? Ces derniers tirant un traineau, remplit de présents... Ca n'allait vraiment pas, mais je compris de suite que je n'étais pas dans la réalité. Ma perte de connaissance avait de bien drôle de conséquences.

Ma perte de connaissance dû à la douleur et le sang ayant coulé, ne vint toutefois pas à marquer mon visage qui au contraire, semblait apaisé et serein dans mon demie-sommeil. Même s'il fallait l'avouer, mes songes n'y sont que bien étranges... Il semblerait que dans ma demie-conscience, je sentais que l'on s'occupait de moi. Malgré mon état, je pouvais toujours sentir le doux parfum de ma bonne étoile qui c'était occupée de moi. Ainsi, elle n'était pas partie en me laissant seule à mon sort. Elle m'avait suivit, et continuait de prendre soin de ma personne... Décidément, je devais être sous ma bonne étoile pour que mon chemin ait ainsi pu croiser cet ange à la chevelure de feu. Je sentis un léger picotement et une douleur assez modérée au niveau de ma plaie, cela m'emmenant à reprendre mes esprits petits à petits, tout en gardant mes paupières closent. S'enssuie une sensation agréable, de plénitude, une douce chaleur probablement apportée par la présence si rapprochée de la jeune femme. Nul doute, je me sentais bien mieux à présent, et la pointe de mes oreilles furent les premières à montrer signe de vie. Mes appendices animaliers se mouvant sur le haut de mon crâne, ma queue vint elle aussi à remuer, suivant par le battement de mes cils et l'ouverture de mes paupières.

Ma première vision fut bel et bien celle de cet ange aux allures de poupée, ainsi penché au dessus de moi, venant alors à se présenter. Cette dernière semblait surprise de la découverte de mon hybridité, il fallait avouer que mon manque de paroles humaine sous cette forme, ne m'avait pas permis de l'en informer. Doucement, mon buste se redresse, et mes pupilles se posent sur ma blessure visiblement soignée avec précision. Mes mains vinrent à baisser mon haut, toujours taché de sang mais au moins à présent, il ne venait plus à couler. L'une de mes oreilles restait droite, tendis que l'autre se courbe vers Luz, démontrant ainsi une certaine curiosité de ma part à son encontre. Ma queue quant à elle, c'était immobilisée et roulée autours de mes jambes. Mes iris se posent sur elle, détaillant la praticienne de haut en bas. Non pas par un manque de politesse de ma part, mais simplement par la plus grande des curiosités. Même si je ne la voit pas pour la première fois, jusqu'à présent mes yeux avaient été embués par la douleur, mais pour l'heure, je suis toute à mon aise pour la découvrir.  

Son rire aux éclats, eut pour effet immédiat de dessiner une légère courbe sur mes lèvres. Amusée de la voir ainsi s'égayer. Ma main se tend pour saisir le morceau de viande qu'elle me donne, que je viens prendre sans aucun refus. La féline que je suis est aussi dotée d'un grand appétit, et refuser de la nourriture serait vraiment signe de maladie ou alors de non confiance envers la dite personne. Là en revanche, la rousse avait assez donné pour que je puisse lui faire cadeau de ma conviction à son égard. Commençant donc à mordre à mon tour dans le morceau de viande séché, que je déguste. Après toutes ces émotions, ça fait vraiment du bien !

- Lulla, je m'appelle Lulla.

Enfin un son sortant de mes lèvres, venant ainsi à me présenter à mon tour. C'était tout de même, la moindre des choses envers ma sauveuse.

- Merci beaucoup de ton aide Luz, j'étais bien embêtée... Je ne peux reprendre forme humaine si je suis ainsi blessée.

Je ne mis que peu de temps avant de terminer de manger mon morceau, mon regard se posant sur son sac, le bout de mon nez y sentant de nouveau cette odeur. Oui, je pouvais en effet être une véritable affamée dans ces moments là, d'autant plus que mon appétit équivaut véritablement à l'animal qui sommeil en moi. Je secoue la tête à son autre parole.

- C'est assez rare que l'on vienne à me chasser ainsi, mais je n'avais véritablement pas envie de terminer en manchon de fourrure....

Brrrr... Qu'elle idée ! En tous les cas à présent, je ferais bien plus attention lors de mes transformations. Bien que certains me perçoit plutôt comme un jouet avec mes attributs animaliers, je préfère cela plutôt que de terminer en vêtement. Mais une chose était certaine, vu la frayeur et surtout la tôlée que ce sont pris ces hommes, les animaux de cette foret allait être tranquille... Pour ce jour là toutefois. Je suppose hélas, qu'ils ne sont pas les seuls.

- Je te remercie pour ton aide, désolée si je t'ai fait un peu peur sous ma forme animale. Je conçois que c'est assez impressionnant... Toutefois, ta magie l'est tout autant !

Un sourire amusé vient à se dessiner sur le coin de mes lèvres, lorsque la rousse évoqua le fait de son sentiment d'inconfort auprès de l'animal que j'étais. Bien évidement, je ne l'aurais pas dévoré, elle serait bien trop lourde à digérer pour moi, je ne peux garder ma transformation assez longtemps le temps de la digestion, et dans un ventre humain... Ho mais bien sûr, la raison principale était surtout qu'il ne me viendrait jamais à l'esprit de m'alimenter de chaire humaine. Une chose tout bonnement inconcevable même si je suppose, que dans ce monde si particulier, l'on peut hélas trouver de tout. Pour l'heure, je ne me contenterais que du morceau de viande offerte par ma soigneuse, bien que mon regard ne vienne à lorgner sur son sac. Oui, être à moitié hybride possède aussi ses inconvénients, et avoir une faim équivalente à celle de l'animal qui sommeil en moi n'est pas toujours une facilité. Après tout, être gourmande n'oppose rien de mal, il y a surement, bien pire que cela. Un petit défaut que put toutefois constater Luz, venant alors à glisser de nouveau sa main dans sa sacoche pour en sortir un nouveau morceau à l'odeur alléchante. Évidement, que ce soit par politesse ou appétence, je n'allais nullement refuser cette offrande. Venant alors à me rassasier de ce nouveau morceau, je l'écoute me parler de la suite qu'elle concocte pour nos précédents "amis". De toute évidence, nous ne pouvions les laisser s'en sortir si aisément, et ainsi les laisser recommencer leurs méfaits. En tant qu'aventurière, cela semblait aussi inconcevable pour moi.

- Il serait mieux en effet, de ne pas les laisser continuer leur chasse dans de tels conditions. Même si je suppose, qu'ils ont eu une bonne leçon pour ce jour...

J'imagine que la fierté de ces hommes a été mis à mal durant l'heure qui a précédé. Trois, contre seulement une femme et un gros félin, mais le nombre ne fait pas toujours tout... Nous avions su faire preuve de ruses mais aussi de solidarité entre nous, et c'est surement ce qui nous aura permis d'en sortir victorieuses. C'est aussi pour cette raison que j'ai rejoins la guilde, aimant ce principe de partage et de solidarité.

- Vous pouvez apporter la version qui vous semble le plus convenable auprès des autorités. De toute évidence, ces hommes ne savent pas ce que je suis réellement, donc ce détail n'a en effet, pas besoin d'être signalé... Bien que... Ça pourrait être d'autant plus amusant de voir leur expression lorsqu'on leur signalerait avoir perdu contre deux femmes.

En réalité, il n'y a rien d'étonnant à cela. Des femmes peuvent amplement tenir tête à des hommes, et leurs botter les fesses avec poigne. Mais certains goujats ont parfois du mal à accepter l'évidence, qu'ils peuvent se trouver plus faibles qu'une damoiselle... Qu'importe, je savoure bien souvent l'expression de leur visage lorsque cela se fait, sans compter le fait que ça puisse leur apporter une bonne leçon.  

La rousse me parlait ensuite de faire partie de ce que l'on nomme, l'Astre de l'Aube. Un regroupement dont j'ai en effet, vaguement entendue parler dans la capitale. Je devrais m'intéresser un peu plus à ce qu'il s'y passe, je confesse. Mais étant souvent sur la route, et ne venant que très peu parmi la civilisation, je n'ai que de maigres informations sur eux. Une chose est sûre, je ne pouvais toutefois douter de la capacité de Luz en tant que médecin. Je n'eus toutefois le temps d'en dire plus, qu'elle remarque à son tour mon appartenance pour les Aventuriers. S'en suivit alors, une tornade de questions, m'apportant un léger rire. Amusée par cet intérêt qu'elle puisse poser sur moi, trouvant cela à la fois distrayant, mais aussi touchant de sa part. Terminant alors de me rassasier, je sors de mon sac une gourde et commence à boire une gorgée, en proposant par la suite à la jeune femme de faire de même. Après tout, elle avait partagé son repas avec moi, je pouvais lui partager mon eau.

- En réalité, j'ai commencé dans la guilde seulement en temps que pisteuse. Car oui, je possède des sens félins sous ma forme humaine qui sont très utiles pour certaines tâches. Par exemple, je peux entendre le son de la cascade un peu plus loin... J'ai aussi pu sentir votre parfum avant même que vous ne m'ayez remarqué... Mes yeux me permettent de mieux voir dans la nuit aussi... En revanche, ma capacité à pouvoir me transformer à part entière, je ne l'ai acquis que récemment. Mais oui, je compte la mettre à profit pour apprendre à mieux me battre.

A ces mots, ma queue vint à se glisser sur mes jambes, glissant ainsi mes doigts dans ma fourrure. Je pense ainsi avoir répondu à toutes ses interrogations, mais pour ne rien cacher, j'ai moi aussi quelques petites choses à lui demander. Après tout, il n'y a aucunes raisons pour que la rousse soit la seule indiscrète de nous deux.

- J'ai beaucoup de chance qu'une médecin de l'Astre de l'Aube ait été présente à ce moment. Si à l'avenir il me revenait une nouvelle mésaventure, je viendrais faire appel à vos talents. J'ai beaucoup apprécié que vos mains viennent à m'apaiser, elles étaient si douces sur ma fourrure. D'ailleurs, depuis combien de temps vous exercez ? Il y a de nombreux médecins dans ce regroupement ? En quoi cela consiste au juste ?

Je ne semblais génée d'avouer avoir apprécier la douceur de la jeune femme sur moi, cela me paraissant naturel. Même si cela, peut emmener à mauvaise interprétation. Ma dernière question put paraître complétement stupide, mais au moins je m'infirme, et j'en serais plus après cela. Quelque chose vint toutefois me frapper à l'esprit,mes oreilles venant à se dresser sur le haut de mon crâne, signe que quelque chose se dérobe dans ma caboche. Ma main vint à fouiller dans mon sac, sortant une petite bourse en cuire que je voulus déposer dans les mains de la doctoresse.

- Pardon, j'allais oublier. Bien évidement, je vais payer pour les soins que vous m'avez apporté, c'est tout de même la moindre des choses.

La moindre des choses en effet, elle m'avait apporté les soins nécessaires et probablement permis de me remettre rapidement sur pieds. Luz était ma bonne étoile pour cette journée... Cela me rappelant un conte populaire que l'on vient à raconter aux enfants, sur une journée particulière où chacun de nos souhaits seraient exaucés. Que l'on ait été sage, ou non durant les précédentes journées, vous recevez une grasse divine. Que ce soit en cadeaux, et mets, ou autre compensation... Pour ma part, ce fut par les soins particulier de ma bonne étoile, le meilleur des cadeaux que je pus souhaiter pour cette journée, qui plus est... se terminant par un repas, bien que léger, entre nous deux.

Un retour à l'envoyeur pour la petite bourse, revenant se lover dans la paume de ma main. Je fus quelque peu déconcertée par le refus de la soigneuse face à moi, il est rare de tomber sur une personne qui vous offre ses services de manière si gracieuse. Dans un sens, je me sens redevable envers elle, après tout, je lui devais d'être à ce moment sur pieds. Toutefois, elle m'assure par ses brimades, d'avoir été satisfaite de cette rencontre. Il est vrai que nous nous étions quelque peu amusées en venant à rendre la monnaie de leur pièce à ces brigands. Je suppose, qu'ils vont se montrer plus méfiants à présent, et potentiellement ne plus dénigrer la force et l'obligeance des femmes. Un sourire se dessine alors sur mes lèvres, prenant une petite réflexion lorsqu'elle vint à me demander si ma vie était toujours aussi mouvementée.

- En tant qu'aventurière, on peut ainsi dire que oui. Fort heureusement, il est rare que l'on m'en veuille ainsi de manière personnelle.

En réalité, ce fait était l'une des rares fois où l'on venait à s'en prendre à moi de manière désirée. Bien que je suppose que s'ils m'avaient perçu sous ma forme humaine, ses lâches n'en seraient pas venus à s'en pendre à moi... Une supposition qui toutefois, peu s'avérer douteuse puisque Luz a elle aussi était une cible sans pour autant être porteuse de fourrure. La rousse était toutefois porteuse de bien d'autres atouts, sans compter son sourire et sa répartie qui me fit rire doucement. M'amusant à mon tour, je pose une main sur ma poitrine et lève ma dextre, paume en l'air, jurant de ne rien dire à sa secrétaire. Il serait fâcheux qu'elle ait des embêtements pars ma faute, alors qu'elle a risqué d'être blessée pour me protéger. Toutefois j'imagine pour le dire de manière si légère, elle ne risquerait pas grand chose si ce service bénévole venait à faire écho dans de curieuses oreilles.

Je l'écoute ensuite avec intéret, me parler de sa profession, et fut prestement touchée par sa proposition. Il est indéniable, c'est toujours bénéfique de pouvoir avoir accès à des soins performants, d'autant plus avec ses périples dans lesquels je me lance bien souvent. Au vu de la douceur et de la perfection des soins apportés par la jeune femme, il ne fait nul doute que chacun des membres de l'Astre, doivent faire preuve d'un grand potentiel.

- Je vous remercie, vraiment. Si le besoin y est, je viendrai me faire soigner à votre cabinet. Même si je ne doute pas du potentiel de vos collaborateurs, vos mains m'ont été très agréables et il me serait réjouissant de les retrouver.

Une phrase qui se pourrait être perçue à double sens, mais venant de mes lèvres, elle en ressortie en toute innocence. Aucune arrière pensées à cela, bien que j'aurais peut-être du amener les choses différemment. Mais pourquoi mentir ? Luz était un excellent médecin, et oui, je serais heureuse qu'elle s'occupe de mes prochaines douleurs. En souhaitant cependant, que cela n'advienne pas de manière trop courantes et surtout trop sévères.

Ma redevance envers ma sauveuse, allait toutefois rapidement pouvoir s'assouvir. Lorsque cette dernière me parla d'un spécimen de champignon, utile à ses concoctions, je présume. Une description qui ne me permit pour autant, à me remémorer l'image de cette espèce. Je me trouve quelque peu embêter de ne pouvoir lui apporter satisfaction, mais une idée me vint lorsqu'elle me décrit le style d'environnement où l'on pouvait en trouver.

- Je ne connais pas ce champignon, mais je sais en revanche où nous pouvons trouver du bois morts. Peut-être que cela nous mènera à quelque chose.

Du bois mort, l'on en trouve partout. Mais pour que cela puisse faire naître un variété de champignon rare, je suppose qu'il fallait un certain stade de dégradation du tronc pour que l'environnement soit favorable à l'apparition de champignons. Qui soit dit en passant, dégage une odeur parfois peu agréable, et pouvant se sentir à plusieurs kilomètres... Du moins, pour un fin nez tel que le mien. D'un mouvement de poignet, je propose à la rousse de m'accompagner. Rangeant dans mon sac, ma gourde et le reste de mes affaires, puis me redresse pour la mener vers ce que j'espère, serait une bonne destination pour ses recherches. Je ne m'aventurais pas vers les sentiers, venant au contraire à nous enfoncer un peu dans la profondeur de la forêt. Levant de temps à autre le bout de mon nez, pour humer l'air autours de nous.

Arrivant sur un lieu correspondant à la description de Luz, nous faisions face à des arbres jonchant le sol, morts pour la plupart. Ce n'était pas le coin de la forêt le plus enchanteur en effet, c'est à peine si nous pouvions entendre les oiseaux chanter. L'odeur y est peut agréable, signe que des moisissures sont présentes. Mais qui dit moisissures, dit aussi champignons. Peut-être était-ce ici que la rousse avait remarqué le spécimen.

- Cet endroit vous dit quelque chose ?

Je fus assez satisfaite de constater que l'endroit était bel et bien ce que pouvait chercher la soigneuse. Il faut avouer, que ce genre de spécimen doit probablement être assez difficile à trouver, mais par déduction, il était bien plus plausible de le trouver dans un tel endroit. Mes iris la regardèrent curieusement exhumer les lieux, l'on pouvait aisément deviner mon coté intrigué, en voyant mes oreilles s'agiter frénétiquement sur le haut de mon crâne. Ces dernières semblèrent suivre Luz comme des paraboles, tandis que ma queue restait sagement enroulée derrière moi. Préférant ne pas trop m'approcher de son lieu de cueillette, au cas où je viendrais malencontreusement à souiller sa zone de chalandise, je restais toutefois attentive à ses paroles. Le coin de mes lèvres vint à s'étendre lorsqu'elle évoqua mes voyages, en comparaison à sa la situation actuelle. J'admet, que de ma carrière d'aventurière, j'ai fais bien plus palpitant. Toutefois, elle se méprenait sur le moment que je pouvais passer avec elle. Un léger rire s'échappe de mes lèvres, tandis que je restais bras croisés, appuyée contre un arbre, à observer la rouquine.

- Je découvre pas mal de choses en effet, mais il est aussi intéressant de voir comment certaines personnes s'y prennent pour trouver des spécimens assez rares. En réalité, c'est un savoir que je cherche aussi à acquérir. Il peut arriver dans des missions, que l'on nous demande de trouver des spécimens plutôt rares entre la faune et la flore.

Bien que je savais pertinemment que je ne pourrais obtenir les connaissances nécessaires, comme celles que pouvait posséder Luz, je prenais toutefois bonne note de sa manière d'agir. La féline que je suis était très observatrice, et apprenait beaucoup juste en contemplant la gestuelle appliquée de la soigneuse. Partageant alors allégresse lorsque cette dernière dénicha enfin le dit champignon, une moue de contentement se dessine sur mon visage. Après tout, cette dernière m'avait apporté des soins nécessaires à ma vitalité, c'était donc le moins que je puisse faire pour elle. Mais à présent qu'elle avait trouvé son précieux sésame, je me permis de m'avancer de nouveau vers sa personne. Prenant toutefois garde, à ne pas trop me souiller dans cette zone boueuse.

- Le rang de saphir peut en effet être un honneur, mais ce n'est pas ce que je recherche. S'il devait mettre attribué, je le recevrais avec joie, mais mon but est tout autre.

Mon but ? En réalité, je n'ai aucune prétention particulière. Je suis de ce genre de personne, qui se laisse porter tout simplement par les évènements. Mais je suis bien loin des aventuriers téméraires, prêt à affronter milles dangers. Ou alors, suis-je plus sage qu'eux en me contentant de missions qui valent mon expérience ? Je ne cherche vraiment à me faire grandir parmi eux, ni m'attribuer une gloire que je ne serais porter. A dire vrai, je suis très bien comme je suis actuellement, légèrement effacée. Toutefois, je ne vins pas à m'attarder sur sa réflexion concernant une probable famille à construire. Ce n'était non plus pour le moment dans les présomptions... Bien que... L'idée faisait cependant son petit bonhomme de chemin depuis que je suis avec Red. Mais laissons le temps à ces idées de venir s'implanter d'elles-mêmes, et surtout naturellement. Je ne suis de celles qui veulent brusquer les choses, et d'autant plus que le fait de fonder une famille, ne me permettrait plus de travailler comme je peux le faire au sein des aventuriers.

La soigneuse vint à ouvrir cette carte devant le bout de mon museau, me demandant par la suite si je pouvais connaître d'autres zones comme celles-ci. Je pris un petit temps de réflexion, venant à doucement remuer mes babines et opter pour un léger froncement des sourcils. Il me semblait me rappeler d'une autre zone comme cette dernière, mais l'accessibilité y est plus difficile. Mes doigts saisissèrent l'un des crayons de la rouquine, et entourèrent l'une des zones se trouvant dans un coin reculé de la forêt. Une deuxième zone que j'entoure, qui semblait être plus abordable, mais probablement un peu trop. Il valait mieux aller vers les zones les plus écartés pour être certains que d'autres personnes ne soient pas venus corrompre l'endroit, et cueillir ce qui pouvait l'intéresser. Un rictus amusé se pose sur le coin de mes lèvres, tandis que Luz blaguait de nouveau.

- Une carrière de guide... Oui, pourquoi pas. J'ai encore beaucoup à apprendre, mais je pars certainement avec une avance grace à mon coté animal.

Je terminais d'entourer une troisième zone, ce qui je constate, est assez maigre comparé à l'ampleur que pouvait prendre la forêt. Mais si je devais en découvrir de nouvelles, je viendrais en informer la jeune femme avec joie. Je lui rend ainsi sa carte et ses crayons, et replace naturellement une mèche de cheveux rebelle sur le coté en relevant mon regard vers elle.

- Il est probable qu'il puisse m'attendre oui, mais sans vos soins je n'aurais certainement pu rentrer avant la nuit. Je vous remercie encore pour cela, et si vous avez un jour besoin d'être guidé dans la foret, ou ailleurs, n'hésitez pas à venir à la guilde pour demander à ce que je vous accompagne.

Il était certainement temps de faire nos au revoir, et rentrer chacune de notre coté. Cependant, j'étais sincère lorsque j'évoquais le fait que je puisse l'aider pour ses recherches. Ma queue vint d'ailleurs à signer ces paroles, en se balançant allégrement derrière mon dos.