Foutu timidité !
Me maudissais je en colère contre moi même.
Prenant mon courage à deux mains j’allais pour pousser la porte quand un jeune homme à l’allure atypique sortit en trombe. Deux ailes dans le dos, un gros chat dans les bras et suivit d’un rapidodo qui manquât de me faire tomber.
Je n’avais jamais vu quelqu’un comme lui, bizarrement plus curieuse qu’effrayée je décidais de le suivre.
Il parlait tout seul grommelant, tout en caressant son gros chat qu’il devrait probablement perdre des semaines pour trouver et préparer de la poudre de Phume.
Je regardais soudain mon flacon me demandant pourquoi il en avais besoin et surtout si il connaissait les bon dosage. Tiraillé entre la peur et l’envie d’aidé j’hésitais à le rejoindre pour lui parler.
Allez Aube ! Luz serais fier de toi.
me disais pour me donner un peu de courage.
Prenant une profonde inspiration, avec un nœud à l’estomac, je rattrapais le jeune homme le tirant par la manche pour attirer son attention.
Il posa sur moi un œil interrogateur alors que toute ma détermination s’envolait, balayé par la peur
« J… Je… heu… »
bredouillais je effrayée
Abordé quelqu’un est plus difficile que ce que je le pensais, alors que perdant patiente il allait se retourner, je lui montrais le flacon d’une main tremblotante.
Hé bien, visiblement, non!
Niraen avait profité qu'on l'avait à nouveau appelé à la capitale pour, bon déjà y aller, mais surtout amener ses familiers pour les habituer à différentes situations. Zemir, le rapidodo bleu, n'était pas très à l'aise en ville au début, mais il s'y était fait. Yami, le suiky, s'en contrefichait, au contraire, il était tout aussi bien et heureux ici que dans la forêt, et Talja la petite catosor restait intimidée, et se fatiguait vite de toutes ces nouvelles choses à voir et sentir. Elle restait jeune et avait besoin de beaucoup de temps de sommeil, alors elle passait le plus clair de son temps sur le dos de Zemir.
Tant qu'à être ici, autant en profiter pour répondre aux différentes demandes pouvant correspondre à ses qualifications. Il se retrouvait ainsi dans une boutique pour chercher de la poudre de phume en dentelle pour un client. En effet, vu qu'il n'avait pas été appelé à la capitale pour ça initialement, il n'en avait pas sur lui, ça ne faisait pas parti des choses qu'il prenait en temps normal, et ça ne poussait absolument pas dans la région! Or, s'occuper des cas du coin avait pour but de rentabiliser son voyage en quelque sorte, pour ne pas faire un trajet de plusieurs jours pour seulement quelques heures sur place. Car oui, même avec son nouveau mode de déplacement grâce à ses montures, le trajet restait non négligeable!
L'hybride était donc entré dans une boutique qu'on lui avait conseillé, soit disant spécialisée, mais qui manquait pourtant de cet ingrédient essentiel. Ailes repliées contre lui, queue s'agitant, agacée, Niraen ne manqua pas le bruit indiquant que Zemir était rentré, malgré sa grande taille, sans le prévenir avant par télépathie, et que Talja s'était senti assez à l'aise pour partir explorer l'endroit, alors dépourvu de clients en dehors de lui. Il la prit dans ses bras pour éviter qu'elle n'aille fureter partout tout en continuant à échanger avec le vendeur, avant de finalement faire demi-tour, grommelant dans son début de barbe l'incompétence de cette soit-disant boutique d'herboriste pas foutue d'avoir un tel produit aussi simple! Non parce que s'il devait aller lui même en chercher en montagne, préparer la poudre... Il pouvait aussi demander à Nede, elle en avait peut-être encore, mais ça nécessitait toujours de faire le trajet.
Vu la foule, Niraen ne s'inquiétait pas d'être comprit. Il avait toujours l'habitude de parler à voix haute, vu que ses familiers le comprenaient et que Yami, lui, n'était pas un familier et qu'il ne pouvait communiquer avec lui par télépathie, au contraire des deux autres. Vu le monde et le bruit, il doutait qu'on l'entende! Prit dans ses réflexions de comment palier à ce problème, se disant qu'il pouvait peut-être trouver une autre boutique, il ne remarqua pas les pas s'approchant de lui, tant tout le monde marchait ou courait dans tous les sens, jusqu'à sentir quelqu'un tirer sa manche.
Il sursauta un peu en sentant le geste, se retournant un peu plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu, pour voir une jeune fille, visiblement timide, l'aborder. Niraen se tourna pour poser Talja sur la selle qu'il lui avait adapté sur le dos du rapidodo avant de se tourner à nouveau vers elle, prêt à lui demander ce qu'elle désirait, essayant de revenir dans une attitude plus amicale et professionnelle malgré son agacement vis à vis du vendeur plus tôt, lorsqu'il vit ce qu'elle tenait à la main.
- De la poudre de phume?! C'est... Comment vous saviez que j'en avais besoin? Vous m'avez entendu marmonner?
L'hybride se massa la base de ses bois, gêné, avant de sourire à l'inconnue.
- Je suppose que si vous me la montrez, c'est que vous êtes prêt à m'en vendre? Ce serait très gentil de votre part! Quel est votre prix?
Voyant la timidité de la jeune fille, et le temps qu'elle mettait à répondre, il réalisa soudain qu'il ne s'était pas présenté. Intiment mentalement à Zemir de ne pas trop s'approcher - un volatile de sa taille pouvant facilement être impressionnant, surtout pour des citadins - et faisant signe à Yami d'y aller doucement aussi, même si le jeune chien ne put s'empêcher de s'approcher pour humer l'odeur de l'inconnue, il rajouta :
- Pardon, je saute les étapes... Enchanté, je m'appelle Niraen! Je suis druide et dresseur!
Est-ce qu'il ne pouvait pas juste dire druide? Sans doute, mais les gens ne savaient déjà que peu ce que cela signifiait, alors il préférait préciser pour le dressage à part, comme c'était la principale raison pour laquelle on venait le voir lui personnellement.
Et dire que j'avais eu peur de l’œil de Loki !
Je ne pus m’empêcher de me demander
Est ce ça un monstre ?
Hypnotiser par cet être si atypique, je caressais machinalement le chien venu me renifler. Même moi qui d'ordinaire aurais été terrifiée d’approcher d'aussi près les miens, je ne savais pas trop quoi en penser.
Un druide !
Luz m'avais raconté des histoires à propose des druides.
La présence du chien amicale qui visiblement appréciais ma marque d'attention me fit me sourire et me rassurais ainsi j'essayais tant bien que mal de bredouillée une réponse compréhensible tiraillée entre la peur et la curiosité
Au...Aube
Ne peux-tu pas prononcer ton prénom convenablement ?
En colère contre moi-même toute trace de peu peur balayé j'ajoutais d'une forte faisant sursauté le gros chat ensommeillé qui se mis à feuler
Non ! Je ne la vends pas !
Toute penaude et terrifiée, prenant conscience du timbre de ma voix et des regards des passants sur moi, je baissais la tête autant pour essayer de cacher mes yeux larmoyants que mon visage rouge de honte. Prête à repartir dépité, j'ajoutais d'une toute petite voix.
Si vous en avez le besoin, je pensais simplement que vous pourriez me montrer comment l'utilisé...
Si c'était ça qui l'intimidait, il n'y pouvait pas grand chose... Tout comme si elle était ainsi avec tout le monde d'ailleurs. Il ne pouvait qu'essayer de paraître amical. Et encore, heureusement qu'il n'était pas plus grand que la moyenne!
Heureusement, Yami était assez bon pour mettre les gens à l'aise, s'attirant les faveurs de l'inconnue assez rapidement et parvenant visiblement à la rassurer un peu. C'est pourquoi il fut d'autant plus surpris par son éclat de voix, qui fit sursauter Talja qui se hérissa un peu, oreilles en arrière, ne devant qu'à la présence mentale de Niraen de ne pas sauter de la selle du rapidodo. Ne sachant pas quoi dire, il la laissa continuer, et comprenant ce qu'elle voulait, il essaya de la rassurer sans oser s'approcher, la voyant les larmes aux yeux.
- Oh, euh... C'est très gentil! Vous en avez besoin aussi? Je connais les dosages si vous voulez, ça fera comme un échange de bons procédés.
Voyant quelques regards dans la foule s'attarder sur elle, et sentant - littéralement - sa tension, il proposa :
- Et si on allait dans un endroit moins animé, on y sera plus au calme pour discuter.
Non parce qu'ils n'allaient pas s'amuser à préparer quoi que ce soit ici, dans ces conditions, il leur faudrait au moins un endroit où se poser et où ils ne risquaient pas d'être bousculés par les passants. Et puis si sa timidité était due au nombre de gens présents dans les environs, ça irait sans doute mieux... Ou alors c'était lui qui l'effrayait, auquel cas se retrouver à l'écart avec lui la ferait encore plus flipper...
Bien joué Niraen, bien joué, abruti!
C'est un druide! Pas Luz!
Confuse, rompant le contact tout aussi vite je reculais d'un pas avant d'ajuster mes vêtements et mes cheveux, voulant me donner un air plus professionnel
comment il s'appelle? Niri? Nari?
Je ne connaissais pas très bien la capitale, arrivée il y quelque semaine j'y étais partie le plus vite possible trouvant l'endroit étouffant.
Il y avait bien cet aubergiste qui pour le moment acceptais de m'héberger en échange de quelques corvées, lançant un regard au rapidodo je me doutais qu'il n'allait pas accepter de nous laisser rentrer.
Druide, dresseur... ça t'apprendras à écouter que la moitié quand on te parle! Naren? Niren?
Gênée ne sachant pas trop ou aller, j'espérais que le druide prenne les devants, alors pour gagner un peu de temps je lui tendis le petit flacon
Niraen!
j'y suis! Mince venais-je de dire son prénom à voix haute?
Je lui jetais un coup d'œil rapide
visiblement oui! Trouve quelque chose à dire pauvre idiote!
As tu un endroit en tête?
Il put cependant rapidement écarter l'idée qu'elle puisse être effrayée par son hybridation lorsqu'elle se précipita vers lui pour l'enserrer de ses bras. Il l'avait vue arriver, et son instinct s'en était affolé, mais vu qu'elle n'avait aucune attitude négative, il était simplement resté cloué sur place, prit par surprise, ne sachant pas comment réagir. Il allait lui tapoter maladroitement le dos, faute de mieux, mais elle s'écarta d'elle-même avant qu'il n'en ai le temps, visiblement gênée en réalisant ce qu'elle avait fait et lissant ses vêtements.
Bon... Autant faire comme si rien ne s'était passé, sans doute. Il l'avait vu sourire avant qu'elle ne l'enserre, donc c'était plutôt bon signe! Il n'osa cependant rien ajouter, la voyant pensive. Est-ce qu'elle cherchait comment s'excuser? Ce n'était pas la peine, il n'était pas le plus déranger par ce genre d'incident, assez léger à ses yeux. Il n'était pas un grand fan du contact physique avec les inconnus, mais disons que certains contextes s'y prêtaient mieux que d'autres, et que sa tolérance variait en fonction de ça. Il n'en eu cependant pas l'occasion alors qu'elle lui montrait à nouveau le flacon, et Niraen cligna des yeux pendant plusieurs secondes avant de comprendre qu'elle le lui tendait. L'entendant presque crier son prénom, il sursauta et finit par prendre le dit flacon, un peu prit au dépourvu. Pourquoi le lui donnait-elle maintenant? Enfin, au moins, il ne pouvait pas lui reprocher de ne pas lui faire assez confiance!
- Je ne suis pas de la capitale, donc je ne connais pas très bien... Mais j'ai peut-être une idée oui. Ce n'est pas loin.
Il commença à marcher dans la direction en question, essayant de rester à la hauteur d'Aube tout en indiquant le chemin, gardant une oreille tournée vers elle quand il devait passer entre les gens jusqu'à atteindre une place plus loin, dans un endroit plus calme, avec nettement moins de gens. Il aurait pu essayer l'auberge où il logeait, mais elle était un peu loin, alors ici, ça devrait faire l'affaire. Il y avait des bancs et pas mal de verdure. Il s'arrêta et se tournant vers Aube, souriant maladroitement.
- Ici, ça te va? Sauf si tu as une autre idée...
D'instinct peu à l'aise dans les foules, il devait bien avouer ne pas avoir attendu sa réponse avant de commencer à la guider. Il n'y pensait que maintenant, il espérait que l'endroit lui irait malgré tout! Enfin, il n'était pas contre aller ailleurs non plus si elle avait une idée, en espérant juste que ça ne se trouvait pas à l'opposé!
On arrivait au centre d'une vaste place calme, en son milieu une petite fontaine représentant trois poissons qui tirant des jets d'eau en son centre et qui retombaient dans un léger clapotis. Deux rangées d'arbre circulaire troué par quatre chemins les découpaient en quarts de cercle. Je n'avais aucune autre idée et l'endroit me paraissais tout à fait approprié
Ce seras très bien ici
Quelques jeunes amoureux s'y déplaçaient main dans la main ou discutaient assis sur des bancs. Je rougissais gênée en me demandant ce qu'ils allaient penser de nous. Le chien c'était déjà précipité inspecter quelque buisson, la chatte n'en demandant pas plus pour se dégourdir les jambes et vint me sentir de plus près encore méfiante, avant de se frotter contre moi après que je l' eu caressée. Joueur le chien revint aussitôt vers moi quémander quelques marques d attention. Visiblement jaloux le rapidodo me fit perdre l'équilibre en me donnant un coût de tête amicale afin d'obtenir lui aussi ses caresses.
Je rigolais, tombant à terre entouré des trois animaux qui voulaient chacun leurs marques d'attention, après un court instant ils me laissèrent tranquille alors que Niraen me tendais la main pour m'aider à me relever.
Quelques regards c'étaient posés sur nous, mais je n'y prêtais guère attention impatiente à l'idée de commencer les préparatifs
Le dresseur s'en étonna, mais c'était un pas dans le bon sens! Est-ce qu'elle avait eu plus de facilités en sentant la timidité de la jeune femme? C'était parfaitement possible, mais elle avait été étonnamment aventureuse sans qu'il l'y incite. C'était bon signe! D'ailleurs tout le monde s'y mit. Pour Yami, c'était parfaitement normal, il était très sociable, sans doute plus que son père, mais pour le rapidodo c'était aussi plutôt inédit. L'effet de groupe, sans doute!
Sauf qu'un rapidodo, c'est grand et lourd, alors même si Zemir fit attention, la pauvre finit quand même les fesses par terre. Niraen lui demanda aussitôt de se reculer et s'approcha pour l'aider à se relever.
- Ça va? Désolé, d'habitude ils ne sont pas aussi démonstratifs! Mais au moins, c'est le pire que vous craignez avec eux : crouler sous les câlins!
Sauf en cas d'agression, bien sûr, mais y avait-il vraiment besoin de le préciser? Il était évident que ce n'était pas le genre d'Aube, elle ne dégageait pas ce genre d'onde, à moins d'avoir des sautes d'humeur dues à son pouvoir. Ça arrivait. En attendant, il suggéra de s'asseoir sur un banc, ce qui serait plus simple pour discuter. Talja s'installa entre eux pour pouvoir profiter de la chaleur des deux et avoir plus de câlin. Yami s'assit à côté, demandant quelques grattouilles avant de retourner de temps en temps renifler les alentours. Niraen caressa le cou du rapidodo avant de s'asseoir, laissant ce dernier à proximité, comme s'il montait la garde. Il n'y avait de toute façon pas grand chose d'intéressant à ses yeux ici!
- Alors, quel type de préparation est-ce que vous cherchez à obtenir exactement? On peut en faire plusieurs grâce à la phume en dentelle, et les dosages et type de préparation varient.
Vu la tête de la poudre, il devait bien s'agir de phume en dentelle, et pas juste de phume tout court. Car oui, il existait deux types de phumes différentes, et il ne valait vraiment mieux pas les confondre!
Comment s'appellent ils ? Comment les as-tu eus ? Leur parles tu ?
Avec tout ce tohu-bohu la plupart des personnes présentes s'étaient tournés vers nous, alors réalisant qu'il me tenais encore la main pour m'avoir aidée à me relever, je me dégageais rapidement rougissante ne pouvant m'empêcher d'essayer de deviner ce qu'ils allaient dire de nous. Je reportais mon attention sur une tâche de ma robe que je venais de me faire en tombant essayant en vain de l'enlever afin de dissimuler ma gêne.
Afin de parler plus tranquillement il proposât de s'asseoir sur un banc sous un arbre, nous masquant partiellement des regards des curieux. Assise je le regardais fixement ayant tout un tas de questions se bousculant dans ma tête:
Est il gêné par ses ailes ou sa queue? En a t-il honte ? Et ses bois tombent ils comme ceux des cerfs ? Peut il voler ?.
remarquant que je le dévisageais je baissais les yeux reportant mon attention sur la chatte en lui donnant quelques caresses.
Devant mes nombreuses réticences à aborder le sujet Luz ne m'avais jamais réellement parlé des hommes, mais les caractéristiques animales de Niraen n'étaient pas si repoussant que ça, le contacte de sa main contre la mienne n'étais pas non plus désagréable et il me semblait plutôt sympathique. Tandis que mon esprit vagabondait je rajustais une mèche de cheveux sans y penser alors que s'imposât en moi l'image du marchand bien des années auparavant.
Devenant aussi blême que sérieuse je lui répondis sèchement en le vouvoyant
As t'on besoin d'instrument précis pour faire certaine préparation ? Vous sembliez en avoir besoin nous pourrions donc commencer par là. Ensuite, on verra ce que l'on peut faire avec le reste s'il y en a assez.
Je baissais le regard honteuse du ton que je venais de prendre avec quelqu'un d'aussi sympathique
- Oh pardon, je ne te les ai pas présentés? Le chien juste ici est un suiky, il s'appelle Yami. il vient de l'élevage de mon père. La petite catosor que tu as sur les genoux s'appelle Talja, je l'ai récupéré sous forme d’œuf, et le rapidodo à côté de nous s'appelle Zemir. Je l'ai croisé pendant une ballade, il a décidé de me suivre de lui-même. Je peux parler par télépathie à Zemir et Talja, qui sont mes familiers. Pour Yami, c'est différent, mais c'est moi qui l'ai dressé alors j'ai le choix de communiquer par mots ou par gestes.
Niraen ne se vexa pas plus que ça de sentir Aube retirer précipitamment sa main après un regard autour d'eux. Il pouvait comprendre que ce soit vu comme gênant pour certaines personnes de tenir la main d'un quasi inconnu, surtout devant d'autres gens. Lui ne voyait pas vraiment le soucis, surtout que les autres personnes du parc étaient sûrement tout autant des inconnus pour Aube que lui quelques instants plus tôt. Enfin, il aurait sans doute du être un peu plus rapide à lui lâcher la main lui aussi, vu sa timidité il aurait pu s'en douter!
Il était fréquent qu'on lui pose des questions sur ses familiers. Vu qu'il avait beaucoup de mal à les laisser derrière lui, même s'il savait pouvoir avoir une parfaite confiance en sa famille pour s'occuper d'eux, et de toute façon Zemir l'aidait beaucoup sur ses trajets, il avait souvent un certain nombre d'animaux avec lui en déplacement. Et là aussi, il les laissait rarement dans un coin pendant qu'il partait en ville! Il pourrait sans doute avec Zemir, le plus indépendant, mais même là, il n'aimait pas trop l'idée. Et puis il avait l'habitude de rester avec ses animaux, sans forcément être collé à eux. Il trouvait ça normal et avait parfois du mal à anticiper que ça pouvait gêner certaines personnes. D'autres s'en foutaient, et d'autres comme ici semblaient apprécier leur présence, voir être curieux. Fort heureusement, il ne se lassait pas de répondre aux questions sur le sujet, au contraire, il adorait ça!
Et quand ce n'était pas ses animaux, c'était ses caractéristiques d'hybride qui pouvaient susciter la curiosité. Il agita les oreilles, un peu gêné, mais laissa Aube le scruter du regard, sachant que c'était plutôt normal. Et même si ce n'était pas toujours très agréable, il préférait encore qu'on le regarde clairement plutôt qu'on lui jette des coup d’œil de côté.
C'est pourquoi le changement brusque d'expression et de ton le prit au dépourvu. Elle sembla s'en rendre compte et le regretter aussitôt après. Elle qui était si timide qu'elle bafouillait quelques instants plus tôt... Était-ce dans sa personnalité d'avoir de tels sautes d'humeur? Ou lié à un quelconque pouvoir? Dans le doute il préféra repartir sur un registre un peu plus professionnel, ne sachant pas sur quel pied danser et craignant que se montrer trop curieux à ce sujet ne mette Aube encore plus mal.
- Oh, hum, c'est gentil, mais la poudre vient de vous, ça me paraît normal que vous ayez la priorité sur son utilisation! Vu la quantité dont j'aurais besoin, il devrait en rester assez pour plusieurs usages différent, tout dépend de ce que vous avez en tête. Concernant le dosage, si vous n'avez pas l'habitude mieux vaut passer par des instruments gradués. J'ai assez de savoir faire pour estimer la quantité au regard, donc si vous me dites de quoi vous avez besoin je devrais pouvoir faire la préparation pour vous.
Il ne voulait pas qu'elle se retrouve à devoir à nouveau aller chercher de la poudre de phume, surtout si elle était également pressée comme lui! Fort heureusement, il n'en avait pas besoin de beaucoup, mais tout de même, il ne pouvait pas s'en passer dans son mélange pour autant!
Je fondis en larme devant cette vérité, déjà que peu d'individu osait m'aborder, j'arrivais en plus à repousser ceux qui le faisaient. Peux être bien que je devrais retourner dans la forêt comme avant. Talja visiblement sensible à mon changement d'humeur aussi soudain, venait de se relever pour venir frotter sa tête contre la mienne afin de me consoler, a moins qu'il le lui est demandé.
Et en vérité je ne savais même pas vraiment ce que je voulais apprendre, j'étais partie chercher cette poudre comme prétexte pour quitter la capitale qui m'oppressait sans savoir ce que je pourrais en faire après. Ne sachant pas quoi répondre, sa question ne fit qu'aggraver la situation,
Je me mis en colère contre moi-même, le druide allait sûrement me prendre pour une folle maintenant. Il ne me restait plus qu'à partir, personne de sensé voudrais aider une fille comme moi. Décidée, oubliant la jeune catosor, je me levais d'un bon déclenchant un miaulement de protestation de la part de Talja qui venait de perdre sa petite place douillette et que je venais de faire tomber sans autre avertissement.
J'espérais ne lui avoir fait aucun mal, je me baissais pour la prendre dans mes bras après un instant d'hésitation et quelques caresses, elle se laissât faire. Je me rasseyais sur le banc en la reposant sur mes genoux. À mon grand soulagement, elle semblait indemne et visiblement heureuse de retrouver une place confortable. Ma frayeur passée je me tournais enfin vers Niraen.
Je sais que l'on peut en faire un onguent pour arrêter l'hémorragie ou en faire des emplâtres, y a t-il d'autre utilisation ?
L'onguent est plus délicat à doser et le surdosage peut se révéler dangereux ce qui n'est pas le cas pour l'emplâtre il me semble. Autant commencer par l'onguent dans ce cas non?
Mais je t'en pries garde en la quantité nécessaire pour toi.
Hélas, il semblerait pour le druide qu'il n'avait pas eu la meilleure réaction qui soit alors que son interlocutrice fondait en larmes. Un peu décontenancé par de telles sautes d'humeur, Niraen voulu essayer de la rassurer, demander ce qui n'allait pas, dire que ce n'était pas forcément grave. Mais elle se leva brusquement, sans doute plus par gêne de son propre comportement que pour le fuir vu son expression, dérangeant Talja qui était à moitié sur elle et lui tirant un miaulement mécontent. De par son lien mental avec elle, Niraen savait que la petite catosor avait eu plus peur que mal, mais ça Aube ne pouvait pas le savoir. Tel un gros chat - et elle n'était pourtant encore qu'un très jeune chaton! - Talja lança un miaulement plaintif, et la jeune fille finit par craquer, se laissant attendrir et se réinstallant, la catosor sur les genoux, la caressant alors que cette dernière commençait à ronronner.
Niraen observa la scène, souriant, espérant que ses animaux réussiraient encore une fois là où lui avait échoué. C'était comme ça, même avec les meilleurs efforts du monde, certaines personnes s'ouvraient plus facilement à un animal qu'à un être humain. Et c'était un avantage qu'il commençait seulement à remarquer du fait d'avoir presque toujours des animaux avec lui. Et à ses yeux, il y avait bien plus d'avantages que d'inconvénients, une bonne raison pour continuer!
Mais ce n'était pas tout! Oui Talja avait clairement demandé la présence de la jeune fille, se collant à elle avec joie devant les caresses, mais surtout, elle l'avait fait d'elle-même, sans intervention de la part du druide! Et ça, c'était vraiment bon signe, car après le geste très brusque d'Aube, la catosor d'il y a quelques semaines se serait cachée derrière Niraen sans accepter de nouveau contact. Là, c'était différent, elle ne semblait pas en tenir rigueur, du moment qu'elle avait accepté sa présence une première fois. Et ça, c'était carrément bon signe!
Sans vraiment y prêter attention, voyant qu'Aube semblait être mieux disposée, il reparti sur le tutoiement, tout en restant un minimum professionnel.
- Pour la poudre tirée des fleurs, c'est la seule utilisation connue. Tu sais peut-être déjà que ses feuilles sont aussi utilisées comme épices, mais c'est autre chose. Il ne faut jamais essayé de manger ou boire ses fleurs dans une préparation, se serait également très dangereux!
Tu veux juste savoir comment préparer l'onguent ou tu en as besoin pour toi? Si tu veux juste savoir comment faire, je peux te montrer comment je vais réaliser la préparation dont j'ai besoin.
Il s'éloigna un peu d'Aube pour laisser un espace libre entre eux sur le banc, lui permettant de pouvoir sortir de sa besace dont ce dont il aurait besoin. Il intima mentalement à Talja de ne pas s'approcher de la préparation, connaissant sa curiosité, mais elle semblait distraite par les caresses d'Aube. Yami, lui, avait déjà l'habitude et savait qu'il ne devait pas trop approcher quand Niraen manipulait des poudres et des plantes. Zemir, lui, avait commencé à être distrait par des mouches lui tournant autour et s'était mit en tête de les gober. Du moment qu'il ne s'éloignait pas trop, l'hybride n'avait rien à y redire, alors il laissa vivre.
Il prit une feuille qu'il utilisa pour doser la poudre, la dite feuille étant pourvue de sorte de filaments qui retenaient efficacement les grains et permettaient de les ajouter au fur et à mesure dans sa préparation, évitant les ajouts brusques même s'il tapait un grand coup dessus. Il intégra la poudre à un onguent déjà presque terminé, mélangea avec soin en utilisant d'autres feuilles pour éviter de toucher le mélange à la main, et tout au long du processus, il expliquait les points clés à Aube. Une fois que ce fut terminé, il restait les 3/4 du flacon de poudre. Niraen rangea précieusement l'onguent terminé dans des feuilles avant de lever la tête vers son élève improvisée.
- Est-ce que c'était clair? Tu as des questions?
Pour une fois, il ne s'était pas perdu dans de longues explications détaillées, préférant se concentrer sur ce qu'il faisait. Il avait surtout insisté sur la composition du reste de l'onguent et sur comment savoir si on avait mit assez de poudre ou non. Sa préparation avait l'avantage de changer de couleur au bon dosage, ça aidait!
Je me sentais stupide, qui achèterait quelque chose dont il n'a pas besoin, mais d'un autre je m'étonnais moi-même depuis quand je me confiais à quelqu'un comme je venais de le faire. Tandis que Niraen s'occupait de préparer les différents ingrédients, je me demandais pourquoi j'étais allée le voir. Sûrement ses traits légèrement féminins que l'on pouvait deviner malgré son début de barbe naissante qui m'avaient mis en confiance, à moins que ce soit son côté hybride...
Etait-ce ça que Luz voulait me dire quand elle parlait des hommes?
Suite à cette dernière pensée, je rougissais de moi-même réalisant que je le dévisageais. J'espérais qu'il ne le remarque pas.
Pendant qu'il commençait ses explications, je sortis un petit carnet afin de prendre notes des étapes importantes que trop heureuse de penser à autre chose : Composition de l'onguent, quantité de poudre, ajout progressif, changement de couleur, etc.. Je pourrais sans problème refaire toutes ses étapes.
Alors que j'écrivais Tajla intrigué par ces lignes que je traçais les tapota, s'en détournant bien vite voyant que ça ne bougeaient pas, étant surtout attiré par mes mèches de cheveux se balançant dans la brise : l'heure n'était plus aux câlins.
Tu es plus précis que ce que j'ai pu lire dans les livres.
En effet le dosage dans les livres variait selon les auteurs, mais avec sa préparation qui changeait de couleur impossible de se tromper.
J'ai bien fait de lui demander des précisions
Et pour l'emplAie... Enlève la-moi, enlève la-moi !
Tajla venais de réussir à attraper une mèche, la tirant vers elle pour mieux y goûter, m'obligeant à pencher la tête afin d'éviter d'avoir trop mal.
- A cause du monde? Vous n'avez pas un métier pouvant vous permettre de sortir souvent pour vous aéré, ou la possibilité de déménager? Sauf si c'est passager.
Ok, ce n'étaient pas ses oignons, mais elle avait clairement l'air de ne pas être bien ici. Et être druide, ça pouvait aussi consister à aider mentalement les personnes, et pas juste à soigner les blessures et maladies visibles. Mais évidemment, il n'insisterait pas si elle l'envoyait bouler.
En attendant, il était fixé sur à qui irait la préparation qu'il s'apprêtait à faire! Il commença sa démonstration, assorti d'explications comportant souvent des rimes. C'était en bonne partie volontaire, ça servait de moyen mnémotechniques, et ça rendait certaines recettes assez poétiques. Un couple venu s'installer pendant son explication sembla d'ailleurs s'en inspirer car l'hybride tourna rapidement l'oreille de leur côté, intrigué, le vent portant très bien le son de leurs paroles à ses oreilles.
- Si seulement il n'y avait que nous deux, sans personne d'autre!
- Oui, qu'on soit seul à seul, moi partageant mes pensées et vous les vôtres!
- Avez vous une idée d'endroit que nous pourrions faire nôtre?
- Très sûrement, venez chez moi, je serais votre hôte!
Hum. Un peu bizarre, un couple qui se vouvoyait. Enfin, c'était pas ses oignons! Vu leur façon de parler et leur ton un peu mélodramatique, il n'était même pas sûr de la sincérité de leur échange, mais qu'ils s'amusent ou non, il avait plutôt intérêt à se concentrer sur ce qu'il faisait. Il avait heureusement déjà fini, mais commençait à ranger son matériel, et il ne voulait rien risquer d'abîmer, ni l'onguent fraîchement préparer, ni son matériel ou le reste de poudre.
Le druide ne put s'empêcher de sourire à la remarque d'Aube.
- Merci du compliment! Les druides sont plutôt dans la tradition orale, on doit donc être très précis, surtout sur ce type de recette dangereuse. Il existe des variantes selon les gens, à l'efficacité plus ou moins semblable, et aux effets parfois un peu différents aussi selon les besoins.
Après, tout dépendait aussi des livres qu'elle avait lu, certains étaient volontairement flous, histoire de donner quelques pistes tout en incitant le lecteur à aller directement voir l'auteur du bouquin en question pour plus d'infos, généralement payante. Heureusement, tout le monde ne faisait pas comme ça, et Niraen hésitait franchement à écrire une partie du savoir des druides. Les livres, c'était quand même un outil formidable, et il savait que certains savoirs s'étaient perdus avec la mort ou la disparition des druides qui les portaient.
Il avait fait attention de ne pas parler trop vite, lui permettant à la fois de vérifier ce qu'il faisait - même s'il était plus rapide qu'un débutant, ayant l'habitude de cette préparation, mais était aussi mieux pour son élève, pour qu'elle puisse mieux voir - et aussi pour lui laisser le temps d'observer et de noter. Il était en train de terminer son rangement quand il entendit la question d'Aube, interrompue par une Talja beaucoup trop joueuse.
- Talja! Stop! Ordnna-t-il oralement et mentalement.
La petite catosor était prise dans son jeu, mais pas assez pour négliger l'ordre mental, pas méchant mais ferme. Elle s'arrêta, devinant sans doute d'elle-même la bêtise qu'elle avait fait. Le dresseur l'enleva des genoux d'Aube et la posa de l'autre côté du banc, l'admonestant mentalement avant de se tourner vers la jeune fille.
- Ça va aller? Elle est encore très joueuse, elle ne pensait pas à mal.
Et il n'avait pas pensé qu'elle pourrait essayer d'attraper les cheveux d'une inconnue. D'habitude, elle ne se laissait pas approcher aussi vite, alors il ne s'était pas assez méfié. Il le saurait pour la prochaine fois! Heureusement, il pouvait voir de là où il était que seuls les cheveux d'Aube s'étaient prit dans ses griffes, et rien d'autre. Et tant mieux pour elle! Ils n'étaient pas obligés d'assortir la séance de préparation d'un test en conditions réelle pour vérifier son efficacité, et les griffes d'un jeune catosor étaient très fines et tranchantes. Il avait oublié l'aspect joueur en parlant des menaces représentées par ses familiers plus tôt, pourtant Yami aussi était toujours joueur, même s'il avait tendance à jouer autrement.
En effet qu'il serait bon de retourner vivre dans la forêt entourée de Eriophai, courant après les Lapillons ou jouant à cache-cache avec un Floki...Non ce ne serait pas bien, je secouais la tête
Nonononononon... Je ne peux pas... Luz ne voudrais pas.
j'essayais de me repeigner avec les doigts tant bien que mal, le miaulement contrit que la jeune catosor lança de derrière le druide me fis beaucoup de peine, honteuse je ne pouvais qu'espérer qu'il ne l'ai pas sermonné trop sévèrement. Les larmes aux yeux je gratifiais Yami qui venait de poser sa tête sur mes genoux de quelques caresses tout en me massant le cuir chevelu afin de faire disparaître la douleur résiduelle.
Oh ! Heu... ça va. Merci !
Deux amoureux repartais main dans la main, mon attention étant retenue sur la Talja et le druide je n'avais ni vu ni entendu les deux jeunes gens approchés. Ils se parlaient en prose et d'après ce que je pus entendre ne deviendraient pas des poètes du jour au lendemain.
J'essayais de me rappeler de ma question alors que le druide ayant remplit sa part du marché finissait de remballer. Je devais gagner un peu de temps surtout qu'il avait soulevé un point qui m'intriguais. Je repensais aux douloureuses leçons passé auprès des Weiss, puis à leur bibliothèque, non les livres sont tout de même utiles.
Tradition orales ? On ne vous apprend pas à lire ou à écrire ?
Je fondis en larmes sachant qu'il allait bientôt partir. Il me trouvait sûrement trop bizarre, ils voulaient tous me fuir de toute façon. D'abord Loki, maintenant Niraen, il n'y avait eu que Luz qui m'avait acceptée. Séchant tout aussi vite mes pleurs, je le regardais avec un grand sourire en me souvenant de ma question bien qu'avec les explications données et mes connaissances je supposais connaître la réponse.
Dois t-on remettre de l'onguent en même temps que l'on change le bandage?
La petite catosor poussa un miaulement tout autant plaintif que d'excuse. Heureusement, Aube avait certes eu une réaction un peu violente, mais elle ne semblait pas en vouloir au petit félin. Sentant son stress récent, Yami s'approcha pour poser sa tête sur ses genoux, une bonne façon de la distraire un peu et de lui redonner le sourire.
A côté d'eux, le couple continuait ses mots doux. Ils avaient baissé la voix, tant et si bien que Niraen avait complètement oublié leur présence, bien plus concentré par la personne à côté de lui, mais vu qu'il se détendait à nouveau et tournait les oreilles aux alentours, sa façon de 'regarder' autour de lui, un réflexe de survie qu'il avait aussi gardé en ville - et c'était pas forcément plus mal - il attrapa à nouveau un bout de leur conversation. Et vas-y que ça parlait de bouffe, de châtaignes, de macarons, de sucre d'orge... C'est que ça lui donnerait presque faim tout ça! Et visiblement c'était aussi le cas des deux tourtereaux s'il en croyait les gargouilles de leurs estomacs, et les deux ne tardèrent en effet pas à se lever pour s'éloigner, main dans la main.
Bon, ça faisait toujours une distraction de moins!
- Tant mieux. Quand elle est comme ça, mieux vaut la reposer et jouer avec elle avec un objet, elle contrôle encore mal ses griffes et elles sont fines et tranchantes. Pas de quoi se blesser très profondément, mais tout de même!
Il avait terminé de ranger son matériel, préférant éviter de le laisser traîner même si Aube lui demandait de refaire une autre démonstration pour cette préparation ou une autre. On ne savait jamais, chez lui il était moins pressé de tout ranger, mais ici, sur un banc, mieux valait être prudent! Il n'y avait pas trop de vent mais les feuilles et poudres s'envolaient bien plus vite qu'on ne le pensait à l'air libre.
- Oh si, bien sûr, et on utilise quand même un peu l'écrit, mais ce n'est pas le mode de transmission du savoir préféré des druides, même si ça commence doucement à changer. On a perdu quelques connaissances précieuses à cause de ça, donc mes confrères commencent à changer de son de cloche!
En tout cas il militait activement pour, et sa mère aussi commençait à s'y mettre, même si elle restait frileuse à l'idée des conneries que pourrait faire le grand public avec ce savoir. L'avantage de la transmission orale, c'est qu'on choisit avec qui on le fait, impossible d'apprendre plus que des bribes avec ça sans se faire repérer, et des bribes ne sont pas suffisantes pour réaliser quoi que se soit.
Voyant Aube fondre à nouveau en larmes, Niraen hésita à nouveau sur la conduite à tenir. Serait-ce mal vu de se rapprocher un peu pour essayer de lui remonter le moral? Devait-il poser la question? Les pleurs cessèrent rapidement pour laisser la place à un sourire, aussi le druide décida de profiter de cette 'accalmie' pour essayer d'aborder le sujet.
- Idéalement oui. Après, quand on en a pas beaucoup et si l'onguent est de bonne qualité, on peut ne pas en remettre à chaque fois, mais il faut au moins vérifier combien il en reste et son état, et si des saignements ont eu lieu récemment malgré l'onguent.
Il valait mieux être prudent avec tout ça! Et surtout ne pas enlever l'ancien onguent pour en remettre! Une fois qu'il était bien dosé, il n'y avait plus de risque de surdosage, et l'enlever pouvait abîmer la plaie qu'on essayait de couvrir et faire recommencer les saignements, ce qui était tout sauf l'effet voulu!
- Dites moi, c'est peut-être indiscret, mais... Vos sautes d'humeur sont-elles normales? Vous allez bien? Je fais quelque chose de mal?
Si c'était lié à ce qu'il était, comme son hybridation ou sa tête qui ne lui revenait pas, il n'y pourrait pas grand chose, et ça n'avait peut-être aucun rapport avec lui, mais qui sait, il était quand même curieux, et ainsi il saurait peut-être mieux quoi faire s'il la voyait à nouveau fondre en larmes!
Je fondis en larme une fois de plus, moi qui essayais de paraître le aussi normal que possible j'y arriverais jamais.
C'est certain maintenant il va te prendre pour une cinglée peux être même une folle. Il vas sûrement appeler la garde pour t'envoyer en prison ou même pire au conservatoire avec les aliénés.
Je fulminais exaspérée par ces idées noirs me traversant l'esprit, rouge de colère je serais mon petit couteau à m'en blanchir les phalanges, mon chagrin avait laissé place à un déchaînement de fureur interne que je n'avais pas ressentie depuis des années et qui m'effrayait au plus haut point.
JE NE SUIS PAS FOLLE !
Toute ma haine venait de sortir tel une bourrasque, Yumi venais de reculer de quelques pas me lançant un grognement sourd, même Talja se faisait toute petite derrière le druide, tandis que Zemir c'était rapproché nous regardant à tour de rôle perplexe. Toute ma rage évacué je laissais à mon grand soulagement une profonde tristesse m'envahir de nouveau, de chaudes larmes coulais le long de mes joues [...]
Je relevais la tête le regard rougis par les larmes pour remarquer un Niraen visiblement mal à l'aise, je réussis à lui lancer un petit sourire triste afin de le rassurer, je m'en voulais qu'il est vu tout ça et je ne souhaitais surtout pas qu'il puisse penser que c'est à cause de lui.
La présence du druide toujours assis à mes côté me réconfortas quelques peu. Je ne sais pas combien de temps j'ai pu rester à sangloter ainsi avant que je puisses bredouillée quelques mots entrecoupé de sanglots et de reniflements.
ça... ça... va ! C'e... c'est... pas vous.
Il ne lui avait pas échappé qu'elle avait serré fort un petit couteau, et si cela l'avait mit d'instinct sur ses gardes, il essayait de ne pas en faire trop de cas. Peut-être que des gens l'avaient déjà agressée à cause de sa... Disons, façon d'être atypique? Il n'en savait rien. Yami, lui, ne s'était pas posé la question, considérait soudain Aube comme une menace potentielle, reculant un peu, mais pour mieux lui bondir dessus si elle s'avisait d'avoir un geste trop brusque. Il s'apaisa un peu en la voyant fondre en larmes, sans pour autant se détendre totalement, continuant à la surveiller. Talja, elle, restait cachée derrière Niraen, flippée, n'osant plus approcher la jeune fille au vu de ses brusques sautes d'humeur que la petite catosor ne comprenait pas. Fort heureusement, Zemir était plus surpris, voir incommodé par le bruit qu'autre chose, mais il demanda quand même mentalement au druide ce qui se passait, tout comme la catosor qui n'arrivait pas à comprendre d'elle-même. Niraen leur répondit comme il put, expliquant qu'il avait posé une question indiscrète, ou plutôt essayant d'expliquer le concept de question indiscrète aux deux familiers, avant d'approcher doucement la main d'Aube pour lui tapoter un peu l'épaule de réconfort. Elle lui avait sourit juste avant, d'un air désolé, donc c'était sans doute qu'il n'était pas un problème... Ou pas complètement. Il avait juste du appuyer là où ça faisait mal sans faire exprès.
En tout cas, ce type de comportement était quand même vraiment curieux. Ce n'était pas le genre de chose pour lequel on venait souvent consulter Nede ou lui-même, alors il ne saurait trop dire si c'était anormal, inquiétant, ni à quoi c'était du. Avait-elle d'autres caractéristiques un peu atypiques? Un manque de sommeil, un trouble quelconque? Du somnambulisme peut-être?
En tout cas, alors qu'il était toujours occupé à essayer de la réconforter, Yami mettait vraiment beaucoup de temps à se détendre. Cela le surprenait. Il essaya comme il put de signaler au chien que tout allait bien sans trop attirer l'attention d'Aube, mais c'est tout juste si le suiky osa s'asseoir. Certes, il n'avait pas souvent eu l'occasion de voir de telles sautes d'humeur, mais quand même, en général il passait plus vite à autre chose!
Cela dura un certain temps. Sans doute qu'il avait abordé un sujet vraiment difficile, car la jeune fille avait du mal à s'en remettre. Il finit par cesser le contact physique, se disant qu'elle ne l'appréciait peut-être pas sans réussir à lui dire entre deux sanglots. Talja en profita aussitôt pour sauter du banc et commencer à lui tirer les chaussettes. Le druide baissa les yeux, surpris, demandant mentalement 'Mais enfin Talja, qu'est-ce que tu fabriques?! La petite catosor ne daigna pas répondre, continuant à tirer doucement. Niraen fini par se baisser pour lui donner une gentille petite tape sur le nez l'incitant à arrêter, mais il pouvait sentir que la petite catosor était toujours troublée et, à l'image de Yami, elle ne semblait pas vouloir se rapprocher à nouveau d'Aube. Alors que le druide la caressait en essayant de lui envoyer des messages rassurants, l'incitant à retourner quémander des caresses auprès d'Aube en se disant que ça pourrait aider la jeune fille, le félin préféra se détourner d'elle et sauter sur le dos de Zemir, comme pour se mettre à l'abri.
Niraen poussa un soupir, observant le petit trou qu'elle avait réussi à faire dans ses chaussettes. Comment elle avait réussi à les attraper, mystère! Tout chaton, elle avait bien réussi à attraper celles qui pendaient à sécher près de la cheminée, et ce sans se brûler, alors qu'il la pensait trop jeune pour sauter aussi haut! Enfin, ça, ou elle avait eu de l'aide...
Voyant que sa sauveuse providentielle - elle lui avait quand même donné l'ingrédient dont il avait besoin! - semblait se remettre un peu, au point de parler à nouveau, il essaya de lui adresser un sourire désolé.
- Ah, je... Tant mieux. Pardon, ma question était trop indiscrète, et j'ignorais que c'était un sujet sensible. Et donc, vous, tu... veux que je te montre autre chose? Je suppose que tu veux que je te rende le reste de poudre?
Après tout, il avait déjà utilisé ce dont il avait besoin, se serait un peu abuser que de garder tout le reste! Certes, il ne serait pas contre, mais c'était pas une raison. Il avait "payé" la poudre utilisée en lui montrant la recette d'onguent, mais garder la fin de la poudre pour ça lui paraissait être un prix un peut trop élevé. Il fit donc tourner le flacon avec le reste de poudre entre ses doigts, hésitant, attendant la réponse d'Aube. Il ne voulait pas risquer une nouvelle saute d'humeur en refusant de garder le flacon si c'était ce qu'elle désirait.
Je relevais la tête regardant la place avec mes yeux rougis par les pleurs. La plupart des couples étaient partis et ceux qui restaient trop occupé à s'embrasser ou se conter fleurette. Je posais finalement mon regard sur le druide qui attendait patiemment ma réponse, ne voulant pas me brusquer.
Je te remercie, mais tu peux la garder. Tu en as sûrement plus besoin que moi et on devrait en recevoir sous peu au dispensaire.
Je finis finalement par jeter un œil sur ses familiers, qu'est-ce que j'aimerais les recroiser un jour Yumi et Tajla avaient été adorable, même si la petite catosor m'avait agrippé les cheveux. Peux être même que Niraen pourrait me montrer comment élever un familier.
Je savais bien qu'on allait bientôt repartir chacun de notre côté, mais il avait été si gentil avec moi et si indulgent face à mes sautes d'humeurs qu'il me manquait déjà. J'avais envie de le serrer contre moi comme Luz quand elle m'avait envoyée chez son grand-père.
J'espérais vraiment qu'il ne me prenne pas pour une folle et qu'il ne soit pas resté simplement pour savoir s'il pouvait garder ou non le flacon de poudre. Le fait qu'il soit encore ici à côté de moi ne prouvait pas qu'il m'apprécie, mais au moins ce n'était pas un voleur.
Bien que triste à l'idée de le voir partir, je ne pleurais plus, aussi je séchais mes dernières larmes. N'arrivant finalement plus à faire preuve de retenue je me précipitais, l'enserrant dans mes bras comme pour le retenir un peu plus longtemps
Gênée je m'écartais après un court moment, rassemblant mes quelques affaires traînant sur le banc. Je remarquais une petite mèche de cheveux m'appartenant je la tendis au druide en lui faisant un joli sourire
Pour Tajla !
Elle finit par répondre à sa question. Le druide avait presque eu peur qu'elle l'ai oubliée ou ne l'ai pas entendue, prise dans sa copie méthodique des pages abîmées! Voilà aussi pourquoi il avait tendance à ranger ses affaires, carnet comprit, dès qu'il finissait un dessin. Il n'était certes pas sujet à de telles crises de larmes, mais le temps, lui, oui, et même avec ses sens, il ne sentait pas toujours tout venir, que ce soit en terme de météo ou autre, surtout quand il était concentré sur quelque chose!
- Tu es sûr? Hé bien merci, c'est très gentil! Ainsi tu travailles dans un dispensaire?
Ça tenait à la foi de l'affirmation et de la question. Est-ce qu'elle y était en formation? Sans doute, puisqu'elle s'intéressait à la préparation d'un onguent prévenant l'hémorragie, mais elle ne devait pas déjà être qualifiée, sinon elle aurait déjà su préparer un onguent aussi basique et indispensable. Mais en effet, ce n'était sûrement pas la première chose qu'on enseignait à des nouveaux vu le côté dangereux lié au dosage!
Mais du coup, cette poudre, elle l'avait récoltée elle-même? Ou achetée? Dans tous les cas, il continuait de se sentir un peu gêné de finir avec cette poudre. D'habitude, il avait toujours un peu d'onguent sur lui, mais parfois, comme tout le monde, il pouvait tomber en rade. Hé bien à l'avenir, il essayerait d'avoir de la poudre dans ses affaires pour en préparer à nouveau, ça lui éviterait des situations similaires! D'autant qu'il n'aurait pas toujours la chance de croiser une personne généreuse et serviable comme aujourd'hui.
Un peu distrait, il fut complètement prit de court par le câlin soudain, restant interdit quelques instants avant de rendre timidement l'accolade, tapotant le dos d'Aube, un peu gêné, avant que celle-ci ne le libère et ne finisse elle-aussi de ranger ses affaires. Sans doute qu'elle avait ses propres occupations, d'autres choses de prévues dans la journée. Lui aussi devait retourner auprès de son client du jour, et ce sans trop tarder.
Le druide ne put retenir un sourire devant la mèche de cheveux tendue par la jeune femme, que Talja lui avait sans doute coupé ou arraché sans le vouloir lors du petit incident survenu plus tôt. Il prit donc la mèche et la rangea avec précaution, amusé.
- Hé bien, merci, au moins ça lui fera un jouet pour le reste du séjour ici!
Même si, heureusement, les jeunes catosors n'étaient pas les plus difficiles à distraire, loin de là! Un rien les amusait ou les passionnait, du moment que ça bougeait ou que c'était nouveau... Et si possible pas trop intimidant.
Le druide se leva, vérifiant lui aussi qu'il n'avait rien oublié, y comprit sous le banc, à cause de la gravité ou d'une Talja peu précautionneuse. Mais ne voyant rien, il rassembla ses familiers et salua Aube.
- Je dois y aller, il faut que j'amène cet onguent à quelqu'un assez vite... Qui sait, nos routes se recroiseront peut-être! Encore merci en tout cas, ça m'a beaucoup aidé. Bonne journée!
Il ne pouvait que remercier Lucy d'avoir mit cette jeune femme, certes un peu curieuse, sur sa route, et espérer qu'elle la récompenserait de sa générosité. Il se garda néanmoins de le dire à voix haute, n'étant pas des plus religieux. Au moins, se serait comprit de tous, au contraire des principes et croyances druidiques, qu'il pourrait aussi appliquer ici mais seraient bien plus obscurs aux yeux du public!
Avec un signe, il s'éloigna donc. Zemir suivit sans trop de poser de question, étonnamment assez placide dans cet environnement. Talja, sur son dos, adressa un dernier regard à Aube avant de quémander une caresse à Niraen, passant sur ses épaules malgré les râleries pour la forme du druide. Vraiment, il fallait qu'il arrête de céder, elle deviendrait vite trop lourde pour ça!
Yami l'accompagna avec enthousiasme, curieux, se tournant également vers Aube, comme surpris qu'elle ne les accompagne pas, avant de se tourner vers l'avant du chemin, repartant explorer les environs. Leur route était faite de rencontre, ça, il commençait à avoir l'habitude!