Pandore Rothbaern

Une bête terrifiante, un oiseau majestueux et une fatalité dérangeante...

Entre ta fratrie et toi... Tu n'avais clairement pas eu le bon rôle. Même l'ainé au destin en apparence déplorable n'était pas aussi dépourvu que toi. A ta naissance, il n'y avait presque aucun doute quant à la véritable nature de tes pouvoirs. L'immondice qui était sorti des entrailles de ta mère, arborait déjà les traits déformés d'une créature répugnante.

Dès le départ, ton géniteur qui avait placé tant d'espoir sur ton second frère, s'était totalement désintéressé de toi. Bien qu'il était parfois coutume pour le bas peuple de tuer leurs nouveaux nés malades ou déformés, ton sang de noble était l'unique chose qui t'avait sauvé de ce destin tragique.

Résolue à te laisser exister mais à ne rien attendre de toi, tu vécues à l'ombre de tout amour parentale. Contrainte de te développer malgré l'handicape flagrant. Contrainte d'évoluer dans une société où une imperfection physique pouvait couter cher.

D'autant que tu étais très lourdement perturbée par ta capacité inhérente à sentir la mort, à être attirée par elle comme une abeille sur du miel. A vrai dire, très jeune, tu étais davantage apte à tuer qu'à parler correctement. Comme si ton instinct de prédateur supplanter ta raison humaine...

Heureusement pour toi... La froideur avec laquelle ta famille te traitait et ton besoin viscérale d'une once de reconnaissance te poussèrent à te contrôler à être un meilleur humain que monstre. Ton père voulait qu'on ton paresseux de frère devienne une haute ponte de la politique, puisse faire la renommer de sa famille. Ainsi, à défaut d'avoir d'objectif personnel, tu te contentas de tenter de répondre aux attentes futiles du géniteur à la place de ton frère.

Mais... Même avec tout le talent du monde, tu étais fichée comme une personne à ne pas considérer, voir même à fuir. Même dans un monde de fantaisie et de magie, la mort restait une chose répugnante et crainte. Et ton pouvoir en était l'incarnation même. Mais ce fut dans l'ombre de ton frère que tu pus pleinement te développer. Prouver au reste du monde que tu étais bien plus qu'un monstre.

Alors que tu n'étais qu'encore au stade d'adolescente, plongée dans tes études pour aiguiser ton esprit, tu rencontras un jeune aventurier qui allait être ton époux quelques années plus tard. Tu ne savais pas vraiment s'il possédait les mêmes obsessions morbides que toi, pour avoir osé t'approcher et apprendre à te connaitre, mais en tout cas, il avait su voir plus loin que ton visage.

Dans ta vie, ce fut ton seul compagnon apte à te comprendre. Même tes frères n'avaient jamais été aussi en phase avec toi. Il fut ta seule épaule sur laquelle t'appuyer lorsque tu étais prise de pulsion de mort. La seule voix capable de te rassurer alors que tout tes efforts semblaient être vain. Si tu n'avais pas eu la chance de vivre dans les meilleurs conditions, tu avais eu celle de rencontrer ton âme sœur... Rodrick.  

Et tout se passa plus ou moins bien durant les dix prochaines années. Suivant les pas de ton frère, tu te contentais pas de l'imiter, tu faisais bien mieux que lui. Même si tu n'avais pas rejoins la garde, ce fut dans la politique que tes intentions se portèrent. Tu étais douée... Et la dureté de ta vie avait fait de toi une personne étonnamment clairvoyante.

Durant la période où tu partageas ta vie avec ton amant, tu oublias même ta quête désespérée à la reconnaissance. Ayant apprit à vivre pour toi plutôt que pour les autres. Sans lui, tu aurais certainement tourné dans une dépression menant à une inévitable rage irrationnelle... Bien entendu tu étais encore confrontée au regard de la société. La plupart des précepteurs du royaume avait refusé de t'éduquer par préjugé ou simple peur. Mais qu'importe... Tu te devais de t'en sortir.

Rentrant dans le gouvernement au plus bas de l'échelle, tu ne bénéficiais évidemment pas de l'appuie de ton père ni même de la réputation de ton frère. Tout les armes que tu possédais, tu te les avais forgé toi même... Dotée d'une intelligence aiguisée et d'un mental solide, il ne te restait plus qu'à gravir les échelons un à un...

Avec les années, tu ne savais pas vraiment si la relation de ton frère avec la princesse t'avait permit d'éviter certains obstacles. Qu'importe... La politique était un monde bien plus rude qu'un champ de bataille, encore plus lorsque toute la méfiance du monde était portée sur toi. Comment une représentante de la mort elle même pouvait espérer impacter la vie d'être vivant... ? Un paradoxe que tu te contentas d'appliquer contre l'avis de tous...

Ce fut à l'aube de ta nomination au poste de Ministre de l'Intérieur que ton mari mourra tragiquement... Atteint d'une maladie depuis quelques années, sa mort était inévitable et celle-ci avait fini par frapper alors que tu avais passé la journée à son chevet. Il avait beau avoir affronté certaines des créatures les plus puissantes du globe, et avoir épousé l'une d'entre elle, il n'avait pas pu vaincre la maladie...

A ses derniers mots, tu vins à l'embrasser pour en soutirer ton dernier souffle, pour avoir en toi, un souvenir de lui indélébile. Tu avais déjà absorbé la mort d'une personne, en avoir fait ton repas. Notamment sur des animaux voir simplement des mourant que l'on ne pouvait sauver, mais ce dernier souffle avait un gout bien plus prononcé que tout les autres. En l'espace de quelques instant, tu avais pu revoir tout les bons moments vécus avec lui et l'incroyable amour qu'il t'avait porté jusqu'à la fin...

Jusqu'à la fin, alors que ta stérilité avait été avérée et que tu étais incapable de lui donner des héritiers, il t'avait soutenu... Et tu venais de le perdre... Tu ne craignais pas la mort, tu en étais même la prédatrice. Mais tu ne voulais pas te retrouver seule. Jusqu'ici, il avait été ta drogue, ton soutien, ta seconde moitié et c'était en l'espace de quelques instants qu'il disparut de ton existence...

Les années qui suivirent ne furent pas les plus joyeuses. Tu continuas à vivre ta vie et à avancer dans ce pourquoi tu voulais être fière. Ta carrière était auréolée de plusieurs réussites avec le temps mais tes pulsions que tu avais contenu à deux jusqu'ici refirent surface de plus en plus fréquemment.

A défaut d'un homme, ce fut l'alcool qui fut ta nouvelle compagne. Bien que tu ne t'étais jamais montrée un verre à la main au grand publique, il t'arrivait bien souvent de t'enivrer dans tes quartiers privés. De quoi oublier la souffrance, le jugement, la douleur, et l'appel constant de ton instinct. Tu n'avais pas besoin d'être forte en permanence mais simplement devant les autres.

Ce fut à l'aube de ta trente-cinquième année que tu fus nommée premier ministre. L'ancien devenu sénile et bien trop vieux pour être prompt à faire un bon jugement avait été contraint d'être remplacé. En conclusion, tes compétences ainsi que l'appuie de ton frère depuis un certains roi t'avait ouvert les portes au poste tant convoité. Celui-ci était cependant davantage glorifiant qu'autre chose. Tu ne faisais qu'aider le couple royal à gérer le gouvernement selon leur vision. Mais c'était certainement le plus haut poste que tu pouvais espérer parvenir par toi même.

Bien entendu, ton père se refusait encore à t'accorder une quelconque once de reconnaissance. D'autant qu'une certaine manière, ton frère avait bien plus réussi dans sa vie que toi. Même si celle-ci se basait davantage sur de la chance qu'autre chose...

Mais tu t'en fichais... Rodrick t'avait apprit cela. Seule ton propre jugement envers toi même comptait à l'arrivé.

Et depuis, tu n'as jamais cessé d'appliquer cette leçon... Bien que l'alcool semble petit à petit perdre son effet... Laissant place à un spleen de plus en plus présent et alarmant et qui ne saurait faire un bon mélange avec l'autre facette de ton existence.