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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    L'aune des sentiments
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    L'aune des sentiments
    Lun 30 Nov 2020 - 20:02 #
    Le cycle des saisons avait fait rougir les reliefs de la Capitale, déposant des tapis de carmin, des banderoles d’ocre et des lampions mordorés aux quatre coins de la cité. L’humidité du temps maussade avait aidé ces papillotes en camaïeu d’orange à recouvrir chaque parcelle de la ville, rendant encore plus traîtres les pavés déjà rendus glissants par la pluie. Elle diffusait, aussi, entre les relents divers des boutiques variées bordant le dédale des rues, des parfums automnaux, boisés, rappelant aux citadins qu’en dépit des bâtisses prenant toujours davantage le pas sur la campagne, la flore se frayait inexorablement un passage déterminé entre les pierres agencées par la main de l’homme. C’était une saison invitant à sortir les bottes et les capes étanches, à s’abriter au détour des cafés, à retrouver les plaids rangés au fond des placards. C’était celle, aussi, en cette deuxième lune se profilant, de l’anniversaire de Zahria. Et Calixte, qui n’était jamais contre offrir à ses proches sa tendresse sous toutes formes – parfois incongrues, en attestait la statue géante de glooby chez Naëry – était bien décidé à récidiver.

    C’était par ailleurs une année importante pour son amie et mentore. Pour lui aussi, et pour leurs liens. C’était la première année de la jeune femme en tant que Maître-Espion, et si le coursier devait avouer ne pas être encore aussi confortable avec cette notion qu’il aurait aimé l’être, cela restait, aussi, à célébrer. Il avait toute confiance en Zahria, et l’aurait suivie les yeux fermés jusqu’au bout d’Aryon. Le temps finirait de lisser les doutes qu’il avait quant à son rôle de Maître-Espion, comme d’apporter à son jugement cette once d’objectivité qu’il lui manquait très certainement pour apprécier correctement le tableau dans sa globalité. Mais pouvait-il vraiment, lui qui vivait de loyauté et d’amour, obtenir un jour cette sage position ? Les années seraient juges, pour le moment il y avait plus préoccupant. Comme, justement, cet anniversaire qui se profilait.

    Se faufilant le long des devantures raffinées, Calixte avisa une ruelle plutôt cossue, affichant sans honte une bourgeoisie bien établie. Ralentissant le pas devant les vitrines mises à leur avantage par quelques cristaux de lumière, il laissa son regard ambré courir de présentoir en présentoir. Il avait envie de marquer le coup, pour cette première et difficile année de Zahria en tant que Maître-Espion. Pour cette année qui avait montré au coursier les limites de sa confiance, la dualité de sa loyauté, l’étendue inébranlable de sa tendresse. Pour cette année qui avait laissé la féline captive trouver la liberté du devant de la scène, appréhender ses dangers, ses fatalités, ses responsabilités. Mais peut-être, plus que jamais aussi, trouver véritablement sa place. Devant eux pour leur montrer le chemin, derrière eux pour les soutenir. Ombre et lumière à la fois. Ce remarquable chapeau, ourlé de satin, d’un bordeaux qui magnifierait le mat de sa peau, suffirait-il à porter l’amour et la fierté de Calixte pour son amie ? Peut-être pas. Détournant les yeux, l’espion poursuivit son chemin tout en langueur songeuse.

    La boutique suivante lui offrit l’option de carrés de soie. Sous toutes formes, toutes tailles, toutes couleurs. Et, à nouveau, il marqua une pause hésitante. Ils en avaient tellement déjà, des parures diverses agrémentant leurs facettes plus ou moins jouées. En aurait-elle seulement l’utilité ? L’envie ? De porter ce genre de tissu. Alors que leur vie se jouait à la mesure des valses de leurs costumes. Non, il faudrait probablement quelque chose de plus discret. De plus portable. Portable ? Accusant un sourire amer pour lui-même, le coursier reconnut l’audace malavisée de ses pensées à celle d’imaginer Zahria se parer quotidiennement de l’un de ses cadeaux. N’y avait-il pas là quelque chose de l’engeance de la jalousie, de la compétition mesquine avec Vrenn ? Avec l’oubli ayant trouvé le moyen de s’insinuer contre l’ombre. Secouant la tête pour chasser ces songes désagréables, il revint à des préoccupations plus terre à terre, et s’avança vers la vitrine suivante.

    Celle-ci donnait sur l’intérieur d’une bijouterie. Ou, à en croire l’insigne, la boutique d’un joaillier. A nouveau, Calixte accusa un moment d’indécision. Avant de, mu par l’instinct des papillons suivant les rayons de lumière, décider de pousser la porte. Celle-ci s’ouvrit dans le tintement d’une clochette, et il laissa l’atmosphère chaleureuse du lieu lui réchauffer le bout du nez et des doigts. Son regard, curieux, caressa le mobilier raffiné de tons clairs, s’attarda sur l’espace d’accueil et de confort un peu en retrait puis, inexorablement, termina sa course pour effleurer les coussins de velours présentant quelques joyaux derrière leurs prisons de verre. Saisi par leur beauté, l’espion ne résista pas à l’envie de s’approcher davantage, et s’avança à la rencontre des présentoirs. Accepterait-elle ? Il n’y avait là certainement rien d’utile. Rien d’indispensable. Mais quelque chose d’infiniment précieux et, surtout, dissimulable. Modelable, aussi, d’une certaine manière.

    Du mouvement à l’orée de son champ de vision. Une ombre, une présence. Et Calixte leva la tête pour rencontrer l’hôte des lieux. Ou un simple vendeur. Détaillant par habitude la silhouette venant à sa rencontre, appréhendant la blondeur et les cicatrices, la monophtalmie et la bonne facture des vêtements, le coursier se demanda si cet homme lui serait réellement de bon conseil, ou s’il allait encore une fois se faire pigeonner. Ce qui, en soi, n’était pas très gênant lorsque c’était pour échanger quelques cristaux contre les objets d’une kermesse. Mais qui risquait d’être autrement plus compliqué s’il laissait là l’équivalent de son salaire de garde. L’interrogation au fond de ses pupilles ambrées, il laissa l’inconnu venir à lui.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: L'aune des sentiments
    Dim 6 Déc 2020 - 15:47 #

    L’aune des sentiments





    Pressé d’ouvrir sa boutique après une fermeture intempestive, l’homme s’était réveillé tôt ce matin là. De retour dans la maison familiale suite à son accident, il avait bataillé un long moment avec sa famille, ses aïeules plus encore, inquiet de voir ce petit-fils - au bord de la fortune et en bonne voie pour la renommée des Valdor il faut l’avouer – obligé d’abandonner son travail pour une violente mésaventure. Il ne voulait pas ainsi être couvé, il avait tout de même lâché l’affaire, du moins au début. Il comptait bien retrouver son logis et avec son intimité. Ses plaies cicatrisaient proprement, ses cheveux peinaient à repousser sur les côtés, laissant visible les lettres improvisées de ses blessures. Quant à son œil, seul un trait légèrement rougit dépassé du tissu noir le camouflant. Ses grands-parents refusaient qu’ils reprennent son rôle de vendeur, du repos encore. Il en avait assez de rester ici sans rien faire, tourner en rond comme un cage en lion a écouté les ragots de sa fausse famille bourgeoise.

    Vous imaginez le grand bien qu’il ressentit lorsqu’il posa le pied sur le pavé encore glissant de cette saison humide. Il huma l’air, ravi des senteurs végétales qui se dégageaient malgré les constructions humaines. Était-ce l’excitation de sa reprise qui le mettait de si bonne humeur ? Ou celle de retrouver une boutique fraîchement installée dans la rue huppé jouxtant la place commerçante ? Les deux sans nul doute, et sa liberté retrouvée y ajoutait son grain d’ivresse. C’est ainsi qu’il marcha, accueillant avec un plaisir délectable les gouttelettes de cette fraîche matinée naissante.

    La rue sommeillait encore lorsqu’il la traversa, les couleurs chatoyantes des façades égaillaient le regard, accentué par la flore aux teintes chaleureuses de la saison, plantée faussement naturellement entre les bâtiments. Il s’arrêta un instant devant la porte de son commerce, observant la sobre devanture. Briques et bois se mêlaient harmonieusement pour former les strates des différents étages. Bien sûr il s’était imaginé une boutique plus grande, l’idéale aurait été une double entrées. Il ne fallait pas trop être gourmand, déjà s’installer ici était une grande avancée dans son projet professionnel, et c’est dans un souffle de contentement qu’il inséra la clé dans le verrou de sa porte en bois avant de pénétrer dans l’échoppe. Le tintement reconnaissable de la clochette lui tira un sourire. Malgré son absence, un reste de l’odeur de jasmin flottait avec délicatesse dans l’atmosphère. En souvenir à ce bosquet où il trouvait refuge gamin, jouant de la vile de gambe pour se détendre.

    Il ne traîna pas plus longtemps, disparaissant dans l’arrière boutique pour y déposer ses affaires et préparer un nouvel encens de cette fleur qu’il appréciait tant. Très vite il dépoussiéra ses vitrines avant de les ouvrir pour y déposer l’œuvre de son travail : bracelets, colliers, bagues, broches, épingles, barrettes … Rien n’était laissé au hasard, harmonieusement assemblé sur les coussins ivoires. Il avait joué sur la sobriété pour mettre en valeur ses créations. Le reste de la pièce jouant sur des teintes opales et grenats ne laissait pas le regard se perdre sur un mobilier trop détaillé.
    Il continua son ménage, arrangeant le petit salon aux fauteuils fleuris à l’entrée et préparant sur la petite table ronde en bouleau madré, un bois rare que ses aïeules eurent plaisir à lui offrir.

    Et alors que le soleil continuait son avancée pour réchauffer tant bien que mal les pavés de la cité, la rue s’éveille doucement. Le silence fit place aux volets qui s’ouvrent et aux étalages qui se préparent. Et sans plus tarder la clochette retentit sur le premier client de la journée, pour sa plus grande surprise et surtout son plus grand plaisir. Une petite tête blonde fit son apparition dans l’embrasure, avançant timidement vers les vitrines. Wyn’soadel s’octroya quelques minutes pour laisser son invité s’imprégner du lieu, profitant pour observer l’homme au visage doux avant de lui proposer son aide. Il portait le tissu reconnaissable de la garde, venait-il avant de retrouver la caserne ? S’approchant doucement de lui il pu apercevoir des yeux ambrés soulignaient d’un noir atténué. Le joaillier en déduisit que son potentiel client venait de quitter son travail. Du moins fallait-il l’espérer, sa journée risquait d’être long auquel cas. Un client fatigué est un client facile à convaincre, bien qu’il use de paroles réconfortantes pour rasséréner les éventuels acquéreurs, Wyn’s jouait surtout sur la spécificité de leur recherche pour les contenter. Car un client satisfait est un client qui revient, et surtout qui parle ! Quoi de mieux que le bouche à oreille pour faire venir plus de monde encore ? Le paraître est ,certes, important, la qualité est quant à elle primordiale.

    - Bonjour, puis-je vous aider ?

    L’air songeur du jeune homme devant les présentoirs lui confirma que son intervention tombait à pic.


    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: L'aune des sentiments
    Lun 7 Déc 2020 - 15:59 #
    Le timbre était avenant, la posture ouverte. Mais il y avait dans la fraicheur des blessures zébrant le visage robuste quelque chose qui fit douter Calixte. L’homme avait-il récemment été braqué et portait là les traces d’une altercation compliquée, ou bien avait-il en plus de son travail en joaillerie quelques passe-temps violents ? Côtoyait-il l’arène, comme Zahria et Naëry ? L’habit ne faisait pas le moine, plus que quiconque l’espion en était conscient. Mais son cerveau un peu embrumé par la fin de sa garde accusa tout de même un instant d’hésitation. Avant d’embrayer sur sa curiosité de coutume.

    - Heum probablement que oui, si vous travaillez là ? fit-il un peu perplexe.

    Reposant son regard sur les étalages mis en avant, contemplant la finesse des bijoux dans leurs cages de verre, Calixte resta encore un instant indécis avant d’accrocher à nouveau l’œil unique de son étrange interlocuteur.

    - En fait je ne sais pas trop ce que je cherche, en terme de…

    Sa main esquissa vaguement quelque chose dans les airs, que lui-même eut du mal à comprendre, alors si l’inconnu y avait saisi quelque chose... Mais cela était vrai. L’espion savait qu’il souhaitait offrir à Zahria quelque chose d’important, de notable pour cette année ni particulière, mais en dehors du sentiment qu’il souhaitait transmettre, il était bien en peine de lui trouver le meilleur des transports.

    - … d’apparence ? C’est pour un cadeau, précisa-t-il un peu abruptement.

    Peut-être valait-il mieux commencer par le début, pour aider son interlocuteur à, justement, l’aider lui-même. Parce qu’à ce rythme, soit le coursier achèterait la moitié du magasin d’incertitude, ou bien repartirait-il sans rien dans les poches mais la tête bourrée de davantage d’interrogations. L’une et l’autre des possibilités ne l’enchantait guère, même si à choisir il préférait tout de même la seconde option. Mais comme il se savait bon pigeon, il était aussi certain qu’il était plus proche de claquer tous ses cristaux pour apaiser sa conscience, plutôt que le contraire.  

    - Pour une amie. Une amie chère, comme une sœur. Une grande sœur. Trentaine d’années, débita-t-il en essayant de sélectionner quelques mots clefs pour l’homme. Qui, cette année, a en plus accédé à un poste important, qu’il me semble nécessaire de souligner par ce présent.

    Il cligna un instant des yeux, s’arrêtant dans son énumération un peu aléatoire et ne mettant pas tellement en lumière le cœur de ses intentions. Bien sûr que le poste de Maître-Espion de Zahria était remarquable, et d’autant plus en cet an 1000, théâtre de tant de pièces émouvantes mais aussi pénibles. Et bien sûr qu’il était fier de sa mentore. Mais le principal n’était pas là.

    - Enfin, c’est évidemment quelque chose de considérable. Mais c’est avant tout mon amour – filial, et non amoureux, que l’on s’entende bien – pour elle que j’aimerai lui transmettre via ce cadeau. Pas forcément imposant – plutôt même discret, à choisir – ni alambiqué – voire solide plutôt que trop fin – mais simplement…

    Etait-il réellement en train de demander à son interlocuteur de lui trouver la tendresse sous forme de pierre précieuse ? Peut-être bien, et peut-être que c’était un peu ambitieux, un peu déplacé. Calixte n’y connaissait pas grand-chose en la matière. Son éducation noble lui avait appris à estimer rapidement la valeur des parures, la finesse de leur travail, et à mettre quelques noms sur certains de leurs composants, mais son savoir s’arrêtait là. Son travail officieux d’espion n’avait pas poli ces connaissances, et sans doute se fourvoyait-il complètement dans la demande qu’il avançait auprès de son interlocuteur.

    - Mais je m’égare, et je vous égare aussi certainement, se reprit-il en s’obligeant à revenir à un registre plus objectif. Que pourriez-vous me proposer pour une jeune femme au teint hâlé et au regard irisé, svelte. Plutôt léger en fioritures, discret au besoin, mais pas trop chiche non plus. Histoire de ne pas briller de radinerie.

    Une pause, un léger rire, un sourire contrit vers son interlocuteur.

    - Excusez-moi, je ne pensais pas faire partie de ces clients pénibles qui veulent à la fois tout et rien, mais on dirait que c’est le cas.

    Son regard accusant à la fois la fatigue accumulée de sa nuit de travail comme de sa propre indécision parcourut une nouvelle fois les courbes des objets étincelants sur leurs coussins de nacre, et le garde haussa les épaules.

    - Peut-être vaut-il mieux que je fasse un tour de vos présentoirs pour tenter d’avoir une idée plus précise ? Et peut-être plus recevable.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: L'aune des sentiments
    Ven 11 Déc 2020 - 22:08 #

    L’aune des sentiments





    Le jeune homme l’observa quelques secondes l’air absent avant de lui répondre. Il était visiblement perdu, sans réelle raison de choisir un bijou comme présent plus qu’autre chose. A Wyn’s maintenant de le convaincre que choisir ici était une valeur sûre, un gage de joie assuré. Il ne restait plus maintenant qu’à recueillir les informations nécessaire sur cette amie chère aux yeux du garde pour s’orienter vers la meilleure idée qui lui collerait à la peau, littéralement.
    Il n’eut besoin d’ouvrir la bouche pour poser quelques questions sur la femme en question que le jeune homme décrivit ses attentions plus que ses intentions envers elle ainsi que le physique de la chanceuse.
    Troublant comme l’homme semblait lire dans ses pensées, répondant à chacune de ses interrogations.

    - Vous ne m’égarez pas du tout bien au contraire.

    Le jeune homme rit avant de s’excuser de sa pénibilité.

    - Les clients compliqués n’existent pas, ils sont juste mal conseillés. Je tâcherai de vous guider au mieux. Approuva le joaillier d’un clignement de son unique œil sur un sourire attendri.

    Le maître des lieux invita son client à le suivre près de vitrine un peu en retrait sur le mur latéral droit de la boutique.

    - Lorsque vous dites solide, votre amie est-elle amenée à faire des mouvements brutes ou risque-t-elle d’accrocher par exemple un bracelet, ou une bague?

    Un acquiescement permit au bijoutier de proposer d’autres créations.

    - Récapitulons. Votre amie à la peau hâlée et au regard clair est devenue une sœur de cœur. Un lien fort et pas des moindre puisqu’on l’a choisi. Se permit-il de rajouter. Elle vient d’accéder à de hautes fonctions, vous voulez un présent digne de cela et à la fois discret. Tout en étant solide et raffiné car elle pourrait-être casse-cou.

    Il vit le visage du jeune homme perdre de son éclat, se murant soudainement dans une moue sceptique. Sûrement pensait-il que sa demande est irréalisable ? Bien évidemment, Wyn’soadel se hâte de dissiper le malentendu.

    - Je peux vous proposer un bracelet de cheville, regardez. Discret, il peut-être caché sous les habits portés. L’endroit permet de ne pas agripper le bijou, risquant de le casser. Cependant si votre amie porte des chausses montantes il peut-être gênant de le sentir compressé sur la peau.

    Il l’amena vers un autre présentoir.

    - Je peux également vous proposer une broche qu’elle peut accrocher à tous types de tissus. Je vous laisse découvrir les sortes possibles, animaux, fleurs, ou tout simplement géométriques. Si une idée vous vient je peux également vous créer ce bijou sur mesure, dans la forme que vous souhaitez. Les pierres peuvent être choisies par vos soins également.

    Il laissa le débonnaire découvrir son travail avant de rajouter.

    - On peut également associer un côté pratique au bijou, maintenir un vêtement, une cape par exemple, grâce à une agrafe ou une fibule. Cela reste discret, coquet, et utile.

    Le garde admirait une broche représentant un paon en argent, l’oeil des plumes étant agrémenté de nacre.

    - Quant au métal et aux pierres à choisir, je vous conseille de faire selon la couleur de ses yeux. Or et argent s’accorde parfaitement aux teints plus foncé. Si les iris de votre amie tendent vers des couleurs chaudes, je vous conseille des camaïeux de teinte solaire. Pour les couleurs froides, cherchez plutôt vers les nuances de l’eau.

    Il laissa quelques instants s’écoulaient avant de rire à son tour.

    - J’espère que je ne vous ai pas perdu à mon tour. Il reste les plus classiques bagues et colliers si vous préférez. Mais je pense que ma proposition précédente pourrait être une attention plus accordée à ce que vous avez pu me dire.

    Devant l’air blême de son client l’homme lui proposa de se détendre un instant.

    - Je vous sert une tasse de thé ? Il y a quelques biscuits aussi si vous souhaitez réfléchir tranquillement. Ne craignez pas de poser vos questions si besoin, je suis là pour vous aider au mieux.


    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: L'aune des sentiments
    Jeu 17 Déc 2020 - 20:46 #
    Il semblait donc que l’homme travaillait bien dans la boutique aux merveilles de métaux et pierres précieuses, et était même prêt à écouter sans ciller les propos décousus de Calixte. Et, peut-être, était-il réellement attaché à son métier, ou en tous cas à la vente des bijoux présentés. Son affabilité rassurante allait en ce sens, comme ses conseils avisés offrant davantage de possibilités à l’esprit comme au cœur du coursier. Le regard trainant encore le long des contours d’une opale sertie sur une bague d’argent aux arabesques fines et tortueuses, celui-ci finit par se détacher de la vitrine qu’il longeait avec attention pour reporter celle-ci sur le vendeur.

    - Il ne faut pas grand-chose pour me perdre, répondit-il avec un sourire amusé. Mais vous m’avez offert plus de pistes que d’impasses. Des pistes bien plus claires que mes idées d’origine, je vous en remercie.

    Comme l’homme, ayant apparemment à cœur de le mettre tout à fait à l’aise – mais en même temps, l’attrait du gain ne mettait-il pas dans de meilleures dispositions ? – lui proposa de quoi se sustenter, le sourire étirant les lèvres de Calixte se fit plus sincère. La nuit avait été longue. Pas particulièrement pénible ni éreintante, mais longue tout de même. Et, dernièrement, il semblait à l’espion que chaque veillée trop tardive laissait sur son corps une empreinte toujours plus lourde. Etaient-ce là les années qui commençaient à accuser leur passage ? Ou l’utilisation de ses derniers pouvoirs ? Depuis quelques lunes, le coursier avait profité de belles sommes de cristaux épargnés pour s’offrir améliorations et objets de pouvoir. Pratiques pour son travail officiel comme officieux, mais visiblement avec quelques effets secondaires. Mais peut-être n’était-ce là que le temps de se faire à ces nouvelles magies.

    - Une tasse de thé ne serait pas de refus. Et puisque vous le proposez si gracieusement, je pousserai le vice à accepter un couple de biscuits pour l’accompagner.

    Peut-être que le breuvage l’aiderait à aligner plus efficacement ses pensées, et que les mets lui apporteraient de quoi relancer la machine s’assoupissant doucement de son corps. Laissant l’homme s’éclipser pour préparer boisson et gâteaux, le coursier se réintéressa aux présentoirs tout en se repassant en mémoire les conseils qui lui avaient été dispensés. Bagues et colliers étaient effectivement classiques, et peut-être que l’occasion était à un peu d’originalité. Par ailleurs, avec leurs métiers aisément manuels, les bijoux de mains étaient un choix sans doute moins avisé. Et Zahria avait déjà un collier important. Doublé de pouvoirs. Lié à Vrenn. Où en étaient-ils, d’ailleurs, tous les deux ? L’oubli et l’Ombre. Discrète dans ses sentiments, sa mentore restait volontiers évasive sur le sujet, et ce d’autant plus qu’elle ne paraissait pas tout à fait sincère vis-à-vis d’elle-même sur la chose. Calixte se fichait un peu du Sbire. Il l’intriguait, stimulait sa méfiance comme sa pitié. Et puis surtout, il l’oubliait. Mais il souhaitait principalement que Zahria fût heureuse ; et ce quelque fût le compagnon – ou la compagne – de route qu’elle choisît.

    S’enfonçant davantage dans la boutique au gré des vitrines, détachant d’une main distraite les boutons de sa veste vert sombre comme son écharpe rouge bordeaux afin de ne pas trop souffrir de la chaleur de la pièce, le coursier s’aventura près des broches scintillantes. L’ambre de ses yeux s’arrêta à nouveau sur celle, impressionnante, représentant un magnifique paon. L’œuvre était remarquable, mais bien trop tape-à-l’œil, indiscrète. Son regard glissa sur les autres bijoux présentés, appréciant la délicatesse du travail et la beauté des pierres. Il y avait là un travail de facture très honorable. Il ne savait pas quels étaient les prix pratiqués par la boutique, mais assurément n’étaient-ils pas bas. Ou alors lui faudrait-il enquêter sur la raison du coût moindre. Ce qui serait dommage, car les biens étaient attractifs, et le vendeur sympathique. Enfin. N’y avait-il pas plus affable que le fenrir se déguisant en chantelune ?

    Peu convaincu par les broches exposées, Calixte pivota pour s’intéresser à de nouvelles parures gardées dans leur écrin de satin et de verre. Il y avait là de l’or en couche mince ou en larges bandeaux, de l’argent en fines chaînettes ou grossier maillons, du cuivre, de l’étain. Des matériaux bruts dépourvus d’artifices autres que leur beauté intrinsèque. Et puis, sous la verrière adjacente, un arc-en-ciel de pierres précieuses, semi précieuses et plus communes, présentant à l’ignorant la palette des possibles. Un moment, fasciné par le miroitement des gemmes, l’espion resta transi sur place. Puis le parfum familier du breuvage à base de feuilles infusées lui fit lever la tête et la tourner vers le vendeur qui l’invitait à s’installer à l’écart pour profiter de cette pause sans risquer de salir les vitrines éclatantes de propreté.

    S’installant dans l’un des fauteuils, réceptionnant dans un remerciement le récipient chaud qui lui était remis, le coursier posa à nouveau son regard sur l’homme. Un peu plus lucide, un peu plus certain.

    - Je pense que, suite à vos conseils éclairés, monsieur… Valdor. Je vais vous demander le devis pour deux créations.

    Ses doigts attrapèrent un biscuit sec qu’il croqua le temps de mettre davantage d’ordre dans ses pensées, et il reprit après une courte pause :

    - Je n’ai pas trouvé exactement ce que je cherchais parmi les bijoux présentés, mais l’idée est là. Si je vous montre les diverses parures ayant retenu mon attention, au vu du style du travail présenté… je n’ai nul doute que le résultat final sera satisfaisant.

    Gobant la seconde moitié de son gâteau, savourant le goût sucré tapissant ses papilles, Calixte fit tourner la tasse entre ses mains avant d’y tenter une gorgée. Comme le liquide menaça de lui brûler le palais et tout le tractus intestinal suivant, il s’astreignit à la patience.

    - Est-ce vous, d’ailleurs, l’auteur de ces pièces ? demanda-t-il avec curiosité.

    Car ils étaient après tout à une époque où il n’était pas inusuel pour l’artisan d’être aussi au poste de vendeur derrière le comptoir de sa propre boutique. Et l’espion, Noble par naissance comme par l’éducation, était intéressé de savoir si ses requêtes tomberaient directement dans l’oreille du maître d’œuvre, ou si elles seraient relayées par son commercial.
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    Re: L'aune des sentiments
    Mar 22 Déc 2020 - 9:30 #

    L’aune des sentiments





    L’homme s’éclipsa un instant, laissant son client seul à flâner de vitrine en vitrine. Peut-être y trouverait-il son bonheur, seul. Ses conseils peut-être trop nombreux avaient-ils fini par perdre le jeune homme ? Un thé bien chaud l’aiderait sûrement à remettre de l’ordre dans ses idées, quand bien même voudrait-il toujours offrir un bijou pour son amie. Après tout, sans idée précise le garde pouvait tout aussi repartir les mains vides à la recherche d’un bien plus original dans une autre boutique.

    Wyn’soadel ne tarda donc pas à revenir, prêt à présenter des créations plus sobres, plus classiques. Quelle ne fut pas ça surprise lorsque le militaire lui demanda un devis pour non pas une, mais deux créations ! Les méninges du joaillier stimulés laissèrent en quelques secondes place à son excitation. Il y avait là un défi qu’il était prêt à relever, impatient même. Seul le scintillement dans son unique pupille laissa apparaître l’ardeur de son exaltation. Posant calmement le plateau préparé dans le petit salon aménagé, il invita son acheteur à s’installer confortablement pour discuter posément de sa demande.

    - Je suis en effet l’artisan de ce lieu, chaque pièce que vous observez sous ces vitrines sont de mon œuvre. répondit-il non sans fierté.

    Cette boutique il l’avait construit seul. Bien évidemment, l’expérience de ses parents réunis l’avait grandement aidé dans cette entreprise. Il n’avait fait que mettre en valeur les beautés de la nature, sa mère lui en avait appris les valeurs et son père comment les récolter. Le reste était le fruit de sa sueur et de son talent. S’installer dans ce quartier était un pari risqué, lorsqu’il tenait sa petite boutique proche de la fontaine bleu, plus bas au Sud de la Capitale, une petite clientèle aimait à venir et revenir. Ici, il lui faudrait recommencer à se faire connaître et à convaincre les clients, certains plus riches et plus exigeants, que lui, Wyn’soadel Valdor, était le maître en orfèvrerie. Une ambition bien prétentieuse qu’il tentait de mener à bien, doucement mais sûrement comme dit l’adage.

    Il partit récupérer un carnet et une plume avant de s’installer près de son client.

    - Comment vous prénommez vous?
    - Alkh’eir Calixte. Répondit celui-ci avec assurance.

    Un nom qui sonnait Noble, ce qui n’était guère étonnant, nombre de Gardes sont issus de ces riches familles et intègrent l’académie militaire dès que l’âge le leur permet.

    - Vous avez choisi quel type de bijou Monsieur Alkh’eir ?

    L’homme se releva pour lui montrer quelques idées, le bijoutier le suivit poliment bien que la description lui aurait suffi, se rappelant de chacune des conceptions présentées ici. Il prit des notes sur les désirs de Calixte, commençant quelques croquis furtifs.

    - Et la taille? questionna-t-il au gré des désirs du jeune homme inspiré.

    Une fois les informations recueillies Wyn’s coinça la plume derrière son oreille, un sourire satisfait aux lèvres.

    - Et bien ce sont de très beaux cadeaux que voilà, votre amie sera ravie. Voici la somme que cela vous coûtera. dit-il en lui tendant un autre bout de papier où une description succincte, un mini croquis et le prix figuraient. Ça peut-être prêt pour … il réfléchit à ses préparations en cours avant de trancher. La semaine prochaine. Cela ne fait pas trop tard?



    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: L'aune des sentiments
    Sam 26 Déc 2020 - 15:13 #
    Hochant la tête avec intérêt aux propos de sieur Valdor, Calixte songea qu’il était sans doute plus profitable pour lui d’avoir accès directement à l’artisan de ces créations. Ses indications ne se perdraient ainsi pas dans les interprétations d’un intermédiaire, et son interlocuteur serait plus à même de le recadrer, de le conseiller, en fonction de ses demandes. Le joaillier s’empressa d’ailleurs de récupérer de quoi noter les désidératas du coursier, et comme il s’intéressait aux choix de celui-ci, Calixte se leva d’un bond presqu’empressé. La tasse mi-remplie entre les mains, il se réaventura entre les diverses vitrines.

    - Concernant ma première demande, je pense qu’un bijou de pied – un bracelet de cheville – sera le plus adapté, fit-il d’un ton songeur en se repenchant au-dessus des parures saupoudrées d’or et d’argent.

    Son doigt indiqua plusieurs modèles exposés dans leurs écrins de velours, et il poursuivit :

    - J’aime beaucoup ce modèle-ci, mais je pense qu’il serait plus à son goût qu’il soit moins… chargé. Peut-être un mélange avec celui-ci. Ou quelque chose dans cette idée-là.

    Ses yeux parcoururent encore les fines guirlandes aux pierres scintillant de milles éclats, et ses doigts tapotèrent distraitement sa tasse de thé.

    - Je ne suis pas convaincu par l’argent dans la durée, mais l’or jaune ne me parait pas le plus adapté non plus. Vous serait-il possible de le réaliser en or blanc ?

    Comme sieur Valdor lui indiquait que cela était effectivement possible, l’ambre des yeux de l’espion glissa sur l’arc-en-ciel de pierres précieuses présenté sous l’une des vitrines. Peut-être serait-il superflu d’en rajouter une, et c’était là où il laisserait l’homme exprimer son art. Lui vouant déjà une certaine confiance quant à la finesse, et la balance, de ses œuvres. Après tout, de ce qu’il avait pu en voir, le coursier trouvait celles-ci d’une qualité, et d’une beauté, tout à fait honnêtes.

    - Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas de directives très précises quant au rendu final. J’aimerai que vous ne soyez pas trop bridé par celles-ci. Néanmoins, si vous deviez utiliser quelques pierres pour agrémenter le bijou, j’aimerai mieux que vous utilisiez l’opale.

    Des éclats présentés devant lui, c’était celui qui lui rappelait le plus le regard particulier de Zahria. Ses yeux, quittant les parures délicates s’attardèrent sur la page se noircissant toujours plus entre les mains de sieur Valdor, et un sourire déjà satisfait étira légèrement les lèvres de Calixte. Laissant le temps à l’homme de poursuivre ses notes, il porta sa tasse à sa bouche pour profiter des dernières gouttes du breuvage. Elles glissèrent le long de sa langue pour descendre la chute vertigineuse de son œsophage, et leur chaleur rayonnante réconforta le coursier. La fatigue et la saison se refroidissant avaient tendance à glacer davantage sa chair, pas jusqu’à lui donner l’impression d’être un bonhomme de neige, mais bien suffisamment pour le faire s’alanguir de ses draps et de son plaid. Effectuant un aller-retour pour aller reposer sa tasse vide, Calixte répondit par la suite au joaillier qui s’enquérait de la taille nécessaire du bijou.

    - Concernant ma seconde demande, continua-t-il en fouillant malhabilement dans ses poches pour en sortir une gemme. Il s’agirait d’un pendentif à réaliser à partir de cette pierre.

    Il la tendit à l’homme, le laissant en prendre la mesure. Légèrement translucide, bicolore, elle présentait une extrémité tirant sur le saumon, et l’autre sur le turquoise. Lui rappelant, de fait, Solveig. Et c’était certainement la raison pour laquelle Kaname, alors qu’ils avaient plongé au niveau d’une épave regorgeant de trésors pour récupérer le tableau demandé par dame Williams, avait tenu à garder cette gemme qu’elle avait trouvée au gré de ses recherches.

    - Je ne sais pas s’il s’agit d’une tourmaline, ou d’une autre pierre. Mais il m’est important de conserver la dualité de ses couleurs. Il s’agit là d’un cadeau différent du premier, précisa-t-il. Pour une personne autre. Dont les yeux vairons ont, précisément, ces teintes-ci.

    Il n’était pas certain de l’occasion qui lui ferait remettre le bijou à son amie, car il n’était pas bien sûr de la signification qu’il était prêt à y mettre. Le temps passant, l’amitié s’était parée d’une attraction physique, puis des prémices d’un attachement bien plus viscéral. Sentimental. Et de part son statut particulier d’espion, Calixte appréhendait les complications que le développement de ses émois risquait d’entretenir. Et le coursier, face à ce genre de difficultés, était bien plus prompte à la fuite qu’à tout autre mode de réaction. Mais en avait-il seulement envie, avec Solveig ? D’abandonner tout de suite, à la préface des possibilités, alors que tout en elle l’attirait ? Que la perte lui faisait bien plus peur que la difficulté ?

    Secouant distraitement la tête pour mettre un peu d’ordre dans ses pensées, il s’avança vers une nouvelle vitrine pour montrer l’un des bijoux à sieur Valdor.

    - Si cela vous est possible, j’aimerai que la pierre soit présentée sous cette forme.

    Il s’agissait d’un simple cercle évidé, d’environ trois centimètres de diamètre.

    - Avec, lorsque l’on regarde le pendentif de face, la partie orange sur la gauche, et celle azurée sur la droite. S’il y a besoin de le sertir, je vous laisse le choix du métal. Pareil pour la chaîne du collier.

    Le joaillier, dont l’inventivité s’était visiblement activée depuis qu’ils étaient rentrés dans le vif du sujet, finit ses notes et lui tendit un bout de papier avec le montant des devis demandés. Acquiesçant, Calixte sortit l’acompte du total de deux pièces, pour permettre à l’homme de travailler correctement, et certainement plus sereinement. La transaction rappela en lui des réflexes ancrés par sa famille, et il interrogea encore l’homme avec curiosité :

    - Vos créations sont-elles soumises à une certaine garantie ? Et si je puis me permettre une indiscrétion par extension : votre boutique est-elle assurée contre les aléas possibles ?

    Cela ne semblait pas être le cas. Et comme ils convinrent de se revoir la semaine suivante pour faire la réception des commandes et le règlement final, Calixte griffonna dans le calepin de sieur Valdor le nom des Alkhaia de Eliëir, de leur système de Prévoyance, et de leur contact le plus adéquat à la Capitale si jamais l’homme souhaitait assurer ses biens. Visiblement satisfaits l’un comme l’autre, ils se quittèrent sur ces entrefaites.
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    Re: L'aune des sentiments
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