Après cette déconvenue avec Jin et nos colliers jumeaux, j’ai pris l’initiative de corriger cette petite erreur qui a failli finir au désastre. J’avais fait appel à un ami enchanteur pour savoir s' il pouvait corriger le dysfonctionnement mais rien n’y fait, on ne peut enchanter un objet déjà magique. Par contre, il a bien mentionné qu’il pouvait faire cet enchantement simple sur un autre bijou. Cette idée m’a plu aussitôt, je n’avais encore rien offert à Jin de mémoire. Cela me réchauffe le cœur de penser à lui offrir un magnifique bracelet surtout avec ce que je compte faire avec. Je m’amuse à regarder son ruban qu’il m’avait offert à notre première rencontre. Je ne l’avais plus quitté et si je mettais un petit quelque chose à moi également pour rendre ça encore plus joli ? Oui, j’avais enfin mon idée en tête, un bracelet simple en métal avec une pierre pour mon amant et moi, simplement une autre pierre avec mon ruban qu’on enchantera aussi.
Ma journée passe rapidement à la perspective d’aller trouver ce fameux bijoutier qu’on m’a parlé il y a une lune de ça. La conseillère a surtout évoqué la beauté du gérant. Je n'y allais pas particulièrement pour ça mais ses prouesses techniques étaient aussi compétentes. Bon qui mieux qu’un homme pour faire des bijoux masculins ? Oui c’était un raccourci rapide mais les autres bijoutiers que je connaissais, étaient plus doués pour des choses plus fines et sophistiquées même si je ne doute pas qu’il sache le faire aussi. Le soleil décide d’entamer sa course pour rejoindre son lit pour la nuit. Lancelot, mon garde du corps, se présente pour m’accompagner en ville. Je l’avais prévenu plus tôt dans la journée dans mon escapade et il s’est proposé. Depuis que je fréquente Jin, le garde a moins de travail car Jin venait me chercher devant le Palais lors de ces journées calmes. On en profitait pour parler de tout et de rien, c’était agréable de faire un bon chemin ensemble. Il était rare qu’il m’accompagne jusqu’à mon lit, prétextant chacun notre tour des excuses.
On finit par sortir du palais et prenons la direction du quartier commerçant dans la ville avec les plus belles boutiques. Le solstice approche bientôt, quelques décorations sont de mises. Le soleil maintenant bien bas, l’obscurité prend partie prenante, les lampions s’allument ainsi que les lanternes magiques. Se promener à cette heure-ci était un vrai plaisir malgré le froid persistant. Lancelot reste un pas derrière moi, il me laisse à ma contemplation. Je passe devant un restaurant qui était réputé pour leur excellente salade au vinaigre aigre-doux ainsi qu’un potage aux fanes de radis, il faudrait que j’y repasse un jour… L’odeur de vin chaud m’interpelle. Je décide de faire un petit détour par cette échoppe et propose même un verre à mon escorte. Poli, il refuse et je lui dis de prendre un chocolat chaud s' il le souhaite
- Monsieur Steelhearth, faites moi plaisir. Prenez au moins ça, il fait si froid.
Cédant à mon caprice, la serveuse fit un grand sourire et lui donna la timbale. Je lui donne quelques cristaux et reprenons notre route. Nous étions maintenant à une rue de la boutique,on prends à droite et je vois la bijouterie. De plusieurs niveaux, elle était chaleureuse, je pouvais le ressentir d’ici. Peut-être l’aura du gérant dépassait les murs, je n’en savais trop rien. Je passe devant la vitrine, je peux voir les quelques bijoux présentés sur des coussins douillets. J’imagine bien Tsubaki et Natsu faire leur sieste dessus. Mes familiers avaient un don pour les siestes ! Je finis par pousser la porte, Lancelot restant dehors, le carillon se fait retentir. Je pouvais voir un petit espace détente pour prendre le thé, certainement pour ses rendez vous avec ses clients pour les créations. J’entendis du bruit dans l’arrière boutique et une silhouette apparaît.
D’ici, je pouvais voir la carrure de l’homme, sa chevelure blonde et il finit par relever la tête avec son sourire charmant. Cette conseillère ne m’avait pas menti, cet homme est parfait et totalement à mon goût. Même son oeil caché se faisait oublier rapidement mais son visage me dit quelque chose. Je pris quelques secondes à chercher dans mes souvenirs avant que je puisse mettre un nom, Nessa Oneming, c’était l’ancien compagnon d’une connaissance. Je ne m’arrête pas à ce détail et finit par se présenter.
- Bonjour Monsieur ! Votre boutique est une vraie merveille, on voit que vous avez mis toute votre coeur.
C’était même certain et je continue alors sur ma lancée.
- Je suis venue ici pour une petite commande spéciale ! Bon vous en avez certainement tous les jours mais je souhaiterais un bracelet qui résiste au feu, mon ami a une fâcheuse tendance à s’enflammer...
Je préfère que le bracelet reste à son poignet au lieu qui fond à chaque excès de colère de sa part...
Bracelets du coeur
La journée était passée à une vitesse bien trop rapide au goût du joaillier. Dès son premier client – un jeune garde en quête d’un cadeau d’anniversaire – une vague d’excitation l’avait parcouru. Le plaisir de présenter son travail et plus encore de satisfaire ces potentiels acheteurs. Il y avait eu quelques passages, des curieux, des intéressés, certains qui venaient juste se réchauffer le bout du nez tentant de profiter du thé chaud qu’il mettait à disposition dans le petit salon de l’entrée.
Peu de ventes certes, mais des ventes quand même ! Quel plaisir de voir les sourires étirer les lèvres, et des remerciements chaleureux. Il y avait bien cette homme, un certain Armand De Vaulnay, des yeux bleus glacials, le buste droit, la tête haute. On voyait bien que c’était un homme qui avait l’habitude de se faire obéir. Il n’avait pas trouvé bonheur chez Wyn’s et avait eu malin plaisir à lui faire comprendre que sa boutique n’était pas assez luxueuse pour sa recherche. Le bijoutier s’était bien gardé de lui présenter ses parures les plus somptueuses, et encore moins celles insufflées de magie. Aussi tranchant que son client il l’avait invité à quitter les lieux puisque rien n’était suffisamment brillant pour Monsieur. Il s’en mordait quelque peu les doigts à présents, un homme de cette prestance devait avoir de son influence, et ce n’était pas bon pour ses affaires.
Il ruminait encore, lorsqu’une nouvelle tête passa le pas de la porte. Une femme brune suivi d’un gaillard à l’allure revêche. Bonne surprise en cette heure tardive, et pas des moindre lorsqu’il reconnut la première Ministre du Royaume ! Une chance de se rattraper et de faire bonne figure. Un voile sombre passa sur son visage, un souvenir se rappela à lui, celui de sa première rencontre avec Haru du Lys. C’était sa femme, non, son ex-femme, qui l’a lui avait présenté. Elles se connaissaient de relations éloignées et l’occasion a fait que Wyn’s a pu découvrir la femme politique le temps d’une discussion. Se rappelait-elle de lui ? Ça n’en avait pas l’air. Elle complimenta sa boutique ce qui redonna du baume au cœur au joaillier qui sourit allègrement., la remerciant d’un hochement de tête.
Sans plus attendre la brune lui parla de sa commande spéciale, et Wyn’soadel se caressa la barbe en réfléchissant.
- Lorsque vous dites, « a tendance à s’enflammer », vous voulez dire littéralement?
Un imperceptible mouvement d’approbation tiqua sur le visage du gaillard, confirmé par la Première Ministre qui rit sûrement à un souvenir personnel de la torche humaine.
- Et bien je dois avouer que tout métal fond à forte chaleur, l’or a une température élevée. Vous savez si votre ami chauffe jusqu’à une température spécifique?
Il laissa la femme répondre avant de lui proposer une autre sorte de bijoux.
- Et bien sinon j’ai bien un métal qui pourrait résister à une forte température, il fond aussi à une chaleur extrême cependant. Cela dépendra surtout du temps de chauffe de votre homme. Venez suivez-moi.
Il l’emmena à l’étage où il stockait ses créations enchantées. Plus petite, la pièce se présentait dans les mêmes tons sobres du rez-de-chaussée, les présentoirs en fer forgé plutôt que dans le même bois qu’à l’étage inférieur et aux vitres plus épaisses afin d’en augmenter la sécurité.
Il attrapa son petit trousseau et ouvrit une vitrine pour montrer l’acier brillant foncé, presque noir, épais d’un peu plus d’un centimètre dans lequel une encoche permettait d’y incruster une gemme.
- Voyez. dit-il en laissant le bijou aux mains délicate de la brune. C’est un métal plutôt rare aux propriétés intéressantes, il conduit la magie que recèlent certaines gemmes. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en Aryon la magie court et s’éveille chez tout être ? Et bien quelques pierres emprisonnent de cette magie et grâce à cette alliance les dons se révèlent. Peut-être l’une d’entre elles pourraient vous intéresser ?
Il laissa la Ministre observer le bracelet et sourit de l’intérêt qu’elle porta aux dites pierres magiques. Wyn’s avait bien en tête une gemme, l’opale de feu, qui pourrait sied à son futur porteur qui semblait être d’un tempérament explosif.
Cette boutade avait le don de rendre la discussion légère. J’avoue que me présenter avec une idée de cadeau pour une torche humaine peut en surprendre plus d’un et je préfère ajouter quelques explications
- Non cet ami est juste un mage élémentaire de feu. Prendre un bracelet en cuir réduirait drastiquement la durée de vie du cadeau. Je préfère prendre quelque chose qui puisse résister un peu...
Même si je n’ai jamais vu Jin en action. Il ne m’a jamais parlé exactement de son pouvoir, ni des conséquences mais s' il perdait à chaque fois ses vêtements, je pense que je le saurai. Je préfère être prévoyante.
- je n’ai aucune information là-dessus, quelque chose de raisonnable probablement.
C’est maintenant que je constate que je ne savais rien de Jin. C’est pourtant la base non, savoir la magie élémentaire de son amant ? Est-ce qu’il le contrôlait bien ? Est-ce qu’il était puissant ? Toutes ses petites choses qui me font comprendre que je devrais faire cet effort pour l’apprivoiser. Mais le joaillier avait diverses solutions et proposent qu’on monte à l’étage. Lancelot reste en bas, proche de la porte. Il avait estimé que ça ne craignait rien avec cet homme. Ici se trouvait des créations magiques. Méticuleux, il ouvre la porte et attrape un bracelet pour le montrer. Il me dépose tout doucement et observe la qualité de l’objet. C’était des liens entrelacés qui avaient l’air robuste. Cette couleur sombre irait bien avec la panoplie de Jin et surtout son caractère. Quelque chose de sobre et une pointe d’élégance. Si ça brillait de mille feux, ça n’avait aucun intérêt !
- Des pierres ?
J’avais en tête de mettre une gemme de tigre et l’enchanter par la suite mais il est vrai qui n’y avait pas que ça comme pierre. La gemmologie n’était pas mon domaine de prédilection mais je me défends un peu.
- Mais oui à Aryon, tout est possible. C’est pourquoi je veux retrouver la magie des colliers jumeaux de la légende. Ceux qui partagent les sentiments, c’est pour ça que je suis venue ici, on m’a dit que vous avez des gemmes enchantées de diverses catégories. Si en plus vous permettez de tempérer son caractère belliqueux pourquoi pas même si j’aime particulièrement ce côté là de chez lui.
Un aveu comme un autre à un pseudo-inconnu.
- Je me disais que si vous avez une couleur qui reprend les nuances du volcan, ça me plairait bien.
Un être au coeur ardent, voilà comment je me représente le fougueux aventurier. Un peu trop fougueux même mais c’est pour ça… que je l’apprécie non ?
- Bien entendu, je mettrais le prix et je souhaiterais un bracelet également pour moi qui va de connivence mais un ruban suffira, je n’ai pas le pouvoir d’embraser les gens.
Finalement même si mon pouvoir n’avait rien d’offensif ni même défensif, je l’appréciais tout autant. Enfin maintenant que nous étions en tête à tête, il était plus facile pour nous de parler, surtout de parler de lui. Je pris alors un ton plus doux et l’interroge.
- Sinon comment allez-vous Monsieur Valdor.
Je fis un léger sourire pour me montrer plus avenante.
- N’espérez pas que j’oublie facilement un visage, j’ai malheureusement une bonne mémoire...
Bracelets du coeur
La qualité du travail présenté semblait convenir à Haru Du Lys, ce qui satisfit le joaillier laissant apparaître un léger sourire en coin sur ses lèvres. Elle lui parla de l’enchantement et de la couleur de la gemme qu’elle souhaitait offrir à son ami.
- Malheureusement je ne peux pas choisir moi-même la magie insuffler dans une pierre. Mais vous avez de la chance Madame la Ministre, j’ai pile ce qu’il vous faut!
Satisfait de la curiosité suscitée, Wyn’s partit ouvrir un coffret dans un tiroir dérobé pour y faire découvrir des pierres soigneusement rangées à sa cliente.
- Voici une opale de feu.
Il lui tendit la gemme pour qu’elle puisse l’observer. Des tons chatoyants attiraient l’œil sur une nuance orangée. Le don du blond lui permit de décrypter la magie que l’opale recelait, l’exact demande de la femme.
- Gardez la bien en main et concentrer vous sur ce que vous ressentez.
Tenant la pierre jumelle dans sa main, Wyn’s s’obligea en un sentiment fort. Ce ne fut pas difficile de penser à Nessa et une vague de mélancolie l’envahit. Il comprit qu’Haru ressentit cet ébranlement au regard qu’elle lui lança. Le bijoutier tendit le bras et ouvrit sa paume pour laisser la femme y découvrir une gemme similaire à celle qu’elle même tenait.
- Ces deux pierres, qui comme vous pouvez le constater se ressemblent, entrent en quelque sorte en communication pour insuffler le sentiment du premier porteur à celui qui détient la seconde gemme. Il me semble que c’est ce que vous recherchez?
La femme acquiesça, Wyn’s continua.
- Pour que cela fonctionne il faut que l’opale de feu soit en contact avec votre peau, en bracelet pas besoin de se poser la question, je peux l’incruster de manière à laisser chaque face libre. Ainsi l’arrière de la pierre restera collé au poignet.
Haru du Lys demanda un second bracelet en simple ruban pour sa pierre, Wyn’soadel lui proposa différent coloris poliment jusqu’à ce qu’elle le nomme par son nom, en souvenir de leur première rencontre. Il stoppa net, son cœur s’accéléra un tant soit peu et il ne pu cacher son étonnement qui releva ses sourcils brièvement.
- Je vais bien, merci. répondit-il dans un sourire.
Elle se souvenait donc de lui. Était-elle au courant de sa séparation ? Était-elle restée en contact avec Nessa ?
- Et vous Haru ? Les obligations de Première Ministre ne sont pas trop lourdes à porter ? Cela fait combien de temps maintenant que vous êtes en poste ?
Il l’invita d’un signe à redescendre une fois que la femme eu choisit le tissus de son futur bijou.
- Je peux vous proposer une tasse de thé?
Cela faisait du bien de prendre le temps de discuter avec la femme en cette fin de journée. Il proposa également à son garde du corps qui déclina l’offre et s’installa sur le fauteuil en face de la femme. Bien que son rang et son rôle en Aryon intimaient à la contenance, il se sentait assez à l’aise pour bavarder en toute impunité avec la brune.
Nessa m’avait parlé à une époque des capacités de son mari, le pouvoir de lire dans les pierres. Idéal pour un joaillier ! La question serait de savoir si le choix de métier est venu une vocation ou si son pouvoir l’a influencé dans cette direction. Peut-être que même lui ne le savait pas et puis il faut dire que la famille Isil était connue pour ses créations. Le fait que la boutique porte le nom du père de Wyn’s et non de sa mère était le signe d’un drame familial. Malheureusement, je ne connaissais pas les histoires de toutes les familles et il serait inconcevable de poser une question aussi indiscrète à un homme que je connaissais peu. Je me rappelle surtout de lui pour son charme, sa bienveillance et son côté borgne. Pourquoi ils étaient séparés avec ma connaissance ? Aucune idée, je la sais maman et heureuse avec un autre homme car même en regardant de près, il n’avait rien du joaillier donc c’était définitivement pas le père.
C’est ainsi qu’il me montre son savoir-faire, comment fonctionnent les pierres. Celles-ci étaient les bonnes et je me demande comment Jin a pu se faire flouer si facilement. J’espère que ce cadeau va lui faire plaisir, un objet magique qui nous reliera tous les deux en tout temps. Ce sera un peu notre cristal de communication sans paroles, plus discret et des possibilités infinies. A cette idée, s'échafaude une multitude de plans et j’espère qu’il n’osera jamais utiliser ce système lors de mes réunions importantes pour me faire passer un message un peu trop épicurien. Moi je ne me gênerai pas, j’adorai le taquiner mais lui, il a tellement peur de me déranger, c’est mignon de l'entendre appeler le soir. Enfin, arrêtons de rêvasser un peu. Parlons avec ce beau blond souriant.
- Je ne vais pas me plaindre, j’ai accepté ce poste en toute connaissance de cause non ? Je m’estime heureuse de pouvoir aider ses Majestés et le Royaume.
C’était vrai pour mon cas, je vois ça comme un honneur. Je suis fière d’être le bras droit de la Reine, d'avoir cette relation privilégiée et qu’elle écoute mon avis sur les décisions primordiales pour le peuple. Bon choisir la couleur d’un tissu n’avait rien d’une affaire d’état mais je pris quelques instants pour choisir celui qui me plaît le plus et je jette mon dévolu sur ce tissu rouge ponceau.
- Je vais prendre celui-ci et sinon pour votre question. Ca fait depuis l’an 997 que je travaille en tant que Ministre mais j’ai pris mes fonctions de Premier Ministre, il y a plus d’un an.
On retourne au rez-de-chaussée, Lancelot toujours présent, jette un coup d’oeil dans ma direction puis sur l’homme. Un signe de tête, prouve que j’ai rien et qu’il se détendre un peu. Déclinant l’offre, il part dans un coin de la boutique, observant les différentes vitrines. Est-ce qu’il souhaite offrir quelque chose à une amie proche ? Peut-être, je ne connaissais pas la vie amoureuse de mon garde personnel, ni sa vie tout court. Très discret, il faisait sérieusement son travail et voilà tout.
- Volontiers, puis comme on dit “ La sagesse de tout le Royaume se trouve dans une tasse de thé fumante prise avec un ami “
Il m’invite à m’asseoir confortablement dans un fauteuil et prend place avec délicatesse. Croisant une jambe l’une par-dessus l’autre, je glisse mes mains sur mon genou, attendant sagement mon hôte. Je pris alors le temps d’observer le moindre détail de sa boutique. Éventuellement, il faudrait que vienne avec la Reine dans cette boutique, elle trouverait certainement son bonheur surtout avec un service pareil. Je me lève aussitôt quand il arrive avec le plateau pour l’aider mais il me fait comprendre qu’il se débrouille comme un chef et que j’étais l’invitée.
- Ça sent drôlement bon, une composition Castalion ?
Une famille noble qui est spécialisée dans le thé et la fleuristerie. Je me fournis souvent chez eux mais aussi chez des petits artisans. On trouve de tout dans la Capitale, les caravanes marchandes arrivent de partout pour fournir les palais délicats de certains habitants mais surtout leurs bourses pleines… J’attrape une tasse de thé fumante et le remercie poliment. Quelques coups de cuillère pour mélanger le thé pour ensuite déguster le met délicat.
- Oh, j’adore ce mélange. Il faut absolument me dire d’où il provient.
Dis-je d’un air beaucoup trop curieux. Je repose ma tasse pour laisser refroidir et continuer notre discussion.
- Je passe rarement par cette ruelle mais je viens de constater l’apparition de nouvelles boutiques comme la vôtre. J’espère que ça ne fait pas des années que vous êtes ici et que je ne l’avais jamais remarqué car vous faites vraiment du bon travail ! Je ne dis pas ça pour vous faire plaisir mais trouver un joaillier avec des pierres enchantées de si bonne qualité, ça ne court pas les rues… Vous faites appel à quel enchanteur en particulier ?
Je connaissais quelques uns mais ils travaillent essentiellement avec des chasseurs de pierres spécialisés dans les pierres précieuses ou très rares. Mais cette opale de feu n’avait pas son pareil.
- Vous cherchez vous-même vos pierres également ou vous travaillez avec la Guilde ?
Encore une fois, ma curiosité prends le dessus et attrape ma tasse de thé pour me faire taire.
- Oui, il m’arrive d’être trop curieuse surtout quand on parle d’autres choses que mes dossiers. Venir ici me change considérablement mon quotidien puis avec ce que je vais acheter, je risque de m’amuser pour les prochains jours.
Oh que oui, il faudra bien évidemment les tester et mon amant va adorer.
- Arrêtez moi si je suis trop indiscrète ! Vous avez certainement des commandes urgentes
Bracelets du coeur
- Volontiers, puis comme on dit “ La sagesse de tout le Royaume se trouve dans une tasse de thé fumante prise avec un ami “
- Je ne connaissais pas cette expression. sourit l’homme.
La Première Ministre s’extasiât du somptueux goût du thé, ce qui ravi le bijoutier dans son choix de boisson.
- Malheureusement le commerçant à qui j’ai acheté ce mélange a arrêté son activité, je ne sais pour quelle raison. Je recherche désespérément un autre herboriste proposant la même composition, en vain. Lorsque je remettrai la main dessus vous serez la première informée. promit-il. D’ailleurs, comment peut-on vous contacter ? J’imagine que vous devez avoir des aides pour les courriers, le peuple envoie-t-il de nombreuses requêtes ?
Réellement intéressé par la vie dans la Haute Sphère Wyn’s en oublia son rôle de vendeur et revint à sa réalité lorsqu’Haru s’intéressa également à son métier.
- Mes gemmes ne sont pas enchantées par un tiers, je les trouve naturellement dans cette état de magie. C’est pour cela que je ne peut proposer un don sur commande, c’est en fonction de ce que je découvre. C’est pour cela que vous êtes particulièrement bien tombée avec ces opales jumelles. En vérité c’est une chanceuse découverte, de base il s’agissait d’une seule et unique pierre que j’ai préféré diviser en deux pour plus de délicatesse et d’élégance. Et la magie s’est partagée, communiquant entre les deux précieuses.
La question suivante le gonfla de fierté et c’est avec une pointe d’outrecuidance qu’il répondit, sourire aux lèvres.
- Je vais effectivement rechercher les gemmes moi-même, je connais quelques endroits où les piocher et j’aime à parcourir Aryon pour trouver d’autres coins florissants de pierres rares. Certaines contrées étant moins sûre à traverser – vous n’êtes évidemment pas sans savoir les bandits des chemins qui n’hésitent pas à mettre le couteaux sous la gorge – je me fais alors accompagner d’aventuriers, parfois de gardes lorsque les effectifs le permettent.
Haru semblait à son aise avec le blond et se permettait de glisser quelques aveux sur sa vie tout en posant nombre de questions sur la boutique de l’homme. Attention qu’il appréciait tout particulièrement, surtout venant de la femme.
- Ne vous inquiétez pas, cela ne me dérange pas du tout de discutez avec vous. Il n’y a pas d’autres clients et j’ai un temps dédié à la réalisation des commandes. Pour répondre à votre précédente question vous n’avez pas raté la bijouterie, cela ne fait pas longtemps que je me suis installé ici. J’étais dans le quartier de la fontaine bleue auparavant, plus bas dans la Capitale. Le magasin était plus petit qu’ici, et cette fois j’ai mon atelier accolé, bien plus pratique, je peux y travailler aux heures creuses.
Il proposa quelques biscuits à son invitée, cette fois le malabar qui l’accompagnait se posta à ses côtés, faisait-il office de goûteur aussi ? En signe de bonne foi Wyn’soadel croqua dans l’un d’eux et le dégusta.
- Ils viennent de la boutique Les Cannes au Lait, vous connaissez ?
La brune semblait apprécier découvrir par elle-même les commerçants de la Capitale, ce qui était très appréciable. D’autant plus lorsque, comme Wyn’s, le commerce commence tout juste à prospérer. Quoi de plus gratifiant que les compliments d’une haute personnalité politique ?
- Pour en revenir sur votre commande, elle pourra être prête dès demain, il me suffit juste d’incruster l’opale dans le bijou et de l’ajuster. Cela vous convient-il ?
Donc je ne trouverai jamais l’artisan qui fait ses délicieux mélanges ? Il faut absolument que je mémorise les fragrances pour essayer de le décrire à Dame Castellion pour qu’elle fasse le même sachet.
- Je connais quelques bonnes adresses à différents prix. Je pourrai vous donner ma liste si vous le souhaitez.
Je me surprends moi-même pour tant de gentillesse. Est-ce parce que je connais la situation de cet homme ? Peut-être qu’il a l’air tellement sympathique, que j’ai l’impression de parler avec un vieil ami.
- Les requêtes, oui des centaines mais elles sont adressées au nom de Madame La Ministre. Le courrier personnel est ailleurs, il suffit juste de marquer le bon intitulé et ça m’arrive directement en mains propres.
Ponctuant la phrase d’un petit clin d'œil.
- Un petit enchantement de rien du tout qui permet au service courrier du palais de différencier les plis.
Mais il fallait connaître le sceau qu'il fallait apposer, peut-être à voir si c’est pour du thé, je pourrai faire un effort. Nous reparlons sur ses choix en matière de pierre et je fus étonnée de savoir qu’elle pouvait déjà exister sous une forme magique. Elle doit être extrêment rare et heureusement que je n’ai pas un souci de bourse car dans l’histoire, à aucun moment nous avons parlé cristaux. Puis l’adage dit qu’on aime, on ne compte pas ? Bon dans mon cas… même sans amour, je pourrai lui racheter sa boutique mais ce n’était pas l’objectif de l’opération.
- je comprends, alors de la saison chaude, la couronne a décidé de faire appel à des escortes plus régulières par la Guilde pour les caravanes marchandes. Pas besoin forcément de la Garde mais une force dissuasion avec de valeureux aventuriers.
Les marchands étaient rassurés et les échanges entre Grand-Port et la Capitale étaient en expansion. C’était tout ce qu’il compte !
- Mais je note que nous devons permettre plus de renforts pour les citoyens. Les aventuriers savent se débrouiller mais les honnêtes marchands n’ont pas toujours les moyens de se prendre une escorte. Il aurait été plus juste que la Garde s’occupe à éradiquer cette menace mais c’est malheureusement difficile, on va juste s’assurer de rendre la tâche plus difficile !
Car même si l’homme était une terrible menace, il y avait des prédateurs dans la forêt qui rôdent le long des grands chemins. Mais nous n’étions pas là pour parler de politique, j’étais venu pour son savoir-faire et ses qualités d’hôte finalement.
- Je me vois rassurée alors, je n’ai donc pas raté votre boutique. Il est vrai que je traîne peu dans le quartier de la fontaine mais il faudrait que j’y passe prochainement pour voir si les demandes de réhabilitation ont été exécutées.
Mais je n’ai guère pris le temps et lors de ses visites, on me colle quelques chaperons à mon plus grand plaisir. Venir dans un quartier avec quatres prétoriens dans le dos n’a jamais fait sensation mais c’était le prix à payer pour les visites officielles. N’en parlons pas si je dois sortir avec ses Majestés…
- En tout cas, j’espère que vous faites payer dans le prix de vos créations, le temps passer à bichonner vos clients. La qualité du service fait la différence dans le commerce, je parie que d’ici quelques lunes, votre boutique aura un petit nom dans les environs. Puis les fêtes de solstice approchent, qui ne souhaitent pas offrir un précieux présent à un être cher.
Dit comme ça, ça avait l’air ridicule. Est-ce que je faisais de même avec Jin ? Certainement même si ce n’était pas pour déclarer mon amour enfin si un peu mais pas avec le grand A. Lancelot se place près de moi, sa curiosité avait pris le pas. Peut-être il connaissaitt cette boutique car il attrape le biscuit et le dévore.
- Oh, Monsieur Steelhearth, je ne connaissais pas cette partie de vous.
- Cette boutique est un souvenir d’enfance. Ma mère m’en achetait plus jeune quand je revenais de l’académie, ma Dame.
- Bah je pense que notre hôte ne voit pas d’inconvénient, prenez du thé aussi.
Il se refusa à cet excès supplémentaire, seuls biscuits lui suffisent et je me contente de le regarder en souriant. Je ne connaissais rien de lui mise à part qu’il faisait partie d’une famille de garde de père en fils. Tous à la Royale et l’honneur était primordiale. Il mourrait pour une cause juste si nécessaire. Bon un peu extrême, je le sais mais on s’y fait avec ce genre de code d’honneur.
- Oh parfait, rapide en plus. Mais oui le bracelet homme que vous m’avez montré et pour moi ce délicieux ruban avec l’opale également. Est-ce que vous avez des prestations d’entretien ?
Il me sourit et il me confirme qu’il le faisait. Vu la qualité de ses bijoux, je préfère donner ça à un professionnel. Il faudrait d’ailleurs que je m’occupe de quelques bijoux que j’avais à la maison. Un bain magique leur ferait le plus grand bien. Je goute enfin les biscuits et je comprends alors l’engouement de mon garde, surprise, j’interpelle Wyn’s.
- VOus devriez faire revendeur ou épicier. Vous avez des choses aussi jolies à la vue qu’au goût. Vous achetez comme ça vos clients non ? C’est un terrible stratagème et je crois que je suis tombée dedans malheureusement…
Mais prendre le thé était le seul moment où je me détendais surtout quand j’étais en agréable compagnie. Les moments avec la Reine sont souvent les meilleurs. Profitant de sa beauté, sa bienveillance mais cet homme habitué à parler à des personnes comme moi, rendait la discussion facile.
- Maintenant que nous avons vu toutes les formalités, nous devons parler de la prestation ? Combien vont me coûter ses petits chefs-d'œuvre ?
J’attrape la tasse d’une main et la soucoupe de l’autre, laissant l’homme me faire son devis devant moi…
Bracelets du coeur
Ce moment de partage fit presque oublier à l’homme que devant lui se tenait la Première Ministre. A les voir comme ça l’on aurait pu croire deux vieux amis se retrouvant et racontant leurs dernières péripéties. Enfin surtout la femme car le joaillier lui se contenta de répondre et de rassurer la politicienne sur la sécurité du pays.
- Il est vrai que les aventuriers sont de bonne garde, d’autant plus lorsque quelques créatures s’invitent à la marche. Et puis bon nombre d’entre eux aiment à raconter leur quête, et je dois bien avouer adorer écouter leurs histoires. Ça me fait penser à deux amis aventuriers qui m’ont escorté, une femme à la langue bien pendue contait ses incroyables péripéties tandis que son confrère, plus taciturne, les illustraient d’origamis enchantés. Je suis retombé en enfance de soir là.
Continuant leur échange le garde s’invita à goûter un biscuit ce qui surpris autant la Ministre que l’artisan. L’homme pris un autre biscuit avant de retourner à son poste de surveillance. Wyn’s s dit qu’un tel bonhomme dissuaderai aisément les éventuels malfrats qui voudraient s’en prendre à ses bijoux. Bien que le quartier fut plus sécurisait que celui de la fontaine bleue, il attirait aussi plus d’envieux.
- Vous avez découvert mon secret ! Un estomac bien rempli égal un client enclin à se faire plaisir! Plaisanta-t-il. Mais je ne me permettrait pas de revendre les produits de mes confrères, au contraire, si cela vous plaît je vous écrirai le nom des commerçants, ils sont adorables vous verrez.
La discussion vint au devis, le blond se leva pour attraper son carnet et sa plume derrière le petit comptoir en fond de salle, la Première Ministre le suivit. Il griffonna quelques notes, le nom de sa cliente, les bijoux commandés ainsi que les gemmes à y incruster, détaillant le coût de chacun avant de chiffrer le prix final. Ça représentait une somme coquette, elle n’en restait pas moins cohérente avec le travail effectué et la rareté des matériaux utilisés. Wyn’s connaissait quelques marchands qui ajustaient leur prix à la tête – et surtout la bourse – de leur client. Il se refusait une telle inégalité et s’obligeait à rester le plus impartial possible.
Il tendit la facture à sa cliente qui, au moment de le découvrir, fut surprise. Elle lui sourit avant de s’avancer vers lui, dans un geste qui déstabilisa le bijoutier qui ne s’attendait pas à une telle reconnaissance. Il répondit à l’étreinte de la Première Ministre en l’enlaçant et sentit sa surprise entre ses bras. Il s’écarta pour mieux l’observer de son unique œil et d’un sourire malicieux elle attrapa les cartes artisans qu’il laissait à disposition de ses clients qui souhaitaient partager leur découverte.
- Je voulais juste prendre ceci, jolie carte d’ailleurs, la délicatesse des petites pierres incrustées dans le coin du carton ont suscité mon attention.
Wyn’s sourit à son erreur, la gêne laissa place à la bonhomie de sa mauvaise interprétation gestuelle. Le garde de la Première Ministre s’était vivement rapproché et le fixait maintenant d’un œil sombre tandis qu’Haru semblait s’amuser de la situation. Pour palier à sa méprise l’artisan activa la nacre de son bracelet pour se redonner le charisme perdu en quelques secondes.
- Excusez ma bévue Madame Du Lys, cette journée fut longue et je n’ai visiblement pas bien compris votre proximité. il sourit de plus belle avant de retourner à la commande. Aurais-je le plaisir de vous revoir demain en personne à la récupération de vos présents?
Avant que le duo ne quitte sa boutique il fit un petit baluchon de biscuit pour le garde et un sachet de thé pour la Ministre, en les remerciant chaleureusement de leur venue. Une journée bien lucrative s’acheva, il ne lui restait plus qu’à se mettre au travail pour offrir à sa cliente le meilleur de son travail.
Cet homme avait le don de faire sourire n’importe quelle femme ou même homme. Son sourire franc était communicatif et maintenant que nous avons pris le thé ensemble, nous pouvons parler enfin de prix. On retourne alors vers le comptoir pour qu’il établisse le devis sous mes yeux. Il fait ça de mains de maître, détaillant le plus possible ses prestations, je fus surprise de son professionnalisme. Même sa carte de visite semblait resplendissante, curieuse, j’avance d’un pas pour la récupérer alors qu’il me montrait quelque chose.
Je ne comprends pas pourquoi ses bras finissent autour de mon tronc mais je perçois immédiatement Lancelot s’approcher de moi à la vitesse grand V. Je tapote son dos pour ne pas le laisser penaud mais je finis par m’écarter.
- Je voulais juste prendre ceci, jolie carte d’ailleurs, la délicatesse des petites pierres incrustées dans le coin du carton ont suscité mon attention.
Je lui montre sa carte devant ses yeux et il comprend alors la maladresse de son geste. Il s’excusa aussitôt.
- Ne vous faites pas, ce n’est pas grave. J’ai été maladroite aussi, j’aurai du attendre que vous finissiez votre devis.
Je relis rapidement la feuille et regarde le montant tout en bas. Le prix me semble correct et je sors ma bourse pour payer un premier acompte.
- Bien entendu, je vous avoue que je suis assez impatiente de lui offrir. Je vais vous payer une partie du prix ce soir, ça m’évitera de venir avec une énorme brouette pour ramener le reste demain !
Je lui sors quelques cristaux et renferme ma petite trousse pour la glisser dans la poche intérieure de ma veste.
- Sachez que vous m’avez très bien accueilli ce soir, j’espère que demain, vous me ferez découvrir de nouvelles gourmandises.
Je fis un petit clin d'œil pour le taquiner et glisse la facture dans ma sacoche. Mais Wyn’s me surprend avec des petits présents pour la route.
- Vous allez finir par trop me gâter et je vais être obligée de venir tous les soirs à ce rythme !
Je finis par prendre le chemin de la sortie et lui fait un léger signe de main pour le saluer. Je prends alors la route pour rentrer chez moi, Lancelot dans mon dos.
- Il était bien aimable cet homme, vous ne trouvez pas ?
- Effectivement, vous succombez à ses charmes, surtout ma Dame.
- Oh non, un homme dans ma vie, ça me suffit grandement mais avouez qu’il est plutôt beau garçon.
- Je mesure surtout le courage d’un homme pas son joli faciès, si vous me le permettez.
- Oh, je vois. Est-ce un homme bien ?
- Quand il ne profite pas de chaque instant pour vous toucher, il en a tout l’air.
- C’était un accident...
- Un heureux hasard !
- Toujours aussi mélodramatique.
- Ça me ferait moins de travail surtout.
- Avec vous, je devrais rester au Palais.
- Si je vous demande de vous enfermer, vous trouverez le moyen de vous enfuir. On sait tous comment ça a fini la dernière fois.
- C’était aussi… un accident.
- Vous les cumulez mais bon si je vous accompagne, rien ne finit en catastrophe.
- C’est vrai donc demain on se retrouve pour une autre balade. Peut-être qu’il aura de nouveaux biscuits pour vous.
- Je sens de la moquerie dans votre ton.
- Pas du tout...
- Allez, dépêchons-nous. Il commence à faire froid et Louise va me dire que je ne fais pas attention à vous.
- Elle est redoutable, n’est-ce pas ?
- Oui…
On finit la route en silence jusqu’à mon portail. Je salue mon chevalier servant et rentre chez moi en toute sérénité. Impatiente, je finis par me faire une nouvelle tasse avec le mélange du bijoutier. C’était un réel plaisir et je me dis que demain ma journée va passer très lentement en attendant de récupérer mon cadeau…
Bracelets du coeur
La boutique fermée, Wyn’soadel se mit immédiatement au travail, s’occupant en priorité de la commande D’Hary Du Lys. Les bracelets étant déjà conçu, il ne lui restait plus qu’à sertir les gemmes de la plus solide et délicate façon qu’il soit. Peu de travail mais pas des moindre, que diraient les porteurs des bijoux si les opales tombaient à la première secousse ?
S’installant dans son atelier à l’arrière de la cour, il se perdit longuement dans son travail, absorbé par la tâche. A cet instant, l’artisan n’était plus l’homme bien soigné et accueillant parcourant sa boutique pour conseiller ses clients. Non, Wyn’s s’était mué en un orfèvre complètement atteler à son œuvre. Son front se plissa en de longs creux de concentration qui ne disparurent pas avant la finition finale de son travail. Satisfait, il se releva pour attraper de quoi nettoyer avec précautions sa commande avant de retrouver le calme ensommeillé de sa boutique. Montant au dernier étage, il rangea soigneusement bijoux dans un écrin de soie qu’il enferma dans son coffre. Une main posée sur l’acier froid du gardien sans vie, il murmura un remerciement envers Lucy pour cette journée merveilleuse.
Quittant son lieu de travail, il reprit le même chemin que ce matin là en sens inverse, profitant de la clarté du ciel pour observer les étoiles scintillantes. Ces astres n’étaient autres que des diamants embellissant le satin sombre que revêtait la nuit.
Il retrouva sa demeure où le froid de la solitude l’y attendait. Les souvenirs d’un ménage à deux hantaient les lieux. Un jour il en partirait, mais ses économies lui avait servi à grandir son entreprise florissante.
Il avala un rapide dîner avant de plonger dans la fraîcheur de ses draps lissés. Il ne restait que quelques heures avant que les premiers rayons du soleil ne viennent échauffer une nouvelle journée enchantée.
Étrange comme le temps pouvait s’étirer alors que le joaillier avait passé sa matinée à courir après. L’après-midi débutait et déjà il lui tarder de retrouver sa cliente du jour, nulle autre qu’Haru Du Lys, Première Ministre du Royaume. Il avait profité de la pause déjeuner pour vagabonder dans les ruelles de la place commerçante, à la recherche d’un nouveau thé à découvrir. Il était certain que cela ravirait la première dame. Il en profita pour racheter quelques biscuits secs auprès de sa commerçante favorite avec qui il discuta un moment, l’obligeant par la suite à courir les pavés pour ré-ouvrir à temps.
Et maintenant qu’il était seul dans la pièce, il fit les cent pas. Personne ne semblant venir il finit par retourner en arrière boutique où il prit sa luthe, et gratta les cordes dans une mélodie enjouée.
Quelques clients l’aidèrent à passer les heures sans pour autant lui offrir la possibilité de vendre quoique ce soit. Et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’il accueillit la tant attendu Haru ainsi que son protecteur, Monsieur Steelhearth de souvenir ?
- Madame Du Lys, je suis ravi de vous revoir.
Il laissa le duo reprendre possession du lieu avant de leur proposer directement de s’installer au petit salon, un thé fumant patientant qu’on le serve à côté d’une assiette de petits biscuits. Un timing de préparation qu’il se félicita d’avoir exécuté.
L’homme s’excusa un instant pour récupérer les bijoux commandés et les remis à sa propriétaire tout en s’installant en face d’elle.
- Je vous laisse découvrir vis présents, si quoi que ce soit vous ennui dites le moi, et je me chargerai de le rectifier.
Simple formalité, il ne doutait pas un seul instant de la qualité de son travail, le devis reposant sur un bijou déjà existant. Ce n’était pas comme les créations qu’il se devait d’exécuter pour ce jeune garde, Calixte Alkh’eir, une toute nouvelle conception se basant sur quelques exemples déjà existants.
Malgré son assurance il attendit avec une impatience mesurée la réaction de la Première Ministre, son moment préféré d’une vente. Les yeux pétillants de ses clients satisfaits de son ouvrage.
La journée fut longue et ennuyeuse. Non pas que je n’aime pas mon travail mais l’impatience de découvrir le présent que j’allais offrir à Jin bousculait toutes mes pensées. Allys m’avait fait la remarque de mes soudaines rêveries lors de notre réunion matinale. J’ai dû alors lui expliquer le pourquoi du comment et ravie, elle me prit mes mains pour me féliciter d’une pareille action. Un premier pas qu’elle jugeait important car nous avons trinqué avec nos tasses de thé respectives. J’étais un peu le roman de la Reine et curieuse comme elle l’était, elle ne manquait aucune miette de sa pièce de théâtre préférée. Je fais en sorte que ma journée passe le plus vite mais en vain. C’est Lancelot qui finit par me libérer, me rappelant qu’il va se faire tard et si je souhaite passer à la boutique qu’elle ferme, il faudrait que je me dépêche. C’était peut-être la première fois que j’attrape ma veste aussi vite et range à la va vite mes dossiers. Ca attendra demain ! Je salue Miranda, ma secrétaire de cabinet et nous prenons route vers la place commerçante.
Je passe les diverses ruelles pavées quand je me remémore de vieux souvenirs. Ce rendez-vous galant avec Camilia von de Regan, je ne dirais pas mon premier amour mais ce petit béguin de jeunesse qui reste gravé dans mon cœur. On ne s’était rien promis, oh non. Toutes les deux prises par nos valeurs familiales, nous avions envie de changer et nous voulions découvrir cette autre facette toutes les deux. Mes premières découvertes étaient avec elle, ces petits balades romantiques dans la ville, ses petits déjeuners et tous les salons de thé qu’on a pu essayer pendant deux saisons. Car oui, cette affaire ne dura pas si longtemps, ses parents avaient trouvé un fiancé et ça avait mis un terme à ce “ nous “. De toute façon, on le savait toutes les deux et je me rappelle encore de ce mariage, j’étais sa témoin, j’étais un peu sa meilleure amie à ce moment-là et je voulais l’aider dans cette étape dans sa vie car elle m’avait dit si je le voulais bien devenir son témoin. C’était dur et je voulais surtout savoir si ce n’était pas un terrible idiot ce Claude Tipper De Los. Il se trouve que non et voir le sourire de mon amie était la seule récompense à tout ça. Il se trouve que je la vois quelques fois, quand je vois ma filleule car oui j’étais la marraine de sa fille qu’elle a appelé Lina en l’honneur de mon deuxième prénom. Oui c’était une relation bien étrange que nous avons là mais nous étions toutes les deux heureuses de notre vie, nous avons vécu des choses ensemble et pour rien au monde je ne changerai ça… mais ce n’était pas la question du jour, j’avais ce bracelet à offrir à Jin et surtout arrivée en vie jusqu’à la boutique car je manque de trébucher sur un pavé défaillant.
- Ma Dame, vous allez bien ?
- Oui, oui. Merci Monsieur Steelhearth, un peu dans la lune. De vieux souvenirs...
Je finis par quitter son bras qui m’avait agrippé pour éviter une chute ridicule et fait les derniers mètres en regardant droit devant moi. Nous arrivons à la boutique et je sentis immédiatement la douce odeur du thé qui nous attendait. On se retrouve dans le petit salon et avec son sourire ravageur, il me montre les pièces commandées.
- C’est magnifique Monsieur Valdor ! Un très beau travail.
Je regarde chaque bijou avec une minutie sans nom, essayant de poser celui de mon amant sur le poignet pour voir comment ça ferait, je suis curieuse de sentir la légèreté du métal. Les nuances de la gemme était magnifique, je suis sûre que ça va lui plaire. Je prends ensuite le mien, regarde les différentes attaches et le sertissage de la gemme. Il utilisait une technique que je ne connaissais pas ou rarement . Je supposais alors que le bijou ne bougera jamais, surtout pour celui de Jin, il a bien compris qu’il était aventurier et qu’il fallait quelque chose de solide !
- C’est magnifique et je saurai où venir pour des commandes spécifiques à l’avenir.
Je repose le tout dans leur petit coffret et attrape ma tasse de thé. Je déguste avec plaisir le breuvage chaud avec quelques biscuits. Lancelot finit par grignoter un petit bout et je connais maintenant son point faible. Je garde cette information précieusement dans un coin de ma tête au cas où.
- Quoi qu’il en soit, votre thé est aussi bon qu’hier, je vais vraiment finir par croire que vous souhaitez que je revienne tous les jours ! Malheureusement, je n’ai pas d’autres cadeaux à offrir prochainement mais si un jour je me perds proche de votre boutique, je serai ravie de vous saluer, sans ou avec thé.
Malheureusement, je n’avais rarement du temps à me dégager pour ce genre de frivolité. Partageant le peu de mon temps libre pour me reposer ou voir l’aventurier, il était rare que je traîne après le travail préférant retrouver le confort de ma demeure.
- Mais je vous ferai de la bonne publicité, je connais quelques amis qui seraient ravis de votre création.
Un “ nouveau “ joaillier dans la capitale serait une aubaine si on voulait se démarquer des autres lors de soirées mondaines mais je ne vais pas crier sur tous les toits sinon le pauvre va crouler sous les commandes.
- Avant que nous nous quittions, faut-il des soins spécifiques pour les gemmes ? Peut-on passer chez vous directement, je préfère laisser ça dans les mains d’un professionnel !
L'artisan m'explique alors comment bien entretenir tout ça même si au fond, ce n'était pas nécessaire. J'espère juste qu'elle tiendra longtemps avec un amant qui a souvent l'habitude de crapahuter partout. Mais comme toujours, l'homme borgne me raconte que ça serait toujours un plaisir de venir à la boutique pour des commandes ou simplement prendre le thé. Je récupère alors la commande et paye mon dernier acompte. nous restons encore quelques minutes pour discuter avant que je décide de rentrer à la maison avant que la nuit tombe.
- Bonne soirée et je vous dis à bientôt alors !
Un dernier signe de main, un dernier carillon de porte et me voilà avec un délicieux présent pour mon cher aventurier.