« Faye, enchantée. J’ai commencé à boire sans vous ! » Les accueillit-elle, sourire aux lèvres. « Bien, vous savez certainement pourquoi vous êtes ici, je vais donc vous fournir toutes les informations que j’ai en ma possession. Un des hommes de mon employeur a été capturé par une bande de voyous qui sévissent au sud-est de l’Arbre Sacré, il y a de ça une semaine. » Commença-t-elle tout en pointant du doigt la zone concernée sur la carte. « C’est un petit groupe sans grande prétention adepte du petit vandalisme, mais il semblerait qu’ils aient décidé de passer le cran du dessus en capturant des otages, certainement pour négocier des rançons. » fit-elle la déduction, bien qu’elle redoutait une autre raison plus problématique pour la Cabale.

« On aurait pu prévenir la garde mais cet homme n’est pas tout blanc. Des crimes mineurs, rien de bien inquiétant, mais mon employeur préfère éviter de le voir derrière les barreaux… » Leur confie-t-elle avant de replier la carte et la déposer dans son sac. « En dehors de la région où ils opèrent, nous n’avons aucune idée d’où se situe la planque des criminels qui retiennent notre compagnon. Ils  continuent toutefois leur activités à l’heure ou nous parlons, ils ne seront donc pas impossible à trouver. »

« Tenez, c’est cadeau. Lorsque vous aurez accomplit votre mission, mon camarade à l’extérieur vous attendra ici-même. J’espère que tout se passera bien pour vous. »

Je venais de sortir du bureau de notre nouveau conseiller de la Guilde.  Oui, oui, je parle bien de Monsieur Whiskeyjack Callahan, enfin Jack quoi. Ce bon vieux pote à la moustache affriolante et une sympathie hors du commun. C’était cool qu’il soit élu, les choses changeront certainement avec un type comme lui au pouvoir “. Toujours mieux que ces vieux croutons finalement. Je descends de l’étage pour rejoindre la grande salle de la Guilde des Aventuriers. Bon c’était un peu ma seconde maison vu le nombre d’heures que j’y passe. Trouver des camarades de mission, conter les prouesses des uns et des autres, c’était quoi comme le bar où les meilleurs breuvages aux prix imbattables. La saison fraîche était bien entamée, c’était le moment des vins chauds aux douces odeurs parfumées. Je hèle la serveuse et elle me sert ma douce boisson chaude que je bois avec attention. Ca réchauffe un homme ça enfin une femme sur le coup. Les mains autour de ma timbale, je pars prendre un peu l’air pour retrouver K’awill qui est resté dehors. Les familiers ne sont pas forcément autorisés dans l’enceinte du bâtiment, enfin les gros familiers. Il faut dire qu’après toutes mes frasques, je suis persona non grata. Une fois le verre fini, il était temps de partir pour d’autres aventures. Je n’avais rien trouvé de sympathique quand un homme m’interpelle avec une autre personne. Les mots demoiselle en détresse ne tombent pas l’oreille d’une sourde. Sauvez les princesses, c’est mon dada !

Je me tourne vers mon compagnon d’infortune, il était géant ou quoi ? Je regarde tout là-haut la tête qu’il a. Beau gosse, yeux bleus clairs, des cicatrices partout mais ça lui fait son charme. Fan de toutou à ce que j’ai compris, c’est alors que c’est K’awill qui prend la parole à la place.

- Moi veut !

L’entrain de ma loutre pour cette mission me fait sourire. Peut-être qu'il voulait un peu de compagnie lui aussi et cette Loufoca semblait une parfaite camarade de jeu.

- Et moi aussi, même avec un pauvre gars qui a juste son slip. Sauver les belles filles, c’est tout à fait de mon niveau !  

Bon il n’avait pas que son slip mais l’idée était là. K’awill s’amuse alors à tourner autour du berger australien, heureux comme tout d’avoir un compagnon à quatre pattes. Mais je lui fais un
petit rappel.

- K’awill… n’oublie pas que tu es trois fois plus gros qu’elle !  
- Moi juste jouer !
- Justement, la dernière fois, tu as écrasé un pauvre chat car tu voulais le cacher sous tes fesses.
- Mais lui pas dire fragile.
- Tu lui a cassé une patte ! Alors s’il te plaît, ne la casse pas aussi elle.  
- Oui maitresse !

Et le voilà en train de le pousser avec sa truffe pour le taquiner. Je n’arriverais jamais à faire quelque chose de lui !

- alors, on signe où ?  
- Suivez-moi, nous allons au Shalupin rieur.
- Oh chouette, elle est bonne la bière là-bas.  

L’homme de main ne disait rien, ni même un sourire. Qu’est-ce qu’ils sont barbants ceux-là. Notre petite troupe le suit docilement. Car ouais, en tant qu’aventurier, suivre des inconnus en pleine ville, c’est notre quotidien. Ce n’était pas rare d’avoir un pauvre type au regard louche qui t’attrape en parcours et qu’il te propose un petit quelque chose pour la gloire et des cristaux. Ouais, on se croirait dans des ses mondes bizarres où des gens ne bougent pas au milieu d’une ville et attendent le héros qui accomplira sa quête ! Il faut dire que la balade fut expéditive mais Loufoca et K’awill sont les meilleurs amis du monde. A mon plus grand désespoir...On rentre dans la taverne et on nous amène à une table. Une délicieuse créature nous accueille. Non mais sérieux, je peux la sauver aussi celle-là ! J’espère que le fameux otage est du même acabit. Elle tend sa carte, nous montre l’emplacement du repère des bandits approximativement. Une journée pleine de trajet avec un dodo en bivouac pour arriver quelques heures plus tard au point de chute. Réalisable, juste bien se couvrir avec ce temps pourri.

Elle ajoute le point sur une personne pas toute blanche, que la garde ne pouvait pas intervenir. Ce n’était pas de mon genre de faire ce genre de missions mais je ne pouvais laisser une femme seule aux mains de terribles bandits ! C’était tout ce qu’il compte. Bien entendu, je n’étais pas une mercenaire, loin de là, on ne va tuer personne. On va arriver, prendre la fille et retourner chez nous. Ni vu, ni connu, vas-y je t’embrouille !

- Bah nous acceptons cette mission avec joie. N’est-ce pas Fauve !?

Il semble d’accord surtout la prime qu’on va ensuite.

-  Le temps de quadriller la zone pour trouver le repère peut nous prendre un ou deux jours supplémentaires. Disons un retour dans sept jours. Même si nous sommes forts ! Tout dépendra de votre amie et de son état !

Tout semblait clair, il était temps de partir faire nos héros. On sort de l’établissement, je fais un clin d’oeil aguicheur à la femme. Allez, arrête de faire ta belle-gosse, pense mission !

- Bon toi, tu as besoin de quelque chose avant qu’on parte ?

Je m’approche de ma monture et la caresse tout doucement de l'encolure.

- Si tu es sage, tu auras le droit de le toucher si tu veux, ahahaha.
Car oui, j’ai compris qu’il adorait les bêtes, on avait qu’à voir comment il s’occupait bien de son chien.

- Tiens, on n’a pas eu le temps, Carci. Aventurière, experte en demoiselle en détresse. C’est quoi ta spécialité à toi !  

Je tends une main chaleureuse devant moi pour faire les salutations d’usage. Nous ne sommes pas des monstres voyons...

C’est à ça que je ressemble quand j’essaye de draguer les gens ? Non ce n’est pas possible ? Bon, je sais que mon nouveau camarade m’aime bien et aussi pour K’awill. J’espère qu’il n’a juste pas d’idées étranges à ce sujet, on ne touche pas à la loutre ! Bref, en tout cas, c’est un comique et le voyage ne sera que plus drôle. On quitte l’auberge deu Shalupin rieur et pense encore aux magnifiques yeux qu’avait la demoiselle. Lin me manque finalement, ses recherches prennent beaucoup de temps ces derniers temps et je n’ose pas la déranger. J’ai besoin d’affection moi !

-  Dis pas ça, on ne sait pas encore comment il est le quatre heures !

Blague de mauvais goût, c’est moi ! Il va m’entraîner vers le fond le jeune homme si ça continue.

-  Allez trêve de bêtises. On a un voyage à assurer !

Je regarde le ciel, il semble conciliant pour l’instant et nous avons tout intérêt de nous dépêcher de trouver un abri sûr pour la nuit. Je tape sur son médaillon magique et voilà que tout son équipement de monture apparaît. Je l’équipe, vérifie les stocks des vivres, mes armes et tout le reste.

- Attends-moi une petite minute, j’ai un coup de cristal à passer.  

J’avais pris l’habitude de prévenir Lin pour mes vadrouilles pour ne pas qu’elle s’inquiète. Je sens qu’elle était en pleine manipulation magique mais je lui adresse quelques petits mots et la laisse de nouveau tranquille lui promettant de la voir dans une demie lune. Je retourne vers Fauve et K’awill était en train de jouer avec Loufoca. Lui sautant dessus en oubliant complètement la taille qu’il avait.

- K'awiil… je t’ai déjà dit de faire attention avec tes amis plus petits que toi.  
Mais ouaf content ! Lui jouer
- Je sais qu’elle veut jouer mais c’est toi le plus grand donc tu dois faire attention dans tous les cas.  
Oui Maîtresse.

Mais à peine ses mots prononcés, le voilà en train de donner un coup de patte inoffensif à la chienne qui vole un peu. Ce n’était pas méchant et il ne se rendit vraiment pas compte de sa force.

- Avoir une loutre géante n’est vraiment pas de tout repos. Des fois, je me demande si un gloot n’est pas caché dans sa boîte crânienne.  

Je rigole à ma propre blague et vérifie que tout était là. C’est dans ma sacoche sans fond que j’accroche à ma ceinture que je retrouve un objet que je n’ai pas utilisé depuis si longtemps. Mon cube de la destiné ! Si je lui posais une question pour rigoler. Allez, on tente, “ Est-ce que Lin m’aime “. D’habitude je prends des pâquerettes mais j’avais envie de tenter la méthode magique. Je lance le cube au sol et attends le symbole qui va apparaître. Fauve doit certainement me prendre pour une folle mais pas grave, ça lui laisse un peu de temps pour équiper son poney, enfin cheval, enfin truc qui y ressemble quoi. C’est alors que la réponse s’affiche. Une énorme croix, non ce n’est pas possible. Pourquoi il me marque impossible l’autre débile là ! Furieuse, je relance le dé et il m’affiche la même réponse. C’est quoi cette arnaque !!! Je prends le dé et le jette au fond de mon sac. Ça m'apprendra à jouer avec les sentiments là.

- Bon tu es prêt ?  

Dis-je l’air boudeur mais je me remets d'aplomb toute de suite, je ne vais pas faire la tête pendant toute la route. Allez, souris, tu es la plus belle. Oh tiens, j’ai une idée.

-  Pour commencer notre voyage, je te propose un sucre magique. Tu mets dans ta boisson et paf ! ça fait la boisson que tu rêves. Pour ce soir, au coin du feu, tu m’en diras des nouvelles.  

Je lui donne dans sa main et grimpe maintenant sur ma selle.

- C’est parti, mauvaise troupe.  

Et notre joyeuse bande part rejoindre l’arbre sacré. Normalement, la route est sûre pour la prendre régulièrement, non le plus dur sera de trouver le repaire sans se faire repérer. On quitte alors la ville, franchit les dernières grandes murailles pour s’enfoncer dans la forêt. C'est maintenant que l’aventure commence ainsi que les questions.

- Dis moi Fauve, ça fait longtemps que tu es aventurier ? Je n’ai pas souvent vu ta tête ici enfin avec on n’est pas prêt de l’oublier en tout cas. Tu t’es fait ça comment ? Tu dois en draguer des jeunes filles à la recherche d’aventuriers téméraires non ?  

Ma colère passe peu à peu quand j’écoute mon nouvel ami. Il avait le don de dire tout ce qu’il pense et je me retiens de rire quand il parle de la gent féminine. Tout le monde connaissait l’humour gras des aventuriers mais lui, il le faisait de manière si naturelle. Je lui explique la manière d’utiliser le cube. Un simple cube magique qui répond théoriquement à toutes nos questions. Lin m’a toujours dit que c’était une arnaque d’enchanteur et qu’il ne disait pas toujours la vérité mais d’après mes nombreux calculs, il avait souvent vu juste. Enfin maintenant que nous partions sur la route, on prend le temps de se connaître.

Il ne connaissait pas vraiment l’origine de ses cicatrices, ce n’est pas grave. Il n’était pas si moche ainsi, je lui trouvais même que ça lui donnait un certain charme mais ce n’était que mon simple avis. Ca me change des missions avec Naëry qui était beaucoup plus sérieux que Fauve. J’aimais bien les nouvelles rencontres, les nouvelles histoires à connaître. Peut-être que c’était encore trop tôt pour apprendre celle de Fauve comme mon meilleur ami qui ne m’a jamais raconté son enfance. Moi je dis, il y a baleine sous gravillons dans ce genre de cas mais qui j’étais pour demander des explications supplémentaires ?

-  Oh j’étais déjà badass avant d’être Saphir.

Je ris à gorge déployée et reprends mon sérieux.

- Puis à chaque fois, tu me parles de belles plantes, tu crois que j'aime que les femmes ?  

Je fis un sourire en coin. Bon, j’ai quand même une préférence pour les femmes, c’était même certains. J’ai eu quelques hommes dans ma vie, jamais d’histoires amoureuses, faut pas abuser mais me glisser, le temps d’une nuit dans le lit de Luz et Naë ne me déplairait pas.

- Mais maintenant c’est chasse gardée. Je suis avec une femme géniale qui m’aime !  

J’ajoute bien qui m’aime bien parce que les relations chaotiques, c’était mon dada. Les amours à sens unique ou un brin masochiste, j’ai connu et je ne veux pas revivre ça.

-  Après vous les hommes, si vous avez besoin d’une étoile pour mettre des femmes dans votre lit… Il faut revoir votre technique. Non, le mieux, c’est de l’aborder, la rendre unique à vos yeux, répondre à toutes ses envies et le tour est joué ! Si elle se sent comme une proie, rien n’arrive…

Petit conseil drague en cadeau. Ne me remerciez pas. On prend alors le chemin à l’est et on avance tout doucement. K’awill adorait ces petits moments de balade maintenant que nous avions notre pass de téléportation, on vagabondait beaucoup moins. La route se fit avec le même genre de discussion. Apprenant à se connaître, des anecdotes sur des missions et des potins sur d’autres aventuriers. Après trois heures, on fait une halte pour reposer nos arrières-train et se remplir un peu le ventre. On mangera des choses rapides, le repas chaud sera ce soir quand on aura trouvé un lieu sympa pour se poser.

- Allez, viens, je vais te montrer comment fonctionne mon cube de la destinée.

Assis en tailleur par terre, je sors mon dé et lui donne dans la main. Je l’invite à choisir une question et de l'énoncer à voix haute avant de le lancer. J’ai un fâcheux fou rire quand j’entendis la question “ Est-ce que je vais visiter le lit de notre goûter “

Il le lance et quand je vois la croix apparaître de nouveau, c’était fini, mon rire s’arrêtait plus.

-  Mec, tu ne vas pas adorer la réponse mais c’est impossible…

J’attrape l’artefact et annonce ma question.

- Est-ce qu’il assure au lit au moins ?  

Le cube tourne et je vois le nouveau symbole. J’attends avant d’annoncer la réponse. Je le faisais languir et je le regarde droit dans ses yeux impatients.

- Ce truc veut dire que le sort en est jeté. Bref, c’est moyen quoi. En gros, ça doit dépendre de ton humeur, non ? Ahahahaha  

Le cube lui en veut, c’est certain. Mais pour le fun, je lance une dernière fois le dé avec une question que je garde pour moi. “ Est-ce que Fauve me veut dans son lit ? “. La réponse fut rapide avec le symbole du pouce levé. “ Il faut compter là-dessus “. Je ne dis rien et range mon dé, laissant sa curiosité faire le travail. Peut-être qu’il me posera la question mais moi ça m’amusait. On continue alors notre pause avant de repartir tranquillement sur les routes.

- Allez, si on continue à ce rythme dans quatre heures, on aura un bon endroit pour bivouaquer.  

Oui parfait pour se mettre autour du feu avec chataîgnes, macarons et sucres d’orges !

Cet homme me fait rire. Il a le don de donner son point de vue d’étranges manières. Je n’ai pas l’impression d’avoir un statut si spécial maintenant que j’étais Saphir. Bon j’avoue quand je n’étais qu’une petite fille, mon rêve était de brandir moi aussi cette étoile de Saphir, montrer que j’étais une femme courageuse, que j’ai survécu à mille dangers et même qu’un garde ne pourra faire autant. Car il faut se le dire, garde, garde royale, ce sont des chochottes avec leur armure qui brille, logé, nourri et blanchi. Nous les aventuriers, on prend des missions pour se faire de l’argent, payer l’auberge, notre repas puis notre équipement, puis quand on arrive, on prend des missions plus dures donc on a besoin de plus d’équipements. C’était un cercle sans fin finalement et si j’ai obtenu cette étoile, j’ai eu de la chance ou Lucy m’en veut pas trop de tout ce que je lui ai dit depuis tout ce temps !

- T’inquiètes, si j’ai réussi à être Saphir, toi aussi, ce n’est qu’une question de temps et de chance mon ami.  

Je lui donne un petit coup dans l’épaule et je me mets à rigoler.

-  Mais ne parles pas de poireaux. J’ai une image de deux sachets de thé qui pendouillent avec un poireau au milieu. C’est d’un laid au possible là… tu viens de me donner une horrible image !

Puis surtout que leurs testicules soient le symbole de virilité et quand tu les frappes, ça crie comme des petits chiots… alors bon.

-  Mais j’avoue que faire partie de la team de ceux qui ne soucie guère du choix de partenaire, est un plus. Surtout nous les aventuriers, un verre de trop à la taverne et on peut voir facilement flou. Puis avoue que depuis quelque temps, certains hommes ont les cheveux plus longs que les femmes et leurs silhouettes… ne parlons pas non plus des objets magiques qui changent la donne..  

Exemple concret, Calixte mon ami garde qui peut se changer en délicieuse femme. Sérieusement, ce n’est pas juste ça ! Puis je soupçonne Naëry d’avoir goûté à ce petit jouet là.. Enfin ne pensons pas à ça et écoutons sa technique de drague. Je plaque ma main contre ma bouche, il me faisait rire à gorge déployée.

- Sérieux, tu veux que des coups d’un soir et vu que tu le cries haut et fort, c’est pour ça qu’on te choisit plutôt toi ?  

Sa logique était bonne. Qui ne s’est pas dit que si tout le monde se l’arrache, c’est qu’il doit vouloir quelque chose non ?

- Tu me rappelles quelqu’un… Cette femme était magnifique. Grande, mystérieuse, un regard qui pouvait te déshabiller. Tu savais qu’avec elle, tu n’avais rien à dire quand tu étais dans son lit. Une sauvagerie pleinement assumée et j’avoue avoir y goûter.  

Pour y laisser mes dents ainsi que mon coeur brisé mais c’était une autre histoire.

- Comme toutes ses idiotes, j’ai cru que je pouvais la faire changer. Tu sais dans ton histoire, il y a plein de paramètres, personne ne sait ce qu’il cherche vraiment. Beaucoup, il leur manque du courage, de la conviction ou simplement se rendre compte que c’était le mauvais choix. Hélas… c’est en échouant ou perdant cette personne que l’on s’en rend compte…  

Ouais, je suis “ poète “ pour ce trajet enfin non pas du tout mais Fauve m’interpelle sur notre poursuivant. Je pose pied à terre et invente une excuse bidon.

- Ah, j’ai mal aux fesses, je m’arrête deux secondes.  

Pieds à terre, je demande aussitôt télépathiquement  à K’awill de se rendre invisible pour faire sortir notre indésirable. En quelques secondes, un jeune garçon sort à toute vitesse d’un bosquet alors qu’il ne touche pas les pieds au sol. K’awill l’avait attrapé et va le jeter devant nos pieds.

- Tiens, tiens, un petit lutin !  
- Chui pas un lutin !

Le petit garçon faisait son grand. Croyant qu’il pouvait toujours s’en sortir. K’awill apparaît de nouveau, il surplombe le petit rouquin.

- Que fais-tu ici toi ?  
- Lui ! ll a fait du mal à ma soeur.
- Lui là ?  
- Oui, elle a pleuré toute la journée car un homme bariolé lui a fait mal. Je suis venu la venger.
- Tu es sûr que c’est lui ?  
- Il y a que lui qui est aussi moche !
-  hahaha, tu es un marrant toi. Dis moi, comment tu vas t’y prendre pour te venger ?

Je m’accroupis à sa hauteur et le regarde avec un air sérieux. Tout doucement, il se mets près de moi pour me souffler quelques mots.

- Je vais lui raser la tête dans son sommeil.
- Oh, c’est un plan terrible ça  
- Tu as vu, je savais que c’était une bonne idée mais vous n'avez jamais pris de pause depuis le début. J’ai dû courir tout le temps.
- Tu veux qu’on lui rase la tête toute de suite alors ?  
- Oh oui, attends j’ai le truc dans mon sac.

Il fouille alors le sac avec une énergie soudaine et je considère mon camarade quelques secondes.

- Alors bourreau des coeurs, tu m’expliques ?  

Je regarde le fameux échange qui se déroule sous mes yeux entre le garçon et l’aventurier. Je ne connaîtrais jamais vraiment le fin mot de l’histoire entre les deux. Entre un petit qui veut sauver l’honneur de sa soeur et l’adulte qui ne fait qu’à sa tête, aucun des deux ne va vouloir perdre.

- Saucissoner ? Hum, c’est vrai ça peut-être amusant !  

Fauve rentre dans le jeu du gamin mais celui-ci ne comprenait rien à ce qu’on disait. Je pose la main sur son épaule et essaye de le réconforter.

- Bon tu sais quoi, si on se vengeait de lui plus tard. Nous avons une mission de la plus grande importance.    
- Ah oui, importante comment ?
- On doit sauver une belle demoiselle en détresse !    
- La princesse, on dit qu’elle a disparu !
-   Non la Garde l’a retrouvé mais une autre princesse. Tu sais n’importe quelle femme peut-être la princesse de quelqu’un ! Un jour, toi aussi tu trouveras une princesse.
- Non, moi je ne veux pas d’une princesse ! Ma soeur est comme une reine !
-  Ah oui mais bon ta soeur va se trouver quelqu’un et tu ne pourras pas rester avec elle. - Pas grave, je dois la protéger des têtes de pioche comme lui !

Le gamin pointe Fauve avec son bâton et je lui rabaisse son arme improvisée.

- On se calme mon garçon, tu ne feras rien. Tu nous fais perdre du temps.  
- Mais...
- Si on ne se dépêche pas, elle risque de mourir, tu veux qu’elle meure petit ?  
- Non !
-  Alors tu viens avec nous et on te dépose au premier village qu’on croise. Ca te va !  
- Mais je veux venir avec vous.
-  Tu es un aventurier ?  
- Bah oui, je suis très très très fort !
-  Montre ta plaque de la Guilde alors.  

Le petit garçon fait semblant de chercher et j’attends pour la bonne forme. Je sors alors la mienne qui était brillante en forme d’étoile.

- Oh mais tu es une saphir !
- Tu as vu, elle est belle hein ?  
- Trop, je veux la même !
-  Pour ça, il faut manger de la soupe et être sage. Alors si je te dis tu viens avec nous, tu viens okay ?  
- Bien sûr mais je ne monte pas derrière lui !
- Pas de soucis, tu viens avec moi sur K’awill    
- Oui moi prendre petit deux jambes avec maîtresse.
- Mais.. mais, il parle
-Oui moi loutre forte !
- Bien sûr, il a une plaque d’aventurier aussi. Tu crois qu'une saphir n’a pas des loutres magiques ?  
- Elle est trop belle ta loutre.
-Moi male !
- Oh pardon, il est trop beau.
- Allez grimpe petit avant qu’un autre ait envie de s’attacher et de se bander les yeux.  

Je fais un clin d’oeil au balafré avant de partir au pas de course vers notre cible. Je sais qu’il va falloir encore trois bonnes heures avant d’atteindre un village puis deux autres pour trouver un point de chute pour dormir. Le temps presse et nous avons une demoiselle à sauver. K’awill prend un malin plaisir à courir vite et esquiver tous les obstacles. Fauve ne pouvait pas tout le temps nous suivre car le chemin qu’empruntait ma loutre n’était pas adaptée au cheval mais je le reprenais plusieurs fois pour lui montrer la bonne direction. La route fut éprouvante pour nous tous mais surtout pour le petit. Il était bien content qu’on s’arrête au village, une vielle dame approche dans notre direction pendant que nos montures se reposent et se désaltère.

-  Pouvez-vous faire le nécessaire pour le ramener à ses parents, il est d’un autre village. Nous l’avons trouvé sur la route.  
- Bien sûr, merci de l’avoir récupéré.
- Nous avons une mission urgente sinon je l’aurai bien fait. Occupez vous bien de lui et toi petit, sois sage sinon je le saurai tout de suite, okay ?  
- Oui… Oui Madame.
-  Fauve, tu es prêt ?  

Bon on ne s’était pas arrêté longtemps mais je souhaite arriver à mon camp avant la tombée de la nuit. Là on pourra se reposer comme on le souhaite. On remplit nos gourdes, quelques villageois nous donne des provisions que j’achète pas cher et nous repartons. Pendant la route, on raconte plein de bêtises avec Fauve. Je lui demande combien d’hommes sont venus lui poser des problèmes et si c’était la première fois qu’un preux chevalier vient sauver l’honneur de sa dame. C’était la partie marrante des missions, la partie voyage. Apprendre à connaîre d’autres personnes et se raconter des potins. Je me rappelle encore quand j’ai vu au théâtre la Première Ministre fricoter avec une danseuse de l’opéra Royale. J’ai bien rigolé et raconte mon aventure à Fauve. Bon je ne l’ai jamais revu faire une bêtise pareille mais on dit qu’elle a fricoté aussi avec d’autres conseillers de son palais.

- Tu sais, elle aurait eu une relation avec l’ancien ministre là. Primus Milan je crois. Bon il est beau gosse, mais tout de même… j’espère qu’elle ne choisit pas tous ses ministres pour finir dans son lit. Je me rappelle encore qu’elle avait parlé d’une Nyx la danseuse, tu crois que c’était l’autre Anger, la précédente Ministre de la justice ? Non mais au Palais, ça se défoule bien je crois…    

Bon peut-être que si je m’amusais à traîner mes oreilles un peu partout proche des commodités de ses petits nobles, j’aurai plein d’informations de ce genre avec mon pouvoir..

- C’est quoi ça un plan ?  

Et je me mets à rigoler toute seule à ma propre blague. Non mais sérieusement, oui il faut qu’on trouve un plan et un béton quoi mais pour ça… il faut trouver le repaire des vilains et c’était une autre histoire.

- Mais oui bichon, on va en trouver un mais avant on a un peu de route.  

Et nous étions encore loin d’y arriver malheureusement. La route fut longue mais amusante, après plusieurs pauses pour la bonne santé de nos derrières royaux, nous arrivons enfin à notre point de chute. Une ancienne cabane de chasseur qui sert de refuge à des aventuriers comme nous. J’avais ma tente magique si nécessaire mais dormir avec un vrai toit, c’était pratique également. On se partage un peu les tâches, prépare le repas et partageons un peu la boisson. Taquin comme il était, Fauve, me propose un dessert, enfin il se propose d’être le dessert mais une petite -grosse- tape dans l’épaule et le voilà calmement. Il ne lâchera jamais l’affaire mais je continuais de rentrer dans son jeu jusqu’à le rebouter quand il était presque d’y arriver. On prend chacun place dans les lits de fortune, je m’enroule dans mon plaid magique, K’awill en boule aux pieds pour le premier tour de garde. Les lieux n’étaient pas dangereux, peu de prédateurs et les bandits ne s’enfonçaient jamais autant dans la forêt. Les caravanes marchandes allaient plus au nord, sur un grand chemin.

La nuit fut agréable comme le réveil avec cette petite rosée du matin. On s’active, je remets mes cheveux en place, du moins j’essaye. Un petit déjeuner de champion et on repart sur la route. Dans deux heures, on sera proche de notre cible et on devra redoubler de vigilance quand nous aurons de visu l’Arbre Sacré. Bon avec la chance qu’on avait, nous devions récupérer un otage dans cette zone et non dans les montagnes proches de Forteresse. Là-bas, les criminels ne blaguent pas du tout et je n’aurai pas accepté cette mission.

- J’espère qu’elle vaut le coup la fille n’empêche...

Une réflexion à voix haute pendant que je serre ma cape contre moi. Un vent frais nous enquiquine depuis ce matin et j’ai les muscles tous endormis. A la prochaine pause, je ferai un peu de mouvement pour être opérationnelle tout à l’heure. Comme la veille, on se raconte nos mésaventures en amour et j’apprends alors que certains aventuriers de la guilde du nord avaient succombé aux charmes de Fauve. Je ne l’aurai jamais pensé gay et à la première occasion, j’irai les chambrer tiens.

-  Sérieux ! Tu as couché avec Paul Taylor ? Lui qui se prends le mec trop viril qu’il plaît aux dames…  

Le mec se disait qu’il avait la plus grosse en plus alors je ne vais pas oser poser la question qui était en-dessous mais j’imagine très bien la réponse. Paul, tu es un homme mort à notre prochaine beuverie ! L’Arbre Sacré était maintenant bien visible et je ralentis le pas.

- Bon… prêt pour notre mission ?  

Je me fais craquer les doigts et prends note de tous les détails sur le chemin. Il va falloir trouver la planque des malfrats et ce n’est pas en discutant entre deux commères qu’on va y arriver. On ne trouve rien de significatif la première heure mais un chemin transverse est visible sur le côté, vers l’Est. Je m’arrête et pose pieds à terre. Quand je dépasse le bosquet, on constate que le chemin est récent, les ornières ne sont pas profondes. La largeur correspond à un passage d’homme avec quelques animaux de traits mais pas de chariot.

- On tente par là ?  

De toute façon, c’était notre premier indice et il nous restait à déterminer quel côté. Je continue d’avancer un peu pour essayer de trouver des traces de pas plus significatives ou la manière dont sont cassées les branches. Le chemin ne semblait pas continuer de l’autre côté donc c’était vers l’Est que ça partait. Ces bandits étaient nuls comme leur pied. J’aurai fait une autre piste pour essayer d’induire en erreur un peu mais non. Je remonte sur le dos de K’awill et nous prenons le chemin tout tracé.

- Si nécessaire, je peux nous rendre invisible mais pas ta monture… Il faut qu’on trouve leur repaire avant la nuit. On s’amusera quand le soleil ne sera plus présent, tu verras !

Je comptais subtiliser la jeune femme lorsque la vigileance sera au plus bas ou après un diner bien arrosé. Il nous restait plus de cinq heures pour les trouver puis on établira un camp de base pour reprendre nos forces et parler du fameux plan. On marche ainsi une bonne vingtaine de minutes avant de trouver quelques déchets sur le sol.

- En plus… ils ne ramassent rien… Ils vont vite comprendre ma façon de penser ceux-là !  

Je descends de ma selle et invite Fauve à faire de même. Nous étions proche du camps et il ne fallait pas qu’on se fasse repérer maintenant.

- Tu veux en faire quoi de ta bête ? Tu l’amène avec nous encore un peu ou tu veux la laisser dans un coin ?  

Je me fais vieille, je n’avais même pas vu les fils. J’ai tellement l’habitude qu’un gros truc me tombe dessus que je n’ai pas pensé à regarder tous les petits détails. Après, rien semblait me tuer sinon mon amulette aurait fonctionné, c’était un bon signe non ? Après les diverses explications du pouvoir de Fauve. Je trouvais bien sympa l’idée de contrôler les animaux de la sorte. Car ouais, les parchemins de familier, ça coûte un bras et le truc ne fait pas forcément ce que tu veux. Bon après, contrôler un tissenuit, ce n’est pas courant comme métier mais tout de même. Bref, l’idée d’utiliser un pote de la forêt pour faire le sale travail, ça m’arrangeait bien même si j’avais peur qu’il finisse en pièces mais ce n’était qu’un petit détail.

- D’accord faisons ça. Par contre, K’awill est assez gros donc si il a besoin de se cacher ça va être dur donc il va rester plus en arrière avec ta chienne. Je peux lui parler à distance et son pouvoir d’invisibilité n’est pas long à lui.  
- Moi surveiller fesses !
- On dit surveiller nos arrières, K’awill...
- Arrière pas fesses ?
- Oui enfin non. C’est une expression !
- Donc moi surveiller fesses !
- Ouais bon sinon on dit je te couvre.  
- Mais pas froid, toi froid maîtresse.
- Je...

Je vais le tuer et je n’ai pas le temps de lui apprendre de nouvelles expressions encore.

- Reste avec elle. On part devant, on s’approche du camps invisible. On regarde les méchants, on revient.  
- D’accord, moi faire sieste.
- Non, tu reste ici, allongée mais tu ne dors pas !  
- Faire quoi moi ?
-  Attendre...
- C’est nul ça.
-  Je sais mais il faut attendre ici, ça ne sera pas long.
- Jouer ?
- Non plus. Tu restes là et tu ne bouges plus. Roi du silence.  
- Nul ce jeu. Moi pas aimer.
-  Tu n’as pas le choix. C’est cette nuit qu’on s’amusera mon grand.
- Vrai ?
-  Oui mais je dois vérifier un truc chez les méchants.  
- Oh d’accord. Bah moi attendre ici alors…
- C’est bien mon grand !  

Je lui donne une caresse alors qu’à Loufoca.

-  Surveille le d’accord ?  

Un petit jappement, elle semblait d’accord. Fauve s’occupe de trouver le chevreuil qui nous servira de cheval de troie pour ensuite l’embobiner. Je ne sais pas comment on peut appeler ça.

-  Prêt ?

On dirait que oui. L’animal part devant et je m’approche de Fauve.

- Restons côte à côte. S' il y a des éclaireurs, je vous rend invisible tous les deux puis on attends ce soir pour le grand spectacle.

Ca semblait être correct pour tous les deux. Du moins sur le papier. Le chevreuil avance tout doucement, des fils se cassent mais rien ne se passe. Je m’attendais à une cage qui tombe des arbre, un trou immense qui s’ouvre sous ses pieds. Nous marchons maintenant depuis cinq minutes tout doucement quand les oreilles de l’animal bouge. Par instinct, j’attrape le bras de Fauve et je nous rends invisible. Nous étions maintenant invisible à tous les sens et un bosquet bouge sur notre gauche. Un homme avec une sale tête sort avec une épée dans la main avec un autre rouquin.

- Encore un de ses chevreuils qui font actionner les clochettes ! J’en peux plus
- C’est mieux que ce soit une autre fausse alerte non ?
- Nous avons fait en sorte de les déloger la dernière fois, ils reviennent encore…
- Laisse, rentrons au camp.
- Le chef va râler encore…
- Boarf, il râle tout le temps.

Les deux hommes de main ont l’air de rentrer et je tire le bras de Fauve avec moi. Ouais bon, on est invisible pour eux mais entre nous aussi. Ça ne nous arrange pas trop dans l’histoire mais nous allons les suivre. Comme ça, on ne se prendra pas les pièges ! il nous restait surtout à retenir le chemin. Les deux malfrats prenaient des chemins alambiqués et on se demandait si ils ne tournaient pas en rond mais au bout de cinq minutes, on arrive devant un camp. On dirait presque un truc militaire, ou plutôt du matériel volé à la garde. Une tente de chef avec deux autres plus petites pour les hommes de main. On pouvait voir le coin cuisine, un étal pour les armes et à en juger pour la taille, on dirait que cette petite bande était une vingtaine. Un homme qui avait les plus beaux habits tirait sur une corde. Comme si il essayait de sortir quelque chose de sa grande tente. Il était assez facile d’imaginer ce qu’il va en sortir. Une femme, aux poignets ligotés, sortait en traînant la patte. Elle avait un peu de sang sur le visage et avait une tenue de roublard. Bon, c’était sûrement elle, notre cible. La princesse était une princesse voleuse mais qu’importe mais ses mèches violettes-grises étaient craquantes. C’est tout ce que je vois. Je donne un coup de coude au balafré pour lui montrer du doigt la fille. Bon évidemment, il ne voit rien.. Au lieu de ça, des éclats de voix.

- Tu vas me dire qui sont tes amis !
- Tu peux aller te brosser raclure.
- Tu n’es vraiment pas conciliante. Je t’offre le gîte et le couvert
- Même un gloot n’en voudrait pas de ta bouffe

La main de l’homme finit sur la joue de sa prisonnière. Je vois aussitôt rouge mais je reste calme. Allez… tu lui briseras les doigts plus tard…

- Tu craqueras si tu veux garder la vie. Personne ne viendra te chercher
- Je mourrai alors avec mon secret
- Vous les jeunes, toujours aussi fougueux
- Toi, tu mourra vieux, seul dans ton vomi
- Ahahaha, poète en plus !

Il claque des doigts, deux gars attrapent la corde et la tire dans l’autre petite tente. Donc, elle reste là-dedans… Bon, il ne faut pas qu’on traîne. On doit rentrer avant que mon pouvoir ne fonctionne plus. Je tire mon compagnon pour le faire sortir du camp. Nous irons la sauver plus tard…

Maintenant que nous étions assez loin pour parler, mon pouvoir s’estompe et nous voilà tous les deux visibles. On s’approche des nos montures et établit une statrégie. Bon des fois, ça m’arrive, je fais des plans. Mais est-ce que foncer dans le tas est un plan ou pas ? Non car d’habitude, c’est un peu ce que je fais mais cette fois-ci, je tiens à ma vie et celles des autres.

- J’aime bien ton plan. Tu fais l’appât pendant que je sauve la belle demoiselle en détresse.  

J’avais la meilleure partie du plan. Le plus dur, ça va être de la faire succomber à mes charmes de folie mais rien n’arrête Carciphona Ixchel !

- Pas de soucis pour K’awill. Il ira aussi vite que possible et nous rejoindra plus loin.  

Si je lui promets en plus un petit casse-croûte de sardines, il ne dira jamais non.

- Il nous reste plus qu’à attendre la nuit tombée.  

Bon maintenant, trouver un endroit pour faire un piège bidon mais qui arrêtera ses bandits de bas étage.

- On peut faire un trou ici dans le coin. Vous passerez au-dessus avec K’awill. Ca arrêtera les moins téméraires.  

Je pointe du pied la zone. Il y aura un peu de boulot mais ce n’est pas insurmontable.

-  Bien entendu, une petite ficelle bien placée va aider grandement la chose.  

Là, c’était la partie amusante. Les voir se retamer comme des nazes par terre.  

-  Bon, on a du boulot. On y va ensemble faire le piège car c’est un peu toi qui va courir dans cette direction non ?  

Notre petite troupe fait bien attention à nos pas et on prépare notre nouveau plan machiavélique. Pendant une longue heure de travail acharné, notre piège était en place, il nous restait à prendre un petit repas pour se donner des forces et allons sauvons le monde.  On mange des provisions froides pour ne pas faire de feux et je demande à K’awill de surveiller nos arrières. Le soleil se couche et de minutes en minutes, l'obscurité englobe la forêt. Nous étions tous les deux surexcités par la mission. L’action, le travail d’un aventurier ce que pour quoi nous sommes payés. Pouvoir, à partir de rien, faire des miracles. On se refait un topo rapide sur nos consignes.

- K’awill, tu fais ce que te dis Fauve, okay ?  
- Moi être rapide. Moi être fort.
-  N’oublie pas qu’on est connecté nous deux d’accord.  

Je pointe l’index sur ma tempe et je fis de même sur lui.

-  Moindre soucis, tu me préviens.  
- Oui Maîtresse.
-  Et toi, si tu le ramène avec un poil de travers, tu ne vas pas faire long feu.  

Je lui fais un grand sourire pour la forme mais ma menace n’était pas en l’air. Je lui laisserai que quelques secondes à vivre avant de lui mettre une bille entre les deux yeux. Je m'engouffre dans le chemin que nous avions fait avec les bandits. K’awill part son point de ralliement alors qu’avec Fauve, on s’approche du camp. Je n’active toujours pas mon pouvoir, le gardant pour tout à l’heure. Notre approche était lente, nous avions tout notre temps et il ne fallait surtout pas se faire attraper. Une fois les lumières à vue, on ralentit encore plus notre marche, s’accroupissant au passage. Deux petits groupes étaient autour d’un feu, trinquant avec leur gobelet de bois. On pouvait entendre au loin leur conversation.

- Elle ne dira rien l’autre greluche
- Elle ne fait que nous cracher à la figure, elle ne s’en rends pas compte que le chef la bichonne !
- Ouais enfin si ça continue, sa patience va être mis à rude épreuve.
- Je crois qu’il ne veut pas l’abîmer… elle a plus de valeur sans cicatrice
- N’empêche, la droite qu’il lui a mis… J’ai cru qu’elle allait lui sauter dessus.
- J’avoue, je n’avais jamais vu une femme aussi enragée. Je comprends pourquoi aucun mec ne veut d’elle.
- Il faut lui mettre une muselière, elle a mordu Pierrot le premier jour.
- Ouais, à mourir de rire. Il chouinait comme un bébé
- Attends qu’elle mords autre chose… tu rigoleras moins quand il ne restera plus rien.
- Enfin, il n’avait pas grand chose déjà !

Ils se mettent tous à rire et le mec vexé, finit par partir. Bon, attendons encore un peu mais j’ai cru comprendre que ce n’était pas au goût de Fauve, je le vois partir avec détermination. Bon… c’est à mon tour de jouer alors. Je me rends aussitôt invisible et part chercher la sauvageonne...

Les gars se lèvent brusquement, il y a du grabuge un peu plus loin. Fauve était donc en action et je pouvais m’occuper de ma partie. J’espérais sincèrement que tout se passe bien de son côté même si K’awill veille au grain. Il me fera passer un message si il y a le moindre problème, espérant qu’il ne fasse rien d’idiot ! Ce qui était le plus difficile. Bon les gardes se lèvent, il y avait juste un nigaud qui était resté devant la tête. C’était certainement là mon objectif, il fallait que je me dépêche avant qu’il ne donne l’ordre de ratisser la forêt. Étant invisible, je m’approche du campement, sans aucun bruit même si mon pouvoir me permet de me rendre silencieuse, les vieilles habitudes persistent. Je passe près de l’homme qui était aussi intelligent qu’un jeune gloot. Son regard vide errait vers le feu, bon ce n’était pas lui qui va me poser de problème. C’était juste la jeune femme, il ne fallait pas qu’elle crie quand elle va sentir ma présence, là était la difficulté.

Il y avait un petit passage pour entrer dans la tente, je soulevais le pan avec douceur et j'entendais du bruit au fond. La femme est sur le qui-vive, je le comprends. Mon regard tombe dans le sien même si elle ne voit rien. Ses pupilles étaient dilatées, elle cherchait partout pour trouver la source du bruit. Elle avait peur mais pas que. Elle luttait pour sa survie et si elle avait une arme entre les mains, je pourrais me la prendre entre les deux yeux. J’étais maintenant à sa hauteur et attrape un petit mot qui était dans ma besace. Je le relâche et le voilà visible pour elle.  Elle l’attrape de sa main libre et reste méfiante.


Aussitôt, sa lecture finie. Elle s’agite et quand je finis par attraper son bras pour lui montrer ma présence.

- Mais…

Mon doigt finit aussitôt sur sa bouche pour qu’elle arrête de parler. Je regarde ses entraves. Une chaîne aux pieds ainsi qu’une main attachée. Ca va être un jeu d’enfant, ça me rappellera le bon temps où j’ouvrais le coffre pour récupérer les friandises que maman cachait. Oui, j’ai appris à crocheter quelques serrures mais avec le bon matériel, ça se fait en quelques secondes. La voilà libre et elle se frotte aussitôt son poignet douloureux. Je tends l’oreille à l’extérieur, l’homme n’a pas bronché, il doit être saoul, je ne vois que ça. Je pose ma main sur son bras et  elle sent cette sensation étrange. La première fois est toujours bizarre quand je donne mon pouvoir à quelqu’un d’autre mais elle ne se rend pas vraiment compte qu’elle est invisible, seul ce voile qui se trouve devant nous lui fait comprendre si elle le remarque dans cette obscurité naissante. Je laisse le contact de ma main sur son bras car moi aussi je ne la vois plus. Je finis par descendre tout doucement pour attraper sa main. Elle se tendit comme un arc mais ma main était beaucoup moins rugueuse que celle d’un homme et surtout plus petite.  Je la tire pour qu’on se soulève de sa place et avance vers l’ouverture. Nous devions improvisé un duo. Nos pas vont devoir se synchroniser pendant quelques minutes, ne faire qu’un pour quitter ce lieu infâme. Avant toute chose, j’envoi un message télépathique à K’awill, pour lui dire qu’on sort, j’ai la cible. Il pourra prévenir Fauve quand ils se retrouveront. On avait estimé qu’il me fallait une dizaine de minutes pour l’extirper d’ici. J’avais encore le temps. Ma main soulève le tissu, il y a un peu de bruits mais je finis par attraper ma sarbacane, glisser une bille et lui détourner l’attention de l’autre côté. C’était chose faite, il ne regardait que dans la direction d’où la soi-disant bestiole bouge. Je tire la captive, contourne le feu et l’homme. L’arme de son geôlier était par terre, je sens qu’elle voulait l’attraper. Je la tire vers moi pour éviter qu’elle ne commette un impair. On quitte à pas de loup le camp et je sens sa main moins tendue, son allure accélère, elle comprend qu’elle est sortie d’affaire mais je garde mon pouvoir actif. On était trop proche ! On marche ainsi cinq minutes, sa main dans la sienne. Je finis par me rendre visible. Elle sursaute et me lâche aussitôt la main avant d’essayer de me donner un coup.

- Hey, calme toi ! Je ne te veux aucun mal.  

Elle lance une seconde attaque mais elle est fatiguée, faible et finit par trébucher.

-  Arrête de gigoter, on va se faire repérer. Il y a des pièges partout. Alors suis-moi et ne dis plus rien.  

Je ne sais pas si elle comprends mais elle s’arrête et se dit qu’elle avait encore besoin de moi pour s’en sortir. Je prends la route que j’ai retenue par cœur. On évite les fils et nous approchons de notre lieu de rendez-vous.

- Comment tu t’appelles ?
-  Carci et toi ?  
- Pas tes affaires…
- Je vois… on a des provisions à notre camp. Nous y sommes bientôt !    
- Qui t’a envoyé ?
- Aucune idée. On m’a dit que tu étais enlevée par des brigands et que la garde ne pouvait pas t’occuper de tes affaires donc… je ne peux pas résister à l’appel des demoiselles en détresse.  
- Vous êtes combien ?
- Deux humains et une loutre.    

Elle se tait, calcule certainement ses chances de nous liquider.

- Je fais partie de la guilde, tu es une mission standard. Je peux te montrer mon insigne après. Alors arrête de réfléchir, laisse nous te ramener à ton boss.    
- Qui me dit que tu n’es pas un autre de sa bande et tu fais tout ça pour te montrer mes amis.
- Tu crois vraiment que je travaille avec des nazes pareils ? Laisse moi rire ! Puis ce mec, un goujat. Jamais je ne lèverai la main sur une femme si belle.  
- Non mais tu es sérieuse, tu me dragues ! Tu me prends pour qui !
- Pas intéressée ?  
- Mais tu rêves ! Tu as vu ta tête ! Ma patronne, oui… elle est intéressante mais toi..
- Tu ne sais pas ce que tu rates, chérie.  
- Tais toi, ne m’appelle pas comme ça.
- Déjà les mots doux, on est faites pour s’entendre !  
- Tu parles tout le temps ?
- Il y a une manière de m’empecher de parler.  
- Approche ta bouche de la mienne et tu es morte en plus de te refaire le portrait !
- Je vois !  

Je vois la silhouette de Fauve et K’awill. J’interpelle télépathiquement les deux. Ma loutre fait un dérapage contrôlée, l’aventurier sur le dos. Il a dû rien comprendre mais une fois à ma hauteur, il s’arrête en trombe. Fauve n’avait pas prévu ça car je le vois passer par-dessus…

- K’awill… je t’ai déjà dit de faire attention avec les autres… tu vas le casser.  
- Vu la tête qu’il a déjà… il n’est pas à une cicatrice près...