Lyriss était de patrouille ce jour là. Elle aimait bien les patrouilles, surtout lorsqu'elles avaient lieues aux abords du village. Cela lui permettait de garder un œil sur les environs, sans trop de contrainte en réalité. D'autant plus que ce jour là, elle était seule. Ce n'était pas une mission risquée, il n'y avait donc pas réellement besoin d'être deux. Son objectif: veiller sur les habitants, leur demeure, et le reste. Elle n'avait alors aucune cible en particulier. Elle gardait, voilà tout; N'était-ce pas là l'essence même de la "Garde" à laquelle elle appartenait?

A pied ce jour là, elle avait laissé Ulrik - l'étalon gris qui l'accompagnait habituellement - à l'écurie de la caserne. Sa ronde n'était pas bien longue. Elle n'avait pas de territoire à explorer, et il avait bien mérité un peu de repos. Elle s'était en revanche munie de ses armes habituelles: une épée fine fixée dans son dos par deux sangles de cuir impeccablement ajustées sur son buste; Ainsi qu'une dague fixée à sa ceinture. Comme à son habitude, elle ne s'était pas encombrée: Un chemisier de lin gris, un pantalon de cuir sombre, et une paire de bottes robustes. Elle ne savait pas dire s'il faisait chaud ou froid, elle était incapable de le ressentir. Il faisait doux, à priori. Aucune vapeur d'eau ne s'échappait d'entre ses lèvres, il ne neigeait pas, il ne pleuvait pas. C'était en fait une belle journée semble t-il.

Elle marchait aux abords de la forêt, attentive à son environnement, lorsqu'elle perçu un cri. Avec vivacité, elle s’élança dans la direction du son qu'elle avait perçu. Alors qu'elle courait, elle se remémorait les créatures qui peuplaient cette forêt afin de se préparer à faire face à l'une ou l'autre de ces créatures. Lorsqu'elle parvint à la zone la plus marécageuse de l'endroit, elle se figea une fraction de seconde. Elle s'était attendu à tout, sauf à ça. Une jeune femme était là, bloquée jusqu'à la taille dans le bourbier le plus connu du village perché. Elle n'aurait pas du être étonnée, en réalité, ce n'était pas la première fois que quelqu'un se trouvait dans une mauvaise passe dans cet endroit. D'ailleurs, beaucoup de villageois évitaient de s'y aventurer.

"Ne bouge surtout pas!" Somma t-elle à la jeune prisonnière, cherchant du regard de quoi lui venir en aide sans se retrouver piégée à son tour. Elle regrettait d'être venue sans Ulrik; Il aurait été d'une aide précieuse dans cette situation. Mais soit. Elle entrepris de couper une branche pas trop épaisse avec son épée. Elle savait qu'elle regrettait son geste....Elle serait bonne à affuter après ça..

Parvenant à ses fins, elle récupéra le morceau de bois de quelques centimètres de diamètre et d'environ un mètre cinquante de longueur. Une perche qui ferait bien l'affaire. La jeune femme ne semblait pas bien lourde. S'agenouillant prêt de la marre de boue pour ne pas perdre l'équilibre sous l'effet de la traction, elle tint solidement la première extrémité en tendant la seconde à l'inconnue. "Tiens la fermement, je vais te tirer de là". Indiqua Lyriss d'une voix assurée.

   

La jeune femme ne manqua pas de cramponer fermemant la branche que lui tendait Lyriss. Ce qui la soulagea d'ailleurs. Il était fréquent qu'à force de se débattre pour se tirer de ce bourbier, les gens qui y tombent n'ont même plus la force de saisir quoi que ce soit. Elle ne devait pas y être depuis longtemps. Suffisamment longtemps malgré tout, personne n'a vraiment envie de se retrouvé pris dans un tel pétrin. Reprenant son souffle après l'effort, Lyriss laissa tomber la branche sur le sol, s'approchant de celle qu'elle venait de sortir de là. "Tu es toute seule?" Questionna Lyriss, par simple réflexe. En fait, elle avait bien le droit de l'être. Elle semblait avoir la vingtaine passée. Probable qu'elle soit assez grande pour s'aventurer aux alentours du village.

L'inconnue se présenta. Lyriss jugea bon de faire de même. "Pas de quoi, c'est normal. Je m’appelle Lyriss. Je fais partie de la garde. Une chance que je patrouille dans le coin aujourd’hui". Repris elle en esquissant un sourire bienveillant. Bref. Le rictus disparu aussitôt. "Que cherchais tu dans le coin? Tu ne devrais pas trop trainer ici, les bourbiers sont nombreux". Précisa Lyriss, un peu accusatrice, comme si la jeune femme ne le savait pas. Après tout, elle venait d'en rencontrer un d'un peu trop près...Nul doute qu'elle était au courant de leur existence à présent. Elle soupira. Se rendant soudainement compte du fait qu'elle avait recommencé. Lyriss n'était pas toujours très aimable. Elle travaillait là dessus. Si bien qu'elle s'efforça d'effacer la mine sombre qui se peignait sur son visage fin. Esquissant un nouveau sourire, elle fit quelques pas en contrebas d'une petite pente, non loin des bourbier. Elle connaissait bien la région, un petit ruisseau coulait en bas, la jeune femme pourrait s'y rincer. "Viens avoir moi si tu veux, tu pourras te rincer là bas." Proposa la jeune garde en se retournant vers Chrystielle. "Si tu veux je....". Lyriss venait de se stopper. Elle avait disparue. "Chrystielle?"

   

L'espace d'un instant, Lyriss cru avoir rêver. C'était ridicule; Elle ne pouvait pas avoir imaginé ce qui venait de se passer. Où était passer la jeune fille? Ses doutes furent lever rapidement, elle se manifesta sans mal, précisant que son pouvoir avait provoqué sa disparition. Lyriss haussa un sourcil, surprise par cette annonce. "Oh...Tu disparais...Comme ça?" Questionna la jeune femme histoire de savoir à quoi s'en tenir. Elle n'avait pas encore bien saisi ce qui l'avait fait disparaitre, et à en juger par la réaction de Chrystielle, elle ne s'était pas sciemment camouflée.

Haussant les épaules, un peu désinvolte, la Garde repris sa route en contrebas de la pente qu'elle venait d'indiquer, conduisant la jeune femme prêt du ruisseau qu'elle avait mentionné. "Tu bégaie toujours comme ça, ou tu as vraiment eu peur?" Demanda un peu abruptement Lyriss alors qu'elles parvenaient prêt du court d'eau. S'en approchant, elle posa un genou sur une pierre qui le longeait, plongeant ses mains dans l'eau glacée. Elle n'avait pas réalisé la rudesse de ses paroles. Elle avait toujours été comme ça. Elle pesait rarement ses mots, et malgré tout, elle n'était pas reconnue pour faire preuve de méchanceté. "Il vaudrait peut-être mieux que je t'accompagne jusqu'à chez toi. Il n'y a pas que des bourbier ici. Si tu es du coin, tu dois te douter qu'il y a aussi tout un tas de bestioles". Reprit-elle sans quitter le ruisseau du regard.

Son visage s'y reflétait, révélant une large cicatrice sur son œil gauche qui prouvait indirectement ses dires. Elle plaça ses mains en récipient pour prélever un peu d'eau du court d'eau pour se rincer le visage. Malgré le fait que l'eau n'était pas chaude en cette saison, elle n'eut pas la moindre réaction. En fait, cela ne lui fit pas non plus le moindre bien. Pas de mal non plus.

 

Du stress...Compréhensible. De toute façon, cela ne regardait pas Lyriss dans le fond. Elle n'avait simplement pas pu s'empêcher de le faire remarquer, dans sa grande délicatesse. Clairement pas de quoi empêcher ce bégaiement d'ailleurs. Sa froideur ne devait pas aider beaucoup la jeune femme. Elle soupira, contemplant un moment son reflet dans l'eau du ruisseau, troublé par le mouvement. "Désolée, je n'aurais probablement pas du te poser cette question". Concéda la jeune garde tout en se redressant sans quitter la surface de l'eau des yeux, comme si elle ne prêtait plus attention à Chrystielle.

L'espace d'un instant, elle ne l'entendait même plus, plongée dans des pensées trop trouble pour qu'elle même en distingue le contour. Et alors que la jeune femme se remettait à parler, Lyriss tourna son regard clair en sa direction. "Des herbes? Pour quel type d'animaux?" La garde appréciait la faune. Elle avait l'occasion lors de ses patrouille, d'observer de nombreux spécimens. D'en combattre aussi certains, malheureusement. Mais en réalité, elle connaissait peu leurs habitude alimentaire. En dehors de l'élevage de chevaux, elle n'était pas très calée sur le sujet, mais cela l'intéressait d'apprendre.

"Pourquoi pas. Tu sais, j'ai un cheval à la caserne, je passe pas mal de temps à patrouiller dans la région, si tu me fais une liste de ce que tu as régulièrement besoin, je peux peut-être t'en trouver et t'en garder lorsque je pars en mission. Je pourrais t'apporter ça quand je reviens vers le village". Proposa simplement la jeune femme aux cheveux cendré, esquissant un rictus non loin d'un véritable sourire.